Mois : décembre 2010

  • L’Allemagne partage la conviction de l’Algérie, souligne Mme Merkel

    L’Allemagne partage la conviction de l’Algérie sur la question du Sahara occidental, a affirmé hier à Berlin la chancelière allemande, Mme Angela Merkel.

    « L’Allemagne partage la conviction de l’Algérie », sur la question du Sahara occidental (envahi par le Maroc en 1975, ndds), a-t-elle dit lors d’une conférence de presse animée conjointement avec le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, en visite officielle en Allemagne. 

    Pour la chancelière allemande, il incombe aux Nations unies de trouver une solution au problème du Sahara occidental. 


    Elle a estimé que l’Allemagne, qui est candidate pour un siège permanent au Conseil de sécurité, lui donnerait l’occasion de « contribuer à renforcer la position des Nations unies et peser de son poids pour régler cette question ». 


    Mme Merkel a remercié, à cette occasion, l’Algérie pour son soutien à la candidature de l’Allemagne pour un siège permanent au sein du Conseil de sécurité. Au sujet de l’entretien avec le Président Bouteflika, qu’elle a qualifié de « très intensif », elle a déclaré qu’elle venait d’avoir l’occasion de poursuivre les conversations entamées depuis sa visite en Algérie en 2008. 


    Elle a souligné avoir eu avec le Président Bouteflika un échange « très dense » sur les relations politiques entre l’Allemagne et l’Algérie, sur les relations économiques et sur la situation dans la région et dans le continent africain. « Nous entretenons des relations d’amitié. Nous avons une coopération étroite et nous partageons les mêmes points de vue sur des dossiers internationaux », a-t-elle expliqué. 


    Elle a rappelé que les deux parties ont convenu de la création d’une commission économique qui était à l’étude depuis « un certain moment », estimant qu’il était temps de conclure ce projet ainsi que d’autres dossiers de coopération. 


    Il s’agit, pour l’Allemagne, « d’aider l’économie algérienne d’aller plus loin que l’exploitation des matières premières et de créer des entreprises industrielles ». Elle a affirmé, dans ce contexte, que son pays est « prêt » à aider l’Algérie dans le domaine des infrastructures et dans la sécurité des frontières qui reste, a-t-elle relevé, d’une « importance capitale » dans cette région. 


    Abordant la coopération dans le domaine de l’énergie, Mme Merkel a expliqué que son pays « a intérêt de participer dans le projet du gaz et du pétrole, mais également de mieux coopérer, avec l’Algérie, en matière des énergies renouvelables et solaires ». « Avec le Président algérien, nous avons évoqué le projet “ Desertec”, a-t-elle dit, ajoutant que « ce projet, qui est aujourd’hui une vision, pourrait devenir un trait d’union entre le continent africain et européen, et l’Algérie y joue un rôle central ». Au sujet des conflits régionaux, la chancelière allemande a souligné avoir abordé avec le Chef de l’Etat, la situation au Soudan et la nécessité pour l’Union africaine et l’Union européenne d’assumer leurs responsabilités, notamment après le référendum, afin d’éviter l’éclatement du pays ». 


    Mme Merkel a encore soutenu que l’Algérie et l’Allemagne sont des pays « amis », ajoutant que son pays est « prêt » à accompagner l’Algérie sur les questions de la jeunesse.

    Algeria ISP, 9/12/2010

  • Le président sahraoui s’adresse au roi du Maroc à travers Echorouk: « Mefiez-vous de ceux qui vous poussent à entrer dans une guerre perdue »

    Les autorités marocaines adhérent à une campagne contre la communauté internationale, loin des promesses d’ouverture, de transparence et de respect des droits élémentaires promis depuis 1999, à travers la « fermeture » du territoire sahraoui aux observateurs internationaux, journalistes et parlementaires.

    Lettre ouverte à Mohamed VI, roi du Royaume du Maroc

    Bir Lahlou le 09 décembre 2010
    Suite aux développements dangereux qui ont porté un coup dur au processus du règlement pacifique du conflit au Sahara Occidental, à la stabilité de la région , aux relations de fraternité et de bon voisinage entre le peuple marocain et le peuple sahraoui, que nous avons toujours considéré comme un choix stratégique que nous avons toujours consolidé loin de toute machination et à l’occasion du premier jour des rencontres directes entre les deux parties du conflit sous l’égide des Nations Unies à New-York, le monde a ouvert ses yeux le lundi 8 décembre 2010 sur les images du camp pacifique dans la région Akdam Isik entrain de bruler, ses femmes violées dans la nuit, ses vieux humiliés, ses enfants qui se sont retrouvés face à face avec des soldats qui utilisent les armes, la violence et les kidnappings contre un peuple désarmé. 

     
    Tout cela est arrivé parce que 30 000 civiles sahraouis ont décidé au début du mois d’octobre de se rassembler et exprimer pacifiquement et d’une manier civilisée leur droits légitimes liés au droit de vivre décemment, le respect des droits de l’homme, leur droit de jouir des richesses de leur pays et leur droit à l’autodétermination. Outre la lâche attaque sur le camp d’Akdam Isik, les autorités marocaines ont envoyé les différents corps de l’armée pour opprimer violement tout ce qui est sahraouis, à travers les assassinats, les kidnappings collectifs, la torture barbare, les viols, tout en s’appuyant sur le soutien des civiles marocains pour terroriser leurs frères sahraouis. 
     
