Année : 2010

  • RÉSOLUTION 1514 : DU DEVOIR DE L’ALGERIE

    En confiant à l’Algérie , le soin d’organiser en grande pompe la célébration du cinquantenaire de la Résolution 1514 – Résolution des indépendances- L’ONU non seulement rappelle que la décolonisation reste le point cardinal de son rôle, mais conforte aussi la lutte de libération des peuples palestinien et sahraoui. C’est l’un des messages qui a été relevé indirectement par les participants à la Conférence internationale organisée à l’occasion du cinquantième anniversaire de cette résolution. Une Conférence à laquelle ont été invités d’éminentes personnalités politiques et des chefs d’État qui ont marqué le mouvement de libération mondial et qui sont encore les témoins vivants de ces combats de libération. 
    Ainsi l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, compagnon de Nelson Mandela, qui s’active pour éviter la guerre civile en Côte d’Ivoire, aux sages de l’Union africaine, fondateurs de l’OUA, l’ancien président de la Zambie, Kenneth Kaunda et le premier président algérien, Ahmed Ben Bella , qui ont tenu à être présents malgré le poids visible des années. Il y avait aussi dans cette salle du Palais des nations, où fut proclamé l’État de Palestine et qui fut le théâtre de tant d’événements historiques, une héroïne de la première heure du peuple vietnamien, Nguyen Thi Binh. 
    Il y avait aussi du haut de ses 90 ans Stephane Hessel, rescapé des camps nazis, élevé à la dignité d’ambassadeur de France et qui se bat pour les droits du peuple palestinien, stigmatisant la nouvelle barbarie des descendants de ceux qui ont échappé ou survécu à l’Holocauste. Présent aussi Maître Jacques Vergès, compagnon de la libération, avocat du FLN, plaidant toujours et jusqu’a son dernier souffle comme il aime à le dire. Et aussi Pierre Galand, l’infatigable défenseur des peuples palestinien et sahraoui. Une lutte à laquelle il se consacre depuis plus de quarante ans et qui souligne la «centralité» de la lutte des Palestiniens et «l’exemplarité» de celle des Sahraouis, dont le pays, on ne cessera pas de le rappeler, est la dernière colonie d’Afrique (Le Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds). Une décolonisation contrariée par un pays qui a lui même subit le joug colonial a travers les artifices d’un protectorat. Il dénonce dans un même élan le risque génocidaire à El Ayoun occupée et le blocus imposé à Ghaza, devenue, un vaste ghetto. Il lance un appel à l’ONU pour intervenir en urgence afin de mettre un terme à cette injustice dont souffrent les Sahraouis et les Palestiniens. Il exige, dans la foulée, l’envoi par l’ONU d’une commission d’investigation à El Ayoun pour enquêter sur les violations des droits de l’Homme dans cette région. Il faut également élargir les missions de la Minurso pour faire respecter les droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés, lance-til, la crinière blanchie sous le harnais. Un confrère a relevé la remarque d’un journaliste occidental qui se demandait pourquoi l’Algérie s’obstine, 50 ans après son indépendance, à vouloir toujours défendre des peuples qui aspirent à la décolonisation. Citons la belle formule d’un autre éditorialiste en vue qui écrit que se faisant l’Algérie agit ainsi car c’est dans son ADN. C’est aussi et surtout parceque le combat libérateur du peuple algérien et de ceux qui ont donné naissance à la 1514 a été, est et sera, aux côtés des peuples qui luttent pour leur liberté et leur émancipation, qu’ils aient tort ou raison, selon la formule lumineuse du président Boumediene, dont l’ombre planait en cette rotonde du Palais des nations, dont il fit une tribune au service exclusif du droit et de la justice .

