Année : 2010
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La France contre les droits de l’Homme ?
La France, la patrie des droits de l’Homme serait-elle contre la défense des droits de l’Homme au Sahara Occidental. C’est la question autrement pertinente que pose Philippe Bolopion, directeur de Human Rights Watch, dans un point de vue publié par le quotidien parisien Le Monde dans son édition datée du mercredi. «Les événements qui ont embrasé El-Ayoun, la capitale du Sahara Occidental, le 8 novembre, devraient convaincre la diplomatie française de changer de cap sur un dossier peu connu, mais qui embarrasse jusqu’aux plus aguerris de ses diplomates. Depuis plusieurs années, à l’abri des portes closes du Conseil de sécurité de l’ONU, la France use du pouvoir de dissuasion que lui confère son droit de veto pour tenir les Nations unies à l’écart des questions touchant au respect des droits de l’Homme dans le territoire annexé par son allié marocain en 1975», écrit le directeur de l’influente ONG, Human Rights Watch.«Faute d’un mandat approprié, la mission de l’ONU au Sahara Occidental (Minurso) est restée aveugle tout au long des événements qui ont opposé le mois dernier les forces de l’ordre marocaines aux militants sahraouis – les troubles les plus graves depuis le cessez-le-feu de 1991. Le Conseil de sécurité de l’ONU, en charge de la paix internationale, s’est vu dans l’incapacité de faire la part des choses entre le mouvement indépendantiste du Front Polisario et (…) le Maroc qui prétendait, sans plus de crédibilité, libérer les milliers de civils sahraouis soidisant retenus en otage par des » criminels » dans un camp érigé en signe de protestation à proximité de El-Ayoun» , ajoute Philippe Bolopion, relevant que si « ces événements s’étaient déroulés en République démocratique du Congo, en Haïti ou au Soudan, des experts en droits de l’Homme de l’ONU auraient immédiatement été dépêchés sur place pour établir une version objective des événements et informer le Conseil de sécurité, contribuant ainsi à apaiser les tensions. La présence d’observateurs de l’ONU aurait aussi pu s’avérer dissuasive pour les forces de sécurité marocaines qui ont, à plusieurs reprises, selon notre enquête, passé à tabac des personnes arrêtées à la suite des troubles.»« Toutes les missions de maintien de la paix de l’ONU établies depuis 1991 disposent de ces mécanismes, qui reposent sur le constat que toute paix durable s’appuie sur le respect des droits de l’Homme. Partout ailleurs, du Darfour au Timor Oriental, en passant par le Kosovo, la France soutient pleinement l’intégration croissante des questions touchant aux droits de l’Homme dans les missions de l’ONU. Il n’y a que sur le dossier sahraoui que Paris s’arcboute, persistant à défendre une anomalie historique», ecrit-il encore, notant que «cette obstination française a un coût.L’ambassadeur de France à l’ONU, Gérard Araud, l’a appris à ses dépens, le 30 avril dernier, lorsqu’il a dû faire face aux pays du Conseil de sécurité tels que le Royaume-Uni, l’Autriche, l’Ouganda, le Nigeria ou le Mexique, qui sont favorables à un élargissement du mandat de la Minurso aux questions de droits de l’Homme. À quelques heures de l’expiration du mandat de la mission de l’ONU, selon plusieurs témoins, le ton est monté.» «Comment la France, qui se prétend le berceau des droits de l’Homme, pouvait-elle s’opposer à toute mention des droits humains dans la résolution, a demandé un ambassadeur occidental ? Son homologue chinois, un rien ironique, s’est réjoui de constater que Paris partageait désormais les réserves de Pékin sur tout débat des droits de l’Homme au Conseil de sécurité. Après une vive réponse de l’ambassadeur français, suivie d’excuses toutes diplomatiques, la France a obtenu gain de cause, non tant par la force de ses arguments que par celle de son droit de veto. (…) «Le renouvellement du mandat de la Minurso, en avril 2011, offre à la diplomatie française une chance de corriger la situation», a-t-il estimé par ailleurs, soulignant que se faisant le Conseil de sécurité pourra avancer sérieusement sur la question du Sahara Occidental.Ces derniers jours, la capitale française a vu défiler le ministre marocain des Affaires étrangères et son homologue espagnol, venant s’assurer que la nouvelle ministre française des Affaires étrangères, Michelle Alliot-Marie, ne modifiera pas le soutien inconditionnel de Paris à Rabat.Mokhtar BendibLe Courrier d’Algérie, 24/12/2010 -
