Mois : décembre 2010
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Amnesty International, de retour d’El-Ayoun occupée, confirme la violation des droits de l’homme
LONDRES – La représentante d’Amnesty International (AI), Donatella Rovera, a confirmé, jeudi à Londres, la violation des droits de l’homme dans les territoires du Sahara occidental occupé. Mme Rovera est revenue d’El-Ayoun occupée, dans le cadre d’une mission effectuée dans les territoires occupés.« Nous avons rencontré beaucoup de gens là-bas, des jeunes, des femmes, des personnes âgées, dans le cadre de notre mission, et tous ont souligné la violence à l’encontre de la population sahraouie », a affirmé la représentante d’Amnesty International. « Des personnes ont été tuées, d’autres blessées ou battues dans les commissariats et, à l’heure actuelle, 118 personnes sont encore détenues par les forces de sécurité marocaines », a fait savoir Mme Rovera.APS, 3/12/2010 -
Inondations au Maroc : Le Président Bouteflika exprime la solidarité du peuple algérien avec les familles des victimes
Le président de la République M. Abdelaziz Bouteflika a exprimé la solidarité du peuple algérien avec les victimes des inondations qui ont touché certaines régions du Maroc situées entre les villes de Rabat et de Casablanca.«C’est avec une grande tristesse que j’ai appris la nouvelle des inondations qui ont touché certaines régions situées entre les villes de Rabat et de Casablanca faisant de nombreuses victimes et d’importants dégâts matériels», a écrit le Président Bouteflika dans un message adressé au roi Mohamed VI du Maroc.
Devant cette catastrophe, a ajouté le Président Bouteflika, «je présente à Votre Majesté au nom du peuple algérien et en mon nom personnel mes sincères condoléances et ma profonde sympathie.
Je vous prie de transmettre aux familles éprouvées nos sentiments de solidarité et de sympathie et nos prières à Dieu le Tout- Puissant d’accorder aux victimes sa sainte miséricorde et de les accueillir dans son paradis aux côtés des martyrs et des hommes sincères et d’assister les leurs dans leur douleur».
«Je prie Dieu, le très haut, de vous aider à faire face aux conséquences de la catastrophe naturelle dans la prise en charge et le réconfort des sinistrés, de préserver Votre Majesté et votre famille et de vous épargner ainsi qu’au peuple marocain frère tout malheur et épreuve pénible», a conclu le président de la République dans son message.Horizons, 4/12/2010 -
Où va le roi?
Les tares du Maroc, cet allié sûr et inconditionnel des grandes puissances occidentales, sont sur la place publique. Les diplomates américains qui, sans doute ne tarissent pas d’éloges au royaume lorsqu’ils sont face à des responsables du Makhzen, transmettent l’amere vérité à leur hiérarchie à Washington. Ainsi, le site Wikileaks, nous apprend ce que se disent les américains de leur allié de toujours. Nous découvrons à la lecture de ces «révélations» des cadres marocains, totalement déconnectés de la réalité du monde, convaincus d’une collusion entre l’AQMI et le Front Polisario, persuadés de la volonté de l’Algérie de se doter l’arme nucléaire, craignant le programme nucléaire iranien et entassant l’essentiel de leurs troupes dans le Sahara, de peur d’une résurgence de la guerre. Le site wikileaks nous apprend que la colère gronde au sein de l’armée de sa majesté, que celle-ci, mal équipée, peut imploser à tout moment.
Bref, le portrait que dépeignent les diplomates US de leur grand allié au Maghreb est très peu flatteur. Il ressort des câbles rendus publics, que le Maroc et les Etats-Unis entretiennent des rapports, quelque peu, bizarres. Nous avons d’un côté une hyper puissance qui joue au grand frère, mais sans rien faire pour arranger la situation d’un royaume en déphasage totale avec la réalité, et de l’autre, un petit pays, doté d’une courte vision qui se convainc de sa prétendue puissance dans le discours «diplomatique» de ses amis américains.
