Mois : décembre 2010

  • Rédha Malek : Même avec l’autonomie, le Sahara occidental recouvrera son indépendance

    Evenement du 11 decembre – Rédha Malek : Une démonstration populaire qui a épaté le monde

    C’est en sa qualité de moudjahid que l’ancien Premier ministre, Rédha Malek, a animé, hier au forum Mohamed-Abderrahmani du quotidien El Moudjahid, à Alger une conférence autour de l’impact politique et diplomatique suscité dans le monde par l’une des plus célèbres révoltes du peuple algérien contre la France coloniale, à savoir les événements du 11 décembre 1960.
    En présence d’anciens moudjahidine, d’historiens et de représentants du corps diplomatique à Alger, l’ancien membre du GPRA a mis l’accent sur les deux résolutions votées par plus des deux tiers de l’Assemblée générale des Nations unies. 

    La première résolution appelait à l’octroi du droit d’autodétermination à tous les peuples soumis au joug colonialiste, alors que la seconde était réservée uniquement au cas algérien, puisqu’elle sommait la France à reconnaître le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA), à respecter l’intégrité territoriale de l’Algérie et par-delà, à disposer le peuple algérien de son droit à l’autodétermination. 

    «C’était la première fois que l’organisation onusienne s’exprimait de manière franche et tranchée en faveur du peuple algérien », indique doctement, M. Malek en expliquant le succès diplomatique par la formidable mobilisation populaire du 11 décembre dans le territoire national et pas seulement dans la capitale. Une résolution qui a sonné le glas du projet de De Gaulle de maintenir l’Algérie sous son autorité. De même qu’elle a donné un grand souffle aux mouvements de libération dans le continent africain. Toujours à propos de l’historique résolution, qui fera l’objet les 13 et 14 septembre d’une conférence internationale organisée à Alger, M. Malek a fait valoir l’abstention des Etats-Unis au cours du vote. Preuve, selon lui, de l’opposition américaine à la politique de De Gaulle. Une position qui fut adoptée également par de nombreux pays européens marquant ainsi la fin du « soutien indéfectible » à la politique colonialiste de la France. Le conférencier n’a pas omis de souligner le remarquable travail effectué par les corps diplomatique du GPRA, qui explique, selon lui, le succès de la démarche.

    • Même avec l’autonomie, le Sahara occidental recouvrera son indépendanceEvoquant, dans son intervention, l’indépendance, en 1956, du Maroc, qui fut soumis, auparavant, à une autonomie interne, M. Redha Malek lance un appel aux dirigeants marocains au sujet de la question du Sahara occidental. «L’autonomie interne que vous voulez imposer au peuple sahraoui conduira inexorablement à l’indépendance totale.»

    Amine G.
    Horizons, 12/12/2010
  • Reprise des pourparlers entre le Maroc et le Polisario : A l’ombre de Gdim Izik

    Christopher Ross présidera du 16 au 18 décembre à Greentree, dans la banlieue de New York, la quatrième série des pourparlers informels entre le Maroc et le Front Polisario, annonce Martin Nesirky, le porte-parole de l’ONU. L’Algérie et la Mauritanie, deux pays voisins des belligérants, participeront à cette réunion en qualité d’observateurs pour réaffirmer la nécessité du «respect» de la légalité internationale.
    Le Maroc et le Front Polisario qui se retrouveront, début 2011, pour une 5e réunion informelle, réussiront-ils lors de ce rendez-vous organisé dans le cadre du mandat donné par le Conseil de sécurité à l’envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental pour mener des négociations, à explorer de nouvelles  approches et créer un environnement plus propice au progrès, comme ils ont convenu les 8 et 9   novembre dernier à l’issue de la 3e réunion informelle  qu’ils ont tenue près de New York? Les deux parties  avaient pris deux engagements. 

    Un, «reprendre sans délai les visites familiales par avion sur la base d’une application stricte du plan d’action agréé en 2004». Deux, se réunir à Genève avec le Haut Commissariat pour les réfugiés «afin de revoir la mise en œuvre du plan d’action dans sa totalité et d’avancer vers le lancement des visites par  voie terrestre». 

    Plus d’un mois après, aucune visite n’a été annoncée, les désaccords apparus lors des premières rencontres sont toujours là. Le Maroc campe sur son plan pour l’autonomie sous sa souveraineté, comme seule et unique base des futures  négociations. Le Polisario qui se rendra à ce rendez-vous pour exprimer sa disponibilité à «des négociations justes», estime que le statut final du Sahara occidental doit être décidé lors d’un référendum d’autodétermination qui donnerait aux Sahraouis le choix entre trois options : indépendance ou autonomie sous souveraineté marocaine ou encore rattachement au Maroc. 

    Outre ces divergences exprimées lors des trois premières rencontres, dont celles en août 2009 à Durnstein (Autriche) et en février dernier à Armonk (Etats-Unis), il y a les effets du démantèlement «barbare»  par l’armée marocaine du camp de Gdim Izik, près d’El Ayoune, le 8 novembre 2010 qui avait créé une atmosphère tendue lors du troisième round. 

    Lors de cet  acte «prémédité» où «différentes armes, des blindés et des hélicoptères ont été utilisés, la machine de répression marocaine qui n’a épargné aucune tranche sociale, a fait état, selon les Sahraouis, des «dizaines de morts». 