     Mokhtar Bendib 
    Le Courrier d’Algérie, 15/12/2010

  • Appel pressant à l’achèvement du colonialisme

    La conférence internationale sur la célébration du 50ème anniversaire de la résolution 15-14 sur le droit des peuples à l’indépendance tenue au Palais des Nations- Club des Pins a lancé un appel pressant à l’achèvement du colonialisme. «Le colonialisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations est contraire aux buts et principes de la charte des Nations Unies et aux normes du droit internationale», indique la déclaration d’Alger. S’appuyant sur le fond de résolution la résolution 1514, la déclaration d’Alger rejette tout alibi. 
    Les participant à la conférence estiment qu’en vertu du droit international, «aucun prétexte lié à la superficie du territoire, à la situation géographique, ou à l’importance numérique des peuples, ne saurait être recevable, pour empêcher le libre exercice des peuples encore colonisés au droit à l’autodétermination et à l’indépendance». Ils ont appelé à l’unanimité à l’adoption au sein de l’ONU des mesures efficaces, pour l’application intégrale de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux peuples coloniaux. Allusion faite à la cause palestinienne et sahraouie (Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds).
    Les participants ont voulu saisir cette conférence pour dénoncer la politique de deux poids et deux mesures appliquées au sein de l’assemblée des Nations Unies. En plus de l’appel à l’indépendance des peuples, la déclaration a mis l’accent sur l’association des ex-pays colonisés à la prise de décision au sein des organisations onusiennes. Une question vivement soulevée lors des débats organisés hier, au sein de quatre ateliers. L’indépendance économique et la souveraineté des pays dans la gestion de leur ressource constituent le nouveau défi auquel sont confrontés les pays africains. Les participants ont noté que leurs pays ex-coloniaux s’efforcent de promouvoir un partenariat mutuellement bénéfique avec les autres pays, tout en veillant à la préservation de leur capacité autonome de décision et de leur souveraineté sur leurs ressources naturelles. 
    La conférence d’Alger était un rendez-vous historique. Des personnalités éminentes et des grandes figures de la lutte anticoloniale ont participé au rendez-vous. Cette conférence a permis d’ouvrir un espace de débat sur les questions de colonisation et de confirmer la volonté des pays à poursuivre leur combat, pour l’achèvement du colonialisme.
    Nadira B.
    Le Carrefour d’Algérie, 15/12/2010
  • Appel à une application intégrale des résolutions onusiennes

    Les participants à la conférence internationale célébrant le cinquantenaire de la Résolution onusienne 15-14 du 14 décembre 1960 relative au droit des peuples à l’autodétermination ont approuvé hier une déclaration, dite d’Alger, à travers laquelle ils appellent l’ONU à l’application intégrale de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux. 


    Sofiane Aït-Iflis – Alger (Le Soir) – Il était attendu que les figures pionnières des indépendances nationales, rassemblées durant deux jours à Alger, allaient émettre un appel d’une telle teneur, tant est que l’ONU n’est pas irréprochable en matière d’application des résolutions relatives aux indépendances. Il reste encore de par le monde des peuples qui luttent pour le recouvrement des souverainetés de leurs territoires occupés, les Sahraouis et les Palestiniens, entre autres. D’ailleurs, Ramtane Lamamra, le commissaire à la sécurité et la paix de l’Union africaine (UA), a déploré, lundi, en marge des travaux de la conférence, la politique de «deux poids deux mesures» de l’instance onusienne. Ce qu’a dénoncé le diplomate algérien est aisément vérifiable à travers ce qui se passe au Proche-Orient et au Sahara occidental. C’est, cela noté, tout naturellement que les participants à la conférence d’Alger ont pensé à agir pour que les choses évoluent au sein de l’Organisation des Nations unies. Ils ont, en effet, appelé à l’adoption au sein des Nations unies et dans l’ensemble de son système des mesures efficaces les plus à même d’assurer une meilleure application des décisions. Les rédacteurs de l’appel parlent d’application intégrale. La Déclaration d’Alger se veut aussi un rappel de ce qu’aucun prétexte ne saurait justifier une hésitation ou carrément un manquement s’agissant de l’application des résolutions relatives à la décolonisation. «Aucun prétexte lié à la superficie du territoire, à la situation géographique ou à l’importance numérique des peuples ne saurait être recevable pour empêcher le libre exercice des peuples encore colonisés au droit à l’autodétermination et à l’indépendance.» Autrement dit, la Déclaration d’Alger exhorte l’ONU à aller au bout du processus de décolonisation entamé il y a plus de cinquante ans. Sans aller jusqu’à faire le bilan des indépendances acquises depuis cinquante ans, les participants à la conférence d’Alger ont noté les efforts consentis pour la reconstruction des structures étatiques sociales et économiques que le colonialisme avait détruites. Cependant, ils ne perdent pas de vue que le système de coopération économique ne fait pas la part belle aux pays anciennement colonisés. Aussi appellent-ils à des mécanismes facilitant une participation équitable à l’économie mondiale. Car, en définitive, si les souverainetés territoriales sont un fait indéniable, celles économiques mais aussi politiques restent à réaliser. 
    Le Soir d’Algérie, 15/12/2010
  • 60 Sahraouis poursuivis en justice

    Après l’expédition sanglante contre les Sahraouis à El Ayoun occupée qui a fait des dizaines de morts, le régime marocain a mobilisé son appareil judiciaire, militaire et civil, pour achever son «œuvre» répressive.

