Mois : décembre 2010

  • Une conférence internationale au Nigeria pour soutenir la cause sahraouie

    Revenue des camps sahraouis où elle a parlé avec des représentants de la population sahraouie, des associations algériennes et locales, Mme Sirrar Mihibi, présidente de l’Organisation africaine des femmes, a indiqué que cette rencontre a été fructueuse. 

    Alger (Le Soir) -«Je souhaite rencontrer le président algérien pour lui raconter toutes les atrocités que vit la population sahraouie», a-t-elle indiqué hier au Forum d’ El Moujahid, ajoutant qu’il a été décidé d’organiser une conférence internationale à Abuja, capitale du Nigeria, les 28 et 29 juin 2011 autour de la question. «L’Organisation africaine des femmes soutient cette cause. Nous avons vu ce qui se passe dans les camps. Ce sont des crimes injustes», a-t-elle estimé. 
    La rencontre d’Abuja aura un caractère international. Elle réunira, selon Mme Sirrar Mihibi, des militantes du monde entier, des présidents d’Etat et des personnalités importantes. «Nous mobiliserons la presse internationale car, ailleurs, l’on ne sait pas ce qui se passe dans ces camps. Des gens viendront de l’Amérique du Nord et du Sud pour soutenir la cause. Ce sera grandiose. Ensemble, nous serons mobilisés pour libérer la dernière colonie africaine. » Organisée par l’association Michaâl Chahid, cette conférence réunit beaucoup de personnalités, notamment le P/APC d’Alger-Centre, Tayeb Zitouni, et le commandant général des Scouts algériens, Noureddine Benbrahem. Ces deux responsables ont rappelé le soutien inconditionnel de l’Algérie au Sahara occidental. «Notre objectif est la libération du Polisario», a insisté Noureddine Benbrahem. 
    Ibrahim Ghali, ambassadeur du Polisario en Algérie, Ahmed Amine Ahmed, ancien chef du gouvernement sahraoui, ont félicité la position de la presse algérienne, privée ou étatique, pour avoir toujours soutenu la cause du Sahara occidental. «35 ans, c’est trop ! Depuis 1975 ? Les Sahraoui en ont marre. Ils veulent une solution. Ils veulent la liberté En 2007, ils ont opté pour l’autodétermination. Mais le Maroc n’en veut pas et joue sur ça. A ce jour, nous comptons 132 détenus. 19 d’entre eux passeront par un tribunal militaire et nous n’avons pas le droit de les contacter. 25 sont d’anciens prisonniers et 7 ont été accusés de menacer la sécurité du royaume», affirmé Ahmed Amine Ahmed. 
    Irane Belkhedim 
    Le Soir d’Algérie, 9/12/2010 
  • WSRW aux banques internationales : stop au financement de Kosmos

    Western Sahara Resource Watch a demandé aux banques internationales de cesser tout financement supplémentaire de la compagnie pétrolière américaine Kosmos Energy. La société cherche du pétrole au large des côtes du Sahara Occidental occupé.
    Photo ci-dessus : Des Sahraouis réfugiés aux Iles Canaries protestent contre un navire ravitailleur utilisé pour les études sismiques de Kosmos Energy au large du Sahara Occidental, 2009.

    WSRW demande aux banques internationales de suspendre le soutien financier à Kosmos

    Western Sahara Resource Watch (WSRW) a demandé aux banques internationales de cesser tout financement supplémentaire de la compagnie pétrolière américaine Kosmos Energy. La société cherche du pétrole au large des côtes du Sahara Occidental occupé.

    Si le Maroc – à travers son partenaire américain Kosmos Energy – trouvait du pétrole au Sahara Occidental occupé, il contribuerait fortement à miner le processus de paix de l’ONU dans le territoire, et risquerait de déstabiliser le fragile cessez-le-feu dans la région. Selon à un avis juridique des Nations Unies, Kosmos Energy recherche du pétrole dans le territoire en violation du droit international.

    Malgré cela, Kosmos poursuit son programme offshore du territoire occupé.

    Tout en maintenant son programme au large du Sahara Occidental, Kosmos est également l’exploitant d’une importante découverte de pétrole offshore du Ghana. Pour développer le bloc Ghana, Kosmos a augmenté le financement de son projet par un emprunt de 350 millions de dollars US, grâce à des accords avec la Standard Chartered Bank, la BNP Paribas SA, la Société Générale, le Crédit Agricole Corporate & Investment Bank, Crédit Suisse International, Citibank, N.A, Natixis, la HSBC Bank et la FirstRand Bank Limited.

    WSRW a fait appel à ces banques, ainsi qu’à la SFI et l’AFC, de suspendre tout nouveau financement de l’entreprise.

    « Nous pensons que votre soutien financier à la compagnie est très regrettable. A notre avis, la compagnie ne montre aucun respect pour la communauté dans laquelle elle opère. Nous en appelons votre établissement à prendre des mesures comme une institution financière doit le faire, en refusant tout soutien financier additionnel à Kosmos, y compris au Ghana, tant que l’entreprise n’a pas établi et mis en oeuvre une politique de RSE, et commencé à respecter les principes fondamentaux des droits de l’homme » a demandé Western Sahara Resource Watch (WSRW) cette semaine dans une lettre aux banques.

