Année : 2010

  • Un 4ème round et… après

    La complicité franco-marocaine empêche la résolution du conflit sahraoui
    Les pourparlers entre les représentants du Polisario et ceux du Maroc ont repris pour la quatrième fois avant-hier à New York. Une réunion informelle censée encore une fois déblayer le terrain avant l’entame de véritables négociations sur l’avenir du Sahara occidental. Mais que pourrait apporter de nouveau cet énième round de discussions quand on sait que les précédents se sont soldés par un statu quo ? Un statu quo voulu, comme tout le monde le sait, par le royaume chérifien qui campe sur ses positions de ne faire qu’une seule et unique concession à ses vis-à-vis : l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine. Comme si le Sahara occidental était considéré comme une province du royaume chérifien. Alors qu’il s’agit bel et bien d’une question de décolonisation, comme l’ont souligné les différentes résolutions adoptées par l’ONU, dont on vient de commémorer le cinquantième anniversaire à Alger ayant justement trait à la décolonisation et auquel, bien entendu, le Maroc n’a pas daigné prendre part. Il se serait parjuré. Mais tout comme l’Etat sioniste, le Maroc refuse non seulement d’appliquer des décisions d’une entité, dont il est membre, mais ne les reconnaît nullement. Il se sent même conforté dans ses positions par le soutien inconditionnel que lui apporte l’Hexagone sur cette question. Tout comme se sent conforté l’Etat sioniste par les soutiens de l’UE et des Etats-Unis. 
    Aussi, on ne peut absolument rien attendre de ces discussions. Hasard du calendrier ou simple coïncidence, lesdites discussions ont débuté à la veille du procès (reporté à deux reprises) des sept militants sahraouis que les représentants marocains comptent certainement exploiter pour exercer des pressions sur la délégation du Polisario. Des militants incarcérés pour crime de revendication d’autodétermination. Des militants qui, à l’instar de leurs compatriotes d’El Ayoun, ont défié le régime marocain et exigé le droit de décider librement de leur avenir. 
    Comme on le sait, la réponse ne s’est pas fait attendre. Répression, violence et incendie des tentes. Dès lors, la main tendue avec laquelle le Polisario s’est rendu à New York risque fort d’être rejetée par le Maroc qui ressasse que la solution, c’est l’autonomie. Et donc l’impasse avec tout ce que cela implique comme conséquences. Mais l’ONU sous l’égide de laquelle ces discussions sont menées, et qui sait pertinemment qu’elles seront un échec, n’est pas prête à prendre des sanctions contre Rabat, comme elle s’empresse de le faire pour les pays qui ne sont pas dociles aux exigences des puissants de ce monde.
    Par Faouzia Ababsa
    La Tribune d’Algérie,  18/12/2010
  • Un juif new-yorkais raconte sa nuit avec Mohammed VI

    Effet boomerang pour le lobbying du Palais auprès de la communauté juive américaine : un invité de Sa Majesté crache dans la soupe. 
     
