Année : 2010
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Les avocats des sept détenus sahraouis dénoncent les conditions de déroulement de leur procès
Au moment où les représentants du Front Polisario et du Maroc se retrouvaient à la table des négociations à Manhasset, sept militants sahraouis des droits de l’Homme passaient devant un tribunal marocain à Casablanca en présence d’observateurs étrangers. Il s’agit des militants sahraouis Brahim Dahane Sahraoui, Ahmed Nassiri, Ali Salem Tamek, Degia Lachgare, Yahdih Ettarrouzi, Rachid Sghavar, Lebaihidi Saleh, coupables d’avoir rendu visite à leurs familles dans les camps des réfugiés à Tindouf en 2009. Le procès a été reporté au 7 janvier 2011 en raison des perturbations causées par certains avocats marocains et de l’assistance qui ont empêché son déroulement.Le collectif d’avocats chargé de la défense des sept Sahraouis vendredi dernier ont dénoncé hier les conditions dans lesquelles s’est déroulé ce procès marqué par «plusieurs anomalies». Dans un communiqué dont l’agence de presse algérienne (APS) a eu une copie hier, le collectif a affirmé que les observateurs étrangers, magistrats, avocats et représentants d’ONG de soutien au peuple sahraoui, venus notamment d’Italie, d’Espagne, de France, de Suède, «ont été soumis à des intimidations» dès l’entrée du tribunal et dans la salle d’audience. Selon les témoignages des observateurs italiens, «comme lors des deux précédentes audiences, il y a eu au cours de cette séance des attaques contre les accusés, leurs proches, certains observateurs internationaux et deux journalistes espagnols».Ils ont ainsi relevé que les procédures d’admission au tribunal et, par la suite, à la salle d’audience «ont été particulièrement lourdes» à l’égard des observateurs internationaux, citant notamment «la longue attente, le contrôle des passeports, les recherches». De nombreuses personnes prenaient en photo les observateurs qui ont été délestés de leurs téléphones portables, ordinateurs et modems «au moment même où cette mesure n’a pas été imposée au public venu nombreux», ont-ils témoigné encore. La salle d’audience, ont-ils noté, était comble, avec une présence de plus de 80 avocats marocains, qui ont occupé toute la salle, empêchant les observateurs de suivre le procès, ont également indiqué ces derniers, relevant qu’«aucun Sahraoui n’a pu être admis à l’audience, contrairement aux des nombreux civils marocains».Le collectif d’avocats a également tenu à préciser que cinq observateurs n’ont pu assister à la deuxième partie de l’audience et qu’«ils ont été poussés en dehors de la salle d’audience par une partie du public qui les a soumis à des violences physiques». Les forces de police, ont-ils ajouté, ont empêché l’entrée dans la salle d’audience du journaliste marocain Abdelmoumene Chebari, membre du secrétariat de la Voie démocratique (parti de la gauche radicale marocaine) connue pour ses positions en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui. Les avocats ont, en outre, signalé que, dès leur arrivée au tribunal, la salle d’audience était déjà bondée et que plus de «80 avocats qui apparemment n’avaient aucun lien avec l’audience étaient debout, au premier rang, et empêchaient les observateurs de suivre le procès». Les avocats chargés de la défense affirment également avoir fait l’objet d’«intimidations» et ont été relégués au quatrième banc derrière les avocats marocains venus en nombre, alors que l’avocat marocain et défenseur des accusés Me Mustapha Errachidi a été pris à partie et accusé de «trahison» par ses confrères marocains. Toutes les places assises étaient également occupées par des civils marocains criant des slogans et brandissant des drapeaux marocains et des photos du roi, ont-ils rapporté par ailleurs, soulignant que les plaidoiries des avocats de la défense ont été interrompues à plusieurs reprises par des cris provenant de la salle d’audience.Le collectif d’avocats a également indiqué qu’aucun Sahraoui n’était présent au milieu du public et que les accusés, en liberté provisoire, étaient absents de l’audience ainsi que leurs familles, «de crainte d’être de nouveau agressés». L’audience a été plusieurs fois suspendue pour permettre au public de scander des slogans patriotiques et brandir des drapeaux marocains et des portraits du roi, a-t-on également signalé. De plus, les observateurs font remarquer que l’absence forcée de l’accusé en liberté sous caution à l’audience pourrait être utilisée par le procureur comme preuve pour maintenir en détention les autres accusés. Cette absence, ont-ils dit, a été utilisée par le ministère public pour «justifier la nécessité de maintenir les autres accusés en détention». Selon l’acte d’accusation, les sept accusés sahraouis sont jugés pour «atteinte à la sécurité de l’Etat du Maroc», alors qu’ils ne revendiquent rien d’autre que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.Par Ghada HamroucheLa Tribune d’Algérie, 19/12/2010 -