    En parallèle à cela, les autorités marocaines adhérent à une campagne contre la communauté internationale, loin des promesses d’ouverture, de transparence et de respect des droits élémentaires promis depuis 1999, à travers la « fermeture » du territoire sahraoui aux observateurs internationaux, journalistes et parlementaires. Pire, les autorités marocaines ne respectent même pas les moindres règles de bienséance lors des expulsions de ceux qui ont « par chance » pu entrer à la ville d’el Ayoun. Le bilan est très lourd : des milliers de blessés, des centaines de prisonniers et de disparus et une liste incomplète de morts. A cela s’ajoute les condamnations exprimées à travers tout le globe. Ces condamnations et dénonciations qui montrent d’un doigt accusateur votre pays pour non respect des droits de l’homme, oppression, « confiscation » de la liberté d’expression, le racisme et la discrimination entre marocains et sahraouis. Un moment comme celui-ci devrait donner à sa majesté matière à réfléchir avec sagesse afin de trouver des réponses à plusieurs questions : qui assumera la responsabilité de tous les crimes commis contre le peuple sahraoui ? Pour qui travaillent ceux qui n’hésitent pas à exploiter toute occasion et tout contexte afin de compliquer de plus en plus le conflit ? Pour qui travaillent ceux qui profitent de chaque occasion pour pousser vers le blocage dont les conséquences sont très graves.
    A suivre…
    Echourouk Online, 9/12/2010
  • Octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés: 200 personnalités attendues à Alger

    L’Algérie organise les 13 et 14 décembre prochains, une conférence internationale, à l’occasion de la célébration du 50ème anniversaire de l’adoption par l’assemblée générale de l’ONU de la résolution 1514 et ayant trait à «la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples colonisés».

    L’événement qui sera organisé à la résidence «Club des Pins» à Alger verra la participation de 200 personnalités, dont deux prix Nobel de la Paix, le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, le représentant personnel du SG des Nations unies, d’anciens présidents africains et quelque 80 journalistes étrangers.

    Dans une conférence de presse animée, hier, à Djenane El Mithak à Alger, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel a affirmé que l’organisation de cette conférence par l’Algérie s’inscrit en droite ligne avec les principes défendus par notre pays depuis des décennies pour l’autodétermination des peuples sous le joug colonial.

    Cette conférence est un rappel de la validité des principes qui ont motivé l’adoption de cette déclaration, a indiqué Abdelkader Messahel qui soutient que ce qui a été défendu par l’Algérie, dans les années 1970, est encore valable aujourd’hui.

    Le ministre précisera que la conférence n’est pas une réunion intergouvernementale mais simplement une conférence internationale qui sera sanctionnée par une déclaration. Messahel rappellera, par ailleurs, que la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a permis, au cours des 50 dernières années, à plus d’une centaine de territoires coloniaux d’accéder à l’indépendance. Il faut savoir que la résolution 1.514 a été adoptée par l’assemblée générale des Nations unies, le 14 décembre 1960, soit quelques jours seulement après les événements tragiques du 11 Décembre et où des dizaines d’Algériens ont été jetés dans la Seine, à Paris, par la police française pour avoir revendiqué l’indépendance de l’Algérie. «La lutte de Libération déclenchée par le peuple algérien en novembre 1954 a constitué une étape phare et un tournant décisif dans la mobilisation de la communauté internationale pour donner tout son sens au principe, articulé pour la première fois, par le président Wilson, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes» est-il précisé dans une note d’information distribuée à la presse.

    A noter que deux ateliers seront organisés à l’occasion de la conférence d’Alger. Il s’agit des ateliers qui seront consacrés à «l’émancipation des peuples» et «le rôle des médias et du cinéma dans les pays à disposer d’eux-mêmes».

    Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a déclaré, hier, que la conférence d’Alger abordera l’indépendance des pays dans le sens le plus global, notamment en matière économique, le droit humain et le droit au développement.

    par Z. Mehdaoui 
    Le Quotidien d’Oran, 9/12/2010
  • Brahim Ghali : « Ce qui est pris par la force ne peut être restitué que par la force »

    Un mois après les événements de Gdeim Izik, Brahim Ghali, ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique à Alger revient dans l’entretien qui suit sur ce qui est qualifié de génocide, n’excluant pas, au passage le recours aux armes.

    Le Courrier d’Algérie : 8 novembre – 8 décembre, un mois est déjà passé sur les événements de Gdeim Izik et d’El Ayoun. Quel bilan en faites-vous ?
    Brahim Ghali : Que voulez-vous que je vous dise. Les Marocains ont mené la vie dure à nos compatriotes. Depuis lundi 8 novembre, la situation est la même. Un couvre-feu a été instauré par les autorités coloniales. Aucun déplacement n’est permis. C’est une situation inhumaine. El Ayoun s’est transformée, depuis, en une ville fantôme. Les militaires, gendarmes et autres policiers marocains et les forces auxiliaires ont le contrôle de toute la ville. Ils sont dans le moindre recoin. Ce serait un suicide de tenter un déplacement dans les ruelles de la capitale. Si tu n’es pas passé à tabac par les forces armées en uniformes, ce sont les colons qui s’en occuperont. Le choc est encore lisible sur tous les visages. Ce jour- là, le Maroc a tenté un génocide. 
     
    Jusque là, auriez-vous une idée du nombre des décédés, des disparus et des arrestations ?
    Nul ne sort et nul ne rentre à El Ayoun sans autorisation spécifique de l’administration marocaine. Autrement dit, la capitale occupée est complètement coupée du monde. Sans téléphone, ni Internet, il nous est très difficile d’avancer un quelconque chiffre, mais ce qui est sûr et même certain, c’est que, selon des témoignages, 36 corps de Sahraouis ont été jetés dans des fausses communes par des bulldozers militaires marocains. Ajouter à cela, selon un bilan des autorités coloniales faisant état de 182 Sahraouis arrêtés dont 18 d’entre eux ont été transférés devant la cour militaire. Et il n’est un secret pour personne, quand les autorités coloniales avancent un tel chiffre, c’est que ce dernier pourrait être multiplié par dix. C’est pour vous dire qu’un flou total entoure, à ce jour, le sort de nos compatriotes. Les autorités marocaines ont finalement autorisé l’accès à des journalistes… Après avoir accompli leur forfait. Les autorités marocaines sont connues pour leurs manigances. C’est leur point fort.
    Là, ils veulent faire croire à ces deux journalistes (qui le transmettront à leur tour) que la situation n’était pas aussi critique que le Front Polisario l’a décrite. Mais avec le temps, le monde saura la réalité de ce qui s’est réellement passé en ce lundi maudit. Dakhla et Smara ont également connu de pareils événements… Le message des forces coloniales était clair.
    Certes, dans ces villes la présence militaire est moins dense qu’à El Ayoun, mais les Marocains où qu’ils soient, à leur de passage, ils sèment la terreur. C’est une vraie guerre qui est menée contre tout ce qui est sahraoui.

