Mois : janvier 2011

  • Maroc: le cousin du roi prédit une vague de protestation

    Caricature: Baraka News
    Le Maroc ne fera « probablement pas exception » parmi les pays arabes après la révolution tunisienne et les manifestations qui secouent actuellement le pouvoir en Egypte, a estimé lundi le cousin du roi du Maroc Mohammed VI, le prince Moulay Hicham.
    Surnommé le « prince rouge » car critique vis-à-vis de la monarchie marocaine et du système politique dans ce pays, Moulay Hicham souligne, dans une interview au journal espagnol El Pais, que le « Maroc n’a pas été encore atteint » par la vague de contestation sociale et politique qui secoue les pays arabes.

    « Mais il ne faut pas se tromper : presque tous les systèmes autoritaires seront affectés par la vague de protestation. Le Maroc ne sera probablement pas une exception« , estime le cousin germain de Mohammed VI.

    « Reste à voir si la contestation sera sociale ou bien aussi politique et si les formations politiques, influencées par les récents événements, bougeront » commente encore cet homme de 46 ans, qui occupe la troisième place pour la succession au trône du Maroc.

    Le prince Moulay estime que dans ce pays la « dynamique de libéralisation politique entamée à la fin des années 90 a pratiquement pris fin. Redynamiser la vie politique marocaine dans le contexte régional, en évitant les radicalismes, sera un grand défi« .

    La révolution tunisienne et les manifestations égyptiennes représentent une « rupture par rapport aux schémas antérieurs » n’ayant « aucun caractère religieux« , « anti-impérialiste » ou « anticolonialiste« .

    « L’Europe doit se réveiller, arrêter d’appuyer des dictatures qui ne sont pas viables et appuyer à fond les mouvements qui aspirent à un changement durable« , estime encore le prince Moulay.

    Les autorités marocaines veulent prévenir toute tentation d’établir un parallèle avec l’Egypte et la Tunisie.

    Dimanche, le gouvernement a démenti avec fermeté avoir rappelé des troupes déployées dans le Sahara occidental pour parer à d’éventuelles manifestations dans des villes marocaines, comme l’affirmaient des médias espagnols.

    Le ministre des Affaires étrangères Taieb Fassi Firhi a convoqué l’ambassadeur d’Espagne et eu un entretien avec le chef de la diplomatie espagnole pour leur exprimer l’ »indignation » du Maroc face à ces « agissements irresponsables« .

    La situation en Egypte faisait lundi la Une de la plupart des journaux, et de nombreux Marocains sont restés collés à leurs téléviseurs ces derniers jours pour suivre – notamment sur la chaîne satellitaire al-Jazeera – les manifestations de masse contre le pouvoir du président Hosni Moubarak.

    Mais, hormis un rassemblement prévu lundi en fin d’après-midi devant l’ambassade d’Egypte à l’appel de plusieurs ONG, aucune manifestation publique de solidarité n’avait eu lieu pour l’instant.

    Un débat sur l’éventualité d’une contagion au Maroc des événements de Tunisie et d’Egypte agite néanmoins la presse marocaine.

    Dans une interview au Nouvel Observateur, Aboubakr Jamai, fondateur d’un journal critique aujourd’hui disparu, le « Journal hebdomadaire« , a ainsi suscité une levée de boucliers dans plusieurs journaux proches du pouvoir.

    M. Jamai estime notamment dans cette interview que « si le Maroc s’embrase, la disparité des richesses y est telle que la révolution y sera beaucoup plus sanglante qu’en Tunisie« .
    Certains organes de presse trouvent un « plaisir jubilatoire à faire le parallèle entre ce qui s’est passé en Tunisie et la situation au Maroc. Ils connaissent mal leur pays« , a écrit pour sa part l’hebdomadaire francophone la Vie éco.

