Année : 2010

  • Maroc : soulèvements à Sidi Bouafif

    Nouvelles du soulèvement dans le Rif à Sidi Bouafif, région El Hoceima ce vendredi 10 décembre 2010. Suite à l’ expropriation d’une famille et démolition de son logement par l’autorité du makhzen escortée de forces de l’ordre, la colère des habitants a éclaté dès 9h30 ce matin.

    La femme avec ses deux enfants s’est mise en travers de la route nationale et l’a bloqué en criant « si je n’obtiens pas mes droits, je coupe la route avec mes deux enfants , face à l’injustice il ne me reste qu’à me suicider avec mes enfants ». C’est ainsi que cette mère-courage a réveillé les consciences, les habitants émus l’ont rejoint et la route a été coupée.

    Les habitants se sont solidarisés avec la famille, la route nationale a été bloquée, les forces de répression, armée et force mobile, ont lancé les grenades lacrymogène et tiré balles en plastique sur la population. Les jeunes ont riposté par des jets de pierres et des slogans appelant la population à se soulever. Après les 5 premières arrestations et les blessés, les jets de pierres contre les forces de répression ont repris de plus belles, à 14h30, 4 voitures ont été brulées, les estafettes encerclées, les forces de l’ordre ont pris la fuite. On parle de plus de 30 blessés dans leurs rangs. 

    En fin de journée une marche de solidarité des habitants des villages environnants Tamassint, Imzouren, Aït Bouayach rejoint les habitants de Sidi Bouafif. Aux dernières nouvelles on parle de mobilisation des troupes armées venant de Nador. On craint le pire cette nuit .

    La population est en colère, déterminée et mobilisée. Toute la nuit de vendredi les manifestants des villages avoisinants ont rejoint les habitants de Sidi Bouafif, les représentants de divers associations : diplômés chômeurs, AMDH. Des barricades sont montées face à un impressionnant déploiement de troupes militaires et forces répressives venues en renfort de Nador. Toute la nuit la combativité des jeunes et des habitants a été impressionnante, chantant victoire.

    Bilan des affrontements avec les forces répressives de la journée du vendredi 10 décembre :
    - 5 blessés parmi les habitants, de nombreuses arrestations dont le nombre n’a pas été communiqué
    - 30 blessés des forces de l’ordre, 4 véhicules endommagés

    Samedi 11 décembre 2010, nouvelles du Rif, Sidi Bouafif
    Ce samedi les autorités ont été contraintes de trouver une solution, un dialogue a été ouvert avec le conseil des anciens des sages des habitants qui ont exigé et obtenu :
    - la reconnaissance des droits de la famille sur sa terre et la reconstruction du logement démoli par les autorités
    - la libération de tous les emprisonnés
    - annulation de toute poursuite judiciaire

    Ce samedi El Hoceima est en état de siège, un impressionnant déploiement miliaire pour prévoir tout dérapage. La tension est palpable, de nombreuses activités sont prévues : marche locale des diplômés chômeurs de la région de Nador, Driouch, El Hoceima, puis un match de foot opposant l’Equipe de Hoceima à celle de Marrakech.

    Demain dimanche sera célébrée la journée mondiale des droits de l’homme. Un retour au calme mais le déploiement des forces et des renforts est toujours sur place, les manifestations du mouvement des diplômés chômeurs quasi permanentes et le match de foot sont autant de rassemblements qui peuvent être un déclencheur du désespoir, des frustrations, de la colère des habitants du Rif. Ici on se rappelle encore et toujours les massacres de 1957, 58,59 perpétrés contre le peuple rifain au lendemain de l’indépendance par la nouvelle armée dirigée par le prince héritier qui deviendra le roi Hassan 2 , les assassinats, enlèvements, viols collectifs exécutés par le sinistre Général Oufkir. Il s’agissait d’épurer l’Armée de Libération Nationale, en finir avec la résistance, mâter et maintenir dans la peur, la misère et l’ignorance toute une population prise en otage d’une « Indépendance boiteuse » disait le héro du Rif Abdelkrim Khatabi de son exil au Caire.

