Il a appelé lors d’un discours prononcé à cette occasion à construire entre l’Algérie et l’Indonésie une relation « à la mesure de la profondeur historique » des liens existant entre les deux pays.
APS, 10/12/2010
Mois : décembre 2010
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Algérie / Indonésie : M. Ziari reçu par le vice-président de la République d’Indonésie.
Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Abdelaziz Ziari, a été reçu jeudi à Djakarta par le vice-président de la République indonésienne, M. Boediono, en l’absence du président, M. Susilo Bambang Yudhoyono, qui présidait les travaux du 3ème Forum sur la démocratie à Bali. Les deux parties ont évoqué à cette occasion la coopération bilatérale aux plans parlementaire, politique, économique et culturel et les moyens de la renforcer. Dans ce contexte, elles ont souligné la nécessité de hisser les relations économiques au niveau des liens historiques qui existent entre les deux pays.A cet effet, le président de l’APN a chargé M. Boediono de transmettre au président Yudhoyono une invitation du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, à effectuer une visite officielle en Algérie. Il a réitéré, en outre, son invitation aux entreprises indonésiennes à être plus présentes en Algérie et saisir les opportunités offertes aussi bien par le Plan quinquennal 2010-2014 que les autres programmes initiés par les entreprises publiques et privées. Les questions internationales d’actualité, notamment la situation au Proche-Orient, le conflit israélo-palestinien et la question du Sahara occidental, ont été également au centre des entretiens.Dans ce cadre, M. Ziari a réaffirmé la position de l’Algérie concernant la question du Sahara occidental qui, a-t-il rappelé, est une question de décolonisation qui concerne les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario et qui fait l’objet de négociations entre elles dans le cadre des Nations unies. MM. Ziari et Boediono ont souligné, aussi, le droit du peuple palestinien au recouvrement de ses droits inaliénables et à la création de son Etat indépendant avec Al Qods comme capitale. Ils ont évoqué, d’autre part, l’islamophobie ainsi que l’amalgame fait entre Islam et terrorisme. M. Ziari, qui a effectué une visite du 6 au 10 décembre en Indonésie à l’invitation du président de la Chambre des représentants du peuple indonésien, M. Ali Marzuki, s’est entretenu au cours de son séjour avec le président de la Chambre consultative du peuple, M. Taufic Kiemas, et le président du Conseil représentatif des régions, M. Irman Gusman.A cette occasion, M. Ziari a présenté à ses interlocuteurs la situation prévalant en Algérie aussi bien aux plans politique qu’économique ainsi que les opportunités offertes aux entreprises indonésiennes à la faveur du Plan quinquennal 2010-2014. Au plan international, les deux parties ont souligné la convergence de leurs vues concernant, notamment, le soutien à la question palestinienne et la lutte contre le terrorisme. Le président de l’APN s’est, également, entretenu avec le président de la Chambre des représentants du peuple indonésien, M. Ali Marzuki avec qui il a signé un mémorandum d’entente. -
Laâyoune. Des auditions et des procès
La commission d’enquête parlementaire sur les évènements de Laâyoune a démarré son travail sur les chapeaux de roue. Après le ministre de l’Intérieur, Taïeb Cherkaoui, et Mohamed Jelmous (wali de Laâyoune au moment des faits), les députés devaient auditionner Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères. Le 13 décembre, des membres de cette commission, présidée par Rachid Talbi Alami (RNI), doivent arriver au chef-lieu du Sahara (Sahara Occidental, envahi par le Maroc en 1975, ndds) pour enquêter sur place.L’instruction judiciaire, elle, continue de connaître des rebondissements. Un nouveau groupe de personnes vient d’être déféré devant le tribunal militaire. Selon des sources locales, il s’agit de trois individus accusés d’implication directe dans les actes de violence ayant visé les forces de l’ordre. Au total, ce sont 15 personnes, dont une bonne partie des responsables du camp Agdim Izik, qui ont été traduites devant cette juridiction militaire. Et ce n’est que le début…Source : Tel Quel, 09/12/2010
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La grande mutation d’Al Qaïda…
L’information a fait le tour des rédactions du monde. Abdelkrim le Touareg, un émir d’Al Qaida au Maghreb Islamique et non moins accusé d’être l’assassin de l’otage français Michel Germaneau, aurait pris part au « sommet » de la drogue organisé fin octobre dernier dans une petite île dans l’ouest de l’Afrique. Les participants, notamment les gros bonnets des cartels colombiens, leurs responsables chargés de la logistique, divers contrebandiers sahéliens et Abdelkrim le Touareg auraient revu leurs circuits et établi de nouvelles routes pour l’acheminement de leurs cargaisons bourrées de cocaïne. La CIA, elle, avait alerté la Guinée-Bissau que ladite rencontre s’était tenue sur son sol à la fin du mois d’octobre. On apprend également que cette réunion a eu pour cadre une île de l’archipel des Bijagos.A noter que cette réunion intervenait après une série d’arrestations ayant ces derniers mois décapitées les réseaux de distribution de la drogue au Sahel. Il est quand même important de rappeler dans ce sens que la PJ marocaine avait démantelé quelques semaines avant la tenue du dit sommet, en octobre dernier, une branche du réseau accusée d’avoir envoyé pas moins de 600 kg de « coke » vers l’Europe via le Mali, le Maroc et l’Algérie. Taeïb Cherkaoui, ministre de l’Intérieur avait déclaré à ce propos que ce réseau international était dirigé par des cartels basés en Amérique latine : « La drogue en provenance de Colombie et du Venezuela arrivait dans le nord du Mali, où elle était stockée. De là, Aqmi lui faisait traverser le Sahara – par la Mauritanie ou l’Algérie – pour l’acheminer au Maroc, voire jusqu’en Europe ».Parmi les 36 personnes de ce réseau de trafic de drogue en relation avec Al Qaïda, on apprenait que parmi eux se trouvent quatre étrangers de nationalités différentes. En novembre 2009, un Boeing 727 en provenance du Venezuela avait dû se poser en catastrophe dans un champ de mines dans la région de Gao au Mali. Il transportait près de 10 tonnes de cocaïne. Sa marchandise avait été déchargée avant que l’avion ne soit incendié. Pour les analystes les plus avertis, la participation de l’émir d’Aqmi à ce sommet de la coke apporte la preuve de l’intérêt d’Al Qaïda pour le trafic de stupéfiants. Aqmi, qui opère dans une immense zone désertique située aux confins de l’Algérie, de la Mauritanie, du Mali et du Niger, serait pour beaucoup un passage obligé de ce qui est désormais qualifié la « Sahel Connection ».Drogue, prises d’otage : le nouveau visage d’Al Qaïda…