En un mot, comme en mille, les «révélations» de Wikileaks nous apprennent ceci d’important, c’est qu’il ne sert à rien de s’adosser à des puissances occidentales, ces dernières n’étant pas là pour nous aider, mais juste pour gérer au mieux leurs intérêts. Car, si l’objectif des américains étaient réellement d’aider le Maroc ils lui auraient conseillé de permettre l’autodétermination du Sahara occidental et aider à la construction véritable de l’UMA. Mais comme l’intérêt des USA est ailleurs, ce discours n’a pas dépassé le stade des câbles. Maintenant les marocains moyens savent où va leur roi. Le savait-il lui-même? Force est de constater que non.Ouest Tribune, 4/12/2010 -
Sahara occidental : Le torchon brûle entre Madrid et Rabat
Au grand dam du Palais Royal, l’affaire du démantèlement du camp de Gdeim Izik est loin d’être classée. «Tout doit changer maintenant», affirme Mohamed Salem Ould Salek, le ministre sahraoui des Affaires étrangères.Raison de cette nouvelle brouille : l’adoption jeudi dernier par le Parlement ibérique par 327 voix pour, 0 contre et 1 abstention d’une résolution demandant au gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero de condamner les violents événements du 8 novembre à El Ayoune, dire leur inquiétude face aux violations des droits de l’homme au Sahara occidental, soutenir la revendication pour une enquête internationale et indépendante et l’élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental et réclamer au roi du Maroc «qu’il respecte le libre accès et la circulation de la presse, des observateurs indépendants et des organisations humanitaires».
Le Maroc qualifie cette résolution qui contiendrait, selon Khalid Naciri, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, «des passages et des expressions anti-marocains qui ne peuvent être acceptés» d’«hostile». En manque d’arguments, le porte-voix de Mohamed VI ressort le disque «Algérie responsable des malheurs passés, présents et futurs du Maroc». «Cette résolution se solidarise implicitement avec les adversaires du Royaume alors qu’elle reste muette sur la position de l’Algérie bien que celle-ci endosse la responsabilité principale dans la vive tension dont pâtit la région», dit-il déplorant cette «résolution espagnole» qui consolide le vote lundi dernier à l’unanimité par le Sénat d’un texte similaire. Selon lui, le Maroc méritait des «félicitations» et des «condoléances» aux familles des victimes marocaines qui ont péri lors de ces «évènements».Rabat songe à «une réévaluation» de l’ensemble de relations et «dans tous les domaines» avec son deuxième partenaire économique (5 milliards d’euros par an). D’autant que ce «voisin» du Nord qui occupe Ceuta et Mellila, depuis 1493, à suivre Khalid Naciri qui ose une interprétation gaillarde est «incapable» de dénoncer la désinformation délibérée de ses médias et les manœuvres de ses forces politiques qui «mettent le Maroc au cœur de leur lutte politique» pour se positionner sur le plan interne ou détourner l’attention de la population de l’actuelle crise économique. Oubliant ou feignant de le faire que le Royaume détourne depuis 1975 l’attention de son peuple. Dernière tentative en date ? La marche prévue ce matin à Essaouira contre les ennemis du Royaume.
Selon toute vraisemblance, le coup de froid ne balaie pas que les relations entre Rabat et Madrid. Bruxelles qui a «entendu» la semaine passée Fassi Fihri, le chef de la diplomatie marocaine ne démord pas. L’Union européenne veut, tout comme l’a expressément formulé son Parlement le 25 novembre dernier, une enquête internationale sous l’égide de l’ONU pour «clarifier les évènements, les décès et les disparitions» et la création d’un mécanisme de protection des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. De retour d’El-Ayoun occupée, dans le cadre d’une mission, Mme Donatella Rovera, la représentante d’Amnesty International, a confirmé jeudi à Londres la violation des droits de l’homme dans la dernière colonie d’Afrique. «Nous avons rencontré beaucoup de gens là-bas, des jeunes, des femmes, des personnes âgées, dans le cadre de notre mission, et tous ont souligné la violence à l’encontre de la population sahraouie», dit-elle précisant que des «personnes ont été tuées, d’autres blessées ou battues dans les commissariats» et «118 personnes sont encore détenues par les forces de sécurité marocaines».Djamel BoukrineHorizons, 3/12/2010 -
Affolement mal à propos
