Mois : septembre 2010

  • L’Afrique, profondeur stratégique de l’Algérie

    Bouteflika est au sommet de l’UA qui se tient à Addis-Abeba. L’Algérie renoue depuis quelques années avec l’Afrique. Deux axes principaux constituent la priorité de son action. Il s’agit de la coopération économique dans des domaines majeurs, comme le gaz, ou scientifique, à travers des programmes satellitaires avec l’Afrique du Sud et le Nigeria. L’Algérie entend favoriser la distribution du gaz nigérian à l’Europe par la mise en œuvre d’un gazoduc transsaharien (NIGAL) long de 4000 km et qui nécessitera des investissements de l’ordre de 120 milliards. Ce gazoduc sera doublé par un câble de fibre optique qui reliera les deux capitales (Alger et Lagos) permettant l’initiation d’un véritable partenariat dans différents domaines. D’autant que les deux pays viennent de décider avec l’Afrique du Sud, la création d’une coordination de satellites spatiaux destinée à la lutte contre la désertification, la gestion de l’eau et de l’étude géologique. Le deuxième axe consiste à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour la gestion des conflits internes, directement et sans intermédiaires. L’engagement de l’Algérie dans cette voie se traduit par ses prises de position officielles, mais aussi par son implication concrète dans l’avènement d’un Etat fort et stable en Somalie, devenu un terrain de guerre pour des parties extérieures, au Soudan, où le mandat lancé contre El Bachir est la meilleure façon d’aggraver les problèmes plutôt que de favoriser leur solution, en Côte d’Ivoire, au Congo et, récemment, en Guinée. Sans oublier le Sahara occidental, membre de l’UA, en conflit avec le Maroc qui n’en est pas membre. Il s’agit donc d’un axe politique sans lequel l’axe économique restera comme un corps sans âme. Régler ses propres conflits permettra d’assurer une paix stable. Coopérer économiquement consolidera la paix. Le défi n’est pas simple, l’avenir du continent en dépend. Tout le monde ne partage pas la même vision. La Libye entend promouvoir une autre approche, plus personnelle (autour du guide libyen) et dont la contradiction réside dans le fait qu’elle se veut à la fois officielle, passant par les Etats, et officieuse, s’adressant directement aux peuples. L’Egypte, qui se recentre sur le Proche-Orient, appuie la Libye pour des raisons économiques (les investissements de ce pays ont dépassé les 10 milliards de dollars et le marché libyen est largement ouvert aux «frères» d’Egypte). Les Marocains, quant à eux, se défient d’une institution à laquelle ils n’appartiennent plus et œuvrent pour son parasitage à travers la coopération avec des pays cibles, dans le sillage de la présence française. De fait, il se dégage dans le continent un véritable axe constitué par l’Algérie, le Nigeria et l’Afrique du Sud dont l’échec ou la réussite déterminera celui de l’Afrique toute entière.