    Belga
    RTBF.BE, 31/01/2011

  • Roi Mohamed VI : des « vacances » trop courtes

    Il paraît que le roi du Maroc est rentré chez lui. L’on n’est jamais sûr, son départ était entouré de tellement de secret. Il a fallu que les habitants de Betz l’aperçoivent pour que la presse le sache. D’ailleurs, un habitant de cette région a commenté avoir vu son château entouré de gendarmes depuis jeudi et des convois de voitures en permanence ainsi que des hélicoptères deux fois en une seule journée.

    Ah, le Makhzen et ses cachotteries qui ne finissent jamais! Il cache sa peur de la contagion du syndrome tunisien et au même temps il achète des grands stocks de blé et débourse des millions d’euros pour subventionner les prix du pain, des carburants, du sucre…

    Et il nous dit que le roi a besoin de se reposer un peu au pays des Gaulois. Sans sa famille. Faut-il comprendre que ses palais ne sont plus confortables?

    Les mauvaises langues disent qu’a Betz « Mohamed VI sera géographiquement plus proche des boîtes de nuit Belges et gay. Où il est allé par le passé prendre son affection et s’ébattre selon ses mœurs particulières ». Mais 48 heures ne sont pas assez pour ces choses-là.

    D’autres disent qu’il a été convoqué par MAM pour lui proposer des matraques et des gaz lacrymogènes. Non, ça ne peut pas être ça parce que les forces de police marocaines ont assez d’expérience en matière de répression et ça le peuple marocain en connaît un bout.

    Alors, de quoi s’agit-il?

    S’agissant de la France, son plus grand allié dans le dossier du Sahara Occidental, le roi Mohamed VI a besoin de conseils sur les deux fronts qu’il s’est ouvert. Des conseils surtout de son principal conseiller, le sioniste André Azoulay qui, pour des raisons inconnues, a choisi la France comme résidence.

    Le front intérieur : le très probable soulèvement du peuple marocain contre les prédateurs protégés par leur roi.

    Le front diplomatique : Au mois d’avril, le Conseil de Sécurité de l’ONU a besoin d’avancées palpables sur un dossier qui rend ses membres, surtout 4 des 5 puissants, très mal à l’aise.

    Les autorités du Maroc se vantent d’être prévoyantes. C’est le moment où jamais de sortir leurs « visionnaires » pour établir un plan de sauvetage qui ne peut être que sur la base d’une nouvelle constitution, rétrécissement des prérogatives du roi, liberté de la presse et lutte contre la corruption.

  • DES CENTAINES DE MILITANTS TOUJOURS EN PRISON: UN TÉMOIGNAGE

    Près de 200 Sahraouis sont toujours prisonniers depuis l’irruption de l’armée marocaine en novembre 2010 au camp de Gdim Izik, dans la périphérie de Laâyoune, confirme Malainin Lakhal, journaliste et militant sahraoui, fondateur et secrétaire de l’ong Union des journalistes et écrivains sahraouis (Upes), qui opère directement dans les camps de réfugiés installés en Algérie. À l’occasion de sa visite à Rome pour une réunion organisée par le Comité international pour le développement des peuples (Cisp), M Lakhal observe que « le seul moyen de résoudre la question du Sahara Occidental, militairement occupé par le Maroc depuis 1975, réside dans l’organisation d’un référendum, conformément aux recommandations de l’Onu, qui doit l’imposer ». 
    Selon M Lakhal, « le Maroc a fourni pour la première fois en janvier les noms des victimes de son occupation » dans un rapport élaboré par le conseil royal : des centaines de personnes auraient été tuées ou incarcérées depuis 1992. Cette initiative ne change pas pour autant la position du Maroc, « hostile au référendum et jusque là capable de s’opposer à la communauté internationale grâce au soutien de la France », dit M Lakhal, qui estime que l’autonomie administrative proposée par le Maroc ne serait qu’un miroir aux alouettes : « Nous n’aurions quand même aucun pouvoir et surtout nous ne pourrions pas gérer nos ressources naturelles auxquelles le Maroc veut continuer d’accéder en toute liberté ». 
    À l’unisson, le directeur du Cisp, Paolo Dieci, précise que « pas même le plus pessimiste des observateurs internationaux n’aurait pu imaginer que le peuple sahraoui se trouverait encore dans ces conditions en 2011. Le seul « tort » des Sahraouis a été de s’obstiner dans la défense de leurs droits territoriaux ». La coordonnatrice des programmes du Cisp dans les camps de réfugiés sahraouis d’Algérie, Giulia Olmi, précise que les Sahraouis qui vivent dans les camps « dépendent entièrement de l’aide extérieure du point de vue de leur sécurité alimentaire, dans la mesure où ils ne peuvent pas produire leurs aliments sur place ».
    MISNA, 31/01/2011
  • Nouveau report du verdict des 7 militants

