Année : 2010
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La mission de Ross minée par les interférences de Paris
Cette rencontre informelle à laquelle prennent part des représentants des deux pays observateurs, la Mauritanie et l’Algérie, se tient à un peu plus d’un mois de la précédente (8 novembre). Un processus de négociations en vue «de trouver une solution juste et mutuellement acceptable sur la base du respect du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental», soulignent les résolutions onusiennes. Ce qui semble être une rude tâche à accomplir pour Christopher Ross qui, depuis sa nomination à ce poste, n’a cessé de multiplier ses rencontres avec le Front Polisario et Rabat sans qu’il y ait des avancées pour son règlement.A ce propos, le président de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), et secrétaire général du Front Polisario, a émis le souhait de voir cette quatrième réunion informelle de Ross amener le «gouvernement marocain à lever tous les obstacles empêchant l’avancement des négociations», ajoutant que la délégation sahraouie, conduite par Khatri Addouh prend part à la réunion de Manhasset avec «une volonté franche et une main tendue à la paix». La délégation marocaine conduite par Taïeb Fassi-Fihri s’accroche à la promotion de sa proposition d’«autonomie» pour le Sahara Occidental. L’envoyée personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, est confronté à ce différend de fond entre le Front Polisario et le Maroc dans ses efforts consentis, jusque-là sans résultats du fait que Paris soutienne Rabat au sein du Conseil de sécurité.A ce propos, avant son envol pour Manhasset, le ministre des Affaires étrangères marocain s’est rendu, mardi dernier, à Paris pour rencontrer la responsable de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie. Réitérant le soutien inconditionnel de Paris à Rabat, qualifiant cette relation de «partenariat exceptionnel», Mme Alliot-Marie a rappelé «le soutien» de son pays «à la proposition marocaine» sur le Sahara Occidental. Un rappel qui intervient à moins de 48 heures du début de la réunion informelle de Manhasset et ce, pour donner de l’assurance au ministre marocain après les pressions et les camouflets qu’endure le Makhzen sur le plan international, depuis son attaque du camp de la Liberté de Gdeim Izik.Les résolutions des parlements, européen et espagnol, dénonçant la barbarie de Rabat dans les territoires sahraouis occupés, illustrée par le massacre du 8 novembre à Gdeim Izik, demeurent lourdes à porter par le Maroc. Aussi, la mission de M. Ross demeure difficile du fait du refus de Rabat de se soumettre au droit international. Cela, au moment où l’ONU célèbre le cinquantième anniversaire de la résolution 1514 sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.Karima BennourLa Nouvelle République, 18/12/2010 -
Un quatrième round teinté de pessimisme
La quatrième réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc s’est ouverte hier à Manhasset (New York) pour une durée de deux jours sous l’égide des Nations unies.
Cette rencontre a lieu à huis clos à la résidence de Greentree Estate. Tenue il y a un peu plus d’un mois depuis le troisième round informel, cette nouvelle réunion se déroule sous les auspices de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, en présence des délégations des deux parties et des représentants des deux pays observateurs, à savoir l’Algérie et la Mauritanie. La délégation sahraouie, conduite par le président du Conseil national (Parlement), Khatri Addouh, est composée du coordinateur avec la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), M’hamed Khaddad, et du représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari.Lors de leur précédente rencontre en novembre, rappelle l’APS qui a rapporté l’information, les deux délégations avaient décidé de se réunir à nouveau au mois de décembre, ainsi qu’au début de l’année prochaine, afin de poursuivre le processus de