    Monsieur l’ambassadeur, tout cela s’est passé à peine 48 heures après le discours de Mohamed VI où il s’est attaqué, à l’occasion, même à l’Algérie….
    Ce discours n’avait vraiment pas besoin d’un déchiffrage. En effet, il était aussi clair que précis. La réalité est amère mais les faits sont là. L’assaut meurtrier donné contre le Camp de la Liberté était suite à un ordre direct du roi à ses forces armées qu’elles soient militaires ou paramilitaires. Mohamed VI a aussi dans son discours, accusé l’Algérie d’entraver les démarches du HCR à organiser un referendum pour les refugiés sahraouis de Tindouf… Chose qu’il a parfaitement héritée de son père Hassan II. Ce dernier, à chaque fois qu’il était contraint à faire face à une opposition ferme de la part des Sahraouis, il ne tardait aucune seconde à accuser l’Algérie de tous les noms. Ce jeu, on le connaît. Ce n’est pas un fait nouveau. A mon avis, les camps des refugiés sahraouis de Tindouf est le coin le plus médiatisé du continent africain. Il a été, à maintes reprises, le théâtre de bon nombre d’activités auxquelles étaient conviées des personnalités très connues. Le monde entier est au courant de tout ce qui se passe là-bas, à moins que le roi n’arrive à digérer tous ses échecs. Cela ne mérite même pas d’être évoqué. Ce massacre intervient, également, le même jour où des négociations informelles entre le Front Polisario et le Maroc, étaient entamées à New York… Ce discours n’était, en réalité, qu’un aperçu de l’atmosphère dans laquelle allaient se dérouler ces négociations. Le Maroc se voulait trop malin. De cet acte il croyait que le Polisario allait céder au chantage et ainsi ne pas s’asseoir à une même table. Ce même régime voulait également dire au monde entier que ses crimes ne seront jamais punis tant que la France est derrière. Or, le régime marocain s’est fait piéger. Il s’est frayé un chemin droit à la guillotine.
    Il a commis l’une de ses plus grandes erreurs après celle de croire ou de faire croire que les Sahraouis où qu’ils soient tiennent vraiment à leur patrie-mère comme il l’a signifié dans son discours. Il est temps que le roi révise ses comptes. Le Sahara n’a et ne sera jamais marocain.
    Pourquoi ne pas tenir un referendum s’il est aussi sûr que ça ? Que le roi sache une bonne fois pour toutes que le Sahraoui n’acceptera d’autre alternative que l’indépendance et non l’autonomie comme il ne cesse de le clamer à haute voix. Si le régime marocain tient à une autonomie, qu’il l’accorde aux Marocains du nord. Le Sahara Occidental est aux Sahraouis.
    Justement, la France a usé de son droit de véto pour bloquer l’envoi d’une mission d’enquête à El Ayoun… La position de la France était connue depuis toujours. Cela ne nous étonne guère.
    Le Maroc dans le Sahara Occidental a été tout le temps son enfant gâté. Sauf qu’il est temps que le monde entier, y compris l’opinion publique française, se rendent comptent que la France ne fait que se cacher derrière son slogan « liberté, égalité et fraternité » alors que la France ne connaît rien en ces valeurs.
    Pourtant le Parlement européen a vivement condamné les actes marocains ce jour-là… La position européenne a été d’une grande signification pour nous. Nous la considérons étant une victoire partielle. Une position que le régime marocain n’a pas digérée, lui qui a usé de tous les moyens afin de faire croire à la communauté internationale autre que sa réalité barbare. Les preuves ne manquent pas. Quoi qu’il en soit, le compte à rebours de la présence du colon marocain sur les terres de nos ancêtres a commencé.

    Cela veut dire… ?
    Cette fois-ci, le Maroc a poussé le bouchon trop loin.
    Chaque chose a ses limites, il en est également de la patience des Sahraouis.
    Si le Maroc persiste dans son entêtement, l’avenir lui fera regretter ses génocides au Sahara Occidental. Là, vous êtes en train de reprendre la phrase de la plupart des responsables sahraouis affirmant que d’autres solutions sont envisageables… Ce qui est pris par la force ne peut être restitué que par la force. L’exemple algérien nous a toujours servi de leçons.

    Peut-on comprendre par-là que le recours aux armes n’est pas à exclure ?
    Cela a été, à maintes fois, signifié par nos concitoyens où qu’ils soient. Ils ont certainement raison. La voix des pourparlers n’a apporté que les expulsions arbitraires et les exécutions collectives et l’emprisonnement. Le Sahraoui a le droit de vivre librement dans sa patrie comme tout être humain. Que le Maroc nous prouve le contraire. Je persiste encore. En pareilles circonstances, il faut s’attendre à ce que la réaction des Sahraouis soit des plus fermes. Autrement dit : la balle est dans le camp de la communauté internationale. Si le Maroc n’est pas sérieusement condamné, l’avenir en dira plus. Le Maroc se prend pour un hors-la-loi et cela pourrait lui coûter très cher.