    Les fruits amers du libéralisme

    Des générations après, comme un long fleuve endormi, la révolte gronde. La révolte des habitants de Tamassint oubliés après le tremblement de terre d’El Hoceima en 2004 a réveillé les consciences des jeunes qui aujourd’hui poursuivent les luttes et crient victoire. Des années d’abandon suivies d’une libéralisation sans entrave, une gestion des biens publics désastreuse, d’une corruption généralisée, d’accaparement des terres par les nantis au pouvoir, une urbanisation sauvage pour des projets touristiques, onéreux, inutiles pour la population, désastreux pour l’environnement mais bénéfiques aux capitaux spéculatifs et au blanchiment. La région n’en voit pas les fruits.

    Chômage des jeunes et migration massive, petits boulots et bricolages de survie, privatisation et marchandisation des biens publics, des droits à l’éducation, la santé.. Les micros crédits alimentent l’endettement des ménages. La publicité chante et enchante la consommation.
    La « makhzanisation » des élites, de la « société civile » des partis et syndicats nourrit méfiance et discrédit des institutions.

    Les fruits amers du libéralisme nourrissent la révolte de nouvelles générations qui écrivent un nouveau chapitre de l’histoire aujourd’hui à Sidi Bouafif dans le Rif ; une femme s’est levée, a défié le pouvoir, la force, l’injustice.
    CADTM, 18/12/2010

  • 50 ans après l’adoption par l’ONU de la résolution 15 14 Olivier Fanon : «Faire face à la nouvelle forme de ré-colonisation»

    Olivier Fanon, fils du défunt Franz Fanon, a apporté, en marge des travaux de la Conférence internationale marquant le 50e anniversaire de l’adoption par l’Onu de la résolution 15 14 consacrant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sa lecture de cet évènement et son regard sur ce qui demeure à accomplir. S’agissant de la résolution 15 14 octroyant l’indépendance aux pays et peuples colonisés, Olivier Fanon a soutenu que «pour moi, il s’agit d’un acte fondateur, et légitimement symbolique» Et de souligner qu’ «en tant qu’Algérien j’ai été pétri dans la lutte de Libération, je suis né en 1955 et j’ai vécu toujours en guerre, mon père était représentant du GPRA, nous avons vécu dans les camps, aux frontières, mon père était condamné et recherché», rappelle-t-il. 
    Un vécu qui pour Olivier Fanon se résume comme suit : «J’étais élevé dans l’action militante active de la Révolution et la guerre. Les grands principes internationaux, je les respecte bien entendu, et toute indépendance s’obtient par la force. N’oublions pas que durant les années 1960, années de la décolonisation, l’Algérie a obtenu son indépendance après une guerre de décolonisation et ça n’a pas été un don» souligne Olivier Fanon. Ceci en ajoutant que «par ailleurs, il y a eu des pays qui disaient nous voulons rester avec vous (le colonisateur) et il ne faut pas oublier que nous, nous avons mis dehors le colonisateur français». Evoquant par la suite dans ses propos la décolonisation du Sahara Occidental ( envahi par le Maroc en 1975, ndds) en déclarant que : «La résolution 15 14, c’est aussi aujourd’hui la légitimité du combat qui continue du peuple sahraoui et moi je suis pour la lutte active» soutient Olivier Fanon. Précisant par ailleurs, qu’ «Il y a la lutte à mener au sein des grands forums internationaux mais il y a la lutte sur le terrain et l’indépendance s’acquiert par la force et la lutte, aujourd’hui, comme hier et aussi demain, voila ce que représente pour moi la Résolution 15 14.» . 
    S’agissant des autres questions marquant l’actualité continentale et internationale, M. Fanon met en garde contre les autres formes de colonisation qu’il qualifie «de re-colonisation»,à travers la mainmise des ex-puissances coloniales et de puissants sur les règles économiques, via les instruments, tels le Fond monétaire international, la Banque mondiale, et l’Organisation mondiale du commerce». Il indiquera que «c’est latent, c’est sous-jacent» et pour y faire face, pour lui, «seule l’union entre les pays libres et indépendants peut faire échec à cette nouvelle tentative de re-colonisation». Tout en rappelant les expériences passées des peuples en lutte pour leur indépendance que «seule l’union fait la force, il ne faut pas l’oublier» souligne Olivier Fanon. 
    Autre question évoquée aussi dans les propos tenus par notre interlocuteur, la lutte contre le terrorisme dans les pays du Sahel, à propos de laquelle il dira de prime abord que «c’est une affaire des pays voisins (pays ayant des frontières communes) et non pas un problème des anciennes puissances coloniales». Et d’ajouter à cet effet qu’«il faut faire comprendre à nos chers voisins (les pays du Sahel) que s’ils ont des problèmes, nous sommes là pour les aider. Ils n’ont pas besoin de faire appel à l’ancien colon.» Ceci en indiquant qu’ «il y a des situations qui perdurent et qui sont créées», a-t-il estimé, ajoutant qu’il préfère «l’intervention» de l’Union africaine dans les pays du Sahel à « elle des armées de l’Africom ou de je ne sais qui encore d’autre ».
    Karima Bennour
    La Nouvelle République, 15/12/2010
  • Les participants au XVIIème festival de la jeunesse appellent à mettre fin à l’occupation du Sahara occidental