négociations qui a été demandé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. En application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté, la semaine dernière, la résolution appuyant le processus de négociations en vue de parvenir à «une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».Louant les efforts déployés à cet égard par le secrétaire général et son envoyé personnel, l’Assemblée générale a demandé à la quatrième commission onusienne, chargée de la décolonisation, de continuer à suivre la situation au Sahara occidental. Le Maroc et le Front Polisario avaient engagé, en juin 2007, des négociations directes, sous l’égide de l’ONU, avec quatre rounds qui avaient eu lieu à Manhasset, suivis de trois réunions informelles à Vienne et à Manhasset. Parallèlement à la réunion entre le Polisario et le Maroc, les autorités marocaines avaient programmé l’ouverture du procès de sept militants sahraouis des droits de l’homme arrêtés en 2009 à Casablanca à leur retour des camps de Tindouf.Ce procès – qualifié jeudi de «procès des droits du peuple sahraoui» par la presse italienne – a finalement été reporté au 7 janvier 2011 après une audience tendue à laquelle des observateurs internationaux ont assisté pour la première fois. «Nous sommes des accusés, sans être des criminels. Le gouvernement marocain parle d’atteinte à la sécurité de l’Etat, il s’agit plutôt du droit des peuples à décider de leur avenir», écrit notamment le journal la Repubblica citant les militants sahraouis, rappelant que «certains (d’entre eux) sont en prison depuis plus d’un an». Le journal souligne que les avocats italiens des accusés sahraouis, Brahim Dahane, Ahmed Nassiri, Ali Salem Tamek, Lachgare Degia, Yahdih Ettarrouzi Rachid, Sghavar Lebaihi et Saleh, «se battent contre les caprices de la bureaucratie marocaine» pour assister au procès.El Watan, 18/12/2010 -
L’accord de pêche UE-Maroc pourrait être revu
L’Union européenne compte réviser ses accords de pêche avec le Maroc. La commissaire européenne pour la Pêche et les Affaires maritimes, Maria Damanaki, a commencé ses consultations avec d’autres membres de l’instance pour relancer probablement les négociations avec la partie marocaine s’agissant de l’accord de pêche qui lie les deux parties. Ces informations communiquées par l’agence espagnole Efe précisent qu’une probable renégociation de l’accord va irrémédiablement écarter les eaux du Sahara occidental de tout accord.
Ces mouvements initiés par Maria Damanaki s’expliquent par le fait que l’accord signé en 2007 expirera au mois de février prochain. D’après Efe, la partie marocaine n’a pas encore adressé les documents demandés par la commissaire européenne qui prouvent qu’une partie des revenus de l’accord est destinée aux populations sahraouies.
Mme Maria Damanaki aura donc à proposer à ses collègues un nouveau protocole avec le Maroc et ce, sans inclure les eaux sahraouies.
La direction au sein du commissariat européen pourrait aussi proposer un accord «sélectif» qui sera conditionné par une résolution sur le respect des droits de l’homme, ainsi que de faire des opérations de pêche «responsables» en respectant l’environnement. Et dans le cas où les instances de la commission avaliseraient les termes de l’accord, celle-ci adressera alors une résolution officielle en direction du Conseil des ministres européens lui demandant de négocier sur la base du protocole défini.
Depuis mars 2007, un accord de pêche lie le Maroc et l’Union européenne. Cet accord controversé prévu pour quatre ans est condamné par les organisations humanitaires et d’autres cercles qui l’ont jugé contraire à toute déontologie, puisqu’il ouvre à la pêche européenne les eaux au large du Sahara occidental occupé. L’UE n’a pas suivi les Etats-Unis dans la perspective d’un tel accord. Les Américains qui ont signé un accord de libre-échange avec le Maroc en 2004 ont exclu de facto le territoire du Sahara occidental jusqu’à ce que son statut soit clarifié.