    Ainsi, 60 Sahraouis «accusés d’avoir manifesté contre le démantèlement par les forces de l’ordre marocaines d’un campement de contestataires» près d’El Ayoun, au Sahara occidental, ont été renvoyés devant la justice, dont 6 devant un juge militaire, a indiqué un communiqué du parquet de la ville d’El Ayoun, cité par l’AFP. Absurde. C’est le moins qu’on puisse dire. C’est le bourreau qui juge ses victimes. Gagné par la panique, le palais royal s’entête dans son aveuglement. «Six des mis en cause ont été déférés devant le directeur de la justice militaire pour compétence», a précisé un communiqué. Ils seront présentés devant un juge militaire. Parmi les six figure l’emblématique militant sahraoui des droits de l’homme, Naâma Esfari. Il faut rappeler que l’activiste sahraoui avait disparu depuis la veille de l’assaut donné par l’armée marocaine pour démanteler le camp. Il a déjà séjourné plusieurs fois dans les geôles de «sa majesté».

    Les autres personnes ont été présentées au juge d’instruction pour interrogatoire sur les «crimes» qui leur sont reprochés. Le parquet a précisé qu’elles étaient poursuivies pour «crime contre des forces de l’ordre et destruction de biens publics et privés». Face à cette répression barbare, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la fureur marocaine. Même la députée Guejmoula Bent Abbi du Parti du progrès et du socialisme (PPS), ex-dirigeante du Polisario passée au Maroc, a fini par sombrer devant la cruauté du régime marocain. Dans une interview accordée à la chaîne publique catalane, elle a déclaré : «A aucun moment, je ne m’attendais à ce que le démantèlement du camp à Gdeim Izik se fasse de la manière dont il a été fait (…) Cela s’est fait de manière violente. Il y a eu des morts, beaucoup de blessés. Et beaucoup de gens, beaucoup de femmes et d’enfants ont traversé ce désert long de 18 km dans des conditions très très difficiles, en marchant et avec la peur au ventre.

    En réalité, j’ai été vraiment impressionnée de constater que des citoyens marocains, avec la police, ont menacé des Sahraouis en détruisant les maisons et en emportant les biens des Sahraouis (…).» Cependant, l’acharnement du régime de Mohammed VI ne fait que renforcer la détermination du peuple sahraoui dans sa lutte pour son autodétermination. Chaque jour qui passe, des secteurs importants de l’opinion internationale rallient cette cause juste. La preuve en a été donnée encore une fois, hier à Madrid, où plusieurs milliers de personnes ont manifesté contre la répression marocaine.

    La manifestation, initiée par la Coordination nationale d’associations solidaires avec le Sahara, a vu la participation des leaders des deux grands syndicats espagnols, Candido Mendez de l’UGT et Ignacio Fernandez Toxo du CCOO, ainsi que du célèbre acteur espagnol Javier Bardem. «Nous appelons l’Union européenne et l’Espagne à condamner cette brutale répression et les invitons à demander au roi du Maroc qu’il mette fin à cette violence injustifiée, disproportionnée et cruelle», a déclaré Javier Bardem dans un discours, à la fin de la manifestation. Les manifestants ont scandé à vive voix «Maroc coupable, Espagne responsable», «Sahara libre maintenant !» ou encore «Maroc dehors, 35 ans d’occupation cela suffit».

    L’attitude du gouvernement socialiste de Jose Luis Rodriguez Zapatero a été vivement dénoncée par les organisateurs de la manifestation. Comment ne pas le faire alors que Zapatero préfère les intérêts bassement mesquins qui passent avant le droit d’un peuple à une vie libre et digne ? Il a expliqué, à partir de Séoul, que «les intérêts de l’Espagne devaient passer en premier» et que «la relation avec Rabat était une question prioritaire, une question d’Etat». Le dirigeant de l’opposition espagnole, Mariano Rajoy, a critiqué aussi cette position de Zapatero au cours d’un meeting en Catalogne, hier.

    Par ailleurs, plusieurs gouvernements ont énergiquement dénoncé la répression marocaine. Le gouvernement sud-africain a indiqué avoir «appris avec consternation la manière brutale» avec laquelle les forces d’occupation marocaines ont attaqué le camp sahraoui et appelé à une «solution qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Même ton utilisé par le gouvernement vénézuélien. Caracas a condamné avec des termes forts l’agression «brutale» perpétrée par l’armée d’occupation marocaine contre les Sahraouis. Le gouvernement bolivarien a exprimé «son inquiétude» face à des actes de violence exécutés par les forces de répression marocaines.
    Hacen Ouali

    El Watan, 15/12/2010

  • 50e anniversaire de la résolution 1514 La lutte continue !

