Mois : avril 2011

  • Sahara occidental : Mohamed Abdelaziz s’en prend à la France

    A la veille de la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité sur le conflit sahraoui pour renouveler le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental, le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) a souhaité que la France ne continue pas, comme c’est le cas aujourd’hui, d’empêcher l’avènement de la paix dans la région. Intervenant à l’ouverture du 6e congrès de l’Union nationale des femmes sahraouies, qui prend fin aujourd’hui, M. Abdelaziz a critiqué la «sélectivité» et les «doubles standards» de la France quand il s’agit des droits de l’homme et des peuples, qui donnent lieu à «des interventions fermes et rapides dans certains cas et l’indifférence, voire la complicité avec les coupables dans d’autres». Le discours musclé du chef de l’Etat sahraoui contre la France intervient alors qu’une délégation de 92 élus et représentants de la société civile française est arrivée vendredi à Tindouf en visite de solidarité dans les camps des réfugiés. Ses membres ont fustigé, hier, la position française sur la question sahraouie en dénonçant en particulier son «parti pris pour le Maroc». «La France n’est pas pour les droits de l’homme, même si au niveau international elle essaie de démontrer le contraire.
    La France est plutôt pour le droit de  l’argent et de l’économie»,  déclare Mireille Mavrides, élue du parti communiste français et présidente du Comité femmes solidaires de Marseille.Le président sahraoui appelle l’ONU à assumer son entière responsabilité dans le parachèvement du processus de décolonisation au Sahara occidental et à doter la MINURSO d’un mécanisme de protection des droits de l’homme, joignant ainsi sa voix à celles qui se sont levées ces derniers temps pour exiger l’élargissement de la mission du MINURSO.M. Abdelaziz a exhorté, dans le même discours,  les Nations unies à exercer des pressions sur le Maroc pour faire «libérer tous les prisonniers politiques sahraouis  arrêtés avant et après l’agression militaire contre le camp de Gdeim Izik, près d’El Ayoun, et pour que la lumière soit faite aussi sur le sort des 600 disparus sahraouis depuis l’invasion marocaine en 1975». «Le Maroc doit cesser sa politique de colonisation et de pillage effréné des ressources naturelles sahraouies», a-t-il martelé.
    Horizons, 23/04/2011
  • Sahara Occidental : Le statu quo béni

    Trente-cinq ans après son invasion militaire par les forces de la Mauritanie et du Maroc, le Sahara occidental n’est toujours pas décolonisé. Contrairement à Nouakchott, Rabat n’entend pas lâcher prise. Pis, au Sahara occidental, le roi refuse d’aller à la solution référendaire contenue dans tous les plans de paix internationaux qu’il a pourtant souverainement entérinés. 
    En trente-cinq ans, le royaume n’a pas non plus su ou pu convaincre les Sahraouies d’être ou de devenir des sujets du roi. Bien au contraire, les Sahraouis des territoires occupés ne cessent de manifester leur nationalisme et leur aspiration à l’indépendance depuis le déclenchement de leur Intifada en mai 2005. La répression bestiale, les arrestations, les tortures, les destructions et la mort n’ont pu en venir à bout. Bien au contraire, la volonté sahraouie se fait plus forte, comme le démontrent l’action de Mme Aminatou Haider et la multiplication des «camps de protestation» dans les territoires occupés, à l’image de Gdeim Izik. Des actions qui font la preuve de l’échec des politiques marocaines suivies jusqu’ici vis-à-vis d’une population peu nombreuse, il est vrai, mais marquée par une révoltante discrimination en faveur du colon marocain. Un clivage qui s’approfondit entre les deux nationalismes, d’autant que les colons marocains participent physiquement à la répression des autochtones aux côtés des forces du roi quand le makhzen y exhorte. Mais le Sahara occidental, c’est comme la Palestine : les colonisateurs y répriment impunément. L’axe du mal y empêche la solution et y préserve le statu quo dans un vieux scenario qui perdure depuis trois décennies et qui risque de s’étendre à la Libye sœur si l’on n’y prend garde, puisque les acteurs sont ceux-là mêmes qui ont aidé le Maroc à construire son mur de la honte qui coupe le territoire sahraoui en deux sur une longueur de plus de 2 000 kilomètres. 
    Rien ne dit qu’un mur ne viendra pas séparer Benghazi de Tripoli, cette fois, puisque les spécialistes des «murs» rôdent dans le coin. A Berlin ils les détruisent, chez nous ils les construisent. N’est-ce pas assez significatif ? Du côté de Benghazi on mobilise l’OTAN et les supplétifs arabes pour protéger les lieux pétrolifères. Au Sahara occidental, on met le veto pour protéger un… sultan coloré. 

    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
    Le Jeune Indépendant, 23/04/2011

  • Sit-in jeudi devant le mur de la honte : La France fustigée

    Des militants sahraouis, amis de la Cause sahraouie, ainsi que nombre de citoyens sahraouis venus des différents camps des réfugiés de Tindouf se sont donnés rendez-vous ce jeudi dans la localité de El Mehbès, dans les territoires libérés pour dénoncer «le mur de la honte» érigé par le Maroc dans les années 1980 pour séparer le Sahara Occidental. Des centaines de personnes ont en effet tenu un sit-in jeudi à environ 400 mètres du Mur. Un rassemblement plus significatif selon les organisateurs. 
     
