Mois : décembre 2010

  • la poutre dans l’œil marocain

    Le souvenir est le seul paradis dont nous ne puissions être expulsés (Jean-Paul Richter )

    Alors que Mohamed VI exige la réouverture des frontières, les terres d’Algériens toujours confisquées au Maroc

    On a souvent réduit le contentieux qui mine les relations entre l’Algérie et le Maroc à la simple question sahraouie.

    Or, face à la campagne de déchaînement de Rabat, qui appelle avec une trop bruyante insistance à la réouverture des frontières, le dossier de l’expropriation des terres des Algériens résidant au Maroc n’a toujours pas été réglé par ce pays. 


    Récemment, le roi Mohammed VI, dans un discours à ses sujets, a encore “exigé” la réouverture des frontières communes. Il a mis en avant la “sincérité” et la “fraternité” qui devraient caractériser les relations bilatérales. Dans les médias marocains, l’hystérie habituelle contre l’Algérie s’enclenche à travers une pression médiatique, diplomatique et associative qui a même poussé certaines associations à déposer une plainte contre le président Bouteflika devant le… TPI.

    Il est question de “la marche noire” des expulsés marocains d’Algérie en 1975, de la récupération de biens ou encore des insultes contre le défunt président Boumediène et son ancien ministre des Affaires étrangères, le même Bouteflika, accusés d’avoir humilié les Marocains. 


    Toutefois, l’argumentaire marocain occulte tout un pan de l’histoire algéro-marocaine. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi les relations entre frères maghrébins sont devenues aussi tendues ? Quel est ce contentieux terrien qui, sans règlement, continuera d’empoisonner le climat maghrébin ?

    Après l’attentat de l’hôtel Hasni, à Marrakech, le Maroc avait décidé, sous l’impulsion de Hassan II, de chasser des milliers d’Algériens. Brimades, passages à tabac, humiliations, expulsions. 


    Les ressortissants algériens ont eu droit à un traitement de choc de la part de voisins qui ne trouvaient rien d’autre à dire que d’accuser les services algériens d’être à l’origine de cet attentat. Affirmation largement démentie par le procès des terroristes marocains, exécutants de cet acte terroriste. D’ailleurs, il serait utile de rappeler qu’Alger attend toujours de Rabat les excuses officielles quant à ces accusations infondées. 

    Or, cette opération de “chasse à l’Algérien” n’était pas la première. Déjà, en 1973, et bien avant que la guerre au Sahara occidental n’éclate, le Maroc avait commis un précédent gravissime occulté par l’histoire officielle comme dicté par le palais royal. L’origine de cette agression a été le dahir (décret) du 2 mars 1973 qui a permis la spoliation de terres de nombreuses et honorables familles algériennes vivant au Maroc qui
    ont vu leurs propriétés agricoles confisquées et versées à une société d’État de gestion de biens agricoles, la Sogeta.
    Selon les chiffres dont nous disposons aujourd’hui, 273 Algériens ont été victimes de la “marocanisation” de leurs terres. Ils possédaient plus de 15 965 hectares en surfaces exploitables et fertiles qui leur ont été carrément pris. Quand on sait que la Sogeta gère actuellement 40 000 hectares sur l’ensemble du Maroc, il s’agit bien de près de 40% du patrimoine foncier agricole public marocain qui a été volé à nos compatriotes.
    Les Marocains mettent en avant des mesures de représailles en accusant l’ex-ministre des Affaires étrangères algérien, Abdelaziz Bouteflika.
    Ce dernier a pourtant été signataire, au nom du gouvernement algérien, de la fameuse convention d’établissement, signée le 15 mars 1969, et du protocole annexe modifiant et complétant les dispositions de ladite convention que Bouteflika signera également à Ifrane le 15 février 1969. Ce jour-là, le Maroc était représenté par Ahmed Laraki.
    Que dit la convention ? D’abord, que les “ressortissants des deux États sont assimilés aux nationaux en ce qui concerne l’exercice des activités professionnelles et salariées (…)”. En un mot, qu’Algériens et Marocains sont égaux sur le plan professionnel. 

    Ensuite, la convention stipule qu’“ils pourront librement accéder à la propriété des biens mobiliers et immobiliers, en jouir et exercer tous les droits de possession de propriété et de disposition dans les mêmes conditions que les nationaux”.
    En bref, les Algériens spoliés de leurs terres se croyaient aussi à l’abri que les Marocains eux-mêmes.
    Enfin, le texte de la convention dans son article 5 précise qu’“ils pourront assurer la gestion sous toutes ses formes, de leurs biens mobiliers et immobiliers, soit directement, soit par mandataire, ainsi qu’exercer toute
    activité industrielle, commerciale ou agricole, le tout au même titre que les nationaux”.
    En conclusion, “les biens des ressortissants de chacun des deux pays situés sur le territoire de l’autre ne pourront faire l’objet d’expropriation (…)”.
    Ces accords entre l’Algérie et le Maroc ont été totalement discrédités par l’attitude marocaine qui a “marocanisé” les terres des Algériens.
    Alors que Rabat met en avant le Sahara occidental comme seule pomme de discorde, l’histoire nous enseigne, dans le cas de cette spoliation, que les Marocains avaient déclenché les hostilités sans en mesurer les conséquences à long terme. 

    Même le fameux décret du président Boumediène, qui ne faisait qu’appliquer la réciprocité face au dahir de 1973, était empreint d’une certaine amertume naïve à l’égard d’un Maroc pourtant belliqueux : “Ce que l’Algérie a entrepris en direction des citoyens du Maghreb arabe est seulement une position de principe pour les traiter comme des étrangers. Ceci ne peut être de leur part qu’un reniement de notre passé commun (…)”, ajoutant que “nous croyons profondément et toujours en l’avenir du Maghreb arabe unifié que nous voulons réaliser pas après pas”. Il faut admettre que cette forme de candeur à l’égard du Maroc allait
    exploser à la face de l’Algérie quand le Maroc a déclenché sa marche verte contre les Sahraouis, en colonisant tout un territoire au sud du Maroc.
    Ce contentieux peut-il être oublié côté algérien ? Certainement pas. Ni par les familles algériennes elles-mêmes dont certaines ont engendré des hauts cadres de l’État et qui avaient vécu, dans leur chair, ce que suppose la “fraternité” marocaine. 