    Les participants à la conférence internationale d’Alger qui a marqué la célébration du 50e anniversaire de la résolution 1514 (XV) ont adopté, à l’unanimité, mardi soir au Palais des nations, une déclaration rédigée en 25 points dans laquelle ils ont réaffirmé «la validité et la pertinence de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux» et ont exprimé leur conviction que «le parachèvement de la décolonisation est inéluctable».

    La référence est particulièrement faite au Sahara occidental et à la Palestine dont les peuples vivent, à ce jour, sous le joug colonial. Occupé par le Maroc depuis 30 ans, le Sahara occidental est la dernière colonie d’Afrique.

    Pour hâter le processus de décolonisation des 16 derniers Etats encore sous domination à travers le monde, les représentants de la société civile internationale et les anciennes grandes figures de la lutte anticoloniale en Afrique et en Asie, à l’image du président Kenneth Kaunda et de Mme Nguyen Thi Binh, ancienne vice-présidente du Vietnam, se sont joints aux conférenciers pour soutenir «l’adoption au sein de l’Organisation des Nations unies et dans l’ensemble du système des Nations unies, de mesures efficaces pour l’application intégrale de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux».


    Si les participants à cette conférence – qui a rassemblé plusieurs organisations internationales et régionales, des représentants de la société civile internationale, des journalistes et des artistes venus des quatre coins du monde – se sont dit compter sur les instances internationales pour éradiquer le colonialisme, ils ne songent toutefois pas rester les bras croisés et attendre bien gentiment que le Conseil de sécurité de l’ONU, actuellement pris en otage par les Occidentaux, daigne aller dans le sens des aspirations des pays du Sud.


    La révolution comme au bon vieux temps


    C’est ainsi que tout en réitérant avec force «leur solidarité avec les peuples des territoires non autonomes qui aspirent à exercer leur droit à disposer d’eux-mêmes dans le cadre préconisé par la résolution 1514», ils se sont engagés à peser de tout leur poids pour accélérer l’émancipation des peuples colonisés et à faire prendre conscience à l’opinion publique internationale de la justesse du combat pour la décolonisation. L’un des principaux objectifs assignés à cette conférence, a indiqué un responsable d’ONG dans un grand pays africain, est justement de remobiliser le mouvement pour les indépendances autour d’un idéal commun et de reconstruire les liens de solidarité qui unissaient très fortement par le passé les pays du Sud. Des liens qui, a-t-il regretté, se sont considérablement érodés avec le temps. Aussi, outre le souci visible de contribuer à tourner définitivement la page du colonialisme, les participants à cette conférence internationale – qui a pour ainsi dire reçu l’onction des pères fondateurs du continent africain et des principaux leaders d’Amérique latine et d’Asie – ont débattu, deux jours durant, des moyens à mettre en place et des démarches à suivre pour permettre à leur pays respectifs de faire face aux défis induits par la mondialisation et de «participer pleinement» à la gouvernance mondiale.


    Si la résolution 1514 paraît avoir atteint le gros des objectifs pour lesquels elle a été conçue, il n’empêche que le bilan des indépendances montre, malheureusement, que la tâche sera rude tant il reste énormément à faire pour atteindre ne serait-ce que les minima en matière de développement. La raison tient au fait que la souveraineté des Etats est mise à rude épreuve tant sur le plan politique que sur le plan économique dans de nombreuses régions du monde. Cela vaut surtout pour les Etats africains qui ont fait beaucoup de surplace depuis les années 1960.


    L’ancienne vice-présidente de la République du Vietnam, Mme Nguyen Thi Binh, s’inspirant d’une phrase célèbre du président Nelson Mandela, a d’ailleurs très bien résumé la situation en soutenant l’idée que «les pays nouvellement indépendants ont acquis seulement le droit à la liberté mais pas encore la liberté». En fait, Mme Nguyen Thi Binh ne voulait rien dire d’autre que le processus qui permet aux peuples anciennement colonisés d’être vraiment libres, maîtres de leur destinée et de choisir leur voie de développement est long est difficile. En bref, tous s’accordent sur le fait que la lutte doit continuer jusqu’à ce que les peuples du Sud puissent compter dans le concert des nations et aient leur mot à dire. «La lutte continue !» est d’ailleurs le slogan le plus scandé par les participants. Cela n’est pas allé d’ailleurs sans rappeler le temps où l’idéal révolutionnaire avait connu ses plus grands moments de gloire.


