Mois : décembre 2010
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Sahara occidental : Le roi pris au dépourvu
Comme au jeu d’échec, dès que l’on oublie du surveiller ses pièces, plus particulièrement le roi, ou bien la reine, la partie est perdue d’avance, parfois subtilement. Toute la mise est scène du roi Mohamed VI, autour de la question Sahraoui, vient d’être balayée, d’un revu de main par le parlement européen qui a enfin réagi. Et il était temps. Jusqu’aux évènements d’El Ayoun, le roi du Maroc avait toujours bénéficié de l’appui de la communauté européen, plus particulièrement celui de la France, qui fermaient l’œil sur tout ce qui se passait au Sahara occidental, faisant fi des avis de détresse de tout un peuple qui ne cesse de clamer son indépendance depuis le départ des Espagnols en 1975.Ni l’ONU n’aucune organisation au monde n’a réussi à amener le roi du Maroc à la raison. Incriminant l’Algérie d’être derrière les revendication du peuple Sahraoui, le roi usait de stratégie auprès de la France et de certains pays européens pour faire valoir la revendication marocaine du Sahara occidental et de la marocanité de son peuple. Mohamed VI n’a jamais voulu accepter que le Sahara occidental, ne fait pas partie du Maroc, comme les deux enclaves Ceuta et Melilla.Il a fallu les événements atroces d’El Ayoun pour que l’opinion mondiale prenne enfin conscience de la gravité de situation dans ce territoire occupé. Il a fallu que le camp de réfugiés « Sahraouis » de Gdeil Izik soit attaqué et démantelé par les forces de maintien de l’ordre du palais royal pour que les eurodéputés assument leurs responsabilités en votant une résolution par laquelle ils dénoncent ouvertement la répression sur la population par le Mekhzen. La même résolution parle aussi d’une enquête indépendante sous pays, à quelques de l’ONU, exluant l’intervention de tout autre pays, à quelques titre que ce soit, comme par exemple l’Algérie ou encore le parti populaire espagnol, sur les derniers événements d’El Ayoun. Se voyant désarçonné par cette résolution qu’il ne voyait pas venir, le roi a aussitôt d’un autre subterfuge en provoquant une marche à Casablanca de soutien au trône, tout comme celle organisée auparavant par feu son père Hassan II dite « marche verte ». la marche de Casablanca avait pour but de protester contre la résolution du parlement européen. Mais au fond ce sont l’Algérie et le parti populaire espagnol qui étaient visés comme s’ils étaient les auteurs.Agissant dans la même foulée, le gouvernement marocain a fait procéder à l’expulsion de deux journalistes espagnols, Mme Romero, reporter auprès du quotidien « El Mundo» et M. Tomas Barbulo Marcos d’El Pais, prétextant que leur comptes rendus sur les événements d’El Ayoun étaient incorrectes. Mme Ana Romero a pour sa part, été traitée de « malhonnêté » par la même occasion, le Markzen a aussitôt décidé de verrouiller les portes du Sahara occidental à la face de la presse mondiale. Le gouvernement marocain serait-il allergique à la presse à ce point ? Serait ce aussi la presse qui fait tant frémir le roi ?Réflexion, 4/12/2010 -
Bruxelles ne croit pas au bling-bling Rachida Dati plaide, en vain, la cause marocaine
Rachida Dati «bling-bling», mère algérienne, père marocain, figure emblématique de l’intégration bidon à la française, ne sera pas d’une grande utilité pour l’envoyé spécial de Sa Majesté Mohammed VI au Parlement européen. Dati dira des insignifiances puis, froidement, laissera le relex du Maroc seul, isolé, désappointé, sans arguments face à des eurodéputés précis, rigoureux, pas près de se laisser rouler dans la farine. L’effet Dati a fait long feu, ici, à Bruxelles.