    Ce même rassemblement auquel ont pris part des organisations non gouvernementales italiennes, espagnoles et autres journalistes et représentants de délégations venus des pays amis de la RASD (République arabe sahraouie démocratique) pour prendre part au 6e congrès international des femmes sahraouies se veut un message clair et fort au régime colonial marocain. «Ce n’est pas ce «mur de la honte» qui séparera les Sahraouis ni encore moins les territoires sahraouis. Ce peuple est uni et indivisible», scandaient sans cesse les participants à cette manifestation. 
     
    Arrivés sur place aux environs de 11h (deux heures et demies de marches de Tindouf), les militaires sahraouis étaient déjà là. Première consigne : ne jamais prendre le risque de trop s’y approcher. Et pour cause : tous les parages, étant un champ miné, représentent ainsi un grand danger pour les participants donc le mieux est de prendre toutes ses précautions et d’éviter que le pire arrive. Quoi qu’il en soit, ils étaient nombreux à avoir répondu à l’appel de la justesse de la Cause sahraouie et à s’y rendre. Que ce soit à travers les hauts parleurs ou même les banderoles exhibées ici et là, les sahraouis n’ont qu’un objectif : aller jusqu’au bout de leur quête et ainsi arracher leur indépendance et retrouver leur intégrité territoriales. 
     
    D’ailleurs, sur l’une d’entre elle on peut lire : le mur de la honte est une image horrible de l’occupation. Pour leur part, les différents représentants des organisations non gouvernementales ayant pris la parole, et après près d’une heure passée à crier haut et fort contre l’occupation marocaine, étaient unanimes à dénoncer la position de la France qui encourage à leurs dires de faire du Maroc un enfant gâté. Selon eux, ce membre permanant au conseil de sécurité, qui est la France, devrait se pencher plutôt sur les violations des droits humains commis par les forces coloniales du Maroc dans les territoires sahraouis que d’encourager le monarque marocain à aller de l’avant dans sa politique répressive en lui garantissant l’impunité. 
     
    La position de l’Espagne officielle a été également critiquée. «De part sa responsabilité historique, l’Espagne est en mesure d’amener le Maroc au respect des droits humains au Sahara occidental. Il suffirait juste d’une réelle volonté politique pour y parvenir», nous dira une représentante d’une ONG espagnole, Iziar Fernadez. «La France a trop exagéré». Une affirmation qui en dit beaucoup pour Marco Balboni, enseignant de droit à l’Université de Bologne, en Italie. Ce dernier, qui a pris part au sit-in de ce jeudi tenu devant le Mur de la honte, a indiqué dans ce cadre que la France est entièrement responsable des souffrances vécues au quotidien par les populations sahraouis. Selon lui, puisque la France jouit d’un droit de véto au Conseil de sécurité, elle devrait s’y appuyer à des fins pacifiques et non à encourager le chauvinisme aveugle du Maroc qui tourne le dos à chaque fois aux résolutions des Nations Unies. 
     
    Abordant la position italienne, Marco Balboni a estimé qu’il est difficile pour lui de se prononcer à titre officiel, mais ce qui est sûr et même certain selon lui c’est que les Italiens, du moins une grande partie, sont conscients de la justesse de la Cause sahraouie ainsi que le droit indéniable des Sahraouis à l’auto-détermination. Cet enseignant universitaire a assuré qu’eu égard aux circonstances actuelles, la création d’un nouveau mécanisme pour la surveillance des droits humains au Sahara occidental demeure l’une des solutions que les Nations Unies doivent envisager. À noter enfin que le mur de la honte (appelé mur des sables, mur de défense marocain, mur de sécurité par les marocains) est une barrière de séparation érigée au Sahara occidental par le Maroc à partir d’août 1980 et achevée en 1987 afin de se protéger contre les incursions du Front Polisario. Le mur est défendu par environ 100 000 soldats marocains. L’édification du mur de 2 400 km s’est faite sur plusieurs étapes. 
    DE EL MEHBES (DANS LES TERRITOIRES LIBÉRÉS DU SAHARA OCCIDENTAL), FARID HOUALI
  • Congrès des femmes sahraouies: le président Abdelaziz accuse la France «d’empêcher la paix» au Sahara occidental