    Pretoria, 17/12/2010 (SPS) Les intervenants devant le XVIIème festival de la jeunesse mondiale ont appelé à mettre fin à l’occupation des territoires non autonomes, en particulier, le Sahara occidental et l’arrêt de la politique d’épuration ethnique par le Maroc contre les citoyens sahraouis sans défense dans les territoires occupés du Sahara occidental, a rapporté la première édition du journal du festival qui se tient à Pretoria du 13 au 21 décembre courant.

    L’édition rendue publique lundi, a permis aux participants de s’enquérir de l’histoire et de la nature du conflit du Sahara occidental, ainsi que de la situation des droits de l’homme qui prévaut dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine.

    Dans ce contexte, le porte-parole de la jeunesse du parti du Congrès national africain (ANC), Madeleine Monsami a indiqué dans un article que tous les discours, dont celui du président de la République d’Afrique du Sud, Jacob Zuma et du président de la Fédération internationale de la jeunesse démocratique ont appelé à éradiquer toutes les formes de colonialisme, l’impérialisme ou d’occupation.

    « Nous devons unir nos effort pour soutenir la lutte du peuple sahraoui pour la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique », a déclaré Monsami.

    Les participants ont également exprimé leur soutien et leur solidarité avec le peuple sahraoui et sa juste lutte pour le recouvrement de ses droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance, a conclut la même source.

    Le Sahara occidental a été élu en septembre dernier, membre du Comité international d’organisation, au nom de l’Afrique pour l’organisation du XVII Festival mondial des jeunes et des étudiants qui se tient en Afrique du sud du 13 au 21 décembre 2010, rappelle-t-on. (SPS)

  • Report du procès des sept militants sahraouis au 7 janvier prochain

    Ain Sbaa (Casablanca), 17/12/2010 (SPS) Le procès des sept militants sahraouis des droits de l’homme a été reporté au 7 janvier 2011 en raison des perturbations causées par certains avocats marocains et de l’assistance qui ont empêché son déroulement, et ce, en présence de nombreux observateurs étrangers et de la presse marocaine et internationale, a-t-on constaté sur place.

    La cour doit se prononcer mercredi prochain sur la demande des avocats relative à la mise en liberté provisoire des accusés Brahim Dahane, Ahmed Nassiri, Ali Salem Tamek, présents dans la salle d’audience.

    Dans leurs plaidoiries les avocats de la défense ont mis en avant l’impossibilité de tenir un procès dans une salle non conforme (exiguïté) et en raison des pressions subies par les prévenus, la non garantie de la sécurité des accusés et la non réunion des conditions pour un jugement équitable.

    Le procès a été perturbé à l’intérieur et à l’extérieur de la salle aux cris de « Sahara marocain », en présence de défenseurs des droits de l’homme européens, notamment italiens et espagnols, dont l’un d’eux, un Espagnol, a failli être lynché par la foule au sortir du tribunal devant des représentants du corps diplomatique (Etats-Unis, Suède, Finlande, Espagne).

    Le collectif d’avocats de la défense a plaidé pour le respect des droits des militants sahraouis. En réponse à ceux qui traitent les Sahraouis jugés de « félons », un avocat s’est interrogé: « Que fait actuellement le gouvernement marocain à New-York si ce n’est négocier avec le Front Polisario ? ».

