Mois : décembre 2010

  • Divergences entre Alger, Paris et Rabat : Une réalité détaillée par Wikileaks

    Il y a quelques jours le site américain «Wikileaks» a bouleversé le monde avec des révélations qui seraient obtenues des différentes ambassades américaines. mais est-ce que ces «informations» qui risquent de compliquer les relations internationales sont vraiment porteuses de nouveauté ?

    En réalité, un simple regard sur les relations «diplomatiques» entre les différentes capitales et dirigeants de plusieurs pays cités par ce site, le constat fait par plusieurs politologues est que la nouveauté rapportée par ce site est que ce dernier a donné «des détails sur des réalités déjà connues». C’est le cas des relations entre Alger, Rabat et Paris. En tout cas pour ce triangle, les protocoles de la diplomatie ont toujours été respectés durant les messages de vœux et d’autre part, chacun défendait ses intérêts avec ses moyens. Donc, le désaccord n’a jamais été caché par les trois capitales.

    La réalité de désaccord entre Alger et Rabat

    Ainsi, on se demande qui ne sait pas que Rabat et Alger sont en désaccord depuis de longues années à cause notamment du conflit sahraoui ? Dans ce cadre, le roi du Maroc, Mohamed VI a toujours fustigé l’Algérie dans ses discours qu’il a adressés à son peuple en l’impliquant dans son conflit avec le Polisario. Et de son côté, l’Algérie a toujours défendu sur la scène internationale, le droit du peuple sahraoui à l’indépendance. Un conflit qui bloque le processus de l’Union pour le Maghreb arabe (UMA) qui piétine depuis plus de vingt ans.

    Toutefois, le Maroc veut à tout prix ouvrir les frontières entre les deux pays afin de profiter des données économiques qui sont en sa faveur mais l’Algérie n’a toujours pas répondu «positivement» à cette demande.

    La complexité des relations algéro-françaises

    Pour le cas des relations algéro- françaises, Paris a toujours été plus proche du Maroc depuis l’époque de François Mitterrand et Mohamed V et les dernières agressions contre les réfugiés sahraouis d’Elyoune ont montré la politique extérieure de la France qui soutient le Maroc. Par ailleurs, le désaccord entre Alger et Paris est lié à un lourd héritage de passé colonial, un passé dont rêvent certains dirigeants français qui croient toujours à l’illusion qui dit «Algérie française». Dans ce cadre, l’ex-ministre des affaires étrangères dans le gouvernement français, Bernard Kouchner, a été écarté par Nicolas Sarkozy lors de dernier remaniement ministériel.

    Il a critiqué la génération de la guerre de la libération nationale. Toutefois, l’actuel président français a compris l’importance de préserver les intérêts «économiques» de son pays en Algérie. Et pour ça, il

    n’a pas hésité à nommer l’ex-premier ministre, Jean-Pierre Raffarin pour mener la mission portant «déblocage des relations économiques». Ainsi, Paris qui avait critiqué les mesures économiques prises par le gouvernement algérien dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2009, confirmé dans la loi de finances de 2010, elle a décidé de protéger ses intérêts en Algérie tout en essayant de mener une pression avec d’autres moyens.

    Les documents de Wikileaks

    Cependant, «Wikileaks» vient de rapporter ce qu’aurait dit le président Bouteflika sur cette relation entre l’Algérie, le Maroc et Paris au sujet du conflit sahraoui.

    Dans des documents de Wikileaks, révélés vendredi 3 novembre dans la soirée par les quotidiens El Pais (Espagne) et Le Monde (France), qui sont revenus sur les désaccords entre Alger et Rabat concernant la question du Sahara occidental. A ce propos, il a été rapporté que le président Bouteflika a déclaré en 2007 à Alger à l’assistante du président américain George W.Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend : «Si je pouvais résoudre le problème je le ferais. Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis» ajoutant : «Ce qu’il faut, c’est que le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains».

    En parlant de l’implication des Français dans ce conflit, le président Bouteflika aurait dit lors d’une autre rencontre relatée par des diplomates américains, «du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit».

    Il est rapporté aussi que Bouteflika a dit:

    «la France n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne». Pour lui, elle tente de régler ses comptes avec l’Algérie en appuyant le Maroc. C’est l’explication qui a été donnée pour le soutien affiché par Paris à Rabat concernant la question sahraouie.

    Dans ce cadre, Wikileaks rapporte qu’en février 2008, recevant un diplomate américain, le président algérien dénonce «le plan d’autonomie voulu par Rabat à la place du referendum d’autodétermination au Sahara occidental». Pour lui, «la proposition marocaine n’offre qu’un semblant d’autonomie» ajoutant que «les provinces algériennes ont davantage d’autonomie vis-à-vis d’Alger que ce que propose Rabat pour le Sahara occidental».

    En outre en novembre 2009, devant le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général William Ward, il dira :

    «Vous ne pouvez pas défendre l’application d’un principe pour la Palestine et un autre principe pour le Sahara occidental».

    Le site wikileaks repris vendredi dernier par le quotidien espagnol El Pais, ne s’arrête pas là et rapporte que le président Bouteflika méprise le roi Mohamed VI. C’est ce qu’il a fait savoir aux Américains lors d’entretiens au Palais d’El Mouradia. Ainsi, le Président Bouteflika aurait déclaré en juin 2006 à l’assistante du président américain George W. Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, en visite à Alger : « Je ne serrerai pas la main du roi». En plus de ça, il aurait décrit le roi Mohamed VI comme «pas ouvert» et «sans expérience».