Sahara occidental : Madrid et Paris veulent imposer la solution marocaine
La question du Sahara occidental a été le thème exclusif que Mme Trinidad Jimenez a soulevé au cours de la première visite qu´elle a effectuée, vendredi dernier à Paris, depuis qu´elle est à la tête de la diplomatie de son pays voilà à peine quelques semaines.Officiellement, une telle initiative est en soi louable puisqu´en apparence, la nouvelle ministre espagnole des Affaires étrangères a déclaré vouloir obtenir de son homologue française, Mme Alliot-Marie, le «soutien» de la France «au Maroc et au Front Polisario» dans les négociations informelles que ces deux parties impliquées dans le conflit du Sahara occidental avaient engagées, au même moment, près de New York sous les auspices des Nations unies.Tous les aspects d´un complot
La déclaration franco-espagnole paraît séduisante puisqu´elle prétend apporter une contribution à une solution «juste et durable» au conflit sahraoui qui traîne depuis plus de 35 ans. Dans sa formulation, cette initiative prétend donc partir d´une bonne intention. Il se trouve cependant que ni Mme Trinidad Jimenez ni Mme Alliot-Marie ne présentent un visage net dans cette démarche qui a du mal à cacher les aspects d´un complot.
La chef de la diplomatie espagnole est déjà connue dans son pays pour faire partie aux côtés de son prédécesseur à ce poste, Miguel Angel Moratinos, dont elle suit la voie diplomatique tracée pour le Sahara, du premier cercle du lobby espagnol pro-marocain. Quant à Mme Alliot-Marie, sa seule fonction de ministre des Affaires étrangères de la France la disqualifie pour jouer quelque rôle positif dans le conflit du Sahara occidental.N´est-ce pas le gouvernement socialiste du président José Luis Zapatero qui a, dès son installation officielle en avril 2004, entrepris d´encourager le Maroc dans son rejet de toute solution «juste et définitive» basée sur la tenue d´un référendum d´autodétermination pour l´ancienne colonie espagnole !«Le référendum n´est pas la seule technique pour la mise en œuvre du droit à l´autodétermination», dira Miguel Angel Moratinos sitôt installé, en 2004, dans ses fonctions de ministre des Affaires étrangères de Zapatero. Pour lui, ni le Plan de règlement de l´Onu de 1991, ni le Plan Baker ne sont des «textes sacrés».Il a tout dit. Durant six ans, ce diplomate chevronné a encouragé le Maroc à camper dans sa position de refus de la solution préconisée par les Nations unies et a, dit-on, inspiré la solution d´autonomie, calquée sur le modèle des autonomies en Espagne. A son départ du gouvernement, en octobre dernier, son regret a été, dit-il, de « n´avoir pas vu s´instaurer la paix au Sahara occidental». Par paix, il entend «un Sahara occidental pacifié et intégré au Maroc».La France disqualifiée
C´est exactement la solution que défend la France depuis le partage du territoire sahraoui – sous les manœuvres de l´ex-président Valéry Giscard d´Estaing – le 14 novembre 1975. Davantage encore que Madrid, sous Zapatero, Paris ne peut pas être un partenaire impartial dans la recherche d´une solution juste au conflit sahraoui.
Le président Mohamed Abdelaziz a dénoncé, en avril 2010, l´attitude franchement pro-marocaine de la France dans le Conseil de sécurité en la qualifiant de principal facteur de blocage d´une solution au conflit sahraoui basée sur le respect du droit à l´autodétermination, dans le cadre de l´Onu.Comment dès lors peut-on imaginer que Paris puisse jouer un rôle médiateur dans le processus de règlement de cette question ! Comment la France peut-elle aider un mouvement de libération qu´elle ne reconnaît pas et dont elle combat la cause lorsque le chef de la diplomatie marocaine, Fassi Fihri, a été reçu, lui, la semaine dernière, avec tant d´égards par son homologue française, sans le moindre reproche – une attitude qui vaut encouragement – pour les violations des droits de l´homme au Sahara occidental ?Les mêmes soupçons de partialité en faveur du Maroc pèsent sur les bonnes intentions du gouvernement Zapatero qui exprime quatre postions sur le conflit sahraoui :une à Madrid devant les parlementaires espagnols, une autre face aux dirigeants du Front Polisario, une troisième à Alger et une quatrième, la bonne, la vraie, à Rabat. Le soutien au plan marocain comme l´ont révélé au grand jour les câbles du Pentagone. C´est celle-là que Mme Jimenez a développée, en toute confidentialité, à Paris, avec Mme Alliot-Marie.Les «Amis du Sahara»
Pourquoi la ministre espagnole des Affaires étrangères a-t-elle sollicité spécialement l´aide du pays le plus suspect de partialité dans le conflit du Sahara occidental et pourquoi, spécialement encore, à ce moment précis ? La démarche espagnole obéit à un double objectif.