    Par Aïssa Khelladi

  • Régler le problème entre le Maroc et le Polisario

    L’Egypte, la France, les Etats-Unis, le Maroc… Quatre pays qui, à des degrés divers, entretiennent des relations inamicales avec l’Algérie. Mais que lui reprochent-ils au juste ? Le soutien au Polisario, la loi des finances 2010, une victoire dans un match de foot sans dommages et intérêts, un manque d’ardeur dans la lutte antiterroriste ? C’est selon, mais on a de la peine à comprendre les arguments des uns et des autres. Reprenons rapidement ceux du Maroc, à titre d’exemple. Il voudrait que l’Algérie cautionne sa politique au Sahara occidental alors qu’elle y est opposée depuis plusieurs décennies déjà. Manifestement ni l’un ni l’autre ne peuvent revenir sur leurs décisions. C’est donc l’impasse. L’arbitrage international n’a pas été efficace jusque-là. Deux initiatives sont en présence : le référendum du peuple sahraoui ou l’autonomie dite élargie accordée par les Marocains. A défaut de les concilier, ne peut-on invalider ces deux thèses au profit d’une autre approche ? Ou, dans une première étape, il sera concédé au Maroc l’autonomie élargie sur les provinces sahraouies du Nord et l’Indépendance par référendum pour les provinces du Sud anciennement occupées par la Mauritanie. De sorte que l’on aura un Sahara occidental divisé en deux. Cette opération nécessitera éventuellement une tutelle onusienne. L’avantage d’une telle démarche est d’offrir à chaque partie en conflit (Maroc et Sahara) une demi-satisfaction : l’autonomie élargie (mais seulement pour le Nord, l’argument étant que le Sud était revendiqué par la Mauritanie avec l’accord du Maroc lui-même) et le référendum (mais seulement pour le Sud, ce qui représente tout de même une avancée pour le Polisario). La démarche en question n’aura pas de sens si elle devait s’arrêter là. Dans une étape suivante, ou simultanément, il s’agira d’initier un processus d’Union maghrébine politique agencé sur un calendrier précis, union à laquelle les deux Sahara seront invités pour intégration, soit de manière concertée soit isolément. La dynamique maghrébine dédramatisera ainsi la situation entre l’Algérie et le Maroc et dévalorisera les entités, y compris celle du Sahara occidental, au profit d’un ensemble que toutes les parties seraient engagées à réaliser prioritairement. Dans ces conditions, tout retour en arrière deviendrait impossible : le Sahara occidental sera non seulement la chance du Maghreb mais aussi son plus sûr garant. Il ne dépendra plus des aléas et de la volonté des dirigeants de le mener à son terme, puisqu’il constituera une logique de situation géopolitique. Dès lors que la RASD aura accepté, avec l’implication de l’Algérie, l’autonomie élargie pour la moitié de son territoire, et que le Maroc aura accepté la souveraineté des Sahraouis sur l’autre moitié, tout retour à la situation ante deviendra impossible.

    Quant aux autres trois pays, l’influence négative qu’ils pourraient avoir sur nous s’atténuerait d’elle-même dès lors qu’il ne leur sera plus permis d’exploiter des tensions de voisinage pour exercer des pressions de toutes sortes pour la satisfaction de leurs intérêts.

    Par Aïssa Khelladi

    Les Débats, 27/1/2010
  • NATIONS UNIES : Deux africains réélus au comité des droits de l’homme

    Le Tunisien M. Abdelfattah Amor et la Sud Africaine Mme Zonke Zanele Majodina ont été réélus au Comité des droits de l’homme des Nations Unies. Cet organe qui réunit 18 experts indépendants a pour tâche de surveiller l’application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques par les États parties.

    Seize candidats au total étaient en lice pour cette élection, qui se tenait à l’occasion de la vingt-neuvième Réunion des États parties au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le nombre de votants était de 163 et la majorité requise fixée à 82 voix », peut on lire dans le communiqué sorti à l’issue de cette réunion. Au total, 9 membres ont été élus ou réélus au niveau de ce Comité.

    Un autre africain s’est illustré à durant cette session. Il s’agit du ghanéen Ebenezer Appreku qui « a été élu par acclamation Président de la Réunion des États parties ».

    Par ailleurs, « le comité a examiné 26 rapports d’États parties et adopté les observations s’y rapportant », de même, il a reçu 1 960 communications depuis l’entrée en vigueur du Premier Protocole facultatif ».

    La Directrice adjointe du Bureau du Haut Commissariat aux droits de l’homme de New York, Mme Maggie Nicholson, a annoncé la possibilité pour le Comité « d’étendre la durée de l’une de ses sessions », eu égard à « l’alourdissement de sa charge de travail » consécutif « à l’augmentation du nombre d’États parties ».

    Enfin, il ressort de cette réunion que la célébration de la 100e session du Comité des droits de l’homme se tiendra le 20 octobre prochain.

    C’est une nouvelle qui ne plaira pas le Maroc à cause de la présence d’un sudafricain au sein du Comité. Tout le monde connaît l’animosité des autorités marocaines à l’égard de l’Afrique du Sud qui soutient à coeur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et condamne énergiquement les violations des droits de l’homme au Sahara Occidental.
  • Un traître-héros ça existe ?

    Dans le cas où Mostafa Salma entend revenir, comme il dit, dans les camps, il faut qu’il sache qu’il y sera jugé pour trahison.


    MOSTAFA SALMA OULD SIDI MOULOUD, ex-inspecteur général de la police sahraouie dans les camps de réfugiés de la Hamada de Tindouf, ne semble pas avoir encore pris conscience du statut peu glorieux de «traître» qu’il traîne depuis qu’il s’est engagé publiquement à défendre les thèses marocaines, fermement rejetées par le Polisario, désormais son ex-mouvement. 

