D.B.
Horizons, 06/04/2011
D.B.
Horizons, 06/04/2011
AI estime que « l’inclusion de ce mécanisme représenterait une étape importante dans la lutte contre les violations des droits humains dans les territoires occupés du Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis ».
La MINURSO a été mise en place depuis1991 pour surveiller le cessez de feu et organiser un référendum libre et équitable au Sahara occidental, mais contrairement à presque toutes les missions des Nations Unies déployés dans le monde, cette mission n’est pas dotée d’un mécanisme pour surveiller les droits de l’homme, rappelle-t-on
.
L’année dernière des membres du conseil du sécurité (CS) ont proposé l’inclusion d’un mécanisme de droit du l’homme au mandat de la Minurso, mais la France en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité s’est opposée à cette proposition.
Les protestations en Afrique du Nord et au Moyen-Orient « reflètent l’importance de la promotion des droits de l’homme et la mise à terme de l’impunité », a souligné AI, ajoutant qu’ »un mécanisme de surveillance indépendant des droits de l’homme serait très bénéfique pour les habitants de la région et pour toutes les parties impliquées dans le conflit », conclut l’organisation internationale des droits de l’Homme.
Il y a quelques jours, Hillary Clinton reconnaissait comme “sérieuse et crédible” la proposition d’autonomie présentée par le Maroc pour gérer l’avenir du Sahara Occidental. Cependant, le Parlement Européen a en son pouvoir un rapport rédigé le 20 juillet 2004 – avec nombreux autres documents –, qui pourrait faire chanceler les accords commerciaux que le Maroc prévoyait signer dans les prochaines semaines. Dans ce même rapport, on reconnaît que le traité de libre commerce qui venait d’être signé à cet époque par les U.S.A et le Maroc excluait le Sahara Occidental, qui avait un autre statut, mais jamais sur le territoire marocain.
C’est-à-dire que l’administration marocaine n’aurait rien à voir dans les importations et exportions qui se produiraient depuis le Sahara Occidental. Or cela n’a pas été tenu. Le document vient de sortir à la lumière, huit ans après, et il clarifie la position des U.S.A par rapport au Sahara Occidental dans le cadre commercial, actuellement sujet de discussion au Parlement Européen. D’ailleurs, le rapport mentionné (joint ici-bas en version espagnole) est signé par Robert Zoellick, actuel président de la Banque Mondiale, lequel remplissait, en 2004, les fonctions de Secrétaire d’État de Commerce.
Le document a toute l’officialité de la Maison Blanche et, désormais entre les mains du Parlement Européen, il conditionnera les accords commerciaux que l’Union Européenne et le Maroc doivent signer. En plus, d’après ce que nous avons pu constater ces dernières heures, il est possible que ce soit une base politique ferme, pour des questions de fonds liées à la diplomatie et qui ne serviraient de fondement à la décision. Le document a parcouru certains bureaux des Nations Unies et, bien que surpris, il appuie les thèses employées vers la fin des années 90 et qui avait tenté de faire tomber le Maroc avec le soutien de la France : le Sahara Occidental est un territoire en dispute dont les ressources naturelles ne doivent pas faire l’objet de commerce international comme faisant parte du Maroc.
Au sein du Parlement Européen, les pays ne sont pas d’accord sur l’appartenance du Sahara au Maroc et cela a entraîné le retard de la signature des traités commerciaux. Désormais, avec le rapport révélé, les autorités européennes ont une question difficile à résoudre, étant donné que le renouvellement de l’accord signifie le renouvellement d’un traitement injuste depuis les points de vue judiciaire et commercial. Le Parlement Européen et la Commission (de l’UE) sont divisés, suite à l’étude de l’information requise. Le poids de l’Espagne et, surtout, de la France s’est dilué lors de ces dernières semaines selon les dernières informations. La relation entre l’UE et le Maroc semble passer aux mains de la position européenne centrale, plus prompte à différencier le Sahara Occidental du Maroc.
D’après des sources du Front Polisario, le cours des faits pourrait avoir un nouveau et inespéré détour. “Si le Secrétariat d’État de Commerce et l’actuel président de la Banque Mondiale reconnaissent que le Sahara Occidental n’est pas le Maroc, tout a changé.” Bien que prudemment, on reconnaît que “c’est une petite victoire ; maintenant, il manque que l’UE se prononce”.
