Mois : avril 2011

  • Algérie-Maroc : «Les Algériens pour des mesures de confiance globales et durables»

    Réalisé par Brahim Taouchichet
     
    Certaines informations poussent à penser à un processus de normalisation des relations entre l’Algérie et le Maroc vu les visites des officiels des ces deux pays maghrébins. Et déjà l’on fait cas de la réouverture imminente des frontières longtemps réclamée par nos voisins de l’Ouest. Ils auraient beaucoup à gagner et pas seulement le million de touristes algériens indécis face à la destination traditionnelle — la Tunisie — et autres bonnes affaires à engranger. Nous avons pris attache avec M. Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Communication et surtout diplomate reconnu pour son sens aiguisé et mesuré de la perception des enjeux de grands dossiers politiques, a fortiori ceux qui engagent notre pays, qui nous livre son analyse de l’actualité algéro-marocaine.
    Le Soir d’Algérie : Des informations font état de la relance d’un processus de normalisation des relations entre l’Algérie et le Maroc. Une bonne nouvelle ?
    Abdelaziz Rahabi :
    Il est difficile de parler de processus dans ces relations car elles sont au niveau où elles étaient au moment de la décision unilatérale des Marocains d’imposer le visa d’entrée au Maroc en 1994. Sa suppression dix ans plus tard est pour le Maroc un argument suffisant pour considérer que c’est le début de la normalisation. J’ai le sentiment que les Algériens sont plutôt en faveur d’une approche globale qui vise à mettre en place des mesures de confiance en mesure de donner aux relations un caractère de solidité et de durabilité. Cette approche a au moins le privilège de mettre les relations à l’abri de la répétition des attitudes de la forme de celles qui ont suivi l’attentat de Marrakech en 1994 et qui ont en fait porter, à tort, la responsabilité à l’Algérie. Cette accusation avait accentué notre isolement diplomatique.
    L’Algérie, qui pendant des années s’était refusée à une telle perspective, donne les preuves de sa disponibilité si l’on en juge par les visites d’officiels algériens dont la dernière en date est celle du ministre de l’Agriculture, bien que les sujets de discorde sont encore là. Cela laisse songeur…

    Je ne connais pas l’agenda diplomatique entre l’Algérie et le Maroc mais nous sommes peut-être en train d’innover avec nos voisins en refondant nos relations avec l’agriculture et l’énergie, donc sur le simple fait que les deux pays sont respectivement performants dans ces domaines. C’est une complémentarité qui n’est pas nouvelle mais la conjoncture lui a donné une autre dimension.
    Le coup d’envoi de cette normalisation a-t-il été donné par le Président Bouteflika à Tlemcen ?

    Qu’est-ce qui explique cette soudaine volonté de rapprochement et de faire table rase du passé ? Je pense que c’est une déclaration de circonstance et d’apaisement sans plus, en rapport avec un banal incident diplomatique dans la programmation des festivités de Tlemcen. Elle contraste d’ailleurs avec le ton adopté par le roi Mohammed VI dans son dernier discours solennel dont la virulence n’a curieusement d’ailleurs pas suscité de réactions officielles chez nous.
    Le Maroc fait du lobbying aux Etats- Unis, en France et dans certains pays arabes du Golfe qui pressent l’Algérie d’aller dans le sens des thèses marocaines. Un succès pour le Maroc et donc un échec pour la diplomatie algérienne obligée de céder aux pressions ?

    Il est fait ces derniers temps beaucoup de mauvais procès à la diplomatie algérienne. En réalité, nous n’avons pas les mêmes atouts ni les mêmes contraintes géopolitiques. Le Maroc est un allié traditionnel et fidèle des États-Unis et de la France. En conséquence, ils le placent au centre de leur stratégie au Maghreb et font de sa stabilité un paramètre de leurs relations avec l’Algérie. C’est pourquoi ils ont toujours exercé des pressions sur l’Algérie pour l’amener à faire des concessions sur son soutien à l’autodétermination du peuple sahraoui. Ils accentuent ces pressions chaque fois qu’ils pensent que l’Algérie peut céder en raison de ses problèmes internes. Ils l’ont fait pendant les années 1990 et le font aujourd’hui que l’Algérie est en effervescence sur le plan interne et dans l’expectative devant l’inconnue libyenne. En somme, pour préserver la stabilité du Maroc, ils sont prêts à sacrifier celle de l’Algérie.
    Justement dans quelle mesure le conflit libyen peut-il amener l’Algérie à accepter la normalisation sans règlement des questions en suspens entre les deux pays ?