Le relex du Maroc était, hier, à Bruxelles. Le moins que l’on puisse écrire est qu’il a raté son examen oral devant la Commission des affaires étrangères du Parlement européen (PE). Rachida Dati, eurodéputée française qui devait assurer une couverture de zone à l’envoyé spécial de Mohammed VI, a raté sa prestation. Lamentablement. A telle enseigne que les présents à la rencontre (eurodéputés et journalistes) sont restés bouche bée. Comment se peut-il qu’un responsable politique de ce standing — Rachida Dati a été, tout de même, ministre de la Justice, garde des Sceaux de la République française, et aujourd’hui euro-parlementaire — puisse déclarer autant d’insignifiances et autant d’approximation en un laps de temps aussi court ? A cette question, peu de réponse.Comment venir en aide au malheureux ministre des Affaires étrangères du Maroc sonné par les interpellations précises des eurodéputés ? Pourquoi refusez-vous la présence d’observateurs à El-Ayoun ? Combien y a-t-il eu de morts ? Laissez les journalistes entrer au Sahara occidental. Que comptez- vous faire après la résolution du Parlement européen, les rapports d’Amnesty et de Human Rights ? etc. Rachida Dati, ministre déchue de la République française, plus en odeur de sainteté dans la Sarkosie, prend la parole. Silence. Les journalistes se tournent vers l’une des figures cultes dans un passé récent du «blingbling », façon droite des Hauts-de-Seine, personnage emblématique de l’intégration bidon, pour l’écouter, boire ses mots, se désaltérer avec ses paroles. Dati fait un bide. Total. Elle commence par conseiller aux représentants de la prestigieuse institution européenne de ne pas trop dénoncer le Maroc, de savoir que la France a été dédouanée de sa démarche par rapport aux Roms (quand ? Par qui ? Comment ?). Et quand bien même.Pour autant, Dati, mère algérienne, père marocain, n’oublie pas d’oublier le Polisario. Sait-on jamais ? Après la disgrâce hexagonale, les cimes royales de Rabat- Salé quand elle parle, vaguement, du Sahara occidental, Dati a la mémoire sélective, l’esprit pas vif. Elle parle d’Algérie et de Maroc quand il s’agit de décoloniser des territoires, le Sahara occidental, dernière colonie africaine recensée par l’ONU. Le relex de Mohammed VI, mis à mal par les questions pointues et sans ménagement des parlementaires de l’UE, renvoie la «balle vers les gradins», «botte en touche», fait le cinéma, esquive, ne répond pas, inverse l’ordre des choses et des convenances. Pas dupes, instruits par un dossier accablant pour le Maroc, les eurodéputés cherchent la faille, tentent d’obtenir l’essentiel. Un engagement ferme du ministre marocain pour permettre aux députés, ONG, journalistes et observateurs de se rendre à El-Ayoun, à Dakhla et dans les territoires occupés. Rien. Le chef de la diplomatie marocaine évite de donner des promesses à ce niveau. Il sait ce que cela en coûte. Accuse l’Algérie, estime que les mots «référendum» et «occupation» doivent être bannis du lexique du Parlement européen. Mme Dati, saisissant que les membres de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen ne sont pas des guignols, ne sera plus d’aucune utilité au ministre marocain des Affaires étrangères. Ce dernier repart de Bruxelles comme il était venu, la bouche pleine et les mains vides.Du siège du Parlement européen à Bruxelles, Aziouz MokhtariLe Soir d’Algérie, 4/12/2010 -
Le sommet de l’UPM reporté sine die : L’union avortée ?
Le deuxième sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM) pas eu lieu. Un second échec en six mois. Un report sine die au grand dam de la France (co-présidente de l’UPM avec l’Égypte) et de l’Espagne (future co-présidente). Pour quelles raisons un projet aussi ambitieux porté par le président français Sarkozy en arrive-t-il à des déboires pires que ceux que connaît l’UMA ?Beaucoup de déception, en Europe du moins, quant à ce report aux airs d’oraison funèbre. Le polonais Jerzy Buzek, président du Parlement européen, n’a pas caché sa désillusion à la suite de cette annulation du deuxième sommet de l’UPM prévu le 21 novembre à Barcelone, siège du secrétariat général de l’UPM. Pour Jerzy Buzek, cette annulation représente surtout un signal politique négatif. L’absence d’un véritable dialogue institutionnel euro-méditerranéen, les conflits du Proche-Orient et du Sahara Occidental ne sont pas pour aider l’émergence de relations politiques sereines entre les deux rives. Certes, pour Vincent Peillon, chargé du suivi de l’UPM par la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, il ne faut «surtout pas baisser les bras face aux difficultés», indiquant que le rapprochement des deux rives de la Méditerranée n’est pas une option.
Dès lors, on entend les européens, resservir le discours : rejet du repli sur soi, que le Sud a besoin de l’Europe et que celle-ci a besoin du Sud. Mais au plan politique interne, en France, Vincent Peillon souligne «un échec retentissant pour la diplomatie du président Sarkozy» qui, a réussi «à abimer une bonne idée» à cause de son empressement. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique, Vincent Peillon a indiqué que le temps n’est pas à «désigner des boucs émissaires, mais de pointer les responsabilités. Nicolas Sarkozy est à l’origine de la création de l’UPM, mais la navigation à vue et les changements de cap ont mené à l’échec. Perdue dans ses comptes d’apothicaire, l’Europe, quant à elle, ne parvient pas à parler d’une voix cohérente, et se montre incapable d’adapter ses moyens à ses ambitions. Enfin, les pays du Sud n’ont jamais su oublier leurs querelles et voir qu’ils disposaient enfin d’une enceinte où ils pouvaient discuter sur un pied d’égalité avec les Européens.Une approche plus modeste
Peillon souligne aussi que les recommandations de juin 2010 ont abouti «à un ensemble de recommandations adoptées en juin, parmi lesquelles la nécessité d’être plus modestes dans notre approche. L’Union doit se concentrer sur la réalisation commune de projets concrets d’intérêt général. Si le Parlement avait été entendu, nous aurions évité six mois de blocage. Hélas, le président français s’est obstiné à faire croire que l’UPM pouvait régler le conflit israélo-palestinien. Il a suscité de fausses espérances.»
Cette espérance est illustrée par certains projets mis en route ou en voie de l’être. «Car les projets, ça marche?!» indique-t-il. «Pendant que les chefs d’État se chamaillent, les gens sérieux travaillent. Ils construisent des centrales de production d’énergie solaire, développent la jeune Université euroméditerranéenne en Slovénie, rapprochent les deux rives grâce à la mise en place d’«autoroutes de la mer», financent la suppression progressive des sources de pollution de la Méditerranée, etc.» Peillon plaide pour la mise en place d’un système d’échanges universitaires de type Erasmus au niveau méditerranéen. Mais au-delà de cet optimisme et cette vision très positive, il y a aussi les raisons structurelles qui ont hypothéqué le succès de la création de cette union.