Le détour apparaît au moment parfait pour les Sahraouis. Dans quinze jours à peine, les négociations seront reprises entre le Front Polisario et le Maroc, et l’Europe s’est donnée un délai jusqu’en juillet pour résoudre ses accords commerciaux avec le pays Alaoui, qui voit comment son château de cartes construit durant tant d’années commence à trembler. Vers la fin de ce mois, le Conseil de Sécurité votera si la MINURSO doit veiller sur les droits humains dans le Sahara Occidental ou bien continuer à détourner le regard. Le Brésil et l’Inde, appuyés par le Royaume-Uni et la Russie, poussent fort pour qu’il en soit ainsi. Si on l’exigeait, cela diminuerait l’autorité policière du Maroc dans le Sahara Occidental et, uni à l’information signée par Robert Zoellick, diminuerait la domination marocaine sur le territoire sahraoui.
En effet, le ministère des Affaires étrangères a qualifié hier, à Alger, d’ »allégations calomnieuses » les opérations de désinformation visant à impliquer les autorités algériennes dans ce qui est présenté comme des activités de mercenariat menées par de présumés nationaux algériens. À ce sujet, le directeur général de la communication au ministère a déclaré qu’il lui a été donné, en tant que porte-parole du MAE, de « démentir catégoriquement, et à plusieurs reprises, ces allégations calomnieuses qui s’apparentent à des opérations de désinformation visant à impliquer les autorités algériennes dans ce qui est présenté comme des activités de mercenariat menées par de présumés nationaux algériens ». Le porte-parole du MAE a souligné que « les motivations de ceux qui commanditent et véhiculent ces allégations infondées pour nuire à la réputation de l’Algérie, sont visiblement dictées par leur volonté de pousser notre pays à choisir de soutenir un camp contre l’autre dans la crise fratricide qui déchire la Libye sœur ».
Image : La page de bloquage de Qatar Qtel quand quelqu’un demande à accéder à un site non autorisé.
Au Yémen, jusqu’à récemment, c’était le logiciel Websense qui était préféré, mais le gouvernement a récemment opté pour un logiciel canadien, Netsweeper, qui est aussi utilisé au Qatar et dans les Émirats Arabes Unis. Ces outils – Websense, SmartFilter et Netsweeper – tout comme Cisco, qui a les préférences de la Chine – permettent aux censeurs de faire facilement leur travail. Au lieu de bloquer des adresses URL une par une, ils peuvent identifier des catégories (comme pornographie, drogue, tenues provocantes…) et bloquer des milliers de sites d’un seul coup. Rien de surprenant, le système de catégorisation est imparfait, des sites tout à fait inoffensifs se trouvant pris dans la masse. « Mon propre site, explique Jullian York, ainsi que celui de OpenNet Initiative, ont tous les deux étés bloqués par le gouvernement yéménite, qui à l’époque utilisait Websense, soi-disant parce qu’ils accueillaient des contenus pornographiques. Ce n’était le cas pour aucun des deux, et quand on a sommé Websense d’expliquer ce qui se passait, ils ont raconté que des sites avec un nombre significatif de spams contenant des liens vers des sites pornographiques pouvaient se retrouver dans la catégorie pornographie. »
Image : La page de bloquage des Emirats Arabes Unis quand quelqu’un demande à accéder à un site non autorisé.
Ce qui est très problématique, continue Jillian York, car cela suppose qu’en faisant sur un blog quelques commentaires pointant vers des contenus interdits, on peut facilement faire en sorte que le système le bloque, avec tous les effets imaginables sur la liberté d’expression. Les technologies de filtrage du web utilisées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord sont les mêmes que celles que l’on trouve dans les écoles, les bibliothèques ou les bureaux, d’Europe ou d’Amérique, où le blocage des contenus pornographiques est la norme. Si cette norme est justifiable, il y a là un potentiel pour un blocage plus massif.
Le fait que Websense et Smartfilter soient des logiciels américains pose problème : le programme pour la liberté de l’internet du Département d’Etat américain subventionne, entre autres initiatives, des technologies servant à contourner des logiciels analogues à ceux qui sont exportés par ces mêmes entreprises. Et la Secrétaire d’Etat Américaine Hillary Clinton a fait mention des entreprises américaines spécialisées dans le filtrage lors de son premier discours sur la liberté d’internet en janvier 2010. Elle a déclaré à cette occasion que ces entreprises devaient « prendre une position de principe ». Mais aucune action publique n’a suivi pour freiner l’exportation de logiciels de filtrage. A part Websense – qui stipule que l’usage de son logiciel est interdit aux Etats, à l’exception du filtrage de la pornographie illégale -, aucune de ces entreprises n’a pris de mesures pour interdire l’usage de leurs logiciels aux gouvernements étrangers. Jillian York conclut : « Si le but du programme pour la liberté de l’internet est, comme l’a exprimé Hillary Clinton, d’exporter la liberté du Net, peut-être faut-il commencer par ne plus exporter la censure de l’Internet. » Xavier de la Porte