    L’État algérien ne peut également oublier, ni tolérer ces spoliations, surtout que le Maroc avait même indemnisé les colons français et jamais rien proposé aux Algériens spoliés. 

    Récemment, le ministre d’État, ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, originaire de Nedroma et connaissant bien ce dossier du fait que certaines familles spoliées sont issues de cette région frontalière, avait estimé que “la construction du Grand-Maghreb est une nécessité historique qui passe par un discours de vérité”. 

    Cette vérité n’est certainement pas entendue du côté marocain, comme l’explique cet ancien propriétaire terrien au Maroc complètement dépossédé de ses biens et qui occupe un haut poste de responsabilité : “Si le Maroc veut une communauté de destin avec l’Algérie, s’il veut renforcer les liens fraternels, construire un partenariat exemplaire et renforcer nos intérêts communs, avantageux pour les uns et les autres, il doit cesser de pratiquer la mémoire sélective.” 

    Finalement, le discours de Mohammed VI sur les frontières pose la question fondamentale, côté algérien, de savoir si c’est le bon moment de régler ces contentieux. Le souverain marocain en appelle à la fraternité et à la sincérité. Les Algériens, eux, en appellent à la justice et au droit. 

    Si le Maroc franchit ce cap psychologique et rend justice à ces spoliés, ce sera certainement une première fenêtre qui s’ouvrira dans l’espérance du Maghreb. Un acte de justice qui sera beaucoup moins pénalisant que la simple fermeture des frontières.
    Liberté
    08/12/2010
  • Ould Sidi Haiba : Notre diplomatie à l’heure des défis.

    Historiquement sans tradition étatique ni structure institutionnelle propre, la Mauritanie contemporaine doit sa naissance, avant tout, à la qualité de leadership de ses fondateurs. Qualités parmi lesquelles l’habileté diplomatique figurait en premier lieu.

    C’est, en effet, grâce à l’effort de nos élus, à l’assemblée nationale française, que notre projet d’état-nation prit initialement corps ; et ce, avant même le vote de la Loi-cadre devant mener les pays de la sous-région à l’autonomie interne.

    Qualités si bien incarnées par le tempérament et l’esprit de conciliation de notre premier président, Mokhtar Ould Daddah, et la compétence de ses divers collaborateurs.
    contemporaine doit sa naissance, avant tout, à la qualité de leadership de ses fondateurs. Qualités parmi lesquelles l’habileté diplomatique figurait en premier lieu.

    Dans leur combat pour la quête de la souveraineté nationale, les pères de l’indépendance, donc, avaient une seule arme de persuasion à leur disposition : leurs capacités de négociation.

    Pour ce faire, ils mirent à profit leur meilleur atout intellectuel en la matière : l’alliage de la verve bédouine à la sagesse africaine. En effet, l’osmose des valeurs de notre culture nomade avec les vertus de nos traditions africaines sédentaires cimentait notre unité de rang devant nos adversaires et stimulait notre désir de libération et notre pouvoir de conviction.

    La finesse d’hommes comme Ahmed Baba Ould Miske, Abdellahi ould Daddah et Bocar Alpha Ba cristallisaient ces valeurs intrinsèques, indispensables en diplomatie, de notre vaste répertoire culturel : la culture de la patience, la douceur du tempérament, la subtilité du verbe et le sens de l’entregent. La longue parenthèse militaire, l’’interlude Ould Tayaa en particulier, a, hélas, gravement abîmé ce trésor national.

    Trois épisodes de notre histoire récente illustrent ce déficit de bon sens et cette dégradation du niveau de nos diplomates :

    · L’attitude de Monsieur Jebril Ould abdellahi en 1989 au Sénégal.

    · Le comportement, plutôt ingrat, de notre mission diplomatique au Caire lors de la réunion de la ligue arabe consacrée à l’invasion du Kuwait par l’Iraq.

    · La reconnaissance injustifiée de l’état d’Israël par le gouvernement de Maouiya Ould Tayaa.

    Les directives de notre leadership politique à l’époque, aggravées par les turpitudes de ses diplomates, ont sérieusement porté atteinte à l’intérêt national de notre pays en lui causant des torts inutiles. Eussions-nous eu, à l’époque, un ministre des affaires étrangères de l’envergure d’un Hamdi Ould Mouknass que les choses auraient tourné en un sens moins défavorable à notre peuple !

    Si la lutte contre la corruption et le népotisme constitue une nécessité pour la reforme de notre Administration, une élévation du niveau général de notre corps diplomatique s’impose de rigueur.

    En partant de la présomption qu’une reforme des structures de l’état est en cours de réalisation, on peut émettre le vœu de voir incluse, dans cette effort de modernisation institutionnelle, une stratégie de professionnalisation de notre corps diplomatique et sa mise en adéquation par rapport aux exigences de la modernité. Laquelle nécessite, bien sur, au préalable, une amélioration des méthodes de formation disponibles (L’ENA en particulier) et une élévation des critères de sélection de nos représentants à l’extérieur.

    Entretemps, il est nécessaire d’élaborer une nouvelle stratégie pour notre diplomatie pour mieux l’aider à affronter les défis multiples d’aujourd’hui. Pour commencer, en voici une ébauche succincte de plan qui mérite, toutefois, d’être approfondie :
    1. Sécurisation de la carrière d’ambassadeur.