    Les accusés sahraouis (Brahim Dahane, Ahmed Nassiri, Ali Salem Tamek, Degja Lachgare, Yahdih Ettarrouzi, Rachid Sghayar et Saleh Lebaihi ), jugés selon l’acte d’accusation pour « atteinte à la sécurité de l’Etat du Maroc », revendiquent publiquement le droit du peuple sahraoui (peuple du Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds) à décider librement de son avenir à travers un référendum d’autodétermination. (SPS)

  • Un 4ème round et… après

    La complicité franco-marocaine empêche la résolution du conflit sahraoui
    Les pourparlers entre les représentants du Polisario et ceux du Maroc ont repris pour la quatrième fois avant-hier à New York. Une réunion informelle censée encore une fois déblayer le terrain avant l’entame de véritables négociations sur l’avenir du Sahara occidental. Mais que pourrait apporter de nouveau cet énième round de discussions quand on sait que les précédents se sont soldés par un statu quo ? Un statu quo voulu, comme tout le monde le sait, par le royaume chérifien qui campe sur ses positions de ne faire qu’une seule et unique concession à ses vis-à-vis : l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine. Comme si le Sahara occidental était considéré comme une province du royaume chérifien. Alors qu’il s’agit bel et bien d’une question de décolonisation, comme l’ont souligné les différentes résolutions adoptées par l’ONU, dont on vient de commémorer le cinquantième anniversaire à Alger ayant justement trait à la décolonisation et auquel, bien entendu, le Maroc n’a pas daigné prendre part. Il se serait parjuré. Mais tout comme l’Etat sioniste, le Maroc refuse non seulement d’appliquer des décisions d’une entité, dont il est membre, mais ne les reconnaît nullement. Il se sent même conforté dans ses positions par le soutien inconditionnel que lui apporte l’Hexagone sur cette question. Tout comme se sent conforté l’Etat sioniste par les soutiens de l’UE et des Etats-Unis. 
    Aussi, on ne peut absolument rien attendre de ces discussions. Hasard du calendrier ou simple coïncidence, lesdites discussions ont débuté à la veille du procès (reporté à deux reprises) des sept militants sahraouis que les représentants marocains comptent certainement exploiter pour exercer des pressions sur la délégation du Polisario. Des militants incarcérés pour crime de revendication d’autodétermination. Des militants qui, à l’instar de leurs compatriotes d’El Ayoun, ont défié le régime marocain et exigé le droit de décider librement de leur avenir. 
    Comme on le sait, la réponse ne s’est pas fait attendre. Répression, violence et incendie des tentes. Dès lors, la main tendue avec laquelle le Polisario s’est rendu à New York risque fort d’être rejetée par le Maroc qui ressasse que la solution, c’est l’autonomie. Et donc l’impasse avec tout ce que cela implique comme conséquences. Mais l’ONU sous l’égide de laquelle ces discussions sont menées, et qui sait pertinemment qu’elles seront un échec, n’est pas prête à prendre des sanctions contre Rabat, comme elle s’empresse de le faire pour les pays qui ne sont pas dociles aux exigences des puissants de ce monde.
    Par Faouzia Ababsa
    La Tribune d’Algérie,  18/12/2010
  • Nouvelle tentative pour débroussailler les chemins sinueux de l’autodétermination