    Je ne dispose pas de toutes les données sur cette question, mais je pense que l’Algérie, en n’engageant pas un contact avec le Conseil national de transition de Benghazi, a perdu une opportunité de jouer les bons offices et de préserver ses intérêts dans la Libye de demain quelle qu’en soit l’issue. Le Maroc le fait, c’est plus aisé pour lui. Il le doit à son alliance et à son engagement pro-occidental dans ce conflit mais il est aussi servi par le fait que géographiquement il ne risque pas de subir les mêmes dommages collatéraux que l’Algérie.
    Croyez-vous que cela risque d’avoir des répercussions sur la question du Sahara occidental sachant que le Maroc persiste avec son projet d’autonomie élargie que rejette le Polisario ?

    Vous savez, le système onusien ne fonctionne pas comme une bulle et le rapport des forces en son sein n’est pas figé et peut évoluer en fonction des intérêts et des conjonctures. Si on en juge par celui du moment, il n’y pas beaucoup d’options. Ou bien les membres permanents estiment que la conjoncture dans notre région est délicate et appellent le Maroc à se conformer à la légalité internationale ou bien, et pour les mêmes raisons, ils exerceront de fortes pressions sur les Sahraouis pour les amener à accepter le plan marocain. Les Américains, les Français et les Espagnols sont favorables aux thèses marocaines, mais devraient être un peu plus vigilants et mesurer que cette attitude nuit aux intérêts stratégiques de notre pays qu’ils ont réduit en moins de dix ans au rang de supplétif dans la lutte contre le terrorisme international et à un réservoir énergétique.
    Pourquoi devraient-ils changer leur façon de faire avec nous de ces 10 dernières années ?

    Parce que l’Algérie est en train de changer et que son opinion publique est plus pragmatique, les crises ça forme une société. Le pouvoir politique doit se préoccuper de la mesure de son opinion publique que celle que donne le satisfecit des puissances occidentales. Les centres de décision dans la hiérarchie civile et militaire sont moins figés et plus pragmatiques et rien n’indique qu’il faut exclure la perspective de radicalisation de la position de l’Algérie si elle venait à être soumise à un chantage des grandes puissances. Je pense qu’elles font une erreur d’évaluation sur la réalité de la capacité des Algériens à préserver le consensus sur l’essentiel surtout en situation de crise. C’est d’ailleurs un trait marquant de notre doctrine en matière de politique extérieure d’autant que la conjoncture est délicate pour tous devant une sorte d’accélération de l’histoire dont personne ne maîtrise ni le rythme ni la densité.
    B. T. 
  • Résolution 1979 : «Satisfaction» algérienne

    L’Algérie a accueilli avec «satisfaction» l’adoption mercredi par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 1979 relative à la question du Sahara occidental, indique jeudi une déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «L’Algérie note avec intérêt que, dans la résolution 1979, le Conseil de sécurité a réitéré son appel aux deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, afin de poursuivre leur dialogue et d’entrer dans une phase de négociations intensives et substantielles sur la base de leurs propositions respectives, présentées en avril 2007 au Conseil de sécurité, pour parvenir à une solution politique à la question du Sahara occidental juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination sur la base des principes et objectifs de la Charte des Nations unies et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU», souligne la déclaration. 
     
    «L’Algérie se réjouit de l’importante avancée enregistrée dans la résolution 1979 du Conseil de sécurité, sur la voie de la prise en charge par les Nations unies de la question de la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental», ajoute le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Il affirme que «l’Algérie se félicite, en particulier, de l’acquis incontestable que constitue le rôle reconnu, dans cette résolution, à la communauté internationale qui doit développer et mettre en œuvre des mesures crédibles et indépendantes et bénéficier d’un accès inconditionnel et sans entraves pour assurer le plein respect des droits de l’homme au Sahara occidental, tenant compte des obligations pertinentes des deux parties conformément à la légalité internationale». «L’Algérie, en sa qualité de pays voisin aux deux parties en conflit, tient à réaffirmer, souligne encore le porte-parole, son soutien au secrétaire général des Nations unies et à son envoyé personnel, l’ambassadeur Christopher Ross et à les assurer de sa coopération dans leurs efforts pour aider le Maroc et le Front Polisario à atteindre un règlement du conflit qui assurera au peuple du Sahara occidental le libre exercice de son droit à l’autodétermination». La déclaration précise, dans ce cadre, que «l’Algérie encourage les deux parties à poursuivre les négociations, de bonne foi et sans conditions préalables, afin de parvenir à une solution à la question du Sahara occidental qui pourvoit à l’autodétermination du peuple sahraoui, en accord avec les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies». 
     