    Il aurait qualifié le défunt Hassan II et Moulay Rachid, frère de l’actuel roi, de plus ouverts. Dans ce cadre, le président Bouteflika parle d’une rencontre avec Moulay Rachid lors d’un match à Séville, en Espagne sur laquelle il dira : «Nous avons bavardé et plaisanté avec bonheur, mais je ne peux pas faire la même chose avec le roi, car nous n’avons pas le même sens de l’humour».

    Dans ce contexte, les document de wikileaks ajoutent que selon un document daté du 1er juillet 2006, en se basant sur l’ambassadeur américain à Alger, le président Bouteflika a indiqué qu’il croyait au dialogue pour résoudre les problèmes avec le Maroc mais il ne croit pas à un dialogue avec le roi Mohamed VI. Toutefois, il aurait assuré que l’Algérie ne fera pas la guerre au Maroc à cause du Sahara occidental et ne permettra pas au Front Polisario de combattre depuis le territoire algérien. Et pour ce qui est des frontières, celles-ci resteront fermées jusqu’à la résolution du conflit au Sahara occidental.

    Pour ce qui est de la position américaine au temps de Bush et celle de la France à l’époque de Jaques Chirac, il est rapporté que ces deux dirigeants ont essayé de rendre le président Bouteflika plus clément à l’égard de l’actuel roi du Maroc. Mais, le président Bouteflika a rappelé que «le roi était encore un enfant quand lui-même était déjà un vétéran de la diplomatie». Avant d’ajouter: «Je ne suis pas Jésus, je ne vais pas tendre l’autre joue».

    En tout cas, la position algérienne est clairement exprimée dans le compte rendu d’une audience (d’une durée de 3 heures 30) accordée en mai 2007 par le président algérien Abdelaziz Bouteflika à Frances Fragos Townsend, la conseillère du président Bush pour les affaires de sécurité.

    Il est à rappeler dans ce cadre que l’Algérie avait essayé de renouer le dialogue avec le Maroc et une visite de Ahmed Ouyahia, à l’époque chef du gouvernement, a été programmé mais Rabat a décidé autrement en annulant cette visite. Donc, Rabat n’a pas laissé une chance au dialogue, une attitude qui n’est pas mature sur le plan des relations diplomatiques comme le veut la tradition. Et en matière des relations diplomatiques, le président Bouteflika a montré une certaine «galanterie» dans les messages de vœux qu’il envoyait à Mohamed VI au point d’affirmer sa disposition à promouvoir les relations algéro-marocaines mais le roi a répondu autrement dans son dernier discours adressé à son peuple.

    Il faut dire que «wikileaks » ne nous apprend rien sur les relations entre Alger, Paris et Rabat mais ça reste des «rapports» qui risquent de compliquer davantage les relations entre les trois capitales.
    Par Nacera Chenafi 

    Les Débats, 8/12/2010
  • Procès des 7 militants sahraouis au Maroc: jugés pour avoir revendiqué les droits du peuple sahraoui

    ROME – Un groupe d’observateurs italiens composé de juristes et de membres d’ONG amies du peuple sahraoui et qui doit se rendre le 17 décembre au Maroc  (qui occupe une grande partie du territoire du Sahara Occidental, ndds) pour assister au procès de sept militants sahraouis des droits de l’homme, considère que ces derniers seront jugés « pour avoir revendiqué le droit du peuple sahraoui » à l’autodétermination. 
    Accusés officiellement d’ »atteinte à la sécurité de l’Etat du Maroc », les sept militants se voient reprocher, en réalité, le fait d’avoir « publiquement revendiqué le droit de leur peuple à décider de son avenir », a indiqué vendredi dans une déclaration, le président de l’ONG Osservatorio Internazionale Onlus, Nicola Quatrano. « Le 17 décembre, ce ne sera donc pas un procès pour juger des actes de violence, mais pour juger les droits, en particulier celui de l’autodétermination des peuples, reconnu au peuple sahraoui dans de nombreuses résolutions des Nations unies », précise-t-il.     
    Algérie Presse, 7/12/2010
  • Dati à la rescousse du roi