    Le verdict des sept militants sahraouis  des droits de l’homme, attendu pour vendredi dernier a été reporté au 11 février prochain par le tribunal de première instance de Aïn Sebaa, près de Casablanca, rapporte l’agence de presse sahraouie SPS.

    Dans leurs réponses au président, les trois militants avaient réaffirmé leur appartenance au Front Polisario et leur lutte pour l’autodétermination du peuple sahraoui. Ils avaient également soutenu qu’ils luttaient pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, conformément aux résolutions des Nations unies et à la légalité internationale stipulant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Les militants sahraouis Ali Salem Tamek, Brahim Dahan et Ahmed Naciri, présents à chaque audience, ainsi que Dégja Lachgar, Yahdih Tarouzi, Rachid Sghir et Saleh Labouihi, en liberté provisoire, sont accusés d’«atteinte à la sécurité de l’Etat» pour avoir effectué du 26 septembre au 6 octobre 2009 une visite dans les

    camps de réfugiés sahraouis. Le tribunal avait reporté trois fois le procès, ce qui avait suscité la réaction de l’ONG Human Rights Watch qui avait  appelé les autorités marocaines à garantir un procès équitable ou libérer les trois militants toujours en détention préventive. Par ailleurs des mouvements et associations continuent d’apporter leur soutien à la cause sahraouie. C’est en ce sens que les propos qu’auraient tenus des élus français en visite au Maroc et selon qui l’option de l’autonomie serait «largement approuvée»

    par les habitants du Sahara occidental ont «profondément choqué» l’Association des amis de la Rasd en France (Aarasd) qui a appelé  ses homologues des droits de l’homme comme Amnesty, HWR, l’AMDH à «protester auprès de ces députés». Un groupe de députés français, présidé par Jean Roatta, président du groupe d’amitié France-Maroc, est depuis quelques jours en visite au Maroc.

    L’Aarasd demande à «être reçue par ces mêmes députés et à être entendue par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée afin que nos représentants soient informés de la situation qui prévaut au Maroc et au Sahara occidental».

    A l’adresse de ces élus, l’association se demande si «20 000 personnes, en exil volontaire de leur ville d’El Ayoun, installées dans des milliers de tentes pour protester pacifiquement contre leur marginalisation dans leur propre pays n’est pas un mouvement suffisant pour retenir l’attention de nos élus ?».

    L’association se demande enfin si «la promotion sans nuance de l’option de l’autonomie n’est-elle pas contraire à ce que vote la France à chaque résolution du Conseil de sécurité qui appelle régulièrement à la tenue d’un référendum d’autodétermination ?». Ce soutien s’est également traduit par l’organisation d’une conférence dans la ville italienne de Fiori, dans la région d’Emilie-Romagne en Italie, dédiée à son histoire et à sa culture.