Les partenaires du lobby pro-marocain ont pris la décision depuis l´adoption, à la fin du mois dernier, d´une résolution par le Parlement européen exigeant l´ouverture d´une enquête internationale sur ce qui s´est passé au Sahara occidental. Une enquête de l´Institut espagnol El Cano classe le Maroc en tête du lot des pays où les droits de l´homme sont les plus violés.Ils ont donc multiplié leurs manœuvres en ce sens, particulièrement la semaine qui vient de s´écoulée, en marge de la réunion des MAE des «27» suivie de celle du Conseil des chefs d´Etat et de gouvernement, pour tenter de développer une action diplomatique tous azimuts en vue de desserrer l´étau qui s´est resserré, ces derniers temps, autour du Maroc, le «partenaire stratégique» de l´Union européenne, depuis la prise d´assaut brutale du camp de Gdeim Izik, le 8 novembre dernier.Ce même lobby ne désespère pas de rallier à la solution marocaine, soutenue par la France et l´Espagne, les membres du groupe des Amis du Sahara occidental composé, outre de ces deux pays, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie.
L´objectif serait non pas d´aider, comme le laissent entendre Paris et Madrid, les deux parties impliquées dans le conflit sahraoui, mais d´imposer au Conseil de sécurité la solution annexionniste marocaine avancée à travers son plan d´autonomie. S´il le faut par des pressions sur le gouvernement algérien pour son soutien indéfectible à la cause sahraouie.La clé du problème
Or, ni Washington, allié d´Alger dans la lutte contre le terrorisme, ni Moscou, principal allié traditionnel de l´Algérie, ni Londres qui plaide la solution d´un référendum dans le contentieux qui l´oppose à l´Espagne sur le cas de Gibraltar, ne semblent vouloir jouer «el juego sucio» du gouvernement Zapatero avec la complicité de Paris.
La démarche de Mme Jimenez confirme ce que Mohamed Abdelaziz avait affirmé, en avril dernier, lorsque sous le veto du gouvernement français le Conseil de sécurité n´avait pas accepté que la mission de la Minurso soit élargie à la surveillance des droits de l´homme : «La clé du problème se trouve à Paris !».Par Hamid A.Le Temps d’Algérie, 18/12/2010 -
Déçu par Paris et Madrid, le Polisario radicalise sa position
Le Front Polisario n’espère plus une quelconque évolution des positions respectives de la France et de la gauche espagnole dans le dossier sahraoui.L’appel lancé hier par le ministre des Affaires étrangères de la RASD, Mohamed Salem Ould Salek, d’exclure la France et le gouvernement Zapatero du groupe des d’amis du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental en est la parfaite illustration. Cet appel d’Ould Salek est motivé par «l’alignement inconditionnel de ces deux pays sur les thèses coloniales marocaines et leur rôle dans le blocage du processus de décolonisation du territoire sahraoui». Pour la précision, ce groupe des amis du secrétaire général pour le Sahara occidental est constitué des Etats-Unis, de la France, de l’Espagne, de la Russie et de la Grande-Bretagne.
Le responsable sahraoui se voulait pragmatique : «La présence de ces deux pays au sein du groupe d’amis du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental est devenue un obstacle à la contribution positive de ce groupe et affaiblit considérablement les chances de voir le Conseil de sécurité exiger l’accomplissement de la mission de la Minurso et l’avènement de la paix, juste et durable tant souhaitée par tous les peuples des deux rives de la Méditerranée», a-t-il dit.
L’un, poursuit-il, sous la direction du gouvernement socialiste dirigé par M. Zapatero, s’est aligné «tout simplement», depuis 2004 sur la politique de Paris en s’activant pour «légitimer le fait accompli colonial marocain» l’autre n’a plus à prouver son implication directe dans le processus, car bloquant toute pression internationale sur la partie marocaine.