    L’organisation WSRW exhorte depuis plusieurs années, Kosmos à quitter le territoire, mais en vain.

    « Ce petit groupe de banques internationales a une occasion en or de contribuer à stopper l’escalade dans le conflit du Sahara Occidental. Lorsque le forage dans les territoires occupés va commencer, les banques ne souhaiteront pas être associées à cette entreprise contraire à l’éthique. Elles doivent traiter cette question avec Kosmos pendant qu’elles ont encore une chance de le faire « , a déclaré Maiju Kaipiainen, présidente de Western Sahara Resource Watch.

    Kosmos a effectué des analyses sismiques au large du Sahara Occidental en 2009.

    Voir ici un exemple de la lettre envoyée aux banques.

    Pour les questions et commentaires :
    Maiju Kaipiainen
    Western Sahara Resource Watch
    (+358) 50-556 5555, maijukai@hotmail.fi
    www.wsrw.org

  • Sahara occidental : l’Algérie pour le respect de la légalité internationale

    ALGER– L’Algérie réaffirme la nécessité du « respect » de la légalité internationale concernant la question du Sahara occidental, tout en réitérant qu’ »elle n’est pas partie au conflit », a indiqué jeudi à Alger, le directeur général des Affaires politiques et de la sécurité internationales au ministère des Affaires étrangères, Dani Benchaâ. 
    « Nous avons demandé pour que la légalité internationale soit respectée, concernant le conflit au Sahara occidental », a précisé M. Benchaâ lors d’une conférence-débat sur la politique extérieure de l’Algérie animée dans le cadre de la visite officielle des auditeurs de la 117e session du cours principal du collège de Défense de l’Otan à Rome.
    APS, 9/12/2010
  • Une conférence internationale au Nigeria pour soutenir la cause sahraouie

    Revenue des camps sahraouis où elle a parlé avec des représentants de la population sahraouie, des associations algériennes et locales, Mme Sirrar Mihibi, présidente de l’Organisation africaine des femmes, a indiqué que cette rencontre a été fructueuse. 

    Alger (Le Soir) -«Je souhaite rencontrer le président algérien pour lui raconter toutes les atrocités que vit la population sahraouie», a-t-elle indiqué hier au Forum d’ El Moujahid, ajoutant qu’il a été décidé d’organiser une conférence internationale à Abuja, capitale du Nigeria, les 28 et 29 juin 2011 autour de la question. «L’Organisation africaine des femmes soutient cette cause. Nous avons vu ce qui se passe dans les camps. Ce sont des crimes injustes», a-t-elle estimé. 
    La rencontre d’Abuja aura un caractère international. Elle réunira, selon Mme Sirrar Mihibi, des militantes du monde entier, des présidents d’Etat et des personnalités importantes. «Nous mobiliserons la presse internationale car, ailleurs, l’on ne sait pas ce qui se passe dans ces camps. Des gens viendront de l’Amérique du Nord et du Sud pour soutenir la cause. Ce sera grandiose. Ensemble, nous serons mobilisés pour libérer la dernière colonie africaine. » Organisée par l’association Michaâl Chahid, cette conférence réunit beaucoup de personnalités, notamment le P/APC d’Alger-Centre, Tayeb Zitouni, et le commandant général des Scouts algériens, Noureddine Benbrahem. Ces deux responsables ont rappelé le soutien inconditionnel de l’Algérie au Sahara occidental. «Notre objectif est la libération du Polisario», a insisté Noureddine Benbrahem. 
    Ibrahim Ghali, ambassadeur du Polisario en Algérie, Ahmed Amine Ahmed, ancien chef du gouvernement sahraoui, ont félicité la position de la presse algérienne, privée ou étatique, pour avoir toujours soutenu la cause du Sahara occidental. «35 ans, c’est trop ! Depuis 1975 ? Les Sahraoui en ont marre. Ils veulent une solution. Ils veulent la liberté En 2007, ils ont opté pour l’autodétermination. Mais le Maroc n’en veut pas et joue sur ça. A ce jour, nous comptons 132 détenus. 19 d’entre eux passeront par un tribunal militaire et nous n’avons pas le droit de les contacter. 25 sont d’anciens prisonniers et 7 ont été accusés de menacer la sécurité du royaume», affirmé Ahmed Amine Ahmed. 
    Irane Belkhedim 
    Le Soir d’Algérie, 9/12/2010 
  • Solutions marocaines, les impasses successives…

    Le royaume est malmené par les Sahraouis depuis l’invasion barbare du territoire en 1975 et avant même … Après la Nième démonstration de cela pendant tout le mois d’octobre, l’épisode violent et sanglant du 8 novembre n’a rien résolu.

    Sans honte, le Maroc affirme le bilan du 8 novembre et des jours suivants. 11 morts militaires, et 2 civils sahraouis. Les civils sahraouis que l’on a attaqués avec l’armée, la gendarmerie, la police, les forces auxiliaires, les civils, les pompiers, du renfort et encore du renfort…. auraient été les plus forts, avec leurs pierres et leurs couteaux de cuisine. Le bilan est suspect mais affirmé sans complexe, comme pour mieux passer sous silence la raison de la mort des civils – qu’ils ne peuvent pas nier-, l’un sous la torture, l’autre écrasé délibérément et plusieurs fois par une voiture de police après avoir été éjecté du car de son entreprise, l’OCP.