    «Près de 140 détenus subissent toujours les formes les plus ignobles de torture et sont victimes de violations dans les geôles marocaines», affirment à Alger  des témoins venus d’El Ayoune occupée, réitérant leur volonté à «poursuivre la résistance pacifique jusqu’à la réalisation de l’objectif escompté : l’organisation d’un  référendum d’autodétermination libre et transparent» et leur espoir de voir l’ONU envoyer une «commission d’enquête internationale» à Gdim Izik pour mettre à nu les violations commises par les forces marocaines et élargir les prérogatives de la Minurso qui est sur le terrain depuis 1991, au contrôle du respect des droits de l’homme.
    Djamel Boukrine.
    Horizons, 12/12/2010 
  • Témoignages directs sur l’assaut du camp de Gdim Izik

    Plusieurs militants sahraouis qui ont assisté à l’assaut mené le 8 novembre dernier contre le camp de Gdim Izik (Camp de la Liberté) près de la ville d’El Ayoun occupée, ont apporté leurs témoignages sur «la barbarie des violations et des crimes» commis par les forces d’occupation marocaines à l’encontre de citoyens sahraouis désarmés. Venus des régions sahraouies occupées, pour participer à une rencontre de solidarité organisée à Alger par le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps), les militants ont indiqué que l’attaque menée par les forces d’occupation marocaines contre le camp de la liberté était un acte «prémédité» lors duquel «différentes armes, des blindés et des hélicoptères ont été utilisés». 
     
    Cet assaut contre le camp de la liberté a été suivi par une large campagne d’arrestations ayant ciblée des citoyens sahraouis, ontils affirmé, soulignant que la «machine de répression marocaine n’a épargné aucune tranche sociale notamment les enfants, les personnes âgées et les femmes». «Près de 140 détenus subissent toujours les formes les plus ignobles de torture et sont victimes de violations dans les geôles marocaines, outre les femmes sahraouies violées par les éléments des forces marocaines et les milliers de sahraouis contraints à l’exode», ont-ils souligné. Les intervenants ont dénoncé «les arrestations arbitraires de Sahraouis dans les régions occupées depuis le 8 novembre dernier», qui viennent affirmer «la déconvenue et l’échec du régime marocain». «La bataille de Gdim Izik a prouvé au monde entier que le peuple sahraoui est un peuple civilisé qui veut défendre ses droits et prôner la paix», ont-ils dit, ajoutant que «la politique marocaine visant à étouffer la vérité n’entamera pas la volonté et la détermination du peuple sahraoui à poursuivre la résistance pacifique jusqu’à la réalisation de l’objectif escompté: l’organisation du référendum d’autodétermination. 
     
    Ils ont lancé un appel au secrétaire général de l’ONU et aux membres du Conseil de sécurité, de l’UE, de l’UA et de la Ligue arabe pour garantir le respect de la légalité internationale et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, à travers un référendum libre et transparent. Les militants sahraouis ont appelé à l’envoi d’une commission d’enquête internationale dans la région pour mettre à nu les violations commises par les forces marocaines dans les territoires sahraouis occupés, tout en autorisant l’accès des observateurs internationaux à El Ayoun occupée. Les participants à cette rencontre ont souligné la nécessité de revendiquer «le retrait immédiat des forces marocaines des territoires sahraouis occupés et la libération de tous les détenus qui croupissent dans les prisons marocaines». Les intervenants ont appelé à élargir les prérogatives de la Minurso au contrôle du respect des droits de l’Homme et à la protection des Sahraouis, tout en appelant la France à cesser de s’opposer à cette revendication.

     M. B. 
    Le Courrier d’Algérie, 12/12/2010

  • MAROC-RASD : Reprise des pourparlers indirects à la mi-décembre

    La prochaine réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc sur le Sahara Occidental aura lieu du 16 au 18 décembre à Manhasset (New York) sous l’égide des Nations unies, a indiqué vendredi le porteparole du secrétaire général de l’ONU. «Ces réunions auront lieu à l’invitation de l’envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, dans le cadre du mandat donné par le Conseil de sécurité pour des négociations menées par l’ONU», a-t-il précisé. Cette quatrième rencontre informelle se tiendra sous les auspices de Ross, en présence des délégations des deux parties et des représentants des deux pays observateurs, l’Algérie et la Mauritanie. 
     
    La troisième réunion informelle s’était tenue les 8 et 9 novembre dernier à l’issue de laquelle les parties avaient convenu de se réunir à nouveau au mois de décembre ainsi qu’au début de l’année prochaine ‘’afin de poursuivre, selon des approches novatrices, le processus de négociations qui a été demandé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies’’, rappelle-t-on. Elles avaient aussi convenu de ‘’reprendre sans délai les visites familiales par avion sur la base d’une application stricte du plan d’action agréé en 2004’’, avait indiqué M. Ross à l’issue de la précédente réunion informelle, ajoutant que les parties ont aussi convenu ‘’d’accélérer l’inauguration de visites par voie terrestre. ‘’Elles avaient également prévu de se réunir prochainement à Genève avec le Haut Commissariat pour les réfugiés «afin de revoir la mise en oeuvre du plan d’action dans sa totalité et d’avancer vers le lancement des visites par voie terrestre», a-t-il avancé. 
     