    La dernière résolution adoptée par le Parlement européen à l’effet de mettre sur pied une commission  parlementaire aux fins d’enquête sur les événements du camp des réfugiés de Gdeim Izik à El-Ayoun, en date du 08 novembre 2010, n’a pas plu à Mme Rachida Dati qui ne partage pas les avis de ses coparlementaires. Peut-être qu’en étant  à Bruxelles Mme Dati n’a pas pu se rendre compte de la gravité des événements. Ignorerait-elle ce qui s’est réellement passé là bas en cette fatidique journée du 08 novembre ? A Bruxelles n’a -t-on pas parlé de ces événements dans les coulisses ? A moins qu’elle ait fait la sourde oreille, au risque de se faire rappeler à l’ordre par le trône et par ses concitoyens ? 
    Une autre hypothèse serait plausible : peut-être que Mme Dati ne s’intéresse pas aux informations malgré le poste qu’elle occupe au sein du Parlement européen là où l’on ne parle en général que  de questions politiques et d’autres. Concernant le vote, elle affirme : « Je me suis opposée à cette résolution. La délibération ne devait pas avoir lieu ». Cependant, à sa surprise,  elle eut lieu. Ce qui semble bien déplaire à Mme Dati. Même si elle était contre la résolution du Parlement européen ou qu’elle ait été seule à s’opposer au vote, après tout cela ne fait qu’une voix contre. En tant que Française, maire du VII ème arrondissement de Paris, membre de l’UMP, ancien ministre de la justice française et actuellement députée européenne, elle épouse délibérément la politique française quant à la question sahraouie. De par son origine marocaine il est évident qu’elle ne peut se soustraire de la politique de son pays, même si elle ne le montre pas. De ce fait, il ne faut surtout pas s’attendre à ce qu’elle se démarque de la position du gouvernement marocain à l’égard du Sahara occidental. 
    Ainsi, elle rejoint le ministre des Affaires étrangères , M.Tayeb Fassi Fihri, quand il dit : « La résolution du Parlement européen est précipitée et partiale. Précipitée car nous avions convenu avec la conférence des présidents que la résolution allait être adoptée en décembre prochain ». Le trône se sent-il trahi par le Parlement européen au détriment de la ligne diplomatique engagée par Paris vis-à-vis du royaume chérifien ? Ce qui, à priori, semble surprendre la députée européenne. L’on sait par ailleurs que la France avait  auparavant brandi  le droit de véto visant à bloquer le Conseil de sécurité sur la question relative à l’agression sanglante dont ont été victimes les réfugiés du camp de Gdeim Izik. Selon elle, et pour défendre sa position, elle va jusqu’à dire : « Nous n’avions aucun élément d’information sur ce qui s’est passé » Qu’entend-elle par là ? Le Parlement aurait-il siégé alors qu’il manquait d’in formations ? 
    Réflexion, 8/12/2010
  • Editorial de Aïssa Khelladi : Changer la donne

    Wikileaks confirme, sans rien apporter de nouveau, ce que tout le monde pense sur la situation entre l’Algérie et le Maroc. Cette situation arrange, à des degrés divers, les intérêts de la France autant que ceux des Etats-Unis – autrement le drame des Sahraouis n’aurait pu durer tout ce temps. L’Algérie est la première visée, c’est l’évidence. Elle doit le comprendre de manière profonde et permanente, et agir en conséquence. Le Sahara occidental est son talon d’Achille. 
     
    Si la France a pris option, depuis Giscard, pour les Marocains – du moins diplomatiquement – les USA se veulent plus subtils en laissant faire le pourrissement. Pour la première, l’Algérie est stratégique : il s’agit de la contrecarrer en la fixant, jusqu’à épuisement, dans une crise larvée avec son voisin. Pour les Américains, l’Algérie est «importante» mais pas stratégique : d’où leur subtilité. Que fait l’Algérie ? Après Boumediène, prêt à en découdre avec le Maroc, Chadli, qui a tenté d’inverser le rapport de force diplomatique à son profit – en s’alignant sur Mitterrand – et qui le paiera cher, Bouteflika apparaît avec d’autres idées. 
     
    Isoler son adversaire sur un plan géographique par la fermeture des frontières, négocier avec la France la question politique de son soutien à la monarchie par des pressions économiques notamment, voire politiques, enfermer les deux protagonistes sur le Sahara occidental dans un tête-à-tête où l’Algérie n’est pas partie prenante… Cette démarche s’accompagne d’autres actions, surtout de séduction, envers les Américains. Le résultat est là, une France acculée à la défensive sur la question, une Amérique plus timide que jamais, et un Maroc aux abois qui veut faire croire à la guerre. Mais est-ce suffisant ? Jusqu’où l’Algérie peut-elle aller pour résoudre cette crise tout en préservant une certaine indépendance à l’égard de ses «prédateurs» ? 
     
    L’idéal aurait été que les rapports avec le Maroc se normalisent mais l’actuel roi, confronté à son peuple, ne l’entend pas de cette oreille. Poursuivre le bras de fer sans se laisser impressionner par la dramatisation que le Maroc en fait ni se laisser entraîner dans d’autres pièges exige de nos politiques qu’ils aient une vision correcte de l’avenir, sur un plan interne – aux deux pays voisins – et sur un plan plus général, à la fois économique et géopolitique. C’est-à-dire jusqu’où les Français et les Américains peuvent-ils s’accommoder du statu quo actuel ? Les relations internationales sont l’expression de rapports de force. Bouteflika le sait plus que tout autre. «Ce sont les Marocains, a-t-il dit dans une note de wikileaks, qui ont créé ce problème, l’occupation du Sahara par la force, c’est à eux de trouver une solution». Mais c’est à l’Algérie de tout faire, au fond, pour l’y aider, pour qu’il soit dans l’intérêt du Maroc de sortir de son problème. Et pour cela, il n’y a qu’un moyen : changer, autant que faire se peut, la donne. Les intérêts de la France dans la région, aussi bien que de l’Amérique, doivent se retrouver progressivement dans la normalisation et non dans la tension. C’est plus facile à dire, mais il y a déjà un début avec la politique de Bouteflika. Il lui reste simplement de poursuivre ce qu’il fait déjà dans ce sens.
    Par Aïssa Khelladi
    Les Débats, 8/12/2010
  • Wikileaks : Le laxisme malien très mal vu par Alger et Washington

    Les plus hauts responsables militaires algériens se sont plaints ouvertement aux officiels américains du comportement laxiste du régime de Amadou Toumani Touré en matière de lutte contre le terrorisme dans la sous-région du Sahel. Une vision que partage l’administration des Etats-Unis d’Amérique. 

    Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Alger, le 19 octobre 2009. La sous-secrétaire adjointe pour l’Afrique au Bureau du secrétaire de la Défense, l’ambassadeur Huddleston Vicki, consacre la dernière journée de sa visite dans la capitale algérienne pour tenir une réunion avec Abdelmalek Guenaïzia, le ministre délégué à la Défense nationale. Le secrétaire général du ministère, le général major Ahmed Senhadji, ainsi que plusieurs officiers de haut rang assistent à cette réunion, dont l’ordre du jour est consacré à la situation au Sahel. Huddleston Vicki connaît très bien la région puisqu’elle a été ambassadeur des Etats-Unis au Mali. Et c’est précisément de ce pays qu’il sera question lors de cette réunion, indique un câble daté du 25 octobre 2009 et rédigé par David Pearce, l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger. 

    Double langage et gros sous
    Le ministre délégué à la Défense a précisé que le gouvernement d’Amadou Toumani Touré pratique un «double langage » en matière de lutte contre Al-Qaïda Maghreb. «Guenaïzia a déclaré qu’il y un problème de confiance avec le Mali (…) il y avait un « double langage » au Mali, les dirigeants politiques ne partagent pas l’engagement des chefs militaires», note le diplomate américain dans cette correspondance classée secret. Le câble fait également état d’une déclaration d’un officier supérieur algérien présenté comme responsable au sein de la DDSE. Ce dernier révélait l’existence de relation entre des fonctionnaires maliens et les chefs terroristes. «Le général major s’est plaint du fait que des fonctionnaires maliens aient alerté les insurgés que leurs appels téléphoniques cellulaires étaient suivis. Cela a causé une fuite de renseignements sensibles. » 
    Ce même responsable militaire algérien accuse une banque malienne (son nom a été supprimé dans le texte) d’être la «banque du terrorisme » et qu’elle servirait à recevoir les fonds de l’Aqmi, notamment ceux issus du trafic de drogue et les rançons versées pour libérer les otages occidentaux. 
    «Nous devons supprimer cette banque, en soulignant le lien entre le trafic de drogue et de soutien pour le financement du terrorisme et de sa logistique. Il a accusé le Mali de faciliter les paiements de rançon pour les otages. Il a estimé que le Mali offre un environnement commercial favorable pour les terroristes et considère que beaucoup de familles riches et puissantes au Mali ont bénéficié de ces transactions illégales», note Pearce. Ce même officier dénonce la stratégie de Bamako à sévir contre toutes les populations maliennes qui tentent de lutter contre les terroristes. Abordant la question du trafic de stupéfiants, Abdelmalek Guenaïzia a estimé que les tonnes de cannabis en provenance du Maroc servaient à financer les effectifs de l’Aqmi installés au Mali. «Le Maroc est une voie majeure pour la contrebande de cannabis et de haschich. Ce pays ne fait pas assez pour lutter contre ces trafiquants.» 

    Complicités et intervention
    Les réponses de l’ambassadeur Huddleston Vicki tentent à prouver que l’administration américaine partage des points de vue quasi identiques au sujet du laxisme, voire l’implication directe du régime de Amadou Toumani Touré. La sous-secrétaire adjointe pour l’Afrique au Bureau du secrétaire de la Défense n’a pas hésité à parler de «complicité » pour le partage du butin. «Huddleston a convenu que la complicité au Mali sur le désir de partager le butin d’un trafic illégal semble avoir empiré depuis son mandat en tant qu’ambassadeur. Elle a convenu que la coopération du Mali reste essentielle. Mais elle a déclaré que l’engagement du Mali est une tâche pour toute la région, pas seulement pour l’Algérie», écrit David Pearce. 
    De son côté, Guenaïzia a expliqué qu’Alger voyait d’un mauvais œil l’intervention de «certains pays européens» dans la région. «Certains gouvernements européens ont essayé de s’insérer dans la réunion de Tamanrasset.» Il a déclaré sans ambages que «l’Afrique avait déjà connu une période de colonialisme.» 