    Universitaires, étudiants et des représentants du mouvement associatif ont assisté à cette rencontre qui a permis de faire connaître l’histoire d’un peuple qui lutte pour le recouvrement de son droit à la liberté. A l’ouverture de cette rencontre, le représentant du conseil municipal de la ville,

    Davidi Dri, a souligné le « soutien» de la ville de Fiori et toute la région à la cause du peuple sahraoui et à son «combat pour un règlement juste et définitif» du conflit sahraoui permettant à ce peuple de «recouvrer ses droits reconnus dans les résolutions onusiennes».
    Le Temps d’Algérie, 29/01/2011

  • Soutien indéfectible des instances internationales pour la cause sahraouie

    Des instances internationales sont revenues une nouvelle fois à la charge sur la question du Sahara occidental et pour faire pression sur le Maroc et son attachement à l’autonomie comme seule option pour la solution et trouver une solution au conflit conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et l’assemblée générale des Nations unies. 
    Ainsi, le comité exécutif de l’Union africaine (UA) a appelé au respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. L’UA a réaffirmé que «l’intransigeance» du Maroc a empêché tout progrès vers la voie d’une solution au conflit au Sahara occidental et a relevé la grave situation des droitsde l’homme qui prévaut dans les territoires occupés du Sahara occidental, notamment dans la ville d’El Ayoune depuis l’assaut meurtrier perpétré par les forces marocaines pour le démantèlement du camp de liberté de Gdeim Izik, le 8 novembre 2010. L’instance continentale réitère son soutien aux efforts en cours des Nations unies pour surmonter l’impasse actuelle dans laquelle se trouve le conflit. 
    Par ailleurs, le sous-secrétaire d’Etat du Royaume-Uni, Alistair Burt, a indiqué, devant la Chambre des communes, que le gouvernement de son pays «soutient pleinement» le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination. M. Burt a salué les efforts de l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross.  Il a ajouté que «le gouvernement adopte la position du Conseil de sécurité de l’ONU». Pour sa part, l’ancien ambassadeur américain aux Nations unies, John Bolton, a dénoncé au Congrès américain l’absence de progrès pour la tenue d’un référendum au Sahara occidental, qualifiant cette situation de «grande tragédie». 
    Il a fait sa déclaration lors d’une rencontre organisée par la fondation américaine Défense Forum Foundation avec les membres du staff du Congrès américain pour discuter des questions de sécurité des Etats-Unis. «Après toutes ces années d’efforts, je suis perplexe par notre incapacité d’organiser un référendum au Sahara occidental afin de permettre à son peuple d’exprimer son point de vue sur ce qu’il veut pour l’avenir de son pays», a-t-il déploré. 
    Pour M. Bolton, qui a travaillé sur la question avec James Baker, «cette situation est une grande tragédie et j’espère ne perdre aucune occasion pour cette région afin de voir ce que les institutions démocratiques légitimes pourraient faire». 
    Le 24 janvier, les travaux de la 5e réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc avaient pris fin à Manhasset (New York) sans avancée majeure dans les pourparlers entre les deux parties. Le Front Polisario et le Maroc avaient engagé en juin 2007 des négociations directes, sous l’égide de l’Onu, avec quatre rounds qui avaient eu lieu à Manhasset, et cinq réunions informelles à Vienne (Autriche) et à Manhasset. Le président du Sahara occidental, Mohamed Abdelaziz, est arrivé samedi matin à Addis-Abeba pour participer aux travaux du 16e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine.
  • L’incapacité à régler la question sahraouie exige la réforme des Nations unies (ONG)

    Rome, 31 jan 2011 (SPS) L’incapacité des Nations unies à travers son Conseil de sécurité à mettre en œuvre ses résolutions concernant le règlement de la question du Sahara occidental exige une réforme de cette organisation, a déclaré lundi à Rome, la présidente italienne du Comité international pour le développement des peuples (CISP), Julia Olmi.

    « Le nœud du problème réside dans l’incapacité des Nations unies à appliquer ses décisions qui sont obligatoires, à travers le Conseil de sécurité », a indiqué Julia Olmi, cité par Radio Vaticano (RV), à propos de l’impasse actuelle dans laquelle se trouve la question du Sahara occidental.