    Marocains et Sahraouis sont réunis depuis hier sous l’égide de l’ONU pour tenter de sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations entre les deux parties. Depuis le début des négociations en 2007, les négociateurs butent sur l’inflexibilité des délégations marocaines. Ces dernières refusent de discuter de toute autre option que l’autonomie proposée par le souverain marocain, il y a quelques années. D’où la mise en place de cette série de rencontres informelles pour essayer de mettre à plat toutes les embûches qui peuvent empêcher les deux parties d’enclencher les vraies négociations sur le statut du Sahara occidental.   
    La quatrième réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc sur le Sahara occidental s’est donc ouverte, hier à Manhasset, près de New York, pour une durée de deux jours sous l’égide des Nations unies. Lors de leur précédente rencontre en novembre, les deux délégations avaient, en effet, décidé de se réunir à nouveau au mois de décembre, ainsi qu’au début de l’année prochaine afin de poursuivre le processus de négociations qui a été demandé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. 
    Dans une déclaration faite à l’agence de presse algérienne (APS) à la veille de la tenue de ces pourparlers, M. Boukhari souligne, comme l’a souligné déjà le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, lors de la conférence internationale à Alger célébrant le 50e anniversaire de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (résolution 1514), que «la délégation sahraouie se rendra à cette réunion avec une main tendue pour la paix». Une attitude qui n’est certainement pas nouvelle pour le Front Polisario. Ce dernier a toujours cru en la possibilité de parvenir à un accord par les voies du dialogue. «Cette attitude du Front Polisario n’est pas nouvelle. Elle l’a toujours été depuis le début du processus des négociations, car nous considérons que nous ne pouvons pas changer la géographie, et le Maroc est un pays voisin avec qui nous avons un seul problème qui est celui de l’occupation illégale du Sahara occidental», explique le représentant sahraoui auprès de l’ONU. A ce propos, il estime qu’«une fois la question du Sahara occidental résolue d’une manière claire, juste et définitive à travers le respect du droit à l’autodétermination et à l’indépendance de notre peuple, nous serons alors prêts à construire avec le Maroc et tous les autres pays voisins l’intégration maghrébine, car c’est la seule alternative stratégique qui mérite tous les efforts et toute l’imagination pour y arriver». «Malheureusement, regrette-t-il, nous n’avons pas encore trouvé l’écho approprié chez les dirigeants marocains qui restent figés dans une vision inacceptable et basée sur des revendications territoriales dont les fondements ont été réfutés par la communauté internationale et la Cour internationale de justice.» A ce sujet, il considère que «c’est cette vision figée des dirigeants marocains qui est responsable du blocage actuel et de tous les excès contre le peuple sahraoui, aussi bien dans les zones occupées du territoire sahraoui que dans la position intransigeante actuelle manifestée par toutes les délégations marocaines qui ont participé tout au long de ce processus de négociations». «Notre main pour la paix a toujours été tendue, mais à chaque fois nous retournons avec la main vide du fait que les dirigeants marocains n’ont pas appris les leçons pertinentes de l’Histoire», soutient-il encore. A rappeler que la réunion en cours se tient un peu plus d’un mois depuis le troisième round informel et se déroulera sous les auspices de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, en présence des délégations des deux parties et des représentants des deux pays observateurs, l’Algérie et la Mauritanie. La délégation sahraouie sera conduite par le président du Conseil national de la République arabe sahraouie démocratique, M. Khatri Addouh, et composée également du coordinateur sahraoui avec la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), M. M’hamed Khaddad, et du représentant du Front Polisario à l’ONU, M. Ahmed Boukhari. 
    En application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la semaine dernière la résolution appuyant le processus de négociations en vue de parvenir à «une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». L’Assemblée générale onusienne a demandé à la quatrième commission onusienne chargée de la décolonisation de continuer à suivre la situation au Sahara occidental. Le Maroc et le Front Polisario avaient engagé, en juin 2007, des négociations directes sous l’égide de l’ONU, avec quatre rounds qui avaient eu lieu à Manhasset et trois réunions informelles à Vienne et à Manhasset. 
    Par Ghada Hamrouche 
    La Tribune d’Algérie, 18/12/2010
  • Les participants au XVIIème festival de la jeunesse appellent à mettre fin à l’occupation du Sahara occidental

    Pretoria, 17/12/2010 (SPS) Les intervenants devant le XVIIème festival de la jeunesse mondiale ont appelé à mettre fin à l’occupation des territoires non autonomes, en particulier, le Sahara occidental et l’arrêt de la politique d’épuration ethnique par le Maroc contre les citoyens sahraouis sans défense dans les territoires occupés du Sahara occidental, a rapporté la première édition du journal du festival qui se tient à Pretoria du 13 au 21 décembre courant.

    L’édition rendue publique lundi, a permis aux participants de s’enquérir de l’histoire et de la nature du conflit du Sahara occidental, ainsi que de la situation des droits de l’homme qui prévaut dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine.