    Le roi doit agir… Et le roi agit, à grand renfort de phrases mécaniques de son agence de propagande, la MAP.


    Il utilise la vieille méthode, la vieille croyance, pourtant inopérante. Pour contenter les Sahraouis, là-bas loin dans le désert, il faut mettre des leurs aux postes de dirigeants. À condition bien sûr que ceux-ci aient adopté les valeurs royales et perdu les leurs.
    Il avait nommé Ahmadou Ould Souelm,un de ces Sahraoui « rallié », comme ambassadeur du Maroc en Espagne, et l’avait coincé dans un placard. Ce vieil atout va enfin entrer en fonction. Ahmadou Ould Souelm a choisi le Maroc il y a 20 ans, en 1991.
    Le roi change aussi en grande pompe le gouverneur de El Aaiun. L’autre Sahraoui « Maraoui » qu’il nomme, Khalil Dkhil, n’a que peu goûté la saveur de la lutte pour la liberté puisqu’il a opté pour le Maroc en 1976. http://www.marocjournal.net/actualites-maroc/18567.html et http://www.marocjournal.net/actualites-maroc/18559.html

    Autre technique, autre tactique. Les sahraouis veulent-ils du travail, 1300 postes sont promis à ceux qui ont des diplômes de haut niveau. Pour tous : des postes de fonctionnaires dans les administrations des villes du Maroc. Ministère de l’intérieur et d’autres. Disperser l’élite, l’éloigner, l’intégrer… D’autres postes sortiront d’un chapeau au détriment des marocains, pour employer fictivement les moins diplômés, et tenter ainsi de les disperser et museler. Tentative de l’efficacité d’un coup d’épée dans l’eau, promesses probablement pas tenues, mais suite logique de la négation du problème de l’autodétermination.

    Cependant, l’édifice se craquelle inexorablement.
    Le roi gesticule, trépigne et insulte ceux qui ne clonent pas sa version. L’Espagne, l’Europe, l’Algérie… à qui le tour ?

    Le royaume méprise les Sahraouis, il lit le fonctionnement de leur société à la lumière des archaïsmes de son fonctionnement, selon des clichés du 17ème siècle.
    Pour la tactique diviser pour mieux régner, il s’accroche au mirage d’un fonctionnement tribal. Tribus de sauvages probablement, menés par le bout du nez par les chefs, et non groupe muni d’un fonctionnement démocratique, qui ne peut contourner l’importance de la place des femmes sans qui rien ne se décide, et qui a su s’adapter à l’évolution du monde, protégé par la force de la lutte pour l’indépendance.
    Si pour les besoins de la propagande les services royaux plagient les termes des résistants et de leur République Sahraouie (RASD, proclamée en 1976 sur le sol du Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds), ils n’ont pas mesuré le formidable apprentissage que 35 ans d’exil avaient imposé aux Sahraouis, ni les retombées sur leurs familles vivant en territoires occupés.

    Les uns sont aux ordres du roi, les autres aux ordres de leur liberté.
    Dans l’armée marocaine, où se trouvent des recrus d’origine sahraouie, ceux-ci se rebellent et protestent. Dans les unités du sud du Maroc, Gulmim, Tantan, les sahraouis dénoncent les attaques violentes contre le campements de Gdem Izik, contre leurs familles.
    La réponse dictatoriale c’est d’éloigner tous les soldats d’origine sahraouie à plus de 50 km du mur qu’ils gardent. Et pourtant, des journalistes affirment que des militaires de l’armée du Maroc ont récemment déserté, pour passer le mur et la frontière et rejoindre le Polisario.

    Les sahraouis arrêtés ont été torturés, HRW rapporte le récit de ceux qui osent parler. Et à El Aaiun, chacun sait l’interdiction de montrer ses blessures par balle sous peine d’autres violences et tortures.
    Les meurtrissures enfouies des années de terreur, quand chaque Sahraoui pouvait disparaître enlevé par la police et ne réapparaître pour certain que des années après où jamais, sont à fleur de peaux. Reviennent des photos que l’on avait cru disparues de corps blessés sans les visages, de peur…

    Le roi doit agir…

     
    En règne dictatorial, où les libertés ne sont que surveillées, résoudre un problème ne passe pas par la rhétorique. Quand éliminer le problème par la violence ne fonctionne pas, on tente de changer les paramètres, mais le problème reste. Et en l’occurrence la réalité qu’une brutale invasion, l’appropriation par la force de la terre des voisins n’est pas admissible, malgré toutes les colères et caprices pour convaincre du contraire.
    Et le problème finalement c’est que ces voisins colonisés, les Sahraouis, entendent récupérer toute leur terre pour décider de son avenir, comme c’est justice.

    Apso, 7 décembre 2010.