    Le président du Polisario, Mohamed Abdelaziz, accuse la France d’empêcher «la conclusion d’une paix véritable» entre son pays et le Maroc.Le président de la République arabe sahraouie a tenu hier ces propos empreints de dureté et de réalisme, dans un discours prononcé à l’occasion de la tenue, dans les camps des réfugiés de Tindouf, du sixième Congrès de l’Union des femmes sahraouies.
    «Nous espérons (…) que la France, qui est membre du Conseil de sécurité, ne va pas continuer à empêcher la conclusion d’une paix véritable et permanente dans la région», a affirmé le chef du Polisario qui accuse également Paris de pratiquer «la sélectivité et les doubles standards quand il s’agit des droits de l’Homme et des peuples». Poursuivant ses reproches en direction des organisations internationales, Mohamed Abdelaziz demande à l’ONU d’assumer «ses responsabilités dans le parachèvement du processus de décolonisation du Sahara occidental et qu’elle dote la Minurso d’un mécanisme de protection des droits de l’Homme». L’orateur ne manquera pas de dénoncer le «mur de la honte» marocain. Un ouvrage qu’il qualifie de «crime contre l’humanité». Contre l’adversité, le président de la RASD promet la poursuite de la lutte jusqu’à l’indépendance de son pays. «Le peuple sahraoui n’a pas d’autre choix que de continuer son combat héroïque et de renforcer sa résistance», a-t-il tonné sous les applaudissements nourris des présents -essentiellement des femmes – dans la salle du complexe éducatif du 27-Février. Le président du Polisario, qui a consacré l’essentiel de son discours au combat des femmes de son pays, a tenu à rendre hommage à cette frange de la société de son pays qui a donné des noms illustres, à l’image d’Aminatou Haidar, militante des droits de l’Homme, qui a fait l’actualité à plusieurs reprises, comme lors de sa très longue grève de la faim (32 jours), l’année passée, pour protester contre le refus des autorités marocaines de la laisser entrer dans les territoires occupés de son pays. Le Sahara occidental figure parmi les pays qui comptent un taux de représentation féminine au Parlement (34%) parmi les plus élevés de la région. Le chef du Polisario, qui se dit satisfait de ce taux, note que la proportion dépasse le niveau recommandé par le Congrès des Nations unies sur la femme, tenu à Pékin en 1995. Le chef politique et militaire des Sahraouis s’est, en revanche, montré inquiet quant à la baisse sensible du taux de natalité dans son pays.

    Sans chiffre officiel, la population de l’ensemble du Sahara occidental avoisine les 200 000 âmes, auxquelles s’ajoute une forte diaspora éparpillée à travers plusieurs pays de la planète.Le sixième Congrès de l’Union des femmes sahraouies a vu la participation de nombreuses déléguées venues de plusieurs pays, dont l’Algérie, l’Afrique du Sud, la France et l’Espagne.

    De notre envoyé spécial aux camps des réfugiés sahraouis
    Ali Boukhlef

  • Pour le respect des Droits de l’Homme au Sahara Occidental

    Le peuple sahraoui est régulièrement victime d’agressions, d’emprisonnements arbitraires, d’atteintes à la dignité, de disparitions, de violations de toutes sortes de la part des forces d’occupation marocaines. Récemment la manifestation pacifique du campement de Gdeim IZIK a subi une répression d’une violence inexcusable.
    La MINURSO chargée de l’organisation du référendum, en place au Sahara Occidental depuis 1991 est la seule mission de l’ONU qui n’a pas pour mission de veiller au respect des Droits de l’Homme.

    En tant que citoyen(ne) je m’indigne de savoir que la France oppose régulièrement son veto à l’extension du mandat de la Minurso à la protection des droits de l’homme.  

     
    Ce 30 avril 2011, comme chaque année, le mandat de la MINURSO sera réexaminé.
    Je vous demande, en tant qu’élus, d’interférer auprès de nos gouvernants afin que cesse cette situation et que je puisse encore enseigner à mes enfants que la France est la patrie des Droits de l’Homme.
    Collectif pour les droits de l’homme au Sahara Occidental –
    Midi-Pyrénées- c/o CIDES 1 r Joutx-Aigues 31000 Toulouse
    Associations: EcolesTiers-Mondes 46, Survie Midi-Pyrénées, Ligue droits de l’Homme 31,CROSI Midi-Pyrénées, CIDES, FSU 31, Sud-Education/Solidaires, EgalitéToulouse Mirail ,Nedjma, …et tous ceux qui veulent signer…
    (double copie courrier à nous adresser ou survie.midipyrenees(at)free.fr)
     
  • Sahara occidental : Le jeu trouble de l’ONU

    La prorogation du mandat de la Minurso va-t-elle être suivie par son élargissement à une mission de surveillance des droits humains comme le demande la RASD ou non, comme le veut le SG de l’ONU sous influence de la France ? Entre demande légitime et pression d’influence Ban Ki-moon joue sa crédibilité.

    C’est aujourd’hui que le Conseil de sécurité de l’ONU doit examiner le dernier rapport de son secrétaire général portant sur le mécanisme de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. Rapport qui, faut-il le rappeler, est contesté par les Sahraouis, au regard de la contradiction entre les observations et les conclusions de Ban Ki-moon : dans son rapport ce dernier recommande au Conseil de sécurité de renouveler le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso)

    Pour une année de plus, allant jusqu’au 30 avril 2012, sans aucune modification de ses missions, ce que déplore le représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari, pour lequel les droits de l’homme au Sahara occidental, bafoués par les Marocains, doivent être une des priorités de la Minurso. Un avis que ne semble pas partager le SG des Nations unies. Bien que reconnaissant les violations des droits de l’homme au Sahara occidental et l’accord militaire SOFA conclu entre le Maroc et l’ONU (mis sous le boisseau de l’embargo médiatique et du blocus militaire qu’impose le Maroc sur les villes sahraouies occupées, selon l’Association sahraouie des victimes des violations des droits humains, ndlr) et saisissant bien la nécessité et l’urgence d’y «faire face», il préfère cependant confier la mission de surveillance de ces droits aux procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme basé à Genève.