On avance dans le même sens qu’au Mali, les drogues sont devenues de vrai business et de loin le principal moyen de subsistance d’Aqmi. Le budget de fonctionnement est assuré par les trafics, les rançons des otages qui constituent le fonds d’investissement pour les attentats. Antonio Maria Costa, ex-directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), faisait le même constat : « Dans le Sahel, les terroristes puisent dans les ressources du trafic de drogue pour financer leurs opérations, acheter des équipements et payer leurs troupes ». Alors que pour d’autres c’est le contraire, sans pour autant nier l’implication d’Aqmi dans des opération de trafic de drogue : « Pour Aqmi, en termes d’image, ce serait catastrophique…Les services secrets marocains et d’autres pays font passer ce message pour discréditer les terroristes ». Jean-Louis Bruguière, ancien juge français anti-terroriste, préfère lui parler d’agenda plus que d’autre chose. Trois principales missions alimentent la présence d’Aqmi au Sahel, à savoir la déstabilisation du Maghreb, l’usage du Sahel comme base arrière et l’attaque de la France pour des raisons de revanche, en particulier après l’affaire de l’arrestation en 1994 de 2000 sympathisants d’Al Qaïda. Et d’ajouter que le lien entre le terrorisme et le banditisme devient de plus visible et palpable. Constat qui explique qu’aujourd’hui ces organisations terroristes font usage aussi du banditisme pour financer leurs projets terroristes, voire s’enrichir : « Ainsi donc, comme l’Islam radical, le trafic de drogue et le crime organisé deviennent à défaut de fins politiques à l’horizon, une arme incontournable pour s’autofinancer ». Jean-Baptiste Carpentier, directeur du programme du Tracfin (un organisme du ministère des Finances français chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent), souligne avec conviction qu’aujourd’hui, l’enjeu d’Al Qaïda a totalement changé de taille : « Nous somme passés d’un contexte où le banditisme était un moyen de financement du terrorisme à une situation où le terrorisme est devenu un prétexte pour justifier le crime organisé et le banditisme ».Terrorisme et banditisme : deux faces de la même pièce…
Et d’expliquer que ce changement de vision et de tactique s’est imposé par la force des choses. C’est dire que pour une organisation terroriste comme Al Qaïda, on n’avait pas le choix. Dans tous les cas, il estime que cela n’est en aucun cas un fait du hasard et que tout a été calculé au niveau de l’état-major d’Al Qaïda. L’argument de Carpentier est sans équivoque : « Il est aujourd’hui plus facile de recruter des criminels que des terroristes, et il est aussi plus facile pour une organisation criminelle de perdurer qu’une organisation terroriste sans fondement idéologique », a-t-il dit avant de conclure que partant de ce constat, la survie d’une organisation terroriste sur la base du crime organisé devient possible et garantie, surtout si on est en face d’un mouvement radical non rentable politiquement et incapable de continuer et d’atteindre ses objectifs politiques. Amadou Marou, Président du Conseil Consultatif National du Niger voit, lui, une problématique régionale. Au Sahel, dit Amadou Marou, il y un Islam modéré et le principal objectif d’Aqmi reste la « Somalisation » de la région. Et de poursuivre dans le même sens que si un tel objectif se réalise un jour, la situation sera des plus catastrophiques pour tous. A noter, dit-il, que la région du Sahara au Sahel est d’une grande superficie d’environ 1,2 million de Km2 d’où l’impossibilité du contrôle et de la maîtrise. Ceci dit, la situation deviendra encore plus incontrôlable à défaut d’Etats forts et engloutis dans des guerres civiles. C’est dire in fine qu’aujourd’hui, tout bascule. Que ce soit le terrorisme, le crime organisé ou encore le trafic humain et d’armes, la branche d’Al Qaïda dans le Maghreb islamique abat toutes les cartes. Il semble que tout est jouable pour déstabiliser toute une région…déjà affaiblie par des querelles de voisinage, le sous-développement, la sécheresse, la pauvreté et les guerres civiles…Hassan Zaatit -
Algérie / Indonésie : M. Ziari reçu par le vice-président de la République d’Indonésie.
Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Abdelaziz Ziari, a été reçu jeudi à Djakarta par le vice-président de la République indonésienne, M. Boediono, en l’absence du président, M. Susilo Bambang Yudhoyono, qui présidait les travaux du 3ème Forum sur la démocratie à Bali. Les deux parties ont évoqué à cette occasion la coopération bilatérale aux plans parlementaire, politique, économique et culturel et les moyens de la renforcer. Dans ce contexte, elles ont souligné la nécessité de hisser les relations économiques au niveau des liens historiques qui existent entre les deux pays.A cet effet, le président de l’APN a chargé M. Boediono de transmettre au président Yudhoyono une invitation du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, à effectuer une visite officielle en Algérie. Il a réitéré, en outre, son invitation aux entreprises indonésiennes à être plus présentes en Algérie et saisir les opportunités offertes aussi bien par le Plan quinquennal 2010-2014 que les autres programmes initiés par les entreprises publiques et privées. Les questions internationales d’actualité, notamment la situation au Proche-Orient, le conflit israélo-palestinien et la question du Sahara occidental, ont été également au centre des entretiens.Dans ce cadre, M. Ziari a réaffirmé la position de l’Algérie concernant la question du Sahara occidental qui, a-t-il rappelé, est une question de décolonisation qui concerne les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario et qui fait l’objet de négociations entre elles dans le cadre des Nations unies. MM. Ziari et Boediono ont souligné, aussi, le droit du peuple palestinien au recouvrement de ses droits inaliénables et à la création de son Etat indépendant avec Al Qods comme capitale. Ils ont évoqué, d’autre part, l’islamophobie ainsi que l’amalgame fait entre Islam et terrorisme. M. Ziari, qui a effectué une visite du 6 au 10 décembre en Indonésie à l’invitation du président de la Chambre des représentants du peuple indonésien, M. Ali Marzuki, s’est entretenu au cours de son séjour avec le président de la Chambre consultative du peuple, M. Taufic Kiemas, et le président du Conseil représentatif des régions, M. Irman Gusman.A cette occasion, M. Ziari a présenté à ses interlocuteurs la situation prévalant en Algérie aussi bien aux plans politique qu’économique ainsi que les opportunités offertes aux entreprises indonésiennes à la faveur du Plan quinquennal 2010-2014. Au plan international, les deux parties ont souligné la convergence de leurs vues concernant, notamment, le soutien à la question palestinienne et la lutte contre le terrorisme. Le président de l’APN s’est, également, entretenu avec le président de la Chambre des représentants du peuple indonésien, M. Ali Marzuki avec qui il a signé un mémorandum d’entente.Il a appelé lors d’un discours prononcé à cette occasion à construire entre l’Algérie et l’Indonésie une relation « à la mesure de la profondeur historique » des liens existant entre les deux pays.
APS, 10/12/2010 -
Maroc – Mali : alliance pour déstabiliser le Sahel
Le Maroc cultive le cannabis et continue de crier à la lutte contre le trafic de drogue, dans laquelle prétend être un rempart.