    D’autre part l’organisation non gouvernementale, Western Sahara Resource Watch (WSRW)a demandé aux banques internationales de cesser tout financement supplémentaire de la compagnie pétrolière américaine Kosmos Energy. La société recherche du pétrole au large des côtes du Sahara Occidental occupé. 
     
    Si le Maroc -à travers son partenaire américain Kosmos Energy- trouvait du pétrole au Sahara Occidental occupé, il contribuerait fortement à miner le processus de paix de l’ONU dans le territoire, et risquerait de déstabiliser le fragile cessez-le-feu dans la région souligne l’ONG. Selon un avis juridique des Nations unies, Kosmos Energy recherche du pétrole dans le territoire sahraoui occupé et en off shore en violation du droit international. Tout en maintenant son programme au large du Sahara Occidental, Kosmos est également l’exploitant d’une importante découverte de pétrole off shore au Ghana. Pour développer le bloc Ghana, Kosmos a augmenté le financement de son projet par un emprunt de 350 millions de dollars US, grâce à des accords avec la Standard Chartered Bank, la BNP Paribas SA, la Société Générale, le Crédit Agricole Corporate & Investment Bank, Crédit Suisse International, Citibank, N.A, Natixis, la HSBC Bank et la FirstRand Bank Limited.WSRW a fait appel à ces banques, ainsi qu’à la SFI et l’AFC, pour suspendre tout nouveau financement de l’entreprise. «Nous pensons que votre soutien financier à la compagnie est très regrettable. À notre avis, la compagnie ne montre aucun respect pour la communauté dans laquelle elle opère. Nous en appelons votre établissement à prendre des mesures comme une institution financière doit le faire, en refusant tout soutien financier additionnel à Kosmos, y compris au Ghana, tant que l’entreprise n’a pas établi et mis en oeuvre une politique de RSE, et commencé à respecter les principes fondamentaux des droits de l’homme» a demandé Western Sahara Resource Watch (WSRW) dans une lettre aux banques. 
     
    L’organisation WSRW exhorte depuis plusieurs années, Kosmos à quitter le territoire sahraoui, mais en vain. «Ce petit groupe de banques internationales a une occasion en or de contribuer à stopper l’escalade dans le conflit du Sahara Occidental. Lorsque le forage dans les territoires occupés va commencer, les banques ne souhaiteront pas être associées à cette entreprise contraire à l’éthique. Elles doivent traiter cette question avec Kosmos pendant qu’elles ont encore une chance de le faire «, a déclaré Maiju Kaipiainen, présidente de Western Sahara Resource Watch. Kosmos a effectué des analyses sismiques au large du Sahara Occidental en 2009.

     Mokhtar Bendib 
    Le Courrier d’Algérie, 12/12/2010

  • Prochaine rencontre Polisario-Maroc : L’ONU veut du concret

    Le cycle des rencontres informelles entre le Maroc et le Front Polisario sur le Sahara occidental est relancé pour une nouvelle réunion de deux jours à compter du 16 décembre, a annoncé un communiqué de l’ONU. 

    Cette rencontre, la quatrième, intervient donc 40 jours après la dernière tenue sous l’égide des Nations unies à Greentree, à Long Island, près de New York. Pour rappel, le troisième rencontre coïncidait avec l’assaut meurtrier contre un campement de contestataires sahraouis près de Laâyoune, la capitale du Sahara occidental. 

    Ces réunions auront lieu à l’invitation de l’envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, dans le cadre du mandat donné par le Conseil de sécurité pour des négociations menées par l’ONU, a précisé le porte-parole du secrétaire général de l’ONU. Il y aura également comme c’est de tradition à ces pourparlers la participation des deux pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie. 

    Pour sa part, le ministre marocain des Affaires étrangères Taieb Fassi Fihri a souligné, devant la seconde chambre des sénateurs marocains, que la prochaine rencontre entre les deux belligérants constitue un prélude dans la perspective d’en tenir une autre début 2011. 

    Ce qui est attendu des deux parties à l’occasion de cette nouvelle session, c’est de tenter d’avancer à travers de nouvelles approches pour sortir du statu quo qui perdure depuis juin 2007, date du premier round de négociations sous la présidence de l’ancien médiateur Peter Van Walsum. Durant la dernière rencontre, aucun accord n’a été trouvé pour une probable préparation d’un round de négociations. Les deux parties sont campées sur leurs positions initiales. 

    La délégation marocaine s’est contentée de réitérer sa proposition de large autonomie comme base de négociation alors que celle des Sahraouis s’en tient au droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination en incluant l’indépendance aux côtés de l’intégration et de la proposition d’autonomie. 

    Cependant, un fait reste à souligner : selon des responsables du Front Polisario, la délégation marocaine a accepté de prendre en compte la proposition sahraouie. Ce qui constitue du point de vue même symbolique une avancée remarquable dans la perspective de se lancer dans de véritables négociations conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. 

    Il faut souligner que ces cycles de rencontres se déroulent au moment où le Maroc subit une pression internationale après l’attaque ordonnée contre les milliers de civiles sahraouis regroupés dans un campement en signe de protestation contre les différentes formes de discrimination dont ils font l’objet dans les territoires qu’occupe le Maroc.
    Y. M.
    Le  Jeune Indépendant, 12/12/2010 
  • Rabat ira groggy à New York

    Les pourparlers informels entre le Maroc et le Front Polisario sur le Sahara occidental, avec la participation de l’Algérie et de la Mauritanie, ont été fixés du 16 au 18 décembre près de New York, sous l’égide des Nations unies. Quatrième du genre, cette rencontre est cependant la première à se tenir après la répression sanglante des populations civiles sahraouies les 8 et 9 du mois passé à Gdeim Izik et à El-Ayoun, dans les territoires occupés du Sahara occidental. Une attaque disproportionnée, à l’allure bestiale accomplie, loin du «mauvais œil», et dont on prend soin de garder jalousement le bilan au placard. 