Ould Salek : «Le Polisario n’est pas impliqué dans les réseaux criminels»
Le ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique a démenti hier l’implication de membres du Front Polisario dans un quelconque réseau de trafic, de criminalité ou de terrorisme dans la région sahélo-saharienne. M. Mohamed
Salem Ould Salek récuse l’information distillée par l’AFP et reprise par plusieurs médias faisant état de l’arrestation de sept personnes présentées comme membres importants du Polisario mêlés à l’un des plus importants réseaux de trafiquants de drogue dans le Sahara occidental. «C’est l’un des principaux réseaux de trafiquants dans la zone du Sahara occidental, surnommé ‘‘Polisario’’ parce qu’il était composé à plus de 90% d’éléments issus des camps du Polisario», avait écrit l’AFP. «Ils ne sont pas du Polisario», insiste Ould Salek, en dénonçant les campagnes de dénigrement du mouvement de libération orchestrées par le Maroc.«Depuis plus de trois ans, le Maroc s’active dans la région sahélo-saharienne avec des lobbies installés aux Etats-Unis et en Europe pour dénaturer la lutte du peuple sahraoui en créant des instituts fictifs et autres pseudo-centres d’analyses constitués d’une ou de deux personnes uniquement, travaillant avec les services marocains, qui essaient par tous les moyens de dévoyer la cause en s’évertuant à lui trouver des liens avec les réseaux criminels et terroristes», dénonce le ministre des Affaires étrangères (MAE). Il citera nommément le Centre européen d’études stratégiques et de sécurité (ESISC) et son directeur Claude Moniquet, l’AFP et la MAP (agence officielle de presse marocaine) impliqués dans cette campagne. «L’on se rappelle l’épisode de Omar le Saharoui qui aurait kidnappé des touristes espagnols. Les autorités qui l’ont arrêté, jugé et condamné ont prouvé qu’il était de nationalité malienne. Mais des médias persistaient à l’appeler Omar le Sahraoui. On fait l’amalgame entre le peuple du Sahara occidental et les autres habitants du Sahara», explique-t-il. S’agissant des réseaux de trafiquants de drogue et de criminalité dans la région, Ould Salek poursuit : «Si les forces du Front Polisario n’occupaient pas la région le long du mur de séparation, le trafic de drogue aurait eu des proportions plus importantes. Avec la quantité qui arrive d’Amérique latine et du Maroc, plaque tournante de la drogue, la situation aurait été autre.»Evoquant l’évolution de la situation politique au Sahara occidental, il met en garde les Nations unies contre le risque d’aggravation du conflit qui oppose le peuple sahraoui au royaume du Maroc. «Les Nations unies doivent prendre leurs responsabilités devant le blocage de la solution politique par le Maroc», tonne-t-il. Devant l’échec du dernier round de négociations informelles à Manhattan et la violence de la répression contre le peuple sahraoui dans les territoires occupés par les forces marocaines, les voix se font plus insistantes en vue d’une reprise des armes. «Il y a une forte pression de la base civile et militaire dans les zones occupées et les camps de réfugiés pour la reprise des combats. Depuis 2005, suite au blocage du processus de paix et l’incapacité de la Minurso d’accomplir sa mission – organiser un référendum pour l’autodétermination – le peuple sahraoui s’impatiente», avertit Ould Salek. Il motive la participation sans faille du Polisario aux différents rounds de négociations avec le Maroc par la volonté des Sahraouis de parvenir à une fin pacifique au conflit selon les décisions de l’ONU. «Nous ne voulons pas donner au Maroc le prétexte du refus du dialogue. Il ne sera pas dit que le Sahara occidental bloque la volonté des Nations unies. Mais nous ne pourrons pas contenir le peuple indéfiniment».Il profitera de la tribune d’El Moudjahid pour dénoncer le rôle joué par la France et l’Espagne (anciennes puissances coloniales) de faire le jeu du royaume dans sa politique expansionniste. «La présence de la France et de l’Espagne au sein du groupe des amis du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental a empêché une action positive nécessaire du Conseil de sécurité pour faire respecter les accords conclus entre les deux parties et l’accomplissement par la Minurso de son mandat», tranche Ould Salek. «L’autodétermination du peuple sahraoui est dans l’intérêt du Maroc, de la région et des deux rives de la méditerranée», poursuit-il.Par Samir AzzougLa Tribune d’Algérie, 22/12/2010 -