Le Maroc commet des actes terroristes au Maroc et ailleurs (11 Mars 2004, à Madrid, le génocide commis contre le peuple du Sahara Occidental le 8 novembre dernier, les multiples agression contre les enclaves espagnols de Ceuta et Melilla, etc.) et continue de se poser en rempart contre le terrorisme.Les câbles de Wikileaks ont été très clairs à ce suiet : « Les USA ont exprimé à l’Algérie leur inquiétude quant à la souplesse des autorités marocaines dans la lutte contre le trafic de drogue et la transformation du royaume en lieu de rencontres pour les trafiquants de drogue Colombiens, et de devenir aussi un passage au nord ouest africain ainsi que le bénéfice de l’organisation d’Al Qaida au Maghreb Islamique de ses revenus. »
Devant les recettes obtenues par Rabat grâce aux centaines de zodiaques parquées dans la région de Nador au vu et au su de toute la communauté internationale, le Mali essaie de profiter de ce trafic pour faire développer des contrées largement oubiées : l’Azaouad. Voici un excellent reportage de Sonia Rilley sur comment AQMI est devenu un Etat dans l’Etat malien, avec la complicité des responsables maliens.L’entreprise AqmiPar Sonia Rolley, 10/12/2010Prises d’otages, déclarations chocs, légitimation par Oussama ben Laden lui-même, Aqmi prend du galon. Les autorités françaises sont même allées jusqu’à parler en septembre dernier d’un risqué d’attentat en France perpétré par la «branche» sahélienne d’al-Qaida. Et
si la vision politique et médiatique d’al-Qaida au Maghreb islamique cachait sa véritable nature, celle d’une entreprise, qui s’est diversifiée, a investi dans de nombreux secteurs de l’économie, légale comme illégale? En filant la métaphore de l’entreprise, voilà à quoi ressemble Aqmi.
La naissance: le changement de raison sociale du GSPCAl-Qaida au Maghreb Islamique n’existe que depuis le 11 septembre 2006. Comme beaucoup de sociétés le font pour se relancer, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) algérien choisit de changer de nom à cette date emblématique et de revendiquer
son allégeance à un groupe plus large, plus «bankable» que lui: l’organisation terroriste qui à l’époque fait trembler le monde entier. Et le GSPC avait bien besoin de ce coup de pub. Si dans les années 1990, il comptait encore plusieurs milliers de membres, le nombre de ses employés n’a, depuis, de cesse de diminuer. Il fait face à un problème marketing: son discours né convainc plus en Algérie. Résultat, les martyrs sont de moins en moins nombreux
et ses réseaux logistiques se réduisent peu à peu sous la pression des attaques et de la politique de réconciliation du gouvernement algérien. Devant la diminution progressive de ses ressources, le GSPC se devait de réagir. «Le Sahel appartenait à la 9e région du GSPC. Dans un premier temps, cette branche de l’organisation devait comme le reste du GSPC combattre les forces algériennes. Mais par la force des choses, l’appui logistique ayant été coupé, le GSPC a été dans l’obligation d’étendre son territoire au-delà de ses bases algériennes et de
chercher de l’argent ailleurs», explique Louis Caprioli, consultant pour le groupe GEOS et ancien sous-directeur de la lutte contre le terrorisme à la DST.
Et aujourd’hui Aqmi se divise clairement en deux branches, la branche algérienne et celle qui
intervient au Sahel.
Un champ d’action territorialLe Sahel, une zone en rébellion de plus de 40 ans, abandonnée par les pouvoirs centraux au Niger ou au Mali, était un territoire à prendre, un territoire où les populations vivent dans l’extrême pauvreté. Mais le Sahel est aussi le carrefour de tous les trafics (cigarettes, voitures volées, alcool, drogue, immigration clandestine).
Pour ceux qui disposent d’armes, il y a toujours une manière de se faire de l’argent. (Carte: zone d’influence d’Aqmi / Orthuberra via Wikimedia Commons CC license by)
LES RESSOURCES
Le traficC’est la première source de financement développée historiquement par Aqmi et la spécialité de Mokhtar Benmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, l’un des chefs d’Aqmi. Il touché un peu à tout, aux trafics de cigarettes, de voitures volées et même d’alcool. Mais en haut lieu, les dents commencent à grincer, on lui reproche son attitude peu «islamiste», ce qui lui avait déjà voulu de perdre la direction de la région 9 du GSPC.
Les taxes
Une fois par an, le conseil des chefs d’Aqmi se réunit. Comme tout conseil d’administration, il fait le point sur les activités de l’entreprise Aqmi, ses opérations, ses sources de financement. Et en 2008 s’opère un premier changement. «Les membres d’al-Qaida au Maghreb islamique né devaient plus prendre eux-mêmes part aux trafics, mais instaurer des taxes sur des trafics déjà existants. Une sorte de droit de passage», explique Mathieu Guidère, auteur d’Al Qaida à la conquête du Maghreb. Cela va concerner surtout le trafic de drogue et l’immigration clandestine. Dans un cas comme dans l’autre, tout transite par le Sahel avant d’aller en Europe. Pour preuve, cet avion venu de Bogota, qui a atterri en novembre 2009 près de Gao dans le nord du Mali et n’a jamais pu repartir. Les trafiquants de drogue sud-américains utilisent de plus en plus l’Afrique de l’ouest et le Sahel pour faire rentrer la drogue sur le territoire européen, via le Maroc ou la Libye. Il suffit donc à l’organisation de taxer les responsables de ses filières qui transitent sur son territoire, leur offrant en échange un sauf-conduit et une protection. Selon Mathieu Guidère, ces taxes vont très vite prendre le pas sur les autres trafics moins lucratifs.
Les prises d’otagesNouveau changement de cap, nouvelle réunion des chefs d’Aqmi, fin décembre 2008, l’un des bras droits de Yahia Djouadi, l’émir du Sahara, propose une nouvelle stratégie plus compatible, de son point de vue, avec le Jihad. Abdelamid Abou Zeïd a lui aussi fait ses classes dans le maquis algérien. Mais il est plus radical que l’autre chef de «Katiba», de section, Mokhtar Benmokhtar. Il propose de développer la branche d’activités liées aux «prisonniers de guerre», les prises d’otages d’expatriés, si possibles originaires de pays «mécréants» impliqués dans le conflit en Afghanistan contre la maison mère. Aqmi n’en est pas à son coût d’essai. Le GSPC non plus d’ailleurs même si les prises d’otage n’étaient qu’une activité marginale. Les Français Pierre Camatte et Michel Germaneau, le Britannique Edwyn Dyer, le Canadien Robert Fowler, les Espagnols Albert Vilalta, Alicia Gámez et Roque Pascual, la liste s’allonge encore avec en septembre l’enlèvement de 7 personnes à Arlit au nord du Niger, 5 Français, un Togolais et un Malgache. Au total depuis sa création, Aqmi aurait touché quelque 70 millions d’euros, à raison en moyenne de 2 millions par otage.