    « Il y a un gros problème, celui de la réforme des Nations unies, qui lui permette de mettre en œuvre ses propres décisions » sur une question donnée, a estimé Olmi, en allusion aux nombreuses résolutions onusiennes sur le conflit du Sahara occidental qui restent sans effet.

    La militante et experte de la question sahraouie a approuvé l’idée selon laquelle « le blocage » de toute solution au problème du Sahara occidental aux Nations unies, découle de la « préservation d’intérêts ».

    A ce propos, elle a estimé que l’impasse sert les parties qui ont « un intérêt » dans les territoires sahraouis, notamment l’exploitation et le contrôle des ressources naturelles, en citant le phosphate, la pêche, le pétrole et le gaz.

    Ces ressources « bénéficient à l’Union européenne et à certains pays en particulier l’Espagne et la France, et cela se reflète au niveau politique », a-t-elle dit, précisant que les positions des unes et des autres se vérifient lors du vote de résolutions » au Conseil de sécurité.

    Julia Olmi a qualifié de « miracle » le fait que des milliers de personnes (les réfugiés sahraouis) « vivent en exil dans un pays étranger depuis 35 ans », indiquant que « ces personnes qui ont des droits en tant qu’être humains, vivent dans des conditions précaires ».

    Dans son commentaire, Radio Vaticano est revenue sur la dernière rencontre informelle près de New York, entre les dirigeants sahraouis et marocains, pour relever « l’impasse actuelle » dans laquelle sont confinées les négociations. C’est une « impasse qui dure depuis plus de 35 ans », estime RV, qualifiant le problème sahraoui d’un « des conflits les plus oubliés de l’histoire moderne ».(SPS)

  • Quinze députés allemands appellent que le gouvernement fédéral à condamner la répression marocaine au Sahara occidental

    Berlin 30 jan 2011 (SPS) Quinze membres du Parlement allemand « Bundestag » ont appelé le gouvernement fédéral à exercer des pressions sur le Royaume du Maroc, afin de l’amener à répondre aux exigences du droit international et au respect des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, a-t-on appris de la Représentation du front polisario en Allemagne, dans un projet de résolution présenté en décembre dernier.

    Les députés allemands ont en outre condamné le démantèlement violent du camp de protestation et la répression de la manifestation qui y a fait suite, début novembre, appelant à une enquête internationale sur ces événements.

    Ils ont également condamné les attaques menées par le Royaume du Maroc contre la liberté de la presse et d’information et à sommer les autorités marocaines d’autoriser sans délai le libre accès au Sahara occidental pour les journalistes, les observateurs indépendants et les organisations humanitaires et de garantir leur liberté de mouvement.

    Les députés allemands ont appelé le gouvernement fédéral à s’engager pour amener le Maroc à appliquer les résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies et cesse de bloquer l’organisation d’un référendum sur l’avenir du Sahara occidental sous les auspices de l’ONU, afin de permettre au peuple sahraoui de choisir librement entre (l’indépendance ou le rattachement au Maroc).

    S’agissant de la situation des droits de l’homme, les députés ont appelé le gouvernement à adopter une position claire en faveur du droit et la légalité internationale au Sahara occidental et à « suspendre toute aide à la formation et à l’équipement des forces de police et militaire
    marocaines, tant que l’occupation illégale du Sahara occidental n’a pas pris fin ».

    Ils ont en outre exprimé leur regret quant à l’assassinat de l’enfant sahraoui, Najim Elgarhi, de abattu par balles par des tirs de l’armée marocaine en octobre dernier, alors qu’il apportait des vivres aux personnes déplacées dans le camp de protestation de Gdeim Izik.(SPS)

  • Le Maroc expulse 4 européens du Sahara Occidental pour avoir rencontré des militants sahraouis des droits humains

    El Aaiun (Sahara Occidental occupé), 30/01/2011 (SPS) Un groupe d’ étudiants européens, notamment de la Norvège, la Suède et de la Finlande ont été expulsés dimanche des territoires occupés du Sahara Occidental, après s’être rencontré avec les militants sahraouis des droits de l’homme, a-t-on appris de la représentation du Front Polisario en Finlande.