    Dans ce contexte, le porte-parole de la jeunesse du parti du Congrès national africain (ANC), Madeleine Monsami a indiqué dans un article que tous les discours, dont celui du président de la République d’Afrique du Sud, Jacob Zuma et du président de la Fédération internationale de la jeunesse démocratique ont appelé à éradiquer toutes les formes de colonialisme, l’impérialisme ou d’occupation.

    « Nous devons unir nos effort pour soutenir la lutte du peuple sahraoui pour la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique », a déclaré Monsami.

    Les participants ont également exprimé leur soutien et leur solidarité avec le peuple sahraoui et sa juste lutte pour le recouvrement de ses droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance, a conclut la même source.

    Le Sahara occidental a été élu en septembre dernier, membre du Comité international d’organisation, au nom de l’Afrique pour l’organisation du XVII Festival mondial des jeunes et des étudiants qui se tient en Afrique du sud du 13 au 21 décembre 2010, rappelle-t-on. (SPS)

  • Anouar Malek retire sa plainte pour couper l’herbe sous le pied à des parties étrangères

    L’écrivain- journaliste algérien, Anouar Malek, a décidé de retirer la plainte qu’il avait déposée en juillet 2009 à Genève auprès du Comité de l’ONU contre la torture, suite à l’imminence de l’accusation de l’Algérie. Et cela pourrait être exploité par des parties étrangères, a indiqué Anouar Malek. 
    Dans une communication téléphonique, à partir de France, Anouar Malek a révélé : « Après l’étude de mon dossier par le comité, l’accusation de l’Algérie était devenue imminente dans l’affaire de la torture qu’un responsable de l’Etat avait commis. J’ai su aussi que des parties avaient l’intention d’exploiter cette accusation, et c’est alors que j’ai décidé de retirer ma plainte parce que je n’accepterai jamais que l’Algérie soit accusée dans des rencontres internationales », a-t-il appuyé. 
    Anouar dira qu’il a retiré la plainte, la première du genre à être acceptée par l’instance onusienne contre l’Algérie, pour «  Ne pas donner l’occasion à Soltani  d’accuser, en mon nom, l’Algérie en tant qu’Etat. Et je ne m’en réjouirai pas si on m’exploite pour cette fin, après qu’il m’eut torturé pour des raisons personnelles », a-t-il ajouté. Il a, en outre, annoncé qu’il avait entendu que le Maroc comptait exploiter l’incident pour salir la réputation de l’Algérie auprès des Nations Unies. « J’ai découvert que le représentant du Maroc au Comité onusien contre la torture, planifiait pour exploiter l’accusation de l’Algérie de mon dossier pour dénaturer la réalité des droits de l’homme en Algérie », a-t-il soutenu (le Maroc s’attaque à l’Algérie à cause de son soutien au principe d’autodétermination au Sahara Occidental, ndds)
    Anouar Malek a, en outre, publié un communiqué où il a affirmé l’abandon de sa plainte suite aux insistances de son père qui ne cessait pas de lui conseiller la sauvegarde de l’honneur de l’Algérie, même au détriment de sa vie. Par ailleurs, il a annoncé la cessation de toute poursuite contre Aboudjerra soltani dans la perspective de barrer la route à ceux qui complotent contre l’Algérie de l’intérieur, « qui seraient, dit Malek, les mêmes qui m’ont obligé à aller vers le tribunal international et atteindre, à travers ma juste cause, leur objectif à savoir nuire à mon pays. » Pour rappel, Malek avait accusé Soltani de l’avoir, lui-même, torturé et avait déposé plainte contre lui, en date du 18 juillet 2009, auprès du comité de l’ONU contre la torture, et qui a été acceptée le 4 octobre 2009. Il s’était, en outre, plaint auprès de la justice suisse, le 16 octobre 2009, au moment où Soltani était en visite à Genève,  sous invitation de la Ligue islamique pour une conférence, mais ce dernier a pu quitter le territoire suisse par voie terrestre après qu’un mandat d’arrêt eut été lancé contre lui.
    Echourouk Online, 17/12/2010
  • Report du procès des sept militants sahraouis au 7 janvier prochain

    Ain Sbaa (Casablanca), 17/12/2010 (SPS) Le procès des sept militants sahraouis des droits de l’homme a été reporté au 7 janvier 2011 en raison des perturbations causées par certains avocats marocains et de l’assistance qui ont empêché son déroulement, et ce, en présence de nombreux observateurs étrangers et de la presse marocaine et internationale, a-t-on constaté sur place.