Le Polisario estime en effet que la Minurso n’a pu s’acquitter de sa mission exclusive d’organisation du référendum prévu par le plan de règlement de 1991, «non pas à cause de la volonté manifeste de Mohammed VI de renier les engagements souscrits officiellement et d’une manière solennelle par le roi Hassan II , mais parce que les deux pays qui ont colonisé l’Afrique du Nord se sont opposés clairement à une décolonisation pacifique et paisible du Sahara occidental».
Ainsi, après des années d’interpellation, notamment de la France sur sa position promarocaine, le Polisario semble perdre tout espoir de changement de position de ce pays. Pour lui, les deux politiques franco-espagnoles entendent, «contre toute logique», confisquer le droit «inaliénable et imprescriptible» du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance et faire obstacle à l’exercice de ce droit à travers le référendum d’autodétermination, pourtant accepté par les deux parties.
Enfin, le ministre sahraoui a averti que la paix et la sécurité dans la région nord-ouest du continent africain sont «tributaires de la satisfaction totale des droits légitimes et imprescriptibles du peuple sahraoui, en respectant les accords et l’accomplissement par la Minurso de son mandat.
Y. M.Le Jeune Indépendant, -
Enième réunion de Manhasset, toujours la même impasse
A l’heure où a été rédigé ce papier, la quatrième réunion sous l’égide des Nations unies entre le Front Polisario et le Maroc se poursuivait encore à Manhasset (New York). L’on peut toutefois avancer, sans risque d’être contredit, que cette énième rencontre se conclura sans avoir fait avancer d’un iota la recherche de la solution au conflit du Sahara Occidental. Les négociateurs des deux parties feront tout au plus savoir à la fin de leur face-à-face qu’ils ont convenu de ne pas rompre le contact et s’être entendus sur un nouveau «rendez-vous».Le processus de Manhasset a suscité quelques espoirs quand il a été enclenché à la demande des Nations unies. Très vite éteints par l’entêtement des Marocains à n’accepter de discussion avec leurs vis-à-vis que du plan d’autonomie qu’ils veulent substituer au principe de l’autodétermination préconisé par la communauté internationale. Substitution rejetée avec la même détermination par le Polisario à chaque rencontre.
Il apparaît donc clairement que le processus est dans l’impasse. Une situation qui, finalement, arrange les autorités marocaines, dont le calcul est que temps travaillerait en faveur des desseins du Royaume concernant le Sahara Occidental.
Sauf que le statu quo ainsi à chaque fois prolongé n’est plus acceptable et supportable pour les Sahraouis, peuple et dirigeants. Lesquels ont émis le signal qu’ils n’en veulent plus. Aussi, faut-il que la communauté internationale ne sous-estime pas leur détermination.
Plusieurs mises en garde ont été lancées par le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, avertissant que les Sahraouis réfléchissent de plus en plus sur l’option d’une reprise de la lutte armée contre l’occupant marocain ayant violé tous les engagements qu’il a contractés pour obtenir d’eux la trêve des armes.
L’intifada populaire à El-Ayoum constitue les prémices avant-coureurs de la volonté des Sahraouis à ne plus rester passifs devant ce que l’occupant marocain croit être un fait accompli au Sahara Occidental, dont tout le monde devrait s’accommoder.
Sur le conflit sahraoui, la communauté internationale, ou plus exactement ceux qui se sont octroyé «le droit» de parler en son nom, rééditent la faute historique et le déni de justice haïssable qu’ils commettent à l’égard du peuple palestinien. Comme à celui-ci, il est en effet demandé au peuple sahraoui de «négocier» son destin national avec son occupant, alors que le droit international est censé déclarer inacceptable l’occupation d’une nation par une autre. Ce qui est le cas tant en Palestine qu’au Sahara Occidental. Ce qui devrait faire obligation à la communauté internationale à s’en tenir à ce principe et non se laisser «balader» par les stratagèmes dont usent les occupants pour pérenniser leurs méfaits. Celui du plan d’autonomie auquel les Marocains s’accrochent n’est que fuite en avant dont, hélas, le peuple sahraoui paie le prix fort en sang versé et en souffrances.
Des réunions du genre Manhasset n’ont d’autre objectif finalement que de vouloir saper l’esprit de résistance des Sahraouis. Il ne faut pas s’étonner alors s’ils décident de mettre fin à la mascarade qui se joue dans ces réunions pour se faire entendre autrement. Et cela en usant d’un autre droit reconnu par la communauté internationale. La légitimité pour tout peuple à recourir à la résistance armée contre son occupant et oppresseur.