    Les trois étudiants, Helena Engleson (23 ans), Emilia Mollgren (20 ans) et Lina B. Røssevold (19 ans) et leur professeur ont été appelés dimanche à quitter les territoires occupés du Sahara occidental à bord d’un bus à destination d’Agadir (Maroc), a-t-on précisé.

    La délégation était arrivée vendredi dernier afin de s’enquérir davantage sur les violations des droits humains, et élaborer un sondage selon lequel, le peuple sahraoui veut ou non un renouvellement de l’actuel accord de pêche UE – Maroc, qui inclut les eaux territoriales du Sahara Occidental occupé, a ajouté la même source.

    « Des agents de la police marocaine en civil nous suivaient depuis qu’on a quitté le Maroc vers le Sahara occidental. Ils étaient avec nous dans le bus qui nous transportait, et ils étaient logés près de l’hôtel, afin de nous poursuivre partout » a déclaré Lina Røssevold.

    Plusieurs dizaines de groupes politiques, journalistes et touristes ont été expulsés du Sahara Occidental occupé illégalement par le Maroc ces derniers mois, rappelle-t-on. (SPS)

  • Premières manifestations au Maroc

    Des centaines de personnes dans la rue à Tanger et Fèz pour se solidariser avec les éguptiens et tunisiens et protester contre la cherté de la vie

    Les protestations qui parcourent le monde arabe sont arrivées ce week-end au Maroc, mais l’ont fait avec modération. Des centaines de personnes se sont jetées à la rue la nuit du dimanche  à Tanger et Fès pour exprimer leur solidarité les Egyptiens et les tunisiens, mais ils ont profité aussi  pour protester contre la cherté de la vie. Les deux manifestations ont été dissoutes par les forces de l’ordre.

    Convoqués par l’Association pour la Taxation des Transactions et de l’Aide au Citoyen (ATTAC), un groupe entre 100 et 150 personnes se sont concentrés dans la place centrale des Nations . : « Moubarak, Moubarak, l’Arabie Saoudite t’attend! », c’était l’un des slogans les plus répétés par les manifestants. Le roi Abdala d’Arabie Saoudite a accueilli, le 14 janvier, le président déchu de Tunisie, Zine El Abidine Ben Ali, et si le chef d’État égyptien se voit obligé à quiter le pays il est probable qu’il finisse dans le même endroit.

    À la même heure des centaines d’étudiants se sont jetées à la rue à Fès dont l’université est l’une des plus combatives du Maroc. Ils protestaient, entre beaucoup d’autres choses, pour le l’augmentation des salaires que le Gouvernement marocain a octroyé aux policiers.

    Cette après-midi une troisième manifestation a été convoquée de plus devant l’ambassade de l’Égypte à Rabat. Avant que le président tunisien Ben Ali ne tombe, le Ministère de l’Intérieur marocain a interdit les concentrations de solidarité avec le peuple tunisien.

    Un Mouvement Liberté pour la Démocratie inconnu a convoqué, finalement, dans le réseau social de Facebook des manifestations dans les principales  villes marocaines pour le 20 février.

    Dans une interview accordée à El Pais, le prince Moulay Hicham, le cousin germain du roi de Mohamed VI, affirme que « le Maroc ne sera probablement pas une exception ». « Presque tous systèmes autoritaires seront affectés par la grande vague de protestations », ajoute-t-il.

    La ministre espagnol des Affaires Etrangères, Trinidad Jiménez, a exposé hier à Bruxelles la thèse opposée. « Je crois sincèrement que la situation en Tunisie et en Égypte est clairement différente de la situation au Maroc », assura-t-elle. « (…) il ne faut pas oublier que le Maroc est un pays qui a déjà entamé, il y a quelques années, un processus d’ouverture démocratique ».