    A partir de Smara, la capitale spirituelle du Sahara occidental sous occupation marocaine, Mostafa Salma se proposait de retourner dans les camps pour y mobiliser les populations administrées par le Polisario contre… les thèses du Polisario. Un mouvement qui, justement, pense à reprendre la guerre dans le cas où le Maroc persiste dans sa volonté d’imposer sa proposition d’autonomie comme l’unique solution. Mostafa Slama ne revient pas ouvrir un débat sur la solution onusienne qui prévoit un référendum d’autodétermination avec trois options : l’autonomie, l’intégration au Maroc ou l’indépendance tout simplement. Mostafa Slama s’en tient à la seule autonomie. Subitement, il lui trouve toutes les vertus, au point de se dire que l’idée était peut-être commercialisable sur les places sahraouies et qu’il n’y avait pas de raison pour que la grâce du commandeur des croyants le touche, lui et pas les autres membres du Polisario. C’est ce qui explique peut-être sa contrariété après une contreproposition tout ce qu’il y a de magnanime d’Omar Mansour, le représentant du Polisario à Paris. Dans le cas où Mostafa Salma entend revenir, comme il dit, dans les camps, il faut qu’il sache qu’il y sera jugé pour trahison ; mais si sa famille veut le rejoindre chez son maître, ce choix sera exaucé. Mostafa Salma, lui, veut le beurre et l’argent du beurre. Il retourne sa veste, dit que ce n’est pas une grâce du Ciel et que c’est juste de la «liberté d’expression», mais veut qu’on lui rende les honneurs comme on le fait périodiquement pour Aminatou Haïder. «Hazzaq oua ounqou touil», comme on dit chez nous. Officiellement, le Polisario ne s’est pas prononcé sur le nouveau choix de Mostafa Salma. Mais qui pourrait interdire de penser que si jamais ils revoyaient leur traître-héros remettre les pieds dans les camps, beaucoup de Sahraouis ressentiront la même amertume que celle des Algériens lorsque Mekachera souilla le sol de la RADP. 

    M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)

    Le Jeune Indépendant, 13/9/2010
  • L’Afrique, profondeur stratégique de l’Algérie

    Bouteflika est au sommet de l’UA qui se tient à Addis-Abeba. L’Algérie renoue depuis quelques années avec l’Afrique. Deux axes principaux constituent la priorité de son action. Il s’agit de la coopération économique dans des domaines majeurs, comme le gaz, ou scientifique, à travers des programmes satellitaires avec l’Afrique du Sud et le Nigeria. L’Algérie entend favoriser la distribution du gaz nigérian à l’Europe par la mise en œuvre d’un gazoduc transsaharien (NIGAL) long de 4000 km et qui nécessitera des investissements de l’ordre de 120 milliards. Ce gazoduc sera doublé par un câble de fibre optique qui reliera les deux capitales (Alger et Lagos) permettant l’initiation d’un véritable partenariat dans différents domaines. D’autant que les deux pays viennent de décider avec l’Afrique du Sud, la création d’une coordination de satellites spatiaux destinée à la lutte contre la désertification, la gestion de l’eau et de l’étude géologique. Le deuxième axe consiste à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour la gestion des conflits internes, directement et sans intermédiaires. L’engagement de l’Algérie dans cette voie se traduit par ses prises de position officielles, mais aussi par son implication concrète dans l’avènement d’un Etat fort et stable en Somalie, devenu un terrain de guerre pour des parties extérieures, au Soudan, où le mandat lancé contre El Bachir est la meilleure façon d’aggraver les problèmes plutôt que de favoriser leur solution, en Côte d’Ivoire, au Congo et, récemment, en Guinée. Sans oublier le Sahara occidental, membre de l’UA, en conflit avec le Maroc qui n’en est pas membre. Il s’agit donc d’un axe politique sans lequel l’axe économique restera comme un corps sans âme. Régler ses propres conflits permettra d’assurer une paix stable. Coopérer économiquement consolidera la paix. Le défi n’est pas simple, l’avenir du continent en dépend. Tout le monde ne partage pas la même vision. La Libye entend promouvoir une autre approche, plus personnelle (autour du guide libyen) et dont la contradiction réside dans le fait qu’elle se veut à la fois officielle, passant par les Etats, et officieuse, s’adressant directement aux peuples. L’Egypte, qui se recentre sur le Proche-Orient, appuie la Libye pour des raisons économiques (les investissements de ce pays ont dépassé les 10 milliards de dollars et le marché libyen est largement ouvert aux «frères» d’Egypte). Les Marocains, quant à eux, se défient d’une institution à laquelle ils n’appartiennent plus et œuvrent pour son parasitage à travers la coopération avec des pays cibles, dans le sillage de la présence française. De fait, il se dégage dans le continent un véritable axe constitué par l’Algérie, le Nigeria et l’Afrique du Sud dont l’échec ou la réussite déterminera celui de l’Afrique toute entière.