    La nouveauté dans cette résolution est que le Conseil de sécurité souligne pour la première fois l’importance d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et d’engager les parties à collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit les obligations que le droit international met à leur charge dans ce domaine. 
    Les Débats, 30/04/2011
  • Résolution 1979 pour l’autodétermination du peuple sahraoui Surveillance des droits de l’homme

    Attendue depuis une semaine, notamment après le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara occidental, la résolution 1979 a été émise par le Conseil de sécurité. Celle-ci permet de proroger d’un an la mission des Nations unies pour la Sahara occidental (MINURSO), et différemment aux précédentes, elle insiste sur l’amélioration des droits de l’homme au Sahara occidental, et la nécessité d’un référendum.

    Si ces deux derniers points, qui ont été portés et défendus au Conseil de sécurité par l’Afrique du Sud et le Nigeria, ont été salués par la partie sahraouie dont son représentant à l’ONU, Ahmed Boukhari, qui les a commenté de progrès et de premier pas par le coordinateur avec la MINURSO, cependant et étant donné l’absence de mécanisme de surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la MINURSO, comme l’avait d’ailleurs recommandé le secrétaire général de l’ONU dans son dernier rapport sur le Sahara occidental en préférant larguer cette mission au Conseil des droits de l’homme basé à Genève qui est appuyé en amont par la France, l’allié marocain au Conseil de sécurité , M’hamed Khaded a regretté que MINURSO soit «la seule mission contemporaine des Nations unies sans mandat de surveillance des droits de l’homme». Pour argumenter ses propos, le coordinateur sahraoui n’a pas hésité a établir le parallèle avec les mouvements de révolte qui secouent le monde arabe dont le Maroc « au moment où les peuples de la région crient haut et fort pour être entendus, une autre année entière sans engagements sérieux des Nations unies sur la question des droits de l’homme au Sahara occidental serait absolument inacceptable», a-t-il fait remarquer. Ces propos ont trouvé des échos auprès de plusieurs ONG dont Human Rights Watch (HRW) et OXFAM : pour la première, ce vide à combler de la MINURSO en matière de droits humains est le fait de la France qu’il faut impérativement corriger, quant à la seconde, déplorant le veto de l’hexagone sur l’élargissement de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme, a considéré cela comme une démarche allant «à l’encontre de son (la France) appui proclamé aux réclamations démocratiques légitimes dans les pays arabes» .

    Sur la question de l’autodétermination du peuple sahraoui par voix réferundaire qui est le rôle même de la MINURSO, comme l’a précisé l’ambassadeur de l’Afrique du Sud aux Nations unies dans la résolution 1979, il est demandé aux deux parties en conflit d’approfondir les négociations en tenant compte de leurs propositions de solution avant de consulter la population sahraouie. Cette recommandation a été approuvée par la RASD qui a toutefois appelé le Conseil de sécurité à passer à la vitesse supérieure, en épaulant le processus politique.
    Par Djaouida Abbas 

    Les Débats, 30/04/2011
  • L’Algérie note avec intérêt l’adoption de la résolution 1979