    Un ambassadeur sera d’autant plus productif et enclin à faire son travail s’il sait, d’avance, que sa nomination (ou affectation) n’est pas sujette à un critère d’évaluation subjectif. En d’autres termes, elle ne relève pas du caprice ou de l’humeur erratique d’un supérieur hiérarchique, mais procède plutôt du choix stratégique et raisonné d’un gouvernement qui réfléchit et planifie sur le long terme.

    Accorder aux diplomates une certaine marge de manœuvre dans l’accomplissement de leurs tâches est une mesure à même de leur donner de l’assurance en leur permettant d’agir, en toute confiance, de manière proactive, sans obstacle psychologique. Ils appliqueraient d’autant mieux les prescriptions ou directives de leur tutelle s’ils se sentent libres de prendre de l’initiative sans restriction ni contrainte hiérarchique.

    Motiver les raisons de limogeage et de disgrâce pour permettre aux diplomates de réviser les erreurs et prendre conscience de leurs limites.
    2. Une meilleure coordination entre les ambassades et leur autorité de tutelle. 

    Encourager l’échange et la communication entre les différents cabinets et services concernées sans faire entorse aux règles protocolaires et hiérarchiques car une meilleure coordination entre nos ambassadeurs et leurs autorités de tutelle (Ministère des affaires étrangères etc.), en matière de choix d’affectation ou de nomination des conseillers et autres collaborateurs, est de nature aider à stimuler les capacités de travail de nos chancelleries et en accroitre l’efficacité.
    3. Encourager la formation, valoriser l’apprentissage et l’expérience. 

    Encourager nos hauts diplomates à s’imbiber des cultures locales, à en connaitre les us et coutumes, à en apprendre les langues, les traditions en même temps que les systèmes de production économiques et modes de fonctionnement politiques.

    Mieux, les initier aux méthodes modernes de collecte et de vérification de l’information. Leur faire comprendre que le sésame en matière de renseignement est : la méthode de diversification des contacts. Se fier à une source unique, même bien placée, est souvent un handicap car une information, pour être crédible, a besoin d’être bien filtrée et intelligemment recoupée. D’où l’importance d’un service d’intelligence qualifié.

    Valoriser l’expérience de nos doyens diplomatiques en faisant appel parfois à leurs conseils, en sollicitant, si besoin est, leurs avis sans considération aucune pour leurs allégeances politiques antérieures pourvu que leurs contributions puissent servir l’intérêt du pays.
    4. Adopter une attitude de neutralité dans les conflits régionaux. 

    Il est de notre intérêt suprême d’adopter une position de neutralité dans les conflits sous-régionaux, celui du Sahara occidental en particulier. On doit, en permanence, se rappeler qu’on ne fait pas partie de ce conflit. Une position partisane est, donc, ici, contraire aux intérêts vitaux de notre pays. Comme par le passé, il importe de concevoir nos relations par rapport à cette épineuse question dans une optique d’équilibre équidistant entre les belligérants.

    On doit mettre à profit nos rapports d’affinités culturelles et ethniques avec nos frères Sahraouis et nos bonnes relations avec le Maroc pour servir de courroie de transmission et si, besoin est, d’intermédiaire dans cette dispute fratricide. Le maintien de bons rapports avec nos voisins algériens est une condition sine qua non pour pouvoir jouer ce rôle de liaison.

    Rapprocher les points de vue de nos deux grands voisins sans ouvertement prendre partie pour l’un ou l’autre, telle, me semble, la meilleure stratégie à adopter pour notre pays. Nous n’avons pas les moyens d’agir autrement.
    5. Respecter toujours la souveraineté et l’intégrité territoriale des voisins. 

    Respecter la souveraineté de nos voisins et leur intégrité territoriale en escomptant la réciprocité, c’est là, aussi, une loi cardinale des rapports internationaux entre états qu’il importe de respecter et promouvoir dans notre voisinage immédiat et au-delà.

    Qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme, l’immigration clandestine, la drogue ou la criminalité transfrontalière en général, il convient, absolument, d’opter pour une stratégie de lutte collective. A ce titre, il est nécessaire de gagner la confiance et la solidarité des autorités maliennes pour relever certains des défis auxquels nous faisons face ensemble en ce moment. Entreprendre des expéditions militaires sur leur territoire sans leur aval constitue une maladresse qu’il importe d’éviter dans l’avenir.
    6. Cultiver la coopération Sud-Sud et le principe de subsidiarité arabo-africain. 

    Travailler à consolider la coopération sous-régionale, inter-islamique et interafricaine en promouvant, avec force, le principe de subsidiarité entre le monde arabe et africain dans les instances internationales.

    Sensibiliser nos hauts diplomates sur l’importance de la coopération Sud-sud et son importance pour le développement économique et l’indépendance politique de notre univers arabo-africain ; œuvrer, en particulier, au renforcement de nos liens politiques et économiques avec les nouveaux pôles de développement du Sud : Turquie, Brésil, Malaisie, Afrique du Sud, Iran

    Dans cette logique, il convient de faire sienne la devise extraordinaire du ministre des affaires étrangères de Turquie Ahmet Davutoglu : « zéro problème avec les voisins » ; et de méditer, avec intérêt, la remarquable vision panafricaine de l’ex- président sud-africain Thabo Mbeki.
    7. Mettre nos chancelleries au service de nos concitoyens expatriés. 

    Last but not least : veiller à la sécurité de nos ressortissants et de leurs biens est une priorité à inscrire au chapitre des préoccupations de nos ambassades. Pour ce faire, il convient de maintenir un contact permanent avec les membres de la diaspora, à travers un meilleur usage des moyens de communication modernes, la publication, si possible, de bulletins de liaisons, la créature de sites internet et surtout les tournées de prospection auprès des compatriotes pour s’informer de leurs problèmes, s’enquérir de leurs situations et, le cas échéant, leur offrir l’aide possible.

    Telles sont quelques suggestions, incomplètes, certes, mais importantes pour donner à notre diplomatie les outils nécessaires à même de lui permettre d’accomplir de la meilleure façon la mission qui est la sienne et de nous aider plus efficacement à relever les défis énormes auxquels nous faisons face aujourd’hui.