    Où est la Minurso dans tout ce qui se passe à El Ayoun ?
    Cela vous paraitrait peut être étonnant mais je préfère vous répondre par une question.
    Comment la Minurso pourrait-elle protéger des citoyens sahraouis alors qu’elle déjà n’est pas à l’abri. Les Casques bleus de la Minurso sont dans le besoin d’être protégés. Sachez qu’elle a été encerclée, quatre jours durant, dans ses locaux. À cette occasion, nous interpellons le secrétaire général de l’ONU de renforcer les prérogatives de la Minurso afin de mener à bien sa mission, de protéger les Sahraouis. D’ailleurs, l’Égyptien à la tête de la MINURSO, a préféré répondre qu’il n’a vu autre chose que de la cendre sur les lieux du crime crapuleux des autorités marocaines.

    Un fait marquant est à relever monsieur l’ambassadeur.
    Le massacre de Gdeim Izik a fait la une de bon nombre de journaux à l’échelle mondiale… Comme je l’ai signalé auparavant, le monde entier s’est rendu compte de la justesse de notre combat pour la liberté. Cela nous soulage malgré tous nos maux, et nous amène à aller de l’avant jusqu’à ce que l’indépendance de la République arabe sahraouie soit fêtée avec nos amis à El Ayoun, éternelle Capitale de la RASD. Sauf que là, les Arabes ne se sentent pas concernés par la cause sahraouie… C’est un non événement. C’est désolant, on l’a, malheureusement constaté, mais la fuite en avant des arabes ne date pas d’aujourd’hui. Mais là, du moins, c’est un silence sur toute la ligne. Espérons que d’ici un avenir proche, les arabes apprennent à dénoncer et à en parler. À ceux là, je préfère poser une question : où réside la différence entre Israël en Palestine et le Maroc au Sahara Occidental ? Ces Arabes aussi, quand c’est l’Irak qui avait envahi le Koweït les condamnations pleuvaient. Ils se sont mobilisés sans trop attendre pour la libération d’un pays voisin. Alors le Sahara Occidental n’est-il pas voisin, ou les Sahraouis viennent de Mars. Nous vous laissons le soin de conclure… Il me serait illogique de laisser passer une telle occasion pour rendre un grand hommage à toutes les Nations ayant été avec nous contre la tyrannie. Par risque d’en oublier, il est préférable de ne pas citer des noms. Mes hommages aussi au nom de tous les Sahraouis à toute la presse mondiale particulièrement la presse algérienne, qu’elle soit écrite, audio ou audio-visuelle, cette presse qui nous a de tout temps soutenus.

     Entretien réalisé par Farid Houali 
    Le Courrier d’Algérie, 9/12/2010

  • L’Algérie, «puissance militaire et économique dominante» au Maghreb

    La célébrissime agence fédérale de recherche du Congrès américain, qui est le «Cercle de réflexion» (Think Tank), dont les travaux sont jugés par les spécialistes politiques et économiques de «haut niveau, pointus et objectifs», considère l’Algérie comme la «puissance militaire et économique dominante dans la région» du Maghreb et représente un «partenaire-clé des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme». Le rapport, qui relève la «stabilité de la situation nationale en Algérie», se compose de six chapitres portant essentiellement sur le gouvernement et la politique en Algérie, l’économie, les relations extérieures et le terrorisme, ainsi que les indicateurs économiques. 
    Dans le sommaire du document, dont une copie a été transmise à l’APS par le département d’Etat, le service de recherche souligne que «l’Algérie est un pays de plus en plus important dans les efforts américains pour lutter contre le terrorisme international et représente un partenaire-clé dans la lutte contre les groupes liés à El-Qaïda». «En tant que producteur d’énergie, l’Algérie est également une source importante de gaz naturel pour les Etats-Unis, mais n’est pas un des principaux bénéficiaires de l’aide (financière) américaine», ajoute la même source. Concernant encore les relations entre l’Algérie et les Etats-Unis, dont les liens, note-t-il, «datent depuis le traité de paix et d’amitié en 1775», le rapport précise qu’elles s’étaient «renforcées depuis les multiples rencontres qui ont eu lieu entre le président Bouteflika et l’ex-président américain George W. Bush». «En 2005, les Etats-Unis et l’Algérie ont lancé le dialogue militaire mixte pour favoriser les échanges, la formation et les exercices conjoints», souligne le rapport qui cite notamment la coopération entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme et les multiples visites effectuées par des responsables américains en Algérie, ainsi que celle du ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, en décembre 2009 à Washington. 
    En ce qui concerne les relations économiques, cette agence du Congrès souligne que «les liens se sont élargis au-delà du secteur de l’énergie tels le secteur bancaire, les produits pharmaceutiques et d’autres industries».   L’agence fédérale de recherche rappelle la signature d’un accord de coopération en juin 2007 entre l’Algérie et les Etats-Unis dans l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, ainsi que l’aide en équipements fournie en juin dernier par Sonatrach à la société pétrolière BP pour lutter contre la pollution causée par la marée noire dans le golfe du Mexique.Dans le chapitre relatif au terrorisme, le rapport fait une rétrospective détaillée sur ce fléau en Algérie depuis 1992. Il souligne que la lutte menée contre le terrorisme par les forces de l’ordre algériennes et les deux dispositifs de la Concorde civile de 1999 et de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale de 2005, engagés par le président Bouteflika, ainsi que les recrutements massifs par les forces de police et de gendarmerie «pour renforcer les frontières, augmenter la sécurité dans les aéroports et accroître la présence des forces de sécurité dans les grandes villes», ont permis de réduire à grande échelle la force de frappe des groupes terroristes. 
    Abordant la présence d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la région du Sahel, le centre de recherche du Congrès note que le gouvernement algérien avait déployé des milliers de soldats au Sahara tout au long des frontières avec le Mali, le Niger et la Mauritanie pour combattre ce groupe. Il poursuit qu’«avec l’immensité du Sahara, l’Algérie considère que la coopération régionale est nécessaire pour lutter contre la présence de l’Aqmi». A ce propos, le rapport cite les différentes réunions des chefs d’état-major des armées de l’Algérie, de la Mauritanie, du Niger et du Mali pour examiner la situation qui prévaut dans la région du Sahel et de la décision de la création d’un poste de commandement opérationnel régional, tout en précisant que l’Algérie s’oppose fermement au paiement de rançons contre la libération des otages détenus par les terroristes. Abordant le volet économique, le rapport indique que les prix élevés du pétrole ont permis à l’Algérie d’augmenter ses réserves de changes à 157 milliards de dollars en septembre 2010 et de maintenir sa croissance économique, se traduisant par un «boom» dans les activités de construction, la baisse du chômage et le remboursement anticipé de la dette extérieure. Il souligne également que les deux plans quinquennaux 2005-2009, de 140 milliards de dollars, et de 2010-2014, de 286 milliards de dollars, sont destinés à générer la croissance et l’emploi. Dans le chapitre relatif aux affaires étrangères, le rapport indique qu’après l’indépendance en 1962, «l’Algérie était au premier plan de la politique du tiers-monde, en particulier dans le Mouvement des non-alignés, et avait une diplomatie très active dans le monde arabe et l’Afrique». «Cette activité diplomatique s’était, néanmoins, ralentie dans les années 1990 en raison du terrorisme», observe-t-il. «Avec l’avènement du président Bouteflika, l’Algérie a réapparu comme un acteur régional, en particulier en Afrique», souligne le centre de recherche du Parlement américain. 