    Renseignements et embargo
    La question du soutien à l’Algérie a également été évoquée. Les responsables algériens ont plaidé pour le renforcement des échanges de renseignements ainsi que pour la levée de l’embargo sur certains équipements militaires. «Guenaïzia s’est plaint du fait que l’Algérie soit toujours confrontée à un embargo concernant la fourniture d’équipements techniques, y compris les mesures de lutte contre les IED (engins explosifs) ainsi que les équipements de collecte de renseignements. Il a indiqué qu’une délégation de Northrop Grumman était attendue en Algérie pour discuter de l’acquisition d’une plate-forme de type Awacs installée sur une cellule de Boeing 737. L’Algérie a également besoin d’équipements sophistiqués afin de brouiller les moyens de déclenchement des IED. Les insurgés utilisent des téléphones cellulaires pour faire exploser les IED à distance, ce qui entraîne des pertes énormes pour les forces algériennes. Guenaïzia a déploré qu’en dépit de ce besoin essentiel, les partenaires de l’Algérie soient lents à répondre aux demandes en termes d’achat de brouilleurs. Il ne faisait pas référence directement aux mesures américaines en termes d’utilisation finale d’équipements de surveillance. Il a cependant fait part d’une anecdote à propos des difficultés de l’Algérie à acquérir des techniques de brouillage auprès du Portugal. «Une demande, a-t-il dit, qui est restée sans réponse durant plus d’un an». Le câble rédigé par l’ambassadeur Pearce fait également état d’autorisation accordée par le gouvernement algérien à des avions de reconnaissance américains pour le survol du territoire national. Mais ce procédé ne semble pas avoir donné des résultats probants sur le plan opérationnel, fait savoir Guenaïzia à son interlocutrice. Cette dernière met en avant le coût de ce type d’opération (50 000 dollars US) et conseille au ministre délégué à la Défense d’aborder ce dossier avec le général Ward, le commandant en chef de l’Africom lors de sa prochaine visite à Alger. 
    Le soir d’algérie, 8/12/2010
  • Lutte contre le terrorisme en Algérie Africom impressionné

    La coopération militaire et sécuritaire, a été au centre des entretiens qui ont eu lieu, lundi, entre une délégation algérienne composée du conseiller du Président Abdelaziz Bouteflika sur le terrorisme, du commandant des forces terrestres Ahcene Tafer, et du secrétaire général du ministère de la Défense, le général Ahmed Senhadji et une délégation militaire américaine conduite par le général David Hogg, commandant des forces terrestres de l’Africom, commandement des forces américaines en Afrique.

    « La situation au Sahel est une question régionale et l’Algérie joue un rôle leader dans la lutte contre le terrorisme dans cette région », a déclaré le responsable militaire américain lors d’un point de presse animé au siège de l’ambassade des Etats-Unis à Alger, clôturant deux jours de visite en Algérie.

    Saluant le rôle « leader » de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, le premier responsable des forces terrestres de l’Africom souligne que « les progrès qui ont été réalisés sont très impressionnants ». A la question de savoir si les Etats-Unis pourraient intervenir dans la région, le général-major Hogg a affirmé que l’appui de son pays « ne pourra se faire sans une demande émanant des pays de la région », soulignant qu’ « il y a des opérations qui sont menées au Sahel à partir d’une approche régionale de lutte contre le terrorisme, grâce au rôle leader des forces armées algériennes ». 

    Selon lui, il y a d’ « énormes progrès » réalisés en matière de lutte contre ce fléau, même si « du travail reste à faire ». A la tête de l’Africom depuis juin dernier, le général Hogg a insisté sur le fait que le combat antiterroriste dans le Sahel est « une question régionale ». Une approche régionale qui a été adoptée par les pays impliqués, a-t-il noté, en référence aux réunions qui se tiennent à Tamanrasset dans le Sud algérien entre états-majors militaires des pays du Sahel et la décision d’établir à l’automne un centre régional du renseignement à Alger. A la question de savoir si les Etats-Unis pourraient intervenir dans la région, le général-major Hogg a affirmé que l’appui de son pays « ne pourra se faire sans une demande émanant des pays de la région ». Par ailleurs et concernant l’état de la coopération militaire liant l’Algérie aux Etats-Unis d’Amérique, il juge que les deux parties entretiennent une « excellente coopération » dans le domaine, basée essentiellement sur l’échange d’informations et d’expériences, ajoutant que sa visite en Algérie vise à renforcer davantage cette coopération, notamment en matière de formation, ciblant notamment la formation dans le domaine du désamorçage des engins explosifs. 

    Le responsable militaire américain a salué, en outre, la « grande expérience » acquise par l’Algérie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, affirmant que les Etats-Unis « sont intéressés par cette expérience ». Concernant les résultats de sa visite en Algérie, il a indiqué que les deux parties ont exprimé leur souhait d’intensifier leur coopération, à travers, notamment, l’organisation d’exercices en Méditerranée et d’autres de sauvetage en cas de catastrophes naturelles.
    S. B.
    Le Midi Libre, 8/12/2010
  • Fuites de documents secrets d’un site Web : Le nouvel espionnage exposé par WikiLeaks

    Le déballage a jeté l’effroi dans les rangs des Etats, les USA en premier, alors qu’ils se présentent comme les chefs de la démocratie et de la défense des libertés fondamentales.

    Depuis le 28 novembre dernier, de nouvelles révélations sont divulguées par 5 grands titres de la presse internationale, à savoir : The New York Times (USA), Le Monde (France), The Guardian (Grande-Bretagne), El Pais (Espagne) et Der Spiegel (Allemagne). Après la série de documents officiels militaires et du Pentagone sur l’Afghanistan et l’Irak, cette fois les médias ont publié des centaines de milliers (plus de 250 000) de «câbles» diplomatiques américains fournis par le site WikiLeaks, des rapports classés «secrets» et échangés entre le département d’Etat à Washington et ses ambassades, durant la période 2004-2010. Pour le fondateur du site, Julian Assange, la décision de rendre publiques de telles informations vise à montrer la contradiction entre la position officielle américaine et «ce qui se dit derrière les portes closes».