    Mohamed El Mokhtar Ould Sidi Haiba
    ouldsidihaiba2000@yahoo.fr

    Source : CRIDEM, 8/12/2010
  • WikiLeaks: un télégramme US dénonce la corruption immobilière au Maroc

    Un télégramme émis par le consulat américain de Casablanca dénonce les « pressions » exercées par l’entourage du roi du Maroc pour solliciter des « pots-de-vin » dans le domaine de l’immobilier, selon le journal espagnol El Pais qui publie vendredi des documents de WikiLeaks.
    Ce télégramme émis en décembre 2009, intitulé « les pressions du palais affectent le secteur immobilier » et dont des extraits sont publiés sur le site de El Pais, relate notamment l’aventure d’un homme d’affaires qui voulait investir dans un projet immobilier au Maroc, d’après le journal espagnol.
    Après avoir refusé de s’associer à une société appartenant à la famille royale, son projet a été paralysé, puis débloqué après qu’il a accepté d’organiser une visite dans un pays du Golfe où il disposait de nombreux contacts, « pour essayer d’encourager l’investissement au Maroc« , selon El Pais.
    Le télégramme fait encore état d’une conversation avec « un important entrepreneur » selon qui « les grandes institutions et les procédures de l’Etat marocain sont utilisés par le Palais (royal, ndlr) pour faire pression et solliciter des pots-de-vin dans le secteur immobilier« .
    Selon cet interlocuteur, les « principales décisions en matière d’investissement sont prises en réalité par trois personnes: Fouad Ali Al-Himma, ex-ministre délégué à l’Intérieur et maintenant à la tête du Parti Authenticité et Modernité (PAM), (…) le chef du secrétariat particulier du roi, et le roi lui-même« .
    D’après le télégramme américain, « l’influence et les intérêts commerciaux du roi et de certains de ses conseillers sont pratiquement dans tous les grands projets immobiliers ici« .
    Belga
    RTBF.BE, 3/12/2010
  • Un site libanais publie des documents sur l’affaire Belliraj

    Le site internet du journal libanais Al-Akhbar publie des centaines de documents provenant d’ambassades américaines. L’un de ces documents diplomatiques concerne l’affaire Belliraj, du nom du Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj, condamné à la perpétuité au Maroc pour activités terroristes.
    Parmi les documents confidentiels américains publiés par le journal libanais, un document de l’ambassade US au Maroc évoque le dossier Belliraj et conclut que le procès en première instance ne s’est pas déroulé de manière équitable. Johan Jacobs, premier secrétaire de l’ambassade de Belgique à Rabat, y déclare également qu’il n’est pas possible pour un juge de juger 35 inculpés endéans les douze heures qui ont suivi les dernières plaidoiries.
    Selon Johan Jacobs, de nombreuses pièces à conviction, en français et néerlandais, ont été livrées par la Belgique mais une partie seulement en a été traduite alors que la défense en avait demandé la traduction en arabe.
    La plupart des inculpés, condamnés en première instance, avaient interjeté appel. En juillet dernier, le Belgo-Marocain Belliraj voyait confirmée sa condamnation à perpétuité pour activités terroristes.
    Le SPF Affaires étrangères n’a pas souhaité faire de commentaires lundi.
    Belga
    RTBF.BE, 6/12/2010
  • Sahara Occidental : Ben Ali contre un Etat Sahraoui

    Le président tunisien, Zine El-Abidine Ben Ali, ne croit pas au règlement de la question du Sahara Occidental par le Conseil de sécurité.

    «Les algériens doivent accepter qu’il y’aura pas un Etat indépendant au Sahara Occidental », a-t-il dit au secrétaire d’Etat adjoint, chargé des affaires du proche orient et de l’Afrique du Nord, David Welch, selon un mémo de l’ambassade américain à Tunis.

    Dans ce câble, rendu public par Wikileaks le 05 novembre 2010, Ben Ali a déclaré que «le problème est complexe et prendra des années pour être résolu».

    Mieux, le président tunisien est allé jusqu’à accuser les algériens d’être responsables de l’impasse actuelle que connaît le conflit du Sahara Occidental.

    La Tunisie, a tenu a précisé par ailleurs, a essayé de convoquer une réunion du Maghreb à ce sujet à Tunis. «Alors que le Maroc et la Libye avait accepté de participer, l’Algérie a refusé, disant qu’il n y’avait pas rien à discuter», a-t-il dit.

    Oui, l’Algérie a refusé d’y participer car, la question du Sahara occidental doit être résolu dans le cadre des Nations unies, car c’est un problème de décolonisation.

    Le président tunisien ignore-t-il peut être que la question sahraouie est inscrite dans la 4e commission de l’Assemblée générale des Nations unies en tant que question de décolonisation (déclaration 1514 du 15 décembre 1960) ?.

    Par ces révélations, sommes toutes, fracassantes, n’est ce pas Ben Ali se démarque de la légalité internationale et des principes des Nations unies en matière de la décolonisation et fait fi du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Il s écarte le Plan de règlement agrée depuis près de 20 ans, des Accords d’Houston et des plans Baker (I et II).

    M. Ben Ali ignore aussi les efforts des Nations Unies réalisés depuis 1991 pour le Sahara occidental.

    Il occulte le droit inaliénable de l’autodétermination du peuple sahraoui conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Le président tunisien, M.Ben Ali, au lieu d’accuser l’Algérie du blocage du conflit sahraoui, doit savoir que si la question sahraouie s’est embourbée actuellement dans une impasse, c’est du fait de l’intransigeance du Maroc qui veut coûte que coûte imposer son plan d’autonomie, rejeté d’ailleurs par la communauté internationale.
    Rabah Beldjenna

    El Watan, 8/12/2010
  • la poutre dans l’œil marocain

    Le souvenir est le seul paradis dont nous ne puissions être expulsés (Jean-Paul Richter )

    Alors que Mohamed VI exige la réouverture des frontières, les terres d’Algériens toujours confisquées au Maroc

    On a souvent réduit le contentieux qui mine les relations entre l’Algérie et le Maroc à la simple question sahraouie.