    Des «incidents graves» qui ne manquèrent pas de soulever la désapprobation à travers la planète, y compris chez les alliés traditionnels du royaume. En Europe, il est clairement reproché au Maroc de déroger aux obligations liées à son «statut avancé», comme laissent penser les conclusions parlementaires européennes, particulièrement celles, plus tranchées, du Parlement espagnol. Rabat ira donc aux pourparlers de New York avec une gibecière pleine de jolies condamnations glanées sur les cinq continents. Il s’y dirigera avec, à sa traîne, tous les remous intérieurs engendrés par la raclée politique issue de sa «bravoure» du 8 novembre et que son vis-à-vis du Polisario connaît sans aucun doute sur le bout des doigts. 

    Le makhzen ne devra pas non plus perdre de vue que les droits humains au Sahara occidental et sa technique utilisée dans le démantèlement du camp de Gdeim Izik figureront probablement dans l’agenda de la réunion de lundi prochain à Bruxelles dans le cadre de la 9e session du Conseil de l’Association entre le Maroc et l’UE. Le Maroc ira donc assez sonné à la réunion de New York. Une réunion à blanc dont rien de positif ne sortira puisque le royaume est en phase de récupération. Dans le meilleur des cas, le Maroc réservera ses atouts pour la prochaine reunion prévue au mois de janvier prochain. On ne sait jamais, peut-être que, d’ici là, le père Noël aura visité la cheminée du commandeur des croyants. Il faut bien rêver tout de même, non ? 
    M . Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr.
    Le Jeune Indépendant, 12/12/2010 
  • On torture bien à Marrakech…