    Dans ce contexte, le constat aujourd’hui montre que les indépendances nécessitent d’être renforcées tout autant qu’il est impérieux pour de nombreux pays de se lancer, sans plus tarder, dans la bataille pour recouvrer leur souveraineté économique. C’est, en gros, à cette double attente que s’est aussi proposée de répondre la rencontre. Bien qu’il n’était peut-être pas attendu d’eux qu’ils ressuscitent le Mouvement des non-alignés, beaucoup de jeunes participants n’étaient pas contre l’idée, en tout cas, de jeter les bases à un «bloc» qui s’en inspirerait et «qui permettrait au Sud de sortir la tête de l’eau». Est-ce là une utopie ? Possible. Mais Olof Palme ne disait-il pas aussi que c’est de l’utopie que naissent les grands projets… Mais en attendant que cela se réalise, la déclaration issue de la conférence d’Alger sur la résolution 1514 s’est faite un point d’honneur à prôner «la coopération Sud-Sud ». Une coopération, est-il souligné, qui contribue à la préservation de l’indépendance et à la facilitation de la participation équitable des pays ex-coloniaux à l’économie mondiale.
    Zine Cherfaoui
    El Watan, 16/12/2010
  • Sahara occidental : «Une solution régionale est irréalisable» (Wikileaks)

    Les autorités espagnoles ne croient pas en une «solution régionale» au dossier sahraoui. Alvaro Iranzo, directeur général des affaires étrangères pour la région MENA, a affirmé, au cours d’un entretien avec Welch, qu’une résolution «régionalement acceptable» était «irréalisable», peut-on lire dans un câble diplomatique daté de novembre 2006 publié par WikiLeaks.

    La raison de ce blocage est que l’Algérie et le Maroc «se tiennent à la gorge».  Selon le rédacteur du document, l’approche clairement envisagée par l’Espagne est le principe qu’elle-même avait appliqué à certaines de ses régions, comme la Catalogne. «Ce qui équivaut à abandonner le vocabulaire de la «décolonisation», tel indépendance et souveraineté, et ce, en faveur d’autres concepts de «mondialisation, comme la régionalisation, l’autonomie et l’autogestion», est-il noté. La péninsule ibérique semble, selon le diplomate US, assis entre deux chaises. «Sa dépendance des ressources naturelles algériennes et sa coopération avec le Maroc quant au travail, au commerce, met ce pays dans une position inconfortable. Il se doit donc de garder de bonnes relations avec les deux pays», est-il estimé dans le document.

    De ce fait, «les intérêts de l’Espagne se situent indéniablement dans une résolution du conflit sahraoui, l’ouverture des frontières algéro-marocaines, ainsi que l’engagement d’une économie nord-africaine régionalement intégrée», ajoute-t-on. Ainsi, le gouvernement de Zapatero «a essayé, essaye et essayera toujours de trouver une solution définitive au dossier sahraoui. Une solution qui soit juste, politiquement et bilatéralement acceptable et qui puisse permettre l’exercice de l’autodétermination du peuple sahraoui», avait d’ailleurs insisté M. Moratinos. Ce dernier reste convaincu qu’un consensus pouvait être trouvé si seulement les parties incluses se mettaient d’accord. «Ce qui manque, c’est la volonté de ces antagonistes de négocier une solution au sein même de la structure des Nations unies, ses principes et ses résolutions», est-il consigné dans le câble.   

    Ghania Lassal
    El Watan, 16/12/2010
  • Violences démocratiques

    « Les démocraties ne peuvent pas plus se passer d’être hypocrites que les dictatures d’être cyniques.» 5Georges Bernanos °

    On se gargarise dans l’absurde avec les derniers événements de l’actualité internationale où la démocratie cupide est concoctée à toutes les sauces qui trépident pour servir au commun des mortels une choucroute démocratique cuisinée à la bastonnade, à la diversion ou carrément à la canonnade et profitant inexorablement à des intérêts panifiés et planifiés. Première représentation de ce « façadisme » enjôleur : l’Egypte où les militants du parti au pouvoir s’exprimaient « démocratiquement », lors du scrutin législatif à coups de poing et couteaux mis au point pour élever le taux du suffrage et faire ainsi barrage à une opposition bastonnée et réduite, en la circonstance, à une peau de chagrin. Puis c’est le bourrage légal des urnes et de la manipulation des voix et des lois pour unifier et « purifier » une assemblée législative qui servira de tremplin au Raïs pour un mandat jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le parti au pouvoir est passé ainsi de la domination au monopole de toute une assemblée par des élections au goût de sang et à l’odeur de poudre.