Dans une contribution publiée en juin 2010, Pierre Verluise directeur de recherche à l’Institut de Recherche en Relation Internationale (IRIS) indiquait que «dans le contexte d’une campagne électorale, le candidat à la présidence de la République française Nicolas Sarkozy évoque le 7 février 2007 à l’occasion d’un discours prononcé à Toulon son projet d’une «Union méditerranéenne» (UM). Il s’inscrit alors dans une optique intergouvernementale méditerranéo-centrée plutôt que communautaire. Il s’agit d’offrir à tous les pays riverains de la Méditerranée – et seulement eux – un processus de partenariat égalitaire pour construire un destin commun, en s’inspirant du précédent de la Communauté économique européenne (CEE). Des structures et un budget propres permettraient de mettre en place des politiques spécifiques. N. Sarkozy n’entend donc pas laisser à l’UE l’opportunité de donner son avis. Voilà un biais de départ qui hypothèque lourdement le développement du projet. Imagine-t-on un instant la France se sentir engagée par de vagues promesses électorales formulées par un candidat à la présidentielle d’un autre pays membre de l’UE ? L’hypothèse fait sourire. C’est un peu ce qui s’est passé hors des frontières hexagonales pour ce projet. » Verluise souligne aussi que le cadeau fait par Israël à l’UPM n’était pas pour favoriser le succès. «La guerre conduite par Israël dans la bande de Ghaza du 27 décembre 2008 au 17 janvier 2009 survient alors que l’UpM est en phase de démarrage.
L’opération «plomb durci» est venue d’emblée démontrer que le conflit israélo-palestinien bloque ou ralentit jusqu’aux politiques sectorielles prévues par l’UpM. Les réunions de l’Union pour la Méditerranée prévues entre janvier et avril 2009 ont été reportées, selon les sources diplomatiques françaises.» Et Verluise de conclure : «N’en déplaise aux inspirateurs de ce projet, la politique communautaire ne se décide pas sur les estrades électorales. L’ignorer s’avère contreproductif.
Si l’UPM semble enfin décoller au terme de sa deuxième année, c’est aussi parce que des investisseurs français, italiens, marocains et égyptiens viennent compléter les moyens – relativement limités – de l’Union européenne (Commission européenne, Banque européenne d’investissement). Rappelons que ce sont les États membres de l’UE qui rechignent à porter le budget communautaire au-delà de 1% du RNB de l’Europe communautaire. Reste à savoir si ce choix optimise les chances de l’UE.» Le report du 21 novembre vient confirmer que l’optimisme n’est pas au rendez- vous.
Par Amine EsseghirLes Débats, 4/12/2010 -
Où va le roi?
Les tares du Maroc, cet allié sûr et inconditionnel des grandes puissances occidentales, sont sur la place publique. Les diplomates américains qui, sans doute ne tarissent pas d’éloges au royaume lorsqu’ils sont face à des responsables du Makhzen, transmettent l’amere vérité à leur hiérarchie à Washington. Ainsi, le site Wikileaks, nous apprend ce que se disent les américains de leur allié de toujours. Nous découvrons à la lecture de ces «révélations» des cadres marocains, totalement déconnectés de la réalité du monde, convaincus d’une collusion entre l’AQMI et le Front Polisario, persuadés de la volonté de l’Algérie de se doter l’arme nucléaire, craignant le programme nucléaire iranien et entassant l’essentiel de leurs troupes dans le Sahara, de peur d’une résurgence de la guerre. Le site wikileaks nous apprend que la colère gronde au sein de l’armée de sa majesté, que celle-ci, mal équipée, peut imploser à tout moment.
Bref, le portrait que dépeignent les diplomates US de leur grand allié au Maghreb est très peu flatteur. Il ressort des câbles rendus publics, que le Maroc et les Etats-Unis entretiennent des rapports, quelque peu, bizarres. Nous avons d’un côté une hyper puissance qui joue au grand frère, mais sans rien faire pour arranger la situation d’un royaume en déphasage totale avec la réalité, et de l’autre, un petit pays, doté d’une courte vision qui se convainc de sa prétendue puissance dans le discours «diplomatique» de ses amis américains.
En un mot, comme en mille, les «révélations» de Wikileaks nous apprennent ceci d’important, c’est qu’il ne sert à rien de s’adosser à des puissances occidentales, ces dernières n’étant pas là pour nous aider, mais juste pour gérer au mieux leurs intérêts. Car, si l’objectif des américains étaient réellement d’aider le Maroc ils lui auraient conseillé de permettre l’autodétermination du Sahara occidental et aider à la construction véritable de l’UMA. Mais comme l’intérêt des USA est ailleurs, ce discours n’a pas dépassé le stade des câbles. Maintenant les marocains moyens savent où va leur roi. Le savait-il lui-même? Force est de constater que non.Ouest Tribune, 4/12/2010 -
Espagne – Maroc : La fin de la lune de miel ?