    La cour doit se prononcer mercredi prochain sur la demande des avocats relative à la mise en liberté provisoire des accusés Brahim Dahane, Ahmed Nassiri, Ali Salem Tamek, présents dans la salle d’audience.

    Dans leurs plaidoiries les avocats de la défense ont mis en avant l’impossibilité de tenir un procès dans une salle non conforme (exiguïté) et en raison des pressions subies par les prévenus, la non garantie de la sécurité des accusés et la non réunion des conditions pour un jugement équitable.

    Le procès a été perturbé à l’intérieur et à l’extérieur de la salle aux cris de « Sahara marocain », en présence de défenseurs des droits de l’homme européens, notamment italiens et espagnols, dont l’un d’eux, un Espagnol, a failli être lynché par la foule au sortir du tribunal devant des représentants du corps diplomatique (Etats-Unis, Suède, Finlande, Espagne).

    Le collectif d’avocats de la défense a plaidé pour le respect des droits des militants sahraouis. En réponse à ceux qui traitent les Sahraouis jugés de « félons », un avocat s’est interrogé: « Que fait actuellement le gouvernement marocain à New-York si ce n’est négocier avec le Front Polisario ? ».

    Les accusés sahraouis (Brahim Dahane, Ahmed Nassiri, Ali Salem Tamek, Degja Lachgare, Yahdih Ettarrouzi, Rachid Sghayar et Saleh Lebaihi ), jugés selon l’acte d’accusation pour « atteinte à la sécurité de l’Etat du Maroc », revendiquent publiquement le droit du peuple sahraoui (peuple du Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds) à décider librement de son avenir à travers un référendum d’autodétermination. (SPS)