  • WSRW aux banques internationales : stop au financement de Kosmos

    Western Sahara Resource Watch a demandé aux banques internationales de cesser tout financement supplémentaire de la compagnie pétrolière américaine Kosmos Energy. La société cherche du pétrole au large des côtes du Sahara Occidental occupé.
    Photo ci-dessus : Des Sahraouis réfugiés aux Iles Canaries protestent contre un navire ravitailleur utilisé pour les études sismiques de Kosmos Energy au large du Sahara Occidental, 2009.

    WSRW demande aux banques internationales de suspendre le soutien financier à Kosmos

    Western Sahara Resource Watch (WSRW) a demandé aux banques internationales de cesser tout financement supplémentaire de la compagnie pétrolière américaine Kosmos Energy. La société cherche du pétrole au large des côtes du Sahara Occidental occupé.

    Si le Maroc – à travers son partenaire américain Kosmos Energy – trouvait du pétrole au Sahara Occidental occupé, il contribuerait fortement à miner le processus de paix de l’ONU dans le territoire, et risquerait de déstabiliser le fragile cessez-le-feu dans la région. Selon à un avis juridique des Nations Unies, Kosmos Energy recherche du pétrole dans le territoire en violation du droit international.

    Malgré cela, Kosmos poursuit son programme offshore du territoire occupé.

    Tout en maintenant son programme au large du Sahara Occidental, Kosmos est également l’exploitant d’une importante découverte de pétrole offshore du Ghana. Pour développer le bloc Ghana, Kosmos a augmenté le financement de son projet par un emprunt de 350 millions de dollars US, grâce à des accords avec la Standard Chartered Bank, la BNP Paribas SA, la Société Générale, le Crédit Agricole Corporate & Investment Bank, Crédit Suisse International, Citibank, N.A, Natixis, la HSBC Bank et la FirstRand Bank Limited.

    WSRW a fait appel à ces banques, ainsi qu’à la SFI et l’AFC, de suspendre tout nouveau financement de l’entreprise.

    « Nous pensons que votre soutien financier à la compagnie est très regrettable. A notre avis, la compagnie ne montre aucun respect pour la communauté dans laquelle elle opère. Nous en appelons votre établissement à prendre des mesures comme une institution financière doit le faire, en refusant tout soutien financier additionnel à Kosmos, y compris au Ghana, tant que l’entreprise n’a pas établi et mis en oeuvre une politique de RSE, et commencé à respecter les principes fondamentaux des droits de l’homme » a demandé Western Sahara Resource Watch (WSRW) cette semaine dans une lettre aux banques.

    L’organisation WSRW exhorte depuis plusieurs années, Kosmos à quitter le territoire, mais en vain.

    « Ce petit groupe de banques internationales a une occasion en or de contribuer à stopper l’escalade dans le conflit du Sahara Occidental. Lorsque le forage dans les territoires occupés va commencer, les banques ne souhaiteront pas être associées à cette entreprise contraire à l’éthique. Elles doivent traiter cette question avec Kosmos pendant qu’elles ont encore une chance de le faire « , a déclaré Maiju Kaipiainen, présidente de Western Sahara Resource Watch.

    Kosmos a effectué des analyses sismiques au large du Sahara Occidental en 2009.

    Voir ici un exemple de la lettre envoyée aux banques.

    Pour les questions et commentaires :
    Maiju Kaipiainen
    Western Sahara Resource Watch
    (+358) 50-556 5555, maijukai@hotmail.fi
    www.wsrw.org

  • Sahara occidental : l’Algérie pour le respect de la légalité internationale

    ALGER– L’Algérie réaffirme la nécessité du « respect » de la légalité internationale concernant la question du Sahara occidental, tout en réitérant qu’ »elle n’est pas partie au conflit », a indiqué jeudi à Alger, le directeur général des Affaires politiques et de la sécurité internationales au ministère des Affaires étrangères, Dani Benchaâ. 
    « Nous avons demandé pour que la légalité internationale soit respectée, concernant le conflit au Sahara occidental », a précisé M. Benchaâ lors d’une conférence-débat sur la politique extérieure de l’Algérie animée dans le cadre de la visite officielle des auditeurs de la 117e session du cours principal du collège de Défense de l’Otan à Rome.
    APS, 9/12/2010
  • Solutions marocaines, les impasses successives…

    Le royaume est malmené par les Sahraouis depuis l’invasion barbare du territoire en 1975 et avant même … Après la Nième démonstration de cela pendant tout le mois d’octobre, l’épisode violent et sanglant du 8 novembre n’a rien résolu.

    Sans honte, le Maroc affirme le bilan du 8 novembre et des jours suivants. 11 morts militaires, et 2 civils sahraouis. Les civils sahraouis que l’on a attaqués avec l’armée, la gendarmerie, la police, les forces auxiliaires, les civils, les pompiers, du renfort et encore du renfort…. auraient été les plus forts, avec leurs pierres et leurs couteaux de cuisine. Le bilan est suspect mais affirmé sans complexe, comme pour mieux passer sous silence la raison de la mort des civils – qu’ils ne peuvent pas nier-, l’un sous la torture, l’autre écrasé délibérément et plusieurs fois par une voiture de police après avoir été éjecté du car de son entreprise, l’OCP.