Y .M.Le Jeune Indépendant, 18/12/2010 -
Le Président sahraoui réclame une mission internationale
Le Président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a appelé le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, à dépêcher une mission internationale indépendante pour enquêter sur » les agressions marocaines abjectes » contre le camp de Gdeim Izik et la ville d’El Ayoun. Dans son message, le Président sahraoui a appelé le secrétaire général de l’Onu, à intervenir en urgence pour » stopper la campagne de diffamation chauvine et raciste menée par le gouvernement marocain contre le peuple sahraoui » et en » finir avec le climat de peur et de terreur sévissant dans les territoires occupés par le Maroc « , a indiqué, mercredi, l’agence de presse sahraouie (SPS). L’attaque de Gdeim Izik nous porte à croire que le pire reste à venir, a ajouté le président Abdelaziz, soulignant » le besoin pressant d’un mécanisme onusien efficace de protection et de contrôle des droits de l’Homme au Sahara Occidental « . » Depuis plus d’un mois maintenant de cette attaque abjecte contre des citoyens innocents et sans défense (…) nous ignorons toujours les détails de ce qui s’est réellement passé et le sort des disparus et des détenus », a-t-il précisé. » Les autorités marocaines qui ne se sont pas suffi de commettre le crime de Gdeim Izik s’attèlent en outre à dissimuler ses traces, en imposant un blocus à El Ayoun et aux autres territoires sahraouis, cela en interdisant l’accès aux territoires sahraouis aux observateurs et journalistes indépendants internationaux « , a conclu le président sahraoui. APS -
M. Anouar Malek se désavoue : Le complot c’est toute une histoire
Le journaliste algérien Anouar Malek, résident en France, a annoncé hier, selon une dépêche APS, avoir retiré, pour la dignité de son pays, sa plainte déposée en 2009 auprès du comité contre la torture des Nations unies à Genève.Il a toutefois expliqué avoir également retiré la plainte contre Aboudjerra Soltani l’accusant de torture en 2005, pour «barrer la route à ceux qui complotent contre l’Algérie à l’intérieur, ceux-là même, a-t-il dit, qui m’ont poussé à recourir à une juridiction internationale dans le but de réaliser, à travers ma juste cause, leur dessein consistant à porter atteinte à l’Algérie».
Le retrait de sa plainte a pour objectif, selon l’ex-plaignant, de «dévoiler les intentions de ceux qui à l’étranger, pour des motivations bassement matérielles, se mettent au service et aux ordres d’officines revanchardes dont le seul objectif est de ternir l’image de l’Algérie».
Il y lieu, à la lecture de cette dépêche, de rebondir sur quelques points essentiels.
Le premier consiste à voir en la personne du journaliste plaignant, aujourd’hui repenti, la vulnérabilité de quelques intellectuels algériens sujets propices à une dénationalisation gratuite. L’Algérie de la réconciliation et de la concorde civile en compte des Anouar Malek. Des personnages, voués au fatalisme, au suicide, domestiqués, ici et là, pour diverses raisons dont l’argent et, quand il s’agit d’argent, disait Voltaire, tout le monde est de la même religion.
Le deuxième point est cet aspect des comploteurs qui veulent ternir l’image de l’Algérie.
Anouar Malek est justement ce journaliste qui dans un journal de nos «frères voisins» a déclaré au sujet de la lutte d’indépendance des Sahraouis (Sahara Ocidental envahi par le Maroc en 1975, ndds), pour contrecarrer le principe fondateur de notre indépendance : «La création d’une nouvelle entité dans la région maghrébine l’exposerait à la naissance d’innombrables autres entités.» Avant de conclure : «Les dirigeants du Polisario sont de simples agents algériens et ne disposent d’aucune indépendance dans la prise de décisions.» A ce propos, A. Malek a lui-même interviewé le déserteur militaire marocain Abdelilahou Issou qui accuse publiquement le Maroc de vouloir empoisonner l’Algérie avec les stupéfiants et de la transformer en un centre de transit du haschisch et de la cocaïne. «Je vous dis en toute franchise que le makhzen est prêt à s’allier avec le diable pour se venger de l’Algérie», a déclaré le haut gradé marocain.
Les comploteurs ? Les sacs sont pleins : Les Karim Moulay, Hicham Aboud, Tigha, la détention des deux patriotes de la famille Mohamed (Abdelkader et Hocine) mis en examen par le tribunal de Nîmes depuis 6 ans, l’affaire Hasseni… tant de dossiers qui revêtent le sens même de la manipulation et le complot contre notre pays.
Quant au comité contre la torture des Nations unies à Genève, et au-delà de ses nobles missions, ses priorités devraient s’orienter ailleurs.
Le Guantanamo américain, les interrogatoires qui durent 20 heures d’affilée, positions douloureuses, isolement, privation sensorielle, aveuglement au moyen d’une cagoule, exposition à la chaleur et au froid, privations de nourriture et de sommeil, utilisation de chiens pour susciter la peur, déshabillage, rasage forcé, recours à des femmes pour conduire les interrogatoires, recours à des pratiques à caractère sexuel en tant que méthodes d’interrogatoire, contacts physiques…
Une question se pose cependant : les comploteurs de l’intérieur qui ont poussé A. Malek à recourir à la justice sont-ils ceux-là même que l’armée algérienne combat dans les maquis ?