    Par Aïssa Khelladi

  • Régler le problème entre le Maroc et le Polisario

    L’Egypte, la France, les Etats-Unis, le Maroc… Quatre pays qui, à des degrés divers, entretiennent des relations inamicales avec l’Algérie. Mais que lui reprochent-ils au juste ? Le soutien au Polisario, la loi des finances 2010, une victoire dans un match de foot sans dommages et intérêts, un manque d’ardeur dans la lutte antiterroriste ? C’est selon, mais on a de la peine à comprendre les arguments des uns et des autres. Reprenons rapidement ceux du Maroc, à titre d’exemple. Il voudrait que l’Algérie cautionne sa politique au Sahara occidental alors qu’elle y est opposée depuis plusieurs décennies déjà. Manifestement ni l’un ni l’autre ne peuvent revenir sur leurs décisions. C’est donc l’impasse. L’arbitrage international n’a pas été efficace jusque-là. Deux initiatives sont en présence : le référendum du peuple sahraoui ou l’autonomie dite élargie accordée par les Marocains. A défaut de les concilier, ne peut-on invalider ces deux thèses au profit d’une autre approche ? Ou, dans une première étape, il sera concédé au Maroc l’autonomie élargie sur les provinces sahraouies du Nord et l’Indépendance par référendum pour les provinces du Sud anciennement occupées par la Mauritanie. De sorte que l’on aura un Sahara occidental divisé en deux. Cette opération nécessitera éventuellement une tutelle onusienne. L’avantage d’une telle démarche est d’offrir à chaque partie en conflit (Maroc et Sahara) une demi-satisfaction : l’autonomie élargie (mais seulement pour le Nord, l’argument étant que le Sud était revendiqué par la Mauritanie avec l’accord du Maroc lui-même) et le référendum (mais seulement pour le Sud, ce qui représente tout de même une avancée pour le Polisario). La démarche en question n’aura pas de sens si elle devait s’arrêter là. Dans une étape suivante, ou simultanément, il s’agira d’initier un processus d’Union maghrébine politique agencé sur un calendrier précis, union à laquelle les deux Sahara seront invités pour intégration, soit de manière concertée soit isolément. La dynamique maghrébine dédramatisera ainsi la situation entre l’Algérie et le Maroc et dévalorisera les entités, y compris celle du Sahara occidental, au profit d’un ensemble que toutes les parties seraient engagées à réaliser prioritairement. Dans ces conditions, tout retour en arrière deviendrait impossible : le Sahara occidental sera non seulement la chance du Maghreb mais aussi son plus sûr garant. Il ne dépendra plus des aléas et de la volonté des dirigeants de le mener à son terme, puisqu’il constituera une logique de situation géopolitique. Dès lors que la RASD aura accepté, avec l’implication de l’Algérie, l’autonomie élargie pour la moitié de son territoire, et que le Maroc aura accepté la souveraineté des Sahraouis sur l’autre moitié, tout retour à la situation ante deviendra impossible.

    Quant aux autres trois pays, l’influence négative qu’ils pourraient avoir sur nous s’atténuerait d’elle-même dès lors qu’il ne leur sera plus permis d’exploiter des tensions de voisinage pour exercer des pressions de toutes sortes pour la satisfaction de leurs intérêts.