    Quelques mois à peine après la sortie de prison de Zahra Boudkour, la plus jeune détenue politique du Maroc, une de ses camarades la remplace pour ce sinistre record.
    Mardi 12 octobre 2010 vers 16h, un jeune homme élégant, la vingtaine, sonne à la porte de la maison familiale d’Ilham Hasnouni à Essaouira. “Ilham, il y a un mec qui demande après toi“, lui lance son petit frère, pensant qu’il s’agit d’un copain de fac. A peine arrivée sur seuil de la porte, cinq hommes baraqués saisissent l’étudiante de 21 ans, jettent son petit frère à terre et la tirent par les cheveux, sous les cris de sa mère, vers le véhicule noir qui l’attend pour la mener vers une destination inconnue. “Pas de doute, j’ai compris qu’il s’agissait des molosses du makhzen. La voiture noire a été la dernière chose que j’ai pu voir avant qu’ils ne me bandent les yeux. Les coups et les insultes pleuvaient pendant tout le trajet“, raconte Ilham dans son témoignage écrit depuis la prison Boulmharez de Marrakech.
    L’arrestation de l’étudiante, sans mandat ni convocation préalable, intervient suite à une série d’interpellations semblables dans le milieu estudiantin de l’Université Qadi Ayad de Marrakech, après les événements du 14 mai 2008, lorsque les forces de l’ordre ont investi la cité universitaire. L’Union Nationale des Etudiants Marocains (Unem) avait appelé à une grève après des dizaines de cas d’intoxication alimentaire dans le restaurant universitaire. L’administration de l’Université avait alors refusé de prendre en charge les frais médicaux des étudiants hospitalisés. La police a procédé à de violentes rafles dans les rangs des étudiants appartenant au groupe la Voie Démocratique Basiste*, les accusant entre autres de soutenir les séparatistes sahraouis.
    Oui Monsieur, soyez tranquille“, disait l’un des bourreaux d’Ilham au téléphone. Le mince filet de lumière qu’elle apercevait à travers son bandeau ne lui permettait ni de reconnaître les lieux, ni les visages. “Je me suis retrouvée menottée dans une pièce sombre, probablement dans l’une des villas réservées par le régime à ce genre de besognes“, suppose-t-elle. Aux cinq agents qui l’ont arrêtée se sont joints d’autres. “Traitresse! Fille de (…)! Dès que vous vous remplissez la panse, vous vous révoltez!“. La rhétorique est familière à ceux qui ont eu à subir les affres du makhzen. Dépourvu de citoyenneté, le sujet marocain est réduit à sa portion congrue : un tube digestif. La militante dit avoir été interpellée par le sens de cette phrase, “De quoi est-ce que nous nous sommes rempli la panse? De répressions? D’arrestations? Ou bien est-ce qu’ils parlent des richesses de ce pays dont nous ne voyons que les miettes?“.
    Torture au rythme des tambours
    Ceux de Marrakech nous font savoir qu’ils la veulent cette nuit“, a pu entendre Ilham dans une conversation entre deux agents. “Lorsqu’ils sont venus m’embarquer, j’ai reçu un coup de pied qui m’a fait perdre mon équilibre… Lève-toi espèce de (…)!, m’ont-ils intimé. Au moment de monter en voiture, j’avais le tournis tellement j’avais reçu de coups sur la tête“. Un cortège de deux voitures l’emmène vers la ville ocre où les événements avaient eu lieu deux ans auparavant. “J’étais consciente que ce qui m’attendait n’allait pas être facile“. Les témoignages qui filtraient depuis la prison de Boulmhrarez au long des deux années écoulées étaient en effet terrifiants. Après la sanglante descente dans la cité universitaire Qadi Ayad, les longues journées de torture et les parodies de procès, les détenus de la Voie Démocratique Basiste ont dû faire face à des conditions de détention particulièrement difficiles. 
    Après un trajet qui m’a semblé interminable, ils m’ont fait descendre un escalier, puis je me suis retrouvée de nouveau menottée sur une chaise“. Les interrogatoires commencent : identité, études, opinions politiques, fréquentations, complicités, etc. Les questions pleuvent, ponctuées de coups de poings lorsque les réponses ne sont pas au goût des enquêteurs. “Après une durée que je suis incapable d’estimer, j’ai été emmenée dans une autre pièce à l’étage supérieur. Les visages ont changé mais pas les questions, ni les réponses, jusqu’à ce qu’une sonnerie de téléphone vienne annoncer la fin de la première séance, et le début de la deuxième“. Ilham est de nouveau embarquée dans un véhicule, un fourgon cette fois-ci. Le trajet assez court indique que la destination se trouve en ville. “On m’a  fait descendre un long escalier. Je me suis retrouvée dans un sous-sol humide et sombre où j’allais passer la nuit“.
    Ilham n’avait pas la moindre idée d’où elle pouvait se trouver, mais elle n’allait pas tarder à le deviner. Dans le silence de son cachot, elle commence à distinguer des sons de fête, percussions et pas de danse. L’Histoire se répète, comme Zahra Boudkour, Ilham fait escale dans le tristement célèbre commissariat de Jemâa El Fna. Sous la place emblématique du tourisme Marocain, classée patrimoine oral de l’Unesco, des dizaines, qui sait, peut-être des centaines de détenus croupissent dans le noir et l’humidité. Les champs des Gnaoua et les flutes des charmeurs de serpents couvrent les cris de ceux que l’on torture quelques mètres plus bas. La foule de touristes ignore que sous ses pieds se trouve le lieu où Zahra Boudkour a subi des coups de barre de fer sur le crâne et les parties génitales, où elle a été déshabillée devant ses camarades mâles et gardée nue pendant trois jours alors qu’elle avait ses règles. La superbe image de carte postale qu’offre la place Jemâa et Fna cache les ténèbres où échouent les damnés du régime.
    Quelques heures plus tard, la porte s’ouvre, de nouveaux visages font leur apparition. La série de questions reprend, mais cette fois-ci, les bourreaux n’attendent même plus les réponses, ils m’ont tabassée à coups de pieds jusqu’à l’évanouissement“. Ilham a ainsi perdu connaissance à plusieurs reprises, à chaque fois elle est tirée de son coma pour être de nouveau passée à tabac. “Durant toutes ces séances, je n’ai jamais réellement pu distinguer les visages, mais je savais que j’avais affaire aux  assassins d’Abderrazak Gadiri dont la mémoire ne m’a pas quittée un instant“. L’étudiant avait succombé à une blessure à la tête le 31 décembre 2008 suite à une autre invasion de la cité universitaire Qadi Ayad par les forces de police. De nombreux témoignages avaient alors pointé la responsabilité d’un agent de police surnommé “Lâaroubi”* qui se trouvait en compagnie du Vice-préfet de police de Marrakech Mohammed Toual et du chef de la police touristique de la ville Moulay El Hassan El Hafa. A ce jour, aucun coupable n’a été jugé pour le meurtre de Gadiri.
    De retour au cachot, j’avais tellement envie de dormir, mais l’humidité et  le grondement des tambours de la place Jemâa el Fna  m’en ont empêché“, poursuit Ilham. La trêve a été de courte durée, ses tortionnaires sont revenus la chercher pour un énième interrogatoire. “Qui vous finance?“, lui lance l’enquêteur. Là où il ne faut voir qu’une organisation étudiante qui milite pour la gratuité de l’enseignement, l’augmentation des bourses ou l’accès aux moyens de transport, le régime peut voir une conspiration contre sa pérennité, probablement financée par des “ennemis du Maroc”. Les questions s’enchaînent, sur les complicités, les autres camarades, etc. Fin de l’interrogatoire, Ilham est de nouveau embarquée dans un fourgon, direction le Tribunal pour comparaître devant le procureur du roi. “Une horloge accrochée au mur indiquait 9h du matin. J’ai donc passé deux jours sans manger au commissariat de Jemâa el Fna“.
    Menottée à une chaise, Ilham commence à succomber à la faim, la soif, la douleur et l’épuisement. Ce n’est qu’à 18h qu’un policier la conduit devant le juge d’instruction. “Qui a brûlé la cité universitaire? Combien êtes-vous?… Je n’étais pas étonnée par ses questions. Pour ma part, j’avais envie de lui dire: qui interdit aux étudiants l’accès à la cité? Qui a tué Gadiri?… Il a fini par me lire une longue liste d’accusations : responsabilité d’incendie, destruction de biens de l’Etat, rassemblement armé…“. Aussitôt sortie du cauchemar de l’enquête, Ilham se retrouve de nouveau dans un fourgon qui l’emmène à la prison de Boulmharez, “Abou Ghraib Marrakech”, comme la surnomment ceux qui y ont effectué un séjour. C’est de son dortoir surpeuplé qu’elle a sorti son témoignage et qu’elle continue à se battre pour ses droits fondamentaux en attendant d’être jugée.
    Zineb El Rhazoui
    * Voie Démocratique Basiste, Annahj Addimocrati al Qaïdi, à ne pas confondre avec le baasisme.
    * Lâaroubi, le gueux en dialecte marocain.
  • Le Maroc mis à genoux par la détermination des sahraouis