S. M.Le Jeune Indépendant, 18/12/2010 -
Tant qu’il y aura le «veto»…
L’Union européenne a exprimé lundi dernier, à l’issue de la 9e session du Conseil d’association Maroc-UE à Bruxelles, son attachement à l’amélioration de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental. Lors de la réunion de Grenade, qui consacrait le statut avancé accordé au Maroc, l’UE avait déjà invité Rabat à s’ »améliorer » sur les droits humains dans les territoires occupés du Sahara occidental. Il est vrai que le royaume, qu’on veut à tout prix présenter comme le grand défenseur de la veuve et de l’orphelin, réprimait allégrement, particulièrement depuis l’Intifada que les populations autochtones lui éclatèrent à la figure en mai 2005. Donc, dans le domaine des droits de l’homme, Rabat s’améliore à sa façon, comme viennent de le démontrer ses troupes à Gdeim Izik et à El-Ayoun, la capitale du Sahara occidental. Rabat avait bouclé ces lieux en interdisant l’accès à tout témoin étranger, jusqu’aux eurodéputés, pour mater de manière sanguinaire et à huis clos une population désarmée.Dans son communiqué, l’UE n’a pas condamné la brutalité meurtrière du 9 novembre, elle s’est contentée d’émettre un avis : « Les parties doivent faire preuve de retenue et mettre tout en œuvre pour que de tels événements ne se reproduisent plus. »Un communiqué qu’on ne peut qualifier de juste puisqu’il n’ose pas la vérité et renvoie dos à dos la victime et son bourreau. Ce qui n’est guère encourageant pour la suite des événements concernant le Sahara occidental dont la décolonisation se trouve durablement contrariée depuis l’inqualifiable trahison madrilène. D’autant que les dernières nouvelles font désormais apparaître au grand jour l’inclinaison et la fidélité du gouvernement Zapatero à cette historique trahison. Le comble c’est que Madrid fait partie du groupe des pays amis du Sahara occidental. Un groupe où paradoxalement il n’existe aucun pays africain ni même un pays d’Amérique latine ou d’Asie. Mais un groupe où l’on retrouve la France, ancienne puissance coloniale qui a du plaisir à user de son droit de veto en faveur de son ancien protectorat devenu à son tour colonisateur. Un veto qui assure l’impunité au Maroc mais qui empêche aussi le Maghreb de se faire. En sorte, un veto aussi criminel que celui qui protège Israël. Des vetos qui doivent disparaître.
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.frLe Jeune Indépendant, 18/12/2010 -
Le Jour d’Algérie : Désinformation chiffrée
Nul doute que si l’on devait classer les pays les plus mal notés au monde, le nôtre aurait beaucoup de chances de se placer dans le peloton de tête. Il ne serait même pas à exclure que, sous certaines conditions cependant, il se voit attribué le titre de champion du monde par une majorité des donneurs de notes. Toutefois, c’est dans le domaine économique, et ses dépendances, qu’il a le plus d’atouts négatifs pour prétendre coiffer tout le monde.Mais comment est-ce possible ? Et puis comment le sait-on? Est-ce par les journaux marocains, si portés à lui trouver des poux dans la tête, et pas seulement en économie ? Que non ! Encore qu’il soit assez compréhensible que ce soit eux qui s’appliquent à nous faire porter tous les bonnets d’âne possibles, vu que nos journaux non plus ne sont pas réputés pour louanger leur pays à tout propos. De leur part, c’aurait été plutôt de bonne guerre. Tellement de bonne guerre, en fait, que personne ne les aurait pris au sérieux. Ils n’auraient pourtant fait dans ce cas que rapporter les résultats de travaux accomplis par d’autres, tout à fait indépendants d’eux, ce qui constitue en principe un gage d’objectivité.
Non, les journaux marocains ne sont en l’occurrence pour rien. Il n’est même pas sûr d’ailleurs qu’ils prendraient plaisir à une campagne de presse si semblable à du harcèlement pour des motifs inavouables.