Rabat menace de revoir ses relations avec Madrid
Les craintes que nourrissait le gouvernement espagnol de voir le Maroc user de l’arme du chantage après les multiples condamnations dont il est l’objet en Espagne, et en Europe, depuis la brutale prise d’assaut du camp de toile de Gdeim Izik, sont en train de se confirmer.La motion de trop
Jeudi, le porte-parole du gouvernement marocain, Khalid Naciri, a clairement fait savoir, au cours d’une conférence de presse, que le Maroc allait «reconsidérer ses relations avec l’Espagne, dans tous les domaines, en fonction des circonstances actuelles».Cette déclaration est intervenue seulement quelques heures après l’adoption par le Congrès des Députés espagnol d’une motion présentée par le groupe mixte communiste-verts demandant au gouvernement Zapatero de «condamner» les incidents survenus au cours du démantèlement du camp de toile par les forces de police marocaine. C’est la motion de trop !Pourtant, depuis le début des incidents du 8 novembre, le gouvernement socialiste espagnol s’était employé activement, y compris au niveau des institutions européennes, à bloquer tout projet de résolution attribuant la responsabilité de ce qui s’est passé à Al Ayoune à la seule partie marocaine.Madrid avait activé le groupe de pression pro-marocain du parlement européen pour éviter une condamnation de Rabat dans la résolution des eurodéputés du 25 novembre dernier.Rachida Dati la Marocaine
La France en avait fait de même par le biais de ses parlementaires, parmi lesquels l’ex-ministre de la Justice, Rachida Dati, de père marocain, qui avait montré une bien trop curieuse complaisance dans ses questions au ministre marocain des Affaires étrangères lors de son passage, lundi dernier,devant le parlement de Strasbourg. «Les pro-Marocains ont fait aussi bien que le lobby parlementaire européen qui veille sur les intérêts d’Israël», ironisera un eurodéputé.
Pourquoi donc s’en prendre au gouvernement espagnol qui a été isolé dans sa position de prudence à l’égard de ce qui s’est passé à Al Ayoune, résistant à toutes les pressions des partis de gauche, de droite, des nationalistes, des parlementaires locaux et nationaux, de la société civile et de la presse ? Pourtant, la motion du Congrès des Députés est tout juste un peu plus audacieuse que celle que le Sénat avait votée mardi dernier condamnant les violences lors de la prise d’assaut du camp de toile d’Al Ayoune, sans toutefois citer l’une des deux parties, marocaine ou sahraouie.Les autorités marocaines ont été, en fait, irritées par la participation du groupe parlementaire socialiste à l’adoption de la première motion attribuant, bien qu’implicitement, la responsabilité de cette violence au Maroc. La motion souligne bien que les députés ont demandé au gouvernement Zapatero d’«exprimer ses inquiétudes au Maroc pour les violations des droits de l’homme au Sahara» (Sahara Occidental, ex-Sahara Espagnol, ndds).Les armes dissuasives de Rabat
C’est ce passage de la motion, bien que retouché à la demande des socialistes, qui laisse penser aux yeux de Rabat, Zapatero n’a pas honoré le contrat d’amitié le liant au royaume du Maroc.Qu’entend donc le porte-parole par «révision des relations avec l’Espagne», une décision sur laquelle devait se prononcer vendredi le parlement marocain ? La menace marocaine laisse entrevoir que le contentieux sur Ceuta et Melilla, mis entre parenthèses par le roi Mohammed VI, pourrait désormais figurer comme point essentiel de l’ordre du jour dans les réunions de haut niveau entre Rabat et Madrid. C’est la hantise du gouvernement Zapatero qui n’ignore pourtant pas qu’en dernier ressort un référendum consacrerait l’hispanité de ces deux présides que Rabat qualifie de «villes occupées». La visite historique du couple royal espagnol à Ceuta et Melilla, en octobre 2008, avait apporté la preuve irréfutable que les citoyens de ces deux enclaves, à forte majorité marocaine, sont à plus de 95% opposés au rattachement des deux villes au Maroc. Les autorités espagnoles craignent aussi dans l’immédiat un refus de collaboration des autorités marocaines dans le contrôle des flux migratoires subsahariens en direction de l’Espagne.Depuis la crise diplomatique survenue entre les deux pays cet été au poste frontalier de Melilla, les gardes-côtes marocains avaient systématiquement fermé les yeux sur le trafic des personnes qui avait repris de plus belle, bizarrement, à ce moment précis. Le narcotrafic avait également pris durant cette même période une ampleur sans précédent.
