Mois : mai 2011

  • Le ministère de l’intérieur s’intéresse au « postérieur » d’un détenu islamiste

    Rabat.- Plusieurs responsables de journaux marocains ont reçu, hier jeudi 19 mai, et aujourd’hui 20 mai, des « éléments de dossier » en insistant pour qu’ils soient publiés. Il ne s’agit pas d’un communiqué officiel, ni de documents officiels, mais plutôt d’ « informations provenant de bonne source » sur deux affaires récentes qui ont défrayé la chronique.

    La « bonne source », comme a pu le savoir Demain, est un haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur qui préfère garder l’anonymat. Ce haut fonctionnaire de l’intérieur, qui supplante le ministère de la justice dans cette affaire (les prisons dépendent jusqu’à nouvel ordre du ministère dirigé par Mohamed Naciri), a demandé à ces publications de publier ces informations afin d’éclairer l’opinion publique marocaine.

    La première affaire a trait à Bouchta Charef, ce détenu islamiste dont le poignant témoignage sur les tortures qu’il a subies au centre clandestin de Témara (les hommes d’Abdellatif Hammouchi, le patron de la DST, lui auraient provoqué des lésions en introduisant une bouteille dans son anus) a été visionné par des dizaines de milliers d’internautes sur YouTube. (Voir Vidéo 1 et vidéo 2)

    L’« information » facilitée à la presse marocaine tend à démentir les tortures subies par Bouchta Charef. Lundi dernier, explique ce haut fonctionnaire sécuritaire, le postérieur de Charef aurait été ausculté par des médecins qui n’auraient rien relevé de particulier. Comme si les médecins qui dépendent de l’Etat marocain avaient une quelconque indépendance professionnelle. D’ailleurs, les noms de ces médecins et leurs spécialités n’ont pas été fournies.

    Ce qu’on sait par contre c’est que la « bonne source » du ministère de l’intérieur s’en prend nommément à l’épouse de Charef en assurant qu’elle ne peut pas confirmer ce que raconte son mari parce qu’elle n’était pas à Témara au moment des faits.

    Heureusement pour elle, parce que sinon on ne serait pas aujourd’hui en train de parler d’un postérieur mais de deux postérieurs malmenés.

    L’autre « élément de dossier » concerne les récentes mutineries d’islamistes de la prison de Salé. Ce haut fonctionnaire a donné à ses interlocuteurs les noms des six matons de l’administration pénitentiaire qui ont été séquestrés par les salafistes en début de semaine.

    Et pour dramatiser l’affaire il leur a demandé de publier qu’une fatwa salafiste condamnant les six fonctionnaires à mort avait été édictée en prison.

    Pourtant, d’après un reportage d’Al Oula, la première chaîne de la télévision publique marocaine, on voit bien ces 6 fonctionnaires retenus contre leur gré sur le toit de la prison de Salé, mais on ne remarque aucune violence à leur encontre.

    Cette fatwa, dont l’existence a été démentie par une source salafiste de la prison de Salé, n’a apparemment pas beaucoup de valeur ni de force. Aucun des six matons n’a été tué ni même blessé.
    Badr Soundouss

    Demain Online, 21/05/2011
  • Le gouvernement sahraoui condamne la répression marocaine

    Le Conseil des ministres de la RASD a condamné, dans sa réunion de mercredi dernier, la répression des forces marocaines contre les militants sahraouis des droits humains à l’intérieur des prisons, a rapporté jeudi l’agence de presse sahraouie SPS. 
     
    Réuni sous la présidence du Président Mohamed Abdelaziz, le conseil a signalé que ces répressions se traduisaient par « l’intimidation et le harcèlement et même des assassinats » de citoyens sahraouis innocents et sans défense, précise-t-on. 

    Le conseil a réitéré, à cet effet, son appel à la communauté internationale, afin d’intervenir pour la protection des citoyens sahraouis dans les territoires occupés en général, à travers la création d’un mécanisme onusien chargée de surveiller et de rapporter la situation des droits humains au Sahara occidental. Il a également appelé la communauté à « faire pression sur le gouvernement marocain pour qu’il libère immédiatement et sans condition tous les prisonniers politiques sahraouis des prisons marocaines », rapporte l’agence. 

    Les autorités marocaines sont également sommées de « faire toute la lumière sur le sort des personnes disparues, stopper le pillage des richesses naturelles du Sahara occidental et démanteler le mur de la honte, qui entraîne chaque jour la perte de plus de vies innocentes chez les nomades sahraouis et leur cheptel ». 

    Le conseil a en outre, examiné un premier bilan des dommages causés par les pluies et les tempêtes survenues récemment dans les zones libérées au Sahara occidental et qui ont affecté, note SPS, des habitations, des biens et des cheptels de la population sahraouie établie dans ces zones. 

    A cet effet, le gouvernement sahraoui a constitué une commission de crise pour évaluer les dégâts, afin d’élaborer, dans les plus brefs délais, précise-t-on, un plan d’urgence pour apporter l’assistance nécessaire aux personnes et familles affectées par ces catastrophes naturelles.
  • Le printemps arabe s’arrête-t-il aux portes du Maroc ?

    Le « Printemps arabe » qui a balayé des dictateurs que l’on pensait inamovibles en Tunisie et en Egypte et qui a attisé des feux de révolte depuis le début de l’année 2011 à travers l’Afrique du Nord et le Proche-Orient se serait-il arrêté aux frontières du Royaume chérifien?