     La deuxième illustration de ces mascarades montées, révélée par l’actualité, nous vient du voisin marocain ou l’on excelle dans la manipulation des masses pour obnubiler et faire diversion dans le but de desserrer l’étau de la pression internationale sur les massacres commis par les soldats de notre « ami M6 » dans les camps sahraouis d’El Ayoun. (capitale du Sahara Occidental, occupée par le Maroc depuis 1975, ndds). En organisant une manifestation « pacifiquement » gigantesque et « démocratiquement » grotesque pour dénoncer le vote-sanction du Parlement européen, le Makhzen a cru trouver la parade en s’acharnant, en cette circonstance pour laver plus blanc, sur le bouc émissaire tout trouvé le parti populaire espagnol. Pourtant ce dernier n’a fait que suivre ses pairs européens dans le vote pour condamner les violences perpétrées par les Marocains à El Ayoun. User de ce subterfuge « démocratique » en faisant sortir le peuple dans la rue afin de légaliser «démocratiquement» la violence en territoire sahraoui occupé, relève de la plus pure abjection que l’on puisse imaginer de la part d’un belligérant en perdition accélérée sur cette question de décolonisation.

     Enfin, le troisième tableau nous est présenté par un site qui est devenu la plaque tournante de toutes les infos croustillantes des coulisses politiques. Wikileaks, où le tout nouveau Lucky Luke des temps modernes Julian Assange qui tire plus vite, en nous sortant de l’ombre des mille et un coins de la Toile, d’interminables documents confidentiels. Assange dérange car l’Amérique de l’Oncle Sam y tient ou plutôt détient le rôle majeur du cow-boy justicier intervenant aux quatre coins de la planète à coup de massacres en Afghanistan, d’Abou Ghreib en Irak, de drones meurtriers, de prison-torture à la Guatanamo pour « promouvoir la démocratie » et « instaurer des gouvernements transparents » d’aplaventrisme. En dévoilant plus de 400.000 notes et des documents confidentiels sur la sale guerre d’Irak et d’Afghanistan, Wikileaks nous configure l’instauration de la démocratie par la violence, utilisée cette fois-ci à grande échelle. A travers ces interminables révélations rassemblant des agissements malsains, des tartufferies, des basses manœuvres, des intrigues ourdies, des déclarations sournoises et pestiférés en aparté et en toute lâcheté d’hommes politiques, nous assistons à un véritable appauvrissement de « l’authenticité démocratique », celle de l’équité et la sécurité à laquelle nous y avons crue. Ces moyens paradoxaux entretenus dans les divers espaces de notre planète, s’opposent même à la finalité du principe démocratique qui a pour but d’éradiquer, voire de sublimer toute sorte de violence.

     A l’exemple de cette démocratie à la carte qui prône à doses prescrites une liberté d’expression pour justifier des animosités outrecuidantes, des comportements outrageants envers certains pays ou certaines personnalités et surtout une certaine religion.

     Le retour du boomerang de cette ordonnance tombe aujourd’hui sur ceux qui l’ont préconisée. La fermeture du site Wikileaks, le chassé-croisé des blogs qui diffusent ces documents secrets et l’arrestation du fondateur de Wikileaks montrent on ne peut plus clair les limites machiavéliques et les contradictions insidieuses dans l’application de ce principe fondateur de la démocratie. Cet état de fait met surtout à nu la perfidie dans laquelle baignent ceux qui l’utilisent lorsqu’il s’agit d’autrui. Julian Assange est incarcéré aujourd’hui à Londres, le délit qu’on lui incrimine : violences sexuelles présumées en Suède !? – comme si on ne connaissait pas ce pays dans ce registre – la violente répression qui s’abat sur les sites qui se relayent ses documents, nous dévoile indéniablement que la liberté d’expression à laquelle on est convié, est une liberté conditionnelle qui ne sert que les intérêts des puissants.