    « La dynamique de la libéralisation politique initiée à la fin des années 1980 [durant le règne de Hassan II] est presque épuisée », soutenait, par contre, Moulay Hicham dans l’interview.

    Ignacio Cembrero
    El Pais, 31/012011
  • Le prince Moulay Hicham: « Le Maroc ne fera probablement pas exception »

    Le troisième dans la ligne de succession au trône du Maroc prévoit que le Maroc n’échappera pas aux révoltes qui secouent le monde arabe 

    Le prince Moulay Hicham (46 ans), troisième dans la ligne de succession au trône alaouite, se penche sur les révoltes qui secouent le monde arabe depuis fin décembre. Il prévoit que, d’une façon ou d’une autre, le Maroc n’y échappera pas. Moulay Hicham, qui a écrit de nombreux articles sur le monde arabe et parraine un centre de recherches sur cette région à l’Université de Princeton, entretien des rapports conflictuels avec son cousin germain, le Roi Mohamed VI du Maroc.

    Question. Est-ce que 2011 sera pour le monde arabe ce que fut 1989 pour le communisme ?
    Réponse. Le cours de l’histoire a déjà changé avec le renversement du régime de Ben Ali et quelle que soit l’issue de la crise égyptienne, il est évident que l’ancien régime ne saurait être préservé en l’état. Il faut donc conjuguer le changement au présent et pas au futur. Par ailleurs, le mur qui rendait impossible le soulèvement populaire était le mur de la peur, érigé dans la tête de chacun. Il se trouve que ce mur-ci s’est écroulé, ce qui a donné naissance à des mouvements de contestation démocratique dans le monde arabe. A vrai dire, la crise que connaissent les pouvoirs autoritaires pouvait être devinée depuis longtemps. Seulement, jusqu’aux derniers évènements, elle ne se traduisait que par un malaise profond. La nouveauté est dans le déclic qui a causé des éruptions et s’exprime par une lame de fond dans toute la région.
    Q. Ces révolutions tunisienne, égyptienne n’ont pas grand-chose à voir avec ce que nous avons connu jusqu’à présent dans le monde arabe.
    R. C’est une rupture avec les schémas précédents qui guidaient les mouvements de contestation dans le monde arabe depuis plus de deux décennies: le conflit israélo-arabe n’est plus au coeur des nouveaux mouvements de démocratisation, l’islamisme radical ne les inspire en rien. Mieux encore, l’acte fondateur de la révolution Jasmin en Tunisie a été l’immolation d’un jeune diplômé-chômeur, ce qui n’a aucun caractère religieux. Les nouveaux mouvements ne sont plus marqués par les anciens antagonismes comme l’anti-impérialisme, l’anti-colonialisme ou l’anti-sécularisme. Les manifestations de Tunis et du Caire ont été dépourvues de tout symbolisme religieux. C’est une rupture générationnelle qui réfute la thèse de l’exceptionnalisme arabe. De plus, ce sont les nouvelles technologies de communication de l’internet qui animent ces mouvements. Ceux-ci proposent une nouvelle version de la société civile où le refus de l’autoritarisme va de pair avec le rejet de la corruption. Ces mouvements sont nationalistes et non-autoritaires à la fois, ils sont pan-arabistes selon un nouveau modèle, en rupture avec la version anti-démocratique qui a sévi par le passé.
    Q. Quelles leçons tirer pour le Maroc et pour l’ensemble du Maghreb ?
    R. Le Maroc n’est pas encore touché mais il ne faut pas se leurrer sur ce fait: pratiquement tous les systèmes autoritaires vont être atteints par la vague de contestation et le Maroc ne fera probablement pas exception. Reste à savoir si cela se traduira par une contestation purement sociale ou par une revendication politique au sein des formations politiques en place, celles-ci étant enhardies par les récents événements. De toutes manières, il vaudrait mieux prévenir que guérir, procéder à l’ouverture bien avant que la vague de contestation ne déferle, plutôt qu’après. Il sera ainsi possible de préserver une certaine marge de manoeuvre. Sinon la crise rendra beaucoup plus malaisé le changement politique. C’est loin d’être un pari gagné car la dynamique de libéralisation politique lancée depuis la fin des années 90 s’est largement essoufflée. De ce fait redynamiser la scène politique marocaine dans ce contexte régional sans tomber dans la radicalisation sera un défi majeur.