    Par Abdelkrim Ghezali
    La Tribune d’Algérie, 9/12/20101
  • L’Allemagne partage la conviction de l’Algérie, souligne Mme Merkel

    L’Allemagne partage la conviction de l’Algérie sur la question du Sahara occidental, a affirmé hier à Berlin la chancelière allemande, Mme Angela Merkel.

    « L’Allemagne partage la conviction de l’Algérie », sur la question du Sahara occidental (envahi par le Maroc en 1975, ndds), a-t-elle dit lors d’une conférence de presse animée conjointement avec le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, en visite officielle en Allemagne. 

    Pour la chancelière allemande, il incombe aux Nations unies de trouver une solution au problème du Sahara occidental. 


    Elle a estimé que l’Allemagne, qui est candidate pour un siège permanent au Conseil de sécurité, lui donnerait l’occasion de « contribuer à renforcer la position des Nations unies et peser de son poids pour régler cette question ». 


    Mme Merkel a remercié, à cette occasion, l’Algérie pour son soutien à la candidature de l’Allemagne pour un siège permanent au sein du Conseil de sécurité. Au sujet de l’entretien avec le Président Bouteflika, qu’elle a qualifié de « très intensif », elle a déclaré qu’elle venait d’avoir l’occasion de poursuivre les conversations entamées depuis sa visite en Algérie en 2008. 


    Elle a souligné avoir eu avec le Président Bouteflika un échange « très dense » sur les relations politiques entre l’Allemagne et l’Algérie, sur les relations économiques et sur la situation dans la région et dans le continent africain. « Nous entretenons des relations d’amitié. Nous avons une coopération étroite et nous partageons les mêmes points de vue sur des dossiers internationaux », a-t-elle expliqué. 


    Elle a rappelé que les deux parties ont convenu de la création d’une commission économique qui était à l’étude depuis « un certain moment », estimant qu’il était temps de conclure ce projet ainsi que d’autres dossiers de coopération. 


    Il s’agit, pour l’Allemagne, « d’aider l’économie algérienne d’aller plus loin que l’exploitation des matières premières et de créer des entreprises industrielles ». Elle a affirmé, dans ce contexte, que son pays est « prêt » à aider l’Algérie dans le domaine des infrastructures et dans la sécurité des frontières qui reste, a-t-elle relevé, d’une « importance capitale » dans cette région. 


    Abordant la coopération dans le domaine de l’énergie, Mme Merkel a expliqué que son pays « a intérêt de participer dans le projet du gaz et du pétrole, mais également de mieux coopérer, avec l’Algérie, en matière des énergies renouvelables et solaires ». « Avec le Président algérien, nous avons évoqué le projet “ Desertec”, a-t-elle dit, ajoutant que « ce projet, qui est aujourd’hui une vision, pourrait devenir un trait d’union entre le continent africain et européen, et l’Algérie y joue un rôle central ». Au sujet des conflits régionaux, la chancelière allemande a souligné avoir abordé avec le Chef de l’Etat, la situation au Soudan et la nécessité pour l’Union africaine et l’Union européenne d’assumer leurs responsabilités, notamment après le référendum, afin d’éviter l’éclatement du pays ». 


    Mme Merkel a encore soutenu que l’Algérie et l’Allemagne sont des pays « amis », ajoutant que son pays est « prêt » à accompagner l’Algérie sur les questions de la jeunesse.

    Algeria ISP, 9/12/2010

  • WikiLeaks- Sahara Occidental : La fausse neutralité de Ben Ali

    Et un autre pavé dans la mare jeté par WikiLeaks !

    Le président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, accuse les Algériens d’être «responsables de l’actuelle impasse» dans laquelle se trouve le dossier du Sahara occidental. Le président a fait ces confidences au sous-secrétaire d’Etat américain, David Welch, à l’aune d’une rencontre à Tunis entre les deux hommes, en date du 28 février 2008.

    Jugement amplement partagé par M. Welch, qui estime d’ailleurs que ce contentieux bloquait tout progrès dans la région du Maghreb. Le diplomate américain rétorque même que les Algériens «se doivent d’accepter l’idée qu’il n’y aura jamais d’Etat indépendant au Sahara occidental». M. Ben Ali finit par répondre que le problème est complexe et que sa résolution prendrait plusieurs années. «Le dossier ne pourra pas être réglé par le biais du Conseil de sécurité de l’ONU», a ajouté le président tunisien. 