    En effet, si on se fie à l’attention médiatique qui lui est consacrée depuis la Belgique, où vit depuis près de 45 ans une importante minorité de belges d’origine marocaine, le Maroc semble relativement épargné par les mobilisations de masse et à l’abri de tout risque de déstabilisation.

    Le Roi des pauvres ?

    Il est vrai que Mohamed VI, présenté comme le « Roi des pauvres » et comme un despote éclairé à la tête d’une monarchie acceptable et légitime, sert fort bien les intérêts occidentaux. Le Maroc est très proche de Washington (il collabore avec entrain à sa croisade contre le terrorisme) et entretient également une relation privilégiée avec l’Union Européenne qui lui a accordé le statut de partenaire le plus avancé aux côtés d’Israël. S’y est développé une bourgeoisie compradore1 qui a prospéré en vendant son pays et ses ressources aux multinationales occidentales.

    Mohamed VI, jeune et présentant une image d’entrepreneur moderne, a l’avantage de succéder à son père2 dont il fait tout pour se démarquer dans les formes. Maître dans l’art du protocole, il a su orchestrer un semblant de démocratie (pluralité politique et dans la presse) pour soigner les apparences à destination du reste du monde. En tant que « commandeur des croyants », sa popularité reste très importante dans le pays.

    Pourtant, il exerce avec son clan une concentration extrême des richesses alors que la majorité de la population vit dans la pauvreté et que beaucoup de jeunes choisissent l’exil pour survivre.

    Il concentre également tous les pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire, économique et religieux). Le gouvernement, le parlement ainsi que les partis politiques (mis à part quelques exceptions) sont soumis au bon vouloir du palais royal. Et certains thèmes sont absolument tabous, comme la légitimité sacrée de la monarchie alaouite, intouchable jusqu’à ses choix de gouvernance, ou la souveraineté nationale sur le Sahara Occidental3.

    La clé de voûte du pouvoir est le tout-puissant appareil sécuritaire du Makhzen4, dont la simple évocation suscite la crainte au Maroc. La répression y est dure (arrestations, cas de disparitions forcées, tortures) particulièrement contre les activistes progressistes, les étudiants et syndicalistes contestataires, les islamistes et les sahraouis.

    Bien que des espaces de liberté et d’expression pour la contestation existent (balisés et sous contrôle), il s’agit d’un système mafieux et autoritaire incapable d’apporter des solutions face aux urgences de la situation socio-économique du pays. Le Maroc connaît un chômage de masse, y compris chez les doctorants. Beaucoup de paysans émigrent dans les villes et le secteur informel représente une part importante de l’économie nationale.

    La population marocaine paye le prix de plans d’ajustements structurels imposés par les institutions financières internationales début des années 80, qui ont privatisé des pans entiers de la société, enseignement et santé entre autre. La globalisation néo-libérale qui a suivi un siècle de colonialisme et de néo-colonialisme a enfoncé le Maroc dans le sous-développement. A cela, s’ajoutent de plus en plus de problèmes internes (corruption, affairisme, clientélisme, scandales de détournements de fonds publics) qui expliquent pourquoi les marocains suivent d’un œil attentif les révoltes populaires dans le Monde Arabe, et les ont, contrairement à ce que l’on entend, relayées dans leur pays. Depuis le 20 février, il y a eu 3 journées nationales de mobilisations historiques au Maroc, et d’innombrables actions, manifestations ou sit-in dans plus d’une centaine de localités !

    Le Mouvement du 20 février

    A l’avant-garde se trouve cette fameuse génération Facebook, une « nouvelle race de marocains mutants »5, très jeunes (de 15 à 25 ans), qui n’ont pas connu les années de plomb, et osent s’exprimer haut et fort . « On n’a plus peur désormais, c’est fini. Mamfakinch !6 »

    Tahani et Montasser à Rabat, Nabil à Casablanca, Youssef à Oujda…

    Ils sont parmi des centaines de milliers d’autres, acteurs et porte-paroles du Mouvement du 20 Février. Leurs revendications sont politiques et sociales.

    Ils veulent un changement de Constitution dirigé par le peuple et la mise en place d’une monarchie parlementaire où le Roi règne mais ne gouverne pas.

    La liberté des prisonniers politiques et la condamnation des tortionnaires, ainsi que des responsables de la situation économique désastreuse.

    Ils se battent pour un accès pour tous aux soins de santé, à l’enseignement, à un emploi, à un logement abordable. Et pour lutter contre la cherté de la vie, ils revendiquent la hausse du salaire minimum et la baisse des prix pour les denrées alimentaires.

    Tous parlent de la place de la femme, exploitée à tous les niveaux dans la société marocaine, et de la lutte pour la parité. Ils veulent la reconnaissance officielle de la langue berbère, l’Amazigh.

    Enfin, ils osent demander la séparation de l’État et de la religion.

    Leurs slogans parlent de pain, d’emploi et de logement, de dignité, d’égalité et de liberté, on a beau chercher on ne trouve aucun mot d’ordre religieux. On est loin de la caricature (imposée par la théorie du choc des civilisations) que l’on se fait en Occident des peuples arabo-musulmans.

    Antécédents et Printemps Arabe

    Ils expliquent que le Mouvement du 20 Février n’est pas arrivé comme par miracle, que bien des luttes existaient au niveau local dans de nombreuses villes. Des mouvements spontanés, des luttes dispersées mais bien réelles. Comme celle des chômeurs diplômés qui ont fondé l’association nationale des diplômés chômeurs (ANDCM), ou celle de Bouarfa contre la vie chère.

