Nabil B.
Le Maghreb, 21/04/2011
Selon l’agence Maghreb arabe presse (MAP), M. Benaïssa a indiqué que sa visite dans le royaume vise à promouvoir la coopération bilatérale dans le domaine agricole «pour assurer la sécurité alimentaire dans les deux pays à travers un partenariat basé sur l’échange d’expériences». Les deux pays viennent de signer un accord de coopération agricole dans les domaines de la vulgarisation scientifique, du développement de la production, de la lutte contre la désertification et d’échanges commerciaux.
Avant Rachid Benaïssa, Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, et El Hachemi Djiar, ministre de la Jeunesse et des Sports, se sont rendus au Maroc en visite officielle. L’homologue marocain d’El Hachemi Djiar, Moncef Belkhayata, a fait un déplacement à Alger début mars 2011. Il avait été précédé par Amina Benkhadra, ministre marocaine de l’Energie et de l’Eau, reçue fin février dernier. Ses discussions ont, entre autres, porté sur le renforcement des relations de coopération entre l’Algérie et le Maroc dans les domaines de l’énergie, des mines, de l’électricité et des énergies renouvelables. Alger et Rabat ont signé un mémorandum de coopération dans le secteur des ressources en eau et convenu de créer, à terme, un marché maghrébin de l’électricité avec la perspective de sa connexion à l’Europe.
Youcef Yousfi, ministre algérien de l’Energie et des Mines, a laissé entendre que l’Algérie pourrait approvisionner le Maroc en gaz naturel à partir des champs de Hassi R’mel. Il a évoqué l’élaboration future d’études techniques pour concrétiser le projet.
En visite à Tlemcen, le 16 avril, le président Abdelaziz Bouteflika a déclaré : «Il n’y a pas de problème entre le Maroc et l’Algérie.» «Le problème du Sahara occidental est un problème onusien. Le Maroc est un pays voisin et frère», a-t-il déclaré. Bouteflika a, de la sorte, rompu un long silence sur les relations avec le Maroc. Le message a été vite reçu à Rabat. «Nous considérons que ce sont de bons propos», a déclaré Khaled Naciri, porte-parole du gouvernement marocain. «Cela mérite d’être traduit sur le terrain», a-t-il ajouté, suggérant que l’ouverture des frontières serait un pas concret.
A Washington, où l’on considère que les réformes politiques engagées au Maroc sont plus rapides et plus concrètes que celles évoquées à Alger, on estime désormais que l’idée d’un Maghreb figé n’est plus recevable pour des raisons géostratégiques sous-entendant des impératifs sécuritaires. Et on relève que les lignes s’activent plus vite que les doctrines diplomatiques. A charge aux Etats de la région de comprendre la portée d’un tel repositionnement qui sera suivi par un plan d’action.
Les décideurs du Conseil de sécurité se sont une nouvelle fois montrés insensibles à leurs cris de détresse face à la machine répressive de Sa Majesté le roi Mohammed VI. Pour une année encore, il n’y aura point de mécanisme de surveillance des droits de l’homme dans les territoires occupés, pas plus qu’un élargissement du mandat de la Minurso à la protection du peuple sahraouis. Le Conseil de sécurité, notamment ses cinq membres permanents, en a décidé ainsi. Il a, en effet, adopté hier une résolution qui s’est contentée de proroger pour un an le mandat de la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso) jusqu’au 30 avril 2012. Comme chaque année, ce Conseil a appelé cyniquement le Maroc et le Polisario à «intensifier leurs négociations».
Comme si le problème résidait à ce niveau, alors que les deux camps campent sur leurs positions quasiment irréconciliables. Une façon bien légère, voire irresponsable, d’entretenir le statu quo qui profite au Maroc. Quant aux Sahraouis, encerclés et massacrés dans leur territoire tout comme ceux qui croupissent, sans procès, dans les geôles marocaines, ils doivent encore attendre que soit appliquée, un jour peut-être, cette arlésienne «légalité internationale». La France et les Etats-Unis, qui n’ont pas hésité à bombarder la Libye sous l’étendard des droits de l’homme pour «protéger les civils», et qui s’apprêtent à avertir demain le régime de Bachar Al Assad au sein du Conseil des droits de l’homme du même «machin» de l’ONU, ferment les yeux sur le martyre du peuple sahraoui. Mais est-ce vraiment une surprise que ce Conseil injuste «ponde» une résolution aussi inique quand on connaît le rôle de Paris qui couvre de son parapluie diplomatique toute tentative de sanctionner le régime de son ami le roi ? Evidemment non. Alors, Gdeim Izik ou pas, Rabat est assuré que ses sous-traitants (la France et les Etats-Unis) à New York font le boulot pour lequel ils sont grassement payés. C’est-à-dire bloquer toute résolution à même de freiner la politique répressive du «commandeur des croyants».