    Pourtant, ce ne sont pas les propositions de médiation qui ont manqué. Le dirigeant affirme ainsi à son invité américain qu’il a tenté de convoquer une «réunion maghrébine» à Tunis, afin de mettre à plat les antagonismes. Tandis que le Maroc et la Libye avaient affiché leur volonté d’y participer, l’Algérie avait tout bonnement décliné l’invitation. «Ils ont dit qu’il n’y avait pas lieu d’en discuter», raconte-t-il.

    Ghania Lassal
    El Watan, 9/12/2010
  • Le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes en débat à Alger

    L’Algérie a influencé, à travers sa lutte de libération nationale, à la rédaction de la résolution onusienne 1514 de 1960 et qui a elle-même exercé son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Les recommandations et la portée politique de la résolution 1514 des Nations unies de 1960 «demeurent toujours valides» au même titre que le nouvel ordre économique mondial, ainsi que le principe onusien des droits des peuples de disposer d’eux-mêmes, a indiqué le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, hier, lors de la conférence de presse organisée à Alger. 

    Selon le ministre, ce que l’Algérie a toujours défendu à travers cette résolution reste d’actualité en 2010 : «le droit au développement et les droits humains sont toujours d’actualité. Aujourd’hui il nous faut un recadrage pour une application stricte dans l’esprit et la lettre de la résolution de 1960», a-t-il affirmé. 

    Le ministre a indiqué qu’un appel sera lancé à partir d’Alger par les participants en direction des Nations unies et de l’opinion internationale pour rappeler d’abord au Conseil de sécurité sa responsabilité pour la mise en œuvre des résolutions pertinentes afin qu’il n’y ait pas «deux poids et deux mesures concernant la charte des Nations unies. Les Nations unies doivent appliquer les résolutions émanant de ces instances». Le ministre délégué a indiqué, par ailleurs, que cette conférence n’est pas dédiée au Sahara occidental (envahi par le Maroc en 1975, ndds) mais qu’elle intervient dans un contexte où il est plus qu’urgent de «consolider cette résolution afin d’influer sur le processus de prise de décision au niveau de l’ONU pour la libération des territoires encore occupés, comme la Palestine ou le Sahara occidental». 

    Selon le conférencier, cette résolution est toujours d’actualité puisque aujourd’hui encore, des «indépendances sont menacées à l’image de ce qui se passe en Somalie, en Afghanistan, en Irak ou au Soudan». L’Algérie et les 80 pays issus de la résolution 1514 des Nations unies de 1960 appellent aujourd’hui à une refonte des statuts des Nations unies et par extension les statuts du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Cette rencontre internationale sera rehaussée par la présence du doyen des chefs d’Etat africains le Tanzanien Kenneth Kaunda, du Sud-Africain Thabo Mbeki, du Nigérien Alpha Konaré, du Ghanéen Rawlings, de l’ancien SG de l’ONU Kodjo, de deux prix Nobel de la paix, d’un représentant du SG de l’ONU, du président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, du SG de la Ligue arabe, Amr Moussa, des pays de l’UMA, de Pierre Galant, représentant la société civile, en plus de deux cents personnalités du monde, des militants de la cause algérienne et des partis politiques africains tels que l’ANC, le FRELIMO, le MPLA, le SWAPO, du représentant du Front Polisario et du FLN, ainsi que d’autres partis algériens. Quatre-vingt journalistes étrangers couvriront cette manifestation qui coïncidera avec les manifestations du 11 décembre 1960 qui ont ébranlé les autorités coloniales françaises. Cette conférence sera sanctionnée par une déclaration d’Alger qui reprendra les principes fondateurs de la résolution onusienne, selon Abdelkader Messahel, et dans laquelle il a souligné le rôle et la place de l’Algérie dans les différents forums et organismes traitant de cette cause : «l’Algérie, a-t-il dit, apportera plus que jamais sa contribution à tous les forums. Elle est partie prenante pour porter la voix de l’Algérie et l’Afrique. L’Algérie a un rôle de leader à faire valoir au sein du continent africain». Quatre ateliers seront mis en place lors de cette rencontre, le premier sera consacré au «processus d’émancipation des peuples», le second au «rôle des médias et du cinéma dans l’expression des peuples de disposer d’eux-mêmes». L’ancien diplomate tanzanien Salim Ahmed Salim et le journaliste chilien Juan Pablo Cardenas seront les modérateurs des deux premiers ateliers. Un troisième atelier, consacré aux femmes, sera présidé par l’ex-épouse de Nelson Mandela, Willie Mandela. Le dernier atelier sera consacré aux jeunes et sera présidé par l’ancien SG du mouvement panafricain de la jeunesse Mushokolwa Léonidas. Mahmoud Tadjer
  • L’UPM sans baratin

    Nous le disions dans notre éditorial d’hier, l’Algérie n’attendra pas l’UPM pour concrétiser son partenariat avec les pays européens qui veulent vraiment d’un échange gagnant-gagnant basé sur le transfert de technologie. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l’a confirmé en donnant son aval à la chancelière Angela Merkel pour la mise en place d’une commission économique mixte lors de son voyage en Allemagne. On s’appliquera notamment à développer le projet d’installations éoliennes et solaires Desertec selon les termes d’une dépêche officielle. Il faut savoir que ce projet concurrence indirectement le même du genre contenu dans le programme de la moribonde Union pour la Méditerranée. Quand on sait que cet investissement dans le Sud algérien vise à fournir 15 % de l’énergie électrique européenne, on se félicite de prétendre enfin anticiper l’après-pétrole. 
     