    Là-bas, cela fait plus de 3 ans que les habitants boycottent les compagnies de gaz et électricité qui pratiquent des prix exorbitants. Ils refusent tout simplement de les payer. Les étudiants ont joué un grand rôle, qui au sein de l’UNEM (Union Nationale des Étudiants Marocains) ont mené des mouvements de contestations dans plusieurs universités du pays (Fès, Casablanca, Oujda, Rabat).

    En l’absence d’un véritable parti de gauche crédible et légitime7, l’Association marocaine des Droits de l’Homme (AMDH) fait office de refuge et de garde-fou8. Elle effectue un travail de masse dans une centaine de localités du pays, et regroupe près de 10 000 membres ! Elle a joué un rôle essentiel dans l’organisation du mouvement.

    Comme en Tunisie ou en Egypte, la révolte est bien l’aboutissement d’une lutte de classes intense.

    Mais il fallait une étincelle. Et elle porte le nom de Mohamed Bouazizi.

    « Les révoltes arabes nous ont montré que c’était possible dans des pays très opprimés comme la Tunisie et l’Égypte. Elles nous ont donné un cadre global pour avancer nos revendications. On était déjà en révolte mais là, on se dit c’est le moment ! » nous explique Tahani.

    Nabil : « Les révoltes tunisiennes et égyptiennes ont joué un grand rôle pour notre mouvement au Maroc. Bouazizi a été le détonateur ! Pour tous, il était temps de s’exprimer et de réagir, de sortir et de lever la voix pour dire non aux injustices, à la corruption. On veut une nation nouvelle, un pays qui respecte tous ses citoyens. Comme ailleurs, nos slogans principaux parlent de pain, de liberté et de dignité ! »

    Historique du mouvement

    Montasser raconte comment les jeunes se sont organisés en utilisant les nouvelles technologies et réseaux sociaux sur le net pour mobiliser et coordonner le mouvement :

    « Nous avons crée un groupe sur Facebook fin janvier appelant à une première marche qui a finalement eu lieu le 20 février. Puis des réunions concrètes nous ont permis de nous connaître et de nous organiser en sections locales. Des assemblées générales ont lieu chaque semaine. La réaction du Makhzen ne s’est pas fait attendre, notamment via Internet pour salir le mouvement et ses porte-paroles, et même acheter l’un d’eux. L’un des jeunes les plus en vue a retourné sa veste, il est passé le 19 février, la veille de la première mobilisation, à la télévision et à la radio pour annoncer que tout était annulé ! Et pourtant nous avons marché le lendemain. Malgré le mauvais temps et le blocage des moyens de transports, trains et taxis collectifs. Au début de la manif, des flics en civils se sont mis devant et ont même été jusqu’à lancer des slogans acceptables par le Makhzen, mais ils se sont vite fait submerger. A la fin, des jeunes agitateurs et des casseurs ont commis des actes de vandalisme pour nous discréditer mais ça n’a pas pris non plus ».

    Résultat : près de 400 000 personnes dans une soixantaine de villes du Maroc9. Le mouvement est lancé, la génération Facebook fait trembler les puissants ! « Nous mêmes avons été surpris de la participation massive des citoyens, c’était du jamais vu ! » ajoute Tahani.

    Le 9 Mars, Mohamed VI réagit dans une allocution télévisée étonnante.

    Il propose une réforme constitutionnelle et plus largement un nouveau pacte entre le Roi et son peuple. Mais la commission nommée pour réécrire la Constitution est illégitime de par sa composition puisque ses membres sont nommés par le Roi seul et sont des hommes de l’appareil décrié par la population. Les quelques mesures annoncées (augmentation du salaire minimum, du salaire des fonctionnaires, ainsi que des petites retraites) sont trop tardives et limitées et ne sont pas suffisantes pour arrêter le mouvement.

    Le fait que Mohamed VI ai du réagir montre le poids du mouvement social. Toutefois il ne semble pas avoir pris l’ampleur du mécontentement profond exprimé par sa population.

    Les actions continuent de plus belle (manifs, sit-in, flash-mobs) et pour la première fois à cette échelle, la répression policière s’abat sur les participants, le 13 Mars.

    Et elle ne fait que décupler la volonté des contestataires. Youssef s’enthousiasme : « A partir de là, le mouvement va s’adresser à tous les secteurs exploités du pays et connaîtra une progression constante tant qualitative que quantitative en développant sa capacité d’organisation et sa faculté de mobilisation. J’ajoute que le Mouvement du 20 Février a toujours été pacifique ».

    Les jeunes se répartissent les tâches entre différents comités (communication, organisation des manifs, sécurité, coordination…

    Nabil : « Les médias dominants ne font pas leur travail pour informer la population de ce qui se passe. Ils ne diffusent pas l’information telle qu’elle est. C’est pourquoi nous avons une commission médiatique au sein du Mouvement qui livre une véritable guérilla médiatique »

    Les dimanche 20 Mars et 24 Avril, nouvelles mobilisations monstres. À chaque fois, près de 600 000 personnes marchent dans une centaine de localités. Alors que les contre-manifestations organisées par le pouvoir ne rassemblent que quelques dizaines de manifestants monarchistes.

    Entre temps, le 14 avril Mohamed VI avait libéré 190 détenus politiques, sahraouis et islamistes, la plupart en fin de peine.

