Mois : septembre 2010

  • Maroc: La situation des droits de l’homme connaît une grave dérive

    Sept membres dirigeants du mouvement Al Adl Wal Ihssan (Justice et Bienfaisance), une organisation autorisée par la loi, ont fait l’objet au mois de juin 2010 d’arrestations arbitraires et ont subi de graves tortures. Ils sont depuis détenus à la prison de Fès en attente de leur procès.

    Alkarama a saisi le Rapporteur spécial des Nations unies contre la torture de leur situation en le priant d’intervenir auprès des autorités marocaines afin qu’elles procèdent à une enquête exhaustive et impartiale sur les faits de torture clairement établis.

    Il s’agit de :

    1- Mohamed Slimani TLEMCANI, âgé de 51 ans, professeur universitaire à l’Ecole Normale Supérieure, demeurant à Fès. 

    2- Abdallah BELLA, Professeur d’enseignement secondaire, âgé de 45 ans, demeurant à Fès.

    3- Hicham Didi HOUARI, âgé de 31 ans, fonctionnaire à la délégation du Ministère de l’Aménagement, demeurant à Fès.

    4- Hicham SABBAH, Officier d’Etat Civil, âgé de 41 ans, demeurant à Fès.

    5- Azeddine SLIMANI, Professeur agrégé, âgé de 31 ans, demeurant à Fès.

    6- Bouali MNAOUER, Docteur en pharmacie, âgé de 40 ans, demeurant à Fès.

    7- Tarik MAHLA, enseignant à l’Institut Sanitaire, âgé de 33 ans, demeurant à Fès.



    Tous ont été arrêtés, lundi 28 juin 2010 vers 04heures 30 du matin, à leurs domiciles respectifs à Fès, par les services de la police judiciaire de Casablanca qui ont procédé à des perquisitions, en dehors des heures légales.

    Leurs arrestations ont eu lieu sans mandat de justice et sans que les motifs ne leurs soient notifiés. Dans tous les cas rapportés, les agents de la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), qui se trouvaient dans un état de surexcitation extrême, ont fait preuve d’une grande violence. 

    Les membres de la police judiciaire ont notamment fracturé les portes des domiciles à l’aide de barres de fer sans même laisser aux occupants le temps d’ouvrir. Ils ont usé d’une extrême brutalité non seulement à l’égard des personnes arrêtées mais également des membres de leurs familles – y compris les femmes et les enfants – qu’ils ont réveillés de leur sommeil, insultés et menacés de leurs armes et menacés de viol.

    Ils ont également procédé à la fouille systématique des lieux toujours sans mandat de justice et en saccageant les effets personnels et le mobilier. Ils ont confisqués tous les ordinateurs personnels, téléphones portables, caméras, appareils photos, divers documents et livres appartenant aux personnes arrêtées et aux membres de leur famille.

    Les victimes ont ensuite été menottées et leurs yeux bandés devant leurs familles, y compris leurs enfants, sous les coups, les injures et les menaces de mort avant d’être embarquées dans des véhicules et emmenées vers une destination inconnue des familles qui s’est révélée être le siège de la police judicaire de la ville de Casablanca distante de près de 300 kilomètres.

    Privés de tout contact avec le monde extérieur, ils ont subis les pires tortures physiques et mentales pendant trois jours sans interruption.

    Ils ont notamment été battus sur toutes les parties de leurs corps à l’aide de bâtons et de gourdins, suspendus, violés à l’aide de divers objets pour certains d’entre eux et menacés de l’être pour les autres.

    Déshabillés entièrement, ils ont été soumis à toutes sortes de tortures et de traitements cruels inhumains et dégradants et notamment à la torture du chiffon et ont subis des décharges électriques y compris sur leurs parties sexuelles.

    Ils ont ensuite été contraints sous les coups et les menaces de mort de signer, les yeux bandés, des procès verbaux qu’ils n’ont pas été autorisés à lire et dont ils ignoraient le contenu.

    En dépit des précautions prises par les tortionnaires pour ne pas laisser de traces, ils portaient des marques visibles et évidentes de tortures au moment de leur première comparution devant un magistrat à Fès où ils ont été ramenés le 1er juillet 2010.