    Le roi doit agir… Et le roi agit, à grand renfort de phrases mécaniques de son agence de propagande, la MAP.


    Il utilise la vieille méthode, la vieille croyance, pourtant inopérante. Pour contenter les Sahraouis, là-bas loin dans le désert, il faut mettre des leurs aux postes de dirigeants. À condition bien sûr que ceux-ci aient adopté les valeurs royales et perdu les leurs.
    Il avait nommé Ahmadou Ould Souelm,un de ces Sahraoui « rallié », comme ambassadeur du Maroc en Espagne, et l’avait coincé dans un placard. Ce vieil atout va enfin entrer en fonction. Ahmadou Ould Souelm a choisi le Maroc il y a 20 ans, en 1991.
    Le roi change aussi en grande pompe le gouverneur de El Aaiun. L’autre Sahraoui « Maraoui » qu’il nomme, Khalil Dkhil, n’a que peu goûté la saveur de la lutte pour la liberté puisqu’il a opté pour le Maroc en 1976. http://www.marocjournal.net/actualites-maroc/18567.html et http://www.marocjournal.net/actualites-maroc/18559.html

    Autre technique, autre tactique. Les sahraouis veulent-ils du travail, 1300 postes sont promis à ceux qui ont des diplômes de haut niveau. Pour tous : des postes de fonctionnaires dans les administrations des villes du Maroc. Ministère de l’intérieur et d’autres. Disperser l’élite, l’éloigner, l’intégrer… D’autres postes sortiront d’un chapeau au détriment des marocains, pour employer fictivement les moins diplômés, et tenter ainsi de les disperser et museler. Tentative de l’efficacité d’un coup d’épée dans l’eau, promesses probablement pas tenues, mais suite logique de la négation du problème de l’autodétermination.

    Cependant, l’édifice se craquelle inexorablement.
    Le roi gesticule, trépigne et insulte ceux qui ne clonent pas sa version. L’Espagne, l’Europe, l’Algérie… à qui le tour ?

    Le royaume méprise les Sahraouis, il lit le fonctionnement de leur société à la lumière des archaïsmes de son fonctionnement, selon des clichés du 17ème siècle.
    Pour la tactique diviser pour mieux régner, il s’accroche au mirage d’un fonctionnement tribal. Tribus de sauvages probablement, menés par le bout du nez par les chefs, et non groupe muni d’un fonctionnement démocratique, qui ne peut contourner l’importance de la place des femmes sans qui rien ne se décide, et qui a su s’adapter à l’évolution du monde, protégé par la force de la lutte pour l’indépendance.
    Si pour les besoins de la propagande les services royaux plagient les termes des résistants et de leur République Sahraouie (RASD, proclamée en 1976 sur le sol du Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds), ils n’ont pas mesuré le formidable apprentissage que 35 ans d’exil avaient imposé aux Sahraouis, ni les retombées sur leurs familles vivant en territoires occupés.

    Les uns sont aux ordres du roi, les autres aux ordres de leur liberté.
    Dans l’armée marocaine, où se trouvent des recrus d’origine sahraouie, ceux-ci se rebellent et protestent. Dans les unités du sud du Maroc, Gulmim, Tantan, les sahraouis dénoncent les attaques violentes contre le campements de Gdem Izik, contre leurs familles.
    La réponse dictatoriale c’est d’éloigner tous les soldats d’origine sahraouie à plus de 50 km du mur qu’ils gardent. Et pourtant, des journalistes affirment que des militaires de l’armée du Maroc ont récemment déserté, pour passer le mur et la frontière et rejoindre le Polisario.

    Les sahraouis arrêtés ont été torturés, HRW rapporte le récit de ceux qui osent parler. Et à El Aaiun, chacun sait l’interdiction de montrer ses blessures par balle sous peine d’autres violences et tortures.
    Les meurtrissures enfouies des années de terreur, quand chaque Sahraoui pouvait disparaître enlevé par la police et ne réapparaître pour certain que des années après où jamais, sont à fleur de peaux. Reviennent des photos que l’on avait cru disparues de corps blessés sans les visages, de peur…

    Le roi doit agir…

     
    En règne dictatorial, où les libertés ne sont que surveillées, résoudre un problème ne passe pas par la rhétorique. Quand éliminer le problème par la violence ne fonctionne pas, on tente de changer les paramètres, mais le problème reste. Et en l’occurrence la réalité qu’une brutale invasion, l’appropriation par la force de la terre des voisins n’est pas admissible, malgré toutes les colères et caprices pour convaincre du contraire.
    Et le problème finalement c’est que ces voisins colonisés, les Sahraouis, entendent récupérer toute leur terre pour décider de son avenir, comme c’est justice.

    Apso, 7 décembre 2010.