    L’attentat de Marrakech

    Le jeudi 28 vers 12h, un attentat frappe le haut-lieu du tourisme au Maroc, la place Jamaâ El Fna à Marrakech. Une bombe éclate à la terrasse du café-restaurant Argana, faisant 17 morts, dont de nombreux touristes français. Le Maroc était épargné par le les attaques terroristes depuis le sanglant précédent des attentats simultanés à Casablanca le 16 mai 2003 qui ont fait 45 morts. La lumière n’a jamais été vraiment faite sur ce qui s’était passé ce jour là. Mais tous les marocains se souviennent de ces conséquences avec la mise en place de lois anti-terroristes très contraignantes pour l’ensemble de la population et pour les défenseurs des libertés.

    Après avoir pointé du doigt Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) les autorités auraient mis la main sur le coupable : un malade mental qui aurait agi isolé. Depuis, 6 autres suspects ont été arrêtés. Mais l’écrasante majorité des marocains interrogés sont sûrs d’une chose : « c’est le Makhzen derrière ». Pour les jeunes « une chose est claire, cela vise le mouvement ! ». C’est le meilleur moyen pour briser l’élan du 20 Février et pour justifier un retour à l’ordre et au tout-sécuritaire.

    La menace terroriste pourrait servir de justificatif pour annuler les réformes, restreindre le champ des libertés et réprimer les mobilisations de masse.

    Le Makhzen avait tout essayé pour stopper l’élan populaire, même si la répression directe reste encore très modérée, les autorités redoutant une explosion de colère comparable aux tsunamis humains qui ont déferlés dans les rues en Tunisie et en Egypte. « Nous avons ont été systématiquement harcelés et diabolisés dans les médias -accusations d’athéisme, de communisme, d’homosexualité, d’appartenance au Front Polisario, d’influence de l’étranger-, mais, poursuit Tahani, les gens ne sont pas dupes. Aujourd’hui, on tente de récupérer le Mouvement par l’entremise de jeunes, membres de certaines formations politiques, on tente de fomenter des luttes internes entre les forces progressistes et la contre-révolution qui s’infiltre »

    Une composante réactionnaire à l’intérieur de la société marocaine, très liée aux intérêts occidentaux, qui se sentirait menacée par la révolution démocratique qui a démarré, aurait-elle commandité l’attentat ? Est-ce une tentative de diviser le Mouvement et de briser l’unité entre la gauche et les islamistes ? Autant de questions laissées pour le moment en suspens.

    Depuis le 28 avril, les barrages policiers se multiplient dans tout le pays. Quoi qu’il en soit les actions continuent. Ni la répression policière, ni les bombes des terroristes n’ont entamé la mobilisation populaire. Le 01 mai, journée internationale des travailleurs, de nombreux jeunes du Mouvement sont sortis dans la rue pour renforcer les cortèges syndicaux. La prochaine grande manifestation nationale est fixée pour le 22 mai.

    Unité du Mouvement

    Selon Youssef, « ce qu’il faut désormais, c’est unifier les luttes ». La génération Facebook n’est pas déconnectée des luttes sur le terrain. Au contraire, les jeunes veulent se politiser davantage et renforcer leur lien avec le monde ouvrier. « Nous faisons un travail dans les quartiers, sur les marchés, dans les usines… » explique Montasser. Au Maroc, les syndicats sont très divisés10 et corrompus, mais la base est combative. Avec le 20 Février, nous avons entrepris à leurs côtés une importante campagne contre la multinationale française Véolia (eau-électricité-assainissement), très impliquée au Maroc ».

    Non seulement, le Mouvement du 20 Février a levé l’obstacle de la peur, mais a aussi réussi à unifier divers courants idéologiques. En effet, il est frappant de constater la diversité des composantes du Mouvement. Sympathisants de partis politiques de gauche, les syndicats, l’UNEM, Attac-Maroc, des militants de l’AMDH, du mouvement islamiste réprimé Al Adl Wal Ihsane (Justice et Bienfaisance, du Cheick Yassine), ou du mouvement berbère. Surtout beaucoup de jeunes révoltés « indépendants », qui forment le gros des troupes. L’action les a réunis dans un front commun contre le même ennemi.

    Nabil explicite l’alliance tacite entre progressistes et islamistes : « Le Mouvement du 20 Février est un mouvement de citoyens et les islamistes également manifestent en tant que citoyens. Tous doivent respecter les mots d’ordre. Jusqu’à présent, les islamistes sont très disciplinés et travaillent dans l’unité. Nous autres, en tant que progressistes, prenons en compte leur point de vue. Nous nous réunissons chaque semaine en assemblée ».

    Montasser juge que les islamistes sont « présents dans la rue mais pas tellement dans les réunions durant lesquelles on met en avant, des slogans unitaires et des revendications légitimes pour tous ». Il insiste sur le « rôle important du noyau organisé du 20 Février. On doit faire attention aux récupérations et au noyautage de l’organisation par des éléments du Makhzen. Il faut s’organiser le plus possible et gagner les masses populaires, devenir encore plus large, mais quoi qu’il en soit le bond en avant de la conscience collective est énorme. On récolte toujours les fruits de se que l’on sème pendant des années de militantisme parfois décourageants » !

    Soyons réalistes, exigeons l’impossible !

    « Ce que j’aimerais dire à la jeunesse européenne, termine Nabil, c’est que la jeunesse c’est l’avenir. L’avenir nous appartient ! Il faut lutter, militer pour obtenir nos droits en tant que citoyens, personne ne va venir et nous les donner ».

    « Et puis il faut unir les luttes, que ce soit en Grèce, au Burkina-Faso ou en Tunisie entre autre, car nous affrontons le même système d’oppression et d’exploitation » rajoute Tahani.

    Youssef conclut : « Pour affronter son avenir, il faut courage et optimisme ! S’il y a volonté du peuple, alors cette volonté est de fer ! »

    Quelles sont leurs perspectives ? Comment voient-ils l’avenir ?