    Les documents, récupérés par WikiLeaks, ont jeté une lumière crue sur les coulisses de la diplomatie américaine. Plusieurs sujets sont traités, principalement ceux relatifs à la diplomatie autour de la menace nucléaire iranienne et les consignes d’espionnage adressées aux diplomates américains, la situation dans le monde arabe, la situation sécuritaire au Sahel et en Afrique du Nord, le terrorisme et la relation groupes terroristes-drogue. Des informations renseignent aussi de l’image que se fait la France de l’Etat «fasciste» de l’Iran, des dirigeants russes qui souffriraient «d’une vision suffisante, à long terme pour leur pays», et enfin du président vénézuélien Hugo Chavez, qualifié de «fou». Comme ils avisent sur la position inchangée du Quai d’Orsay par rapport à la Turquie. D’autres dépêches émanant des diplomates US portent sur l’«Etat mafieux virtuel» de Russie, le projet de vente de navires de guerre Mistral à Moscou, la relation étroite, sinon mutuellement juteuse, entre le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi et le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, ainsi que sur l’implication principale des Saoudiens, dans le financement des groupes terroristes comme Al-Qaïda. On y apprend en outre que Tel-Aviv et Ryad ont mis la pression sur Washington pour plus de fermeté face à l’Iran, que les autorités israéliennes désavouent la politique de Barack Obama en Iran et que le roi Abdallah d’Arabie saoudite est même favorable à une attaque contre Téhéran. Par ailleurs, on y découvre que nos voisins marocains font une véritable fixation sur tout ce qui touche à l’Algérie (notamment à cause du conflit du Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds).

    Plus grave encore, il est demandé au personnel des ambassades américaines de se procurer «toute information biographique ou biométrique – empreintes digitales, photographies faciales, ADN et scanners de l’iris» concernant les divers diplomates et dignitaires étrangers, dirigeants des Nations unies, militants d’ONG et autres. Il est même demandé à l’ambassade des Etats-Unis à l’ONU, à New York, d’espionner au sein de l’Organisation internationale, en fournissant «listes d’emails, mot de passe internet et intranet, numéros de cartes de crédit, numéros de cartes de fidélité de compagnies aériennes, horaires de travail».

    Même l’Algérie n’est pas épargnée…

    Le monde de la diplomatie mondiale apparaît comme un monde sale et pervers. En fait, aucun pays ni dirigeant n’échappe au regard critique des Américains. Les dirigeants africains et arabes sont aussi concernés par ces documents ultra secrets. L’Algérie n’est donc pas épargnée par les révélations rapportées par Wikileaks. A ce sujet, le quotidien El Khabar a rapporté dernièrement la déclaration de Julian Assange, dans laquelle celui-ci affirme que l’Algérie, ainsi que «ses hauts responsables» sont concernés par les câbles diplomatiques, échangés entre le département d’Etat US et ses ambassades, entre 2004 et mars 2010. Le fondateur de WikiLeaks aurait d’ailleurs précisé à notre confrère que dans les «câbles diplomatiques», on retrouve «les noms de hauts responsables américains qui détiennent des actions et des prises de participations dans des investissements US en Algérie».

    Les fuites organisées de WikiLeaks, relayées par les quelques titres de la presse mondiale, ont provoqué la colère de Washington et semé également le trouble dans les chancelleries du monde entier. Sans démentir les informations colportées, la Maison-Blanche a ainsi condamné la publication «irresponsable et dangereuse» de ces documents, affirmant que ces fuites constituent «de graves violations de la loi et une menace grave pour ceux qui mènent et aident notre politique étrangère». Pour la présidence US, WikiLeaks et ceux qui répandent ces informations sont «des criminels». Quant à la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, elle a estimé que la démarche de WikiLeaks est une «attaque contre la communauté internationale». La Maison-Blanche, par la suite, a annoncé avoir ordonné un passage en revue des procédures de sécurité pour empêcher de nouvelles révélations. La justice américaine a été actionnée : elle est chargée de mener une «enquête pénale».

    Sur un autre plan, des dirigeants mis en cause ou outragés, notamment d’Europe, se sont empressés d’assurer que ces révélations, ces «ragots», selon Berlin, ou cette divulgation «délibérée et irresponsable», selon Paris, ne portent pas atteinte à leurs relations avec les USA. D’autres ont jugé que la divulgation des notes diplomatiques américaines est un acte prémédité. C’est le cas, entre autre, de l’Iran qui y voit une manière de nuire ses relations avec les pays arabes. Par ailleurs, des pays se sont inquiétés des conséquences d’une «telle rupture de confidentialité de documents» (France) ou, plus intelligemment, des préjudices des fuites et de leur publication sur «la sécurité nationale des Etats-Unis, du Royaume-Uni et partout ailleurs» (Royaume-Uni). D’après certaines sources, plusieurs pays concernés par ces fuites envisageraient des poursuites judiciaires. En tous cas, il est trop tôt pour évaluer l’impact des révélations de WikiLeaks sur les relations entre les USA et les autres pays.
    Par Z’hor Chérief