    Voila 35 ans que les sahraouis sont bercés par des promesses qui ne tiennent pas débout et auxquelles ils ont toujours cru. On les a bercés et bernés à la fois. Durant ces 35 années de rêve insensé, de l’autre coté, les marocains ne sont pas restés les bras croisés. Ils ont construit et fortifié leur mur de défense et pillé et malversé les richesses naturelles du Sahara Occidental. Sans que les sahraouis en profitent. Gdeym Iik a été l’expression du ras-le-bol sahraoui. Le Maroc a voulu faire du fait accompli de son occupation un atout. Il s’est retourné contre lui. Les sahraouis, au fur et à mesure que le temps passe, s’arment de courage et de détermination pour chasser cette horde sauvage venue du Nord qui, comme les crickets, constitue une menace pour la région entière.

    Toutes les démarches entreprisses en vue d’aboutir à un réel processus de paix n’ont pas abouti et pour cause ! Tous les envoyés spéciaux, les représentants du Secrétaire Général de l’ONU, les centaines de résolutions du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée Générale de l’ONU, se sont cognés contre l’arrogance marocaine soutenue, dans cela, par les intérêts des américains et français. Le plan de paix signé en 1991, date du cesse-le-feu, est devenu du papier mouillé.

    L’occupation barbare marocaine et ses alliés français avaient misé sur le temps et la capacité de résistance des sahraouis.  Aujourd’hui, Rabat se trouvent devant son propre fait accompli. La résistance populaire ne cesse d’augmenter et de prendre de nouvelles formes. Pour en fin aboutir à une condamnation unanime de la communauté internationale des pratiques génocidaires du gouvernement marocain. C’est la raison qui pousse le ministre marocain de la communication à fréquemment parler de « mettre le Maroc à genoux ». Ses mots le trahissent. Le Maroc a été mis à genoux. Par le peuple sahraoui. Un peuple plus fort que jamais grâce à sa détermination et à la position de première puissance régionale de son allié, l’Algérie, le pays qui se trouve derrière l’historique résolution 1514, la résolution des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Les interventions de Khalid Naciri sont la preuve irréfutable des pressions exercées sur le Maroc pour qu’ils accepte le principe d’autodétermination du peuple sahraouis. Un principe sacré pour les sahraouis… et pour la communauté internationale. Le dernier vote de l’Assemblée Générale, daté du 10/12/2010 en est la preuve:

    – « Sur recommandation de sa Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission), l’Assemblée a adopté au total 25 résolutions et 2 décisions, portant, entre autres, sur la question palestinienne, les pratiques israéliennes et le Sahara occidental. »

    – « Par la résolution du même nom, adoptée sans vote, l’Assemblée générale appuie le processus de négociation en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, et loue les efforts déployés à cet égard par le Secrétaire général et son Envoyé personnel.  Elle prie le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux de continuer à suivre la situation au Sahara occidental. »