    « C’était une expérience étrange pour moi » écrit Jeremiah Lockwood sur le blog qu’il anime dans The Jewish Daily Forward. Une nuit pas comme les autres qu’a vécue ce juif new-yorkais  le 13 décembre sous les lambris de l’hôtel Pierre, à l’invitation de la Fondation américaine sépharade. Une nuit à la fois «intimidante et comique» pour cet habitant de Brooklyn, visiblement peu habitué aux fastes de la monarchie marocaine. «Ce qui a ajouté à l’étrangeté de la situation» raconte-t-il avec ironie c’est qu’il était là en «l’honneur de Mohammed VI». 
    Lockwood a trouvé «un certain charme» à cette cérémonie où l’on pouvait voir «une salle bondée de juifs applaudir un monarque musulman pour sa sagesse (…) après que le vin ait été servi aux convives et que des flots de paroles élogieuses aient été déclamées à son endroit». Et son sarcasme ne s’arrête pas là. Car pour le bloggeur éberlué, la soirée avait un «air de Moyen-Âge», celui des «Juifs de Cour et des indulgences royales». Un rôle joué cette soirée-là par Serge Berdugo dont les paroles étaient «chaleureuses et attachantes». D’autres orateurs ont rapporté que le roi avait lors d’un récent discours qualifié l’Holocauste de «plaie à la mémoire collective de l’humanité et l’un de ses chapitres les plus douloureux». Mohammed VI a-t-il vraiment dit cela ? Passons… 
    En tout cas Lockwood impressionné écrit : «Il est évidemment remarquable d’entendre le chef d’un pays musulman avoir un tel langage de nos jours quand délégitimer la mémoire de l’Holocauste est devenu un outil politique grotesque». Il se questionne alors logiquement sur «la force du patronage du roi des Juifs», alors que «les Juifs au Maroc dans les années chaotiques après l’indépendance en 1956 ont été des boucs émissaires et les victimes de la majorité de la population». Lockwood enfonce alors le clou en faisant un raccourci que ses hôtes n’auront certainement pas apprécié: «L’attitude actuelle du gouvernement marocain envers ses minorités est également une question complexe (…). L’armée marocaine a récemment mené une forte répression contre le peuple sahraoui» ajoute-t-il (peuple sahraoui : habitants du Sahara Occidental annexé par le Maroc en 1975, ndds). Et pour finir de cracher dans la soupe, Lockwood ajoute: «Ce déchaînement de violence rappelle les souvenirs douloureux de la situation des Juifs au Maroc juste après l’indépendance». Et lorsqu’il interroge Marc Ginsberg, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, avec une pointe de perfidie non dissimulée sur ce qu’il pense de l’engagement que doit prendre la communauté juive concernant le traitement des minorités au Maroc, ce dernier, décontenancé, répondra à l’impétrant que: «Les minorités berbères sont beaucoup mieux traitées au Maroc que par les gouvernements des pays voisins». Pathétique.
    Ali Amar
    Vox Maroc, 18/12/2010
  • Nouvelle tentative pour débroussailler les chemins sinueux de l’autodétermination

    Marocains et Sahraouis sont réunis depuis hier sous l’égide de l’ONU pour tenter de sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations entre les deux parties. Depuis le début des négociations en 2007, les négociateurs butent sur l’inflexibilité des délégations marocaines. Ces dernières refusent de discuter de toute autre option que l’autonomie proposée par le souverain marocain, il y a quelques années. D’où la mise en place de cette série de rencontres informelles pour essayer de mettre à plat toutes les embûches qui peuvent empêcher les deux parties d’enclencher les vraies négociations sur le statut du Sahara occidental.   
    La quatrième réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc sur le Sahara occidental s’est donc ouverte, hier à Manhasset, près de New York, pour une durée de deux jours sous l’égide des Nations unies. Lors de leur précédente rencontre en novembre, les deux délégations avaient, en effet, décidé de se réunir à nouveau au mois de décembre, ainsi qu’au début de l’année prochaine afin de poursuivre le processus de négociations qui a été demandé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. 