Non, pour être à l’affût du moindre mauvais classement de son pays, sans être, qui plus est, le moins du monde regardant quant à sa fiabilité, il faut être un journal algérien. Un certain genre de journal algérien, à vrai dire, car ils ne cultivent pas tous ce goût forcené pour la désinformation grimée en journalisme sans complaisance. Ils ne professent pas tous qu’informer consiste à ne donner que les nouvelles qui sont mauvaises – quitte à en inventer si elles viennent à manquer.
Encore faut-il qu’une mauvaise nouvelle soit une information. Auquel cas, effectivement, il faut la livrer telle quelle sans chercher à l’amoindrir ou à la tronquer.
Or un classement, comme ceux dont il est question ici, c’est rarement de l’information. D’autant plus si on le donne sans s’interroger sur les critères qui le fondent. Un classement, après tout, c’est un chiffre, et un chiffre ça ne vaut que par les éléments qui le composent. Si on ignore tout des opérations qui y ont conduit, on doit s’interdire d’en user.
Bien des classements comme ceux dont nous sommes abreuvés par les journaux qui en font une source d’inspiration ne sont en réalité que des quantifications hasardeuses, pour ne pas dire fantaisistes, d’éléments purement subjectifs. Ainsi en est-il du plus fameux d’entre eux, celui réalisé par Transparency, qui repose sur des espèces d’enquêtes d’opinion, dont on ignore à peu près tout.
Ce genre d’exercice n’est pas aussi difficile qu’il peut paraître. Voici un classement, qui s’il était pris en charge par des professionnels internationaux se traduirait sans doute par des résultats qui en surprendraient plus d’un : noter chaque pays en fonction de l’envie, bien entendu chiffrée, du reste de la communauté internationale d’établir avec lui des accords de libre-échange.
La probabilité est dans ce cas forte que l’Algérie figure parmi les pays avec lesquels les autres ne demanderaient pas mieux que de passer un accord leur permettant de commercer en toute liberté avec elle. Il ne serait même pas étonnant que ce soit à elle que la première place revienne. En effet, il n’existe pas de partenaire européen, américain, asiatique, (pour l’Afrique, il y aurait peut-être moins d’enthousiasme et d’unanimité à cet égard, pour une raison d’ailleurs compréhensible), maghrébin, et arabe, qui ne serait pas enchanté à cette perspective. Car ils la caressent d’ores et déjà tous.
Selon le dogme libéral, un pays avec lequel on voudrait échanger sans barrière aucune, ne peut absolument pas être le dernier de la classe. Ses attraits ne peuvent être qu’énormes au contraire, irrésistibles même, pour que tant de pays veuillent placer leur marché de plain-pied avec le sien.
Il faudrait donc que les amateurs de mauvais classements nous expliquent cet aspect pour le moins détonnant dans le tableau d’ensemble qu’ils noircissent à l’envi.
Par Mohamed Habili.
Le Jour d’Algérie, 18/12/2010
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Campements de réfugiés sahraouis : camps de prisonniers ?
Je ne suis pas de taille et je n’ai pas l’envie ni le temps de me dresser contre les discours officiels et partisans. Mais je ne peux rester insensible à certains propos écrits ou dits.« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose » disait Voltaire. Certains l’ont aujourd’hui bien compris.
Je ne peux parler que de ce que je connais, les camps sahraouis. Pour y vivre régulièrement depuis 3 ans. Les propos rapportés sont donc tous des témoignages directs.Le fait d’avoir des prisonniers donne une légitimité d’humanité à celui qui les réclame. Certains ne se privent donc pas de les réclamer, à cor et à cri.
Les réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf ne sont pas prisonniers du régime algérien et d’une « horde de séparatistes », comme le scande l’organe de presse royal marocain MAP (Maghreb Arab Press). Il n’est que d’aller sur place pour se rendre compte que les « fidèles sujets séquestrés » sont des hommes et des femmes ayant fuit devant deux armées d’occupation (Marocaine et Mauritanienne) et se réclamant librement d’une République en exil depuis 35 ans.Que l’on accède enfin à la requête marocaine. Les réfugiés sahraouis ne demandent pas autre chose que d’être visités, inspectés. Exigeons qu’ils le soient, dans les camps et de l’autre côté de ce mur miné, le plus long au monde. Qui en vérité refuse aujourd’hui la transparence des visites de commissions d’enquête et des médias ? Et en ce qui me concerne, je ne me suis jamais senti aussi libre et en sécurité qu’au milieu des réfugiés du camp d’El Ayoun.