Ce sont là quelques armes dissuasives que le gouvernement marocain n’hésitera pas à employer pour amener le président Zapatero à mieux contenir le mouvement de sympathie dont jouit la cause sahraouie auprès de la base socialiste. C’est cette base militante, en effet, qui a fait pression sur le PSOE pour qu’il aligne sa position sur celle des autres partis au sujet des événements violents d’Al Ayoune.Un message au Parti populaire
La réaction marocaine semble également dirigée contre la principale force d’opposition, le Parti populaire, objet des manifestations massives en cours au Maroc depuis que les dirigeants du PP avaient appelé à une condamnation ferme du Maroc. Rabat sait que tous les sondages donnent le PP vainqueur aux élections générales de mars 2012 et que la «lune de miel» avec le gouvernement socialiste espagnol tire à sa fin.En 2012, la période de complaisance de l’Espagne envers son voisin du sud, ménagé en toutes circonstances depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir en avril 2004, aura vécu. Le message de M. Naciri ne s’adresserait-il donc pas en fait en priorité au futur gouvernement que présidera le leader du PP, Mariano Rajoy ?H. A.Le Temps d’Algérie, 3/12/2010 -
Drogue: Ksentini s’en prend au Maroc
Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini a qualifié la réaction des forces de répression marocaines à l’égard des citoyens de la ville occupée d’El Ayoune, au Sahara Occidental, de «génocide» et de «crime contre l’Humanité».Intervenant, jeudi dernier, au forum d’El Moudjahid, Farouk Ksentini a estimé que cette violence exercée contre la population sahraouie dans les territoires occupés du Sahara Occidental est «inadmissible». Il dira « ce qui est arrivé aux civils sahraouis sans défense, au camp de Gdeim Izik près d’El Ayoune, est un génocide et un crime contre l’Humanité». Il a même qualifié nos voisins «de pays agressif».
Tout en rappelant que les Nations unies et les Etats-Unis ont déjà condamné les actes commis par les forces de répression marocaines, Farouk Ksentini a interpellé la communauté internationale pour faire pression sur le Maroc afin de l’amener à reconnaître ses crimes.
Plus virulent, dans ses propos, Ksentini a estimé que d’avoir des frontières avec le Maroc constitue «un voisinage très difficile» Il argumente par le fait que la drogue qui vient de ce pays empoisonne la jeunesse algérienne. «Les juridictions chargées des affaires de drogue traitent des milliers de cas de jeunes consommateurs et de dealers de drogue». Et de poursuivre «cette drogue provient d’une seule source, le Maroc» Pour Ksentini, cette drogue en provenance du Maroc est «une arme de destruction massive qui vise la jeunesse algérienne».
Le président de la CNCPPDH a recommandé des dispositions plus fermes pour faire face à cette invasion de drogue marocaine. Il conclura «après avoir combattu le terrorisme, on doit combattre cette drogue»
L’Algérie n’est pas un Etat mafieux
En ce qui concerne les droits de l’Homme en Algérie, Maître Ksentini a affirmé que sa commission présentera son rapport annuel au président de la République, au cours de ce mois. Le rapport qui sera présenté au président Bouteflika, précise Ksentini, contiendra des données encourageantes en matière des droits de l’Homme et bien évidemment des insuffisances «des insuffisances notamment en droits sociaux, à l’exemple de l’accès des jeunes à l’emploi et au logement », dira-t-il. En matière des libertés, Ksentini affirme que les choses sont en train de s’améliorer. «Il faut reconnaître que l’Algérie de 2010, n’est pas celle des années 70 ou 80» a-t-il indiqué précisant que sa commission a constaté une amélioration et un développement des libertés individuelles, notamment les droits des femmes, reconnaissant, cependant, qu’il y a encore des insuffisances à combler. Maître Ksentini a affirmé que «l’Algérie n’est pas un état mafieux comme le prétendent certains. Notre pays œuvre pour devenir un Etat de droit».
Concernant la presse, le président de la CNCPPDH dira que les rapporteurs des Nations unies seront là au cours de ce mois pour se rendre compte d’eux-mêmes de la liberté de la presse algérienne. Ksentini estime que la presse algérienne est totalement libre sur le plan des idées. «Elle a le droit de tout dire, loin évidemment de l’injure et la diffamation».
Il poursuit «la preuve, elle critique d’une façon très virulente le gouvernement», a-t-il souligné en ajoutant que la presse algérienne a enregistré un progrès substantiel vu le nombre de titres. En ce qui concerne, les médias lourds, Farouk Ksentini, a dit soutenir l’idée de l’ouverture totale du champ audio-visuel, mais à condition qu’un cahier des charges strict soit établi. «Nous avons toujours plaidé auprès du président de la République l’ouverture des medias lourds à la pluralité», soutient-il
La constitution algérienne garantit la liberté de culte
Interrogé sur les poursuites judicaires contre des non jeûneurs Farouk Ksentini s’est dit scandalisé par cet état de fait en soulignant que cette question n’aurait pas dû passer devant les tribunaux. «Il aurait fallu les raisonner ou les sensibiliser et rien d’autre. Heureusement que les concernés ont été relaxés», précisant que la constitution algérienne garantit la liberté de culte que ce soit pour les étrangers ou pour les Algériens.
M. AzizaLe Quotidien d’Oran, 4/12/2010 -
Parlement européen: Condamnation du Maroc en 2ème instance
Venu devant la Commission des Affaires étrangères du PE pour plaider non coupable des crimes commis par les forces de sécurité marocaines, le 8 novembre dernier, dans El Aâyoune occupée, le ministre des Affaires étrangères marocain s’est vu confirmer la condamnation de l’Europe dans ce « procès en appel».La Commission des Affaires étrangères du Parlement européen (PE) a écouté, mercredi, le ministre des Affaires étrangères marocain Taïb FASSI – FIHRI et celui de la République sahraouie (RASD), par ailleurs représentant du Front Polisario, M. Mohamed Salem OULD SALEK, sur les événements dramatiques qui ont frappé la ville d’El Aâyoune le 8 novembre dernier.