  • Ali Aarrass : l’Espagne bafoue les droits d’un ressortissant belge, Bruxelles se tait

    Une triste affaire qui dure depuis plusieurs années inquiète les observateurs des droits de l’homme et de l’égalité entre les citoyens : celle d’un homme de 47 ans, Ali Aarrass, reconnu innocent mais toujours enfermé dans une prison espagnole. Il est aujourd’hui menacé d’être extradé vers un pays qu’il ne connaît pas et où l’on pratique la torture. En 2010, ce qui ne devrait pas se passer se passe, au vu et au su de tous…

    Ali Aarrass est un citoyen détenant la double nationalité belgo-marocaine. Né en territoire espagnol, il a vécu vingt-huit années en Belgique, gérant notamment une librairie bruxelloise. Il y a par ailleurs effectué son service militaire, et, de l’avis de toutes les personnes qui l’ont côtoyé de près ou de loin, était connu pour son intégrité et une honnêteté remarquables. Après ces longues années passées en Belgique, Ali Aarrass a décidé de rejoindre son père à Melilla, la petite enclave espagnole au nord du Maroc, et d’y vivre avec sa femme et sa fille adoptive.

    Comment un citoyen ordinaire apparemment destiné à une vie tranquille a-t-il pu se trouver plongé au cœur d’un drame qui le frappe lui, mais également sa famille et ses proches, depuis plusieurs années maintenant ?
     
    La réponse est à chercher dans la psychose anti-terroriste qui agite l’Europe. On y ferme désormais les yeux devant les exactions des Etats autoritaires. Retraçons brièvement les faits de cette hallucinante succession de hontes pour la justice et pour les droits de l’homme.
     
    En 2008 éclate l’affaire Belliraj, du nom d’un présumé terroriste arrêté par les autorités marocaines. Ces dernières auraient usé de la torture pour arracher à Belliraj des « informations » qui, au hasard des noms glanés, conduiront à des mandats d’arrêts internationaux. Les faits imputés font mention de trafic d’armes, de terrorisme, d’implication dans l’attentat de Casablanca en 2003, etc. Onze personnes sont arrêtées en Belgique et font l’objet d’une enquête mais personne n’est extradé. En effet, il apparaît clairement aux autorités belges et à leurs services de renseignement que le Maroc tente d’obtenir des prisonniers pour des motifs politiques. En Espagne, deux personnes sont arrêtées : Mohamed el Bay et Ali Aarrass.
     
    Nous sommes en avril 2008 et depuis, Ali Aarrass n’est plus un homme libre jouissant de ses droits élémentaires et inaliénables…
     
    Pourtant, et c’est ce qui cause l’étonnement et l’indignation de ses proches et des organisations luttant pour les droits de l’homme, le célèbre juge d’instruction Baltazar Garzon prononce un non-lieu dans le dossier Aarrass : rien, absolument rien, ne peut être reproché à ce citoyen sans histoires. Le Maroc décide alors de réclamer l’extradition d’Ali Aarrass mais les autorités espagnoles ne donnent pas leur accord et depuis deux ans maintenant, postposent leur décision sur l’extradition. Depuis deux ans maintenant, et bien qu’il ait été innocenté, Ali Aarrass croupit dans les geôles espagnoles. Le prisonnier a même été transféré plus vers le sud, plus près du Maroc, de l’arbitraire et de la torture, plongeant sa famille et ses proches dans le désespoir et une cruelle anxiété de chaque instant …
     
    Le scandale réside donc dans cette succession d’injustices : Ali Aarrass est maintenu dans une prison alors qu’il a été blanchi ; en outre il est gardé dans des conditions inhumaines, en isolation la majeure partie du temps ; ensuite, il ne bénéficie pas du droit élémentaire à ne pas être jugé deux fois pour les mêmes charges ; s’ajoute à cela le fait qu’il risque d’être extradé vers un pays que l’usage de la torture et les mauvais traitements a rendu tristement célèbre, diverses organisations indépendantes en faisant état dans leurs rapports de manière incontestable ; enfin, et pour rendre les choses encore plus difficiles à justifier, on apprend la libération très récente de Mohamed el Bay, de nationalité espagnole, qui avait été inculpé et blanchi des mêmes charges qu’ Ali Aarrass.
     
    Mais, comme si cela n’était pas suffisant, l’incompréhensible s’ajoute à l’injustifiable : les autorités belges restent muettes dans une affaire qui concerne un de leur ressortissant. Ces mêmes autorités avaient pourtant bien refusé d’extrader les onze prisonniers arrêtés sur son sol dans l’affaire Belliraj, se méfiant des motivations du Maroc dans ce dossier !
     
    C’est dans ce contexte déjà difficile, inexpliqué et inexplicable, que l’Espagne décide de donner son accord à l’extradition de Ali Aarrass le 19 novembre 2010. Stupeurs et incompréhension frappent les proches et les amis du détenu, tout comme les militants pour l’égalité et les droits de l’homme. De lourds soupçons pèsent néanmoins sur les motivations espagnoles. La décision tombe peu de temps après un scandale qui avait entamé les relations entre l’Espagne et le Maroc : quelques jours plutôt, la presse ibérique avait en effet détourné des photos d’enfants palestiniens pour dénoncer les incursions de la police marocaines dans des camps de réfugiés du Sahara occidental. L’extradition de Ali Aarrass servirait-elle à réchauffer les relations entre Madrid et Rabat ?
     