    Ils ont été accusés d’avoir enlevé et torturé un avocat, ancien membre de leur organisation, qui aurait déposé, plus d’un mois après les faits allégués, une plainte pénale contre eux ; Ils ont néanmoins été poursuivis suivant la procédure de flagrant délit et inculpés d’ « appartenance à une organisation non autorisée », d’ «association de malfaiteurs », de « torture » et d’ »enlèvement et détention d’une personne ».

    Les victimes ont sollicité le juge d’instruction afin qu’il désigne un expert médical pour constater les tortures, ce qu’il n’a concédé que 12 jours plus tard, afin que les traces de tortures disparaissent ou soient atténuées. Le résultat de cet examen médical n’a pas été divulgué à ce jour.

    En dépit de l’absence de preuves et des déclarations unanimes des prévenus dès leur première comparution, le juge d’instruction commis a décidé d’accorder foi aux procès verbaux établis par la police judiciaire pour les inculper et les placer en détention provisoire à la prison de Fès.

    Depuis leur incarcération, ils continuent à souffrir des séquelles des tortures subies et des blessures qui en ont résulté. Ils restent à ce jour privés d’un suivi médical adéquat et de médicaments. En particulier M. Mohamed Slimani TLEMCANI qui souffre d’une grave affection cardiaque, M. Abdallah BELLA qui est atteint de diabète.

    Une audience d’instruction a eu lieu le 24 août au cours de laquelle, la prétendue victime des violences attribuées aux sept inculpés a été entendue, curieusement, en qualité de témoin. Il n’y a pas eu de confrontation entre celle-ci et les accusés et l’instruction a été renvoyée au 31 août 2010.

    Les dernières vagues d’arrestations et de disparitions de ces derniers mois et la gravité des tortures subies par des membres dirigeants d’une organisation reconnue constituent un grave tournant dans la situation des droits de l’homme, qui s’était notablement améliorée à l’avènement de Mohamed VI, et replonge le pays dans son passé.

    Source : Al Karama, 56/9/2010
  • Sahara Occidental : scandaleux soutien de sénateurs français à l’occupation marocaine

    Communiqué de presse
    Amis du Peuple du Sahara Occidental (APSO)

    Le 15 septembre 2010

    Aujourd’hui, un groupe de sénateurs français va soutenir l’occupation marocaine du Sahara Occidental

    Le voyage des Sénateurs Français au Sahara Occidental occupé a été annoncé quelques semaines auparavant. Une coordination de 11 associations de défense des droits du peuple Sahraoui a, en réponse, fait officiellement une demande d’audience. L’association française Amis du Peuple du Sahara occidental (APSO) a répété les courriers soulignant l’importance de cette demande et appelant à la responsabilité et au devoir d’équité des sénateurs français en visite au Sahara Occidental.

    Néanmoins, ceux-ci, Jackie Pierre, Bariza Khiari, Catherine Morin-Desailly, M. Cambon, Jean-Pierre Chaveau, Alain Gournac, Claude Jeannerot, Jean-Pierre Plancarde sont aujourd’hui à El Aaiun au Sahara Occidental, et ne vont pas rencontrer les associations de militants sahraouis qui luttent pour l’application du droit international. Les organisations sahraouies que les Sénateurs vont ignorer, travaillent toutes pour la mise en place du référendum que les forces de l’ONU sur le territoire essaient d’organiser. Ces mêmes défenseurs sahraouis du référendum de l’ONU sont qualifiés de « traîtres » par le Roi du Maroc.

    Les sénateurs sont guidés par les officiels marocains pendant leur déplacement sur le territoire, et ont affirmé leur soutien à la proposition marocaine d’intégrer le Sahara Occidental au Maroc.

    « L’appui des Sénateurs à l’occupation est politiquement imprudent et très contraire à l’éthique. Cela contribue directement à saper les efforts de l’ONU dans la résolution du conflit, par un travail à l’encontre du principe de la consultation du peuple du territoire. Les Sénateurs en refusant de rencontrer ou même de contacter les représentants éminents de la société civile sur le territoire, travaillent directement contre la position officielle de la France, qui soutient de droit du peuple Sahraoui l’autodétermination sur leur pays » a déclaré Marie Frison, présidente d’APSO, qui espère que le Ministère français des Affaires Etrangères va intervenir.

    « Ignorer les voix qui travaillent pacifiquement pour le droit légitime à l’indépendance, est un fort regrettable signal à ceux poussent à des méthodes plus radicales contre les occupations illégales dans le monde » a déclaré M.Frison.