Certains confrères n’ont pas trouvé mieux cette semaine que d’amplifier des «informations», qui ne sont pas nouvelles, faisant état d’une gesticulation de l’armée marocaine le long des frontières avec l’Algérie, pour s’alarmer et tenter de créer, par-là, un climat de psychose. Ces confrères s’appuient sur une récente correspondance de la CIA envoyée à la Maison-Blanche, et répercutée étrangement aussitôt par plusieurs agences de presse internationales, dans laquelle l’agence américaine aurait prévenu que le Maroc «a mis en état d’alerte ses forces armées au sud du Maroc qui sont prêtes à mener une attaque militaire sur le Front Polisario à tout moment (…) et seraient même prêtes, à le poursuivre sur le sol algérien souverain».S’il est compréhensible que certaines officines étrangères trouvent leur compte à entretenir le climat de tension qui règne entre nos deux pays, et que le régime marocain lui-même cherche, par tous les moyens, à sortir du bourbier dans lequel il s’est empêtré après les événements de Laâyoune, pour essayer de focaliser l’opinion internationale sur «la menace algérienne», on ne comprend pas cette propension chez nous à donner crédit à des informations qui, du reste, sont démontées par des sources américaines, plus fiables.Si on se fie aux notes diplomatiques publiées récemment par Wikileaks sur les relations entre Rabat et Alger, on trouvera que le Maroc est loin d’avoir un quelconque plan de guerre contre l’Algérie – et vice versa -, et que l’armée marocaine n’est pas suffisamment équipée pour déployer ses troupes tout au long des frontières avec l’Algérie, et encore moins pour envahir notre territoire algérien, à supposer qu’elle y pense. Ce qui n’est pas le cas.Moussa AcherchourLa Nouvelle République, 4/12/2010 -
Drogue: Ksentini s’en prend au Maroc
Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini a qualifié la réaction des forces de répression marocaines à l’égard des citoyens de la ville occupée d’El Ayoune, au Sahara Occidental, de «génocide» et de «crime contre l’Humanité».Intervenant, jeudi dernier, au forum d’El Moudjahid, Farouk Ksentini a estimé que cette violence exercée contre la population sahraouie dans les territoires occupés du Sahara Occidental est «inadmissible». Il dira « ce qui est arrivé aux civils sahraouis sans défense, au camp de Gdeim Izik près d’El Ayoune, est un génocide et un crime contre l’Humanité». Il a même qualifié nos voisins «de pays agressif».
Tout en rappelant que les Nations unies et les Etats-Unis ont déjà condamné les actes commis par les forces de répression marocaines, Farouk Ksentini a interpellé la communauté internationale pour faire pression sur le Maroc afin de l’amener à reconnaître ses crimes.
Plus virulent, dans ses propos, Ksentini a estimé que d’avoir des frontières avec le Maroc constitue «un voisinage très difficile» Il argumente par le fait que la drogue qui vient de ce pays empoisonne la jeunesse algérienne. «Les juridictions chargées des affaires de drogue traitent des milliers de cas de jeunes consommateurs et de dealers de drogue». Et de poursuivre «cette drogue provient d’une seule source, le Maroc» Pour Ksentini, cette drogue en provenance du Maroc est «une arme de destruction massive qui vise la jeunesse algérienne».
Le président de la CNCPPDH a recommandé des dispositions plus fermes pour faire face à cette invasion de drogue marocaine. Il conclura «après avoir combattu le terrorisme, on doit combattre cette drogue»
L’Algérie n’est pas un Etat mafieux
En ce qui concerne les droits de l’Homme en Algérie, Maître Ksentini a affirmé que sa commission présentera son rapport annuel au président de la République, au cours de ce mois. Le rapport qui sera présenté au président Bouteflika, précise Ksentini, contiendra des données encourageantes en matière des droits de l’Homme et bien évidemment des insuffisances «des insuffisances notamment en droits sociaux, à l’exemple de l’accès des jeunes à l’emploi et au logement », dira-t-il. En matière des libertés, Ksentini affirme que les choses sont en train de s’améliorer. «Il faut reconnaître que l’Algérie de 2010, n’est pas celle des années 70 ou 80» a-t-il indiqué précisant que sa commission a constaté une amélioration et un développement des libertés individuelles, notamment les droits des femmes, reconnaissant, cependant, qu’il y a encore des insuffisances à combler. Maître Ksentini a affirmé que «l’Algérie n’est pas un état mafieux comme le prétendent certains. Notre pays œuvre pour devenir un Etat de droit».