    L’annonce de l’extradition a suscité diverses réactions. Des rassemblements ont eu lieu devant l’ambassade d’Espagne en Belgique, sans que l’ambassadeur ne daigne toutefois recevoir quiconque. Par ailleurs, un recours à la Cour européenne des Droits de l’Homme a été déposé. Ladite cour a cependant rejeté le recours sous prétexte qu’il n’y aurait pas de preuves de l’usage de la torture au Maroc, ce que démentent de nombreux rapports d’organisations internationales. Enfin, une question parlementaire a été posée par une élue écologiste belge, mais écartée d’un revers de main par le Ministre des Affaires étrangères. Ce dernier affirme ne pas vouloir s’ingérer dans les affaires espagnoles. A chaque tentative de comprendre, d’engager le dialogue et de clamer l’innocence d’un homme affaibli par l’isolement et les grèves de la faim, les autorités et la si mal nommée Justice opposent un silence épouvantable.
     
    En Espagne également, citoyens, proches et hommes politiques même, se mobilisent pour faire entendre la voix de la justice aux oreilles sourdes des dirigeants. La décision du conseil des ministres espagnol d’extrader Ali Aarrass a entraîné plusieurs réactions : d’une part, un communiqué d’Amnesty International qui met en garde contre une extradition synonyme de risque de torture. D’autre part, un appel signé par de prestigieux parlementaires, avocats et juristes britanniques, affirmant qu’ils agissent « sur base de notre propre connaissance de la pratique de la torture par le régime marocain. Et par souci d’éviter à l’Espagne le déshonneur que notre propre gouvernement a subi dans sa complicité avec ces pratiques ». Finalement, le 1er décembre, le directeur des Traités du Haut Commissariat aux droits de l’Homme de l’Onu à Genève, annonçait suspendre temporairement l’extradition d’Ali Aarrass vers le Maroc. Deux mois de sursis. Mais cela sera-t-il suffisant ?
     
    Car au-delà du cas de Ali Aarrass, cette affaire pose une question : comment les gouvernements occidentaux traitent-ils leurs citoyens et leurs ressortissants lorsque ceux-ci portent un nom à consonance étrangère, surtout dans le cas de musulmans ? Ali Aarrass, Oussama Atar, et bien d’autres encore, partagent ce sort de l’oubli et du racisme institutionnels. Du fond de sa cellule espagnole, Ali Aarrass nous adresse ce message :
     
    « Aujourd’hui vendredi 26 novembre 2010, après que ma femme me raconte tout ce que vous faites pour m’aider, j’ai immédiatement décidé de reprendre une grève de la faim, c’est la troisième. J’ai pris cette décision afin de ne pas vous laisser faire seuls. C’est la seule chose que je puisse faire pour mener cette lutte à vos cotés. M’affamer ! Même si après les deux grèves précédentes on n’a pas vraiment accordé d’importance à cette forme de protestation.
    Une chose me parait plus évidente que jamais, quand on s’appelle Ali, quoi qu’on fasse pour clamer son innocence, le sceau de la culpabilité parait ancré dans les esprits de ceux qui nous gouvernent, par le simple biais de ce prénom. »
     
    Les autorités ne respectent pas les droits fondamentaux d’un citoyen européen enfermé injustement depuis plus de deux ans et demi. La plupart des médias ne relaient pas d’informations sur le sujet et restent muets devant les abus des dirigeants. Il revient donc au citoyen de faire entendre sa voix et d’exercer des pressions sur chaque instance et chaque niveau de pouvoir lié à ce scandale judiciaire.
     
    Plus d’informations disponibles sur Ali Aarras et les évolutions de cette affaire, et sur les actions menées pour rétablir justice et vérité, sur le site créé à cette occasion : http://www.freeali.eu/

     Investigaction, 9/12/2010

  • Abdelkader Taleb Omar à Horizons : «La patience a ses limites»

    Dans cet entretien qu’il nous a accordé à Ouserd, dans les camps des réfugiés à Tindouf, Abdelkader Taleb Omar, le Premier ministre sahraoui, revient sur les derniers développements dans les territoires occupés et la détermination des Sahraouis qui ont, à partir de 1991, opté pour la lutte pacifique, de reprendre les armes.

    Il estime que la patience a ses limites. Pour lui, le retour aux armes n’est pas à exclure, après l’attaque meurtrière du camp de la liberté. « Si aucune solution pacifique n’est trouvée, rien n’empêchera les jeunes Sahraouis qui ont déjà manifesté pour en finir avec le colonialisme marocain à reprendre les armes d’un moment à l’autre », dit-il.

    L’Organisation des Nations unies lance des appels incessants pour que le Soudan organise un référendum sur le Sud-Soudan. Vous ne pensez pas qu’il est nécessaire d’insister auprès de l’institution onusienne pour qu’elle amène le Maroc à organiser le référendum d’autodétermination promis ?

    Nous l’espérons bien, parce que la question sahraouie est défendue par le droit international, puisqu’elle est considérée comme une question de décolonisation. Je crois qu’il y a un pays membre permanent du Conseil de sécurité, la France, qui fait obstacle à toutes les initiatives et tous les mécanismes mis en œuvre, en opposant notamment son veto contre l’envoi d’une commission d’enquête internationale sur l’attaque du camp de la liberté qui a fait des dizaines de morts, des milliers de blessés et de disparus.