    « On a connu tellement de surprises ces dernières semaines, que plus rien n’est impossible ! sourit Tahani. Le rapport de force dans la rue a obligé le monde politique a bouger. Il suffit de commencer ! Comme disait le Che, ’Soyons réalistes, exigeons l’impossible’ » !

    Qui a dit qu’il ne se passait rien au Royaume chérifien ?

    Selon que les dirigeants des pays concernés soient nos amis ou nos ennemis, la lecture que les médias dominants font des révoltes arabes est très différente. Mais au Maroc ça bouge aussi !

    Relayant le Printemps Arabe, le Mouvement du 20 Février est devenu aujourd’hui un acteur incontournable de la réalité marocaine avec lequel la monarchie devra compter et ouvre de nouveaux espaces d’expression, utilisés en masse par les femmes et les jeunes, entres autres.

    La rue continue à mettre la pression, et la contestation s’étend dans les campagnes et banlieues. Fini la peur et vive l’unité !

    Soudain, les jeunes constatent qu’ils peuvent devenir acteurs de leurs vies, prendre leur destin en main. Des jeunes qui sont désormais tellement, qu’ils n’ont plus peur de se faire « makhzenifier » ! Le Mouvement est composé en majorité de jeunes (55% de la population a moins de 25 ans) qui veulent un changement radical maintenant et en ont marre des partis politiques traditionnels et de leurs mensonges. Et, le sentiment qui prédomine chez les gens est qu’un retour en arrière n’est plus possible.

    1 Du verbe portugais ’comprar’ (acheter). Désigne une partie de la bourgeoisie d’un pays en développement qui s’est enrichie en commerçant avec l’étranger.

    2 Hassan II a régné en dictateur de 1961 à 1999.

    3 Depuis 1975, un conflit oppose le Royaume marocain au Front Polisario sur ce territoire décolonisé par l’Espagne cette même année.

    4 Le mot arabe « makhzen », désigne l’État marocain et ses institutions régaliennes et plus généralement la structure politico-administrative sur laquelle repose le pouvoir.

    5 cf. Tel Quel n°471, 30/4/2011, p.73.

    6 « On va pas lâcher ! » cf. www.mamfakinch.com.

    7 L’USFP (Union Socialiste des Forces Populaires) « benbarkiste » n’a plus rien de socialiste et l’ex-Parti Communiste, le PPS (Parti du Progrès et du Socialisme) est monarchiste ! Le PSU (Parti Socialiste Unifié), important dans la gauche estudiantine regroupe plusieurs tendances. Enfin la Voie Démocratique est très présente dans les luttes, notamment syndicales (marxiste-léniniste, ex-Ila Al Amame).

    8 Créé en 1979, elle a survécu aux années de plomb. Les familles des détenus politiques y ont joué un rôle pionnier au début, puis peu à peu seront revendiqués les droits sociaux, économiques et culturels. L’AMDH accompagne, soutien, conseille et conscientise les victimes et leurs familles.

    9 Il est très difficile d’avoir des chiffres précis pour les manifestations. Les estimations variant très fort selon les sources. Par exemple pour la mobilisation du 24 avril, il y aurait eu 30 000 personnes selon les autorités, 300 000 selon un journal socio-démocrate et 800 000 selon les organisateurs.

    10 Il existe plus d’une trentaine de syndicats, mais les plus légitimes et représentatifs restent l’UMT (Union Marocaine du Travail) et la CDT (Confédération Démocratique du Travail).

    Investig’Action, 20/05/2011

  • Manifestations Sahraouies, violences et chantage marocains

    El Aaiun (territoires occupés du Sahara Occidental).- Ce jeudi 19 mai, au moins 30 sahraouis, en grande partie des femmes, ont été blessés au cours d’un sit-in organisé devant la maison de famille de Said Damber, un jeune citoyen sahraoui assassiné il y a 5 mois. Les manifestants demandent que soient rendues publiques les circonstances du crime du jeune homme par des policiers marocains.

    Les citoyens sahraouis regroupés devant la maison des la famille Damber exprimaient leur solidarité avec la famille et leur soutien à leur demande que soient divulgués les détails de l’assassinat de Said Damber, 29 ans. Mais les forces d’intervention mobile du Maroc sont intervenues contre les manifestants dès leur sortie de la maison familiale par une violente attaque. De nombreuses personnes ont été blessées.
    Voir les photos ci dessous et une vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=rsdHfGvokK8

    Le citoyen sahraoui Bechri Slem Mailad qui avait vigoureusement protesté contre les agressions des policiers marocains contre les femmes sahraouies a été suivi jusqu’au quartier Al Ouifak où il a été attaqué et battu par des agents marocains en civil.

    La sœur du jeune homme assassiné a été arrêtée et sa mère a été blessée à la tète.
    Une première liste de blessés suit.
    Les enfants : Hamza Sahraoui et Limam Zaidaf
    Les femmes et hommes : Saadi Oum Lkhout, Meska Maimouna, Meriem Mghaimad, Tfaolouha Badda, Zaoui Toumana, Sod Ahmed Laaiachi, Lala Hatra Aram, Sbaai Abdellah El Hafed Toubali, Lkhalil Chaikhi, Lmstehia Lbalal, Lmrabet Abdelrahman, Laabaidi Niha, Ismaili Gajmoula, Sidmou Khouita, Filali Hamdi, Noumria Haimadaha, Amar Fatma, Laamouri Izana, Mohamed Lamin Lkhlifi et Laarousi Choubida.