    Les Débats, 8/12/2010
  • Abdelaziz interpelle les États membres de l’ONU

    Le président de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), secrétaire général du Front Polisario, a, une fois de plus, interpellé la communauté internationale, notamment, les États membres de l’Organisation des Nations unies, à intervenir d’urgence afin de mettre un terme aux violations des droits de l’Homme, ainsi que la politique de nettoyage ethnique menée par le gouvernement marocain contre les citoyens sahraouis sans défense dans les territoires occupés du Sahara Occidental.
    «Aujourd’hui, la situation à El Ayoun et dans les territoires occupés s’aggrave de plus en plus à cause de la persistance de la politique d’épuration ethnique pratiquée par le gouvernement marocain. Nous vous adressons cette lettre urgente pour vous exprimer notre profonde préoccupation et notre inquiétude à l’égard de ce que le Maroc est en train de commettre au Sahara Occidental, particulièrement à El Ayoun où les graves pratiques coloniales se déclinaient sous forme de politique d’épuration ethnique dirigée contre des citoyens sahraouis sans défense », a écrit le président sahraoui. «Le 8 novembre 2010, plusieurs dizaines de milliers d’exilés sahraouis comprenant femmes, enfants et vieillards ont été sauvagement agressés, pendant qu’ils dormaient, par des milliers de soldats, de gendarmes, de policiers et des éléments des forces auxiliaires. Des dizaines d’engins, des camions, des véhicules, des canons à eau chaude, des balles réelles ont été utilisés durant cette intervention. Des hélicoptères lançaient des bombes lacrymogènes. 
    Après deux heures d’agression, ce camp composé de plus de huit mille tentes, abritant trente mille personnes a été complètement rasé », estime le président sahraoui. Selon cette même lettre dont une copie a été rapportée par l’agence Sahara presse service (Sps), l’ignoble a été atteint avec le nettoyage ethnique préparé et mis en pratique par les autorités d’occupation après qu’elles aient constaté l’importance de la concentration des Sahraouis dans le camp du Gdeim Izik protestant contre la réalité coloniale et ses conséquences, écrit-on encore. Interpellant donc la communauté internationale sur la réalité amère vécue par les populations sahraouies depuis les premières heures de l’invasion marocaine, le SG du Front Polisario a regretté que cette violence et cette sauvagerie aient été commises dans l’obscurité, interdisant ainsi l’accès dans la capitale occupée aux journalistes et observateurs étrangers. 
    Un embargo médiatique qui ne permet pas, selon lui, d’avoir la moindre idée du nombre de disparus, de morts et des d’emprisonnés. Pour preuve, a enchaîné le président sahraoui, le représentant de l’organisation Human Right Watch était l’un des rares étrangers ayant pu accéder au territoire. Son témoignage qu’il qualifie luimême d’incomplet à cause des obstacles dressés devant lui, et à cause de la terreur imposée aux Sahraouis qui ne pouvaient que respirer à peine sans même parler de pouvoir témoigner aux étrangers. Suite à quoi, Mohamed Abdelaziz exhorte la communauté internationale, de même que l’ONU, à agir avec célérité afin de mettre un terme à ces graves atteintes aux droits de l’Homme et à ces pratiques moyenâgeuses dont l’État marocain se rend coupable en ce XXIe siècle contre des civils sans défense. 
    «Nous comptons beaucoup sur votre intervention urgente afin de lever le blocus que l’armée et la police marocaines imposent à la population sahraouie et de mettre un terme à l’état de peur et de terreur qui s’est emparé de la ville ; ce qui permettrait une liberté aux Sahraouis et leur laisserait la possibilité de rechercher et de s’enquérir sur leurs proches disparus et pour pouvoir porter secours aux blessés abandonnés à leur sort», ajoute-on dans la même correspondance.
    Élargir les compétences de la Minurso
    Aux dires du président sahraoui, la communauté internationale ne peut pas continuer d’admettre que le gouvernement marocain puisse continuer à interdire systématiquement à la presse et aux observateurs internationaux l’accès à El Ayoun et aux territoires occupés sans apparaître comme complice de ce grave blocus organisé par les autorités coloniales marocaines ayant pour seul but d’effacer les traces du crime et d’être en mesure de présenter leur propre version, unique et épurée. À propos, il a tenu à préciser que les autorités sahraouies comptent sur l’intervention de l’ONU afin d’envoyer de façon urgente une commission d’enquête internationale pour enquêter sur les crimes déjà commis, élargir les compétences de la Minurso afin qu’elle puisse protéger et sécuriser les Sahraouis vivant dans ce territoire au statut international. Il est, également, question de permettre à cette même mission de protéger les droits de l’Homme et de rapporter sur les violations commises. Rappelons, à ce titre, que le conflit du Sahara Occidental est de nature coloniale et doit trouver sa solution sur la base de la Charte et des résolutions de l’ONU relatives aux questions coloniales. Cela passera nécessairement par l’application du droit à l’autodétermination via un référendum libre, régulier et transparent. «En attendant que l’ONU s’acquitte de cette mission dans les plus brefs délais, elle est appelée, ainsi que la communauté internationale, à intervenir pour faire cesser la politique du nettoyage ethnique contre un peuple sans défense qui n’a commis de crime que celui d’avoir revendiqué un droit qui lui est pourtant reconnu en droit international et d’avoir exprimé pacifiquement et légitimement son rejet de l’occupation illégale de son territoire national», a conclu le président de la RASD.