    L’exemple allemand inspirera les plus sceptiques de nos autres partenaires qui hésitent encore à renoncer aux faux calculs politiciens pour investir sans duperie en Algérie. L’Allemagne, comparable à la Chine, ne regrettera pas son principe de non-ingérence dans les affaires internes des pays dans sa coopération économique. D’ailleurs, Merkel et Bouteflika ont pu se concerter et échanger leurs points de vue sur la situation au Sahara occidental ou au Soudan en prévoyant même d’impliquer respectivement l’UE et l’UA pour éviter un éclatement au pays d’El-Bachir. Le tandem Alger-Berlin dont nous parlions n’est donc pas une vision de l’esprit, mais l’édification solide d’un pont politico-économique entre deux nations dont les relations ne souffrent d’aucune pollution refoulée du passé. Un pont qui profitera à deux vastes continents pris en otages par des leaders souvent généreux en paroles mais très avares en actes. Gageons que la discrète Allemagne secouera les wagons à la traîne qui se sont pris un temps pour des locomotives indispensables. L’avenir appartiendra à ceux qui réaliseront leurs projets pendant que d’autres se suffisent de manœuvres politiciennes sans lendemain. C’est un peu le message qu’ont envoyé de Berlin Angela Merkel et son invité algérien.
    Par Nordine Mzalla
    Le Jeune Indépendant, 9/12/2010
  • Brahim Ghali : "Ce qui est pris par la force ne peut être restitué que par la force"

    Un mois après les événements de Gdeim Izik, Brahim Ghali, ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique à Alger revient dans l’entretien qui suit sur ce qui est qualifié de génocide, n’excluant pas, au passage le recours aux armes.

    Le Courrier d’Algérie : 8 novembre – 8 décembre, un mois est déjà passé sur les événements de Gdeim Izik et d’El Ayoun. Quel bilan en faites-vous ?
    Brahim Ghali : Que voulez-vous que je vous dise. Les Marocains ont mené la vie dure à nos compatriotes. Depuis lundi 8 novembre, la situation est la même. Un couvre-feu a été instauré par les autorités coloniales. Aucun déplacement n’est permis. C’est une situation inhumaine. El Ayoun s’est transformée, depuis, en une ville fantôme. Les militaires, gendarmes et autres policiers marocains et les forces auxiliaires ont le contrôle de toute la ville. Ils sont dans le moindre recoin. Ce serait un suicide de tenter un déplacement dans les ruelles de la capitale. Si tu n’es pas passé à tabac par les forces armées en uniformes, ce sont les colons qui s’en occuperont. Le choc est encore lisible sur tous les visages. Ce jour- là, le Maroc a tenté un génocide. 
     
    Jusque là, auriez-vous une idée du nombre des décédés, des disparus et des arrestations ?
    Nul ne sort et nul ne rentre à El Ayoun sans autorisation spécifique de l’administration marocaine. Autrement dit, la capitale occupée est complètement coupée du monde. Sans téléphone, ni Internet, il nous est très difficile d’avancer un quelconque chiffre, mais ce qui est sûr et même certain, c’est que, selon des témoignages, 36 corps de Sahraouis ont été jetés dans des fausses communes par des bulldozers militaires marocains. Ajouter à cela, selon un bilan des autorités coloniales faisant état de 182 Sahraouis arrêtés dont 18 d’entre eux ont été transférés devant la cour militaire. Et il n’est un secret pour personne, quand les autorités coloniales avancent un tel chiffre, c’est que ce dernier pourrait être multiplié par dix. C’est pour vous dire qu’un flou total entoure, à ce jour, le sort de nos compatriotes. Les autorités marocaines ont finalement autorisé l’accès à des journalistes… Après avoir accompli leur forfait. Les autorités marocaines sont connues pour leurs manigances. C’est leur point fort.
    Là, ils veulent faire croire à ces deux journalistes (qui le transmettront à leur tour) que la situation n’était pas aussi critique que le Front Polisario l’a décrite. Mais avec le temps, le monde saura la réalité de ce qui s’est réellement passé en ce lundi maudit. Dakhla et Smara ont également connu de pareils événements… Le message des forces coloniales était clair.
    Certes, dans ces villes la présence militaire est moins dense qu’à El Ayoun, mais les Marocains où qu’ils soient, à leur de passage, ils sèment la terreur. C’est une vraie guerre qui est menée contre tout ce qui est sahraoui.