Forts de la justesse de leur cause et après avoir fait montre de leurs bonnes dispositions à conclure un accord pacifique avec le Royaume marocain sur la base de l’exercice pour eux du droit d’autodétermination, les Sahraouis lancent les derniers appels à la communauté internationale pour faire entendre raison au Roi et à son Makhzen.
Ce qui peut advenir en cas de silence et d’inertie internationale suite à ces appels ne sera pas à leur reprocher.
par Kharroubi HabibLe Quotidien d’Oran, 19/12/2010 -
Les amis loups
En fait, l’entente sur le dos de la cause sahraouie ne fait que consacrer de vieilles réalités tenues hypocritement au secret, mais qui ont fini par être révélées dernièrement sur Wikileaks.«Dieu préservez-moi de mes amis, quant à mes ennemis je m’en charge.» Une prière que le Polisario devrait adopter et réciter autant de fois que possible dès qu’il entend évoquer les actuels décideurs de Paris et de Madrid. Deux capitales qui composent, avec les Etats-Unis, la Russie et la Grande-Bretagne, «le groupe des amis» du Sahara occidental. Vendredi dernier à Paris, les ministres des Affaire étrangères de France et d’Espagne, Mmes Michèle Alliot-Marie et Trinidad Jiménez, ont annoncé à l’issue de leur rencontre une jonction réussie de leurs politiques sur le conflit du Sahara occidental. Comme on ne peut imaginer que Paris change sa position pour s’aligner sur Madrid, donc c’est l’Espagne qui rejoint celle de la France.Madrid ne le proclame pas sur les toits, mais tout indique qu’elle opte pour la proposition marocaine au détriment de celle avancée par le Polisario qui, somme toute, est plus démocratique. Une évolution qui annonce publiquement que les deux comparses appuieront implicitement sinon ouvertement le fait accompli marocain au Sahara occidental. Ce qui, sans doute, compliquera davantage la vie au peuple du Sahara occidental, attaché, lui, à une solution conforme à la légalité internationale. En fait, l’entente sur le dos de la cause sahraouie ne fait que consacrer de vieilles réalités tenues hypocritement au secret, mais qui ont fini par être révélées dernièrement sur Wikileaks.M. Mohamed Salem Ould Salek, le ministre des Affaires étrangères des la RASD (République arabe sahraouie démocratique, membre fondateur de l’UA), ne se trompait pas lorsqu’il accusait dernièrement l’Espagne de Zapatero de s’aligner sur Paris pour «légitimer le fait accompli colonial marocain». Ce qui fait que la présence de la France et de l’Espagne au sein du groupe des amis du Sahara occidental est devenue, selon lui, un obstacle à la contribution positive de ce groupe. Une présence qui, soulignait-il, «affaiblit considérablement les chances de voir le Conseil de sécurité exiger l’accomplissement de la mission de la Minurso et l’avènement de la paix juste et durable tant souhaitée par tous les peuples des deux rives de la Méditerranée».M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.frLe Jeune Indépendant, 19/12/2010 -
La fausse neutralité de Madrid et de Washington dans le conflit sahraoui
Ils sont à l’origine du plan d’autonomie marocain appuyé par la France*La ministre des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, a dû s’expliquer jeudi soir devant le Congrès espagnol sur l’implication de Madrid sur le rôle joué par Madrid dans la réalisation du plan d’autonomie présenté par Rabat comme solution alternative à l’indépendance du Sahara occidental, avec le concours de Washington.
L’Espagne est loin d’être neutre dans le conflit du Sahara occidental, si l’on se fie aux nouvelles révélations de WikiLeaks, qui cite toujours des notes diplomatiques américaines. Celles-ci indiquent que l’Espagne a poussé le Maroc à rédiger le plan d’autonomie du Sahara avant sa présentation en 2007. Cette information n’a pas manqué de faire réagir l’opposition en Espagne, qui doute désormais de la neutralité du gouvernement. Accusé de “partialité active” dans ce conflit, le gouvernement Zapatero s’est défendu par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, qui persiste à dire que son gouvernement est neutre.
Devant la commission des affaires étrangères du Congrès espagnol, Jimenez a affirmé le 15 décembre dernier qu’il y avait en effet “un travail intense réalisé par Madrid pour aider les parties à trouver une solution juste et équilibrée”, mais le gouvernement Zapatero ne se serait pas prononcé pour une solution plutôt que pour une autre.