    L’ONU exhorte le Maroc et le Sahara occidental à la reprise des négociations

    L’Algérie note avec «intérêt» que, dans la résolution 1979 adoptée mercredi dernier, le   Conseil de sécurité a réitéré son appel aux deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario afin de poursuivre leur dialogue et entrer dans une phase de négociations intensives et substantielles sur la base de leurs propositions respectives, présentées en avril 2007 au Conseil de sécurité, selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. 
    «L’Algérie se réjouit de l’importante avancée enregistrée, dans la résolution 1979 du Conseil de sécurité, sur la voie de la prise en charge par les Nations unies de la question de la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental», ajoute la même source. 
    Il affirme que «l’Algérie se félicite en particulier de l’acquis incontestable que constitue le rôle reconnu dans cette résolution à la communauté internationale qui doit développer et mettre en œuvre des mesures crédibles et indépendantes et bénéficier d’un accès inconditionnel et sans entraves pour assurer le plein respect des droits de l’homme au Sahara occidental, tenant compte des obligations pertinentes des deux parties conformément à la légalité internationale». 
    «L’Algérie, en sa qualité de pays voisin des deux parties en conflit, tient à réaffirmer son soutien au secrétaire général des Nations unies et à son envoyé personnel, l’ambassadeur Christopher Ross, et à les assurer de sa coopération dans leurs efforts pour aider le Maroc et le Front Polisario à atteindre un règlement du conflit qui assure au peuple du Sahara occidental le libre exercice de son droit à l’autodétermination».
    La nouveauté dans cette résolution est que le Conseil de sécurité souligne pour la première fois l’importance d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental. Le président du groupe parlementaire d’amitié et de fraternité «Algérie-RASD», M. Tayeb El-Houari, a réaffirmé jeudi à Alger la position «indéfectible» de l’Algérie à l’égard du combat légitime du peuple sahraoui pour l’autodétermination à travers un «référendum libre et régulier» conformément aux décisions de la légalité internationale.
    M. El-Houari qui recevait au siège de l’Assemblée populaire nationale (APN) une délégation de militants sahraouis des droits de l’homme des territoires occupés, a réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination à travers un référendum sous l’égide des Nations unies, indique un communiqué de l’APN.  

    Il a souligné par ailleurs le droit du peuple sahraoui à «demander la protection de la communauté internationale dans les territoires occupés». Les militants sahraouis, soulignent que la situation que vit un peuple sous occupation «devrait amener les Nations unies, notamment le Conseil de sécurité, à élargir, à travers un mécanisme, les prérogatives de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) aux droits de l’homme».
    M. Z. / Agences
  • Marrakech : Attentat test

    Ce n’est certes pas la première fois que le Maroc est touché par un attentat, mais Marrakech symbolise le tourisme du pays et Djamâa El-Fna est devenue une place mythique particulièrement depuis son classement en qualité de curiosité mondiale du patrimoine immatériel. Le café «Argane» représente quant à lui la pause presque obligatoire pour siroter un thé ou un jus aux fruits naturels, après avoir découvert les charmes de la Médina et de ses secrets durant des heures de marche. 
    Côté officiel, il s’agit bien d’un attentat criminel en provenance d’un terrorisme qui ne dit pas encore son nom, malgré l’élargissement des prisonniers politiques, dont de nombreux «islamistes» et la promesse de libérer l’ensemble de cette catégorie de prisonniers pour tourner la page sur les pratiques anciennes, héritées du règne de Hassan deux, et s’orienter vers des réformes où la constitutionnalité de la monarchie devient une priorité incontournable. Il faut rappeler que cet attentat a aussi touché des étrangers attablés dans le célèbre café donnant directement sur la place la plus animée de la ville, ce qui a tout de suite provoqué la réaction des gouvernements européens et particulièrement français pour condamner la lâcheté de l’acte. Le Maroc tire une grande partie de ces recettes de l’activité touristique et a pu se placer au Sud de la Méditerranée comme destination privilégiée, particulièrement depuis les changements intervenus en Tunisie et en Egypte. Mais le Maroc est aussi un pays arabe qui n’a pas échappé aux exigences démocratiques d’une jeunesse en attente de travail et de liberté. Ou au moins de liberté en attendant le travail. Les nombreuses et impressionnantes marches, y compris à Rabat, d’habitude calme, sont le signe précurseur d’un changement dont on ne connaît que très peu l’aboutissement. D’ailleurs, l’attentat de Marrakech est une épreuve dans laquelle certains courants politiques marocains voient déjà un test des mécanismes qui fondent l’indépendance de la justice et sa capacité à fonctionner selon les principes d’un Etat de droit tel qu’annoncé par Mohamed VI. 
    En pareilles circonstances, les services de sécurité avaient pour habitude d’interpeller des milliers de suspects avant de trouver la piste qui mène vers le ou les coupables. Entre-temps, on oubliait parfois sans les juger le reste des troupes embarquées dans les prisons. Il s’agit maintenant de donner la preuve que les services de police sont capables à partir d’éléments d’enquête, d’aller droit au but, ce qui constitue un exercice difficile et nouveau. S’il est vrai que les réformes au Maroc font l’objet de plusieurs chantiers à tous les niveaux, il faut reconnaître qu’on ne peut pas changer en si peu de temps. La sortie de crise en dépendra.
    Par Ahmed Meskine
  • L’ONU réaffirme la solution d’autodétermination au SO : Le Maroc dos au mur ?