    Or, face à la campagne de déchaînement de Rabat, qui appelle avec une trop bruyante insistance à la réouverture des frontières, le dossier de l’expropriation des terres des Algériens résidant au Maroc n’a toujours pas été réglé par ce pays. 


    Récemment, le roi Mohammed VI, dans un discours à ses sujets, a encore “exigé” la réouverture des frontières communes. Il a mis en avant la “sincérité” et la “fraternité” qui devraient caractériser les relations bilatérales. Dans les médias marocains, l’hystérie habituelle contre l’Algérie s’enclenche à travers une pression médiatique, diplomatique et associative qui a même poussé certaines associations à déposer une plainte contre le président Bouteflika devant le… TPI.

    Il est question de “la marche noire” des expulsés marocains d’Algérie en 1975, de la récupération de biens ou encore des insultes contre le défunt président Boumediène et son ancien ministre des Affaires étrangères, le même Bouteflika, accusés d’avoir humilié les Marocains. 


    Toutefois, l’argumentaire marocain occulte tout un pan de l’histoire algéro-marocaine. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi les relations entre frères maghrébins sont devenues aussi tendues ? Quel est ce contentieux terrien qui, sans règlement, continuera d’empoisonner le climat maghrébin ?

    Après l’attentat de l’hôtel Hasni, à Marrakech, le Maroc avait décidé, sous l’impulsion de Hassan II, de chasser des milliers d’Algériens. Brimades, passages à tabac, humiliations, expulsions. 


    Les ressortissants algériens ont eu droit à un traitement de choc de la part de voisins qui ne trouvaient rien d’autre à dire que d’accuser les services algériens d’être à l’origine de cet attentat. Affirmation largement démentie par le procès des terroristes marocains, exécutants de cet acte terroriste. D’ailleurs, il serait utile de rappeler qu’Alger attend toujours de Rabat les excuses officielles quant à ces accusations infondées. 

    Or, cette opération de “chasse à l’Algérien” n’était pas la première. Déjà, en 1973, et bien avant que la guerre au Sahara occidental n’éclate, le Maroc avait commis un précédent gravissime occulté par l’histoire officielle comme dicté par le palais royal. L’origine de cette agression a été le dahir (décret) du 2 mars 1973 qui a permis la spoliation de terres de nombreuses et honorables familles algériennes vivant au Maroc qui
    ont vu leurs propriétés agricoles confisquées et versées à une société d’État de gestion de biens agricoles, la Sogeta.
    Selon les chiffres dont nous disposons aujourd’hui, 273 Algériens ont été victimes de la “marocanisation” de leurs terres. Ils possédaient plus de 15 965 hectares en surfaces exploitables et fertiles qui leur ont été carrément pris. Quand on sait que la Sogeta gère actuellement 40 000 hectares sur l’ensemble du Maroc, il s’agit bien de près de 40% du patrimoine foncier agricole public marocain qui a été volé à nos compatriotes.
    Les Marocains mettent en avant des mesures de représailles en accusant l’ex-ministre des Affaires étrangères algérien, Abdelaziz Bouteflika.
    Ce dernier a pourtant été signataire, au nom du gouvernement algérien, de la fameuse convention d’établissement, signée le 15 mars 1969, et du protocole annexe modifiant et complétant les dispositions de ladite convention que Bouteflika signera également à Ifrane le 15 février 1969. Ce jour-là, le Maroc était représenté par Ahmed Laraki.
    Que dit la convention ? D’abord, que les “ressortissants des deux États sont assimilés aux nationaux en ce qui concerne l’exercice des activités professionnelles et salariées (…)”. En un mot, qu’Algériens et Marocains sont égaux sur le plan professionnel. 

    Ensuite, la convention stipule qu’“ils pourront librement accéder à la propriété des biens mobiliers et immobiliers, en jouir et exercer tous les droits de possession de propriété et de disposition dans les mêmes conditions que les nationaux”.
    En bref, les Algériens spoliés de leurs terres se croyaient aussi à l’abri que les Marocains eux-mêmes.
    Enfin, le texte de la convention dans son article 5 précise qu’“ils pourront assurer la gestion sous toutes ses formes, de leurs biens mobiliers et immobiliers, soit directement, soit par mandataire, ainsi qu’exercer toute
    activité industrielle, commerciale ou agricole, le tout au même titre que les nationaux”.
    En conclusion, “les biens des ressortissants de chacun des deux pays situés sur le territoire de l’autre ne pourront faire l’objet d’expropriation (…)”.
    Ces accords entre l’Algérie et le Maroc ont été totalement discrédités par l’attitude marocaine qui a “marocanisé” les terres des Algériens.
    Alors que Rabat met en avant le Sahara occidental comme seule pomme de discorde, l’histoire nous enseigne, dans le cas de cette spoliation, que les Marocains avaient déclenché les hostilités sans en mesurer les conséquences à long terme. 

    Même le fameux décret du président Boumediène, qui ne faisait qu’appliquer la réciprocité face au dahir de 1973, était empreint d’une certaine amertume naïve à l’égard d’un Maroc pourtant belliqueux : “Ce que l’Algérie a entrepris en direction des citoyens du Maghreb arabe est seulement une position de principe pour les traiter comme des étrangers. Ceci ne peut être de leur part qu’un reniement de notre passé commun (…)”, ajoutant que “nous croyons profondément et toujours en l’avenir du Maghreb arabe unifié que nous voulons réaliser pas après pas”. Il faut admettre que cette forme de candeur à l’égard du Maroc allait
    exploser à la face de l’Algérie quand le Maroc a déclenché sa marche verte contre les Sahraouis, en colonisant tout un territoire au sud du Maroc.
    Ce contentieux peut-il être oublié côté algérien ? Certainement pas. Ni par les familles algériennes elles-mêmes dont certaines ont engendré des hauts cadres de l’État et qui avaient vécu, dans leur chair, ce que suppose la “fraternité” marocaine. 

