Alger, 11/12/2010 (SPS) Le Président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a appelé le roi du Maroc, Mohamed VI, à se souscrire au Droit international pour la décolonisation du Sahara occidental, pour éviter plus de souffrances aux peuples da la région et davantage d’isolement au Maroc, dans une lettre ouverte, qu’il a adressé à la veille du 62eme anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
« Ceux qui vous conseillent, soit au Maroc soit à l’étranger, de refuser l’arbitrage démocratique à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination, poussent de plus en plus le Maroc vers l’isolement, vers davantage de complications et à l’explosion de la région. Ce scénario va à l’encontre des intérêts du Maroc et de sa stabilité », dira le Président sahraoui dans cette lettre publiée par le quotidien algérien echoroukonline.com, que nous publions ci-après dans son intégralité.
« A quelques jours des nouvelles rencontres directes entre le Sahara Occidental et le Maroc sous l’égide des Nations Unies à New York, le monde s’est réveillé ce lundi 8 décembre 2010 sur les images du camp pacifique dans le camp de Gdeim Izik en feu, ses femmes violées, ses hommes, enfant et vieux humiliés. Les différentes forces armées ont attaqué au mois d’octobre un camp où se sont rassemblés 30 000 civiles sahraouis dont le seul tort est d’avoir exprimé pacifiquement et d’une manier civilisée leur droits légitimes, à savoir le droit de vivre décemment, le respect des droits de l’homme, le droit de jouir des richesses de leur pays et leur droit à l’autodétermination.
Outre la lâche attaque sur le camp de Gdeim Izik, les autorités marocaines ont envoyé les différents corps de l’armée pour opprimer violement tout Sahraouis, à travers les assassinats, les kidnappings collectifs, la torture barbare, les viols, tout en s’appuyant sur le soutien des civiles marocains pour terroriser leurs frères sahraouis. En parallèle à cela, les autorités marocaines adhérent à une campagne contre la communauté internationale, loin des promesses d’ouverture, de transparence et de respect des droits élémentaires promis depuis 1999, à travers la « fermeture » du territoire sahraoui aux observateurs internationaux, journalistes et parlementaires. Pire, les autorités marocaines ne respectent même pas les moindres règles de bienséance lors des expulsions de ceux qui ont « par chance » pu entrer à la ville d’El Aaiun. Le bilan est très lourd : des milliers de blessés, des centaines de prisonniers et de disparus et une liste incomplète de morts. A cela s’ajoute les condamnations exprimées à travers toute la planète. Ces condamnations et dénonciations qui montrent d’un doigt accusateur votre pays pour non respect des droits de l’homme, oppression, « confiscation » de la liberté d’expression, le racisme et la discrimination entre Marocains et Sahraouis.
Un moment comme celui-ci devrait donner à sa Majesté matière à réfléchir avec sagesse afin de trouver des réponses à plusieurs questions : qui assumera la responsabilité de tous les crimes commis contre le peuple sahraoui ? Pour qui travaillent ceux qui n’hésitent pas à exploiter toute occasion et tout contexte afin de compliquer de plus en plus le conflit ? Pour qui travaillent ceux qui profitent de chaque occasion pour pousser vers le blocage dont les conséquences sont très graves.
Sa majesté le roi.
Au lieu de juger les responsables qui ont transformé un rassemblement pacifique à El Aaiun occupée en une grave blessure qui saigne encore, le gouvernement marocain a adopté une ancienne politique « la fuite en avant », et un discours qui a conduit et qui conduira à de nouveaux dépassements qui auront des conséquences fâcheuses sur tout le monde. Sur le plan de l’opinion publique internationale, le caractère pacifique du camp Gdeim Izik est claire, cependant, les autorités marocaines n’ont pas hésité a adopter un discours hypocrite en accusant les membres de la commission d’organisation de cette manifestation pacifique d’appartenir à une organisation terroriste tout en les qualifiant de criminels et de marchands de drogue. Ces accusations infondées prouvent une fois de plus que le gouvernement marocain ne fait aucun effort pour assumer ses responsabilités des crimes commis contre la population sahraouie. La version marocaine des faits est écœurante.
En effet, elle a transformé les bataillons de soldats marocains armés jusqu’aux dents en artistes et peintres sensibles, alors que les victimes qui sont des femmes, enfants et vieux sahraouis qui ont passé 30 jours au camp Gdeim Izik ont été transformés du jour en lendemain en vampires, terroristes et des hors-la-loi. Ces préemptions ont été démenties par de nombreuses institutions internationales, Organisations Non Gouvernementales (ONG) et les rapports de presse. Ces instances sont unanimes à affirmer que la manifestation pacifique entrait dans le cadre de la résistance populaire pacifique au Sahara Occidental depuis le mois de mai 2005. Cette protestation populaire pacifique se veut une manière de dénoncer le désengagement du Maroc quant au referendum d’autodétermination, et dénoncer la marginalisation des Sahraouis et l’exploitation des richesses de leur pays. Sur le plan de l’opinion publique marocaine, les autorités du royaume, continuent de jouer avec du feu en aiguisant la haine, le chauvinisme et en faisant appel au soutien des civiles marocains contre les civiles sahraouis. Certains cercles au Maroc exploitent de nombreux medias marocains pour semer la discorde, inciter les marocains à la haine contre tout ce qui est sahraoui et au racisme. De tels actes irresponsables ne mènent que vers la haine, le racisme, l’intolérance et la violence.