Au final, la Commission des Affaires étrangères a confirmé le contenu de la Résolution du PE votée le 25 novembre et qui condamne le régime marocain pour les meurtres, violences et exactions commis contre les populations civiles sahraouies du camp GDAIM-EZIK, près de la ville d’El Aâyoune, ainsi que l’interdiction de visite dans la région, au moment des faits, de députés européens, journalistes, membres d’OGN et organisations de défense des droits humains. Niant en bloc les griefs reprochés aux forces de sécurité marocaines, M. Taïb FASSI a déclaré que «le camp de Gdaïm-Ezik a été démantelé de manière parfaitement pacifique et qu’il n’y a eu qu’un seul mort.» Ce à quoi a répondu la députée socialiste portugaise Ana GOMEZ en déclarant que «selon le rapport des services de renseignements européens, il y a eu entre 500 et 600 morts». Face à l’entêtement et l’opposition du régime marocain pour une commission d’enquête, les Eurodéputés ont proposé deux solutions au ministre marocain: soit, selon le député espagnol José Ignacio SALAFRANCE (PPE), «élargir le mandat de la Mission de l’ONU au Sahara (Minurso) à la surveillance des droits humains et la protection des populations civiles sahraouies»; soit, comme l’a proposé le Chypriote Ionus KASOULIDES (PPE), «de faire appel à une Commission indépendante pour surveiller le respect des droits des Sahraouis». Revenant sur la question principale, celle de l’avenir du Sahara Occidental, M. OULD SALEK a rappelé les résolutions de l’ONU et les principes du droit international pour revendiquer la légitimité du peuple sahraoui à se prononcer, par référendum, sur son indépendance. Option que le ministre des AE marocain a évitée en affirmant que «l’autodétermination doit se déterminer par la négociation politique avec le Maroc comme partie prenante».
Entendez un référendum sur la proposition marocaine sur l’autonomie ou le rattachement au Maroc, sans celle qui propose aussi l’indépendance. Comme pour rappeler au ministre marocain la réalité des faits, l’Eurodéputé Willy Meyer n’a pas hésité à qualifier les forces armées marocaines de «forces d’occupation au Sahara» et de demander «la libération de tous les prisonniers sahraouis détenus dans les geôles marocaines». L’enchaînement a été logique lorsque Raül ROMEVA (Vert) a soulevé l’illégalité de l’exploitation des richesses halieutiques des côtes sahraouies par le Maroc.
Il a dénoncé l’accord de pêche UE-Maroc qui inclut les eaux territoriales du Sahara Occidental et a appelé à sa révision en février prochain, date de son échéance. Constatant l’implication de l’Union européenne (accord de pêche notamment) dans la situation sahraouie, l’Eurodéputé italien et président de la délégation du PE pour les relations avec le Maghreb, n’a pas hésité à (re) proposer l’envoi d’une délégation du PE dans la région d’El Aâyoune.
En fin de compte, venu pour faire infléchir ou adoucir le vote du PE qui a condamné sans aucune réserve et à une très large majorité, le 25 novembre, la répression du régime marocain à l’encontre des populations sahraouies d’El Aâyoune occupée, le ministre marocain s’est vu confirmer la sentence en «procès d’appel». Seule note floue et peu courageuse, celle de l’Eurodéputée française, Mlle Rachida Dati, membre de la Commission des Affaires étrangères du PE, qui a déclaré «que le vote de la Résolution du PE du 25 novembre a eu lieu sans vrai débat au préalable». Cela veut dire qu’elle n’était pas présente lors des débats en question. Dans tous les cas, une position claire de Melle Dati aurait étonné.
Le Quotidien d’Oran, 4/12/2010 -
Nouvelle et retentissante claque internationale pour le Makhzen
Le trône marocain, déjà paniqué par la résolution adoptée par le Parlement européen sur les incidents sanglants du 8 novembre survenus lors du démantèlement du camp de Gdem Izik, au Sahara Occidental, par ses forces d’occupation, vient à nouveau d’essuyer une claque qui ajoute à son désarroi, sous la forme cette fois d’une motion votée par les députés espagnols sur la même question.Par 375 voix pour et une abstention, les parlementaires espagnols ont en effet voté un texte dans lequel ils demandent à leur gouvernement de «condamner les incidents du 8 novembre et d’exprimer aux autorités marocaines leur préoccupation face aux informations sur des violations des droits de l’homme sur le territoire sahraoui». La motion réclame aussi au souverain marocain qu’il «respecte le libre accès et la circulation de la presse, des observateurs indépendants et des organisations humanitaires sur le territoire sahraoui».
S’il s’était contenté de «regretter la partialité et la précipitation» du contenu de la résolution du Parlement européen et en déclarant que malgré celle-ci, «le Royaume reste attaché à la poursuite de son association privilégiée avec l’Union européenne, le Makhzen a réagi à l’initiative des députés espagnols en proférant la menace. En son nom, le ministre de la Communication, également porte-parole du gouvernement, a en effet déclaré que le moment actuel nécessite une réévaluation globale des relations du Royaume avec l’Espagne».
La nature agressive de la réaction de ce Makhzen à la motion des parlementaires espagnols s’explique par le fait que celle-ci bat en brèche irréversiblement le thème de sa propagande qui donnait à voir l’opinion espagnole acquise à la position du Maroc sur le dossier sahraoui, à la seule exception de sa frange minoritaire représentée par le Parti populaire espagnol (PPE).