    Pour Ahmed Boukhari, «ce type de mécanismes ne constitue pas la meilleure réponse au sens de l’urgence soulignée par le rapport de l’ONU lequel relève, sans ambiguité, la gravité de la situation». D’autant, fait remarquer Ahmed Boukhari, que le Conseil des droits de l’homme et ses rapporteurs n’ayant pas de présence permanente au Sahara occidental «ne peuvent donc assumer la responsabilité et la charge, ô combien grave, d’une observation efficace en vue d’une protection crédible contre les violations des droits de l’homme». D’où la nécessité, selon Boukhari, de confier ce rôle à la Minurso dont la présence est permanente, en la renforçant toutefois par un mécanisme des droits de l’homme.Une mission qui avait été d’ailleurs, a rappelé le représentant du Front Polisario à l’ONU, «la» recommandation faite par l’Office du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme dans la version originale du rapport. Ces contradictions criantes avec lesquelles Ban veut embarquer l’organisation sont pour Boukhari révélatrices du rôle de la France au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. En allié du Maroc, il n’y a aucun doute pour le représentant du Front Polisario à l’ONU quant aux pressions que la France a dû exercer aux Nations unies en faveur du Maroc. Etablissant le parallèle avec la situation qui prévaut dans le continent africain et brocardant l’implication de la France dans les conflits majeurs, Boukhari a rappelé que ce pays, «tout en bombardant la Libye et la Côte-d’Ivoire au nom des droits humains, est toujours opposé à ce que la Minurso soit l’instance chargée de la surveillance de ces droits au Sahara occidental». Aujourd’hui, la France va-t-elle user de son droit de veto pour empêcher tout élargissement du mandat de la Minurso ? Si c’est le cas, Kamel Rezzag Bara, l’ex-président de la Commission de l’Union africaine des droits de l’homme et des peuples, anticipe et propose une autre solution, celle de recenser les cas de violation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés et de les soumettre à la communauté internationale.
    Par Djaouida Abbas 

    Les Débats, 20/04/2011
  • Territoire perdu : documentaire de Pierre-Yves Vandeweerd

    Le Sahara-Occidental est découpé en deux zones : l’une occupée par le Maroc, l’autre par le Front de libération du Sahara-Occidental : un drame méconnu.
    Traversé par un mur de 2 400 kilomètres construit par l’armée marocaine, le Sahara-Occidental est aujourd’hui découpé en deux zones : l’une occupée par le Maroc, l’autre contrôlée par le Front de libération du Sahara-Occidental. Entre paysages sonores, portraits en noir et blanc et poétique nomade, Pierre-Yves Vandeweerd évoque quarante ans d’une oppression qui jamais n’a fait la une de l’actualité, celle du peuple sahraoui.
    On n’a plus l’habitude de ces documentaires qui prennent leur temps, nous conviant, pas à pas, à la profondeur d’un sujet par l’économie des mots, la beauté de l’image. Volontairement artistiques, poétiques. Défilant tel un diaporama d’ombres et de lumières. Visages burinés, enturbannés, hiératiques, yeux doux, accablés, voix douces qui racontent le pire et l’attente désespérée : des dizaines de Sahraouis se succèdent sur fond de désert immense, silencieux et sonore pour qui sait l’écouter. Quand la parole s’élève, c’est pour raconter l’horreur des bombardements de 1975 par l’aviation marocaine. Les corps déchiquetés des adultes, des enfants, la femme qui accouche sous les bombes, le paralysé qui ne peut fuir.
    L’exil en Algérie, l’année suivante. Le mur de 2 400 kilomètres de long construit par le Maroc ne laissant que 20 % du pays au Front de Libération du Sahara occidental. Il ne fait toujours pas bon revendiquer son autodétermination. Arrestations arbitraires, tortures, viols, menaces sur les familles. Les témoignages rappellent tant d’autres exactions du même acabit. Sauf que ceux-là ont rarement fait la une de l’actualité.
    Maryvonne Ollivry
  • Discours du M. Mohamed Abdelaziz, Président de la République arabe sahraouie démocratique, Secrétaire général du Front POLISARIO, à l’occasion du 6ème Congrès de l’Union nationale des femmes sahraouies

    Mesdames, Messieurs,

    Tout d’abord je voudrais souhaiter la bienvenue aux invités qui ont pris la peine de venir de différents pays et continents pour participer à ce 6ème Congrès de l’Union des femmes sahraouies, représentant des organisations féminines et syndicales d’Algérie, d’Afrique du sud, d’Espagne, de France, du Portugal, d’Allemagne, de Mauritanie, du Mali, de la Namibie, du Mexique, de Cuba, du Venezuela, Brasil, Muzambique, Angola..