    Par Aïssa Khelladi

    Les Débats, 27/1/2010
  • Lettre ouverte au Président du Parlement Européen

    09 Septembre 2010

    Monsieur Jerzy Buzek

    Nous sommes des Sahraouis, défenseurs des droits humains, qui avons souffert à de nombreuses occasions d’enlèvement et de l’emprisonnement politique en raison de notre opinion et nos activités en tant que militants des droits de l’homme, syndicalistes, et acteurs de la société civile. Pour cela, certains parmi nous ont reçu d’important prix en reconnaissance de notre lutte et de notre défense active des droits de l’homme.

    Le 8 octobre 2009, lors de notre retour d’une visite à caractère humaniste dans les campements de réfugiés sahraouis du sud-ouest de l’Algérie, nous avons été arrêtés à l’intérieur de l’aéroport Mohamed V à Casablanca, par la police criminelle marocaine avec la participation des services secrets et sécuritaires marocains. Pendant huit jours, nous avons subi des interrogatoires et des abus dont les différentes méthodes ne peuvent être détaillées dans cette lettre. Par la suite, nous avons été présentés devant un juge d’instruction de la cour militaire marocaine à Rabat, une étape qui ne peut qu’être considérée comme une décision nous mettant très en danger. Le juge marocain nous a envoyés préventivement dans la prison locale de Salé le 15
    octobre 2009. 

    M. le Président,
    Le 28 janvier 2010, notre camarade, Mm Degja Lechgar, a été libéré sous condition, et de la même façon, trois autres camarades, M. Yahdih Terrouzi, M. Saleh Lebeihi et M. Rachid Sghair, ont été libérés le 18 mai 2010, après notre grève de la faim partagée qui a duré 41 jours. Nous avons suspendu notre grève de la faim après avoir reçu des promesses des autorités marocaines de résoudre notre cas. Mais malgré tous les appels réitérés des organisations marocaines et des internationales de défense des droits de l’homme, d’institutions gouvernementales et parlementaires de nombreux pays exigeant notre libération immédiate et inconditionnelle, le gouvernement marocain nous a gardés en détention préventive, démontrant ainsi sa réticence à nous faire comparaître devant le tribunal ou à nous libérer. Cette attitude ne peut qu’être considérée comme illégale et anormale, en contradiction du droit international, qui garantit le droit à un jugement équitable dans un délai raisonnable. Aujourd’hui, Monsieur le Président, nous avons passé plus de 11 mois en prison sans procès.

    M. le Président,
    Notre visite dans les camps de réfugiés sahraouis, qui relève dans le droit international et les conventions de l’exercice de la liberté de mouvement et d’expression pacifique, est devenue avec notre arrestation source d’accusations vagues et lourdes, attachant une connotation pénale à notre cas, dans une tentative flagrante de la dévier de sa vraie nature. Cette attitude confirme comment la politique du gouvernement marocain est formée de préoccupations politiques et sécuritaires – et ces préoccupations visent à opprimer les Sahraouis défenseurs des droits humains qui expriment ouvertement leurs opinions politiques contraires aux vues du régime marocain sur la question du Sahara occidental. Ce qui rend cette approche encore plus incongrue, c’est que plus de 60 autres défenseurs sahraouis des droits humains ont fait le même voyage vers les camps de réfugiés sahraouis à maintes reprises. Étonnamment, leur action n’a pas été soumise aux mêmes procédures juridiques ou questionnements, même si tous ont subi de nombreux types de harcèlement. En conséquence, nous croyons qu’il n’y a pas plus de raison pour que le régime marocain nous maintienne en prison.