    Tant attendue et espérée par les Sahraouis, le Conseil de sécurité a adopté mercredi une résolution sur le Sahara Occidental dans laquelle il réaffirme la solution permettant l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental, tout en appelant à améliorer la situation des droits de l’homme des populations sahraouies. Adoptée à l’unanimité, la résolution 1979 souligne que le Conseil de sécurité réitère son engagement à aider les deux parties au conflit à parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental. 
     
    La nouveauté dans cette résolution, faudrait-il le souligner, est que le Conseil de sécurité souligne pour la première fois l’importance d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental et d’engager les parties à collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit les obligations que le droit international met à leur charge dans ce domaine. En outre, la résolution souligne que le Conseil se félicite également de la mise en oeuvre du programme de protection renforcée des réfugiés mis au point par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en coordination avec le Front Polisario, qui comprendra des actions de sensibilisation et de formation aux droits de l’homme. 
     
    Par ailleurs, la résolution demande à nouveau aux parties et aux États de la région de coopérer plus pleinement avec l’ONU, de s’engager davantage pour mettre fin à l’impasse actuelle et d’aller de l’avant vers une solution politique. Considérant que le maintien du statu quo n’est pas acceptable à long terme, le Conseil de sécurité a invité les deux parties à faire preuve d’une plus grande volonté politique en vue d’une solution, notamment en discutant de façon plus approfondie de leurs propositions respectives. Le Conseil de sécurité qui a décidé de proroger jusqu’au 30 avril 2012 le mandat de la Minurso, a également affirmé dans ce contexte, son soutien sans réserve à la détermination avec laquelle le Secrétaire général et son envoyé personnel cherchent une solution à la question du Sahara occidental et se félicite que le rythme des réunions et des contacts se soit accélérés. 
     
    Du côté sahraoui, le coordinateur sahraoui avec la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso), M’hamed Khaddad s’est félicité par cette même résolution du Conseil de sécurité qui a innové, selon lui, en reconnaissant l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental tout en appelant à des mesures indépendantes et crédibles pour assurer le respect de ces droits. « Après des années de négligence de cette question par le Conseil de sécurité en raison de l’opposition de la France au nom du Maroc, la résolution 1979 du Conseil de sécurité a enfin été adoptée aujourd’hui à l’unanimité », a déclaré le représentant sahraoui à la presse à l’issue de l’adoption de la résolution par l’organe de décision de l’ONU.
    Farid H.
    Le Courrier d’Algérie, 30/04/2011
  • Plusieurs interrogations autour de l’attaque de Marrakech