    Monsieur l’ambassadeur, tout cela s’est passé à peine 48 heures après le discours de Mohamed VI où il s’est attaqué, à l’occasion, même à l’Algérie….
    Ce discours n’avait vraiment pas besoin d’un déchiffrage. En effet, il était aussi clair que précis. La réalité est amère mais les faits sont là. L’assaut meurtrier donné contre le Camp de la Liberté était suite à un ordre direct du roi à ses forces armées qu’elles soient militaires ou paramilitaires. Mohamed VI a aussi dans son discours, accusé l’Algérie d’entraver les démarches du HCR à organiser un referendum pour les refugiés sahraouis de Tindouf… Chose qu’il a parfaitement héritée de son père Hassan II. Ce dernier, à chaque fois qu’il était contraint à faire face à une opposition ferme de la part des Sahraouis, il ne tardait aucune seconde à accuser l’Algérie de tous les noms. Ce jeu, on le connaît. Ce n’est pas un fait nouveau. A mon avis, les camps des refugiés sahraouis de Tindouf est le coin le plus médiatisé du continent africain. Il a été, à maintes reprises, le théâtre de bon nombre d’activités auxquelles étaient conviées des personnalités très connues. Le monde entier est au courant de tout ce qui se passe là-bas, à moins que le roi n’arrive à digérer tous ses échecs. Cela ne mérite même pas d’être évoqué. Ce massacre intervient, également, le même jour où des négociations informelles entre le Front Polisario et le Maroc, étaient entamées à New York… Ce discours n’était, en réalité, qu’un aperçu de l’atmosphère dans laquelle allaient se dérouler ces négociations. Le Maroc se voulait trop malin. De cet acte il croyait que le Polisario allait céder au chantage et ainsi ne pas s’asseoir à une même table. Ce même régime voulait également dire au monde entier que ses crimes ne seront jamais punis tant que la France est derrière. Or, le régime marocain s’est fait piéger. Il s’est frayé un chemin droit à la guillotine.
    Il a commis l’une de ses plus grandes erreurs après celle de croire ou de faire croire que les Sahraouis où qu’ils soient tiennent vraiment à leur patrie-mère comme il l’a signifié dans son discours. Il est temps que le roi révise ses comptes. Le Sahara n’a et ne sera jamais marocain.
    Pourquoi ne pas tenir un referendum s’il est aussi sûr que ça ? Que le roi sache une bonne fois pour toutes que le Sahraoui n’acceptera d’autre alternative que l’indépendance et non l’autonomie comme il ne cesse de le clamer à haute voix. Si le régime marocain tient à une autonomie, qu’il l’accorde aux Marocains du nord. Le Sahara Occidental est aux Sahraouis.
    Justement, la France a usé de son droit de véto pour bloquer l’envoi d’une mission d’enquête à El Ayoun… La position de la France était connue depuis toujours. Cela ne nous étonne guère.
    Le Maroc dans le Sahara Occidental a été tout le temps son enfant gâté. Sauf qu’il est temps que le monde entier, y compris l’opinion publique française, se rendent comptent que la France ne fait que se cacher derrière son slogan « liberté, égalité et fraternité » alors que la France ne connaît rien en ces valeurs.
    Pourtant le Parlement européen a vivement condamné les actes marocains ce jour-là… La position européenne a été d’une grande signification pour nous. Nous la considérons étant une victoire partielle. Une position que le régime marocain n’a pas digérée, lui qui a usé de tous les moyens afin de faire croire à la communauté internationale autre que sa réalité barbare. Les preuves ne manquent pas. Quoi qu’il en soit, le compte à rebours de la présence du colon marocain sur les terres de nos ancêtres a commencé.

    Cela veut dire… ?
    Cette fois-ci, le Maroc a poussé le bouchon trop loin.
    Chaque chose a ses limites, il en est également de la patience des Sahraouis.
    Si le Maroc persiste dans son entêtement, l’avenir lui fera regretter ses génocides au Sahara Occidental. Là, vous êtes en train de reprendre la phrase de la plupart des responsables sahraouis affirmant que d’autres solutions sont envisageables… Ce qui est pris par la force ne peut être restitué que par la force. L’exemple algérien nous a toujours servi de leçons.

    Peut-on comprendre par-là que le recours aux armes n’est pas à exclure ?
    Cela a été, à maintes fois, signifié par nos concitoyens où qu’ils soient. Ils ont certainement raison. La voix des pourparlers n’a apporté que les expulsions arbitraires et les exécutions collectives et l’emprisonnement. Le Sahraoui a le droit de vivre librement dans sa patrie comme tout être humain. Que le Maroc nous prouve le contraire. Je persiste encore. En pareilles circonstances, il faut s’attendre à ce que la réaction des Sahraouis soit des plus fermes. Autrement dit : la balle est dans le camp de la communauté internationale. Si le Maroc n’est pas sérieusement condamné, l’avenir en dira plus. Le Maroc se prend pour un hors-la-loi et cela pourrait lui coûter très cher.

    Où est la Minurso dans tout ce qui se passe à El Ayoun ?
    Cela vous paraitrait peut être étonnant mais je préfère vous répondre par une question.
    Comment la Minurso pourrait-elle protéger des citoyens sahraouis alors qu’elle déjà n’est pas à l’abri. Les Casques bleus de la Minurso sont dans le besoin d’être protégés. Sachez qu’elle a été encerclée, quatre jours durant, dans ses locaux. À cette occasion, nous interpellons le secrétaire général de l’ONU de renforcer les prérogatives de la Minurso afin de mener à bien sa mission, de protéger les Sahraouis. D’ailleurs, l’Égyptien à la tête de la MINURSO, a préféré répondre qu’il n’a vu autre chose que de la cendre sur les lieux du crime crapuleux des autorités marocaines.

    Un fait marquant est à relever monsieur l’ambassadeur.
    Le massacre de Gdeim Izik a fait la une de bon nombre de journaux à l’échelle mondiale… Comme je l’ai signalé auparavant, le monde entier s’est rendu compte de la justesse de notre combat pour la liberté. Cela nous soulage malgré tous nos maux, et nous amène à aller de l’avant jusqu’à ce que l’indépendance de la République arabe sahraouie soit fêtée avec nos amis à El Ayoun, éternelle Capitale de la RASD. Sauf que là, les Arabes ne se sentent pas concernés par la cause sahraouie… C’est un non événement. C’est désolant, on l’a, malheureusement constaté, mais la fuite en avant des arabes ne date pas d’aujourd’hui. Mais là, du moins, c’est un silence sur toute la ligne. Espérons que d’ici un avenir proche, les arabes apprennent à dénoncer et à en parler. À ceux là, je préfère poser une question : où réside la différence entre Israël en Palestine et le Maroc au Sahara Occidental ? Ces Arabes aussi, quand c’est l’Irak qui avait envahi le Koweït les condamnations pleuvaient. Ils se sont mobilisés sans trop attendre pour la libération d’un pays voisin. Alors le Sahara Occidental n’est-il pas voisin, ou les Sahraouis viennent de Mars. Nous vous laissons le soin de conclure… Il me serait illogique de laisser passer une telle occasion pour rendre un grand hommage à toutes les Nations ayant été avec nous contre la tyrannie. Par risque d’en oublier, il est préférable de ne pas citer des noms. Mes hommages aussi au nom de tous les Sahraouis à toute la presse mondiale particulièrement la presse algérienne, qu’elle soit écrite, audio ou audio-visuelle, cette presse qui nous a de tout temps soutenus.

     Entretien réalisé par Farid Houali 
    Le Courrier d’Algérie, 9/12/2010