Minurso : Les Américains veulent élargir ses missions
L’organisation américaine des droits de l’homme Robert F. Kennedy Center for Justice and Human Rights et la fondation Open Society Foundation ont appelé le Conseil de sécurité de l’Onu à introduire un mécanisme de surveillance des droits de l’homme au sein de la Minurso (Mission des NU pour le référendum au Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975, ndds). Les deux organisations de défense des droits de l’Homme ont, dans une lettre adressée à Susan Rice, la présidente en exercice du Conseil de sécurité, et à Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat, appelé au soutien de la mise en place d’un mécanisme pour surveiller et établir des rapports sur les droits de l’homme dans les territoires sahraouis, lors de la réunion du Conseil de sécurité en avril prochain. Elles ont aussi mis l’accent sur la nécessité «de protéger la stabilité et les droits des Sahraouis» et regretté l’absence de mise en œuvre de mesures supplémentaires pour faire face à la montée de la violence et de l’instabilité.«Nous vous demandons instamment de reconsidérer cette décision et d’appeler les Nations unies à conduire une enquête sur les récents incidents au Sahara occidental», ont-elles noté, soutenant que les incidents auraient pu être minimes si le mandat de la Minurso avait été élargi aux questions relatives aux droits de l’homme. Les deux organisations qui réclament une enquête internationale pour clarifier les choses et demander des comptes pour les violations commises, notent que le récent conflit et l’absence d’informations fiables mettent en évidence l’urgence d’un système de surveillance des droits de l’homme à inclure dans le mandat de la Minurso. Pour ce faire, ont-elles précisé, «le leadership du Conseil de sécurité est indispensable pour assurer le respect du peuple sahraoui.En outre, les deux ONG qui ont rappelé que lors de sa création en 1991 la Minurso avait pour objectif la surveillance du cessez-le-feu et l’organisation d’un référendum d’autodétermination, constatent que près de deux décennies plus tard, le référendum n’a pas eu lieu et dans l’intervalle, le peuple sahraoui souffre de graves violations de ses droits individuels et collectifs.Horizons, 21/12/2010 -
Ould Salek, le ministre sahraoui des AE au Forum d’El Moudjahid : «Les Nations unies doivent intervenir»
Le refus du Maroc à se conformer à la légalité internationale pousse les Sahraouis à reprendre les armes. Surtout après l’attaque du camp de la Liberté qui a fait des dizaines de victimes et des centaines de disparus.Devant une telle situation, les Nations unies sous les auspices desquels les deux parties négocient doivent faire appliquer les accords de 1991 avant qu’il ne soit trop tard. C’est la quintessence de la conférence de presse qu’a animée Mohamed Salem Ould Salek, le ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique au siège d’El Moudjahid.
De prime abord, le ministre a pointé du doigt la France et l’Espagne qui sont à l’origine du blocage du processus de paix dans la région. «Ces deux pays soutiennent la politique marocaine», dit-il estimant que les vrais «amis» du Maroc, de la région et de la paix doivent songer après les derniers développements dans les territoires occupés qui ont démontré l’attachement viscéral des Sahraouis à l’autodétermination à «conseiller le roi marocain d’honorer les engagements de son père».
Comme pour souligner l’absence de volonté du côté marocain pour trouver une issue au conflit, il a indiqué que le 4e round des négociations informelles s’est achevé sans aucune avancée notable, pouvant ouvrir la voie à une solution politique qui permettra aux Sahraouis de disposer d’eux-mêmes. Le ministre a expliqué leur échec par les multiples obstacles dressés par Rabat, en conditionnant tout progrès dans les pourparlers par l’acceptation à l’avance de sa souveraineté sur les territoires occupés et ce, contrairement aux déclarations du Conseil de sécurité appelant les parties impliquées à engager des pourparlers sans condition préalable. Le Front Polisario a réaffirmé son accord sur les trois choix qu’offre l’autodétermination, à savoir l’indépendance, l’intégration ou l’autonomie.