    Dans une déclaration faite à l’agence de presse algérienne (APS) à la veille de la tenue de ces pourparlers, M. Boukhari souligne, comme l’a souligné déjà le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, lors de la conférence internationale à Alger célébrant le 50e anniversaire de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (résolution 1514), que «la délégation sahraouie se rendra à cette réunion avec une main tendue pour la paix». Une attitude qui n’est certainement pas nouvelle pour le Front Polisario. Ce dernier a toujours cru en la possibilité de parvenir à un accord par les voies du dialogue. «Cette attitude du Front Polisario n’est pas nouvelle. Elle l’a toujours été depuis le début du processus des négociations, car nous considérons que nous ne pouvons pas changer la géographie, et le Maroc est un pays voisin avec qui nous avons un seul problème qui est celui de l’occupation illégale du Sahara occidental», explique le représentant sahraoui auprès de l’ONU. A ce propos, il estime qu’«une fois la question du Sahara occidental résolue d’une manière claire, juste et définitive à travers le respect du droit à l’autodétermination et à l’indépendance de notre peuple, nous serons alors prêts à construire avec le Maroc et tous les autres pays voisins l’intégration maghrébine, car c’est la seule alternative stratégique qui mérite tous les efforts et toute l’imagination pour y arriver». «Malheureusement, regrette-t-il, nous n’avons pas encore trouvé l’écho approprié chez les dirigeants marocains qui restent figés dans une vision inacceptable et basée sur des revendications territoriales dont les fondements ont été réfutés par la communauté internationale et la Cour internationale de justice.» A ce sujet, il considère que «c’est cette vision figée des dirigeants marocains qui est responsable du blocage actuel et de tous les excès contre le peuple sahraoui, aussi bien dans les zones occupées du territoire sahraoui que dans la position intransigeante actuelle manifestée par toutes les délégations marocaines qui ont participé tout au long de ce processus de négociations». «Notre main pour la paix a toujours été tendue, mais à chaque fois nous retournons avec la main vide du fait que les dirigeants marocains n’ont pas appris les leçons pertinentes de l’Histoire», soutient-il encore. A rappeler que la réunion en cours se tient un peu plus d’un mois depuis le troisième round informel et se déroulera sous les auspices de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, en présence des délégations des deux parties et des représentants des deux pays observateurs, l’Algérie et la Mauritanie. La délégation sahraouie sera conduite par le président du Conseil national de la République arabe sahraouie démocratique, M. Khatri Addouh, et composée également du coordinateur sahraoui avec la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), M. M’hamed Khaddad, et du représentant du Front Polisario à l’ONU, M. Ahmed Boukhari. 
    En application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la semaine dernière la résolution appuyant le processus de négociations en vue de parvenir à «une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». L’Assemblée générale onusienne a demandé à la quatrième commission onusienne chargée de la décolonisation de continuer à suivre la situation au Sahara occidental. Le Maroc et le Front Polisario avaient engagé, en juin 2007, des négociations directes sous l’égide de l’ONU, avec quatre rounds qui avaient eu lieu à Manhasset et trois réunions informelles à Vienne et à Manhasset. 
    Par Ghada Hamrouche 
    La Tribune d’Algérie, 18/12/2010
  • La mission de Ross minée par les interférences de Paris