  • Le premier F-16 aux couleurs du Maroc

    Le Maroc sera en 2011 le 25ème pays à se doter du plus célèbre avion de chasse américain. VoxMaroc dévoile les premières photos de l’engin frappé des cocardes des Forces Royales Air. Retour sur un deal mouvementé.
    Le premier des 24 Block 52 F-16C sera livré courant 2011 à l’armée de l’air marocaine. On le voit ici le 21 septembre 2010 lors de son vol d’essai inaugural à la base américaine de Fort Worth au Texas.
    Le Defense Industry Daily  revient sur le détail des différentes étapes de ce contrat mirifique. L’histoire de l’achat de deux escadrilles du plus célèbre chasseur américain par Rabat est aussi celle d’un embrouillamini politico commercial avec la France. En automne 2007, le constructeur aéronautique américain Lockheed Martin annonce que le Maroc avait officialisé sa commande de 24 avions de chasse F-16, pour un montant total pouvant aller jusqu’à 2,4 milliards de dollars. Les F-16 américains se trouvaient alors en concurrence avec le Rafale de Dassault, lequel n’a jamais pu s’exporter. 
    L’échec de la vente du Rafale au royaume chérifien, face au chasseur américain, avait été annoncé en octobre 2007 pendant la fameuse visite d’Etat de Nicolas Sarkozy à Marrakech. Le roi Mohammed VI avait fait un geste pour atténuer le dépit de son hôte: il avait repoussé de trois mois le salon de l’aéronautique Aéroexpo, qui devait se tenir du 24 au 27 octobre à… Marrakech, où Dassault et les autres industriels français impliqués dans la construction du Rafale avaient annulé leur participation. Serge Dassault et Charles Edelstenne, le président de Dassault Aviation cachaient mal leur colère envers la Délégation générale pour l’armement (DGA), les deux dirigeants estimant alors que cette administration était responsable de l’échec commercial du Rafale.
    La chronologie de cette brouille débute par la visite de Vladimir Poutine à Alger le 10 mars 2006. Le président russe signe un accord pour fournir une soixantaine d’avions de combat Mig-29 et Soukhoï-30 à l’Algérie. Or les tensions au Maghreb n’ont jamais été assainies en raison du conflit au Sahara (Sahara Occidental annexé par le Maroc en1975, ndds) qui divise Marocains et Algériens depuis plus de trois décennies, et Rabat s’inquiète de cette course à l’armement engagée par le président Bouteflika et ses généraux dopés par des cours du pétrole qui s’envolent.
    Inquiet par ce déséquilibre stratégique, Mohammed VI décide alors de doter son pays d’avions de chasse modernes pour renforcer une flotte de Mirage F-1 et de Northrop F-5 vieillissants. Lorsque le Palais prend langue avec l’Elysée au printemps 2006, le roi s’engage formellement à Jacques Chirac pour acquérir des avions français. 
    Pourtant, en octobre 2005, alors que Rabat avait conclu un gros contrat avec Dassault pour moderniser ses vieux Mirage, Le Figaro, (propriété de Dassault) peu coutumier d’égratigner la monarchie marocaine, publiait en novembre un portrait  peu reluisant du monarque, ce qui avait provoqué l’ire du monarque. Ce geste inamical était donc oublié. C’est alors que se mettent en place les premiers éléments de ce qui deviendra une succession d’erreurs du côté français. 
    Paris décide que Dassault négociera directement avec l’Etat marocain malgré l’insistance de la Délégation générale pour l’armement (DGA) qui milite pour une négociation d’Etat à Etat. Le groupement d’intérêt économique Rafale, qui rassemble Dassault, Thales et Snecma, ira seul à la table des tractations. 
    La DGA et Dassault parlent séparément aux Marocains. Et pas le même langage: le constructeur présente une  estimation budgétaire d’environ 2 milliards d’euros pour 18 Rafale, alors que la proposition de l’Etat est nettement inférieure. Dassault est furieux, et les Marocains exploitent habilement la cacophonie française. De toute façon, l’offre est incomplète: Rabat veut pouvoir disposer d’une flotte d’avions de combat autonomes. 
    L’offre est donc révisée en ce sens et, fin décembre, elle atteint 2,6 milliards d’euros. Les discussions se poursuivent, jusqu’à ce que, à Paris, certains experts tirent la sonnette d’alarme: une telle facture représente quelque 5 % du PIB marocain. Qui va payer ? Dans les rangs du gouvernement français comme dans les milieux industriels, on se fait à l’idée que l’Arabie saoudite, voire les Emirats arabes unis seront les mécènes du Maroc. Rien n’est plus faux. Mais l’ambiguïté perdure. D’autant plus que Rabat se garde de soulever la question du financement. Avec le changement de gouvernement, les choses trainent, et Paris ne tranche pas. Finalement l’Elysée pousse à la roue en proposant un crédit de l’Etat sur une très longue période. Mais il est trop tard. D’autant que Nicolas Sarkozy effectue sa visite en Algérie le 10 juillet 2006, sans passer par le Maroc. Les Etats-Unis à l’affut profitent de l’occasion: ils proposent à l’armée de l’air marocaine 24 F-16 flambants neufs pour 1,6 milliard d’euros. 
    Fin juin 2006, à la faveur des négociations directes entre le Maroc et le Polisario à Manhasset, Washington passera d’une position de neutralité bienveillante envers Rabat sur le Sahara occidental, à un soutien actif. Mieux, George W. Bush octroie dans la foulée une aide de près de 700 millions de dollars à son allié nord-africain dans le cadre du fameux Millenium Account Challenge . Les F-16 y seront pour beaucoup au grand dam de la France. 
    D’ailleurs, les Etats-Unis n’ont pas caché les motivations stratégiques de ce deal. Dans une note datée du 18 décembre 2007, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) affirme que la transaction «participe aux objectifs de (sa) politique étrangère en matière de sécurité». Elle est aussi «une récompense pour le Maroc dans sa capacité à soutenir les efforts des États-Unis dans la guerre globale contre le terrorisme».
    Sarkozy qui avait pourtant chaussé les bottes de son prédécesseur pour être aux avant-postes des relations commerciales et stratégiques avec Mohammed VI ne cachera pas son dépit. Fatigué, songeur et accablé par ses problèmes de couple, il assistera visiblement distant à la conclusion des autres contrats qu’il avait apporté dans ses valises, dont le TGV…
    Ali Amar
    Vox Maroc, 18/12/2010