  • On torture bien à Marrakech…

    Quelques mois à peine après la sortie de prison de Zahra Boudkour, la plus jeune détenue politique du Maroc, une de ses camarades la remplace pour ce sinistre record.
    Mardi 12 octobre 2010 vers 16h, un jeune homme élégant, la vingtaine, sonne à la porte de la maison familiale d’Ilham Hasnouni à Essaouira. “Ilham, il y a un mec qui demande après toi“, lui lance son petit frère, pensant qu’il s’agit d’un copain de fac. A peine arrivée sur seuil de la porte, cinq hommes baraqués saisissent l’étudiante de 21 ans, jettent son petit frère à terre et la tirent par les cheveux, sous les cris de sa mère, vers le véhicule noir qui l’attend pour la mener vers une destination inconnue. “Pas de doute, j’ai compris qu’il s’agissait des molosses du makhzen. La voiture noire a été la dernière chose que j’ai pu voir avant qu’ils ne me bandent les yeux. Les coups et les insultes pleuvaient pendant tout le trajet“, raconte Ilham dans son témoignage écrit depuis la prison Boulmharez de Marrakech.
    L’arrestation de l’étudiante, sans mandat ni convocation préalable, intervient suite à une série d’interpellations semblables dans le milieu estudiantin de l’Université Qadi Ayad de Marrakech, après les événements du 14 mai 2008, lorsque les forces de l’ordre ont investi la cité universitaire. L’Union Nationale des Etudiants Marocains (Unem) avait appelé à une grève après des dizaines de cas d’intoxication alimentaire dans le restaurant universitaire. L’administration de l’Université avait alors refusé de prendre en charge les frais médicaux des étudiants hospitalisés. La police a procédé à de violentes rafles dans les rangs des étudiants appartenant au groupe la Voie Démocratique Basiste*, les accusant entre autres de soutenir les séparatistes sahraouis.
    Oui Monsieur, soyez tranquille“, disait l’un des bourreaux d’Ilham au téléphone. Le mince filet de lumière qu’elle apercevait à travers son bandeau ne lui permettait ni de reconnaître les lieux, ni les visages. “Je me suis retrouvée menottée dans une pièce sombre, probablement dans l’une des villas réservées par le régime à ce genre de besognes“, suppose-t-elle. Aux cinq agents qui l’ont arrêtée se sont joints d’autres. “Traitresse! Fille de (…)! Dès que vous vous remplissez la panse, vous vous révoltez!“. La rhétorique est familière à ceux qui ont eu à subir les affres du makhzen. Dépourvu de citoyenneté, le sujet marocain est réduit à sa portion congrue : un tube digestif. La militante dit avoir été interpellée par le sens de cette phrase, “De quoi est-ce que nous nous sommes rempli la panse? De répressions? D’arrestations? Ou bien est-ce qu’ils parlent des richesses de ce pays dont nous ne voyons que les miettes?“.
    Torture au rythme des tambours
    Ceux de Marrakech nous font savoir qu’ils la veulent cette nuit“, a pu entendre Ilham dans une conversation entre deux agents. “Lorsqu’ils sont venus m’embarquer, j’ai reçu un coup de pied qui m’a fait perdre mon équilibre… Lève-toi espèce de (…)!, m’ont-ils intimé. Au moment de monter en voiture, j’avais le tournis tellement j’avais reçu de coups sur la tête“. Un cortège de deux voitures l’emmène vers la ville ocre où les événements avaient eu lieu deux ans auparavant. “J’étais consciente que ce qui m’attendait n’allait pas être facile“. Les témoignages qui filtraient depuis la prison de Boulmhrarez au long des deux années écoulées étaient en effet terrifiants. Après la sanglante descente dans la cité universitaire Qadi Ayad, les longues journées de torture et les parodies de procès, les détenus de la Voie Démocratique Basiste ont dû faire face à des conditions de détention particulièrement difficiles. 
    Après un trajet qui m’a semblé interminable, ils m’ont fait descendre un escalier, puis je me suis retrouvée de nouveau menottée sur une chaise“. Les interrogatoires commencent : identité, études, opinions politiques, fréquentations, complicités, etc. Les questions pleuvent, ponctuées de coups de poings lorsque les réponses ne sont pas au goût des enquêteurs. “Après une durée que je suis incapable d’estimer, j’ai été emmenée dans une autre pièce à l’étage supérieur. Les visages ont changé mais pas les questions, ni les réponses, jusqu’à ce qu’une sonnerie de téléphone vienne annoncer la fin de la première séance, et le début de la deuxième“. Ilham est de nouveau embarquée dans un véhicule, un fourgon cette fois-ci. Le trajet assez court indique que la destination se trouve en ville. “On m’a  fait descendre un long escalier. Je me suis retrouvée dans un sous-sol humide et sombre où j’allais passer la nuit“.
    Ilham n’avait pas la moindre idée d’où elle pouvait se trouver, mais elle n’allait pas tarder à le deviner. Dans le silence de son cachot, elle commence à distinguer des sons de fête, percussions et pas de danse. L’Histoire se répète, comme Zahra Boudkour, Ilham fait escale dans le tristement célèbre commissariat de Jemâa El Fna. Sous la place emblématique du tourisme Marocain, classée patrimoine oral de l’Unesco, des dizaines, qui sait, peut-être des centaines de détenus croupissent dans le noir et l’humidité. Les champs des Gnaoua et les flutes des charmeurs de serpents couvrent les cris de ceux que l’on torture quelques mètres plus bas. La foule de touristes ignore que sous ses pieds se trouve le lieu où Zahra Boudkour a subi des coups de barre de fer sur le crâne et les parties génitales, où elle a été déshabillée devant ses camarades mâles et gardée nue pendant trois jours alors qu’elle avait ses règles. La superbe image de carte postale qu’offre la place Jemâa et Fna cache les ténèbres où échouent les damnés du régime.
    Quelques heures plus tard, la porte s’ouvre, de nouveaux visages font leur apparition. La série de questions reprend, mais cette fois-ci, les bourreaux n’attendent même plus les réponses, ils m’ont tabassée à coups de pieds jusqu’à l’évanouissement“. Ilham a ainsi perdu connaissance à plusieurs reprises, à chaque fois elle est tirée de son coma pour être de nouveau passée à tabac. “Durant toutes ces séances, je n’ai jamais réellement pu distinguer les visages, mais je savais que j’avais affaire aux  assassins d’Abderrazak Gadiri dont la mémoire ne m’a pas quittée un instant“. L’étudiant avait succombé à une blessure à la tête le 31 décembre 2008 suite à une autre invasion de la cité universitaire Qadi Ayad par les forces de police. De nombreux témoignages avaient alors pointé la responsabilité d’un agent de police surnommé “Lâaroubi”* qui se trouvait en compagnie du Vice-préfet de police de Marrakech Mohammed Toual et du chef de la police touristique de la ville Moulay El Hassan El Hafa. A ce jour, aucun coupable n’a été jugé pour le meurtre de Gadiri.
    De retour au cachot, j’avais tellement envie de dormir, mais l’humidité et  le grondement des tambours de la place Jemâa el Fna  m’en ont empêché“, poursuit Ilham. La trêve a été de courte durée, ses tortionnaires sont revenus la chercher pour un énième interrogatoire. “Qui vous finance?“, lui lance l’enquêteur. Là où il ne faut voir qu’une organisation étudiante qui milite pour la gratuité de l’enseignement, l’augmentation des bourses ou l’accès aux moyens de transport, le régime peut voir une conspiration contre sa pérennité, probablement financée par des “ennemis du Maroc”. Les questions s’enchaînent, sur les complicités, les autres camarades, etc. Fin de l’interrogatoire, Ilham est de nouveau embarquée dans un fourgon, direction le Tribunal pour comparaître devant le procureur du roi. “Une horloge accrochée au mur indiquait 9h du matin. J’ai donc passé deux jours sans manger au commissariat de Jemâa el Fna“.
    Menottée à une chaise, Ilham commence à succomber à la faim, la soif, la douleur et l’épuisement. Ce n’est qu’à 18h qu’un policier la conduit devant le juge d’instruction. “Qui a brûlé la cité universitaire? Combien êtes-vous?… Je n’étais pas étonnée par ses questions. Pour ma part, j’avais envie de lui dire: qui interdit aux étudiants l’accès à la cité? Qui a tué Gadiri?… Il a fini par me lire une longue liste d’accusations : responsabilité d’incendie, destruction de biens de l’Etat, rassemblement armé…“. Aussitôt sortie du cauchemar de l’enquête, Ilham se retrouve de nouveau dans un fourgon qui l’emmène à la prison de Boulmharez, “Abou Ghraib Marrakech”, comme la surnomment ceux qui y ont effectué un séjour. C’est de son dortoir surpeuplé qu’elle a sorti son témoignage et qu’elle continue à se battre pour ses droits fondamentaux en attendant d’être jugée.
    Zineb El Rhazoui
    * Voie Démocratique Basiste, Annahj Addimocrati al Qaïdi, à ne pas confondre avec le baasisme.
    * Lâaroubi, le gueux en dialecte marocain.
  • Ghaza – Sahara Occidental : Deux prisons à ciel ouvert