    Cette rencontre informelle à laquelle prennent part des représentants des deux pays observateurs, la Mauritanie et l’Algérie, se tient à un peu plus d’un mois de la précédente (8 novembre). Un processus de négociations en vue «de trouver une solution juste et mutuellement acceptable sur la base du respect du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental», soulignent les résolutions onusiennes. Ce qui semble être une rude tâche à accomplir pour Christopher Ross qui, depuis sa nomination à ce poste, n’a cessé de multiplier ses rencontres avec le Front Polisario et Rabat sans qu’il y ait des avancées pour son règlement. 
    A ce propos, le président de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), et secrétaire général du Front Polisario, a émis le souhait de voir cette quatrième réunion informelle de Ross amener le «gouvernement marocain à lever tous les obstacles empêchant l’avancement des négociations», ajoutant que la délégation sahraouie, conduite par Khatri Addouh prend part à la réunion de Manhasset avec «une volonté franche et une main tendue à la paix». La délégation marocaine conduite par Taïeb Fassi-Fihri s’accroche à la promotion de sa proposition d’«autonomie» pour le Sahara Occidental. L’envoyée personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, est confronté à ce différend de fond entre le Front Polisario et le Maroc dans ses efforts consentis, jusque-là sans résultats du fait que Paris soutienne Rabat au sein du Conseil de sécurité. 
    A ce propos, avant son envol pour Manhasset, le ministre des Affaires étrangères marocain s’est rendu, mardi dernier, à Paris pour rencontrer la responsable de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie. Réitérant le soutien inconditionnel de Paris à Rabat, qualifiant cette relation de «partenariat exceptionnel», Mme Alliot-Marie a rappelé «le soutien» de son pays «à la proposition marocaine» sur le Sahara Occidental. Un rappel qui intervient à moins de 48 heures du début de la réunion informelle de Manhasset et ce, pour donner de l’assurance au ministre marocain après les pressions et les camouflets qu’endure le Makhzen sur le plan international, depuis son attaque du camp de la Liberté de Gdeim Izik. 
    Les résolutions des parlements, européen et espagnol, dénonçant la barbarie de Rabat dans les territoires sahraouis occupés, illustrée par le massacre du 8 novembre à Gdeim Izik, demeurent lourdes à porter par le Maroc. Aussi, la mission de M. Ross demeure difficile du fait du refus de Rabat de se soumettre au droit international. Cela, au moment où l’ONU célèbre le cinquantième anniversaire de la résolution 1514 sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. 
    Karima Bennour
    La Nouvelle République, 18/12/2010
  • Le Président sahraoui réclame une mission internationale