L’intransigeance du gouvernement marocain et la complicité des Français et des Espagnols, qui ont préféré soutenir l’expansionnisme marocain, ont anéanti les efforts tendant à surmonter les embûches. Le revirement opéré par Mohamed VI depuis 2003 pour dévier le processus de décolonisation des territoires occupés de son cours normal à travers les tentatives d’enterrement du référendum d’autodétermination, a-t-il expliqué, a plongé toute la région dans l’incertitude et l’instabilité. Le ministre qui a rappelé que des Organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme ont confirmé que l’armée marocaine a utilisé des balles réelles, torturé les détenus et transformé les hôpitaux en centres de détention et de torture, a affirmé qu’un état de siège est observé dans les territoires occupés interdits aux observateurs et à la presse étrangère. L’occupant marocain qui reconnaît l’emprisonnement de plus de 150 Sahraouis tente d’accréditer sa version des faits en refusant une enquête indépendante.
Par ailleurs, le ministre sahraoui a démenti les informations sur la présence d’éléments du Polisario parmi des trafiquants de drogue arrêtés début du mois en cours et durant le week-end dans le nord du Mali et en Mauritanie. « Le Front Polisario qui n’a aucun lien ni de près ni de loin avec le terrorisme ou le crime organisé dément catégoriquement ce genre de pratique immorale», a-t-il insisté, condamnant ceux qui tentent d’associer par tous les moyens la lutte sahraouie à la drogue et au terrorisme. M. Salek a rappelé que depuis trois ans, les services de sécurité marocains ont créé des institutions fictives en France, Belgique et aux Etats-Unis pour associer la cause des Sahraouis au terrorisme. Pour étayer ses propos, il a cité la fameuse affaire d’un certain Omar, un Malien qui avait été jugé dans et par son pays pour kidnapping d’Espagnols. Même après s’être avéré Malien, «le Maroc parle toujours de lui comme étant Sahraoui», a-t-il dit. Comme quoi tout ce qui est mauvais est Sahraoui.Horizons, 21/12/2010 -
Sahara occidental: l’échec des négociations est à mettre sur le compte du Conseil de sécurité et du Maroc
ALGER – L’entière responsabilité de l’échec des rounds de négociations entre les deux parties sahraouie et marocaine est à mettre sur le compte du Conseil de sécurité et les Nations unies, d’une part et de l’intransigeance du Maroc (qui occupe illégalement le Sahara Occidental depuis 35 ans, ndds), d’autre part, a souligné, jeudi à Alger, l’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, Brahim Ghali. Intervenant lors d’une conférence de presse organisée au siège du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) par une délégation de juristes sahraouis revenus d’Afrique du Sud, l’ambassadeur sahraoui a fait savoir que les négociations entre les délégations sahraouie et marocaine « tournent toujours en rond ».