Sa majesté le roi
L’occasion est encore devant vous de réfléchir avec sagesse à la situation désastreuse que connaît actuellement la région. Vous pouvez imaginer les conséquences fâcheuses que connaîtrait la région si le gouvernement marocain ne cède pas à la volonté populaire sahraouie et à la volonté de la communauté internationale d’organiser un referendum d’autodétermination et approuvé par le conseil de sécurité de l’ONU en 1991. Le referendum de l’autodétermination est la solution démocratique de la question sahraouie. Lors de son discours prononcé à la 37eme session de l’Assemblée Général des Nations Unies au mois de septembre 1983, votre défunt père avait déclaré « le Maroc est disposé à partir de demain à accorder des facilités aux observateurs internationaux et de mettre un terme à la violence afin de consulter le peuple…le Maroc s’engage devant l’assemblée de respecter la décision d’un referendum ». Constatez vous-même que votre défunt père a su que la violence ne peut résoudre la question du Sahara Occidental et ne peut taire la volonté populaire. Ainsi il s’était rendu compte de la nécessité de recourir à l’arbitrage démocratique. « Je ne veux qu’un referendum d’autodétermination, je ne veux qu’un referendum d’autodétermination, je ne veux qu’un referendum d’autodétermination » a répété votre défunt père en répondant à l’ex envoyé personnelle du Secrétaire Général des Nations Unies James Baker lors de leur première rencontre en mois d’avril 1997. Avec sa sagesse, il a déduit l’échec de toute autre issue en dehors du referendum d’autodétermination. Il était clair pour lui que la seule solution à la question sahraouie réside dans l’organisation du référendum d’autodétermination pour connaître la volonté du peuple sahraoui. Après de longues années d’affrontement entre les deux pays et les deux peuples, votre défunt père a décidé avec conviction et avec courage d’ouvrir avec nous le dialogue afin d’aboutir à la paix. Quoique nous sommes convaincus que vous pouvez toujours tirer des leçons de la série d’événements tragiques qui ont suivi le refus du gouvernement marocain du referendum d’autodétermination, dont le carnage de Gdeim Izik, nous craignons que certaines parties poussent votre royaume vers le mauvais chemin et les mauvaises décisions pour de longues années encore avant de vous rendre à l’évidence qu’il n’ y aura jamais une solution à la cause sahraoui en dehors d’un référendum d’autodétermination.
Sa majesté le roi
Le moment est crucial, l’opacité dans laquelle s’est enfoncé le processus du règlement pacifique du conflit doivent être des justifications suffisantes pour barrer la route à certains cercles qui vont contre les intérêts de leur royaume. Ces personnes là, veulent compliquer davantage la situation dans la région.
Le moment est décisif, vous êtes plus que jamais devant un tournant de l’Histoire. La blessure profonde d’El Aaiun et la montée du chauvinisme au niveau de la région sont des indicateurs alarmants qui nécessitent de nous préoccuper de nos deux pays. Massacrer, torturer, humilier les Sahraouis, confisquer leur terre, exploiter leurs richesses et violer leurs femmes ne peut en aucun cas être une source de fierté ni de gloire pour votre trône.
L’histoire de Timor Oriental, de l’Afrique du Sud et de la Namibie, pour ne citer que ces trois Etats, nous apprend que malgré les difficultés, les souffrances et les sacrifices, le peuple finit toujours par atteindre ses rêves légitimes d’indépendance, de paix et de liberté. Ces pays ont vécu des moments difficiles avant que la vérité triomphe. Nous au Front Populaire pour la Libération de Saghia el Hamra et Rio de Oro, nous ne voulons pas un Maroc faible, par ce que nous croyons que la paix n’est pas construite par les puissants, et nous ne voulons pas un Maroc isolé sur la scène internationale comme c’est le cas actuellement, par ce que l’isolement peut mener au suicide. Ceux qui vous conseillent, soit au Maroc soit à l’étranger, de refuser l’arbitrage démocratique à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination, poussent de plus en plus le Maroc vers l’isolement, vers davantage de complications et à l’explosion de la région. Ce scénario va à l’encontre des intérêts du Maroc et de sa stabilité.
Alors que nous célébrons la déclaration historique des Nations Unies sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, et alors que nous nous apprêtons à envoyer notre délégation pour une nouvelle session de rencontres directes sous l’égide des Nations unies, je vous appelle de tirer les leçons des derniers événements tragiques qui ont eu lieu à El Aaiun et je vous demande de mettre votre main dans la notre pour instaurer une véritable paix et pour un meilleur avenir dans la région. Profitons de cette occasion pour épargner nos deux peuples de nouvelles souffrances et construisons un Maghreb arabe uni, prospère et équitable.
Sa majesté est appelée, aujourd’hui plus que jamais, d’honorer la mémoire de votre défunt père, Hassan II, de respecter ses engagements et les conventions internationales qu’il a ratifiées avec la partie sahraouie. Votre défunt père voulait consulter le peuple sahraoui à travers un referendum libre, démocratique et crédible sous la supervision des Nations Unies.
Veuillez agréer, sa majesté, l’assurance de mon profond respect
Mohamed Abdelaziz
Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique
Secrétaire général du Font Polisario » (SPS)