    Le Président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a appelé le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, à dépêcher une mission internationale indépendante pour enquêter sur  » les agressions marocaines abjectes  » contre le camp de Gdeim Izik et la ville d’El Ayoun. Dans son message, le Président sahraoui a appelé le secrétaire général de l’Onu, à intervenir en urgence pour  » stopper la campagne de diffamation chauvine et raciste menée par le gouvernement marocain contre le peuple sahraoui  » et en  » finir avec le climat de peur et de terreur sévissant dans les territoires occupés par le Maroc « , a indiqué, mercredi, l’agence de presse sahraouie (SPS). L’attaque de Gdeim Izik nous porte à croire que le pire reste à venir, a ajouté le président Abdelaziz, soulignant  » le besoin pressant d’un mécanisme onusien efficace de protection et de contrôle des droits de l’Homme au Sahara Occidental « .  » Depuis plus d’un mois maintenant de cette attaque abjecte contre des citoyens innocents et sans défense (…) nous ignorons toujours les détails de ce qui s’est réellement passé et le sort des disparus et des détenus », a-t-il précisé.  » Les autorités marocaines qui ne se sont pas suffi de commettre le crime de Gdeim Izik s’attèlent en outre à dissimuler ses traces, en imposant un blocus à El Ayoun et aux autres territoires sahraouis, cela en interdisant l’accès aux territoires sahraouis aux observateurs et journalistes indépendants internationaux « , a conclu le président sahraoui. APS
  • Anouar Malek retire sa plainte pour couper l’herbe sous le pied à des parties étrangères

    L’écrivain- journaliste algérien, Anouar Malek, a décidé de retirer la plainte qu’il avait déposée en juillet 2009 à Genève auprès du Comité de l’ONU contre la torture, suite à l’imminence de l’accusation de l’Algérie. Et cela pourrait être exploité par des parties étrangères, a indiqué Anouar Malek. 
    Dans une communication téléphonique, à partir de France, Anouar Malek a révélé : « Après l’étude de mon dossier par le comité, l’accusation de l’Algérie était devenue imminente dans l’affaire de la torture qu’un responsable de l’Etat avait commis. J’ai su aussi que des parties avaient l’intention d’exploiter cette accusation, et c’est alors que j’ai décidé de retirer ma plainte parce que je n’accepterai jamais que l’Algérie soit accusée dans des rencontres internationales », a-t-il appuyé. 
    Anouar dira qu’il a retiré la plainte, la première du genre à être acceptée par l’instance onusienne contre l’Algérie, pour «  Ne pas donner l’occasion à Soltani  d’accuser, en mon nom, l’Algérie en tant qu’Etat. Et je ne m’en réjouirai pas si on m’exploite pour cette fin, après qu’il m’eut torturé pour des raisons personnelles », a-t-il ajouté. Il a, en outre, annoncé qu’il avait entendu que le Maroc comptait exploiter l’incident pour salir la réputation de l’Algérie auprès des Nations Unies. « J’ai découvert que le représentant du Maroc au Comité onusien contre la torture, planifiait pour exploiter l’accusation de l’Algérie de mon dossier pour dénaturer la réalité des droits de l’homme en Algérie », a-t-il soutenu (le Maroc s’attaque à l’Algérie à cause de son soutien au principe d’autodétermination au Sahara Occidental, ndds)
    Anouar Malek a, en outre, publié un communiqué où il a affirmé l’abandon de sa plainte suite aux insistances de son père qui ne cessait pas de lui conseiller la sauvegarde de l’honneur de l’Algérie, même au détriment de sa vie. Par ailleurs, il a annoncé la cessation de toute poursuite contre Aboudjerra soltani dans la perspective de barrer la route à ceux qui complotent contre l’Algérie de l’intérieur, « qui seraient, dit Malek, les mêmes qui m’ont obligé à aller vers le tribunal international et atteindre, à travers ma juste cause, leur objectif à savoir nuire à mon pays. » Pour rappel, Malek avait accusé Soltani de l’avoir, lui-même, torturé et avait déposé plainte contre lui, en date du 18 juillet 2009, auprès du comité de l’ONU contre la torture, et qui a été acceptée le 4 octobre 2009. Il s’était, en outre, plaint auprès de la justice suisse, le 16 octobre 2009, au moment où Soltani était en visite à Genève,  sous invitation de la Ligue islamique pour une conférence, mais ce dernier a pu quitter le territoire suisse par voie terrestre après qu’un mandat d’arrêt eut été lancé contre lui.
    Echourouk Online, 17/12/2010
  • Le premier F-16 aux couleurs du Maroc