Pour M. Ghali, l’échec de ces négociations est dû à « l’intransigeance du Maroc qui fait fi, dans l’impunité, de la légalité internationale », à cela s’ajoute « le non respect par le Conseil de sécurité et les Nations unies de leurs responsabilités à l’égard de cette partie obstinée qui se doit de se conformer à la légalité internationale ».L’ambassadeur sahraoui a appelé les Nations unies « à faire pression sur la partie marocaine qui entrave toute progression des négociations afin de l’amener à se conformer à la légalité internationale et à coopérer avec la partie sahraouie ». Dans ce contexte, M. Ghali a précisé que 160 Sahraouis étaient détenus dans les prisons marocaines depuis le 8 novembre, date de l’attaque marocaine contre le camp de Gdeim Izik, près d’El-Ayoun occupée. Ces détenus n’ont pas été présentés devant la justice et croupissent dans les prisons marocaines dans des conditions précaires, a ajouté M. Ghali, rappelant qu’une campagne internationale était menée afin de faire la lumière sur ces détenus et d’appeler à leur libération.De son coté, le vice-président du CNASPS, Sadek Bouguettaya, a indiqué que l’Algérie « ne cessera d’apporter son soutien au peuple sahraoui et ne fait pas cas des pressions, pour l’indépendance de ce peuple ». Le secrétaire général de l’Organisation nationale des enfants de chouhada (ONEC), Tayeb Houari, a encouragé le peuple sahraoui à poursuivre son combat et à ne pas céder aux pratiques de l’occupant marocain. Pour sa part, Essahel Lamine, militant sahraoui et membre de la délégation sahraouie participant aux festivités du 17e festival de la jeunesse à Pretoria (Afrique du Sud) a salué les efforts consentis par l’Algérie pour le soutien à la cause sahraouie et les facilités accordées au peuple sahraoui dans sa lutte pour la liberté et l’indépendance.APS, 24/12/2010 -
Sahara Occidental : Un jeune de 26 ans tué à El Aaiun
Said Ould Sidahmed, 26 ans, connu par le nom de Dambar, employé à la maison communale d’El Aaiun, discutait avec un policier de la question du Sahara Occidental. Le policier sort son pistolet et lui incruste une balle entre les yeux, à bout portant. Said tombe par terre. Il a été transporté à l’hôpital Moulay Ben Mehdi, en vain. Il restera en état de mort cérébral jusqu’au lendemain. Son décès est inévitable à cause de la gravité de la blessure.Le défunt est la troisième victime mortelle reconnue par les mandataires marocains. Avant lui, les forces d’occupation avaient tiré aussi sur Najem El Gareh, un jeune d’à peine 14 ans qui amenait de la nourriture à sa famille qui avait campé à Gdeym Izik pour protester contre les conditions de vie d’une grande partie des sahraouis sur le sol de leur propre terre, alors que l’occupant et ses colons profitent des richesses halieutiques et minières sahraouies.
La deuxième victime reconnue par Rabat était Boujemaa Gargar, un citoyen espagnol écrasé par une voiture de la police devant les yeux de ses amis et en plein quartier résidentiel. La ville s’était embrassée à cause de l’agression marocaine contre le camp sahraoui.
Ni Najem ni Boujemaa avaient été enterrés légalement. Leurs familles n’ont pas eu l’occasion d’accompagner les leurs dans les dernières demeures. Le Makhzen a enterré ces citoyens dans le secret total. Fera-t-il de même avec Said? Très probable. La vie des sahraouis ne vaut rien au Maroc. Ce qui a de la valeur, c’est l’argent récolté et offert à la France, les USA, l’UE, etc. Ceux-ci ne bougeront pas un doigt pour condamner ce nouvel assassinat perpétré par les forces de répression marocaines contre un civil sahraoui innocent.
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« Le manque d’indépendance de la magistrature marocaine ralentit le développement » (El Pais)
Madrid, 23/12/2010 (SPS) « Le manque d’indépendance de la magistrature marocaine ralentit le développement », a révélé le quotidien espagnol, El Pais, qui estime que « l’utilisation systématique du système judiciaire à des fins politiques sape également les efforts louables pour promouvoir la réforme judiciaire et la transparence » au Maroc.
« Quand il s’agit de quelque chose de politique, l’indépendance [de la Justice] c’est nul. Lorsque l’événement était lié à la presse, l’indépendante est égale à zéro. Dans d’autres cas il y a un peu de marge pour être indépendante, mais pas beaucoup », note Maître Abdelaziz Nouyidi, avocat et défenseurs des droits de l’homme, cité par l’ambassadeur américain à Rabat, qui dresse un tableau sombre de la justice marocaine, basé sur « des consultations avec diverses personnalités et experts, y compris certains juges et procureurs », selon le quotidien ibérique.
Maître Nouyidi se souvient avoir été dans le bureau d’un juge quand il a reçu un appel du ministère de l’Intérieur. Le juge devait affirmé au ministre: « La sentence a été ce que vous vouliez ».