    16 MORTS DANS UN ATTENTAT AU MAROC
    Le bilan de l’attentat de Marrakech, commis avant-hier, s’est alourdi à 16 morts. Onze touristes étrangers ont perdu la vie dans cet acte qualifié par le gouvernement marocain de terroriste. L’ explosion qui a soufflé le café Argana, très fréquenté par les touristes, n’a pas encore été revendiquée, mais tous les analystes penchent pour l’hypothèse de l’attentat islamiste avec comme piste privilégiée celle d’El-Qaïda. Le contexte géopolitique régional est également à prendre en considération avec le climat de déstabilisation généralisé dans le monde arabe. Avec le risque terroriste, la question de la poursuite des réformes politiques se pose.
    «Selon les enquêtes préliminaires, il semble qu’il s’agisse d’un acte terroriste provoqué par un engin explosif», a déclaré le ministre de l’Intérieur, Taieb Cherkaoui, cité par l’agence de presse officielle Map. Pour les experts des questions de sécurité, l’opération rappelle d’autres tentatives islamistes déjouées par les forces de l’ordre. Jeudi, le ministre de l’Intérieur a stigmatisé «un acte terroriste». «Le Maroc est confronté aux mêmes menaces qu’en mai 2003», avait-il ajouté. Le 16 mai 2003, des attentats menés par des islamistes à Casablanca avaient tué 33 personnes
    ainsi que les 12 kamikazes impliqués. L’attentat d’avant-hier s’est produit au deuxième étage du café Argana, qui se trouve sur la célèbre place Djemaa el-Fna, la plus grande de la vieille ville de Marrakech, la médina, particulièrement prisée par les touristes. Sept personnes, deux Marocains, deux Français, deux Canadiens et un Néerlandais, tuées dans l’attentat ont été identifiées, a indiqué la MAP citant le ministère de l’Intérieur. Rabat avait fait état jeudi de 11 étrangers tués. Les réactions à cette attaque ne se sont pas fait attendre : «un lâche attentat». Si, à l’extérieur, c’est la solidarité avec le Maroc qui s’exprime, l’enjeu interne reste entier. En effet, l’attaque de Marrakech intervient à un moment crucial de la vie politique marocaine. La contestation qui embrase le monde arabe a touché le Maroc. Pour contenir les revendications populaires, le roi Mohammed VI a promis, dans un discours diffusé le 9 mars dernier, une réforme de la Constitution. Insuffisant, réclame le mouvement du 20 février, le fer de lance de la contestation dans le pays. D’où la tentation de certains de faire secouer l’épouvantail du djihadisme islamiste.
    C’est ce que résume le propos d’un faiseur d’opinion marocain. «C’est le pire événement qui pouvait nous arriver. Un coup de massue. Cette catastrophe va être exploitée par les milieux conservateurs et par les faucons, partisans de la répression à outrance, qui sont nombreux chez nous», résume Karim Boukhari, le directeur de la rédaction du magazine Tel quel. Tout de go, la mouvance islamiste légale et tolérée condamne l’attentat. Pour le mouvement Justice et Bienfaisance (Al Adl wal Ihsan) du cheïkh Abdesselam Yacine, interdit mais toléré, la condamnation est sans appel.
    «Nous condamnons cet acte barbare quels qu’en soient les responsables, et réaffirmons note rejet de toute forme de violence», a déclaré le mouvement dans un communiqué. Cette position aboutit à deux hypothèses : soit l’acte est bel et bien signé par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), soit c’est le sousentendu de Karim Boukhari qui pourrait s’avérer juste, c’est-à-dire une implication plus ou moins douteuse de certains cercles réfractaires à toute idée d’ouverture démocratique. Privilégiant la piste AQMI, un spécialiste français a résumé la situation. «On pouvait s’y attendre», a estimé Charles Saint-Prot, de l’Observatoire d’études géopolitiques, sur RTL. Il s’explique : «En janvier dernier, une trentaine de suspects liés à AQMI ont été arrêtés. Leur objectif était de préparer des attentats. L’objectif d’AQMI est de porter atteinte à tous les régimes de la région, notamment le Maroc, car il est très ouvert sur le monde européen.» Et ce qui n’arrange pas les choses, car alimentant davantage la spéculation anti-islamiste, c’est la grâce royale du 14 avril dernier. Celle-ci a permis à cinq militants d’un parti islamiste et à un journaliste de recouvrer la liberté. Ils avaient été condamnés en juillet à dix ans de prison pour avoir «formé une cellule terroriste visant à renverser» le gouvernement.
    Pis, une figure de l’islamisme radical, cheikh Mohammed Fizazi, vient également de sortir de sa prison de Tanger après des années d’incarcération.
    Cet idéologue salafiste était décrit comme l’un des théoriciens de la mouvance qui a commis les attaques kamikazes d’avril 2003. Ses camarades toujours emprisonnés ont réussi à faire circuler sur Internet des vidéos revendicatives.
    Le coût le plus immédiat pour le Maroc sera sans doute celui du tourisme. L’attentat s’est produit dans la première ville touristique du royaume, et le pays ressent déjà les contrecoups des «révolutions arabes» qui ont fragilisé l’industrie touristique dans la région. En 2010, le Maroc a accueilli 9,4 millions de touristes.
    M’hamed Khodja
  • Attentat de Marrakech : A qui profite le crime ?