    La famille refuse toujours de recevoir le cadavre de leur fils, tué par un policier d’une balle en pleine tête. Selon elle, la seule condition pour procéder à l’enterrement, c’est de savoir toute la vérité et poursuivre les responsables réels de l’assassinat.

    Essmara
    A Essmara, 4 militants des droits de l’homme ont commencé une grève de la faim et un sit in pour protester contre la suspension de leurs salaires après leur participation à une visite effectuée l’année dernière à leurs familles dans les campements de réfugiés sahraouis dans le sud-ouest algérien.
    Les militants sont : Oum Lfdali Jouda , Chaikhi Lmhaba , El Moussaoui Ahmed et Thnakha Othman.

    Les militants ont d’autre part refusé la proposition en forme de chantage du gouvernement marocain de rétablir leurs salaires à conditions qu’ils s’engagent à ne pas mener d’activités qui selon le pouvoir colonial « menace l’intégrité territoriale ».
    EM, Sahara Occidental occupé, 19 mai 2011

  • Le peuple sahraoui conmémore le 38 anniversaire du déclenchement de la lutte armée

    Chahid El Hafedh, 20 mai 2011 (SPS) – Le peuple sahraoui célèbre aujourd’hui à travers divers actes de conmémoration, autant dans les camps de réfugiés, les territoires occupés comme dans les lieux de la diaspora sahraouie, le 38 anniversaire du déclenchement de la lutte armée contre le colonialisme espagnol.

    Le 20 mai 1973, première action de l’Armée de libération du peuple sahraoui, signifiait pour le monde, malgré les tentatives des autorités espagnoles de masquer la réalité – le déclenchement d’un conflit auquel personne ne pouvait tourner le dos. Le peuple sahraoui, comme l’avait déclaré son père spirituel, Eluali Mustafa Sayed, a démontré qu’il existe en tant que tel et était prêt à réaliser l’autonomie gouvernementale en dépit de la volonté et les intérêts de certaines puissances occidentales qui étaient prêtes au pire pour contrôler les richesses naturelles du Sahara Occidental.

    L’ONU n’a pas eu d’autre choix que de reconnaître le Front Polisario comme seul représentant légitime du peuple sahraoui, et en tant que mouvement de libération nationale contre le colonialisme, avec le droit d’utiliser la lutte armée pour réaliser les aspirations du peuple sahraoui.

    Mais ni les organisations internationales comme l’ONU, collée à des intérêts économiques et géopolitiques des plus puissants de la terre, n’ont pardonné à ceux qu’ils avaient toujours considéré comme un conglomérat de tribus nomades, sans organisation ni capacité de gestion, aient eu l’audace d’affronter, même avec les armes, leurs ambitions et de réclamer ce que par droit leur revient.

    Cet anniversaire est célébré moins d’un mois après la résolution 1979 (2011) du Conseil de sécurité qui vient réaffirmer une fois de plus le droit sacré du peuple sahraoui à l’autodétermination et à la liberté de choisir son destin.

  • Violente agression contre un sit-in devant la maison du défunt Said Dambar

    El Aaiun, 20 mai 2011 (SPS) – Au moins 30 sahraouis, en grande partie des femmes, ont été blessés au cours d’un sit-in organisé jeudi devant la maison de famille de Said Damber, un jeune citoyen sahraoui assassiné il y a 5 mois. Les manifestants demandent que soient rendues publiques les circonstances du crime perpétré par des policiers marocains.

    Les citoyens sahraouis regroupés devant la maison de la famille Damber exprimaient leur solidarité avec la famille et leur soutien à ses revendications concernant l’éclaircissement des circonstances de l’assassinat de Said Damber, 29 ans. Mais les forces marocaines d’intervention rapide sont intervenues violemment contre les manifestants dès leur sortie de la maison du défunt. Plusieurs personnes ont été blessées.

    Le citoyen sahraoui Bechri Salem Mailad a été suivi jusqu’au quartier Al Ouifak où il a été attaqué et battu par des agents marocains en civil.


    La sœur du jeune homme assassiné a été arrêtée et sa mère blessée à la tète.

    La famille refuse toujours de recevoir la dépouille de son fils, tué par un policier d’une balle en pleine tête, dans l’attente de connaître toute la vérité et la poursuite des responsables de l’assassinat, seule condition pour permettre à la famille de faire son deuil.

    Liste de blessés : Hamza Sahraoui (enfant) et Limam Zaidaf (enfant) Saadi Oum Lkhout, Meska Maimouna, Meriem Mghaimad, Tfaolouha Badda, Zaoui Toumana, Sod Ahmed Laaiachi, Lala Hatra Aram, Sbaai Abdellah El Hafed Toubali, Lkhalil Chaikhi, Lmstehia Lbalal, Lmrabet Abdelrahman, Laabaidi Niha, Ismaili Gajmoula, Sidmou Khouita, Filali Hamdi, Noumria Haimadaha, Amar Fatma, Mohamed Lamin Lkhlifi , Laarousi Choubida et Laamouri Izana.

  • Les Sahraouis dénoncent la poursuite des violations des droits de l’Homme Rabat annonce une reprise des pourparlers en juin

    Par Ghada Hamrouche

    Les pourparlers entre le Front Polisario et le Maroc reprendront en juin prochain sous les auspices des Nations unies à Manhasset, aux Etats-Unis, a annoncé jeudi dernier le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri. «La septième phase des réunions informelles se déroulera à Manhasset, près de New York», a déclaré le ministre devant une commission parlementaire, sans préciser la date exacte de cette reprise. Ce nouveau rond informel réunira les deux parties belligérantes en présence de l’émissaire de l’ONU au Sahara occidental, Christopher Ross, ainsi que des représentants de l’Algérie et de la Mauritanie.