Un procureur avouera à l’ambassadeur américain plus crûment : « D’autres pays utilisent l’armée ou la police pour contrôler la politique, mais au Maroc, nous nous tournons vers le système judiciaire », précise El Pais dans son édition du 20 décembre dernier. (http://www.elpais.com/articulo/internacional/falta/independencia/justicia/frena/desarrollo/marroqui/elpepuint/20101220elpepuint_25/Tes) .
La justice au Maroc n’est pas indépendante, les juges sont souvent incompétents, de élus ont été arrêté après avoir remporté dans les urnes et de nombreux exemples parlent d’eux-mêmes.
M. Said Yabou, du parti de l’Istiqlal dirigé par le Premier ministre, élu par le Conseil en 2009, maire Youssoufia (banlieue de Rabat), contre un candidat du Parti Authenticité et Modernité fondé par Fouad Ali Himma, un grand ami du roi Mohamed VI, « a été arrêté, en violation de la procédure judiciaire, et inculpé de fraude ».
« Il a rapidement été reconnu coupable, condamné à deux ans de prison et a perdu son poste de maire. Ce qui est arrivé « illustre comment la justice peut être utilisée pour atteindre des objectifs politiques », affirme le rapport de l’ambassadeur.
Un juge reconnaîtra aux diplomates des États-Unis qu ‘ »un nombre surprenant de juges ne savent pas assez bien comment appliquer correctement la loi » et qu’ils recourent à la direction du ministère de la Justice comme une « béquille » pour « compenser leurs carences ». (SPS)
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Décès d’un jeune sahraoui blessé par balle à l’hôpital d’El Aaiun
El Aaiun (territoires occupés), 23/12/2010 Le jeune sahraoui, Said Ould Ould Abdelwahad Sidahmed (26 ans) aest décédé suite à ses blessures. Il avait été transporté en coma à l’hôpital « Belmehdi » d’El Aaiun, après avoir été la cible mercredi matin, d’une balle réelle de la part d’un agent de la police marocaine, selon un communiqué du ministère des territoires occupés et des communautés sahraouies établies à l’Etranger.La victime, plus connue sous le nom de « Damber », a reçu une balle au front avant d’être transporté en coma à l’hôpital d’El Aaiun occupée, a précisé la même source, ajoutant que les médecins avaient qualifié sa situation de « mort cérébrale ».
Après avoir appris la nouvelle, la famille de la victime et de nombreux sahraouis se sont rassemblés devant la porte de l’hôpital, où la police marocaine est intervenue et a dispersé avec force le rassemblement.
Ce crime s’inscrit dans le cadre d’une vague d’assassinats que commettent les services de sécurité marocains contre les citoyens sahraouis dans les territoires du Sahara Occidental, occupés par le Maroc, dont le derniers cas ont été exécutés à Gdeim Izik, le 8 novembre dernier, ainsi que les campagnes d’enlèvement et la torture qui l’ont suivie à El Aaiun, a conclu le communiqué.
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Mohamed VI intervient rudement en politique pour contrer les islamistes
Le roi du Maroc influença en 2009 le processus de désignation des maires pour écarter le parti religieux et aider, du même coup, son ami Fouad Ali el Himma, d’après les mémos américains
Le roi du Maroc, Mohamed VI, intervient dans les processus électoraux, parfois même brusquement -un candidat à maire finit dans le coma- avec un objectif: freiner les islamistes même si leur formation est légale. Si le Parti Justice et Développement (PJD, islamiste modéré) n’a pas aujourd’hui davantage de maires à la tête des grandes villes marocaine c’est, dans une large mesure, grâce aux man½uvres du souverain et de son grand ami Fouad Ali el Himma, d’après les mémos de l’Ambassades des États-Unis à Rabat et le Consulat à Casablanca.