Concernant la presse, le président de la CNCPPDH dira que les rapporteurs des Nations unies seront là au cours de ce mois pour se rendre compte d’eux-mêmes de la liberté de la presse algérienne. Ksentini estime que la presse algérienne est totalement libre sur le plan des idées. «Elle a le droit de tout dire, loin évidemment de l’injure et la diffamation».
Il poursuit «la preuve, elle critique d’une façon très virulente le gouvernement», a-t-il souligné en ajoutant que la presse algérienne a enregistré un progrès substantiel vu le nombre de titres. En ce qui concerne, les médias lourds, Farouk Ksentini, a dit soutenir l’idée de l’ouverture totale du champ audio-visuel, mais à condition qu’un cahier des charges strict soit établi. «Nous avons toujours plaidé auprès du président de la République l’ouverture des medias lourds à la pluralité», soutient-il
La constitution algérienne garantit la liberté de culte
Interrogé sur les poursuites judicaires contre des non jeûneurs Farouk Ksentini s’est dit scandalisé par cet état de fait en soulignant que cette question n’aurait pas dû passer devant les tribunaux. «Il aurait fallu les raisonner ou les sensibiliser et rien d’autre. Heureusement que les concernés ont été relaxés», précisant que la constitution algérienne garantit la liberté de culte que ce soit pour les étrangers ou pour les Algériens.
M. AzizaLe Quotidien d’Oran, 4/12/2010 -
Parlement européen: Condamnation du Maroc en 2ème instance
Venu devant la Commission des Affaires étrangères du PE pour plaider non coupable des crimes commis par les forces de sécurité marocaines, le 8 novembre dernier, dans El Aâyoune occupée, le ministre des Affaires étrangères marocain s’est vu confirmer la condamnation de l’Europe dans ce « procès en appel».La Commission des Affaires étrangères du Parlement européen (PE) a écouté, mercredi, le ministre des Affaires étrangères marocain Taïb FASSI – FIHRI et celui de la République sahraouie (RASD), par ailleurs représentant du Front Polisario, M. Mohamed Salem OULD SALEK, sur les événements dramatiques qui ont frappé la ville d’El Aâyoune le 8 novembre dernier.
Au final, la Commission des Affaires étrangères a confirmé le contenu de la Résolution du PE votée le 25 novembre et qui condamne le régime marocain pour les meurtres, violences et exactions commis contre les populations civiles sahraouies du camp GDAIM-EZIK, près de la ville d’El Aâyoune, ainsi que l’interdiction de visite dans la région, au moment des faits, de députés européens, journalistes, membres d’OGN et organisations de défense des droits humains. Niant en bloc les griefs reprochés aux forces de sécurité marocaines, M. Taïb FASSI a déclaré que «le camp de Gdaïm-Ezik a été démantelé de manière parfaitement pacifique et qu’il n’y a eu qu’un seul mort.» Ce à quoi a répondu la députée socialiste portugaise Ana GOMEZ en déclarant que «selon le rapport des services de renseignements européens, il y a eu entre 500 et 600 morts». Face à l’entêtement et l’opposition du régime marocain pour une commission d’enquête, les Eurodéputés ont proposé deux solutions au ministre marocain: soit, selon le député espagnol José Ignacio SALAFRANCE (PPE), «élargir le mandat de la Mission de l’ONU au Sahara (Minurso) à la surveillance des droits humains et la protection des populations civiles sahraouies»; soit, comme l’a proposé le Chypriote Ionus KASOULIDES (PPE), «de faire appel à une Commission indépendante pour surveiller le respect des droits des Sahraouis». Revenant sur la question principale, celle de l’avenir du Sahara Occidental, M. OULD SALEK a rappelé les résolutions de l’ONU et les principes du droit international pour revendiquer la légitimité du peuple sahraoui à se prononcer, par référendum, sur son indépendance. Option que le ministre des AE marocain a évitée en affirmant que «l’autodétermination doit se déterminer par la négociation politique avec le Maroc comme partie prenante».