    Nous somme honorés par la présence, parmi nous aujourd’hui de ces délégations qui traduit les liens solides entre les femmes sahraouies et les femmes des autres pays qui connaissent le rôle primordial des femmes dans la société sahraouie et qui soutiennent avec force leur juste combat pour la liberté et la libération.

    Soyez témoins, chers invités, que nous ne cesserons de dire notre fierté et orgueil pour cette place de choix qu’occupe la femme sahraouie et qui est le fruit d’un combat sincère et inlassable qui s’insère dans le combat plus large que mène l’ensemble du peuple sahraoui pour la libération nationale. Dans ce combat, les femmes sahraouies ont joué un rôle de premier plan, supportant avec abnégation les tâches et les missions les plus ardues, montrant à leurs frères qu’elles ne pouvaient rester à la traîne.

    Les femmes sahraouies ont participé à la révolution contre le colonialisme espagnol dès le début et ont résisté à l’invasion militaire marocaine. Les sacrifices consentis sont énormes. Des dizaines parmi elles sont tombées dans le champ d’honneur pour la patrie, d’autres ont passé leur jeunesse dans les ténèbres des prisons coloniales, subissant les tortures et les humiliations les plus inimaginables.

    Les femmes sahraouies ont résisté avec détermination aux dures conditions de l’exil, réalisant des acquis glorieux pour la République. Elles ont formidablement participer à la construction du projet national sahraoui fondé sur un Etat de droit, sur les valeurs de la liberté, de la démocratie, de la justice et de la légalité entre les hommes et les femmes, sur l’ouverture et la coexistence entre les religions et les civilisations.

    Personne ne peut aujourd’hui nier le rôle primordiale joué par les femmes sahraouies dans la gestion des institutions de l’Etat et de l’espace public dans les domaines politiques et sociaux, dans la santé, l’enseignement, la diplomatie, dans la diffusion de la juste cause de leur peuple.

    Le nom de Gdeim Izik donné à ce Congrès a des significations profondes et renvoie entre autre à cette présence remarquable des femmes dans cette épopée mémorable. A Gdeim Izik, les femmes tissaient avec orgueil les tentes de la résistance, simples dans leurs composantes mais chargées de sens profonds, pour abriter les familles insurgées qui rejettent les injustices de l’occupant marocain qui perdure depuis plus de 35 ans.

    Les femmes sahraouies ont défié l’oppression, la répression et les menaces des forces marocaines, déclenchant avec leurs frères l’Intifada bénie de l’indépendance et faisant d’elle un exemple singulier de la résistance pacifique et un chemin à suivre par les peuples qui aspirent à la liberté et à la dignité.

    Qui peut oublier le combat héroïque d’Aminatou Haidar qui a refusé l’injustice et l’humiliation et que les plus hautes autorités marocaines voulaient lui faire subir. Elle a supporté une grève de la faim durant 32 jours sans abandonner sa légitime revendication de rentrer dans sans pays, parmi les siens qu’elle a fini par concrétiser dans l’honneur et la dignité.

    Qui peut oublier les deux jeunes filles, au corps frêle: N’guia EL Haouassi et Hayat Ergueïbi qui affrontent dans la terrible prison noire d’El Aaiun, avec courage et détermination, l’arrogance du colonialisme marocain qui pratique les pires injustice et traitement inhumain et dégradant. Ces deux jeunes sont pour leurs camarades et prisonniers politiques un formidable exemple de la résistance et du combat, de l’orgueil et de la fierté.

    Ces exemples actuels des combats mené par les femmes sahraouies, rappellent le combat des femmes martyres et héroïques telles Khoueita Laoulad Hadda, Khnatha Ayyad, Batoul Sidi Ali, Fatimatou Ahmed Salem Ebbaad, Meimouna Mohamed Lamine, Naaja Brahim et bien d’autres.

    Mesdames, Messieurs,

    Dès sa naissance, le Front POLISARIO a fait le choix stratégique de laisser les femmes jouer un rôle clef à tous les niveaux de l’action patriotique.

    Nous notons avec satisfaction leur présence à hauteur de 34 pour cent au parlement nationale, proportion située au dessus du niveau recommandé par le congrès des nations unies sur la femme, tenu à Pékin en 1995.

    Nous encourageons de nouveaux les femmes sahraouies, notamment les jeunes diplômés à saisir les opportunités ouvertes afin de consolider le rôle des femmes et à enraciner l’égalité des chances dans tous les domaines conjointement avec les hommes.

    Les femmes sahraouies sont appelées de bien saisir ces opportunités et de jouir pleinement de leurs droits d’élire et d’êtres élues dans les instances nationales, afin d’agrandir encore plus la participation féminine dans les institutions politiques, législatives et exécutives de l’Etat. Sa présence dans la gestion publique à l’intérieur comme à l’extérieur ne saurait être que méritée. Sa participation dans la construction de la société sahraouie moderne demeure indispensable.