S’il existe des prisonniers dans les camps, c’étaient des prisonniers militaires marocains, dont les derniers furent libérés en 2005. Quelques uns sont d’ailleurs revenus vivre dans les camps à la suite de l’accueil dont ils furent l’objet lors de leur retour au Maroc. J’ai parlé avec l’un d’entre eux, ancien de l’aviation marocaine, qui m’a fait comprendre qu’il avait été plus utile au Maroc prisonnier que libre et qu’on lui avait fait comprendre.
Autre polémique : Ces derniers mois, un sahraoui passé côté marocain et ayant choisi de revenir convaincre, naïvement ou d’une façon plus subtilement calculée ?, ses frères des camps du bien fondé de la proposition unilatérale marocaine a été arrêté lors de son retour vers les camps. Le Polisario avait rapidement consenti à sa libération à la demande d’une commission humanitaire. L’émissaire du Hcr, en charge de son raccompagnement par avion au Maroc, s’est vu notifier au tout dernier moment l’arrêt de cette mission et l’interdiction de cette remise en liberté par… les autorités marocaines. Là encore, l’homme était plus utile prisonnier que libre !
Les vrais prisonniers sahraouis sont au Sahara Occidental ou dans les prisons marocaines. Ceux des camps sont les otages de ceux qui souhaitent par intérêt que la situation perdure.
A la liste des quelques 500 disparitions forcées sous le règne de HassanII sont venus s’ajouter ceux de ces dernières années et de ces dernières semaines suite à la destruction du camp de Gdeim Izik.
Je vis dans ce monde surprenant où j’ai vu des femmes soulagées dans un premier temps d’apprendre que leurs maris allaient comparaitre devant des tribunaux d’exception parce qu’elles les croyaient blessés ou disparus, puis dans un second temps désespérées de les avoir vus méconnaissables. Un monde où j’ai entendu des déclarations d’ enfants réclamant qu’on libère leurs pères, emprisonnés depuis plus d’un an sans jugement, d’une mère en grève de la faim trouvant plus indispensable de se battre pour la justice et l’avenir de son peuple plutôt que de rester en vie pour ses propres enfants.
J’entends encore une jeune femme sahraouie, enseignant le français au camp d’El Ayoun, me dire sa joie d’avoir vue sa famille dans les territoires occupés pour la première fois de sa vie (dans le cadre des programmes d’échange entre camps et territoires occupés), me conter la surprise d’avoir vu une ville et l’océan également pour la toute première fois. Mais je ne pourrai oublier ses larmes lorsqu’elle conclu : Malgré les conditions de vie dans les camps, ici au moins nous sommes en sécurité, nous n’avons pas à souffrir des brutalités que j’ai vu là bas !
J’ai rencontré dans les camps un peuple exilé, souffrant et espérant contre tout, curieusement libre de pouvoir exprimer ce mélange d’humanité.
J’ai rencontré le Mandela d’Afrique du Nord, Mohamed Daddach, 26 ans de prison, Daffa, Dahane, Naciri, Tamek, Asfari , reconnus et récompensés comme défenseurs des Droits de l’Homme et non violents, et combien d’autres, tous emprisonnés et torturés qui de leurs seules voix d’hommes, bien mieux que Voltaire disaient :
« Témoignez, témoignez de la vérité. Pour qu’il ne reste ni silence, ni mensonges ! »Le 16 décembre 2010, Jean-François Debargue
APSO, 17/12/2010 -
Boukhari Ahmed : "Nous demandons l’implication active et sincère du Conseil de sécurité"
Sahara occidental / Reprise des discussions entre le Maroc et le Front PolisarioLe Maroc et le Front Polisario ont repris jeudi 16 décembre en mi-journée dans la banlieue de New York un quatrième cycle de discussions informelles sur l’avenir du Sahara occidental qui doit durer jusqu’à samedi en mi-journée sous l’égide des Nations unies.