L’Espagne “soutiendra celle qui sera le fruit d’un accord”. Il n’en demeure pas moins que le quotidien espagnol El Pais a publié plusieurs notes diplomatiques américaines confidentielles, obtenues par WikiLeaks, qui révèlent les positions respectives de l’Espagne et des États-Unis au sujet du conflit du Sahara et des possibilités pour aboutir à des solutions durables pour la région.
Ainsi, les notes WikiLeaks envoyées par les ambassades américaines à Madrid et à Rabat en 2006 apportent du nouveau sur la véritable position de Madrid.
Elles révèlent que le plan d’autonomie pour le Sahara marocain, présenté en 2007, n’était pas une initiative purement marocaine. Des câbles diplomatiques datant de 2006 indiquent que les États-Unis et surtout l’Espagne encourageaient “activement” le Maroc à établir un tel plan. Un câble diplomatique du 29 mars 2006 affirme que “le Maroc devrait présenter un plan d’autonomie crédible […] concret et pas conservateur”, tel aurait été le principal message de l’Espagne envers son voisin du Sud. Idem pour l’ancien ambassadeur des États-Unis à Rabat, Thomas Riley, qui aurait affirmé que c’était “aussi un message-clé des États-Unis”. Espagnols et Américains étaient d’accord sur le bien-fondé d’un plan d’autonomie, mais sans que cela ne soit officiel. Une note diplomatique datant du 31 octobre 2008 révèle qu’“officiellement, l’Espagne continuerait de soutenir un référendum”. Il est même question d’un “non-paper”, une proposition qu’Alvaro Iranzo, responsable du Moyen-Orient et de l’Afrique au sein du ministère des Affaires étrangères espagnol, aurait soumis aux États-Unis concernant le Sahara occidental, le 11 février 2006. Celle-ci détaille la proposition espagnole dans laquelle il est évoqué un statut semblable à celui de la Catalogne pour la région du Sahara, soit une autonomie très large, avec un gouvernement propre, mais sous l’autorité du gouvernement central.
Il y est recommandé d’abandonner “un vocabulaire de décolonisation, et des mots tels que souveraineté et indépendance, en faveur d’un vocabulaire de mondialisation, des mots comme régionalisation, autonomie, autogouvernement”. On ne peut que s’interroger sur ce double langage du gouvernement Zapatero dans ce conflit du Sahara occidental. À en croire ces câbles diplomatiques, il s’expliquerait par l’intérêt de l’Espagne dans cette région. “La dépendance de l’Espagne du gaz naturel algérien, mais aussi de la main-d’œuvre marocaine, le commerce et la coopération transfrontalière avec le Maroc mettent l’Espagne dans la position délicate de devoir maintenir de bonnes relations avec les deux pays. L’intérêt national de l’Espagne suppose clairement de résoudre ce conflit, d’ouvrir la frontière maroco-algérienne et négocier avec une économie nord-africaine intégrée”, motivent cette démarche de Madrid, selon les diplomates US, auteurs des notes révélées par WikiLeaks.
(Liberté-18.12.2010.) -
L’Espagne et la France parasitent les négociations
Le chef de la diplomatie sahraouie a appelé à écarter le gouvernement Zapatero et la France du groupe d’amis du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental.Michèle Alliot Marie maîtrise-t-elle réellement le dossier du Sahara occidental? A son tour, elle voit dans sa résolution – avec des propos à peine voilés – une lutte plus efficace contre le terrorisme. «Le conflit autour du Sahara est l’un des éléments qui freinent la capacité d’avoir une action commune au Maghreb et c’est la raison pour laquelle nous souhaitons qu’il puisse trouver une solution en toute bonne foi», a déclaré vendredi dernier à Paris, la ministre française des Affaires étrangères à l’issue d’un entretien avec son homologue espagnole. «Il est important, à la fois pour les intéressés, les parties et pour pouvoir mieux lutter contre le terrorisme, qu’il puisse y avoir une réelle entente au niveau du Maghreb», a-t-elle maladroitement ajouté.
La France et l’Espagne ont, en commun, de conjuguer la diplomatie au féminin. Elles ont aussi la particularité de compliquer la mission du représentant personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental. Alors que la quatrième rencontre informelle venait de débuter vendredi à la résidence de Greentree à Manhasset dans la banlieue de New York, les ministres des Affaires étrangères française et espagnole se sont fendues de communiqués pour «trouver une solution» au conflit du Sahara occidental. «Le Maroc est un pays prioritaire dans le cadre de nos relations internationales. Il s’agit d’un pays important sur le plan méditerranéen où des réformes et des avancées importantes ont été réalisées ces derrières années. Et nous pensons que nous devons essayer d’aider dans le processus de consolidation de ces réformes», a renchéri Trinidad Jiménez, la ministre espagnole des Affaires étrangères. Les deux nouvelles «stars» de la diplomatie européenne veulent jouer un rôle majeur dans le conflit du Sahara occidental.