    Le Maroc sera en 2011 le 25ème pays à se doter du plus célèbre avion de chasse américain. VoxMaroc dévoile les premières photos de l’engin frappé des cocardes des Forces Royales Air. Retour sur un deal mouvementé.
    Le premier des 24 Block 52 F-16C sera livré courant 2011 à l’armée de l’air marocaine. On le voit ici le 21 septembre 2010 lors de son vol d’essai inaugural à la base américaine de Fort Worth au Texas.
    Le Defense Industry Daily  revient sur le détail des différentes étapes de ce contrat mirifique. L’histoire de l’achat de deux escadrilles du plus célèbre chasseur américain par Rabat est aussi celle d’un embrouillamini politico commercial avec la France. En automne 2007, le constructeur aéronautique américain Lockheed Martin annonce que le Maroc avait officialisé sa commande de 24 avions de chasse F-16, pour un montant total pouvant aller jusqu’à 2,4 milliards de dollars. Les F-16 américains se trouvaient alors en concurrence avec le Rafale de Dassault, lequel n’a jamais pu s’exporter. 
    L’échec de la vente du Rafale au royaume chérifien, face au chasseur américain, avait été annoncé en octobre 2007 pendant la fameuse visite d’Etat de Nicolas Sarkozy à Marrakech. Le roi Mohammed VI avait fait un geste pour atténuer le dépit de son hôte: il avait repoussé de trois mois le salon de l’aéronautique Aéroexpo, qui devait se tenir du 24 au 27 octobre à… Marrakech, où Dassault et les autres industriels français impliqués dans la construction du Rafale avaient annulé leur participation. Serge Dassault et Charles Edelstenne, le président de Dassault Aviation cachaient mal leur colère envers la Délégation générale pour l’armement (DGA), les deux dirigeants estimant alors que cette administration était responsable de l’échec commercial du Rafale.
    La chronologie de cette brouille débute par la visite de Vladimir Poutine à Alger le 10 mars 2006. Le président russe signe un accord pour fournir une soixantaine d’avions de combat Mig-29 et Soukhoï-30 à l’Algérie. Or les tensions au Maghreb n’ont jamais été assainies en raison du conflit au Sahara (Sahara Occidental annexé par le Maroc en1975, ndds) qui divise Marocains et Algériens depuis plus de trois décennies, et Rabat s’inquiète de cette course à l’armement engagée par le président Bouteflika et ses généraux dopés par des cours du pétrole qui s’envolent.
    Inquiet par ce déséquilibre stratégique, Mohammed VI décide alors de doter son pays d’avions de chasse modernes pour renforcer une flotte de Mirage F-1 et de Northrop F-5 vieillissants. Lorsque le Palais prend langue avec l’Elysée au printemps 2006, le roi s’engage formellement à Jacques Chirac pour acquérir des avions français. 
    Pourtant, en octobre 2005, alors que Rabat avait conclu un gros contrat avec Dassault pour moderniser ses vieux Mirage, Le Figaro, (propriété de Dassault) peu coutumier d’égratigner la monarchie marocaine, publiait en novembre un portrait  peu reluisant du monarque, ce qui avait provoqué l’ire du monarque. Ce geste inamical était donc oublié. C’est alors que se mettent en place les premiers éléments de ce qui deviendra une succession d’erreurs du côté français. 
    Paris décide que Dassault négociera directement avec l’Etat marocain malgré l’insistance de la Délégation générale pour l’armement (DGA) qui milite pour une négociation d’Etat à Etat. Le groupement d’intérêt économique Rafale, qui rassemble Dassault, Thales et Snecma, ira seul à la table des tractations. 
    La DGA et Dassault parlent séparément aux Marocains. Et pas le même langage: le constructeur présente une  estimation budgétaire d’environ 2 milliards d’euros pour 18 Rafale, alors que la proposition de l’Etat est nettement inférieure. Dassault est furieux, et les Marocains exploitent habilement la cacophonie française. De toute façon, l’offre est incomplète: Rabat veut pouvoir disposer d’une flotte d’avions de combat autonomes. 
    L’offre est donc révisée en ce sens et, fin décembre, elle atteint 2,6 milliards d’euros. Les discussions se poursuivent, jusqu’à ce que, à Paris, certains experts tirent la sonnette d’alarme: une telle facture représente quelque 5 % du PIB marocain. Qui va payer ? Dans les rangs du gouvernement français comme dans les milieux industriels, on se fait à l’idée que l’Arabie saoudite, voire les Emirats arabes unis seront les mécènes du Maroc. Rien n’est plus faux. Mais l’ambiguïté perdure. D’autant plus que Rabat se garde de soulever la question du financement. Avec le changement de gouvernement, les choses trainent, et Paris ne tranche pas. Finalement l’Elysée pousse à la roue en proposant un crédit de l’Etat sur une très longue période. Mais il est trop tard. D’autant que Nicolas Sarkozy effectue sa visite en Algérie le 10 juillet 2006, sans passer par le Maroc. Les Etats-Unis à l’affut profitent de l’occasion: ils proposent à l’armée de l’air marocaine 24 F-16 flambants neufs pour 1,6 milliard d’euros. 
    Fin juin 2006, à la faveur des négociations directes entre le Maroc et le Polisario à Manhasset, Washington passera d’une position de neutralité bienveillante envers Rabat sur le Sahara occidental, à un soutien actif. Mieux, George W. Bush octroie dans la foulée une aide de près de 700 millions de dollars à son allié nord-africain dans le cadre du fameux Millenium Account Challenge . Les F-16 y seront pour beaucoup au grand dam de la France. 
    D’ailleurs, les Etats-Unis n’ont pas caché les motivations stratégiques de ce deal. Dans une note datée du 18 décembre 2007, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) affirme que la transaction «participe aux objectifs de (sa) politique étrangère en matière de sécurité». Elle est aussi «une récompense pour le Maroc dans sa capacité à soutenir les efforts des États-Unis dans la guerre globale contre le terrorisme».
    Sarkozy qui avait pourtant chaussé les bottes de son prédécesseur pour être aux avant-postes des relations commerciales et stratégiques avec Mohammed VI ne cachera pas son dépit. Fatigué, songeur et accablé par ses problèmes de couple, il assistera visiblement distant à la conclusion des autres contrats qu’il avait apporté dans ses valises, dont le TGV…
    Ali Amar
    Vox Maroc, 18/12/2010  
  • Le Jour d’Algérie : Désinformation chiffrée