Entendez un référendum sur la proposition marocaine sur l’autonomie ou le rattachement au Maroc, sans celle qui propose aussi l’indépendance. Comme pour rappeler au ministre marocain la réalité des faits, l’Eurodéputé Willy Meyer n’a pas hésité à qualifier les forces armées marocaines de «forces d’occupation au Sahara» et de demander «la libération de tous les prisonniers sahraouis détenus dans les geôles marocaines». L’enchaînement a été logique lorsque Raül ROMEVA (Vert) a soulevé l’illégalité de l’exploitation des richesses halieutiques des côtes sahraouies par le Maroc.
Il a dénoncé l’accord de pêche UE-Maroc qui inclut les eaux territoriales du Sahara Occidental et a appelé à sa révision en février prochain, date de son échéance. Constatant l’implication de l’Union européenne (accord de pêche notamment) dans la situation sahraouie, l’Eurodéputé italien et président de la délégation du PE pour les relations avec le Maghreb, n’a pas hésité à (re) proposer l’envoi d’une délégation du PE dans la région d’El Aâyoune.
En fin de compte, venu pour faire infléchir ou adoucir le vote du PE qui a condamné sans aucune réserve et à une très large majorité, le 25 novembre, la répression du régime marocain à l’encontre des populations sahraouies d’El Aâyoune occupée, le ministre marocain s’est vu confirmer la sentence en «procès d’appel». Seule note floue et peu courageuse, celle de l’Eurodéputée française, Mlle Rachida Dati, membre de la Commission des Affaires étrangères du PE, qui a déclaré «que le vote de la Résolution du PE du 25 novembre a eu lieu sans vrai débat au préalable». Cela veut dire qu’elle n’était pas présente lors des débats en question. Dans tous les cas, une position claire de Melle Dati aurait étonné.
Le Quotidien d’Oran, 4/12/2010 -
Nouvelle et retentissante claque internationale pour le Makhzen
Le trône marocain, déjà paniqué par la résolution adoptée par le Parlement européen sur les incidents sanglants du 8 novembre survenus lors du démantèlement du camp de Gdem Izik, au Sahara Occidental, par ses forces d’occupation, vient à nouveau d’essuyer une claque qui ajoute à son désarroi, sous la forme cette fois d’une motion votée par les députés espagnols sur la même question.Par 375 voix pour et une abstention, les parlementaires espagnols ont en effet voté un texte dans lequel ils demandent à leur gouvernement de «condamner les incidents du 8 novembre et d’exprimer aux autorités marocaines leur préoccupation face aux informations sur des violations des droits de l’homme sur le territoire sahraoui». La motion réclame aussi au souverain marocain qu’il «respecte le libre accès et la circulation de la presse, des observateurs indépendants et des organisations humanitaires sur le territoire sahraoui».
S’il s’était contenté de «regretter la partialité et la précipitation» du contenu de la résolution du Parlement européen et en déclarant que malgré celle-ci, «le Royaume reste attaché à la poursuite de son association privilégiée avec l’Union européenne, le Makhzen a réagi à l’initiative des députés espagnols en proférant la menace. En son nom, le ministre de la Communication, également porte-parole du gouvernement, a en effet déclaré que le moment actuel nécessite une réévaluation globale des relations du Royaume avec l’Espagne».
La nature agressive de la réaction de ce Makhzen à la motion des parlementaires espagnols s’explique par le fait que celle-ci bat en brèche irréversiblement le thème de sa propagande qui donnait à voir l’opinion espagnole acquise à la position du Maroc sur le dossier sahraoui, à la seule exception de sa frange minoritaire représentée par le Parti populaire espagnol (PPE).
Le vote à la quasi-unanimité de cette motion par la représentation parlementaire du peuple espagnol démontre que la réalité est tout autre concernant le point de vue de ce dernier sur la question sahraouie. Ce que les autorités marocaines semblent avoir découvert seulement après l’adoption de la motion. En brandissant la menace de procéder à «la réévaluation» des relations maroco-espagnoles, le Makhzen pense pouvoir désarmer l’opposition qui s’exprime dans la péninsule contre sa politique colonialiste au Sahara Occidental, et ce en laissant sous-entendre que sa poursuite met en cause les intérêts économiques et autres de l’Espagne dans le Royaume, qui vont en pâtir.
La motion des parlementaires espagnols a si ébranlé le Trône et le Makhzen qu’ils ont englobé dans leurs vindictes toutes les forces politiques espagnoles, même celles dont ils se targuaient d’avoir le soutien. En les accusant toutes de «mettre le Maroc au cœur des luttes politiques internes dans un contexte électoral visant à détourner les regards de la crise profonde que connaît l’Espagne».