Et pour se faire, la France a poussé le ridicule cette fois jusqu’à présenter le Maroc comme étant un pays «modèle» en termes de respect des droits de l’homme et de réformes politiques. Il faut reconnaître que sur ce coup-là, la France s’est couverte de ridicule même si elle le fait pour ses intérêts (très) bien compris au Maroc où ses responsables ont tout acheté…
Son ambassadeur à l’ONU, Gérard Araud, justifie le silence de la résolution sur les atteintes aux droits de l’homme par «un nouveau contexte politique» au Maroc, dont lui seul semble capter la révolution démocratique. Il fait référence aux mesures prises par le roi «dans le domaine des droits de l’homme non seulement par la création d’institutions marocaines mais aussi en ouvrant le Maroc à tous les rapporteurs des droits de l’homme, et le Conseil en a tenu compte».
On aura compris, pour le diplomate Français le Maroc va désormais pouvoir régler ces « histoires» d’atteinte aux droits de l’homme par ces nouvelles institutions dès lors qu’il s’agit d’une affaire «interne» au royaume. Mais c’est justement à ce niveau que le problème se pose. Il est vrai cependant que cette «explication» est cohérente avec la position de la France qui défend bec et ongles le plan d’autonome marocain et combat autant le référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui. Seul «consolation» dans la résolution, le Conseil de sécurité admet que le conflit sahraoui est dans «l’impasse». Et pour cause !
Hassan Moali
L’état de réalisation d’une idée qui a l’âge de nos indépendances est trop négligeable. En réalité, il n’y a que quelques structures bureaucratiques vides qui indiquent le niveau où sont parvenus les Etats. Et il reste l’idée du Maghreb, étonnamment vivace en dépit des années de bouderies d’Etat et d’interdiction de relations directes entre les sociétés.
Si le Congrès de Tanger continue de faire «sens», cela tient à cette extraordinaire permanence de l’idée maghrébine qui reste jeune, même si ceux qui nous gouvernent l’ont gâchée. Comme on avait gâché l’opportunité du 50e anniversaire du congrès pour tenter de négocier un nouveau départ.
Il y a dans l’absence de manifestations de commémoration pour ce 53e anniversaire un silence de sagesse. Et peut-être une espérance que cette jeunesse – le gros de la société dans tous nos pays – qui cherche à exister en se battant de manière multiforme, trouvera le moyen de faire céder les faux murs érigés par des systèmes faussement dissemblables. En bousculant les ordres établis, ces jeunesses, du moins l’espère-t-on, pourront ouvrir un raccourci dans une histoire qui a été anormalement allongée et entravée.
En attendant, il faut prendre note des « signes » d’une tentative de dégeler les choses et de remettre en marche la relation entre l’Algérie et le Maroc, deux pays dont les inimitiés d’Etat, aussi tenaces que celles des vieux couples, ont très largement contribué au blocage du processus maghrébin. L’ébauche d’une reprise d’une coopération sectorielle dans des domaines importants – énergie, agriculture – n’est pas à minimiser. C’est toujours mieux que rien.
Mais il ne faut pas se leurrer. Ces relations restent marquées par le fait qu’il n’existe pas, sur la question du Sahara Occidental, de possibilité de compromis entre les positions. Cela fait des décennies que ce constat a été fait. Il restait toujours la voie réaliste qui consiste à convenir que, du moment que ce dossier est pris en charge par l’Onu, il peut être soustrait de la relation bilatérale et cesser de l’envenimer et de la rendre impossible.
Cette approche réaliste reste, encore aujourd’hui, le seul moyen d’avancer sans attendre une hypothétique solution de la question du Sahara Occidental. La piste a été proposée, elle a été rejetée et personne n’y a gagné. Elle semble aujourd’hui – la prudence est de mise – être empruntée par Alger et Rabat pour essayer de faire avancer les choses là où cela est possible. Ce n’est pas enthousiasmant, mais il n’existe pas, à l’heure actuelle, de meilleure piste.
Par K. Selim
Les bases d’un éventuel rapprochement entre Alger et Rabat semblent être lancées et pourraient aller jusqu’a la réouverture des frontières terrestres fermées depuis 1994. L’on sait que Rabat et Alger sont en désaccord depuis de longues années à cause, notamment du conflit sahraoui qui bloque le processus de l’Union pour le Maghreb arabe depuis plus de vingt ans.