L’Espagne et la France, deux anciennes puissances coloniales au Maghreb, affichent leur volonté de promouvoir le projet marocain de large autonomie.
M.Fassi Fihri a tenu à saluer «la position claire» des autorités françaises au sujet du Sahara marocain, rappelant «l’appui fort de la France à l’initiative marocaine d’autonomie», a rapporté une dépêche de l’agence de presse officielle marocaine MAP datée du 14/12/2010. Toutes ces déclarations n’ont pas échappé à l’oreille attentive du chef de la diplomatie sahraouie.
«L’Espagne, sous la direction du gouvernement socialiste, dirigé par M.Zapatero, s’est alignée tout simplement, depuis 2004, sur la politique de Paris en s’activant pour légitimer le fait accompli colonial marocain», a conclu Mohamed Salem Ould Salek dans une dépêche répercutée par l’agence de presse officielle sahraouie SPS.
«La présence de ces deux pays au sein du groupe d’amis du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental est devenue un obstacle à la contribution positive de ce groupe et affaiblit considérablement les chances de voir le Conseil de sécurité exiger l’accomplissement de la mission de la Minurso et l’avènement d’une paix, juste et durable tant souhaitée par tous les peuples des deux rives de la Méditerranée», a jugé le ministre sahraoui des Affaires étrangères.
Le gouvernement sahraoui estime que la Minurso, Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum, n’a pu atteindre l’objectif prioritaire que lui a assigné l’ONU, référendum prévu par le Plan de règlement du conflit du Sahara occidental de 1991, «non pas à cause de la volonté manifeste du gouvernement de Mohammed VI de renier les engagements souscrits officiellement et d’une manière solennelle par le roi Hassan II, mais parce que les deux pays qui ont colonisé l’Afrique du Nord se sont opposés clairement à une décolonisation pacifique et paisible du Sahara occidental», a tenu à souligner, dans sa déclaration, le chef de la diplomatie sahraouie.
Une autre manière d’annoncer que les pourparlers de la quatrième réunion informelle, ont pataugé et fait du surplace. Jusqu’à quand? Mohamed Salem Ould Salek a prévenu que la paix et la sécurité dans la région nord-ouest du continent africain sont «tributaires de la satisfaction totale des droits légitimes et imprescriptibles du peuple sahraoui, le respect des accords signés par les deux parties au conflit en 1991 et 1997 et l’accomplissement par la Minurso de son mandat au Sahara Occidental». A bon entendeur, salut!Mohamed TOUATIL’Expression, 19/12/2010 -
Saisie de 550 chardonnerets à Maghnia
Les éléments de la Gendarmerie nationale de Maghnia ont procédé, jeudi en début de soirée, à la saisie de 550 chardonnerets au niveau de la bretelle ouest de l’axe autoroutier.Le véhicule de type Kia, qui a été intercepté lors d’un barrage routinier, transportait dans son coffre 10 cages contenant chacune 55 oiseaux. Le propriétaire de la voiture, originaire d’Alger, ne tardera pas à passer aux aveux. Dans ses déclarations, le prévenu affirmera qu’il a acheté les chardonnerets chez plusieurs revendeurs de Maghnia, à raison de 150 DA l’unité, pour les revendre à un individu au marché d’El Harrach entre 400 et 500 DA. Ce dernier se chargera, par la suite, de les élever plusieurs semaines avant de les céder aux particuliers à pas moins de 4000 DA l’unité. Notons que le chardonneret, qui est une espèce protégée, est importé clandestinement du Maroc.