Une précédente série de discussions s’était achevée le 9 novembre sans résultat probant, les deux camps restant sur leurs positions. Elles avaient démarré deux jours auparavant dans une atmosphère tendue après le raid déclenché par les forces marocaines près de Lâayoune, chef-lieu du Sahara occidental, qui a fait 13 morts selon le Maroc et « plusieurs dizaines » selon le Polisario. Ces discussions se déroulent sous la houlette de l’émissaire de l’ONU dans la région Christopher Ross et en présence de représentants de l’Algérie et de la Mauritanie, pays voisins. « On parle de mesures de confiance. Mais la confiance n’existe pas. Le Maroc est figé sur ses positions. Rien ne peut sortir de cette phase de discussions », a déclaré Ahmed Boujari, représentant à l’ONU du Front Polisario. « Nous voudrions maintenir ouverte la voie diplomatique. Mais une solution définitive ne peut voir le jour sans que le Maroc ne prenne ses responsabilités. Nous demandons l’implication active et sincère du Conseil de sécurité. La position de la France est aussi critiquable car elle soutient le Maroc », a-t-il ajouté.
Un porte-parole du Maroc a de son côté indiqué qu’il avait pour consigne de ne pas communiquer avec la presse jusqu’à la conclusion des discussions samedi en mi-journée.Le Citoyen, 18/12/2010 -
Un quatrième round teinté de pessimisme
La quatrième réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc s’est ouverte hier à Manhasset (New York) pour une durée de deux jours sous l’égide des Nations unies.
Cette rencontre a lieu à huis clos à la résidence de Greentree Estate. Tenue il y a un peu plus d’un mois depuis le troisième round informel, cette nouvelle réunion se déroule sous les auspices de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, en présence des délégations des deux parties et des représentants des deux pays observateurs, à savoir l’Algérie et la Mauritanie. La délégation sahraouie, conduite par le président du Conseil national (Parlement), Khatri Addouh, est composée du coordinateur avec la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), M’hamed Khaddad, et du représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari.Lors de leur précédente rencontre en novembre, rappelle l’APS qui a rapporté l’information, les deux délégations avaient décidé de se réunir à nouveau au mois de décembre, ainsi qu’au début de l’année prochaine, afin de poursuivre le processus de négociations qui a été demandé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. En application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté, la semaine dernière, la résolution appuyant le processus de négociations en vue de parvenir à «une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».Louant les efforts déployés à cet égard par le secrétaire général et son envoyé personnel, l’Assemblée générale a demandé à la quatrième commission onusienne, chargée de la décolonisation, de continuer à suivre la situation au Sahara occidental. Le Maroc et le Front Polisario avaient engagé, en juin 2007, des négociations directes, sous l’égide de l’ONU, avec quatre rounds qui avaient eu lieu à Manhasset, suivis de trois réunions informelles à Vienne et à Manhasset. Parallèlement à la réunion entre le Polisario et le Maroc, les autorités marocaines avaient programmé l’ouverture du procès de sept militants sahraouis des droits de l’homme arrêtés en 2009 à Casablanca à leur retour des camps de Tindouf.Ce procès – qualifié jeudi de «procès des droits du peuple sahraoui» par la presse italienne – a finalement été reporté au 7 janvier 2011 après une audience tendue à laquelle des observateurs internationaux ont assisté pour la première fois. «Nous sommes des accusés, sans être des criminels. Le gouvernement marocain parle d’atteinte à la sécurité de l’Etat, il s’agit plutôt du droit des peuples à décider de leur avenir», écrit notamment le journal la Repubblica citant les militants sahraouis, rappelant que «certains (d’entre eux) sont en prison depuis plus d’un an». Le journal souligne que les avocats italiens des accusés sahraouis, Brahim Dahane, Ahmed Nassiri, Ali Salem Tamek, Lachgare Degia, Yahdih Ettarrouzi Rachid, Sghavar Lebaihi et Saleh, «se battent contre les caprices de la bureaucratie marocaine» pour assister au procès.El Watan, 18/12/2010