    Dans l’étape actuelle de ce combat pour l’existence que mène notre peuple, nous somme appelés à redoubler d’effort sur tous les fronts et les femmes ont un rôle fondamental à jouer et une place importante à conserver.

    L’un des problème qu’affronte actuellement notre société est sans doute la faiblesse inquiétante de la natalité qui nécessite la coopération entre les hommes et les femmes qui partage une commune responsabilité afin de mettre en place une politique nataliste efficace sans laquelle il serait impossible de préserver les acquis de l’Etat sahraoui, les acquis du peuple sahraoui, les acquis des femmes sahraouies.

    Comme pour les femmes, les choix fondamentaux du Front POLISARIO se portent sur la jeunesse qui demeure au centre des politiques actuelles et futures de l’Etat sahraoui afin qu’elle puisse s’acquitter de sa mission de porte étendard de la révolution et d’être capable d’assumer son rôle et les immense responsabilités qui lui reviennent. La jeunesse demeure la soupape de sécurité, le garant de notre existence et de nos espoirs.

    Mesdames, Messieurs,

    Il n’ y pas de doute que l’instauration de la paix et de la stabilité, du développement et de la prospérité au nord ouest de l’Afrique passe inéluctablement par une solution démocratique et transparente permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance à travers un référendum libre juste et régulier qui mettra fin au colonialisme dans la dernière colonie du continent africain et consacrera la légalité internationale.

    Nous espérons sincèrement que la France, qui est membre permanent du Conseil de sécurité ne va continuer à empêcher la conclusion d’une paix véritable et permanente dans la région. Rien en justifie la sélectivité et les doubles standards quand il s’agit des droit de l’homme et des peuples qui donnent lieu à des interventions fermes et rapides dans certains cas et l’indifférence voire la complicité avec les coupables dans d’autres.

    Mesdames, Messieurs,

    Après 37 ans de lutte continue pour la libération sous la bannière du Front POLISARIO, consacrant plus que jamais la réalité sahraouie, il devient évident qu’aucune solution du conflit sahraoui ne pourrait se faire au détriment de la volonté libre et souveraine du propriétaire exclusif du territoire qui est le peuple sahraoui.

    Le peuple sahraoui est un peuple digne, fier et orgueilleux. Il a résisté et résiste encore devant les complots coloniaux qui le visent dans son unité et dans son existence.

    Au fil du temps, le peuple sahraoui a prouvé que sa destruction est impossible et que son unité est, aujourd’hui, plus solide que jamais. Son attachement à ses aspirations patriotiques, justes et légitimes sous la direction du Front POLISARIO, reste indéfectible.

    Le peuple sahraoui n’a pas d’autres choix que de continuer son combat héroïque et renforcer sa résistance courageuse que se manifeste actuellement à travers l’Intifada de l’indépendance à laquelle prend part tous les sahraouis, où qu’ils se trouvent, en premier lieux nos compatriotes des territoires occupés, au sud du Maroc et à l’intérieur du Maroc. Tout sahraoui est citoyen de la République arabe sahraouie démocratique, l’Etat de tous les sahraouis qui ne cessent de faire des sacrifices pour parvenir à la victoire.

    Cette victoire inéluctable, parachèvera la souveraineté de l’Etat sahraoui sur tout son territoire national et contribuera à l’édification d’une société moderne partageant avec les autres peuples la fraternité, l’amitié, le bon voisinage, le respect mutuel et les intérêts partagés.

    Hommage aux combattants de l’Armée de libération populaire sahraouie, source de nos gloires et protecteurs de la patrie et de la dignité du peuple.

    Hommage à nos populations qui continuent d’exprimer leur révolte dans l’Intifada de l’indépendance et dont certains représentants se trouvent aujourd’hui présents parmi nous à ce Congrès. La délégation de ces militants et militantes nous honorent par leur participation qui exprime leur défi et leur attachement à la résistance pacifique.

    Hommage aux prisonniers politiques dont le nombre dépasse 80 et qui se trouvent encore dans les prisons d’EL Aaiun, de Sale, de Tiznit, de Aït Melloul, de Kenitra, de Taroudant, de Bensliman et de Marakach.

    Je saisis cette opportunité pour demander de nouveau l’ONU d’assumer entièrement ses responsabilités dans le parachèvement du processus de décolonisation au Sahara Occidental et qu’elle dote la MINURSO d’un mécanisme de protection des droits de l’homme. Je demande aussi à l’ONU d’exercer des pressions sur le Maroc afin de l’amener à libérer Yahia Mohamed el Hafed et tous les prisonniers politiques sahraouis, qui ont été arrêtés avant et après l’agression militaire contre le camp de Gdeim Izik et pour qu’il révèle la vérité sur le sort de plus de 651 disparus sahraouis. Le Maroc doit cesser sa politique de colonisation et de pillage effréné des ressources naturelles sahraouies.

    Je saisis aussi cette opportunité, qui coïncide avec la manifestation internationale “la chaîne du millier”, pour demander la suppression du mur militaire marocain qui constitue un crime contre l’humanité et une menace contre la vie, l’environnement et la stabilité de la région. Ce mur est doté d’une gigantesque quantité d’armes et est truffé de millions de mines y compris des mines antipersonnel.

