La paix est possible
Elle ne dépend que de la tenue d’un référendum d’autodétermination qui prenne en considération l’option de l’indépendance du peuple sahraoui. A ce sujet, le Polisario est tout à fait prêt à jouer le jeu. Il tend la main au souverain marocain pour faire la paix dans le cadre de la légalité internationale et des résolutions 1813 (2008), 1871 (2009) et 1920 (2010) votées par le Conseil de sécurité. «Alors que nous célébrons la déclaration historique des Nations unies sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, et alors que nous nous apprêtons à envoyer notre délégation pour une nouvelle session de rencontres directes sous l’égide des Nations unies, je vous appelle à tirer les leçons des derniers événements tragiques qui ont eu lieu à El Aâyoune et je vous demande de mettre votre main dans la nôtre pour instaurer une véritable paix et pour un meilleur avenir dans la région. Profitons de cette occasion pour épargner à nos deux peuples de nouvelles souffrances et construisons un Maghreb arabe uni, prospère et équitable», a écrit dans une lettre ouverte, adressée à Mohammed VI, Mohamed Abdelaziz, le président de la République sahraouie. Un message répercuté par une dépêche de l’agence de presse sahraouie datée du 11/12/2010.
Les obstacles sont au moins de deux ordres.
1. La cristallisation du pouvoir marocain autour de son projet d’autonomie. Elle est illustrée par un discours aux allures va-t-en guerre du souverain alaouite. «Le Maroc continuera à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale sans renoncer au moindre pouce de son Sahara», a fait savoir Mohammed VI au mois de juillet 2010, à l’occasion de la célébration du 11e anniversaire de son accession au trône.
2. Le soutien de la France et de l’Espagne. Ces deux anciennes puissances colonisatrices portent une responsabilité dont les conséquences pourraient s’avérer désastreuses pour la région. La France pour son parti pris et son amitié aveugle mais intéressée pour le roi du Maroc. «La France, comme d’ailleurs le Conseil de sécurité, juge intéressante la proposition marocaine qui mérite d’être discutée», avait insinué l’ex-chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, dans une interview au magazine Jeune Afrique au mois de mars 2009. Une déclaration qui a été suivie et confortée par celle du Premier ministre français. «Cette proposition d’autonomie constitue la base la plus pertinente pour sortir de l’impasse. La France encourage les négociations autour de la proposition marocaine…», avait déclaré François Fillon, lors d’une conférence de presse qui a clôturé les travaux de la 10e Réunion de haut niveau franco-marocaine, à Paris, au mois de juillet 2010.
La pression internationale
C’est le principal atout de la cause sahraouie. Sur ce plan et depuis l’assaut mené le 8 novembre à l’aube par les forces d’occupation marocaines contre le «camp de la Liberté» et qui s’est poursuivi par une chasse à l’homme dans les rues d’El Aâyoune, elle a incontestablement marqué des points. Elle a suscité et ému les eurodéputés. «Le Parlement européen exprime sa profonde préoccupation face à la nette détérioration de la situation au Sahara occidental et condamne fermement les violents incidents qui se sont produits dans le camp de Gdeim Izik lors de son démantèlement, ainsi que dans la ville d’El Aâyoune», indiquait le texte de la résolution votée le 25 novembre 2010 par le Parlement européen qui, en outre, exigeait une commission d’enquête de l’Organisation des Nations unies. Les ONG ont mis au pied du mur les autorités marocaines. «Un gouvernement qui dit à maintes reprises qu’il n’a rien à cacher doit le prouver en permettant à tous les médias et aux organisations non gouvernementales de venir et de recueillir les informations sans obstacles», a fait remarquer pour sa part Sarah Leah Whitson, chargée de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord auprès de Human Rights Watch. Des observations que ne manqueront pas de capitaliser les représentants du peuple sahraoui et qui pèseront tôt ou tard dans la balance.