    Je me demande d’ailleurs pour quelle raison ce pays ne veut pas que le Sahara occidental soit indépendant et veut à tout prix que le Maroc, qu’il protège, contrôle cette zone. Il me semble que la France voit en la guerre le prolongement de la guerre d’Algérie qui, pour elle, n’est pas encore terminée.
    Vous parlez des blocages de la France quant à toute avancée dans la question sahraouie. Est-ce que les représentants du Polisario en France se sont rapprochés des autorités françaises, le président Nicolas Sarkozy notamment, pour en discuter ?

    Bien sûr que oui. Le représentant du Front Polisario a rencontré celui de la France à l’ONU. Il lui a demandé à plusieurs reprises de prendre position non pas en faveur du Sahara occidental mais de la légalité internationale. Nous avons aussi fait savoir à la France qu’elle doit savoir qu’il n’y a pas que le Maroc au Maghreb et que si elle feint de l’ignorer cela nuira à l’équilibre de la région. La politique française actuelle ne sert pas la stabilité dans la région plus que jamais menacée d’embrasement.

    Est-ce que la condamnation de l’attaque du camp de la liberté par le Parlement européen pourrait surseoir à la position française ?

    Cette résolution qui prévoit l’envoi d’une commission d’enquête internationale pour faire toute la lumière sur ce qui s’est passé dans les territoires occupés a eu un grand impact sur le plan international. Ce qui a ébranlé le régime marocain qui n’a pas trouvé mieux que d’organiser une marche à Casablanca pour tenter vainement de réduire l’écho qu’a eu la résolution en question.

    Au lieu de reconnaître l’existence de quelque trente mille Sahraouis qui survivent dans des conditions infrahumaines en raison du blocus imposé par son armée, le Maroc poursuit sa politique de diversion en attribuant les manifestations organisées par le peuple sahraoui pour protester contre leur sort à des groupuscules de fauteurs de troubles. La résolution du Parlement européen est un point politique important pour la lutte des Sahraouis. Nous espérons que cette résolution se répercutera sur la politique française par rapport à la question sahraouie. En tous les cas, nous sommes convaincus que le Parlement européen a un poids moral et politique.

    Au moment où la ministre espagnole des Affaires étrangère a appelé à l’envoi d’une commission d’enquête internationale dans les territoires occupés, Zapatero n’a pas dit un mot sur les massacres des sahraouis du camp de la liberté. Pourquoi ce «silence» à votre avis ?

    Tout le monde a remarqué que le gouvernement espagnol croyait être dans une situation qui ne lui permettait pas de prendre position en faveur du Sahara occidental, après l’attaque du camp de la liberté. Ce qui est important à nos yeux, ce sont assurément ces dirigeants influents, ces militants des droits de l’homme et la société civile qui se sont à maintes reprises levés contre l’attitude officielle de leur pays et ne cessent de faire pression sur leur gouvernement afin de l’amener à changer de position vis-à-vis de la question sahraouie. De nombreuses manifestations ont été organisées presque quotidiennement par ces défenseurs des droits humains, soutenant ainsi le combat des Sahraouis pour leur indépendance, après ce qui s’est passé dans le camp de la liberté.

    Ces derniers temps, l’on parle de plus en plus du retour à la lutte armée, est-ce vrai ?

    Nous attendons l’évolution de la situation. Nous militons pacifiquement pour résoudre le problème sahraoui. Nous avons opté pour la lutte pacifique à partir de 1991. Si aucune solution pacifique n’est trouvée, rien n’empêchera les jeunes Sahraouis qui ont déjà manifesté pour en finir avec le colonialisme marocain à reprendre les armes d’un moment à l’autre. La patience a ses limites. La situation est grave. La reprise ou non des armes dépend de l’évolution des choses. On constate de plus en plus la mobilisation de la communauté internationale qui soutient le peuple sahraoui.

    C’est un signe positif qu’on doit mettre en valeur pour que les institutions internationales pressent le Maroc de respecter les résolutions onusiennes. Cela permettra peut-être d’accélérer le processus de paix dans la région, plus que jamais menacée. Les hommes ont depuis l’attaque du camp de la liberté rejoint leurs unités, car ils doivent se préparer à faire face à d’éventuelles agressions, surtout après l’intention affichée du roi de reprendre les territoires libérés.

    Le Polisario et le Maroc reprendront les négociations. Ne pensez-vous pas que l’attaque du camp de la liberté entravera la suite des pourparlers ?

    C’est certain. Toute négociation doit être engagée dans la sérénité, le calme et la paix. Ce n’est pas le cas pour les dernières négociations informelles engagées par les deux parties sous l’égide des Nations unies. Je dois préciser que l’attaque du 8 novembre dernier, survenue la veille du lancement de ces négociations, n’a pas du tout arrangé les choses.

    Les pourparlers n’ont pas atteint l’objectif escompté. Il est vrai que le roi marocain a dévoilé son intention de reprendre les territoires libérés.

    Horizons, 2/12/2010