     
    Les six précédents rounds de pourparlers – dont le dernier a été tenu à Malte en mars dernier – s’étaient achevés sans progrès tangible, le Maroc et le Polisario s’accusant mutuellement de saper les négociations. Toutefois, le Maroc se refuse à négocier une autre solution que le plan d’autonomie proposé par son souverain. Rabat propose, dans ce plan, une large autonomie du Sahara occidental avec un gouvernement et un Parlement locaux sous sa souveraineté. Le Front Polisario rejette, quant à lui, une solution unique et réaffirme «le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination» via un référendum.Cette annonce coïncidait avec la visite à Alger d’une délégation sahraouie dénonçant la dégradation de la situation des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés. 
     
    Le représentant du ministère des Territoires sahraouis occupés, M. Omar Salek Abdessamad, à la tête d’une délégation composée de quinze militants sahraouis des droits de l’Homme, a dénoncé jeudi dernier à Alger «la position française de soutien à l’invasion». Les militants sahraouis ont appelé l’ONU à dépêcher une mission d’enquête sur les violations des droits de l’Homme commises par l’occupant marocain au Sahara occidental. La délégation sahraouie, reçue par le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), M. Farouk Ksentini, s’est déclarée prête à tirer avantage de l’expérience de la CNCPPDH en matière de militantisme et de droits de l’Homme. 
     
    La délégation sahraouie a demandé à M. Ksentini de transmettre son message aux organisations internationales en vue de la protection des droits de l’Homme face à la détérioration de la situation dans les régions occupées où le seuil minimum des droits de l’Homme n’est pas respecté.M. Ksentini a réitéré, à cette occasion, la position inébranlable du peuple et du gouvernement algériens quant aux causes sahraouie et palestinienne, affirmant que «la position du gouvernement et du peuple algériens vis-à-vis de ces deux causes demeure inébranlable, l’Algérie ayant vécu les affres du colonialisme». M. Ksentini a condamné l’occupation marocaine en particulier et l’occupation de manière générale qui «ne respectent pas les droits de l’Homme», précisant que «tôt ou tard, le Sahara occidental triomphera».
     
    Rappelons que le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, fin avril dernier, une résolution prorogeant pour un an le mandat de la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso), jusqu’au 30 avril 2012, et appelé le Maroc et le Polisario à intensifier leurs négociations. Le Sahara occidental est, faut-il le noter, une ancienne colonie espagnole annexée en 1975 par le Maroc. 
  • Avis à « l’ami marocain », Obama soutient les révoltes populaires arabes

    Casablanca.- Le président américain Barack Obama a prononcé jeudi 19 mai son très attendu discours sur les révoltes arabes. Depuis le Département d’Etat à Washington, il a lancé un appel au président syrien Bachar El Assad pour qu’il « accompagne la transition ou qu’il quitte le pouvoir », appelé le président yéménite Ali Abdellah Saleh à respecter ses engagements concernant la transition et réclamé un « vrai dialogue » au Bahreïn.
    Mais le plus marquant dans son discours, en plus des négociations entre Palestiniens et Israéliens sur la base des frontières de 1967, c’est sa conviction que les stratégies de « répression » ne fonctionnent plus pour mater la jeunesse arabe qui clame liberté.
    Aussi le président a manifesté le soutien de l’Amérique et de son administration aux manifestants arabes. Un soutien politique doublé d’une aide financière consistante. Obama a évoqué un Plan Marshall de plusieurs milliards de dollars pour accompagner la remise sur les rails de la Tunisie et de l’Egypte. Ce soutien sera étendu aux autres pays de la région, de l’Afrique du Nord au Moyen-Orient.
    Dans un Maroc en ébullition où les manifestations de rue, de plus en plus nombreuses, sont brutalement réprimées par les forces de l’ordre ce rappel est le bienvenu.
    Reste à savoir si l’autocrate alaouite et son entourage ont reçu le message de leurs ami et allié américain. Réponse : la prochaine manif.
    A.G. 
    Demain Online, 19/05/2011

  • “Entrelobos” remporte la Chamelle Blanche de FiSahara 2011

    LA ROSE DU DÉSERT SURPREND ET ÉMEUT NORA NAVAS, ENTOURÉE DE LUIS TOSAR, QUI REÇOIT LA MENTION SPÉCIALE DU JURY

    Réalisé et présenté au FiSahara par Gerardo Olivares, “Entrelobos” a remporté hier la Chamelle Blanche (symbole de paix pour le peuple sahraoui), devenant ainsi le vainqueur de la VIIIe édition du festival. Comme de coutume, la chamelle a été remise à la famille sahraouie avec laquelle aussi bien le réalisateur que l’un de ses protagonistes, Carlos Bardem, ont cohabité durant cette semaine.

    L’un des moments les plus émouvants de la cérémonie de clôture, conduite par Carlos Bardem en personne, a été la remise du prix de La Rose du Désert, pour “Pa Negre”, par la ministre de la Culture sahraoui, Jadiya Hamdi, à sa protagoniste, Nora Navas. Par ailleurs, Hamdi a offert une “melfa” – vêtement typique sahraoui – à l’actrice catalane. Reconnaissante et émue, Navas s’est engagé “à porter la lutte sahraouie à tous les recoins où elle pourrait le faire”.