«Les prises d’otage ne vont pas supplanter les taxes sur les trafics, explique toutefois Mathieu Guidère. Car ces taxes sont des sources de revenus beaucoup plus régulières. Le kidnapping n’est une source de revenus occasionnelle et ponctuelle. Ce n’est donc pas possible de les substituer.» C’est également l’avis de Louis Caprioli qui estime que ces taxes rapportent à Aqmi beaucoup plus encore que les rançons si médiatisées.
MarketingLes prises d’otages servent aussi de campagne de communication à l’entreprise. En se multipliant, en devenant de plus en plus médiatiques, ils font finalement la renommée d’al-Qaida au Maghreb islamique, bien au-delà des opérations sans envergure de la branche algérienne d’Aqmi. Car si les chefs officiels du mouvement –le numéro 1 Abdelmalek Droukdel et Yahia Djouadi– sont toujours en territoire algérien, l’attention de la communauté internationale se focalise sur le Sahel et sur ses chefs de Katiba. Honneur suprême, cette évolution leur vaudra en octobre 2010 un mot du chef suprême Oussama Ben Laden, qui, dans un message, évoque pour la première fois les activités de la branche sahélienne d’al-Qaida (Droukdel, lui, fait entrer Ben Laden dans les négociations sur les otages français le 18 novembre 2010). Une labellisation qui, aux yeux d’un Abou Zeïd, vaut plus que toutes les récompenses, armes ou formateurs. Car il n’y a strictement aucun lien opérationnel entre l’organisation au Sahel et al-Qaida, assurent les spécialistes du dossier. Tout ce que les deux organisations partagent, c’est un nom et peut-être une idéologie.
LES PRINCIPAUX POSTES DE DÉPENSESQue fait Aqmi de ses millions? L’organisation compte au mieux dans le Sahel quelque 300 membres actifs. Dispersés en petits groupes, ils sont toujours en mouvement pour éviter d’être repérés. Et même s’ils sont mieux armés, équipés de moyens modernes de communication, rien dans leurs équipements n’indique un investissement exceptionnel, ni armes lourdes, ni chars de combats et encore moins une aviation. Car si Aqmi est officiellement en guerre, c’est au nord, contre l’armée algérienne. Sa branche sahélienne né s’attaque quasiment jamais aux militaires de la région. Il n’y a pas là non plus d’attaques de grande ampleur,
ni d’opération massive de recrutement. En Algérie, non plus, l’activité terroriste n’a pas pris d’ampleur, au contraire. «Si vous regardez bien depuis le mois d’août 2008, vous n’avez plus eu de grandes opérations militaires réalisées par cette organisation sur le territoire algérien,
explique Louis Caprioli. Ça veut dire qu’elle est en position de faiblesse. Elle n’est plus capable de faire de grands attentats suicides.»
Aujourd’hui, la branche algérienne d’Aqmi né compterait plus que quelques centaines de membres, 600 selon les plus hautes estimations.
La sous-traitanceAvec 300 personnes à peine, aussi mobiles, la branche sahélienne d’Aqmi n’accomplirait rien directement. En fait, l’organisation soustraite à peu près tout: l’achat d’armes, de nourriture, d’essence ou d’eau. Elle a ses approvisionneurs attitrés. Cela vaut aussi pour les otages. Selon Mathieu Guidère, seule la dernière vague d’enlèvement, celle d’Arlit, a été dirigée par Abou Zeïd. Les autres ont été capturés par des groupes armées locaux qui par la suite les ont revendu à Aqmi. «Ces groupes locaux ont besoin d’argent, mais n’ont pas les capacités de
maintenir des personnes en otage plusieurs mois, explique Mathieu Guidère. Ce n’est pas comme en Somalie ou au Nigéria. Ils n’ont ni l’expérience, ni la logistique nécessaire, ni même l’idée de mener à bien une telle opération.» C’est aussi l’opinion de Louis Caprioli: «Lorsqu’un
diplomate canadien (NDLR: Robert Fowler) est enlevé à proximité de Niamey, la capitale nigérienne, cela né fait aucun doute, il y a des complices locaux qui enlèvent des expatriés pour les vendre ensuite à Aqmi.» Ces groupes locaux sont payés, mais sans aucune mesure avec le montant annoncé des rançons.«En cas de prise d’otage, la chaîné d’intermédiaires est terriblement longue et chacun prélève
sa part.» Il y a deux ou trois négociateurs qui ont pignon sur rue à Bamako, les chefs locaux voisins d’Aqmi et puis des contacts sur le terrain qui savent plus ou moins où trouver les membres de l’organisation. C’est une protection pour les chefs d’Aqmi qui sont très difficile à joindre et cela explique aussi pourquoi il est parfois difficile de prendre contact avec eux. «Mais je né peux pas croire qu’ils se laissent dépouiller par les négociateurs, car finalement ce sont eux qui détiennent la clef du problème», affirme pour sa part Louis Caprioli. Une opinion partagée par Adam Thiam, l’éditorialiste du quotidien malien Le Républicain: «Je né peux pas croire que les chefs de tribus voisins d’Aqmi sont si bien payés, sinon ils vivraient
beaucoup mieux qu’aujourd’hui, ils sont loin de rouler sur l’or.» Pourtant, il y a de plus en plus de constructions à Tombouctou, à Gao ou Kidal. L’immobilier dans le nord du Mali né connaît pas la crise. Le prix du ciment explose. Or investir dans le bâtiment, c’est la meilleure manière de blanchir de l’argent sale. Pour Adam Thiam, on est bien loin de l’explosion dénoncée par certains élus du nord, mais tout de même, cela montre un certain dynamisme de
la région. Est-ce pour autant Aqmi qui investit? Rien n’est moins sûr. «Pour moi, ce n’est pas directement Aqmi qui investit dans les villes, mais ces gros commerçants qui profitent d’Aqmi et du narcotrafic pour s’enrichir, cela né concerne que quelques personnes.»
Irriguer tout le tissu socialAqmi redistribue largement pour s’assurer de la non-hostilité des populations locales. «La population né subit pas Aqmi, en tout cas pas au point de provoquer un rejet, explique Mathieu Guidère. Aqmi né l’attaque pas, n’enlève pas d’habitants de la région. L’organisation terroriste participe indirectement à la vie économique du nord du Sahel.» C’est pour cela que l’organisation avait choisi à l’origine de s’installer au nord du Mali et du Niger, les habitants
sont rétifs au pouvoir central et extrêmement pauvres. L’Etat y est pratiquement absent.«Ils se sont imposés par les activités économiques, ils donnent de l’argent aux gens pour créer des petits commerces et ça leur sert ensuite de sources d’approvisionnement», raconte Mohamed Ould Mahmoud, ancien directeur d’Oxfam au Mali et expert en développement, originaire de Tombouctou. Lui a vu comment Aqmi s’est attirée les faveurs d’une partie de la population en payant comptant et sans négocier la moindre marchandise ou en distribuant des médicaments. «Aqmi, c’est l’Etat là où il n’y en a pas», rebondit son compatriote Adam Thiam. Déjà très pauvre, la bande sahélo-saharienne est touchée de plein fouet par la crise
économique et une terrible sécheresse. Les revenus touristiques sont en baisse depuis des années à cause dans un premier temps de la prolifération des groupes armés et dernièrement
bien sûr des prises d’otages.
Les groupes rebelles du nord du Mali et du Niger ont fini dans leur grande majorité par rallier les pouvoirs centraux, mais sans obtenir les contre-parties attendues. «Le tissu socio-économique est dans un tel état que n’importe quelle source de revenus est la bienvenue. La population ne va pas regarder d’où vient l’argent», explique encore Mathieu Guidère.Aqmi serait-elle une alternative à des Etats défaillants? Mohamed Ould Mahmoud, lui, s’oppose vigoureusement à cette idée. De même qu’à celle d’une population entièrement dévouée à Aqmi, complice de ses actions: «Quel autre choix ont-ils? Ils ont peur d’actions de représailles. Aqmi décide qui travaille ou pas dans le secteur des transports par exemple.» Arrivée sur la pointe des pieds, l’organisation sahélienne s’impose peu en peu comme une entreprise monopolistique. Son ombré plane sur tous les secteurs d’activité. Les commerçants locaux heureux hier d’avoir quelqu’un à approvisionner prennent du galon. «Une nouvelle aristocratie est en train d’émerger.» Pour lui, il né faut pas non plus distinguer les narcotrafiquants des terroristes: «Ceux qui font du trafic de drogue s’installent dans les capitales régionales, à Gao, à Tombouctou. Là-bas, ils bénéficient d’une certaine immunité. Les autres sont dans le désert. Ils apparaissent plus idéologiques. Mais la finalité est la même ». Et cette finalité, c’est de faire de l’argent. Pour continuer à exister.
Source : Blogs Philhadj.fr, 10/12/2010
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Laâyoune. Des auditions et des procès
La commission d’enquête parlementaire sur les évènements de Laâyoune a démarré son travail sur les chapeaux de roue. Après le ministre de l’Intérieur, Taïeb Cherkaoui, et Mohamed Jelmous (wali de Laâyoune au moment des faits), les députés devaient auditionner Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères. Le 13 décembre, des membres de cette commission, présidée par Rachid Talbi Alami (RNI), doivent arriver au chef-lieu du Sahara (Sahara Occidental, envahi par le Maroc en 1975, ndds) pour enquêter sur place.L’instruction judiciaire, elle, continue de connaître des rebondissements. Un nouveau groupe de personnes vient d’être déféré devant le tribunal militaire. Selon des sources locales, il s’agit de trois individus accusés d’implication directe dans les actes de violence ayant visé les forces de l’ordre. Au total, ce sont 15 personnes, dont une bonne partie des responsables du camp Agdim Izik, qui ont été traduites devant cette juridiction militaire. Et ce n’est que le début…Source : Tel Quel, 09/12/2010
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La grande mutation d’Al Qaïda…
L’information a fait le tour des rédactions du monde. Abdelkrim le Touareg, un émir d’Al Qaida au Maghreb Islamique et non moins accusé d’être l’assassin de l’otage français Michel Germaneau, aurait pris part au « sommet » de la drogue organisé fin octobre dernier dans une petite île dans l’ouest de l’Afrique. Les participants, notamment les gros bonnets des cartels colombiens, leurs responsables chargés de la logistique, divers contrebandiers sahéliens et Abdelkrim le Touareg auraient revu leurs circuits et établi de nouvelles routes pour l’acheminement de leurs cargaisons bourrées de cocaïne. La CIA, elle, avait alerté la Guinée-Bissau que ladite rencontre s’était tenue sur son sol à la fin du mois d’octobre. On apprend également que cette réunion a eu pour cadre une île de l’archipel des Bijagos.A noter que cette réunion intervenait après une série d’arrestations ayant ces derniers mois décapitées les réseaux de distribution de la drogue au Sahel. Il est quand même important de rappeler dans ce sens que la PJ marocaine avait démantelé quelques semaines avant la tenue du dit sommet, en octobre dernier, une branche du réseau accusée d’avoir envoyé pas moins de 600 kg de « coke » vers l’Europe via le Mali, le Maroc et l’Algérie. Taeïb Cherkaoui, ministre de l’Intérieur avait déclaré à ce propos que ce réseau international était dirigé par des cartels basés en Amérique latine : « La drogue en provenance de Colombie et du Venezuela arrivait dans le nord du Mali, où elle était stockée. De là, Aqmi lui faisait traverser le Sahara – par la Mauritanie ou l’Algérie – pour l’acheminer au Maroc, voire jusqu’en Europe ».Parmi les 36 personnes de ce réseau de trafic de drogue en relation avec Al Qaïda, on apprenait que parmi eux se trouvent quatre étrangers de nationalités différentes. En novembre 2009, un Boeing 727 en provenance du Venezuela avait dû se poser en catastrophe dans un champ de mines dans la région de Gao au Mali. Il transportait près de 10 tonnes de cocaïne. Sa marchandise avait été déchargée avant que l’avion ne soit incendié. Pour les analystes les plus avertis, la participation de l’émir d’Aqmi à ce sommet de la coke apporte la preuve de l’intérêt d’Al Qaïda pour le trafic de stupéfiants. Aqmi, qui opère dans une immense zone désertique située aux confins de l’Algérie, de la Mauritanie, du Mali et du Niger, serait pour beaucoup un passage obligé de ce qui est désormais qualifié la « Sahel Connection ».Drogue, prises d’otage : le nouveau visage d’Al Qaïda…
On avance dans le même sens qu’au Mali, les drogues sont devenues de vrai business et de loin le principal moyen de subsistance d’Aqmi. Le budget de fonctionnement est assuré par les trafics, les rançons des otages qui constituent le fonds d’investissement pour les attentats. Antonio Maria Costa, ex-directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), faisait le même constat : « Dans le Sahel, les terroristes puisent dans les ressources du trafic de drogue pour financer leurs opérations, acheter des équipements et payer leurs troupes ». Alors que pour d’autres c’est le contraire, sans pour autant nier l’implication d’Aqmi dans des opération de trafic de drogue : « Pour Aqmi, en termes d’image, ce serait catastrophique…Les services secrets marocains et d’autres pays font passer ce message pour discréditer les terroristes ». Jean-Louis Bruguière, ancien juge français anti-terroriste, préfère lui parler d’agenda plus que d’autre chose. Trois principales missions alimentent la présence d’Aqmi au Sahel, à savoir la déstabilisation du Maghreb, l’usage du Sahel comme base arrière et l’attaque de la France pour des raisons de revanche, en particulier après l’affaire de l’arrestation en 1994 de 2000 sympathisants d’Al Qaïda. Et d’ajouter que le lien entre le terrorisme et le banditisme devient de plus visible et palpable. Constat qui explique qu’aujourd’hui ces organisations terroristes font usage aussi du banditisme pour financer leurs projets terroristes, voire s’enrichir : « Ainsi donc, comme l’Islam radical, le trafic de drogue et le crime organisé deviennent à défaut de fins politiques à l’horizon, une arme incontournable pour s’autofinancer ». Jean-Baptiste Carpentier, directeur du programme du Tracfin (un organisme du ministère des Finances français chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent), souligne avec conviction qu’aujourd’hui, l’enjeu d’Al Qaïda a totalement changé de taille : « Nous somme passés d’un contexte où le banditisme était un moyen de financement du terrorisme à une situation où le terrorisme est devenu un prétexte pour justifier le crime organisé et le banditisme ».Terrorisme et banditisme : deux faces de la même pièce…
Et d’expliquer que ce changement de vision et de tactique s’est imposé par la force des choses. C’est dire que pour une organisation terroriste comme Al Qaïda, on n’avait pas le choix. Dans tous les cas, il estime que cela n’est en aucun cas un fait du hasard et que tout a été calculé au niveau de l’état-major d’Al Qaïda. L’argument de Carpentier est sans équivoque : « Il est aujourd’hui plus facile de recruter des criminels que des terroristes, et il est aussi plus facile pour une organisation criminelle de perdurer qu’une organisation terroriste sans fondement idéologique », a-t-il dit avant de conclure que partant de ce constat, la survie d’une organisation terroriste sur la base du crime organisé devient possible et garantie, surtout si on est en face d’un mouvement radical non rentable politiquement et incapable de continuer et d’atteindre ses objectifs politiques. Amadou Marou, Président du Conseil Consultatif National du Niger voit, lui, une problématique régionale. Au Sahel, dit Amadou Marou, il y un Islam modéré et le principal objectif d’Aqmi reste la « Somalisation » de la région. Et de poursuivre dans le même sens que si un tel objectif se réalise un jour, la situation sera des plus catastrophiques pour tous. A noter, dit-il, que la région du Sahara au Sahel est d’une grande superficie d’environ 1,2 million de Km2 d’où l’impossibilité du contrôle et de la maîtrise. Ceci dit, la situation deviendra encore plus incontrôlable à défaut d’Etats forts et engloutis dans des guerres civiles. C’est dire in fine qu’aujourd’hui, tout bascule. Que ce soit le terrorisme, le crime organisé ou encore le trafic humain et d’armes, la branche d’Al Qaïda dans le Maghreb islamique abat toutes les cartes. Il semble que tout est jouable pour déstabiliser toute une région…déjà affaiblie par des querelles de voisinage, le sous-développement, la sécheresse, la pauvreté et les guerres civiles…Hassan Zaatit -
Maroc – Mali : alliance pour déstabiliser le Sahel
Le Maroc cultive le cannabis et continue de crier à la lutte contre le trafic de drogue, dans laquelle prétend être un rempart.
Le Maroc commet des actes terroristes au Maroc et ailleurs (11 Mars 2004, à Madrid, le génocide commis contre le peuple du Sahara Occidental le 8 novembre dernier, les multiples agression contre les enclaves espagnols de Ceuta et Melilla, etc.) et continue de se poser en rempart contre le terrorisme.Les câbles de Wikileaks ont été très clairs à ce suiet : « Les USA ont exprimé à l’Algérie leur inquiétude quant à la souplesse des autorités marocaines dans la lutte contre le trafic de drogue et la transformation du royaume en lieu de rencontres pour les trafiquants de drogue Colombiens, et de devenir aussi un passage au nord ouest africain ainsi que le bénéfice de l’organisation d’Al Qaida au Maghreb Islamique de ses revenus. »
Devant les recettes obtenues par Rabat grâce aux centaines de zodiaques parquées dans la région de Nador au vu et au su de toute la communauté internationale, le Mali essaie de profiter de ce trafic pour faire développer des contrées largement oubiées : l’Azaouad. Voici un excellent reportage de Sonia Rilley sur comment AQMI est devenu un Etat dans l’Etat malien, avec la complicité des responsables maliens.L’entreprise AqmiPar Sonia Rolley, 10/12/2010Prises d’otages, déclarations chocs, légitimation par Oussama ben Laden lui-même, Aqmi prend du galon. Les autorités françaises sont même allées jusqu’à parler en septembre dernier d’un risqué d’attentat en France perpétré par la «branche» sahélienne d’al-Qaida. Et
si la vision politique et médiatique d’al-Qaida au Maghreb islamique cachait sa véritable nature, celle d’une entreprise, qui s’est diversifiée, a investi dans de nombreux secteurs de l’économie, légale comme illégale? En filant la métaphore de l’entreprise, voilà à quoi ressemble Aqmi.
La naissance: le changement de raison sociale du GSPCAl-Qaida au Maghreb Islamique n’existe que depuis le 11 septembre 2006. Comme beaucoup de sociétés le font pour se relancer, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) algérien choisit de changer de nom à cette date emblématique et de revendiquer
son allégeance à un groupe plus large, plus «bankable» que lui: l’organisation terroriste qui à l’époque fait trembler le monde entier. Et le GSPC avait bien besoin de ce coup de pub. Si dans les années 1990, il comptait encore plusieurs milliers de membres, le nombre de ses employés n’a, depuis, de cesse de diminuer. Il fait face à un problème marketing: son discours né convainc plus en Algérie. Résultat, les martyrs sont de moins en moins nombreux
et ses réseaux logistiques se réduisent peu à peu sous la pression des attaques et de la politique de réconciliation du gouvernement algérien. Devant la diminution progressive de ses ressources, le GSPC se devait de réagir. «Le Sahel appartenait à la 9e région du GSPC. Dans un premier temps, cette branche de l’organisation devait comme le reste du GSPC combattre les forces algériennes. Mais par la force des choses, l’appui logistique ayant été coupé, le GSPC a été dans l’obligation d’étendre son territoire au-delà de ses bases algériennes et de
chercher de l’argent ailleurs», explique Louis Caprioli, consultant pour le groupe GEOS et ancien sous-directeur de la lutte contre le terrorisme à la DST.
Et aujourd’hui Aqmi se divise clairement en deux branches, la branche algérienne et celle qui
intervient au Sahel.
Un champ d’action territorialLe Sahel, une zone en rébellion de plus de 40 ans, abandonnée par les pouvoirs centraux au Niger ou au Mali, était un territoire à prendre, un territoire où les populations vivent dans l’extrême pauvreté. Mais le Sahel est aussi le carrefour de tous les trafics (cigarettes, voitures volées, alcool, drogue, immigration clandestine).
Pour ceux qui disposent d’armes, il y a toujours une manière de se faire de l’argent. (Carte: zone d’influence d’Aqmi / Orthuberra via Wikimedia Commons CC license by)
LES RESSOURCES
Le traficC’est la première source de financement développée historiquement par Aqmi et la spécialité de Mokhtar Benmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, l’un des chefs d’Aqmi. Il touché un peu à tout, aux trafics de cigarettes, de voitures volées et même d’alcool. Mais en haut lieu, les dents commencent à grincer, on lui reproche son attitude peu «islamiste», ce qui lui avait déjà voulu de perdre la direction de la région 9 du GSPC.
Les taxes
Une fois par an, le conseil des chefs d’Aqmi se réunit. Comme tout conseil d’administration, il fait le point sur les activités de l’entreprise Aqmi, ses opérations, ses sources de financement. Et en 2008 s’opère un premier changement. «Les membres d’al-Qaida au Maghreb islamique né devaient plus prendre eux-mêmes part aux trafics, mais instaurer des taxes sur des trafics déjà existants. Une sorte de droit de passage», explique Mathieu Guidère, auteur d’Al Qaida à la conquête du Maghreb. Cela va concerner surtout le trafic de drogue et l’immigration clandestine. Dans un cas comme dans l’autre, tout transite par le Sahel avant d’aller en Europe. Pour preuve, cet avion venu de Bogota, qui a atterri en novembre 2009 près de Gao dans le nord du Mali et n’a jamais pu repartir. Les trafiquants de drogue sud-américains utilisent de plus en plus l’Afrique de l’ouest et le Sahel pour faire rentrer la drogue sur le territoire européen, via le Maroc ou la Libye. Il suffit donc à l’organisation de taxer les responsables de ses filières qui transitent sur son territoire, leur offrant en échange un sauf-conduit et une protection. Selon Mathieu Guidère, ces taxes vont très vite prendre le pas sur les autres trafics moins lucratifs.
Les prises d’otagesNouveau changement de cap, nouvelle réunion des chefs d’Aqmi, fin décembre 2008, l’un des bras droits de Yahia Djouadi, l’émir du Sahara, propose une nouvelle stratégie plus compatible, de son point de vue, avec le Jihad. Abdelamid Abou Zeïd a lui aussi fait ses classes dans le maquis algérien. Mais il est plus radical que l’autre chef de «Katiba», de section, Mokhtar Benmokhtar. Il propose de développer la branche d’activités liées aux «prisonniers de guerre», les prises d’otages d’expatriés, si possibles originaires de pays «mécréants» impliqués dans le conflit en Afghanistan contre la maison mère. Aqmi n’en est pas à son coût d’essai. Le GSPC non plus d’ailleurs même si les prises d’otage n’étaient qu’une activité marginale. Les Français Pierre Camatte et Michel Germaneau, le Britannique Edwyn Dyer, le Canadien Robert Fowler, les Espagnols Albert Vilalta, Alicia Gámez et Roque Pascual, la liste s’allonge encore avec en septembre l’enlèvement de 7 personnes à Arlit au nord du Niger, 5 Français, un Togolais et un Malgache. Au total depuis sa création, Aqmi aurait touché quelque 70 millions d’euros, à raison en moyenne de 2 millions par otage.
«Les prises d’otage ne vont pas supplanter les taxes sur les trafics, explique toutefois Mathieu Guidère. Car ces taxes sont des sources de revenus beaucoup plus régulières. Le kidnapping n’est une source de revenus occasionnelle et ponctuelle. Ce n’est donc pas possible de les substituer.» C’est également l’avis de Louis Caprioli qui estime que ces taxes rapportent à Aqmi beaucoup plus encore que les rançons si médiatisées.
MarketingLes prises d’otages servent aussi de campagne de communication à l’entreprise. En se multipliant, en devenant de plus en plus médiatiques, ils font finalement la renommée d’al-Qaida au Maghreb islamique, bien au-delà des opérations sans envergure de la branche algérienne d’Aqmi. Car si les chefs officiels du mouvement –le numéro 1 Abdelmalek Droukdel et Yahia Djouadi– sont toujours en territoire algérien, l’attention de la communauté internationale se focalise sur le Sahel et sur ses chefs de Katiba. Honneur suprême, cette évolution leur vaudra en octobre 2010 un mot du chef suprême Oussama Ben Laden, qui, dans un message, évoque pour la première fois les activités de la branche sahélienne d’al-Qaida (Droukdel, lui, fait entrer Ben Laden dans les négociations sur les otages français le 18 novembre 2010). Une labellisation qui, aux yeux d’un Abou Zeïd, vaut plus que toutes les récompenses, armes ou formateurs. Car il n’y a strictement aucun lien opérationnel entre l’organisation au Sahel et al-Qaida, assurent les spécialistes du dossier. Tout ce que les deux organisations partagent, c’est un nom et peut-être une idéologie.
LES PRINCIPAUX POSTES DE DÉPENSESQue fait Aqmi de ses millions? L’organisation compte au mieux dans le Sahel quelque 300 membres actifs. Dispersés en petits groupes, ils sont toujours en mouvement pour éviter d’être repérés. Et même s’ils sont mieux armés, équipés de moyens modernes de communication, rien dans leurs équipements n’indique un investissement exceptionnel, ni armes lourdes, ni chars de combats et encore moins une aviation. Car si Aqmi est officiellement en guerre, c’est au nord, contre l’armée algérienne. Sa branche sahélienne né s’attaque quasiment jamais aux militaires de la région. Il n’y a pas là non plus d’attaques de grande ampleur,
ni d’opération massive de recrutement. En Algérie, non plus, l’activité terroriste n’a pas pris d’ampleur, au contraire. «Si vous regardez bien depuis le mois d’août 2008, vous n’avez plus eu de grandes opérations militaires réalisées par cette organisation sur le territoire algérien,
explique Louis Caprioli. Ça veut dire qu’elle est en position de faiblesse. Elle n’est plus capable de faire de grands attentats suicides.»
Aujourd’hui, la branche algérienne d’Aqmi né compterait plus que quelques centaines de membres, 600 selon les plus hautes estimations.
La sous-traitanceAvec 300 personnes à peine, aussi mobiles, la branche sahélienne d’Aqmi n’accomplirait rien directement. En fait, l’organisation soustraite à peu près tout: l’achat d’armes, de nourriture, d’essence ou d’eau. Elle a ses approvisionneurs attitrés. Cela vaut aussi pour les otages. Selon Mathieu Guidère, seule la dernière vague d’enlèvement, celle d’Arlit, a été dirigée par Abou Zeïd. Les autres ont été capturés par des groupes armées locaux qui par la suite les ont revendu à Aqmi. «Ces groupes locaux ont besoin d’argent, mais n’ont pas les capacités de
maintenir des personnes en otage plusieurs mois, explique Mathieu Guidère. Ce n’est pas comme en Somalie ou au Nigéria. Ils n’ont ni l’expérience, ni la logistique nécessaire, ni même l’idée de mener à bien une telle opération.» C’est aussi l’opinion de Louis Caprioli: «Lorsqu’un
diplomate canadien (NDLR: Robert Fowler) est enlevé à proximité de Niamey, la capitale nigérienne, cela né fait aucun doute, il y a des complices locaux qui enlèvent des expatriés pour les vendre ensuite à Aqmi.» Ces groupes locaux sont payés, mais sans aucune mesure avec le montant annoncé des rançons.«En cas de prise d’otage, la chaîné d’intermédiaires est terriblement longue et chacun prélève
sa part.» Il y a deux ou trois négociateurs qui ont pignon sur rue à Bamako, les chefs locaux voisins d’Aqmi et puis des contacts sur le terrain qui savent plus ou moins où trouver les membres de l’organisation. C’est une protection pour les chefs d’Aqmi qui sont très difficile à joindre et cela explique aussi pourquoi il est parfois difficile de prendre contact avec eux. «Mais je né peux pas croire qu’ils se laissent dépouiller par les négociateurs, car finalement ce sont eux qui détiennent la clef du problème», affirme pour sa part Louis Caprioli. Une opinion partagée par Adam Thiam, l’éditorialiste du quotidien malien Le Républicain: «Je né peux pas croire que les chefs de tribus voisins d’Aqmi sont si bien payés, sinon ils vivraient
beaucoup mieux qu’aujourd’hui, ils sont loin de rouler sur l’or.» Pourtant, il y a de plus en plus de constructions à Tombouctou, à Gao ou Kidal. L’immobilier dans le nord du Mali né connaît pas la crise. Le prix du ciment explose. Or investir dans le bâtiment, c’est la meilleure manière de blanchir de l’argent sale. Pour Adam Thiam, on est bien loin de l’explosion dénoncée par certains élus du nord, mais tout de même, cela montre un certain dynamisme de
la région. Est-ce pour autant Aqmi qui investit? Rien n’est moins sûr. «Pour moi, ce n’est pas directement Aqmi qui investit dans les villes, mais ces gros commerçants qui profitent d’Aqmi et du narcotrafic pour s’enrichir, cela né concerne que quelques personnes.»
Irriguer tout le tissu socialAqmi redistribue largement pour s’assurer de la non-hostilité des populations locales. «La population né subit pas Aqmi, en tout cas pas au point de provoquer un rejet, explique Mathieu Guidère. Aqmi né l’attaque pas, n’enlève pas d’habitants de la région. L’organisation terroriste participe indirectement à la vie économique du nord du Sahel.» C’est pour cela que l’organisation avait choisi à l’origine de s’installer au nord du Mali et du Niger, les habitants
sont rétifs au pouvoir central et extrêmement pauvres. L’Etat y est pratiquement absent.«Ils se sont imposés par les activités économiques, ils donnent de l’argent aux gens pour créer des petits commerces et ça leur sert ensuite de sources d’approvisionnement», raconte Mohamed Ould Mahmoud, ancien directeur d’Oxfam au Mali et expert en développement, originaire de Tombouctou. Lui a vu comment Aqmi s’est attirée les faveurs d’une partie de la population en payant comptant et sans négocier la moindre marchandise ou en distribuant des médicaments. «Aqmi, c’est l’Etat là où il n’y en a pas», rebondit son compatriote Adam Thiam. Déjà très pauvre, la bande sahélo-saharienne est touchée de plein fouet par la crise
économique et une terrible sécheresse. Les revenus touristiques sont en baisse depuis des années à cause dans un premier temps de la prolifération des groupes armés et dernièrement
bien sûr des prises d’otages.
Les groupes rebelles du nord du Mali et du Niger ont fini dans leur grande majorité par rallier les pouvoirs centraux, mais sans obtenir les contre-parties attendues. «Le tissu socio-économique est dans un tel état que n’importe quelle source de revenus est la bienvenue. La population ne va pas regarder d’où vient l’argent», explique encore Mathieu Guidère.Aqmi serait-elle une alternative à des Etats défaillants? Mohamed Ould Mahmoud, lui, s’oppose vigoureusement à cette idée. De même qu’à celle d’une population entièrement dévouée à Aqmi, complice de ses actions: «Quel autre choix ont-ils? Ils ont peur d’actions de représailles. Aqmi décide qui travaille ou pas dans le secteur des transports par exemple.» Arrivée sur la pointe des pieds, l’organisation sahélienne s’impose peu en peu comme une entreprise monopolistique. Son ombré plane sur tous les secteurs d’activité. Les commerçants locaux heureux hier d’avoir quelqu’un à approvisionner prennent du galon. «Une nouvelle aristocratie est en train d’émerger.» Pour lui, il né faut pas non plus distinguer les narcotrafiquants des terroristes: «Ceux qui font du trafic de drogue s’installent dans les capitales régionales, à Gao, à Tombouctou. Là-bas, ils bénéficient d’une certaine immunité. Les autres sont dans le désert. Ils apparaissent plus idéologiques. Mais la finalité est la même ». Et cette finalité, c’est de faire de l’argent. Pour continuer à exister.
Source : Blogs Philhadj.fr, 10/12/2010
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El Aaiun : le Maroc enterre un citoyen en absence de sa famille
El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupée par le Maroc.- Le citoyen hispano-sahraoui, Babi El Gargar, a été enterré par les autorités marocaines sans prévenir sa famille et sans faire une autopsie pour définir les causes de sa mort.Son frère, Lehmad Mouloud, résident en Espagne, ainsi que la Ligue Espagnole Pro-droits humains, ont dénoncé la décision marocaine d’enterrer Babi sans autorisation de sa famille et sans notification du lieu exact de son enterrement.
Les marocains ont présenté l’un de ses sbires d’origine sahraouie, Rachid Douihi en l’occurrence, comme étant un parent proche de la victime, ce qui est faux. Rachid Douihi ne fait qu’appartenir à la tribu du défunt, rien de plus. En plus, il possède le titre de Gouverneur au Ministère de l’Intérieur du Maroc.
Ainsi les bavures du régime sanguinaire de Mohamed VI et ses serviteurs du sionisme international vont de bavure en bavure et de mensonge en mensonge à cause de leur incompétence à gérer le problème du Sahara Occidental
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Les prisonniers de la Carcel Negra entament une grève de la faim de 48 heures
Les prisonniers politiques sahraouis détenus dans la Prison Noire, ont initié jeudi une grève de la faim de 48 heures, selon un communiqué du Ministère sahraoui des Territoires Occupés et des Communautés à l’Etranger.Le Ministère sahraoui affirme dans son communiqué que le nombre des détenus dépassent les 100, et qu’ils ont décidé d’entamer une grève à cause des conditions lamentables à l’intérieur de la prison.
Une grande majorité des prisonniers ont été détenus lors de l’assaut meurtrier des forces d’occupation au camp de Gdeym Izik, levé dans les banlieues d’El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupée par le Maroc, pour protester contre les conditions de vie précaires des habitants autochtones du territoire.