    M. le Président,
    La détention illégale que nous subissons est une très petite violation par rapport à la nature et la quantité des violations flagrantes commises au Sahara Occidental. Des organisations Marocaines et internationales des droits humains ont fait des rapports sur ces abus, mais le Maroc méprise tout simplement les plaintes et les protestations des démocraties internationales. Rabat a également montré très peu de respect pour l’Union européenne, son partenaire géopolitique et économique, connue pour ses plaidoyers persistants pour le respect du droit international et des droits de l’homme dans le monde entier. Le statut de partenaire avancé
    accordé au Maroc a échoué à convaincre Rabat de mettre fin à ses politiques d’oppression et n’a pas réussi à mettre le pays en phase avec les normes européennes et ses critères élevés en matière de droits de l’homme. Au lieu de cela, la promotion est utilisée par les autorités marocaines pour camoufler les violations répétées et flagrantes des droits humains. Il est inquiétant que l’Union Européenne permette que son image soit entachée par le Maroc. C’est encore plus flagrant dans le cas de l’accord de pêche, par lequel l’Union Européenne est
    faite complice du vol des ressources naturelles du peuple Sahraoui. Comme il est stipulé dans l’avis juridique des Nations Unies sur la question en 2002, et répété en 2009 dans l’avis juridique du Parlement Européen sur l’accord précité, les ressources sahraouies peuvent être sorties du territoire si cela est en conformité avec la volonté et les intérêts des sahraouis. Monsieur le Président, nous n’avons jamais eu voix au chapitre dans ce cas, et le seul résultat de l’accord de pêche ressenti par notre peuple, c’est que nos voix sont davantage étouffées, puisque le Maroc se sent soutenu par l’Union Européenne dans sa revendication illégale et non-fondée sur notre patrie. Attendu que le peuple sahraoui n’a pas accepté cet accord, et qu’il n’en retire aucun
    bénéfice, au contraire de ce que requiert le droit international, nous exigeons que toute pêche européenne dans les eaux sahraouies cesse immédiatement.

    Nous appelons votre Excellence à faire pression sur le Maroc pour que nous soyons rapidement présenté devant le tribunal, dans un jugement équitable en présence d’observateurs internationaux, ou libérés, ainsi que tous les sahraouis défenseurs des droits de l’homme et prisonniers d’opinion dans les prisons marocaines.
    Veuillez agréer nos salutations

    Les trois Sahraouis défenseurs des droits de l’homme, prisonniers d’opinion Ali Salem Tamek 50010, Brahim Dahan 50014 and Hamadi Naciri 50015 

    Copie :
    Mr. Christopher Ross, Personal Envoy of the UN Secretary General for Western Sahara
    Ms. Catherine Ashton, Baroness Ashton of Upholland, PC, High Representative for Foreign Affairs
    and Security Policy of the European Union

    Source : APSO


  • NATIONS UNIES : Deux africains réélus au comité des droits de l’homme

    Le Tunisien M. Abdelfattah Amor et la Sud Africaine Mme Zonke Zanele Majodina ont été réélus au Comité des droits de l’homme des Nations Unies. Cet organe qui réunit 18 experts indépendants a pour tâche de surveiller l’application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques par les États parties.

    Seize candidats au total étaient en lice pour cette élection, qui se tenait à l’occasion de la vingt-neuvième Réunion des États parties au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le nombre de votants était de 163 et la majorité requise fixée à 82 voix », peut on lire dans le communiqué sorti à l’issue de cette réunion. Au total, 9 membres ont été élus ou réélus au niveau de ce Comité.

    Un autre africain s’est illustré à durant cette session. Il s’agit du ghanéen Ebenezer Appreku qui « a été élu par acclamation Président de la Réunion des États parties ».

    Par ailleurs, « le comité a examiné 26 rapports d’États parties et adopté les observations s’y rapportant », de même, il a reçu 1 960 communications depuis l’entrée en vigueur du Premier Protocole facultatif ».

    La Directrice adjointe du Bureau du Haut Commissariat aux droits de l’homme de New York, Mme Maggie Nicholson, a annoncé la possibilité pour le Comité « d’étendre la durée de l’une de ses sessions », eu égard à « l’alourdissement de sa charge de travail » consécutif « à l’augmentation du nombre d’États parties ».

    Enfin, il ressort de cette réunion que la célébration de la 100e session du Comité des droits de l’homme se tiendra le 20 octobre prochain.

    C’est une nouvelle qui ne plaira pas le Maroc à cause de la présence d’un sudafricain au sein du Comité. Tout le monde connaît l’animosité des autorités marocaines à l’égard de l’Afrique du Sud qui soutient à coeur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et condamne énergiquement les violations des droits de l’homme au Sahara Occidental.
  • Un traître-héros ça existe ?

    Dans le cas où Mostafa Salma entend revenir, comme il dit, dans les camps, il faut qu’il sache qu’il y sera jugé pour trahison.


    MOSTAFA SALMA OULD SIDI MOULOUD, ex-inspecteur général de la police sahraouie dans les camps de réfugiés de la Hamada de Tindouf, ne semble pas avoir encore pris conscience du statut peu glorieux de «traître» qu’il traîne depuis qu’il s’est engagé publiquement à défendre les thèses marocaines, fermement rejetées par le Polisario, désormais son ex-mouvement. 