    Nous saluons et remercions les représentants du mouvement de solidarité internationale qui sont venus exprimer leur soutien et solidarité aux femmes sahraouies et à travers elles leur soutien au peuple sahraoui.

    Mesdames, Messieurs,

    Nous sommes certains que ce Congrès de Gdeim Izik, de l’Intifada de l’indépendance, atteindra pleinement les objectifs qu’il s’était fixés et qui sont reflétés dans son slogan “progrès des femmes sahraouies pour la liberté et la préservation des acquis”. Ce slogan représente aussi l’objectif de tous les sahraouis. La liberté des femmes sahraouies et leurs acquis sont aussi ceux du peuple sahraoui.

    Je souhaite succès et réussite aux travaux de votre congrès et j’espère à nos invités un séjour agréable parmi nous.

    Non à la soumission. Non à la soumission. En avant la résistance

    Pas d’alternative au droit à l’autodétermination

    Lutte globale pour imposer la souveraineté et l’indépendance totale

    Merci

  • Sahara occidental: chaîne humaine pour dénoncer le "mur de la honte" marocain

    MAHBES (territoires libérés) – Des centaines de Sahraouis et sympathisants de la cause sahraouie venus de plusieurs pays se sont rassemblés jeudi pour former une chaîne humaine près de la localité de Mahbès, dans les territoires libérés du Sahara occidental, en face du « mur de la honte » construit par le Maroc, pour dénoncer cet ouvrage symbolisant l’occupation marocaine. 
     
    Ces sympathisants de différentes nationalités (Italiens, Espagnols, Britanniques, Allemands, Argentins, Norvégiens, Cubains, Sud-Africains, Vénézuéliens, etc.) ont pris part à la manifestation pour dénoncer ce mur de sable d’une longueur de plus 2.000 km érigé par l’armée marocaine dans les années 80 et divisant le Sahara occidental en deux parties.
  • Libye : Kadhafi lance les islamistes marocains contre le royaume.

    Par : Philippe Tourel
     
    Le Maroc, traditionnellement assez réservé, voire en retrait, vis-à-vis des conflits qui secouent le monde arabe, risque d’être secoué par le conflit libyen. Le Royaume chérifien a en effet joué, côte à côte avec le Liban, le Qatar, les Emirats arabes unis et la Jordanie, un rôle de premier plan dans la croisade franco-britannique contre le régime du colonel Kadhafi. Il fut parmi les pays arabes qui avaient assisté au sommet de Paris (29 mars) puis à la réunion du Groupe de contact sur la Libye à Londres. Alors que les trois autres pays membres de l’Union du Maghreb arabe (Mauritanie, Tunisie et Algérie) ainsi que l’Egypte, sans parler des pays africains limitrophes de la Libye, avaient dès le départ pris leurs distances vis-à-vis des frappes aériennes et préconisé une « solution politique », le Maroc s’était aligné sur la position occidentale qui appelait au départ du leader libyen. Quant à la Ligue arabe, qui avait appelé à la majorité de ses membres (avec l’opposition notable de la Syrie et de l’Algérie), le Conseil de sécurité à imposer une zone d’exclusion aérienne pour « protéger les civils libyens » contre les attaques de l’aviation de Kadhafi, elle a modéré son soutien dès le début des bombardements occidentaux. Amr Moussa, son secrétaire général et candidat à la présidence de la république égyptienne, s’est vite rétracté, condamnant même ces bombardements contraires à la résolution 1973. Son absence a été remarquée, comme celle du président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, lors de la réunion de Londres.