    L’État algérien ne peut également oublier, ni tolérer ces spoliations, surtout que le Maroc avait même indemnisé les colons français et jamais rien proposé aux Algériens spoliés. 

    Récemment, le ministre d’État, ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, originaire de Nedroma et connaissant bien ce dossier du fait que certaines familles spoliées sont issues de cette région frontalière, avait estimé que “la construction du Grand-Maghreb est une nécessité historique qui passe par un discours de vérité”. 

    Cette vérité n’est certainement pas entendue du côté marocain, comme l’explique cet ancien propriétaire terrien au Maroc complètement dépossédé de ses biens et qui occupe un haut poste de responsabilité : “Si le Maroc veut une communauté de destin avec l’Algérie, s’il veut renforcer les liens fraternels, construire un partenariat exemplaire et renforcer nos intérêts communs, avantageux pour les uns et les autres, il doit cesser de pratiquer la mémoire sélective.” 

    Finalement, le discours de Mohammed VI sur les frontières pose la question fondamentale, côté algérien, de savoir si c’est le bon moment de régler ces contentieux. Le souverain marocain en appelle à la fraternité et à la sincérité. Les Algériens, eux, en appellent à la justice et au droit. 

    Si le Maroc franchit ce cap psychologique et rend justice à ces spoliés, ce sera certainement une première fenêtre qui s’ouvrira dans l’espérance du Maghreb. Un acte de justice qui sera beaucoup moins pénalisant que la simple fermeture des frontières.
    Liberté
    08/12/2010
  • Alger et Berlin misent sur Desertec pour renforcer la coopération économique

    BERLIN – Le président algérien Abdelaziz Bouteflika et la chancelière allemande Angela Merkel ont décidé mercredi la mise en place d’une commission économique mixte, notamment pour développer le projet d’installations éoliennes et solaires Desertec.
    M. Bouteflika, en visite officielle en Allemagne, a insisté sur les besoins technologiques de son pays pour qu’il dépende moins à l’avenir des hydrocarbures, lors d’une conférence de presse conjointe avec Mme Merkel.
    Lundi à Alger le ministre de l’Energie Youcef Yousfi a annoncé le lancement d’un programme de développement des énergies renouvelables sur 20 ans visant à augmenter la production d’électricité à partir de sources alternatives comme le soleil ou le vent.
    Concernant la coopération avec l’Allemagne, le président algérien a insisté sur l’importance du projet Desertec, piloté par des entreprises allemandes, qui vise à créer d’ici 40 ans un vaste réseau d’installations éoliennes et solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, censé fournir à terme jusqu’à 15% de la consommation d’électricité de l’Europe.
    « Nous travaillerons dans les énergies nouvelles à travers un projet colossal (…) que nous allons approfondir d’un commun accord », a déclaré M. Bouteflika.
    Mme Merkel et M. Bouteflika devaient évoquer plus à fond ce dossier lors d’un déjeuner de travail à la chancellerie en compagnie de représentants des compagnies participant au projet.
    Mme Merkel, pour sa part, a également évoqué un projet allemand visant à aider l’Algérie à renforcer la sécurité à ses frontières.
    « Nous souhaitons coopérer avec l’Algérie et avec des entreprises allemandes qui en ont la technologie à un projet de protection des frontières », a affirmé la chancelière dans donner plus de détails.
    Interrogée sur les risques posées par l’immigration clandestine depuis l’Afrique du Nord, Mme Merkel a estimé que « ces projets de protection des frontières permettraient aussi d’endiguer les flux migratoires ».
    Par ailleurs, la chancelière et le président ont évoqué la situation au Sahara occidental, et au Soudan où les Sud-Soudanais doivent choisir le 9 janvier par référendum entre l’indépendance et le maintien de l’unité avec le reste du pays.
    Mme Merkel a estimé que l’Union européenne et l’Organisation de l’Unité Africaine devaient veiller au lendemain du référendum à ce « qu’il n’y ait pas éclatement des deux parties du pays ».
    Enfin M. Bouteflika a réaffirmé le soutien de son pays à l’octroi au Conseil de Sécurité des Nations Unies d’un siège permanent à l’Allemagne.
    AFP,  08 décembre 2010
    Source : Romandie News
  • Ould Sidi Haiba : Notre diplomatie à l’heure des défis.

    Historiquement sans tradition étatique ni structure institutionnelle propre, la Mauritanie contemporaine doit sa naissance, avant tout, à la qualité de leadership de ses fondateurs. Qualités parmi lesquelles l’habileté diplomatique figurait en premier lieu.

    C’est, en effet, grâce à l’effort de nos élus, à l’assemblée nationale française, que notre projet d’état-nation prit initialement corps ; et ce, avant même le vote de la Loi-cadre devant mener les pays de la sous-région à l’autonomie interne.

    Qualités si bien incarnées par le tempérament et l’esprit de conciliation de notre premier président, Mokhtar Ould Daddah, et la compétence de ses divers collaborateurs.
    contemporaine doit sa naissance, avant tout, à la qualité de leadership de ses fondateurs. Qualités parmi lesquelles l’habileté diplomatique figurait en premier lieu.

    Dans leur combat pour la quête de la souveraineté nationale, les pères de l’indépendance, donc, avaient une seule arme de persuasion à leur disposition : leurs capacités de négociation.

    Pour ce faire, ils mirent à profit leur meilleur atout intellectuel en la matière : l’alliage de la verve bédouine à la sagesse africaine. En effet, l’osmose des valeurs de notre culture nomade avec les vertus de nos traditions africaines sédentaires cimentait notre unité de rang devant nos adversaires et stimulait notre désir de libération et notre pouvoir de conviction.