Le vote à la quasi-unanimité de cette motion par la représentation parlementaire du peuple espagnol démontre que la réalité est tout autre concernant le point de vue de ce dernier sur la question sahraouie. Ce que les autorités marocaines semblent avoir découvert seulement après l’adoption de la motion. En brandissant la menace de procéder à «la réévaluation» des relations maroco-espagnoles, le Makhzen pense pouvoir désarmer l’opposition qui s’exprime dans la péninsule contre sa politique colonialiste au Sahara Occidental, et ce en laissant sous-entendre que sa poursuite met en cause les intérêts économiques et autres de l’Espagne dans le Royaume, qui vont en pâtir.
La motion des parlementaires espagnols a si ébranlé le Trône et le Makhzen qu’ils ont englobé dans leurs vindictes toutes les forces politiques espagnoles, même celles dont ils se targuaient d’avoir le soutien. En les accusant toutes de «mettre le Maroc au cœur des luttes politiques internes dans un contexte électoral visant à détourner les regards de la crise profonde que connaît l’Espagne».
Il y a de la débandade pathétique dans les réactions marocaines aux condamnations internationales qui accablent le Royaume. Elles ne sont que fuite en avant et refus d’admettre qu’elles s’expriment sur la base de la conviction de ceux qui les prononcent.
Le «show» de la marche populaire organisée la semaine dernière à Casablanca n’aura finalement guère contribué à faire changer la perception négative sur le Royaume qui prédomine sur la scène internationale à cause de la politique sahraouie du Trône et de son Makhzen.
Kharroubi HabibLe Quotidien d’Oran, 4/12/2010 -
Feu vert de Rabat à tous les trafics vers l’Espagne
En réaction à la condamnation de l’assaut de Gdeim Izik par les députés espagnols
Le Maroc a décidé, hier, de sortir l’arme du chantage, comme l’avait promis, la veille, le porte-parole du gouvernement marocain, Khalid Naciri, pour «punir « Espagne à cause de la motion à travers laquelle le congrès des députés avait condamné la brutale prise d’assaut du camp de toile de Gdeim Izik du 8 novembre.Jeudi, M. Naciri avait averti, au cours d’une conférence de presse, que «les circonstances actuelles mettaient le Maroc dans l’obligation de reconsidérer ses relations avec l’Espagne, dans tous les domaines».L’arme du chantage brandie
Une menace à peine voilée dont les députés marocains en ont précisé le contenu, hier, à travers un communiqué au langage direct que publie la MAP : «L’Espagne a tout à perdre sur le terrain de la sécurité, de la stabilité, du terrorisme, de l’immigration clandestine, du crime organisé et du narcotrafic.»Les députés ont exigé, surtout, du gouvernement de Bassa El Fassi, qui n’attendait en fait que le feu vert de tous les partis politiques présentés au Parlement pour remettre, officiellement, sur la table la question des présides de Ceuta et Melilla, «villes occupées» par l’Espagne, malgré l’avis réservé du palais royal.En termes clairs, le Maroc menace de fermer les yeux sur tous les trafics comme il l’a souvent fait en période de crise diplomatique avec son voisin du nord qui constitue la frontière sud de l’espace Schengen. Il vient de le confirmer durant la crise diplomatique de l’été dernier qui avait surgi à la suite des incidents au poste frontalier de Melilla.Timide réaction à Madrid
Le gouvernement socialiste espagnol qui a joué la modération depuis le démantèlement violent du camp d’Al Ayoune continue d’observer une certaine retenue pour ne pas envenimer ses relations privilégiées avec son voisin du sud.Dans son dernier communiqué officiel, le ministère espagnol des Affaires étrangères entend privilégier la «voie du dialogue» et de mettre en avant la «relation stratégique» qui lien les deux pays.Certains milieux diplomatiques veulent croire encore que Rabat fait dans le «bluff» parce qu’il n’a pas les moyens de sa menace.Le 13 novembre doit se tenir la session ordinaire du conseil d’association UE-Maroc. En plus, le moment est mal choisi par Rabat pour entrer en conflit avec l’Espagne, son meilleur avocat pour le renouvellement de l’accord de pêche qui parvient à expiration en mars 2011.Sur la question de Ceuta et Melilla, Madrid, avec le soutien des 27, a déjà fait savoir sous le gouvernement d’Aznar comme celui de Zapatero – et devrait le refaire incessamment – que Ceuta et Melilla ne «sont pas négociables» et sont, de surcroît des «territoires de l’Union européenne». Il sera très difficile dès lors aux autorités marocaines d’espérer, un jour, que cette question soit inscrite dans l’agenda diplomatique des deux pays.Un «bluff» ?