    La diplomatie marocaine a mis quelques semaines avant de se rétracter timidement, et d’accepter de recevoir à Rabat une délégation officielle libyenne.
    Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Taib Fassi Fihri a en effet reçu le vice-ministre libyen des Affaires étrangères chargé des Affaires arabes, Omran Boukraa (comme il a reçu une délégation du CNT). Au cours de leur entretien, il a réitéré l’attachement du Maroc au respect total de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de la Libye précisant que « la solution ne saurait être militaire et devrait être nécessairement politique, ouverte sur l’avenir et permettant au peuple libyen de décider, par lui-même et de manière démocratique, de son avenir. »
    Comme pour se justifier, il avait expliqué à son hôte libyen que c’était « dans cet esprit que le royaume du Maroc a participé aux réunions internationales, tenues à Paris, à Londres et plus récemment à Doha consacrées à la crise libyenne
    Mais le mal était déjà fait. Le régime de Kadhafi avait très mal pris ce qu’il appelle « la trahison » du Maroc. Il n’a pas tardé à actionner ses « réseaux » au Maroc, dans le Sahel et à l’étranger non seulement pour dénoncer cette « trahison » marocaine, mais surtout critiquer ouvertement le Makhzen. C’est sans doute à l’instigation des services libyens qu’à peine l’émissaire de Tripoli avait quitté le royaume, une vidéo très anti-marocaine a été diffusée sur YouTube par Abdelkrim Motiî, le leader de la « Haraka Al Islamiya Al Maghribia » (Mouvement islamique marocain, anciennement connu sous le nom de Chabiba islamiya). Cet intégriste, qui voue une grande haine à la gauche marocaine, condamné à perpétuité pour son implication dans l’assassinat du leader socialiste Omar Benjelloun en 1975, s’était réfugié en Arabie Saoudite avant d’être accueilli par la Libye. Pour de nombreux observateurs marocains, Motiî était à l’époque téléguidé par les services de Hassan II pour affaiblir la gauche. Mais depuis son exil, il voue la même haine aux mouvements islamistes marocains, dont Al Adl Wal Ihsane. Il va jusqu’à traiter Cheikh Yassine… d’apostat ! Et dans un communiqué particulièrement virulent, daté du 18 décembre 2006, le guide d’Al Adl Wal Ihsane est même accusé « d’accointances avec certains sécuritaires marocains avec lesquels il entretient un contact permanent ».
    Depuis l’implication du Maroc dans le conflit libyen, ce père spirituel du salafisme marocain refait surface. Il s’attaque désormais avec virulence au roi et à son entourage, qui menaceraient le pays d’un « scénario à l’algérienne, en raison de la politique sécuritaire imposée par les Américains ». Extrait de son dernier communiqué en date : « La flambée de violence qui pourrait embraser le pays n’est que le résultat prévisible et logique d’une répression aveugle et d’un mépris clairement affiché envers le petit peuple par une élite dépravée, qui s’achète des strapontins au Parlement ».
    La crispation entre Rabat et Tripoli est compréhensible. Le Maroc, en s’engageant un peu hâtivement dans l’entreprise occidentale de renversement de Kadhafi, compte prendre sa revanche sur un régime qui a souvent aidé les Sahraouis dans leur exigence d’un référendum d’autodétermination. Mais ce soutien, il faut le reconnaître, n’est jamais allé jusqu’à reconnaître le RASD. En 2010, recevant une délégation de l’alliance présidentielle algérienne (FLN, RND et MSP), il avait déclaré ne pas croire que le projet d’autonomie soit la bonne solution et qu’il préférait l’option d’un référendum  d’autodétermination sous l’égide de l’ONU. Une position partagée par Alger et qui a fortement irrité Rabat. Les dirigeants du Conseil national de transition de Benghazi, en véhiculant des informations jusqu’ici infondées sur une implication de combattants sahraouis et sur une aide logistique algérienne dans le conflit cherchaient en fait à remercier le Maroc pour son embrigadement dans la croisade franco-britannique contre Kadhafi.
    Il ne fait d’ailleurs pas de doute que les services marocains n’ont de cesse d’alimenter les rumeurs sur une telle connexion, d’abord avec la nébuleuse terroriste et mafieuse dans le Sahel, ensuite dans le conflit inter-libyen.  Le but recherché est de discréditer le combat des Sahraouis pour l’autodétermination tout comme discréditer l’Alger qui les soutient.
    Lors d’une conférence de presse donnée à Washington, au tout début du soulèvement libyen, par l’ancien ministre libyen de l’Immigration, Ali Errishi, qui a rompu avec le régime, en réponse à une question du correspondant de l’agence de presse marocaine (MAP) sur une prétendue « présence de combattants du Front Polisario en Libye », il a répondu par l’affirmative. Ce quia suscité une réaction rapide et vigoureuse dureprésentant du Front Polisario à Washington, M. Mouloud Saïd. « Le gouvernement sahraoui et le Front Polisario ne se sont jamais ingérés et ne s’ingéreront jamais dans les affaires intérieures de quelque nation que ce soit et une telle ingérence ne servirait ni les intérêts nationaux du peuple sahraoui, ni la noble cause qu’il défend », a souligné le responsable sahraoui  dans un communiqué. Avant d’ajouter : « Depuis le début du soulèvement en Libye, la presse marocaine a propagé cette désinformation de la même manière qu’elle s’était évertuée, en vain, à établir un lien entre le peuple sahraoui et des activités terroristes, depuis prouvé comme n’étant qu’un ramassis de mensonges marocains », a-t-il poursuivi.
    « Nous mettons au défi qui que ce soit d’apporter les preuves d’une présence de combattants sahraouis dans ce triste conflit », a ajouté le représentant sahraoui. « Une fois de plus, nous réitérons qu’il n’est pas dans l’intérêt du combat juste mené par le peuple du Sahara occidental de s’impliquer dans la tragique situation qui prévaut en Libye, ce pays frère auquel nous souhaitons de trouver une solution rapide, de manière que le peuple libyen puisse recouvrer la paix et la stabilité qu’il mérite et dont il a grandement besoin ».
    Les accusations contre le supposé soutien logistique algérien au régime de Kadhafi, maintes fois démenties par Alger, véhiculées par certains membres du CNT sans aucune preuve, mais abondamment reprises par la presse marocaine, interviennent au moment où un certain dégel est perceptible entre le Maroc et l’Algérie. Il n’est pas évident que de tels procédés servent la cause d’un tel dégel plus que jamais vital pour les deux pays.
    Source : Afrique-Asie, 22/04/2011