    Jeudi dernier, alors que nos frontières s’apprêtaient à une visite des frères de Mhamid El Ghozlane, un attentat à la bombe faisait plusieurs morts au café Argana, à Djamaa El-fna- djamiât el-founoun pour les intimes- , place touristique des plus prisées de Marrakech. L’acte fut copieusement dénoncé au Maroc et dans le monde. L’Algérie n’est pas restée insensible. L’horreur laissait la rue sans voix mais compatissante. 
    Avec la boucherie de l’Argana, le tourisme maghrébin encaisse un autre coup dur, après ceux, catastrophiques, enregistrés en Tunisie et en Egypte, les deux autres géants du tourisme nord-africain. Comme de coutume, les premiers soupçons se portent sur les islamistes, mais on hésite à choisir entre la Salafia djihadia et la Qaïda. On hésite d’autant que, dans nos parages sahélo-sahariens, c’est grâce au tourisme que la Qaïda arrive à se débrouiller de temps en temps des touristes convertibles en devises fortes. Mais n’accusait-on pas les islamistes d’être à l’origine de l’attentat meurtrier contre les coptes en Egypte avant de se rendre compte, contre toute attente, de l’implication du ministre de l’Intérieur ? Certes, on parle d’une vidéo mise par la Qaïda sur Youtube et qui se promettait de taper sur le Maroc pour venger les prisonniers salafistes qui croupissent toujours dans les geôles du roi. Un enregistrement qu’on a fait disparaître avant d’être authentifié. 
    Certains observateurs taxaient ce « micmac » de douteux. Un scenario destiné à brouiller les pistes, disent-ils, se demandant s’il ne serait pas plus judicieux de penser à l’exploration d’autres pistes liées à la situation interne du royaume, dans la perspective des grands changements promis par le roi Mohammed VI pour s’étendre jusqu’à la Constitution elle-même. Ce qui nourrit les craintes de ceux qui ont des comptes à rendre ou de ceux qui sont convaincus que leurs intérêts risquent d’être touchés et qu’ils devront s’attendre à perdre fatalement leurs privilèges au cas où le changement se ferait à leur détriment. Khaled Naceri, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, dit n’écarter aucune piste pour faire la lumière sur l’attentat de Marrakech. Quoi qu’il en soit, l’incident de l’Argana n’influera en rien sur l’agenda des réformes en cours, assure-t-il.
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
  • Rapprochement ou simple pacte de conjoncture ?

    Les relations algéro-marocaines connaissent, depuis quelques semaines, sinon une franche normalisation, du moins une certaine détente. Au niveau diplomatique et politique, le ton est assez conciliant en tout cas, des deux côtés des frontières.
    Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Une décrispation qu’illustre, côté algérien, la dernière déclaration de Abdelaziz Bouteflika, le 17 avril dernier à Tlemcen où il était en visite officielle. Sans «raison apparente», Bouteflika lancera un inattendu «il n’y a aucun problème entre l’Algérie et le Maroc. Le problème du Sahara est un problème onusien. Le Maroc est un pays voisin et frère. Il faut coopérer et nous devons coopérer ». Cette déclaration, Bouteflika l’a faite alors qu’il inaugurait un site culturel. Et pour qui connaît l’homme, il ne dit jamais rien pour rien, contrairement aux apparences. Une sortie certainement calculée mais dont il reste difficile, pour le moment, de saisir l’objectif. Entre Alger et Rabat, les visites au niveau ministériel sont de plus en plus fréquentes. La coopération est même effective dans deux domaines, au moins : l’agriculture mais surtout l’énergie. Mais est-ce, pour autant, un pas de franchi vers une normalisation réelle et irréversible entre les deux pays ? Nul ne peut l’affirmer de manière tranchée même si quelques signes plaident en faveur d’une évolution dans les rapports bilatéraux.
     
    Mourad Medelci aura même comme brisé un tabou en affirmant sa conviction «que les frontières entre l’Algérie et le Maroc ne peuvent rester éternellement fermées». Ce problème des frontières, éternel point de discorde entre l’Algérie et le royaume chérifien, imbriqué en plus dans le problème sahraoui, est un dossier si lourd qu’il est difficile de dépasser par de simples déclarations diplomatiques. Aussi «mielleuses» soient-elles. 
     
    Le Maroc n’a jamais cessé de réclamer la réouverture des frontières, unilatéralement fermées par l’Algérie en 1994, à la suite des accusations de Rabat imputant aux services algériens la responsabilité dans l’attentat terroriste qui avait ébranlé Marrakech la même année. Hassan II imposera même le visa pour les Algériens et se saisira de l’opportunité de cet attentat qui s’avéra être l’œuvre des islamistes, pour accentuer les pressions internationales sur une Algérie qui subissait, à cette époque-là, l’enfer terroriste, aggravé par une crise économique et un isolement international sans précédent. Pis encore : Khaled Nezzar, alors ministre de la Défense nationale et membre du Haut-Comité d’Etat, en visite au Maroc, sur invitation du roi, après que les services algériens eurent localisé avec précision le chef du GIA, Abdelhak Layada, et des éléments à lui, sur le sol marocain, sera surpris par cette phrase du souverain : «La sécurité est un tout» ! 
     