Il y a de la débandade pathétique dans les réactions marocaines aux condamnations internationales qui accablent le Royaume. Elles ne sont que fuite en avant et refus d’admettre qu’elles s’expriment sur la base de la conviction de ceux qui les prononcent.
Le «show» de la marche populaire organisée la semaine dernière à Casablanca n’aura finalement guère contribué à faire changer la perception négative sur le Royaume qui prédomine sur la scène internationale à cause de la politique sahraouie du Trône et de son Makhzen.
Kharroubi HabibLe Quotidien d’Oran, 4/12/2010 -
Le Parlement espagnol met à nu les manœuvres de Rabat
Le Sénat espagnol en demandant à l’unanimité au gouvernement de Zapatero de «condamner avec fermeté» l’agression marocaine du camp de la liberté de Gdeim Izik met à mal les manœuvres médiatico-politiques de Rabat pour cacher ses crimes lors de son agression du 8 novembre dernier.
Les différentes tendances politiques représentées au sein du Parlement réclament du «gouvernement la condamnation ferme des violents incidents qui ont eu lieu durant le démantèlement du camp de protestation au Sahara Occidental et les émeutes dans la ville de Laâyoune». A cela s’ajoute l’exigence des députés à l’adresse du gouvernement de Zapatero d’œuvrer «à l’élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) à la protection et la surveillance des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental», lit-on. L’autre question portée dans la motion a trait à «l’envoi d’une mission indépendante d’enquête sur les événements survenus pendant et après le démantèlement du Camp de Gdeim Izik».
Dans un communiqué, «le gouvernement marocain estime que les circonstances requièrent une réévaluation de l’ensemble des relations entre le Maroc et l’Espagne dans tous les domaines», ce qui dénote qu’il y a panique dans le royaume chérifien, surtout après l’échec de la mission du ministre marocain des Affaires étrangères, Taib Fassi Fihri, lors de son passage devant le Parlement européen. Le chef de la diplomatie marocaine espérait par ses explications pouvoir cacher les conséquences dramatiques de l’intervention musclée des forces militaire, des services de sécurités et des colons marocains contre le camp de la liberté de Gdeim Izik. Taib Fassi Fihri a été acculé par l’interpellation des députés européens dont celle relative au blocus médiatico-politique imposé dans les territoires occupés et l’interdiction aux parlementaires et organisations internationales de se rendre à Laâyoune.
Le chef de la diplomatie marocaine a dû aussi faire face aux informations ramenées par le chef de la diplomatie de la République arabe sahraouie démocratique, M. Ould Salek, convié par le Parlement européen à cette occasion, mettant à nu les affres dus à la colonisation marocaine dans les territoires sahraouis occupés. A la lecture des propos du ministre de la Communication marocaine, M. Naciri, en réaction à la motion adoptée par le Parlement espagnol, il apparaît clairement que le Makhzen est rattrapé par ses mensonges. En réaction aux condoléances présentées par les députés espagnoles aux familles des victimes sahraouies, M. Naciri reconnaît qu’il y a eu des crimes contre les civils sahraouis du camp de Gdeim Izik. Le responsable marocain de la communication déclare que son gouvernement «regrette également que le Parlement espagnol n’ait pas présenté ses condoléances aux familles des victimes parmi les forces de l’ordre marocaines». Rabat, en pointant du doigt le parti populaire d’Espagne pour conforter son opinion publique, vient d’être rappelé à l’ordre par les différents courants politiques espagnols, juste après les représentants le Parlement européen.
Karima BennourLa Nouvelle République, 4/12/2010 -
Le Parlement européen pour un mécanisme de protection des droits de l’Homme
La nécessité d’un mécanisme de protection des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental a été soulignée par les députés du Parlement européen.Cette revendication a été faite lors d’une réunion du comité, tenue mercredi à Bruxelles, avec le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek et son homologue marocain, Taïb Fassi Fihri.