    La finesse d’hommes comme Ahmed Baba Ould Miske, Abdellahi ould Daddah et Bocar Alpha Ba cristallisaient ces valeurs intrinsèques, indispensables en diplomatie, de notre vaste répertoire culturel : la culture de la patience, la douceur du tempérament, la subtilité du verbe et le sens de l’entregent. La longue parenthèse militaire, l’’interlude Ould Tayaa en particulier, a, hélas, gravement abîmé ce trésor national.

    Trois épisodes de notre histoire récente illustrent ce déficit de bon sens et cette dégradation du niveau de nos diplomates :

    · L’attitude de Monsieur Jebril Ould abdellahi en 1989 au Sénégal.

    · Le comportement, plutôt ingrat, de notre mission diplomatique au Caire lors de la réunion de la ligue arabe consacrée à l’invasion du Kuwait par l’Iraq.

    · La reconnaissance injustifiée de l’état d’Israël par le gouvernement de Maouiya Ould Tayaa.

    Les directives de notre leadership politique à l’époque, aggravées par les turpitudes de ses diplomates, ont sérieusement porté atteinte à l’intérêt national de notre pays en lui causant des torts inutiles. Eussions-nous eu, à l’époque, un ministre des affaires étrangères de l’envergure d’un Hamdi Ould Mouknass que les choses auraient tourné en un sens moins défavorable à notre peuple !

    Si la lutte contre la corruption et le népotisme constitue une nécessité pour la reforme de notre Administration, une élévation du niveau général de notre corps diplomatique s’impose de rigueur.

    En partant de la présomption qu’une reforme des structures de l’état est en cours de réalisation, on peut émettre le vœu de voir incluse, dans cette effort de modernisation institutionnelle, une stratégie de professionnalisation de notre corps diplomatique et sa mise en adéquation par rapport aux exigences de la modernité. Laquelle nécessite, bien sur, au préalable, une amélioration des méthodes de formation disponibles (L’ENA en particulier) et une élévation des critères de sélection de nos représentants à l’extérieur.

    Entretemps, il est nécessaire d’élaborer une nouvelle stratégie pour notre diplomatie pour mieux l’aider à affronter les défis multiples d’aujourd’hui. Pour commencer, en voici une ébauche succincte de plan qui mérite, toutefois, d’être approfondie :
    1. Sécurisation de la carrière d’ambassadeur.

    Un ambassadeur sera d’autant plus productif et enclin à faire son travail s’il sait, d’avance, que sa nomination (ou affectation) n’est pas sujette à un critère d’évaluation subjectif. En d’autres termes, elle ne relève pas du caprice ou de l’humeur erratique d’un supérieur hiérarchique, mais procède plutôt du choix stratégique et raisonné d’un gouvernement qui réfléchit et planifie sur le long terme.

    Accorder aux diplomates une certaine marge de manœuvre dans l’accomplissement de leurs tâches est une mesure à même de leur donner de l’assurance en leur permettant d’agir, en toute confiance, de manière proactive, sans obstacle psychologique. Ils appliqueraient d’autant mieux les prescriptions ou directives de leur tutelle s’ils se sentent libres de prendre de l’initiative sans restriction ni contrainte hiérarchique.

    Motiver les raisons de limogeage et de disgrâce pour permettre aux diplomates de réviser les erreurs et prendre conscience de leurs limites.
    2. Une meilleure coordination entre les ambassades et leur autorité de tutelle. 

    Encourager l’échange et la communication entre les différents cabinets et services concernées sans faire entorse aux règles protocolaires et hiérarchiques car une meilleure coordination entre nos ambassadeurs et leurs autorités de tutelle (Ministère des affaires étrangères etc.), en matière de choix d’affectation ou de nomination des conseillers et autres collaborateurs, est de nature aider à stimuler les capacités de travail de nos chancelleries et en accroitre l’efficacité.
    3. Encourager la formation, valoriser l’apprentissage et l’expérience. 

    Encourager nos hauts diplomates à s’imbiber des cultures locales, à en connaitre les us et coutumes, à en apprendre les langues, les traditions en même temps que les systèmes de production économiques et modes de fonctionnement politiques.

    Mieux, les initier aux méthodes modernes de collecte et de vérification de l’information. Leur faire comprendre que le sésame en matière de renseignement est : la méthode de diversification des contacts. Se fier à une source unique, même bien placée, est souvent un handicap car une information, pour être crédible, a besoin d’être bien filtrée et intelligemment recoupée. D’où l’importance d’un service d’intelligence qualifié.

    Valoriser l’expérience de nos doyens diplomatiques en faisant appel parfois à leurs conseils, en sollicitant, si besoin est, leurs avis sans considération aucune pour leurs allégeances politiques antérieures pourvu que leurs contributions puissent servir l’intérêt du pays.
    4. Adopter une attitude de neutralité dans les conflits régionaux. 

    Il est de notre intérêt suprême d’adopter une position de neutralité dans les conflits sous-régionaux, celui du Sahara occidental en particulier. On doit, en permanence, se rappeler qu’on ne fait pas partie de ce conflit. Une position partisane est, donc, ici, contraire aux intérêts vitaux de notre pays. Comme par le passé, il importe de concevoir nos relations par rapport à cette épineuse question dans une optique d’équilibre équidistant entre les belligérants.

    On doit mettre à profit nos rapports d’affinités culturelles et ethniques avec nos frères Sahraouis et nos bonnes relations avec le Maroc pour servir de courroie de transmission et si, besoin est, d’intermédiaire dans cette dispute fratricide. Le maintien de bons rapports avec nos voisins algériens est une condition sine qua non pour pouvoir jouer ce rôle de liaison.

    Rapprocher les points de vue de nos deux grands voisins sans ouvertement prendre partie pour l’un ou l’autre, telle, me semble, la meilleure stratégie à adopter pour notre pays. Nous n’avons pas les moyens d’agir autrement.
    5. Respecter toujours la souveraineté et l’intégrité territoriale des voisins. 