     Farid Houali 
    Le  Courrier d’Algérie, 8/12/2010

  • Hogg salue le rôle leader de l’Algérie au Sahel

    Répondant peut-être à un appel des pays du Sahel, invitant les Américains à clarifier leur position face à une France qui vient d’intégrer le commandement de l’OTAN et ne cesse de combiner pour l’application du « droit d’ingérence» et l’internationalisation du problème sahélien, le général-major David R. Hogg, en visite en Algérie, vient de porter la voix américaine : pas d’ingérence.
    «Nous sommes ici pour renforcer la coopération militaire qui est excellente avec l’Algérie» , dira-t-il d’emblée face à un panel de journalistes. A ce titre il s’est entretenu durant sa visite à Alger avec M. Kamel Rezzag Bara, le conseiller du président de la République sur le terrorisme, le commandant des forces terrestres Ahcène Tafer et le secrétaire général du ministère de la Défense nationale, le général-major Ahmed Senhadji. 

    Se gardant de tout commentaire à propos des révélations sur l’armée et la diplomatie américaines étalées sur le site de Wikileaks ces dernières semaines, le général-major américain nie toute présence des bases de la CIA sur le territoire national. « Je peux vous dire que nous n’avons pas de base de la CIA en Algérie» , a-t-il affirmé. Selon lui, au Sahel, l’Algérie a joué un rôle de leader et acquis un progrès impressionnant. L’appui américain ne serait que relatif à la demande de l’Algérie autour d’une question qui la concerne Il a laissé entendre qu’un riche programme de coopération est initié entre les deux pays : le renseignement, l’apprentissage du travail dans un environnement géographique hostile… Hogg ne fixe pas non plus un cas extrême où l’intervention militaire américaine serait inévitable, même si une quelconque opération venait à viser des ressortissants américains dans la région. 

    La situation en Côte d’Ivoire est donnée en exemple : dans ce pays précis, l’armée américaine pourrait bien intervenir dans des opérations d’évacuation des civils à condition que la demande émane de l’ambassade américaine en Côte d’Ivoire et soit formulée à travers le département d’Etat américain. Dans un continent, l’Afrique, où il y a énormément de défis à relever, M. Hogg parle de la professionnalisation des armées des pays africains en la nettoyant des groupes étrangers qui y sont intégrés, pour qu’elles ne puissent pas être perçues par le peuple comme un prédateur. La mission américaine est simple : promouvoir la sécurité et la stabilité dans la région et maintenir la paix.

    On aura retenu deux points essentiels de cette visite : les Etats-Unis ont, par la voix du messager militaire de la plus grande armée du monde, mis fin à tout espoir français à l’ingérence étrangère dans la bande sahélienne. 

    Un point qui pourrait réconforter les pays de la région même si ces derniers demeurent « allergiques « au mot Africom.

    On pourrait également, à en croire M. Hogg, avancer que l’intervention militaire américaine ne s’effectuerait que sur la demande des pays demandeurs.
    Samir Méhalla
    Le Jeune Indépendant, 8/12/2010
  • Un «soltani» dans la poche du sultan

    Après Abderrezak Mokri, c’est Aboudjerra Soltani qui se confie à la presse marocaine sur l’affaire du Sahara occidental, pour afficher sa «neutralité positive», comme pourrait dire le makhzen. Donc, Soltani ne pense pas comme la majorité de la RADP ni comme l’alliance présidentielle ni même comme son parti le MSP, alors que tous disent, comme les Nations unies, que le Sahara occidental est une question de décolonisation et qu’il faut, conformément à la légalité internationale, permettre au peuple sahraoui d’exercer à l’instar des autres peuples, dont le notre, son droit à l’autodétermination. 

    S’inspirant probablement de la fraternité mode FM, Soltani affirme qu’il est pour la solution islamique pour régler le conflit opposant les Sahraouis à leur colonisateur (le Maroc, ndds). Et de citer le verset du saint Coran qui dit : «wa ae’tassimou bi habli Allahi jamia’ne wa laâ tafarakou.» Une directive qu’il devrait penser à appliquer à son parti et non pas pour en finir avec une guerre née de l’occupation militaire il y a 35 ans, d’un territoire classé internationalement «non autonome». M. Soltani pousserait-il des youyous si les FAR avançaient dans un raid fraternel jusqu’à Tébessa ? Ou bien imiterait-il les Sahraouis dans leur résistance à l’occupant ? 

    Maintenant, si l’on veut vraiment appliquer la solution islamique, le Coran dit : «wa ine taïfataini min al moueminina iktatalou fa aslihou baynahouma fa in baghat ihdaahouma a’la al-oukhraa fakaatilou allati tabghii hatta tafiiä ilaâ amri Allah.» Un ordre divin clair net et précis, qu’Abdelaziz Bouteflika n’avait d’ailleurs pas manqué de s’y référer en tant que ministre des Affaires étrangères alors que la bataille faisait rage entre les FAR et l’ALPS. 
    Les Algériens sont naturellement unionistes et de fervents partisans du Grand Maghreb puisque tous défilaient dès l’acquisition de leur indépendance avec les trois emblèmes : algériens, marocain et tunisien. Mais lorsqu’on a voulu s’imposer à eux, ils ont fermé leur frontière. On s’unit librement et non pas contraints. Qu’on laisse alors s’exprimer librement les Sahraouis, eux aussi se disent partants pour l’Union. Et ce n’est certainement pas à Soltani de se prononcer à leur place. Il n’est pas plus musulman qu’eux comme ils ne sont pas non plus moins socialistes que d’autres. 
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
    Le Jeune Indépendant, 8/12/2010