    De même, “También la lluvia” (Aussi la pluie), d’Icíar Bollaín, a obtenu la Mention Spéciale du Jury. Son protagoniste, Luis Tosar, a reçu le prix des mains d’Alberto Ammann. Tosar a affirmé que, suite à l’expérience vécue durant cette semaine, il continuera d’accompagner ce peuple jusqu’à ce que la justice soit faite. À la fin de la cérémonie, chacun des artistes invités a dirigé quelques mots de reconnaissance et de solidarité au peuple sahraoui, avec le point final de José Manuel Seda : “Vous, le peuple sahraoui, vous êtes un exemple pour le reste du monde, bien que le reste du monde ne le soit pas pour vous.”

    Dans cette édition du Festival ont participé, vivant leur première “expérience FiSahara”, des acteurs de l’envergure de Luis Tosar (También la lluvia), Nora Navas (Pa Negre), Miguel Ángel Silvestre (Verbo), Cecilia Gessa (Luz) et José Manuel Seda (23-F). D’autres, tels que Carlos Bardem (Entrelobos), mais aussi Alberto Ammann (Lope) et le réalisateur de “Entrelobos”, Gerardo Olivares, répétaient, voire “tripétaient” leur participation au Festival. À la fin, Javier Bardem, l’un des hommes les plus engagés dans la lutte sahraouie, a reçu en cadeau un service à thé traditionnel, en guise de félicitation de tout un peuple pour sa récente paternité.

    Par ailleurs, Javier Corcuera, co-directeur – avec José Taboada et Guillermo Toledo – du Festival, a remis un Prix Spécial au chef des projectionnistes de FiSahara, Daniel Pérez, en reconnaissance de son labeur durant ces huit années.

    FiSahara 2011 a témoigné cette année de la participation de plus de 300 personnes venues de partout – Brésil, Pérou, Venezuela, Afrique du Sud, Finlande, France, Royaume-Uni, Algérie, Espagne, etc. –, ainsi que du reste des camps de réfugiés sahraouis. Fidèles à la tradition des éditions antérieures, tous les assistants, artistes participant et public général, ont eu la chance de partager le toit d’une “khaïma” avec les familles sahraouies et vivre ainsi, en personne, les conditions extrêmes dans lesquels elles survivent depuis 35 ans. En plus, et pour la première fois dans les camps, la cérémonie de clôture, qui était charge de la ministre de la Culture sahraouie, Jadiya Hamdi, a dansé sur des rythmes de rap, avec le chanteur El Chojin et DJ Caution, qui ont porté leur engagement social et leur pari pour les plus jeunes à travers le hip-hop et des sons de leur dernier disque “El ataque de los que observan” (L’Attaque de ceux qui observent). Le rappeur sahraoui Yslem a assuré la première partie du spectacle du rappeur madrilène.

    Activisme à l’état pur

    La VIIIe édition de FiSahara a été particulièrement revendicative avec la visite d’une vingtaine d’activiste provenant des territoires occupés qui, tel qu’ils l’avaient fait il y a des années, ont défié le régime marocain et ses possibles représailles, voyageant jusqu’aux camps de réfugiés pour porter leur message de liberté, de résistance et d’auto-détermination. Valeurs ratifiées par Franscesco Bastagli, ex-représentant de la MINURSO, qui s’est uni à FiSahara et qui a montré, lors d’une conférence de presse, son désaccord avec rôle de l’ONU et de la communauté internationale dans la résolution du conflit ainsi que sa profonde déception.

    L’École, une réalité

    FiSahara 2011 clôt son édition de cette année avec la visite de l’ambitieux projet de coopération concrétisé par l’École de Formation Audio-visuelle (E.F.A). Abidin Kaid Saleh, où les artistes invités partageront leurs impressions avec la presse, suite à une semaine de cohabitation dans le cadre de ce festival solidaire. L’École est le fruit des ateliers de formation qui ont été donnés tout au long des éditions passées, avec l’aide d’organisations telles que Gran Angular ou Imago, afin que les jeunes sahraouis ne soient plus que récepteurs, mais qu’ils racontent plutôt aussi leurs propres histoires à travers du septième art.
    NACHO PARA
    Dajla (Tindouf)10/05/2011

  • Les salafistes à la rescousse du Makhzen

    Le Maroc brûle ces jours-ci. Le Mouvement 20 février fait preuve de résistance et continuité malgré les ripostes violentes du Makhzen. Les manifestations populaires s’amplifient: à Bouarfa, à Al Attaouia (wilaya de Marrakech), où 20 000 paysans en marche vers Marrakech sont sauvagement réprimés par les différents corps de répression. Dans les deux cas on signale des dizaines de blessés dont des cas très graves.
    Le gouvernement marocain cherche désespérément le moyen d’arrêter le printemps marocain. Au début, il a pointé du doigt le Front Polisario et le DRS algérien, en suite il s’en est pris aux habitants de Dakhla, ville du Sahara Occidental occupée par le Maroc pour rappeler « l’ennemi intérieur » après l’échec de la politique de « l’ennemi extérieur ».
    Les manifestations se poursuivant sans arrête, le Makhzen a décidé de passer à la vitesse supérieur avec le massacre du Café Argana pour rappeler le « danger du terrorisme ». En vain. Le peuple marocain a condamné l’attentat mais, au même temps, a mis en exergue son combat pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme. Le Makhzen décide, donc, d’organiser une mutinerie dans la prison de Salé avec les médias nécessaires pour transmettre « l’évènement ». Ainsi, une vidéo a été publiée sur Youtube pour convaincre les « incrédules » sur la menace islamiste.