     Il est des périodes données du cycle de l’histoire où apparaît à chaque fois un sage Assange qui vienne nous secouer et en même temps nous rappeler cette amère vérité.


    par Remmas Baghdad, Universitaire – Saïda 
    Le Quotidien d’Oran, 16/12/2010
  • Un tournant dans l’histoire du conflit

    Le démantèlement du camp de Gdeim Izik, près d’El Ayoun, par les forces armées marocaines, avec tout ce qui l’a accompagné comme victimes, tapage médiatique et réactions internationales, marque un tournant dans le conflit du Sahara occidental.
    Au-delà de ce qui s’est passé lors des affrontements, et en dehors des considérations factuelles, ces évènements sont à inscrire dans le nouveau processus en cours au Sahara occidental. Lequel processus avait commencé avec la sortie très médiatisée de la militante sahraouie, Aminatou Haider, et tout ce que son combat individuel a pu apporter au destin d’un peuple encore dispersé entre camps de refugiés, au sud–ouest de l’Algérie et villes sahraouies, dont le sort n’est toujours pas connu, 35 ans après le départ des soldats espagnols de cette ex-colonie.
    Un tournant, dans la mesure où ce sont les populations sous contrôle marocain, qui font parler d’elles, à travers le monde. Un tournant par ce que les forces armées royales sont intervenues, publiquement, pour réprimer une manifestation. Voilà ce que le monde retiendra. Mais, à moyen et long terme, ces événements risquent de peser lourd dans la balance, sachant que les deux parties en conflit, le Maroc et le front Polisario, devraient se retrouver, de nouveau, autour d’une table de négociations, pour tenter de trouver une issue pacifique à un conflit qui n’a que trop duré.
    Et c’est parce que le conflit a duré, que le statu quo s’est installé depuis la trêve conclue en 1991, que les choses devaient « bouger », dans un sens comme dans l’autre. D’une part, un roi qui doit faire ses preuves et justifier les dépenses énormes que coûte le maintien de dizaines de milliers de soldats au Sahara occidental ainsi que leur armement, mais aussi, les populations déplacées du Maroc, depuis la « marche verte », sans compter les Sahraouis qui appuient la thèse de Rabat.
    Tout cela a un prix, et le Maroc, crise économique mondiale oblige, ne peut éternellement supporter de telles charges, alors que dans le royaume des voix s’élèvent chaque jour pour réclamer l’amélioration des conditions de vie et la création de postes d’emplois pour les diplômés.
    D’autre part, le front Polisario, qui a abandonné les armes depuis 1991, semblait se complaire dans le statu quo, tant que les dons du haut commissariat aux réfugiés pleuvaient, ainsi que ceux des centaines d’ONG qui n’arrêtent pas de porter assistance au peuple sahraoui.
    Mais à mesure que le temps passait, le mécontentement est devenu visible, notamment chez les jeunes sahraouis, qui pressent leurs leaders politiques à agir autrement, y compris en reprenant les armes, pour finir avec la situation de précarité dans laquelle ils vivent.
    Les précédents rounds de négociations ont buté sur l’intransigeance des parties en conflit, même si le Polisario a fait une concession, en acceptant d’ajouter l’option d’autonomie proposée par le Maroc, aux deux autres questions devant être posées lors du référendum d’autodétermination (indépendance ou rattachement au Maroc).
    Feu Hassan II avait accepté le principe du référendum et c’est à partir de là que la MINURSO (mission des nations unies pour le référendum au Sahara occidental) a été créée par l’ONU, avant que les autorités marocaines ne se ravisent et refusent catégoriquement toute idée de référendum.
    Les deux parties campent sur leurs positions : question de décolonisation pour les uns, recouvrement de la souveraineté territoriale pour les autres. Le Maroc et le Polisario auront la lourde tâche d’écrire une page de leur histoire : soit ils seront les bâtisseurs de la paix dans la région, soit ils cèderont aux tentations guerrières avec toutes les conséquences que cela suppose.

    Par: Azzeddine Bensouiah

    Magharebia 16/12/2010
  • Les affrontements de Laâyoune renforcent la position du Polisario