    Une mission parlementaire française voulant se rendre dans le territoire palestinien de Ghaza, s’est vue refuser l’entrée par les autorités israéliennes, contrairement à leur engagement initial, a-t-on appris jeudi auprès de l’Association France- Palestine. François Asensi, député PCF, membre de la délégation du groupe «France-Territoires palestiniens», de l’Assemblée nationale, a dans un communiqué, cité par l’association, déploré «cet inacceptable revirement des autorités israéliennes» soulignant que les parlementaires français «se sont ainsi trouvés privés de l’accès à un territoire autonome et librement administré». «Soucieuse de renforcer les échanges parlementaires et le processus de paix, la délégation française s’est attachée à rencontrer les deux parties en conflit, dans l’ensemble de ses composantes, depuis le Premier ministre palestinien jusqu’aux hauts responsables israéliens», at- il dit. «La fin de non-recevoir israélienne annihile ces patients efforts de coopération » a ajouté François Asensi. «Deux ans après la guerre sur Ghaza et au mépris du droit international, le gouvernement israélien maintient ce territoire sous un blocus injuste et désastreux au plan humanitaire», a rappelé ce député qui a souligné que «cet entêtement dessert autant les forces de paix qu’il n’attise les haines, sur fond de vexations et de privations du peuple palestinien». «L’isolement imposé à Ghaza mène le processus de paix droit à l’impasse», a encore déploré François Asensi qui a tenu à renouveler son appel à «la levée totale du blocus israélien» sur ce territoire palestinien. Décrété en juin 2007, le blocus affecte profondément la vie quotidienne des ghazaouis: fioul, gaz et gazole sont quasi introuvables et l’eau potable se fait rare sans compter l’embargo sur les médicaments. Plus de 70% des habitants de Ghaza vivent sous le seuil de pauvreté et près de 40% sont au chômage. 80% des 1,5 million des habitants de ce territoire sous occupation israélienne se retrouvent dépendants de l’aide internationale. Les restrictions sur l’importation de ciment rendent en outre impossible la reconstruction de 15 000 habitations abîmées ou détruites lors de l’opération «Plomb durci» menée en décembre 2008 par l’armée israélienne contre la population civile. 

    Un autre point de ressemblance entre la lutte du peuple palestinien et celle du peuple sahraoui. Le Maroc a maintes fois, et la dernière il y a à peine quelques jours, empêche l’entrée au Sahara Occidental des députés européens, des ONG internationales reconnues, des journalistes, etc. 

    Les israéliens ont participé à la construction du mur de défense marocain au Sahara Occidental. Un autre mur enferme les palestiniens dans leur propre terre au vu et su du Président du Comité Al-Qods, le néo-sioniste Mohamed VI, dont le souci principal est de trouver le moyen d’accueillir des hauts dignitaires sionistes comme Shimon Pérès pour être à l’avant-garde des pays qui affichent leur allégeance au sionisme international. Tout cela dans le but de recueillir des soutiens pour sa politique expansioniste.

    Les Etats-Unis ont voté contre la volonté internationale de mener une enquête contre les crimes israéliens perpétrés à Ghaza. La France a fait de même pour cacher les crimes commis par le régime génocidaire de Rabat contre les sahraouis.