    A partir de Smara, la capitale spirituelle du Sahara occidental sous occupation marocaine, Mostafa Salma se proposait de retourner dans les camps pour y mobiliser les populations administrées par le Polisario contre… les thèses du Polisario. Un mouvement qui, justement, pense à reprendre la guerre dans le cas où le Maroc persiste dans sa volonté d’imposer sa proposition d’autonomie comme l’unique solution. Mostafa Slama ne revient pas ouvrir un débat sur la solution onusienne qui prévoit un référendum d’autodétermination avec trois options : l’autonomie, l’intégration au Maroc ou l’indépendance tout simplement. Mostafa Slama s’en tient à la seule autonomie. Subitement, il lui trouve toutes les vertus, au point de se dire que l’idée était peut-être commercialisable sur les places sahraouies et qu’il n’y avait pas de raison pour que la grâce du commandeur des croyants le touche, lui et pas les autres membres du Polisario. C’est ce qui explique peut-être sa contrariété après une contreproposition tout ce qu’il y a de magnanime d’Omar Mansour, le représentant du Polisario à Paris. Dans le cas où Mostafa Salma entend revenir, comme il dit, dans les camps, il faut qu’il sache qu’il y sera jugé pour trahison ; mais si sa famille veut le rejoindre chez son maître, ce choix sera exaucé. Mostafa Salma, lui, veut le beurre et l’argent du beurre. Il retourne sa veste, dit que ce n’est pas une grâce du Ciel et que c’est juste de la «liberté d’expression», mais veut qu’on lui rende les honneurs comme on le fait périodiquement pour Aminatou Haïder. «Hazzaq oua ounqou touil», comme on dit chez nous. Officiellement, le Polisario ne s’est pas prononcé sur le nouveau choix de Mostafa Salma. Mais qui pourrait interdire de penser que si jamais ils revoyaient leur traître-héros remettre les pieds dans les camps, beaucoup de Sahraouis ressentiront la même amertume que celle des Algériens lorsque Mekachera souilla le sol de la RADP. 

    M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)

    Le Jeune Indépendant, 13/9/2010
  • Lettre ouverte au Président du Parlement Européen

    09 Septembre 2010

    Monsieur Jerzy Buzek

    Nous sommes des Sahraouis, défenseurs des droits humains, qui avons souffert à de nombreuses occasions d’enlèvement et de l’emprisonnement politique en raison de notre opinion et nos activités en tant que militants des droits de l’homme, syndicalistes, et acteurs de la société civile. Pour cela, certains parmi nous ont reçu d’important prix en reconnaissance de notre lutte et de notre défense active des droits de l’homme.

    Le 8 octobre 2009, lors de notre retour d’une visite à caractère humaniste dans les campements de réfugiés sahraouis du sud-ouest de l’Algérie, nous avons été arrêtés à l’intérieur de l’aéroport Mohamed V à Casablanca, par la police criminelle marocaine avec la participation des services secrets et sécuritaires marocains. Pendant huit jours, nous avons subi des interrogatoires et des abus dont les différentes méthodes ne peuvent être détaillées dans cette lettre. Par la suite, nous avons été présentés devant un juge d’instruction de la cour militaire marocaine à Rabat, une étape qui ne peut qu’être considérée comme une décision nous mettant très en danger. Le juge marocain nous a envoyés préventivement dans la prison locale de Salé le 15
    octobre 2009. 

    M. le Président,
    Le 28 janvier 2010, notre camarade, Mm Degja Lechgar, a été libéré sous condition, et de la même façon, trois autres camarades, M. Yahdih Terrouzi, M. Saleh Lebeihi et M. Rachid Sghair, ont été libérés le 18 mai 2010, après notre grève de la faim partagée qui a duré 41 jours. Nous avons suspendu notre grève de la faim après avoir reçu des promesses des autorités marocaines de résoudre notre cas. Mais malgré tous les appels réitérés des organisations marocaines et des internationales de défense des droits de l’homme, d’institutions gouvernementales et parlementaires de nombreux pays exigeant notre libération immédiate et inconditionnelle, le gouvernement marocain nous a gardés en détention préventive, démontrant ainsi sa réticence à nous faire comparaître devant le tribunal ou à nous libérer. Cette attitude ne peut qu’être considérée comme illégale et anormale, en contradiction du droit international, qui garantit le droit à un jugement équitable dans un délai raisonnable. Aujourd’hui, Monsieur le Président, nous avons passé plus de 11 mois en prison sans procès.