    Respecter la souveraineté de nos voisins et leur intégrité territoriale en escomptant la réciprocité, c’est là, aussi, une loi cardinale des rapports internationaux entre états qu’il importe de respecter et promouvoir dans notre voisinage immédiat et au-delà.

    Qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme, l’immigration clandestine, la drogue ou la criminalité transfrontalière en général, il convient, absolument, d’opter pour une stratégie de lutte collective. A ce titre, il est nécessaire de gagner la confiance et la solidarité des autorités maliennes pour relever certains des défis auxquels nous faisons face ensemble en ce moment. Entreprendre des expéditions militaires sur leur territoire sans leur aval constitue une maladresse qu’il importe d’éviter dans l’avenir.
    6. Cultiver la coopération Sud-Sud et le principe de subsidiarité arabo-africain. 

    Travailler à consolider la coopération sous-régionale, inter-islamique et interafricaine en promouvant, avec force, le principe de subsidiarité entre le monde arabe et africain dans les instances internationales.

    Sensibiliser nos hauts diplomates sur l’importance de la coopération Sud-sud et son importance pour le développement économique et l’indépendance politique de notre univers arabo-africain ; œuvrer, en particulier, au renforcement de nos liens politiques et économiques avec les nouveaux pôles de développement du Sud : Turquie, Brésil, Malaisie, Afrique du Sud, Iran

    Dans cette logique, il convient de faire sienne la devise extraordinaire du ministre des affaires étrangères de Turquie Ahmet Davutoglu : « zéro problème avec les voisins » ; et de méditer, avec intérêt, la remarquable vision panafricaine de l’ex- président sud-africain Thabo Mbeki.
    7. Mettre nos chancelleries au service de nos concitoyens expatriés. 

    Last but not least : veiller à la sécurité de nos ressortissants et de leurs biens est une priorité à inscrire au chapitre des préoccupations de nos ambassades. Pour ce faire, il convient de maintenir un contact permanent avec les membres de la diaspora, à travers un meilleur usage des moyens de communication modernes, la publication, si possible, de bulletins de liaisons, la créature de sites internet et surtout les tournées de prospection auprès des compatriotes pour s’informer de leurs problèmes, s’enquérir de leurs situations et, le cas échéant, leur offrir l’aide possible.

    Telles sont quelques suggestions, incomplètes, certes, mais importantes pour donner à notre diplomatie les outils nécessaires à même de lui permettre d’accomplir de la meilleure façon la mission qui est la sienne et de nous aider plus efficacement à relever les défis énormes auxquels nous faisons face aujourd’hui.

    Mohamed El Mokhtar Ould Sidi Haiba
    ouldsidihaiba2000@yahoo.fr

    Source : CRIDEM, 8/12/2010
  • WikiLeaks: un télégramme US dénonce la corruption immobilière au Maroc

    Un télégramme émis par le consulat américain de Casablanca dénonce les « pressions » exercées par l’entourage du roi du Maroc pour solliciter des « pots-de-vin » dans le domaine de l’immobilier, selon le journal espagnol El Pais qui publie vendredi des documents de WikiLeaks.
    Ce télégramme émis en décembre 2009, intitulé « les pressions du palais affectent le secteur immobilier » et dont des extraits sont publiés sur le site de El Pais, relate notamment l’aventure d’un homme d’affaires qui voulait investir dans un projet immobilier au Maroc, d’après le journal espagnol.
    Après avoir refusé de s’associer à une société appartenant à la famille royale, son projet a été paralysé, puis débloqué après qu’il a accepté d’organiser une visite dans un pays du Golfe où il disposait de nombreux contacts, « pour essayer d’encourager l’investissement au Maroc« , selon El Pais.
    Le télégramme fait encore état d’une conversation avec « un important entrepreneur » selon qui « les grandes institutions et les procédures de l’Etat marocain sont utilisés par le Palais (royal, ndlr) pour faire pression et solliciter des pots-de-vin dans le secteur immobilier« .
    Selon cet interlocuteur, les « principales décisions en matière d’investissement sont prises en réalité par trois personnes: Fouad Ali Al-Himma, ex-ministre délégué à l’Intérieur et maintenant à la tête du Parti Authenticité et Modernité (PAM), (…) le chef du secrétariat particulier du roi, et le roi lui-même« .
    D’après le télégramme américain, « l’influence et les intérêts commerciaux du roi et de certains de ses conseillers sont pratiquement dans tous les grands projets immobiliers ici« .
    Belga
    RTBF.BE, 3/12/2010
  • Un site libanais publie des documents sur l’affaire Belliraj

    Le site internet du journal libanais Al-Akhbar publie des centaines de documents provenant d’ambassades américaines. L’un de ces documents diplomatiques concerne l’affaire Belliraj, du nom du Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj, condamné à la perpétuité au Maroc pour activités terroristes.
    Parmi les documents confidentiels américains publiés par le journal libanais, un document de l’ambassade US au Maroc évoque le dossier Belliraj et conclut que le procès en première instance ne s’est pas déroulé de manière équitable. Johan Jacobs, premier secrétaire de l’ambassade de Belgique à Rabat, y déclare également qu’il n’est pas possible pour un juge de juger 35 inculpés endéans les douze heures qui ont suivi les dernières plaidoiries.
    Selon Johan Jacobs, de nombreuses pièces à conviction, en français et néerlandais, ont été livrées par la Belgique mais une partie seulement en a été traduite alors que la défense en avait demandé la traduction en arabe.
    La plupart des inculpés, condamnés en première instance, avaient interjeté appel. En juillet dernier, le Belgo-Marocain Belliraj voyait confirmée sa condamnation à perpétuité pour activités terroristes.
    Le SPF Affaires étrangères n’a pas souhaité faire de commentaires lundi.
    Belga
    RTBF.BE, 6/12/2010