    Les derniers événements dramatiques qui ont frappé la scène sahraouie vers la fin du mois dernier ont surpris tout le monde, vu l’ampleur des manifestations et la violence des affrontements opposant des milliers de manifestants et des soldats de l’armée marocaine. Certains observateurs de la cause du peuple sahraoui trouvent que ces affrontements représentent un tournant majeur dans le cours des événements de ce conflit depuis son commencement.
    Le Polisario est le premier à bénéficier de ces affrontements qui ont causé de nombreuses victimes, car il peut interpréter la manifestation de la mi-novembre comme une expression de la colère croissante de larges segments du peuple sahraoui vis-à-vis de la situation du Sahara occidental, et de la présence de l’administration royale et l’armée marocaine dans la région depuis plus de 3 décennies.
    Les dirigeants du peuple sahraoui vont certainement considérer ces manifestations massives et bruyantes comme une révolte contre ce qu’ils considèrent une occupation militaire marocaine du territoire sahraoui. Le Polisario exige d’accorder aux sahraouis le droit à l’autodétermination, conformément aux résolutions de l’ONU ; tandis que le Maroc rejette cette demande en insistant sur la « marocanité » du Sahara occidental …
    Ces développements et leurs implications sur la question du Sahara et sur les parties locales, régionales ou internationales concernées, vont engendrer de nouvelles complications avec des dimensions imprévisibles ; alors que les deux parties du conflit – des représentants du peuple sahraoui et de l’Etat marocain – s’apprêtent à se réunir, sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, pour une nouvelle session de pourparlers qui n’ont pas encore réalisé de progrès significatif …
    Le Front Polisario entamera les nouvelles négociations en s’appuyant sur ce que les récents événements sanglants ont démontré en termes de colère populaire contre la présence marocaine au Sahara occidental, et d’incapacité de l’administration et armée marocaines d’assurer stabilité et loyauté au trône marocain dans cette région …
    Quant au gouvernement de Rabat, son intervention dans les événements récents a affecté sa crédibilité. Un autre élément qui enfonce le couteau dans la plaie pour le régime marocain, est la position du gouvernement et parlement espagnols concernant ces affrontements qui ont eu lieu sur les terres sahraouies, indiquant clairement que l’Espagne – ancien colonisateur du Sahara occidental – s’oppose fermement à la soi-disant occupation marocaine, et appelle à donner au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination tel qu’il est stipulé dans les décisions de l’Organisation des Nations Unies, et comme ce fut le cas pour toutes les autres anciennes colonies.
    C’est dans ces circonstances que les marocains et les sahraouis vont reprendre les pourparlers. Ces nouvelles négociations seront-elles différentes des précédentes ?
    Les parties marocaine et sahraouie vont-elles insister sur leurs positions divergentes ?
    Le Maroc va-t-il changer d’avis concernant sa proposition d’accorder l’autonomie au Sahara occidental au sein de l’Etat marocain, ou va-t-il garder cette option malgré la gravité et la signification de la récente révolte dans la région du Sahara ?
    Le Front Polisario va-t-il succomber à la pression régionale et internationale et accepter un compromis qui satisfera les deux parties et mettra fin à ce conflit qui a duré 35 ans ?
    On manque malheureusement d’indicateurs optimistes …

    Par: Salah Zeghidi

    Magharebia, 16/12/2010

  • Appel pressant à l’achèvement du colonialisme

    La conférence internationale sur la célébration du 50ème anniversaire de la résolution 15-14 sur le droit des peuples à l’indépendance tenue au Palais des Nations- Club des Pins a lancé un appel pressant à l’achèvement du colonialisme. «Le colonialisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations est contraire aux buts et principes de la charte des Nations Unies et aux normes du droit internationale», indique la déclaration d’Alger. S’appuyant sur le fond de résolution la résolution 1514, la déclaration d’Alger rejette tout alibi. 
    Les participant à la conférence estiment qu’en vertu du droit international, «aucun prétexte lié à la superficie du territoire, à la situation géographique, ou à l’importance numérique des peuples, ne saurait être recevable, pour empêcher le libre exercice des peuples encore colonisés au droit à l’autodétermination et à l’indépendance». Ils ont appelé à l’unanimité à l’adoption au sein de l’ONU des mesures efficaces, pour l’application intégrale de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux peuples coloniaux. Allusion faite à la cause palestinienne et sahraouie (Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds).
    Les participants ont voulu saisir cette conférence pour dénoncer la politique de deux poids et deux mesures appliquées au sein de l’assemblée des Nations Unies. En plus de l’appel à l’indépendance des peuples, la déclaration a mis l’accent sur l’association des ex-pays colonisés à la prise de décision au sein des organisations onusiennes. Une question vivement soulevée lors des débats organisés hier, au sein de quatre ateliers. L’indépendance économique et la souveraineté des pays dans la gestion de leur ressource constituent le nouveau défi auquel sont confrontés les pays africains. Les participants ont noté que leurs pays ex-coloniaux s’efforcent de promouvoir un partenariat mutuellement bénéfique avec les autres pays, tout en veillant à la préservation de leur capacité autonome de décision et de leur souveraineté sur leurs ressources naturelles. 
    La conférence d’Alger était un rendez-vous historique. Des personnalités éminentes et des grandes figures de la lutte anticoloniale ont participé au rendez-vous. Cette conférence a permis d’ouvrir un espace de débat sur les questions de colonisation et de confirmer la volonté des pays à poursuivre leur combat, pour l’achèvement du colonialisme.
    Nadira B.
    Le Carrefour d’Algérie, 15/12/2010