Himma, de 48 ans, surprit tout le monde en renonçant, en août 2007, à son poste de ministre adjoint de l’Intérieur d’autant plus qu’en réalité il était le véritable chef du plus puissant département ministériel du Maroc.Avant, cet ami intime du souverain avec lequel il étudia au collège royal, avait été son directeur de cabinet quand il était prince héritier. « On le considère fréquemment comme la personne la plus influente au Maroc après le monarque », écrivait l’ambassadeur des États-Unis à Rabat, Thomas Riley, en février 2008.Peu après sa démission Himma fonda une association, le Mouvement de Tous les Démocrates. « La principale raison de sa création est la préoccupation du palais face à la montée de la popularité de l’islamisme [qui se concrétise] à travers le PJD », signala Riley en août 2008.Il prévoyait d’ailleurs que le mouvement de Himma se convertirait en parti politique et il eut raison. « Même si cette technique a été efficace pour éliminer les menaces, les « partis du palais » ont échoué » au Maroc quand il s’est agi « de mener à bien les reformes politiques annoncées », prévint l’ambassadeur.La « menace » c’était, cette-fois ci, le PJD, le parti le plus voté lors des législatives de 2007, mais pas celui qui obtint le plus de sièges car le découpage des circonscriptions lui porte préjudice. Les islamistes modérés constituent en plus la principale force d’opposition au Parlement à la coalition dirigée par le premier ministre Abbas el Fassi de l’Istiqlal.Riley se réunit avec Himma en février 2008. Celui-ci l’étonna quand il lui rapporta qu’il avait renoncé à son poste à l’Intérieur « non pour être parlementaire mais pour retourner dans la petite ville rurale et poussiéreuse ou il était né [Benguerir près de Marrakech] et passer davantage de temps auprès de sa famille ».Une fois sur place il décida, cependant, de « ne pas se reposer et travailler dur pour améliorer le sort de sa communauté ». « Il finit par dire que ce qu’il pouvait faire de mieux c’était de représenter sa province [de Kelaat Es-Sraghana] au Parlement ». L’ambassadeur ne crut pas à ce brusque changement d’opinion de Himma.Celui-ci fonda donc peu après le Parti Authenticité et Modernité (PAM) et, après une courte étape de rodage, ce fut celui qui obtint le plus de conseillers municipaux lors des élections de juin 2009. Il est probable qu’il réussira à décrocher la majorité relative lors des législatives de 2013.Les élections municipales furent « relativement transparentes », d’après le chargé d’affaires américain Robert Jackson qui envoya le 15 août 2009 une très longue note au Département d’État. Mais, par la suite, « l’élection des maires par les conseillers municipaux semble être un pas un arrière pour la démocratie au Maroc », ajoute-il.Un ancien ministre, l’Ambassade de France à Rabat et deux autres sources ont rapporté à Jackson que le « roi Mohamed VI ordonna que le PJD ne soit pas autorisé à conquérir les mairies de plusieurs grandes villes marocaines comme Tanger, Oujda », Casablanca et Salé ou il obtint la majorité relative des suffrages.« L’intervention du palais royal fut plus éhontée à Oujda » qu’ailleurs. Dans cette ville d’un demi million d’habitants à l’est du Maroc « le gouverneur nommé par le Ministère de l’Intérieur empêcha, le 25 juin 2009, un vote qui aurait porté au pouvoir une coalition dirigée par le PJD ». « (…) agents de police et des services secrets intimidèrent ceux qui soutenaient la coalition du PJD et ils frappèrent le leader local du PJD jusqu’à ce qu’il tombe dans le coma ».A ce « barbu » qui voulait devenir maire les coups « des hommes de la sécurité » lui causèrent une hémorragie cérébrale pendant qu’un bon nombre de ses partisans étaient carrément séquestrés par les forces de l’ordre pour les empêcher de voter.Le PAM, le parti de l’ami du roi, fut également de la partie pour bloquer la montée de ses adversaires islamistes. Il le fit avec le feu vert du palais. « Non satisfait de ses admirables et honnêtes résultats électoraux, le PAM de Fouad Ali el Himma usa des pressions extra politiques -il invoqua même le nom du roi- pour contraindre les autres partis à rejoindre les coalitions » dirigées l’ami de Sa Majesté après avoir quitté celles que cherchait à former le PJD.Le parti de Himma, affirme Jackson, « a souillé sa réputation comme formation réformiste et a renforcé les critiques qui le décrivent comme un instrument du palais ». Tout ce qui s’est passé « frustrera » les islamistes modérés mais « ne suffira pas, probablement, pour les expulser du jeu politique ». Ils peuvent d’ailleurs se consoler avec la conquête des mairies de villes secondaires comme Tétouan et Kénitra.