    M. le Président,
    Notre visite dans les camps de réfugiés sahraouis, qui relève dans le droit international et les conventions de l’exercice de la liberté de mouvement et d’expression pacifique, est devenue avec notre arrestation source d’accusations vagues et lourdes, attachant une connotation pénale à notre cas, dans une tentative flagrante de la dévier de sa vraie nature. Cette attitude confirme comment la politique du gouvernement marocain est formée de préoccupations politiques et sécuritaires – et ces préoccupations visent à opprimer les Sahraouis défenseurs des droits humains qui expriment ouvertement leurs opinions politiques contraires aux vues du régime marocain sur la question du Sahara occidental. Ce qui rend cette approche encore plus incongrue, c’est que plus de 60 autres défenseurs sahraouis des droits humains ont fait le même voyage vers les camps de réfugiés sahraouis à maintes reprises. Étonnamment, leur action n’a pas été soumise aux mêmes procédures juridiques ou questionnements, même si tous ont subi de nombreux types de harcèlement. En conséquence, nous croyons qu’il n’y a pas plus de raison pour que le régime marocain nous maintienne en prison.

    M. le Président,
    La détention illégale que nous subissons est une très petite violation par rapport à la nature et la quantité des violations flagrantes commises au Sahara Occidental. Des organisations Marocaines et internationales des droits humains ont fait des rapports sur ces abus, mais le Maroc méprise tout simplement les plaintes et les protestations des démocraties internationales. Rabat a également montré très peu de respect pour l’Union européenne, son partenaire géopolitique et économique, connue pour ses plaidoyers persistants pour le respect du droit international et des droits de l’homme dans le monde entier. Le statut de partenaire avancé
    accordé au Maroc a échoué à convaincre Rabat de mettre fin à ses politiques d’oppression et n’a pas réussi à mettre le pays en phase avec les normes européennes et ses critères élevés en matière de droits de l’homme. Au lieu de cela, la promotion est utilisée par les autorités marocaines pour camoufler les violations répétées et flagrantes des droits humains. Il est inquiétant que l’Union Européenne permette que son image soit entachée par le Maroc. C’est encore plus flagrant dans le cas de l’accord de pêche, par lequel l’Union Européenne est
    faite complice du vol des ressources naturelles du peuple Sahraoui. Comme il est stipulé dans l’avis juridique des Nations Unies sur la question en 2002, et répété en 2009 dans l’avis juridique du Parlement Européen sur l’accord précité, les ressources sahraouies peuvent être sorties du territoire si cela est en conformité avec la volonté et les intérêts des sahraouis. Monsieur le Président, nous n’avons jamais eu voix au chapitre dans ce cas, et le seul résultat de l’accord de pêche ressenti par notre peuple, c’est que nos voix sont davantage étouffées, puisque le Maroc se sent soutenu par l’Union Européenne dans sa revendication illégale et non-fondée sur notre patrie. Attendu que le peuple sahraoui n’a pas accepté cet accord, et qu’il n’en retire aucun
    bénéfice, au contraire de ce que requiert le droit international, nous exigeons que toute pêche européenne dans les eaux sahraouies cesse immédiatement.

    Nous appelons votre Excellence à faire pression sur le Maroc pour que nous soyons rapidement présenté devant le tribunal, dans un jugement équitable en présence d’observateurs internationaux, ou libérés, ainsi que tous les sahraouis défenseurs des droits de l’homme et prisonniers d’opinion dans les prisons marocaines.
    Veuillez agréer nos salutations

    Les trois Sahraouis défenseurs des droits de l’homme, prisonniers d’opinion Ali Salem Tamek 50010, Brahim Dahan 50014 and Hamadi Naciri 50015 

    Copie :
    Mr. Christopher Ross, Personal Envoy of the UN Secretary General for Western Sahara
    Ms. Catherine Ashton, Baroness Ashton of Upholland, PC, High Representative for Foreign Affairs
    and Security Policy of the European Union

    Source : APSO