El Watan,19/12/2010
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Le compromis… compromis par l’intransigeance marocaine
La quatrième réunion informelle sur le Sahara occidental entre le Front Polisario et le Maroc s’est ouverte vendredi à huis clos à la résidence de Greentree Estate (Manhasset – New York) pour une durée de deux jours sous l’égide des Nations unies. Un mois après la troisième réunion informelle, les mêmes négociateurs se retrouvent pour un autre round, toujours sous les auspices de l’Envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, en présence des délégations des deux parties et des représentants des deux pays observateurs, l’Algérie et la Mauritanie.Les deux parties restent campées sur leur position. Et il est difficile d’enregistrer une quelconque avancée qui mérite d’être citée dans cette question tant les positions des deux parties sont diamétralement opposés. D’ores et déjà, les deux délégations prévoient de se rencontrer au début du mois de l’année prochaine pour un autre round pour des discussions tout aussi informelles. La réunion se déroule comme les précédentes à huis clos, il est de ce fait facile d’imaginer qu’il n’y aura pas de grandes révélations sur les acquis enregistrés à l’issue de ce round. «Une main tendue pour la paix», tel est l’état d’esprit qui anime la délégation sahraouie présente à New-York ».Selon le représentant du Front Polisario auprès de l’Onu, Ahmed Boukhari, « cette attitude du Front Polisario n’est pas nouvelle. Elle l’a toujours été depuis le début du processus des négociations, car nous considérons que nous ne pouvons pas changer la géographie, et le Maroc est un pays voisin avec qui nous avons un seul problème qui est celui de l’occupation illégale du Sahara occidental ». Le diplomate sahraoui affiche les ambitions du peuple sahraoui, une fois le problème de décolonisation résolu de manière claire, juste et définitive à travers le respect du droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui. « Nous serons alors prêts à construire avec le Maroc et tous les autres pays voisins l’intégration maghrébine, car c’est la seule alternative stratégique qui mérite tous les efforts et toute l’imagination pour y arriver », a-t-il assuré, regrettant l’ « absence d’écho approprié chez les dirigeants marocains qui restent figés dans une vision inacceptable et basée sur des revendications territoriales dont les fondements ont été réfutés par la communauté internationale et la Cour internationale de justice ».Il estime que « c’est cette vision figée des dirigeants marocains qui est responsable du blocage actuel et de tous les excès contre le peuple sahraoui aussi bien dans les zones occupées du territoire sahraoui que dans la position intransigeante actuelle manifestée par toutes les délégations marocaines qui ont participé tout au long de ce processus de négociations ». Le Maroc n’a pas retenu les leçons pertinentes de l’histoire, a-t-il soutenu. Rappelons que la délégation sahraouie est conduite par le président du Conseil national de la République arabe sahraouie démocratique (Parlement), Khatri Addouh, et est composée également du coordinateur sahraoui avec la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), M’hamed Khaddad, et du représentant du Front Polisario à l’Onu, Ahmed Boukhari.
Par : Sadek BelhocineLe Midi Libre, 19/12/2010 -
Le Marocain Aboubakr Jamaï lauréat
Prix gebran tueni 2010 de l’ami-Ifra :Le Marocain Aboubakr Jamaï lauréat
Cinq ans se sont écoulés depuis l’assassinat du journaliste libanais Gebran Tueni, tué dans l’explosion d’une voiture piégée alors qu’il se rendait à son travail.
En hommage au courage de Tueni et à sa détermination à défendre la liberté de la presse, l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de nouvelles (AMJ-IFRA) continue de décerner un prix en son nom à un rédacteur ou à un éditeur du monde arabe. Le lauréat de cette année est Aboubakr Jamaï, cofondateur et ancien directeur général du Journal Hebdomadaire.
«L’attribution de ce prix prestigieux constitue un hommage à tous les journalistes marocains qui souffrent en raison des limites imposées à leur liberté d’expression ces dernières années», a déclaré M. Jamaï, qui donne des cours sur l’Islam politique et la politique au Moyen-Orient à l’université de San Diego, aux Etats-Unis.Le Journal Hebdomadaire s’est imposé comme une voix critique tenace qui tient les autorités responsables de s’attaquer à la corruption, de faire preuve de transparence et de cesser les violations des droits de la personne. L’hebdomadaire est assommé par des amendes imposées par la Cour suprême du Maroc. Les autorités ont ordonné aux annonceurs de boycotter la publication, empêchant toute forme de reprise financière. Le journal a été fermé en janvier 2010. La fondation libanaise Maharat attire l’attention sur le fait que l’assassinat de Tueni s’est inscrit dans une série d’assassinats de politiciens et de travailleurs des médias survenus en 2005, et ce, six mois après le meurtre du journaliste Samir Kassir. Maharat presse les autorités libanaises d’intensifier leurs efforts pour traduire en justice les responsables du meurtre de Gebran Tueni, parce que le fait que les tueurs restent en liberté encourage l’impunité qui sévit au Liban.
El Watan, 19/12/2010