    Hassan II ne s’embarrassant pas de formules pour exercer un chantage clair sur son invité, au sujet du Sahara occidental. Résultat : Layada ne sera pas livré de suite aux Algériens, ce qui se traduira, sur le terrain, par des milliers d’autres victimes fauchées par la machine terroriste que l’extradition du chef du GIA aurait pu empêcher. Mais cet égoïsme, le royaume le payera cher au plan économique. La fermeture des frontières se traduira, chez nos voisins de l’Ouest, par des pertes sèches, directes et indirectes. Pour un pays qui vit essentiellement de son agriculture et surtout grâce au secteur du tourisme et des services, se priver de ces centaines de milliers d’Algériens qui s’y rendaient quotidiennement depuis l’ouverture des frontières en 1988 s’était vite fait ressentir. 
     
    La région Est du Maroc, la moins nantie et développée que l’ouest, et ses grands pôles urbains perdaient, depuis, une opportunité inespérée et qui se fait ressentir à nos jours. A tel point que bien de projets d’investissement seront «gelés» en attendant cette réouverture. Ceci étant, autre objet de litige concernant les frontières entre les deux pays, celui du bornage. En raison du problème sahraoui, mais pas que cela. Les Marocains n’ont jamais abandonné, en effet, leur prétention territoriale sur une bonne partie de l’Ouest algérien. D’où la guerre dite des «sables» dès l’indépendance de l’Algérie. Et cette situation exceptionnelle fait que, de nos jours, les frontières sont certes respectées de part et d’autre sans pour autant procéder au bornage officiel avec dépôt à l’ONU. C’est dire que les objets fondamentaux des litiges permanents entre les deux pays sont toujours là, entiers. Qu’est-ce qui pourrait expliquer alors ces déclarations «d’intention» de rapprochement entre Alger et Rabat ? Sans doute, la nouvelle situation au Maghreb, qui a subi de brutales évolutions en Tunisie d’abord et en Libye ensuite, expliquent grandement ces repositionnements. 
     
    L’Algérie a certes intérêt à stabiliser son front Ouest pour se parer à toute éventuelle «mauvaise surprise» du côté Est. Les deux pays subissant par ailleurs les mêmes vagues de contestation au niveau interne, tant au plan politique que social, peuvent être amenés à une sorte d’alliance de conjoncture. Car le Maroc de 2011 n’a pas vraiment intérêt à avoir affaire à une Algérie secouée par une révolte à la tunisienne, à la libyenne, voire même à l’égyptienne sans risquer d’en pâtir à son tour.

    Le Soir d’Algérie, 30/04/2011

  • Un attentat qui conforte le régime marocain

    « C’est acte criminel pur et dur. C’est un attentat », a affirmé le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, à la télévision en parlant de la violente explosion qui a secoué le centre de Marrakech.

    En visant le café Argana, qui se trouve sur la place Jamaa El Fna, un lieu très fréquenté par des touristes de différentes nationalités, les terroristes n’ont pas seulement visé des étrangers (des 14 premières victimes mortelles, 11 sont étrangères et encore c’est un bilan provisoire), ils visaient assurément le centre névralgique du tourisme marocain.

    Jamaa El Fna est sûrement le lieu touristique marocain le plus connu à l’extérieur, le plus symbolique aussi. Frapper Jamaa El Fna, c’est frapper le tourisme marocain en entier.

    C’est donc un message. A faute de mettre à bas l’autocratie alaouite, les terroristes ont frappé là où ça peut faire très mal. Le Maroc touristique souffrait déjà des soubresauts des révolutions arabes. Les touristes ne faisant pas la différence entre l’Egypte et la Tunisie du reste des pays arabes. Aujourd’hui, beaucoup de ceux qui doutaient encore vont choisir d’autres destinations, loin de nos convulsions internes.

    En commettant cet attentat, aujourd’hui et maintenant, alors que le régime est acculé et obligé de lâcher du lest, les terroristes, auteurs intellectuels ou matériels, se sont montrés les alliés stratégiques de l’autocratie qui nous gouverne. Maintenant, le régime aura toute latitude pour refuser ou atténuer, au nom de la sempiternelle lutte contre le terrorisme, les ouvertures qu’il avait promises. Grâce à cet acte criminel, l’autocratie alaouite va gagner du temps. Un temps pour nous garder muselés.
    Ali Lmrabet

    Demain Online, 28/04/2011