L’eurodéputé José Ignacio Salafranca a demandé que les prérogatives de la Minurso soient élargies à la protection des Droits de l’Homme. La nécessité d’un mécanisme de protection des droits de l’Homme au Sahara Occidental a été également relevée par l’eurodéputé Ioannis Kasoulides. Son collègue Willy Meyer a demandé, pour sa part, à l’occupant marocain de respecter le droit international et libérer tous les prisonniers politiques sahraouis. L’eurodéputé Raul Romeva a souligné, de son côté, que le Maroc «n’a pas le droit d’exploiter les eaux territoriales du Sahara Occidental», insistant sur le fait que ces eaux ne doivent pas être incluses dans les futurs accords de pêche entre le Maroc et l’Union européenne. Intervenant lors de cette rencontre, Ould Salek a affirmé que le démantèlement du camp de Gdeim Izik, près de la ville d’El Ayoun occupée, par les forces d’occupation marocaines, le 8 novembre dernier, «était un point de non-retour et tout doit changer maintenant».
Il a déploré, en outre, les restrictions imposées par le Maroc sur le mouvement, notamment de membres du Parlement européen, de représentants des organisations non-gouvernementales et de journalistes. L’Union européenne, garante des droits de l’Homme et du droit international, est appelée à contribuer positivement en tant qu’acteur international dans la solution du conflit au Sahara Occidental», a déclaré le MAE, Mohamed Salem Ould Salek au cours de son intervention devant la commission des affaires étrangères du Parlement européen à Bruxelles.» Tout doit changer à partir de maintenant comme nous l’avons signalé dans une lettre au Conseil de sécurité au lendemain de l’attaque marocaine sur le camp de Gdeim Izik», a précisé le chef de la diplomatie sahraouie. «Nous attendons de l’Union européenne, de forcer l’Espagne à assumer ses responsabilités dans la décolonisation de son ancienne colonie et pour la France de soutenir le droit et la légalité internationale au Sahara Occidental», at- il ajouté.
Le chef de la diplomatie sahraouie a estimé qu’»une solution rapide à travers l’exercice par le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination pourrait contribuer à la prospérité et la stabilité des pays du Maghreb et du sud de l’Europe». À cet égard, il a réitéré l’engagement du peuple et du gouvernement de la Rasd et du Front Polisario à coopérer pleinement pour le succès des efforts tendant à garantir la stabilité dans la région du Maghreb et de la Méditerranée. «Nous exprimons aujourd’hui et demain en tant qu’État indépendant notre volonté de coopérer avec vous en qualité de partenaire dans la construction de cette région de manière positive et active», a précisé Ould Salek.
Le diplomate sahraoui a informé l’UE des derniers développements de la question du Sahara Occidental, notamment l’assaut meurtrier perpétré par les forces marocaines contre près de 30 000 sahraouis qui campaient dans plus de 8 000 tentes à Gdeim Izik, près d’El Ayoun, en protestation contre la répression, la marginalisation et les dures conditions de vie qu’ils endurent depuis plus de 35 ans. Il s’est basé sur des faits rapportés par des rapports des organismes internationaux tels que Human Rights Watch et d’autres, ainsi que l’interdiction d’accès et l’éloignement forcé d’observateurs et médias étrangers, y compris la mission de la Minurso dans la région.
D’un autre côté, le Sénat espagnol a approuvé, lors une séance plénière et à l’unanimité, une motion dans laquelle, il demande au gouvernement Zaparero la condamnation de l’attaque féroce contre le camp de la Liberté, près de la capitale occupée du Sahara Occidental.»Le gouvernement doit condamner fermement les violents incidents qui ont eu lieu durant le démantèlement du camp de protestation au Sahara Occidental et les émeutes dans la ville d’El Ayoun», a précisé la motion. Le Sénat exprime «sa profonde préoccupation de la grave détérioration de la situation qui prévaut au Sahara Occidental après les émeutes qu’a connues la ville d’El Ayoun», a ajouté le texte. La motion a également appelé à l’élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental (Minurso) à la protection et la surveillance des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Elle a enfin réclamé l’envoi d’une mission indépendante d’enquête sur les événements survenus pendant et après le démantèlement du camp de Gdeim Izik, ainsi que l’éclaircissement du sort des victimes, notamment l’Espagnol, Hamady Baby Boujemaâ, heurté par un véhicule de la police marocaine.
Mokhtar BendibLe Courrier d’Algérie, 4/12/2010