« Le résultat de tout ceci peut consister à éroder encore davantage l’appui populaire au processus démocratique au Maroc », prévient Jackson.La marche triomphale de Himma vers le pouvoir déplaît, bien entendu, aux formations politiques traditionnelles marocaines. Driss Lachgar, un des principaux responsables socialistes, avoua, en janvier 2008, au conseiller politique de l’ambassade des États-Unis à Rabat, que la création du « nouveau parti officiel de l’État (…) représente une grave menace pour la démocratie au Maroc ». « Nous lui ferons front avec tous les moyens à notre portée ».« Le roi a décidé d’introduire un parti du palais pour remplir le vide que les autres partis sont apparemment incapables d’occuper », signala Abdellilah Bekirane, leader du PJD, lors d’un entretien avec l’ambassadeur Riley en août 2008. « Malgré les bonnes intentions derrière la création » du parti de Himma, le chef islamiste fut d’avis que la nouvelle formation « manquait de racines et serait incapable de susciter l’adhésion de l’homme de la rue ». Benkirane fut même « très méprisant avec la menace que [Himma] supposait pour le PJD (…) ».Le leader de la formation islamiste fit ces commentaires dédaigneux un an avant les élections municipales dont le « parti du roi », fondé un an avant, fut déjà le grand vainqueur. Il n’est pas certain qu’il aurait été prêt à les répéter par la suite car les faits lui ont donné tort.El Pais, 11/12/2010 -
"Le manque d’indépendance de la magistrature marocaine ralentit le développement" (El Pais)
Madrid, 23/12/2010 (SPS) « Le manque d’indépendance de la magistrature marocaine ralentit le développement », a révélé le quotidien espagnol, El Pais, qui estime que « l’utilisation systématique du système judiciaire à des fins politiques sape également les efforts louables pour promouvoir la réforme judiciaire et la transparence » au Maroc.
« Quand il s’agit de quelque chose de politique, l’indépendance [de la Justice] c’est nul. Lorsque l’événement était lié à la presse, l’indépendante est égale à zéro. Dans d’autres cas il y a un peu de marge pour être indépendante, mais pas beaucoup », note Maître Abdelaziz Nouyidi, avocat et défenseurs des droits de l’homme, cité par l’ambassadeur américain à Rabat, qui dresse un tableau sombre de la justice marocaine, basé sur « des consultations avec diverses personnalités et experts, y compris certains juges et procureurs », selon le quotidien ibérique.
Maître Nouyidi se souvient avoir été dans le bureau d’un juge quand il a reçu un appel du ministère de l’Intérieur. Le juge devait affirmé au ministre: « La sentence a été ce que vous vouliez ».
Un procureur avouera à l’ambassadeur américain plus crûment : « D’autres pays utilisent l’armée ou la police pour contrôler la politique, mais au Maroc, nous nous tournons vers le système judiciaire », précise El Pais dans son édition du 20 décembre dernier. (http://www.elpais.com/articulo/internacional/falta/independencia/justicia/frena/desarrollo/marroqui/elpepuint/20101220elpepuint_25/Tes) .
La justice au Maroc n’est pas indépendante, les juges sont souvent incompétents, de élus ont été arrêté après avoir remporté dans les urnes et de nombreux exemples parlent d’eux-mêmes.
M. Said Yabou, du parti de l’Istiqlal dirigé par le Premier ministre, élu par le Conseil en 2009, maire Youssoufia (banlieue de Rabat), contre un candidat du Parti Authenticité et Modernité fondé par Fouad Ali Himma, un grand ami du roi Mohamed VI, « a été arrêté, en violation de la procédure judiciaire, et inculpé de fraude ».
« Il a rapidement été reconnu coupable, condamné à deux ans de prison et a perdu son poste de maire. Ce qui est arrivé « illustre comment la justice peut être utilisée pour atteindre des objectifs politiques », affirme le rapport de l’ambassadeur.
Un juge reconnaîtra aux diplomates des États-Unis qu ‘ »un nombre surprenant de juges ne savent pas assez bien comment appliquer correctement la loi » et qu’ils recourent à la direction du ministère de la Justice comme une « béquille » pour « compenser leurs carences ». (SPS)