    Nul doute que si l’on devait classer les pays les plus mal notés au monde, le nôtre aurait beaucoup de chances de se placer dans le peloton de tête. Il ne serait même pas à exclure que, sous certaines conditions cependant, il se voit attribué le titre de champion du monde par une majorité des donneurs de notes. Toutefois, c’est dans le domaine économique, et ses dépendances, qu’il a le plus d’atouts négatifs pour prétendre coiffer tout le monde.

    Mais comment est-ce possible ? Et puis comment le sait-on? Est-ce par les journaux marocains, si portés à lui trouver des poux dans la tête, et pas seulement en économie ? Que non ! Encore qu’il soit assez compréhensible que ce soit eux qui s’appliquent à nous faire porter tous les bonnets d’âne possibles, vu que nos journaux non plus ne sont pas réputés pour louanger leur pays à tout propos. De leur part, c’aurait été plutôt de bonne guerre. Tellement de bonne guerre, en fait, que personne ne les aurait pris au sérieux. Ils n’auraient pourtant fait dans ce cas que rapporter les résultats de travaux accomplis par d’autres, tout à fait indépendants d’eux, ce qui constitue en principe un gage d’objectivité.

    Non, les journaux marocains ne sont en l’occurrence pour rien. Il n’est même pas sûr d’ailleurs qu’ils prendraient plaisir à une campagne de presse si semblable à du harcèlement pour des motifs inavouables.

    Non, pour être à l’affût du moindre mauvais classement de son pays, sans être, qui plus est, le moins du monde regardant quant à sa fiabilité, il faut être un journal algérien. Un certain genre de journal algérien, à vrai dire, car ils ne cultivent pas tous ce goût forcené pour la désinformation grimée en journalisme sans complaisance. Ils ne professent pas tous qu’informer consiste à ne donner que les nouvelles qui sont mauvaises – quitte à en inventer si elles viennent à manquer.

    Encore faut-il qu’une mauvaise nouvelle soit une information. Auquel cas, effectivement, il faut la livrer telle quelle sans chercher à l’amoindrir ou à la tronquer.

    Or un classement, comme ceux dont il est question ici, c’est rarement de l’information. D’autant plus si on le donne sans s’interroger sur les critères qui le fondent. Un classement, après tout, c’est un chiffre, et un chiffre ça ne vaut que par les éléments qui le composent. Si on ignore tout des opérations qui y ont conduit, on doit s’interdire d’en user.

    Bien des classements comme ceux dont nous sommes abreuvés par les journaux qui en font une source d’inspiration ne sont en réalité que des quantifications hasardeuses, pour ne pas dire fantaisistes, d’éléments purement subjectifs. Ainsi en est-il du plus fameux d’entre eux, celui réalisé par Transparency, qui repose sur des espèces d’enquêtes d’opinion, dont on ignore à peu près tout.

    Ce genre d’exercice n’est pas aussi difficile qu’il peut paraître. Voici un classement, qui s’il était pris en charge par des professionnels internationaux se traduirait sans doute par des résultats qui en surprendraient plus d’un : noter chaque pays en fonction de l’envie, bien entendu chiffrée, du reste de la communauté internationale d’établir avec lui des accords de libre-échange.

    La probabilité est dans ce cas forte que l’Algérie figure parmi les pays avec lesquels les autres ne demanderaient pas mieux que de passer un accord leur permettant de commercer en toute liberté avec elle. Il ne serait même pas étonnant que ce soit à elle que la première place revienne. En effet, il n’existe pas de partenaire européen, américain, asiatique, (pour l’Afrique, il y aurait peut-être moins d’enthousiasme et d’unanimité à cet égard, pour une raison d’ailleurs compréhensible), maghrébin, et arabe, qui ne serait pas enchanté à cette perspective. Car ils la caressent d’ores et déjà tous.

    Selon le dogme libéral, un pays avec lequel on voudrait échanger sans barrière aucune, ne peut absolument pas être le dernier de la classe. Ses attraits ne peuvent être qu’énormes au contraire, irrésistibles même, pour que tant de pays veuillent placer leur marché de plain-pied avec le sien.

    Il faudrait donc que les amateurs de mauvais classements nous expliquent cet aspect pour le moins détonnant dans le tableau d’ensemble qu’ils noircissent à l’envi.

    Par Mohamed Habili.

    Le Jour d’Algérie, 18/12/2010

  • Un juif new-yorkais raconte sa nuit avec Mohammed VI

    Effet boomerang pour le lobbying du Palais auprès de la communauté juive américaine : un invité de Sa Majesté crache dans la soupe. 
     