    Q. En quoi le Maroc ressemble-t-il a su voisin tunisien ?
    R. Par rapport à la Tunisie, il est vrai que le Maroc présente davantage de médiation sociale entre le pouvoir politique et les masses mais ces médiations sont sérieusement décrédibilisées et le jeu institutionnel qui les relie est largement verrouillé. La très faible participation aux dernières élections l’a clairement démontré. Par ailleurs, le Maroc, du fait de ses dimensions, présente des différences notables avec la Tunisie : sa population est plus diversifiée, son ancrage dans l’histoire est beaucoup plus ancien et la différentiation sociale est plus grande et plus variée. Néanmoins, le fossé entre classes sociales sape la légitimité du système politique et économique. Les diverses formes de clientélisme dans l’appareil d’Etat mettent en péril sa survie. Enfin, si la majorité des acteurs politiques reconnaissent la monarchie, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils sont mécontents de la vaste concentration du pouvoir dans l’exécutif. Les nouveaux mouvements sociaux en Tunisie, au Yémen, en Jordanie, en Algérie et en Egypte ont mis en évidence la dignité du citoyen comme étant au centre du politique. Indépendamment des qualités humaines de l’individu, et même s’il s’agit d’un monarque éclairé, l’étendue du pouvoir monarchique depuis l’indépendance est incompatible de fait avec cette nouvelle dimension. Et la dignité du citoyen est devenue aujourd’hui fondamentale.
    Q. Vous êtes depuis toujours un observateur du monde arabe. Vos conseils sont-ils demandés à Rabat en cette période de turbulences ?
    R. Aucune partie, officielle ou officieuse, au Maroc ne m’a demandé mon avis. Le pays regorge d’intelligences et de ressources intellectuelles et politiques. Quant à moi, je compte préserver mon autonomie intellectuelle. Du reste, j’ai mes propres obligations dans le cadre de diverses institutions internationales et mon propre travail.
    Q. L’Europe craint l’instabilité sur sa rive sud, une poussée de l’islamisme, une augmentation de l’émigration clandestine etc.
    R. Ce n’est pas l’Europe qui est déterminante, pour une fois, ni l’Occident. Ces mouvements ont pris de court des régimes cajolés par l’Occident et, en particulier, en Afrique du Nord, par la France. C’est peut-être pour la première fois depuis l’ère coloniale que le monde arabe s’autodétermine, fait ses propres choix et se donne les moyens de sa démocratisation par des manifestations de rue qui n’ont pas été soutenues par l’Occident. Quant à l’Europe et plus globalement, le monde occidental, il doit se réveiller, arrêter de soutenir des dictatures non-viables et tout faire pour appuyer des mouvements qui visent le changement pluraliste dans la région. Il faut aussi sortir de la dichotomie manichéenne, encouragée par les régimes arabes, qui consiste à faire peur au nom de l’islamisme pour préserver le statu quo. Dans les nouveaux mouvements sociaux, la religion ne joue aucun rôle majeur. C’est plutôt une nouvelle génération sécularisée qui revendique sa liberté et sa dignité de citoyen face à des régimes qui agissent à l’encontre des droits de l’homme et du citoyen. Cela ne signifie pas pour autant que l’islam politique va jouer aucun rôle dans l’avenir des sociétés en voie de démocratisation. Il sera un élément parmi d’autres dans l’échiquier politique. Le problème majeur de ces mouvements n’est pas aujourd’hui l’islamisme mais l’absence de leadership politique.
    El Pais, 31/012011