Toutefois, le Maroc veut à tout prix ouvrir les frontières entre les deux pays afin de profiter des données économiques qui sont en sa faveur, mais l’Algérie n’a toujours pas répondu «positivement» à cette demande.
Cependant, les données diplomatiques, politiques et économiques ont changé pour les deux Etats qui entament une nouvelle phase «d’un rapprochement prudent», sachant qu’une coopération économique et commerciale entre l’Algérie et le Maroc a toujours existé car le volume des échanges commerciaux était de 720 millions de dollars en 2009 et 570 millions de dollars en 2008.
Dans ce cadre, Alger a montré sa volonté d’un «rapprochement» à travers une déclaration du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, faite lors de sa visite à Tlemcen le 17 avril dernier, affirmant qu’il n’existait pas de problème entre l’Algérie et le Maroc et appelant à renforcer la coopération avec ce pays.
A ce titre, il dira que «le problème du Sahara occidental est un problème onusien. Le Maroc est un pays voisin et frère. Il faut coopérer et nous devons coopérer (avec lui)». Cette déclaration a été suivie par des déclarations officielles des ministres des Affaires étrangères, Mourad Medelci, de l’Agriculture, Rachid Benaïssa et de Abdelaziz Belkhadem, ministre d’Etat, représentant personnel du président de la République dans un entretien à TSA. Le chef de la diplomatie algérienne avait déclaré que «la frontière entre le Maroc et l’Algérie ne sera pas éternellement fermée». En visite à Rabat, Rachid Benaïssa a déclaré lundi dernier que la frontière algéro-marocaine sera rouverte «tôt ou tard». Dans une déclaration rapportée par l’AFP, M. Benaïssa dira : «Comme l’a dit il y a deux jours notre ministre des Affaires étrangères, cela arrivera tôt ou tard». «Nous sommes des voisins et des frères et nous œuvrons (…) pour le renforcement des relations bilatérales», a-t-il ajouté.
Interrogé sur toutes ces déclarations, M. Belkhadem dira : «L’Algérie a formé des commissions pour étudier la possibilité de rouvrir cette frontière et travaille sur ce dossier depuis 2002, date de la visite au Maroc de l’ex-ministre d’État Yazid Zerhouni. La frontière sera rouverte après la résolution des problèmes liés aux différents trafics.
Cette réouverture ne doit pas constituer un danger pour l’économie nationale ni pour l’économie marocaine. Elle ne doit pas constituer un problème quelconque pour les deux pays».
Toutefois, la déclaration de Bouteflika suivie d’autres officiels algériens qui laissent croire qu’il y a du «nouveau» dans les relations algéro-marocaines intervient dans un contexte régional difficile avec la protestation qui envahit le monde arabe et les pays du Maghreb, dont la Libye, sachant que la situation dans ce pays a des effets sur la sécurité des frontières de l’Est algérien en plus de la guerre diplomatique déclenchée suite aux accusations voulant impliquer l’Algérie dans ce conflit.
Par Nacera Chenafi
«Ce que l’on ne voit pas, par contre, c’est la prison souterraine dont les cellules servent de salles de torture, comme ont pu témoigner plusieurs hôtes, marocains et étrangers, qui y ont été « invités »», ajoute Demain.
«Des fonctionnaires conduisent la personne interpellée à bord d’une voiture banalisée (comme dans les années 70). Parfois même, les agents DST les brutalisent avant de leur bander les yeux et de les emmener vers un lieu inconnu (…). Outre les sévices que subissent les détenus, il y a surtout les menaces de viol auprès de leurs épouses et autres abus sexuels dont ils sont victimes sur place», avait rapporté l’ONG, qui exhortait le Maroc à «reconnaître les agissements de la DST et à enquêter sur les agissement des agents concernés».
«J’ai vécu une expérience que je n’aurais jamais pu imaginer dans mes pires cauchemars (…). Il est toujours difficile pour moi d’imaginer que j’ai été enlevé, transporté d’un pays à un autre, et torturé de façon médiévale, tout cela étant orchestré par les Etats-Unis, avait-il déclaré à son retour au Royaume-Uni. Pour moi, le pire moment a été celui où j’ai compris au Maroc que les gens qui me torturaient recevaient des questions et des documents des renseignements britanniques.» Binyam affirme que ses tortionnaires lui ont tailladé le sexe à l’aide d’un couteau affuté.
L’émissaire du président malien a été reçu en début d’après-midi par le président Bouteflika. L’audience s’est déroulée à Djenane El-Mufti en présence du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et du ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel.