Mois : décembre 2010

  • Algérie / Indonésie : M. Ziari reçu par le vice-président de la République d’Indonésie.

    Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Abdelaziz Ziari, a été reçu jeudi à Djakarta par le vice-président de la République indonésienne, M. Boediono, en l’absence du président, M. Susilo Bambang Yudhoyono, qui présidait les travaux du 3ème Forum sur la démocratie à Bali. Les deux parties ont évoqué à cette occasion la coopération bilatérale aux plans parlementaire, politique, économique et culturel et les moyens de la renforcer. Dans ce contexte, elles ont souligné la nécessité de hisser les relations économiques au niveau des liens historiques qui existent entre les deux pays. 
     
    A cet effet, le président de l’APN a chargé M. Boediono de transmettre au président Yudhoyono une invitation du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, à effectuer une visite officielle en Algérie. Il a réitéré, en outre, son invitation aux entreprises indonésiennes à être plus présentes en Algérie et saisir les opportunités offertes aussi bien par le Plan quinquennal 2010-2014 que les autres programmes initiés par les entreprises publiques et privées. Les questions internationales d’actualité, notamment la situation au Proche-Orient, le conflit israélo-palestinien et la question du Sahara occidental, ont été également au centre des entretiens. 
     
    Dans ce cadre, M. Ziari a réaffirmé la position de l’Algérie concernant la question du Sahara occidental qui, a-t-il rappelé, est une question de décolonisation qui concerne les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario et qui fait l’objet de négociations entre elles dans le cadre des Nations unies. MM. Ziari et Boediono ont souligné, aussi, le droit du peuple palestinien au recouvrement de ses droits inaliénables et à la création de son Etat indépendant avec Al Qods comme capitale. Ils ont évoqué, d’autre part, l’islamophobie ainsi que l’amalgame fait entre Islam et terrorisme. M. Ziari, qui a effectué une visite du 6 au 10 décembre en Indonésie à l’invitation du président de la Chambre des représentants du peuple indonésien, M. Ali Marzuki, s’est entretenu au cours de son séjour avec le président de la Chambre consultative du peuple, M. Taufic Kiemas, et le président du Conseil représentatif des régions, M. Irman Gusman. 
     
    A cette occasion, M. Ziari a présenté à ses interlocuteurs la situation prévalant en Algérie aussi bien aux plans politique qu’économique ainsi que les opportunités offertes aux entreprises indonésiennes à la faveur du Plan quinquennal 2010-2014. Au plan international, les deux parties ont souligné la convergence de leurs vues concernant, notamment, le soutien à la question palestinienne et la lutte contre le terrorisme. Le président de l’APN s’est, également, entretenu avec le président de la Chambre des représentants du peuple indonésien, M. Ali Marzuki avec qui il a signé un mémorandum d’entente.

    Il a appelé lors d’un discours prononcé à cette occasion à construire entre l’Algérie et l’Indonésie une relation « à la mesure de la profondeur historique » des liens existant entre les deux pays.
    APS, 10/12/2010

  • Laâyoune. Des auditions et des procès

    La commission d’enquête parlementaire sur les évènements de Laâyoune a démarré son travail sur les chapeaux de roue. Après le ministre de l’Intérieur, Taïeb Cherkaoui, et Mohamed Jelmous (wali de Laâyoune au moment des faits), les députés devaient auditionner Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères. Le 13 décembre, des membres de cette commission, présidée par Rachid Talbi Alami (RNI), doivent arriver au chef-lieu du Sahara (Sahara Occidental, envahi par le Maroc en 1975, ndds) pour enquêter sur place. 
    L’instruction judiciaire, elle, continue de connaître des rebondissements. Un nouveau groupe de personnes vient d’être déféré devant le tribunal militaire. Selon des sources locales, il s’agit de trois individus accusés d’implication directe dans les actes de violence ayant visé les forces de l’ordre. Au total, ce sont 15 personnes, dont une bonne partie des responsables du camp Agdim Izik, qui ont été traduites devant cette juridiction militaire. Et ce n’est que le début…

    Source : Tel Quel, 09/12/2010

  • La grande mutation d’Al Qaïda…

    L’information a fait le tour des rédactions du monde. Abdelkrim le Touareg, un émir d’Al Qaida au Maghreb Islamique et non moins accusé d’être l’assassin de l’otage français Michel Germaneau, aurait pris part au « sommet » de la drogue organisé fin octobre dernier dans une petite île dans l’ouest de l’Afrique. Les participants, notamment les gros bonnets des cartels colombiens, leurs responsables chargés de la logistique, divers contrebandiers sahéliens et Abdelkrim le Touareg auraient revu leurs circuits et établi de nouvelles routes pour l’acheminement de leurs cargaisons bourrées de cocaïne. La CIA, elle, avait alerté la Guinée-Bissau que ladite rencontre s’était tenue sur son sol à la fin du mois d’octobre. On apprend également que cette réunion a eu pour cadre une île de l’archipel des Bijagos. 
    A noter que cette réunion intervenait après une série d’arrestations ayant ces derniers mois décapitées les réseaux de distribution de la drogue au Sahel. Il est quand même important de rappeler dans ce sens que la PJ marocaine avait démantelé quelques semaines avant la tenue du dit sommet, en octobre dernier, une branche du réseau accusée d’avoir envoyé pas moins de 600 kg de « coke » vers l’Europe via le Mali, le Maroc et l’Algérie. Taeïb Cherkaoui, ministre de l’Intérieur avait déclaré à ce propos que ce réseau international était dirigé par des cartels basés en Amérique latine : « La drogue en provenance de Colombie et du Venezuela arrivait dans le nord du Mali, où elle était stockée. De là, Aqmi lui faisait traverser le Sahara – par la Mauritanie ou l’Algérie – pour l’acheminer au Maroc, voire jusqu’en Europe ». 
    Parmi les 36 personnes de ce réseau de trafic de drogue en relation avec Al Qaïda, on apprenait que parmi eux se trouvent quatre étrangers de nationalités différentes. En novembre 2009, un Boeing 727 en provenance du Venezuela avait dû se poser en catastrophe dans un champ de mines dans la région de Gao au Mali. Il transportait près de 10 tonnes de cocaïne. Sa marchandise avait été déchargée avant que l’avion ne soit incendié. Pour les analystes les plus avertis, la participation de l’émir d’Aqmi à ce sommet de la coke apporte la preuve de l’intérêt d’Al Qaïda pour le trafic de stupéfiants. Aqmi, qui opère dans une immense zone désertique située aux confins de l’Algérie, de la Mauritanie, du Mali et du Niger, serait pour beaucoup un passage obligé de ce qui est désormais qualifié la « Sahel Connection ».

    Drogue, prises d’otage : le nouveau visage d’Al Qaïda…

    On avance dans le même sens qu’au Mali, les drogues sont devenues de vrai business et de loin le principal moyen de subsistance d’Aqmi. Le budget de fonctionnement est assuré par les trafics, les rançons des otages qui constituent le fonds d’investissement pour les attentats. Antonio Maria Costa, ex-directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), faisait le même constat : « Dans le Sahel, les terroristes puisent dans les ressources du trafic de drogue pour financer leurs opérations, acheter des équipements et payer leurs troupes ». Alors que pour d’autres c’est le contraire, sans pour autant nier l’implication d’Aqmi dans des opération de trafic de drogue : « Pour Aqmi, en termes d’image, ce serait catastrophique…Les services secrets marocains et d’autres pays font passer ce message pour discréditer les terroristes ». Jean-Louis Bruguière, ancien juge français anti-terroriste, préfère lui parler d’agenda plus que d’autre chose. Trois principales missions alimentent la présence d’Aqmi au Sahel, à savoir la déstabilisation du Maghreb, l’usage du Sahel comme base arrière et l’attaque de la France pour des raisons de revanche, en particulier après l’affaire de l’arrestation en 1994 de 2000 sympathisants d’Al Qaïda. Et d’ajouter que le lien entre le terrorisme et le banditisme devient de plus visible et palpable. Constat qui explique qu’aujourd’hui ces organisations terroristes font usage aussi du banditisme pour financer leurs projets terroristes, voire s’enrichir : « Ainsi donc, comme l’Islam radical, le trafic de drogue et le crime organisé deviennent à défaut de fins politiques à l’horizon, une arme incontournable pour s’autofinancer ». Jean-Baptiste Carpentier, directeur du programme du Tracfin (un organisme du ministère des Finances français chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent), souligne avec conviction qu’aujourd’hui, l’enjeu d’Al Qaïda a totalement changé de taille : « Nous somme passés d’un contexte où le banditisme était un moyen de financement du terrorisme à une situation où le terrorisme est devenu un prétexte pour justifier le crime organisé et le banditisme ».

    Terrorisme et banditisme : deux faces de la même pièce…

    Et d’expliquer que ce changement de vision et de tactique s’est imposé par la force des choses. C’est dire que pour une organisation terroriste comme Al Qaïda, on n’avait pas le choix. Dans tous les cas, il estime que cela n’est en aucun cas un fait du hasard et que tout a été calculé au niveau de l’état-major d’Al Qaïda. L’argument de Carpentier est sans équivoque : « Il est aujourd’hui plus facile de recruter des criminels que des terroristes, et il est aussi plus facile pour une organisation criminelle de perdurer qu’une organisation terroriste sans fondement idéologique », a-t-il dit avant de conclure que partant de ce constat, la survie d’une organisation terroriste sur la base du crime organisé devient possible et garantie, surtout si on est en face d’un mouvement radical non rentable politiquement et incapable de continuer et d’atteindre ses objectifs politiques. Amadou Marou, Président du Conseil Consultatif National du Niger voit, lui, une problématique régionale. Au Sahel, dit Amadou Marou, il y un Islam modéré et le principal objectif d’Aqmi reste la « Somalisation » de la région. Et de poursuivre dans le même sens que si un tel objectif se réalise un jour, la situation sera des plus catastrophiques pour tous. A noter, dit-il, que la région du Sahara au Sahel est d’une grande superficie d’environ 1,2 million de Km2 d’où l’impossibilité du contrôle et de la maîtrise. Ceci dit, la situation deviendra encore plus incontrôlable à défaut d’Etats forts et engloutis dans des guerres civiles. C’est dire in fine qu’aujourd’hui, tout bascule. Que ce soit le terrorisme, le crime organisé ou encore le trafic humain et d’armes, la branche d’Al Qaïda dans le Maghreb islamique abat toutes les cartes. Il semble que tout est jouable pour déstabiliser toute une région…déjà affaiblie par des querelles de voisinage, le sous-développement, la sécheresse, la pauvreté et les guerres civiles…
    Hassan Zaatit
  • Algérie / Indonésie : M. Ziari reçu par le vice-président de la République d’Indonésie.

    Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Abdelaziz Ziari, a été reçu jeudi à Djakarta par le vice-président de la République indonésienne, M. Boediono, en l’absence du président, M. Susilo Bambang Yudhoyono, qui présidait les travaux du 3ème Forum sur la démocratie à Bali. Les deux parties ont évoqué à cette occasion la coopération bilatérale aux plans parlementaire, politique, économique et culturel et les moyens de la renforcer. Dans ce contexte, elles ont souligné la nécessité de hisser les relations économiques au niveau des liens historiques qui existent entre les deux pays. 
     
    A cet effet, le président de l’APN a chargé M. Boediono de transmettre au président Yudhoyono une invitation du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, à effectuer une visite officielle en Algérie. Il a réitéré, en outre, son invitation aux entreprises indonésiennes à être plus présentes en Algérie et saisir les opportunités offertes aussi bien par le Plan quinquennal 2010-2014 que les autres programmes initiés par les entreprises publiques et privées. Les questions internationales d’actualité, notamment la situation au Proche-Orient, le conflit israélo-palestinien et la question du Sahara occidental, ont été également au centre des entretiens. 
     
    Dans ce cadre, M. Ziari a réaffirmé la position de l’Algérie concernant la question du Sahara occidental qui, a-t-il rappelé, est une question de décolonisation qui concerne les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario et qui fait l’objet de négociations entre elles dans le cadre des Nations unies. MM. Ziari et Boediono ont souligné, aussi, le droit du peuple palestinien au recouvrement de ses droits inaliénables et à la création de son Etat indépendant avec Al Qods comme capitale. Ils ont évoqué, d’autre part, l’islamophobie ainsi que l’amalgame fait entre Islam et terrorisme. M. Ziari, qui a effectué une visite du 6 au 10 décembre en Indonésie à l’invitation du président de la Chambre des représentants du peuple indonésien, M. Ali Marzuki, s’est entretenu au cours de son séjour avec le président de la Chambre consultative du peuple, M. Taufic Kiemas, et le président du Conseil représentatif des régions, M. Irman Gusman. 
     
    A cette occasion, M. Ziari a présenté à ses interlocuteurs la situation prévalant en Algérie aussi bien aux plans politique qu’économique ainsi que les opportunités offertes aux entreprises indonésiennes à la faveur du Plan quinquennal 2010-2014. Au plan international, les deux parties ont souligné la convergence de leurs vues concernant, notamment, le soutien à la question palestinienne et la lutte contre le terrorisme. Le président de l’APN s’est, également, entretenu avec le président de la Chambre des représentants du peuple indonésien, M. Ali Marzuki avec qui il a signé un mémorandum d’entente.

    Il a appelé lors d’un discours prononcé à cette occasion à construire entre l’Algérie et l’Indonésie une relation « à la mesure de la profondeur historique » des liens existant entre les deux pays.
    APS, 10/12/2010

  • Maroc – Mali : alliance pour déstabiliser le Sahel

    Le Maroc cultive le cannabis et continue de crier  à la lutte contre le trafic de drogue,  dans laquelle prétend être un rempart. 

    Le Maroc commet des actes terroristes au Maroc et ailleurs (11 Mars 2004, à Madrid, le génocide commis contre le peuple du Sahara Occidental le 8 novembre dernier, les multiples agression contre les enclaves espagnols de Ceuta et Melilla, etc.) et continue de se poser en rempart contre le terrorisme.

    Les câbles de Wikileaks ont été très clairs à ce suiet : « Les USA ont exprimé à l’Algérie leur inquiétude quant à la souplesse des autorités marocaines dans la lutte contre le trafic de drogue et la transformation du royaume en lieu de rencontres pour les trafiquants de drogue Colombiens, et de devenir aussi un passage au nord ouest africain ainsi que le bénéfice de l’organisation d’Al Qaida au Maghreb Islamique de ses revenus. »

    Devant les recettes obtenues par Rabat grâce aux centaines de zodiaques parquées dans la région de Nador au vu et au su de toute la communauté internationale, le Mali essaie de profiter de ce trafic pour faire développer des contrées largement oubiées : l’Azaouad. Voici un excellent reportage de Sonia Rilley sur comment AQMI est devenu un Etat dans l’Etat malien, avec la complicité des responsables maliens.
    L’entreprise Aqmi  
    Par Sonia Rolley, 10/12/2010
    Prises d’otages, décla­ra­tions chocs, légi­ti­ma­tion par Ous­sama ben Laden lui-même, Aqmi prend du galon. Les auto­ri­tés fran­çaises sont même allées jusqu’à par­ler en sep­tembre der­nier d’un ris­qué d’attentat en France per­pé­tré par la «branche» sahé­lienne d’al-Qaida. Et
    si la vision poli­tique et média­tique d’al-Qaida au Magh­reb isla­mique cachait sa véri­table nature, celle d’une entre­prise, qui s’est diver­si­fiée, a investi dans de nom­breux sec­teurs de l’économie, légale comme illé­gale? En filant la méta­phore de l’entreprise, voilà à quoi res­semble Aqmi. 

    La nais­sance: le chan­ge­ment de rai­son sociale du GSPC

    Al-Qaida au Magh­reb Isla­mique n’existe que depuis le 11 sep­tembre 2006. Comme beau­coup de socié­tés le font pour se relan­cer, le Groupe Sala­fiste pour la Pré­di­ca­tion et le Com­bat (GSPC) algé­rien choi­sit de chan­ger de nom à cette date emblé­ma­tique et de reven­di­quer
    son allé­geance à un groupe plus large, plus «ban­kable» que lui: l’organisation ter­ro­riste qui à l’époque fait trem­bler le monde entier. Et le GSPC avait bien besoin de ce coup de pub. Si dans les années 1990, il comp­tait encore plu­sieurs mil­liers de membres, le nombre de ses employés n’a, depuis, de cesse de dimi­nuer. Il fait face à un pro­blème mar­ke­ting: son dis­cours né convainc plus en Algé­rie. Résul­tat, les mar­tyrs sont de moins en moins nom­breux
    et ses réseaux logis­tiques se réduisent peu à peu sous la pres­sion des attaques et de la poli­tique de récon­ci­lia­tion du gou­ver­ne­ment algé­rien. Devant la dimi­nu­tion pro­gres­sive de ses res­sources, le GSPC se devait de réagir. «Le Sahel appar­te­nait à la 9e région du GSPC. Dans un pre­mier temps, cette branche de l’organisation devait comme le reste du GSPC com­battre les forces algé­riennes. Mais par la force des choses, l’appui logis­tique ayant été coupé, le GSPC a été dans l’obligation d’étendre son ter­ri­toire au-delà de ses bases algé­riennes et de
    cher­cher de l’argent ailleurs», explique Louis Caprioli, consul­tant pour le groupe GEOS et ancien sous-directeur de la lutte contre le ter­ro­risme à la DST.
     

    Et aujourd’hui Aqmi se divise clai­re­ment en deux branches, la branche algé­rienne et celle qui
    inter­vient au Sahel. 

    Un champ d’action territorial

    Le Sahel, une zone en rébel­lion de plus de 40 ans, aban­don­née par les pou­voirs cen­traux au Niger ou au Mali, était un ter­ri­toire à prendre, un ter­ri­toire où les popu­la­tions vivent dans l’extrême pau­vreté. Mais le Sahel est aussi le car­re­four de tous les tra­fics (ciga­rettes, voi­tures volées, alcool, drogue, immi­gra­tion clan­des­tine).
    Pour ceux qui dis­posent d’armes, il y a tou­jours une manière de se faire de l’argent. (Carte: zone d’influence d’Aqmi / Orthu­berra via Wiki­me­dia Com­mons CC license by)
     

    LES RESSOURCES
    Le tra­fic

    C’est la pre­mière source de finan­ce­ment déve­lop­pée his­to­ri­que­ment par Aqmi et la spé­cia­lité de Mokh­tar Ben­mo­kh­tar, alias Kha­led Abou El Abbès, l’un des chefs d’Aqmi. Il tou­ché un peu à tout, aux tra­fics de ciga­rettes, de voi­tures volées et même d’alcool. Mais en haut lieu, les dents com­mencent à grin­cer, on lui reproche son atti­tude peu «isla­miste», ce qui lui avait déjà voulu de perdre la direc­tion de la région 9 du GSPC.

    Les taxes

    Une fois par an, le conseil des chefs d’Aqmi se réunit. Comme tout conseil d’administration, il fait le point sur les acti­vi­tés de l’entreprise Aqmi, ses opé­ra­tions, ses sources de finan­ce­ment. Et en 2008 s’opère un pre­mier chan­ge­ment. «Les membres d’al-Qaida au Magh­reb isla­mique né devaient plus prendre eux-mêmes part aux tra­fics, mais ins­tau­rer des taxes sur des tra­fics déjà exis­tants. Une sorte de droit de pas­sage», explique Mathieu Gui­dère, auteur d’Al Qaida à la conquête du Magh­reb. Cela va concer­ner sur­tout le tra­fic de drogue et l’immigration clan­des­tine. Dans un cas comme dans l’autre, tout tran­site par le Sahel avant d’aller en Europe. Pour preuve, cet avion venu de Bogota, qui a atterri en novembre 2009 près de Gao dans le nord du Mali et n’a jamais pu repar­tir. Les tra­fi­quants de drogue sud-américains uti­lisent de plus en plus l’Afrique de l’ouest et le Sahel pour faire ren­trer la drogue sur le ter­ri­toire euro­péen, via le Maroc ou la Libye. Il suf­fit donc à l’organisation de taxer les res­pon­sables de ses filières qui tran­sitent sur son ter­ri­toire, leur offrant en échange un sauf-conduit et une pro­tec­tion. Selon Mathieu Gui­dère, ces taxes vont très vite prendre le pas sur les autres tra­fics moins lucratifs.  

    Les prises d’otages

    Nou­veau chan­ge­ment de cap, nou­velle réunion des chefs d’Aqmi, fin décembre 2008, l’un des bras droits de Yahia Djouadi, l’émir du Sahara, pro­pose une nou­velle stra­té­gie plus com­pa­tible, de son point de vue, avec le Jihad. Abde­la­mid Abou Zeïd a lui aussi fait ses classes dans le maquis algé­rien. Mais il est plus radi­cal que l’autre chef de «Katiba», de sec­tion, Mokh­tar Ben­mo­kh­tar. Il pro­pose de déve­lop­per la branche d’activités liées aux «pri­son­niers de guerre», les prises d’otages d’expatriés, si pos­sibles ori­gi­naires de pays «mécréants» impli­qués dans le conflit en Afgha­nis­tan contre la mai­son mère. Aqmi n’en est pas à son coût d’essai. Le GSPC non plus d’ailleurs même si les prises d’otage n’étaient qu’une acti­vité mar­gi­nale. Les Fran­çais Pierre Camatte et Michel Ger­ma­neau, le Bri­tan­nique Edwyn Dyer, le Cana­dien Robert Fow­ler, les Espa­gnols Albert Vilalta, Ali­cia Gámez et Roque Pas­cual, la liste s’allonge encore avec en sep­tembre l’enlèvement de 7 per­sonnes à Arlit au nord du Niger, 5 Fran­çais, un Togo­lais et un Mal­gache. Au total depuis sa créa­tion, Aqmi aurait tou­ché quelque 70 mil­lions d’euros, à rai­son en moyenne de 2 mil­lions par otage.

    «Les prises d’otage ne vont pas sup­plan­ter les taxes sur les tra­fics, explique tou­te­fois Mathieu Gui­dère. Car ces taxes sont des sources de reve­nus beau­coup plus régu­lières. Le kid­nap­ping n’est une source de reve­nus occa­sion­nelle et ponc­tuelle. Ce n’est donc pas pos­sible de les sub­sti­tuer.» C’est égale­ment l’avis de Louis Caprioli qui estime que ces taxes rap­portent à Aqmi beau­coup plus encore que les ran­çons si médiatisées. 


    Mar­ke­ting

    Les prises d’otages servent aussi de cam­pagne de com­mu­ni­ca­tion à l’entreprise. En se mul­ti­pliant, en deve­nant de plus en plus média­tiques, ils font fina­le­ment la renom­mée d’al-Qaida au Magh­reb isla­mique, bien au-delà des opé­ra­tions sans enver­gure de la branche algé­rienne d’Aqmi. Car si les chefs offi­ciels du mou­ve­ment –le numéro 1 Abdel­ma­lek Drouk­del et Yahia Djouadi– sont tou­jours en ter­ri­toire algé­rien, l’attention de la com­mu­nauté inter­na­tio­nale se foca­lise sur le Sahel et sur ses chefs de Katiba. Hon­neur suprême, cette évolu­tion leur vau­dra en octobre 2010 un mot du chef suprême Ous­sama Ben Laden, qui, dans un mes­sage, évoque pour la pre­mière fois les acti­vi­tés de la branche sahé­lienne d’al-Qaida (Drouk­del, lui, fait entrer Ben Laden dans les négo­cia­tions sur les otages fran­çais le 18 novembre 2010). Une label­li­sa­tion qui, aux yeux d’un Abou Zeïd, vaut plus que toutes les récom­penses, armes ou for­ma­teurs. Car il n’y a stric­te­ment aucun lien opé­ra­tion­nel entre l’organisation au Sahel et al-Qaida, assurent les spé­cia­listes du dos­sier. Tout ce que les deux orga­ni­sa­tions par­tagent, c’est un nom et peut-être une idéologie. 


    LES PRINCIPAUX POSTES DE DÉPENSES

    Que fait Aqmi de ses mil­lions? L’organisation compte au mieux dans le Sahel quelque 300 membres actifs. Dis­per­sés en petits groupes, ils sont tou­jours en mou­ve­ment pour éviter d’être repé­rés. Et même s’ils sont mieux armés, équi­pés de moyens modernes de com­mu­ni­ca­tion, rien dans leurs équi­pe­ments n’indique un inves­tis­se­ment excep­tion­nel, ni armes lourdes, ni chars de com­bats et encore moins une avia­tion. Car si Aqmi est offi­ciel­le­ment en guerre, c’est au nord, contre l’armée algé­rienne. Sa branche sahé­lienne né s’attaque qua­si­ment jamais aux mili­taires de la région. Il n’y a pas là non plus d’attaques de grande ampleur,
    ni d’opération mas­sive de recru­te­ment. En Algé­rie, non plus, l’activité ter­ro­riste n’a pas pris d’ampleur, au contraire. «Si vous regar­dez bien depuis le mois d’août 2008, vous n’avez plus eu de grandes opé­ra­tions mili­taires réa­li­sées par cette orga­ni­sa­tion sur le ter­ri­toire algé­rien,
    explique Louis Caprioli. Ça veut dire qu’elle est en posi­tion de fai­blesse. Elle n’est plus capable de faire de grands atten­tats sui­cides.» 


    Aujourd’hui, la branche algé­rienne d’Aqmi né comp­te­rait plus que quelques cen­taines de membres, 600 selon les plus hautes esti­ma­tions.  

    La sous-traitance

    Avec 300 per­sonnes à peine, aussi mobiles, la branche sahé­lienne d’Aqmi n’accomplirait rien direc­te­ment. En fait, l’organisation sous­traite à peu près tout: l’achat d’armes, de nour­ri­ture, d’essence ou d’eau. Elle a ses appro­vi­sion­neurs atti­trés. Cela vaut aussi pour les otages. Selon Mathieu Gui­dère, seule la der­nière vague d’enlèvement, celle d’Arlit, a été diri­gée par Abou Zeïd. Les autres ont été cap­tu­rés par des groupes armées locaux qui par la suite les ont revendu à Aqmi. «Ces groupes locaux ont besoin d’argent, mais n’ont pas les capa­ci­tés de
    main­te­nir des per­sonnes en otage plu­sieurs mois, explique Mathieu Gui­dère. Ce n’est pas comme en Soma­lie ou au Nigé­ria. Ils n’ont ni l’expérience, ni la logis­tique néces­saire, ni même l’idée de mener à bien une telle opé­ra­tion.» C’est aussi l’opinion de Louis Caprioli: «Lorsqu’un
    diplo­mate cana­dien (NDLR: Robert Fow­ler) est enlevé à proxi­mité de Nia­mey, la capi­tale nigé­rienne, cela né fait aucun doute, il y a des com­plices locaux qui enlèvent des expa­triés pour les vendre ensuite à Aqmi.» Ces groupes locaux sont payés, mais sans aucune mesure avec le mon­tant annoncé des rançons.

    «En cas de prise d’otage, la chaîné d’intermédiaires est ter­ri­ble­ment longue et cha­cun pré­lève
    sa part.» Il y a deux ou trois négo­cia­teurs qui ont pignon sur rue à Bamako, les chefs locaux voi­sins d’Aqmi et puis des contacts sur le ter­rain qui savent plus ou moins où trou­ver les membres de l’organisation. C’est une pro­tec­tion pour les chefs d’Aqmi qui sont très dif­fi­cile à joindre et cela explique aussi pour­quoi il est par­fois dif­fi­cile de prendre contact avec eux. «Mais je né peux pas croire qu’ils se laissent dépouiller par les négo­cia­teurs, car fina­le­ment ce sont eux qui détiennent la clef du pro­blème», affirme pour sa part Louis Caprioli. Une opi­nion par­ta­gée par Adam Thiam, l’éditorialiste du quo­ti­dien malien Le Répu­bli­cain: «Je né peux pas croire que les chefs de tri­bus voi­sins d’Aqmi sont si bien payés, sinon ils vivraient
    beau­coup mieux qu’aujourd’hui, ils sont loin de rou­ler sur l’or.» Pour­tant, il y a de plus en plus de construc­tions à Tom­bouc­tou, à Gao ou Kidal. L’immobilier dans le nord du Mali né connaît pas la crise. Le prix du ciment explose. Or inves­tir dans le bâti­ment, c’est la meilleure manière de blan­chir de l’argent sale. Pour Adam Thiam, on est bien loin de l’explosion dénon­cée par cer­tains élus du nord, mais tout de même, cela montre un cer­tain dyna­misme de
    la région. Est-ce pour autant Aqmi qui inves­tit? Rien n’est moins sûr. «Pour moi, ce n’est pas direc­te­ment Aqmi qui inves­tit dans les villes, mais ces gros com­mer­çants qui pro­fitent d’Aqmi et du nar­co­tra­fic pour s’enrichir, cela né concerne que quelques per­sonnes.»
     

    Irri­guer tout le tissu social

    Aqmi redis­tri­bue lar­ge­ment pour s’assurer de la non-hostilité des popu­la­tions locales. «La popu­la­tion né subit pas Aqmi, en tout cas pas au point de pro­vo­quer un rejet, explique Mathieu Gui­dère. Aqmi né l’attaque pas, n’enlève pas d’habitants de la région. L’organisation ter­ro­riste par­ti­cipe indi­rec­te­ment à la vie écono­mique du nord du Sahel.» C’est pour cela que l’organisation avait choisi à l’origine de s’installer au nord du Mali et du Niger, les habi­tants
    sont rétifs au pou­voir cen­tral et extrê­me­ment pauvres. L’Etat y est pra­ti­que­ment absent.

    «Ils se sont impo­sés par les acti­vi­tés écono­miques, ils donnent de l’argent aux gens pour créer des petits com­merces et ça leur sert ensuite de sources d’approvisionnement», raconte Moha­med Ould Mah­moud, ancien direc­teur d’Oxfam au Mali et expert en déve­lop­pe­ment, ori­gi­naire de Tom­bouc­tou. Lui a vu com­ment Aqmi s’est atti­rée les faveurs d’une par­tie de la popu­la­tion en payant comp­tant et sans négo­cier la moindre mar­chan­dise ou en dis­tri­buant des médi­ca­ments. «Aqmi, c’est l’Etat là où il n’y en a pas», rebon­dit son com­pa­triote Adam Thiam. Déjà très pauvre, la bande sahélo-saharienne est tou­chée de plein fouet par la crise
    écono­mique et une ter­rible séche­resse. Les reve­nus tou­ris­tiques sont en baisse depuis des années à cause dans un pre­mier temps de la pro­li­fé­ra­tion des groupes armés et der­niè­re­ment
    bien sûr des prises d’otages.
    Les groupes rebelles du nord du Mali et du Niger ont fini dans leur grande majo­rité par ral­lier les pou­voirs cen­traux, mais sans obte­nir les contre-parties atten­dues. «Le tissu socio-économique est dans un tel état que n’importe quelle source de reve­nus est la bien­ve­nue. La popu­la­tion ne va pas regar­der d’où vient l’argent», explique encore Mathieu Guidère.

    Aqmi serait-elle une alter­na­tive à des Etats défaillants? Moha­med Ould Mah­moud, lui, s’oppose vigou­reu­se­ment à cette idée. De même qu’à celle d’une popu­la­tion entiè­re­ment dévouée à Aqmi, com­plice de ses actions: «Quel autre choix ont-ils? Ils ont peur d’actions de repré­sailles. Aqmi décide qui tra­vaille ou pas dans le sec­teur des trans­ports par exemple.» Arri­vée sur la pointe des pieds, l’organisation sahé­lienne s’impose peu en peu comme une entre­prise mono­po­lis­tique. Son ombré plane sur tous les sec­teurs d’activité. Les com­mer­çants locaux heu­reux hier d’avoir quelqu’un à appro­vi­sion­ner prennent du galon. «Une nou­velle aris­to­cra­tie est en train d’émerger.» Pour lui, il né faut pas non plus dis­tin­guer les nar­co­tra­fi­quants des ter­ro­ristes: «Ceux qui font du tra­fic de drogue s’installent dans les capi­tales régio­nales, à Gao, à Tom­bouc­tou. Là-bas, ils béné­fi­cient d’une cer­taine immu­nité. Les autres sont dans le désert. Ils appa­raissent plus idéo­lo­giques. Mais la fina­lité est la même ». Et cette fina­lité, c’est de faire de l’argent. Pour conti­nuer à exis­ter.
    Source : Blogs Philhadj.fr, 10/12/2010

  • Laâyoune. Des auditions et des procès

    La commission d’enquête parlementaire sur les évènements de Laâyoune a démarré son travail sur les chapeaux de roue. Après le ministre de l’Intérieur, Taïeb Cherkaoui, et Mohamed Jelmous (wali de Laâyoune au moment des faits), les députés devaient auditionner Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères. Le 13 décembre, des membres de cette commission, présidée par Rachid Talbi Alami (RNI), doivent arriver au chef-lieu du Sahara (Sahara Occidental, envahi par le Maroc en 1975, ndds) pour enquêter sur place. 
    L’instruction judiciaire, elle, continue de connaître des rebondissements. Un nouveau groupe de personnes vient d’être déféré devant le tribunal militaire. Selon des sources locales, il s’agit de trois individus accusés d’implication directe dans les actes de violence ayant visé les forces de l’ordre. Au total, ce sont 15 personnes, dont une bonne partie des responsables du camp Agdim Izik, qui ont été traduites devant cette juridiction militaire. Et ce n’est que le début…

    Source : Tel Quel, 09/12/2010

  • La grande mutation d’Al Qaïda…

    L’information a fait le tour des rédactions du monde. Abdelkrim le Touareg, un émir d’Al Qaida au Maghreb Islamique et non moins accusé d’être l’assassin de l’otage français Michel Germaneau, aurait pris part au « sommet » de la drogue organisé fin octobre dernier dans une petite île dans l’ouest de l’Afrique. Les participants, notamment les gros bonnets des cartels colombiens, leurs responsables chargés de la logistique, divers contrebandiers sahéliens et Abdelkrim le Touareg auraient revu leurs circuits et établi de nouvelles routes pour l’acheminement de leurs cargaisons bourrées de cocaïne. La CIA, elle, avait alerté la Guinée-Bissau que ladite rencontre s’était tenue sur son sol à la fin du mois d’octobre. On apprend également que cette réunion a eu pour cadre une île de l’archipel des Bijagos. 
    A noter que cette réunion intervenait après une série d’arrestations ayant ces derniers mois décapitées les réseaux de distribution de la drogue au Sahel. Il est quand même important de rappeler dans ce sens que la PJ marocaine avait démantelé quelques semaines avant la tenue du dit sommet, en octobre dernier, une branche du réseau accusée d’avoir envoyé pas moins de 600 kg de « coke » vers l’Europe via le Mali, le Maroc et l’Algérie. Taeïb Cherkaoui, ministre de l’Intérieur avait déclaré à ce propos que ce réseau international était dirigé par des cartels basés en Amérique latine : « La drogue en provenance de Colombie et du Venezuela arrivait dans le nord du Mali, où elle était stockée. De là, Aqmi lui faisait traverser le Sahara – par la Mauritanie ou l’Algérie – pour l’acheminer au Maroc, voire jusqu’en Europe ». 
    Parmi les 36 personnes de ce réseau de trafic de drogue en relation avec Al Qaïda, on apprenait que parmi eux se trouvent quatre étrangers de nationalités différentes. En novembre 2009, un Boeing 727 en provenance du Venezuela avait dû se poser en catastrophe dans un champ de mines dans la région de Gao au Mali. Il transportait près de 10 tonnes de cocaïne. Sa marchandise avait été déchargée avant que l’avion ne soit incendié. Pour les analystes les plus avertis, la participation de l’émir d’Aqmi à ce sommet de la coke apporte la preuve de l’intérêt d’Al Qaïda pour le trafic de stupéfiants. Aqmi, qui opère dans une immense zone désertique située aux confins de l’Algérie, de la Mauritanie, du Mali et du Niger, serait pour beaucoup un passage obligé de ce qui est désormais qualifié la « Sahel Connection ».

    Drogue, prises d’otage : le nouveau visage d’Al Qaïda…

    On avance dans le même sens qu’au Mali, les drogues sont devenues de vrai business et de loin le principal moyen de subsistance d’Aqmi. Le budget de fonctionnement est assuré par les trafics, les rançons des otages qui constituent le fonds d’investissement pour les attentats. Antonio Maria Costa, ex-directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), faisait le même constat : « Dans le Sahel, les terroristes puisent dans les ressources du trafic de drogue pour financer leurs opérations, acheter des équipements et payer leurs troupes ». Alors que pour d’autres c’est le contraire, sans pour autant nier l’implication d’Aqmi dans des opération de trafic de drogue : « Pour Aqmi, en termes d’image, ce serait catastrophique…Les services secrets marocains et d’autres pays font passer ce message pour discréditer les terroristes ». Jean-Louis Bruguière, ancien juge français anti-terroriste, préfère lui parler d’agenda plus que d’autre chose. Trois principales missions alimentent la présence d’Aqmi au Sahel, à savoir la déstabilisation du Maghreb, l’usage du Sahel comme base arrière et l’attaque de la France pour des raisons de revanche, en particulier après l’affaire de l’arrestation en 1994 de 2000 sympathisants d’Al Qaïda. Et d’ajouter que le lien entre le terrorisme et le banditisme devient de plus visible et palpable. Constat qui explique qu’aujourd’hui ces organisations terroristes font usage aussi du banditisme pour financer leurs projets terroristes, voire s’enrichir : « Ainsi donc, comme l’Islam radical, le trafic de drogue et le crime organisé deviennent à défaut de fins politiques à l’horizon, une arme incontournable pour s’autofinancer ». Jean-Baptiste Carpentier, directeur du programme du Tracfin (un organisme du ministère des Finances français chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent), souligne avec conviction qu’aujourd’hui, l’enjeu d’Al Qaïda a totalement changé de taille : « Nous somme passés d’un contexte où le banditisme était un moyen de financement du terrorisme à une situation où le terrorisme est devenu un prétexte pour justifier le crime organisé et le banditisme ».

    Terrorisme et banditisme : deux faces de la même pièce…

    Et d’expliquer que ce changement de vision et de tactique s’est imposé par la force des choses. C’est dire que pour une organisation terroriste comme Al Qaïda, on n’avait pas le choix. Dans tous les cas, il estime que cela n’est en aucun cas un fait du hasard et que tout a été calculé au niveau de l’état-major d’Al Qaïda. L’argument de Carpentier est sans équivoque : « Il est aujourd’hui plus facile de recruter des criminels que des terroristes, et il est aussi plus facile pour une organisation criminelle de perdurer qu’une organisation terroriste sans fondement idéologique », a-t-il dit avant de conclure que partant de ce constat, la survie d’une organisation terroriste sur la base du crime organisé devient possible et garantie, surtout si on est en face d’un mouvement radical non rentable politiquement et incapable de continuer et d’atteindre ses objectifs politiques. Amadou Marou, Président du Conseil Consultatif National du Niger voit, lui, une problématique régionale. Au Sahel, dit Amadou Marou, il y un Islam modéré et le principal objectif d’Aqmi reste la « Somalisation » de la région. Et de poursuivre dans le même sens que si un tel objectif se réalise un jour, la situation sera des plus catastrophiques pour tous. A noter, dit-il, que la région du Sahara au Sahel est d’une grande superficie d’environ 1,2 million de Km2 d’où l’impossibilité du contrôle et de la maîtrise. Ceci dit, la situation deviendra encore plus incontrôlable à défaut d’Etats forts et engloutis dans des guerres civiles. C’est dire in fine qu’aujourd’hui, tout bascule. Que ce soit le terrorisme, le crime organisé ou encore le trafic humain et d’armes, la branche d’Al Qaïda dans le Maghreb islamique abat toutes les cartes. Il semble que tout est jouable pour déstabiliser toute une région…déjà affaiblie par des querelles de voisinage, le sous-développement, la sécheresse, la pauvreté et les guerres civiles…
    Hassan Zaatit
  • Maroc – Mali : alliance pour déstabiliser le Sahel

    Le Maroc cultive le cannabis et continue de crier  à la lutte contre le trafic de drogue,  dans laquelle prétend être un rempart. 

    Le Maroc commet des actes terroristes au Maroc et ailleurs (11 Mars 2004, à Madrid, le génocide commis contre le peuple du Sahara Occidental le 8 novembre dernier, les multiples agression contre les enclaves espagnols de Ceuta et Melilla, etc.) et continue de se poser en rempart contre le terrorisme.

    Les câbles de Wikileaks ont été très clairs à ce suiet : « Les USA ont exprimé à l’Algérie leur inquiétude quant à la souplesse des autorités marocaines dans la lutte contre le trafic de drogue et la transformation du royaume en lieu de rencontres pour les trafiquants de drogue Colombiens, et de devenir aussi un passage au nord ouest africain ainsi que le bénéfice de l’organisation d’Al Qaida au Maghreb Islamique de ses revenus. »

    Devant les recettes obtenues par Rabat grâce aux centaines de zodiaques parquées dans la région de Nador au vu et au su de toute la communauté internationale, le Mali essaie de profiter de ce trafic pour faire développer des contrées largement oubiées : l’Azaouad. Voici un excellent reportage de Sonia Rilley sur comment AQMI est devenu un Etat dans l’Etat malien, avec la complicité des responsables maliens.
    L’entreprise Aqmi  
    Par Sonia Rolley, 10/12/2010
    Prises d’otages, décla­ra­tions chocs, légi­ti­ma­tion par Ous­sama ben Laden lui-même, Aqmi prend du galon. Les auto­ri­tés fran­çaises sont même allées jusqu’à par­ler en sep­tembre der­nier d’un ris­qué d’attentat en France per­pé­tré par la «branche» sahé­lienne d’al-Qaida. Et
    si la vision poli­tique et média­tique d’al-Qaida au Magh­reb isla­mique cachait sa véri­table nature, celle d’une entre­prise, qui s’est diver­si­fiée, a investi dans de nom­breux sec­teurs de l’économie, légale comme illé­gale? En filant la méta­phore de l’entreprise, voilà à quoi res­semble Aqmi. 

    La nais­sance: le chan­ge­ment de rai­son sociale du GSPC

    Al-Qaida au Magh­reb Isla­mique n’existe que depuis le 11 sep­tembre 2006. Comme beau­coup de socié­tés le font pour se relan­cer, le Groupe Sala­fiste pour la Pré­di­ca­tion et le Com­bat (GSPC) algé­rien choi­sit de chan­ger de nom à cette date emblé­ma­tique et de reven­di­quer
    son allé­geance à un groupe plus large, plus «ban­kable» que lui: l’organisation ter­ro­riste qui à l’époque fait trem­bler le monde entier. Et le GSPC avait bien besoin de ce coup de pub. Si dans les années 1990, il comp­tait encore plu­sieurs mil­liers de membres, le nombre de ses employés n’a, depuis, de cesse de dimi­nuer. Il fait face à un pro­blème mar­ke­ting: son dis­cours né convainc plus en Algé­rie. Résul­tat, les mar­tyrs sont de moins en moins nom­breux
    et ses réseaux logis­tiques se réduisent peu à peu sous la pres­sion des attaques et de la poli­tique de récon­ci­lia­tion du gou­ver­ne­ment algé­rien. Devant la dimi­nu­tion pro­gres­sive de ses res­sources, le GSPC se devait de réagir. «Le Sahel appar­te­nait à la 9e région du GSPC. Dans un pre­mier temps, cette branche de l’organisation devait comme le reste du GSPC com­battre les forces algé­riennes. Mais par la force des choses, l’appui logis­tique ayant été coupé, le GSPC a été dans l’obligation d’étendre son ter­ri­toire au-delà de ses bases algé­riennes et de
    cher­cher de l’argent ailleurs», explique Louis Caprioli, consul­tant pour le groupe GEOS et ancien sous-directeur de la lutte contre le ter­ro­risme à la DST.
     

    Et aujourd’hui Aqmi se divise clai­re­ment en deux branches, la branche algé­rienne et celle qui
    inter­vient au Sahel. 

    Un champ d’action territorial

    Le Sahel, une zone en rébel­lion de plus de 40 ans, aban­don­née par les pou­voirs cen­traux au Niger ou au Mali, était un ter­ri­toire à prendre, un ter­ri­toire où les popu­la­tions vivent dans l’extrême pau­vreté. Mais le Sahel est aussi le car­re­four de tous les tra­fics (ciga­rettes, voi­tures volées, alcool, drogue, immi­gra­tion clan­des­tine).
    Pour ceux qui dis­posent d’armes, il y a tou­jours une manière de se faire de l’argent. (Carte: zone d’influence d’Aqmi / Orthu­berra via Wiki­me­dia Com­mons CC license by)
     

    LES RESSOURCES
    Le tra­fic

    C’est la pre­mière source de finan­ce­ment déve­lop­pée his­to­ri­que­ment par Aqmi et la spé­cia­lité de Mokh­tar Ben­mo­kh­tar, alias Kha­led Abou El Abbès, l’un des chefs d’Aqmi. Il tou­ché un peu à tout, aux tra­fics de ciga­rettes, de voi­tures volées et même d’alcool. Mais en haut lieu, les dents com­mencent à grin­cer, on lui reproche son atti­tude peu «isla­miste», ce qui lui avait déjà voulu de perdre la direc­tion de la région 9 du GSPC.

    Les taxes

    Une fois par an, le conseil des chefs d’Aqmi se réunit. Comme tout conseil d’administration, il fait le point sur les acti­vi­tés de l’entreprise Aqmi, ses opé­ra­tions, ses sources de finan­ce­ment. Et en 2008 s’opère un pre­mier chan­ge­ment. «Les membres d’al-Qaida au Magh­reb isla­mique né devaient plus prendre eux-mêmes part aux tra­fics, mais ins­tau­rer des taxes sur des tra­fics déjà exis­tants. Une sorte de droit de pas­sage», explique Mathieu Gui­dère, auteur d’Al Qaida à la conquête du Magh­reb. Cela va concer­ner sur­tout le tra­fic de drogue et l’immigration clan­des­tine. Dans un cas comme dans l’autre, tout tran­site par le Sahel avant d’aller en Europe. Pour preuve, cet avion venu de Bogota, qui a atterri en novembre 2009 près de Gao dans le nord du Mali et n’a jamais pu repar­tir. Les tra­fi­quants de drogue sud-américains uti­lisent de plus en plus l’Afrique de l’ouest et le Sahel pour faire ren­trer la drogue sur le ter­ri­toire euro­péen, via le Maroc ou la Libye. Il suf­fit donc à l’organisation de taxer les res­pon­sables de ses filières qui tran­sitent sur son ter­ri­toire, leur offrant en échange un sauf-conduit et une pro­tec­tion. Selon Mathieu Gui­dère, ces taxes vont très vite prendre le pas sur les autres tra­fics moins lucratifs.  

    Les prises d’otages

    Nou­veau chan­ge­ment de cap, nou­velle réunion des chefs d’Aqmi, fin décembre 2008, l’un des bras droits de Yahia Djouadi, l’émir du Sahara, pro­pose une nou­velle stra­té­gie plus com­pa­tible, de son point de vue, avec le Jihad. Abde­la­mid Abou Zeïd a lui aussi fait ses classes dans le maquis algé­rien. Mais il est plus radi­cal que l’autre chef de «Katiba», de sec­tion, Mokh­tar Ben­mo­kh­tar. Il pro­pose de déve­lop­per la branche d’activités liées aux «pri­son­niers de guerre», les prises d’otages d’expatriés, si pos­sibles ori­gi­naires de pays «mécréants» impli­qués dans le conflit en Afgha­nis­tan contre la mai­son mère. Aqmi n’en est pas à son coût d’essai. Le GSPC non plus d’ailleurs même si les prises d’otage n’étaient qu’une acti­vité mar­gi­nale. Les Fran­çais Pierre Camatte et Michel Ger­ma­neau, le Bri­tan­nique Edwyn Dyer, le Cana­dien Robert Fow­ler, les Espa­gnols Albert Vilalta, Ali­cia Gámez et Roque Pas­cual, la liste s’allonge encore avec en sep­tembre l’enlèvement de 7 per­sonnes à Arlit au nord du Niger, 5 Fran­çais, un Togo­lais et un Mal­gache. Au total depuis sa créa­tion, Aqmi aurait tou­ché quelque 70 mil­lions d’euros, à rai­son en moyenne de 2 mil­lions par otage.

    «Les prises d’otage ne vont pas sup­plan­ter les taxes sur les tra­fics, explique tou­te­fois Mathieu Gui­dère. Car ces taxes sont des sources de reve­nus beau­coup plus régu­lières. Le kid­nap­ping n’est une source de reve­nus occa­sion­nelle et ponc­tuelle. Ce n’est donc pas pos­sible de les sub­sti­tuer.» C’est égale­ment l’avis de Louis Caprioli qui estime que ces taxes rap­portent à Aqmi beau­coup plus encore que les ran­çons si médiatisées. 


    Mar­ke­ting

    Les prises d’otages servent aussi de cam­pagne de com­mu­ni­ca­tion à l’entreprise. En se mul­ti­pliant, en deve­nant de plus en plus média­tiques, ils font fina­le­ment la renom­mée d’al-Qaida au Magh­reb isla­mique, bien au-delà des opé­ra­tions sans enver­gure de la branche algé­rienne d’Aqmi. Car si les chefs offi­ciels du mou­ve­ment –le numéro 1 Abdel­ma­lek Drouk­del et Yahia Djouadi– sont tou­jours en ter­ri­toire algé­rien, l’attention de la com­mu­nauté inter­na­tio­nale se foca­lise sur le Sahel et sur ses chefs de Katiba. Hon­neur suprême, cette évolu­tion leur vau­dra en octobre 2010 un mot du chef suprême Ous­sama Ben Laden, qui, dans un mes­sage, évoque pour la pre­mière fois les acti­vi­tés de la branche sahé­lienne d’al-Qaida (Drouk­del, lui, fait entrer Ben Laden dans les négo­cia­tions sur les otages fran­çais le 18 novembre 2010). Une label­li­sa­tion qui, aux yeux d’un Abou Zeïd, vaut plus que toutes les récom­penses, armes ou for­ma­teurs. Car il n’y a stric­te­ment aucun lien opé­ra­tion­nel entre l’organisation au Sahel et al-Qaida, assurent les spé­cia­listes du dos­sier. Tout ce que les deux orga­ni­sa­tions par­tagent, c’est un nom et peut-être une idéologie. 


    LES PRINCIPAUX POSTES DE DÉPENSES

    Que fait Aqmi de ses mil­lions? L’organisation compte au mieux dans le Sahel quelque 300 membres actifs. Dis­per­sés en petits groupes, ils sont tou­jours en mou­ve­ment pour éviter d’être repé­rés. Et même s’ils sont mieux armés, équi­pés de moyens modernes de com­mu­ni­ca­tion, rien dans leurs équi­pe­ments n’indique un inves­tis­se­ment excep­tion­nel, ni armes lourdes, ni chars de com­bats et encore moins une avia­tion. Car si Aqmi est offi­ciel­le­ment en guerre, c’est au nord, contre l’armée algé­rienne. Sa branche sahé­lienne né s’attaque qua­si­ment jamais aux mili­taires de la région. Il n’y a pas là non plus d’attaques de grande ampleur,
    ni d’opération mas­sive de recru­te­ment. En Algé­rie, non plus, l’activité ter­ro­riste n’a pas pris d’ampleur, au contraire. «Si vous regar­dez bien depuis le mois d’août 2008, vous n’avez plus eu de grandes opé­ra­tions mili­taires réa­li­sées par cette orga­ni­sa­tion sur le ter­ri­toire algé­rien,
    explique Louis Caprioli. Ça veut dire qu’elle est en posi­tion de fai­blesse. Elle n’est plus capable de faire de grands atten­tats sui­cides.» 


    Aujourd’hui, la branche algé­rienne d’Aqmi né comp­te­rait plus que quelques cen­taines de membres, 600 selon les plus hautes esti­ma­tions.  

    La sous-traitance

    Avec 300 per­sonnes à peine, aussi mobiles, la branche sahé­lienne d’Aqmi n’accomplirait rien direc­te­ment. En fait, l’organisation sous­traite à peu près tout: l’achat d’armes, de nour­ri­ture, d’essence ou d’eau. Elle a ses appro­vi­sion­neurs atti­trés. Cela vaut aussi pour les otages. Selon Mathieu Gui­dère, seule la der­nière vague d’enlèvement, celle d’Arlit, a été diri­gée par Abou Zeïd. Les autres ont été cap­tu­rés par des groupes armées locaux qui par la suite les ont revendu à Aqmi. «Ces groupes locaux ont besoin d’argent, mais n’ont pas les capa­ci­tés de
    main­te­nir des per­sonnes en otage plu­sieurs mois, explique Mathieu Gui­dère. Ce n’est pas comme en Soma­lie ou au Nigé­ria. Ils n’ont ni l’expérience, ni la logis­tique néces­saire, ni même l’idée de mener à bien une telle opé­ra­tion.» C’est aussi l’opinion de Louis Caprioli: «Lorsqu’un
    diplo­mate cana­dien (NDLR: Robert Fow­ler) est enlevé à proxi­mité de Nia­mey, la capi­tale nigé­rienne, cela né fait aucun doute, il y a des com­plices locaux qui enlèvent des expa­triés pour les vendre ensuite à Aqmi.» Ces groupes locaux sont payés, mais sans aucune mesure avec le mon­tant annoncé des rançons.

    «En cas de prise d’otage, la chaîné d’intermédiaires est ter­ri­ble­ment longue et cha­cun pré­lève
    sa part.» Il y a deux ou trois négo­cia­teurs qui ont pignon sur rue à Bamako, les chefs locaux voi­sins d’Aqmi et puis des contacts sur le ter­rain qui savent plus ou moins où trou­ver les membres de l’organisation. C’est une pro­tec­tion pour les chefs d’Aqmi qui sont très dif­fi­cile à joindre et cela explique aussi pour­quoi il est par­fois dif­fi­cile de prendre contact avec eux. «Mais je né peux pas croire qu’ils se laissent dépouiller par les négo­cia­teurs, car fina­le­ment ce sont eux qui détiennent la clef du pro­blème», affirme pour sa part Louis Caprioli. Une opi­nion par­ta­gée par Adam Thiam, l’éditorialiste du quo­ti­dien malien Le Répu­bli­cain: «Je né peux pas croire que les chefs de tri­bus voi­sins d’Aqmi sont si bien payés, sinon ils vivraient
    beau­coup mieux qu’aujourd’hui, ils sont loin de rou­ler sur l’or.» Pour­tant, il y a de plus en plus de construc­tions à Tom­bouc­tou, à Gao ou Kidal. L’immobilier dans le nord du Mali né connaît pas la crise. Le prix du ciment explose. Or inves­tir dans le bâti­ment, c’est la meilleure manière de blan­chir de l’argent sale. Pour Adam Thiam, on est bien loin de l’explosion dénon­cée par cer­tains élus du nord, mais tout de même, cela montre un cer­tain dyna­misme de
    la région. Est-ce pour autant Aqmi qui inves­tit? Rien n’est moins sûr. «Pour moi, ce n’est pas direc­te­ment Aqmi qui inves­tit dans les villes, mais ces gros com­mer­çants qui pro­fitent d’Aqmi et du nar­co­tra­fic pour s’enrichir, cela né concerne que quelques per­sonnes.»
     

    Irri­guer tout le tissu social

    Aqmi redis­tri­bue lar­ge­ment pour s’assurer de la non-hostilité des popu­la­tions locales. «La popu­la­tion né subit pas Aqmi, en tout cas pas au point de pro­vo­quer un rejet, explique Mathieu Gui­dère. Aqmi né l’attaque pas, n’enlève pas d’habitants de la région. L’organisation ter­ro­riste par­ti­cipe indi­rec­te­ment à la vie écono­mique du nord du Sahel.» C’est pour cela que l’organisation avait choisi à l’origine de s’installer au nord du Mali et du Niger, les habi­tants
    sont rétifs au pou­voir cen­tral et extrê­me­ment pauvres. L’Etat y est pra­ti­que­ment absent.

    «Ils se sont impo­sés par les acti­vi­tés écono­miques, ils donnent de l’argent aux gens pour créer des petits com­merces et ça leur sert ensuite de sources d’approvisionnement», raconte Moha­med Ould Mah­moud, ancien direc­teur d’Oxfam au Mali et expert en déve­lop­pe­ment, ori­gi­naire de Tom­bouc­tou. Lui a vu com­ment Aqmi s’est atti­rée les faveurs d’une par­tie de la popu­la­tion en payant comp­tant et sans négo­cier la moindre mar­chan­dise ou en dis­tri­buant des médi­ca­ments. «Aqmi, c’est l’Etat là où il n’y en a pas», rebon­dit son com­pa­triote Adam Thiam. Déjà très pauvre, la bande sahélo-saharienne est tou­chée de plein fouet par la crise
    écono­mique et une ter­rible séche­resse. Les reve­nus tou­ris­tiques sont en baisse depuis des années à cause dans un pre­mier temps de la pro­li­fé­ra­tion des groupes armés et der­niè­re­ment
    bien sûr des prises d’otages.
    Les groupes rebelles du nord du Mali et du Niger ont fini dans leur grande majo­rité par ral­lier les pou­voirs cen­traux, mais sans obte­nir les contre-parties atten­dues. «Le tissu socio-économique est dans un tel état que n’importe quelle source de reve­nus est la bien­ve­nue. La popu­la­tion ne va pas regar­der d’où vient l’argent», explique encore Mathieu Guidère.

    Aqmi serait-elle une alter­na­tive à des Etats défaillants? Moha­med Ould Mah­moud, lui, s’oppose vigou­reu­se­ment à cette idée. De même qu’à celle d’une popu­la­tion entiè­re­ment dévouée à Aqmi, com­plice de ses actions: «Quel autre choix ont-ils? Ils ont peur d’actions de repré­sailles. Aqmi décide qui tra­vaille ou pas dans le sec­teur des trans­ports par exemple.» Arri­vée sur la pointe des pieds, l’organisation sahé­lienne s’impose peu en peu comme une entre­prise mono­po­lis­tique. Son ombré plane sur tous les sec­teurs d’activité. Les com­mer­çants locaux heu­reux hier d’avoir quelqu’un à appro­vi­sion­ner prennent du galon. «Une nou­velle aris­to­cra­tie est en train d’émerger.» Pour lui, il né faut pas non plus dis­tin­guer les nar­co­tra­fi­quants des ter­ro­ristes: «Ceux qui font du tra­fic de drogue s’installent dans les capi­tales régio­nales, à Gao, à Tom­bouc­tou. Là-bas, ils béné­fi­cient d’une cer­taine immu­nité. Les autres sont dans le désert. Ils appa­raissent plus idéo­lo­giques. Mais la fina­lité est la même ». Et cette fina­lité, c’est de faire de l’argent. Pour conti­nuer à exis­ter.
    Source : Blogs Philhadj.fr, 10/12/2010

  • El Aaiun : le Maroc enterre un citoyen en absence de sa famille

    El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupée par le Maroc.- Le citoyen hispano-sahraoui, Babi El Gargar, a été enterré par les autorités marocaines sans prévenir sa famille et sans faire une autopsie pour définir les causes de sa mort.

    Son frère, Lehmad Mouloud, résident en Espagne, ainsi que la Ligue Espagnole Pro-droits humains, ont dénoncé la décision marocaine d’enterrer Babi sans autorisation de sa famille et sans notification du lieu exact de son enterrement.

    Les marocains ont présenté l’un de ses sbires d’origine sahraouie, Rachid Douihi en l’occurrence, comme étant un parent proche de la victime, ce qui est faux. Rachid Douihi ne fait qu’appartenir à la tribu du défunt, rien de plus. En plus, il possède le titre de Gouverneur au Ministère de l’Intérieur du Maroc.

    Ainsi les bavures du régime sanguinaire de Mohamed VI et ses serviteurs du sionisme international vont de bavure en bavure et de mensonge en mensonge à cause de leur incompétence à gérer le problème du Sahara Occidental

  • Les prisonniers de la Carcel Negra entament une grève de la faim de 48 heures

    Les prisonniers politiques sahraouis détenus dans la Prison Noire, ont initié jeudi une grève de la faim de 48 heures, selon un communiqué du Ministère sahraoui des Territoires Occupés et des Communautés à l’Etranger.

    Le Ministère sahraoui affirme dans son communiqué que le nombre des détenus dépassent les 100, et qu’ils ont décidé d’entamer une grève à cause des conditions lamentables à l’intérieur de la prison.

    Une grande majorité des prisonniers ont été détenus lors de l’assaut meurtrier des forces d’occupation au camp de Gdeym Izik, levé dans les banlieues d’El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupée par le Maroc, pour protester contre les conditions de vie précaires des habitants autochtones du territoire.