    « C’était une expérience étrange pour moi » écrit Jeremiah Lockwood sur le blog qu’il anime dans The Jewish Daily Forward. Une nuit pas comme les autres qu’a vécue ce juif new-yorkais  le 13 décembre sous les lambris de l’hôtel Pierre, à l’invitation de la Fondation américaine sépharade. Une nuit à la fois «intimidante et comique» pour cet habitant de Brooklyn, visiblement peu habitué aux fastes de la monarchie marocaine. «Ce qui a ajouté à l’étrangeté de la situation» raconte-t-il avec ironie c’est qu’il était là en «l’honneur de Mohammed VI». 
    Lockwood a trouvé «un certain charme» à cette cérémonie où l’on pouvait voir «une salle bondée de juifs applaudir un monarque musulman pour sa sagesse (…) après que le vin ait été servi aux convives et que des flots de paroles élogieuses aient été déclamées à son endroit». Et son sarcasme ne s’arrête pas là. Car pour le bloggeur éberlué, la soirée avait un «air de Moyen-Âge», celui des «Juifs de Cour et des indulgences royales». Un rôle joué cette soirée-là par Serge Berdugo dont les paroles étaient «chaleureuses et attachantes». D’autres orateurs ont rapporté que le roi avait lors d’un récent discours qualifié l’Holocauste de «plaie à la mémoire collective de l’humanité et l’un de ses chapitres les plus douloureux». Mohammed VI a-t-il vraiment dit cela ? Passons… 
    En tout cas Lockwood impressionné écrit : «Il est évidemment remarquable d’entendre le chef d’un pays musulman avoir un tel langage de nos jours quand délégitimer la mémoire de l’Holocauste est devenu un outil politique grotesque». Il se questionne alors logiquement sur «la force du patronage du roi des Juifs», alors que «les Juifs au Maroc dans les années chaotiques après l’indépendance en 1956 ont été des boucs émissaires et les victimes de la majorité de la population». Lockwood enfonce alors le clou en faisant un raccourci que ses hôtes n’auront certainement pas apprécié: «L’attitude actuelle du gouvernement marocain envers ses minorités est également une question complexe (…). L’armée marocaine a récemment mené une forte répression contre le peuple sahraoui» ajoute-t-il (peuple sahraoui : habitants du Sahara Occidental annexé par le Maroc en 1975, ndds). Et pour finir de cracher dans la soupe, Lockwood ajoute: «Ce déchaînement de violence rappelle les souvenirs douloureux de la situation des Juifs au Maroc juste après l’indépendance». Et lorsqu’il interroge Marc Ginsberg, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, avec une pointe de perfidie non dissimulée sur ce qu’il pense de l’engagement que doit prendre la communauté juive concernant le traitement des minorités au Maroc, ce dernier, décontenancé, répondra à l’impétrant que: «Les minorités berbères sont beaucoup mieux traitées au Maroc que par les gouvernements des pays voisins». Pathétique.
    Ali Amar
    Vox Maroc, 18/12/2010
  • Boukhari Ahmed : « Nous demandons l’implication active et sincère du Conseil de sécurité »

    Sahara occidental / Reprise des discussions entre le Maroc et le Front Polisario
    Le Maroc et le Front Polisario ont repris jeudi 16 décembre en mi-journée dans la banlieue de New York un quatrième cycle de discussions informelles sur l’avenir du Sahara occidental qui doit durer jusqu’à samedi en mi-journée sous l’égide des Nations unies. 

    Une précédente série de discussions s’était achevée le 9 novembre sans résultat probant, les deux camps restant sur leurs positions. Elles avaient démarré deux jours auparavant dans une atmosphère tendue après le raid déclenché par les forces marocaines près de Lâayoune, chef-lieu du Sahara occidental, qui a fait 13 morts selon le Maroc et « plusieurs dizaines » selon le Polisario. Ces discussions se déroulent sous la houlette de l’émissaire de l’ONU dans la région Christopher Ross et en présence de représentants de l’Algérie et de la Mauritanie, pays voisins. « On parle de mesures de confiance. Mais la confiance n’existe pas. Le Maroc est figé sur ses positions. Rien ne peut sortir de cette phase de discussions », a déclaré Ahmed Boujari, représentant à l’ONU du Front Polisario. « Nous voudrions maintenir ouverte la voie diplomatique. Mais une solution définitive ne peut voir le jour sans que le Maroc ne prenne ses responsabilités. Nous demandons l’implication active et sincère du Conseil de sécurité. La position de la France est aussi critiquable car elle soutient le Maroc », a-t-il ajouté.

    Un porte-parole du Maroc a de son côté indiqué qu’il avait pour consigne de ne pas communiquer avec la presse jusqu’à la conclusion des discussions samedi en mi-journée.
    Le Citoyen, 18/12/2010