D’autres, au contraire, sont persuadés que Rabat jouera le pourrissement de ses relations avec l’Espagne où le Front Polisario jouit du soutien le plus large. Même le Parti socialiste a choisi de renforcer ses relations avec le Front Polisario comme l’ont exigé les parlementaires, dans les deux chambres, dans leurs dernières motions respectives sur le Sahara occidental.Certes, la secrétaire aux relations internationales du PSOE, Mme Elena Valenciano, pourtant connue pour faire partie du lobby pro-marocain, a proposé, la semaine passée, au représentant sahraoui à Madrid, Bayoune Boucharaya, que les relations entre son parti et le Front Polisario soient élevées au plus haut niveau.C’est vrai aussi que Rabat n’a pas pardonné au gouvernement Zapatero, soumis à toutes les pressions depuis la grève de la faim, en 2009, d’Aminatu Haider, d’avoir pris ses distances vis-à-vis du plan d’autonomie marocain sur le Sahara occidental. Les préoccupations du Maroc sont d’avenir, toutefois.Rabat est conscient, en effet, que les jours du gouvernement socialiste Zapatero, en chute libre dans tous les sondages, sont comptés.Le Parti populaire espagnol est assuré d’arriver au pouvoir, en mars 2012, date à laquelle la droite, en France, devrait quitter l’Elysée et Matignon. Les «amis du roi» de retour dans l’opposition, de fait la diplomatie marocaine perdra les meilleurs alliés de sa thèse sur le Sahara occidental. Aussi, la diplomatie marocaine vit-elle, aujourd’hui, ses pires moments !Par Hamid A.Le Temps d’Algérie, 4/12/2010 -
Bruxelles ne croit pas au bling-bling Rachida Dati plaide, en vain, la cause marocaine
Rachida Dati «bling-bling», mère algérienne, père marocain, figure emblématique de l’intégration bidon à la française, ne sera pas d’une grande utilité pour l’envoyé spécial de Sa Majesté Mohammed VI au Parlement européen. Dati dira des insignifiances puis, froidement, laissera le relex du Maroc seul, isolé, désappointé, sans arguments face à des eurodéputés précis, rigoureux, pas près de se laisser rouler dans la farine. L’effet Dati a fait long feu, ici, à Bruxelles.
Le relex du Maroc était, hier, à Bruxelles. Le moins que l’on puisse écrire est qu’il a raté son examen oral devant la Commission des affaires étrangères du Parlement européen (PE). Rachida Dati, eurodéputée française qui devait assurer une couverture de zone à l’envoyé spécial de Mohammed VI, a raté sa prestation. Lamentablement. A telle enseigne que les présents à la rencontre (eurodéputés et journalistes) sont restés bouche bée. Comment se peut-il qu’un responsable politique de ce standing — Rachida Dati a été, tout de même, ministre de la Justice, garde des Sceaux de la République française, et aujourd’hui euro-parlementaire — puisse déclarer autant d’insignifiances et autant d’approximation en un laps de temps aussi court ? A cette question, peu de réponse.Comment venir en aide au malheureux ministre des Affaires étrangères du Maroc sonné par les interpellations précises des eurodéputés ? Pourquoi refusez-vous la présence d’observateurs à El-Ayoun ? Combien y a-t-il eu de morts ? Laissez les journalistes entrer au Sahara occidental. Que comptez- vous faire après la résolution du Parlement européen, les rapports d’Amnesty et de Human Rights ? etc. Rachida Dati, ministre déchue de la République française, plus en odeur de sainteté dans la Sarkosie, prend la parole. Silence. Les journalistes se tournent vers l’une des figures cultes dans un passé récent du «blingbling », façon droite des Hauts-de-Seine, personnage emblématique de l’intégration bidon, pour l’écouter, boire ses mots, se désaltérer avec ses paroles. Dati fait un bide. Total. Elle commence par conseiller aux représentants de la prestigieuse institution européenne de ne pas trop dénoncer le Maroc, de savoir que la France a été dédouanée de sa démarche par rapport aux Roms (quand ? Par qui ? Comment ?). Et quand bien même.Pour autant, Dati, mère algérienne, père marocain, n’oublie pas d’oublier le Polisario. Sait-on jamais ? Après la disgrâce hexagonale, les cimes royales de Rabat- Salé quand elle parle, vaguement, du Sahara occidental, Dati a la mémoire sélective, l’esprit pas vif. Elle parle d’Algérie et de Maroc quand il s’agit de décoloniser des territoires, le Sahara occidental, dernière colonie africaine recensée par l’ONU. Le relex de Mohammed VI, mis à mal par les questions pointues et sans ménagement des parlementaires de l’UE, renvoie la «balle vers les gradins», «botte en touche», fait le cinéma, esquive, ne répond pas, inverse l’ordre des choses et des convenances. Pas dupes, instruits par un dossier accablant pour le Maroc, les eurodéputés cherchent la faille, tentent d’obtenir l’essentiel. Un engagement ferme du ministre marocain pour permettre aux députés, ONG, journalistes et observateurs de se rendre à El-Ayoun, à Dakhla et dans les territoires occupés. Rien. Le chef de la diplomatie marocaine évite de donner des promesses à ce niveau. Il sait ce que cela en coûte. Accuse l’Algérie, estime que les mots «référendum» et «occupation» doivent être bannis du lexique du Parlement européen. Mme Dati, saisissant que les membres de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen ne sont pas des guignols, ne sera plus d’aucune utilité au ministre marocain des Affaires étrangères. Ce dernier repart de Bruxelles comme il était venu, la bouche pleine et les mains vides.Du siège du Parlement européen à Bruxelles, Aziouz MokhtariLe Soir d’Algérie, 4/12/2010