    Les Sénateurs vont visiter les infrastructures autour de la pêche, du phosphate, de l’eau et de l’agriculture, en refusant d’entendre les explications des autochtones à qui cela a été confisqué, ils vont soutenir la colonisation. Un avis juridique de l’ONU, renouvelé par le Parlement Européen, a déclaré que la poursuite des l’exploitations des ressources naturelles du Sahara Occidental est illégale si les Sahraouis ne sont pas consultés.

    Pour tout renseignement, contacter APSO,
    APSOlument@yahoo.fr


    Amis du Peuple du Sahara Occidental
    Le 15 septembre 2010

    Monsieur le Sénateur/Madame la Sénatrice

    Dans nos deux précédents courriers à propos de votre visite au Sahara Occidental, nous vous avons demandé de rencontrer les représentants de la société civile sahraouie qui s’opposent au Maroc, et revendiquent l’application du droit international, pour la légitime autodétermination du Peuple Sahraoui.

    Une coordination des 11 de ces organisations de défenseurs de droits des sahraouis vous a adressé une demande d’audience en vous indiquant tous leurs coordonnées, il vous est donc aisé de les contacter, puisqu’ils vous ont informés de leur disponibilité pour cela.

    Nous vous rappelons que le Sahara Occidental est un Territoire Non Autonome, pour l’ONU et selon le droit international, c’est une colonie sous occupation marocaine. La Cour Internationale de Justice dans son Avis consultatif sur le Sahara occidental de 1975, a conclu qu’il ne pouvait établir aucun lien de souveraineté territoriale entre le Sahara Occidental et le Royaume du Maroc. Par conséquent, la Cour a déclaré applicable le « principe de l’autodétermination grâce à l’expression libre et authentique de la volonté des peuples du territoire « . (Rapport de la CIJ, 1975, p.68, § 162). L’occupation marocaine a été condamnée par l’ONU, et aucun état n’a reconnu les revendications marocaines.

    « L’autonomie de la région » dont la presse vous attribue le soutien fervent, est une proposition qui va à l’encontre du droit international, à l’encontre de la position officielle de la France, et qui ne constitue en rien une solution au conflit. Cela fait perdurer le statu quo pendant lequel le Maroc pille illégalement les ressources du Sahara Occidental contre la volonté du peuple sahraoui, contre son bénéfice, et cela maintient 200 000 sahraouis en exil avec leur république, dans une situation de survie précaire dépendante complètement de notre aide internationale.

    Si lors de votre présence au Sahara Occidental, vous acceptez de ne recevoir de commentaires sur les infrastructures autour de l’eau, l’eau du quotidien, de l’agriculture, de la pêche, du phosphate, que les personnes autorisées par le colonisateur Marocain, sans entendre les remarques et explications des autochtones à qui cela a été confisqué, alors vous soutenez la colonisation.

    Cela va à l’encontre de nos valeurs françaises, que vous représentez en votre qualité de sénateurs.
    Notre organisation proteste contre cet état des faits, et vous demande encore une fois d’organiser une audience avec les organisations qui vous ont écrit.

    L’épouvantail du terrorisme par lequel vous justifiez vos propos, selon la presse marocaine, trouve assurément un lit favorable dans un pays, le Maroc, dont l’impunité internationale cautionne toutes les violations des droits de l’homme, sur la base de la première, la colonisation par la force de la terre de son voisin.

    Recevez, madame la Sénatrice, monsieur le Sénateur, nous sincères salutations
    Pour APSO et réseau
    La présidente d’APSO

    Publié par APSO
  • L’Algérie avertit contre la poursuite des violations des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés

    La situation des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés continue de susciter l’inquiétude. Cette situation ne peut laisser de marbre l’Algérie, voisin et pays observateur du processus onusien du règlement de ce conflit vieux de 35 ans. L’Algérie a donc attiré de nouveau l’attention sur les violations des droits de l’Homme au Sahara occidental lors du débat général de la 15ème session du Haut-Conseil des droits de l’Homme de l’ONU (HCDH) dont les travaux se déroulent à Genève, du 13 septembre au 1er octobre 2010. 

    L’Algérie, pays voisin et observateur du processus onusien de règlement du conflit entre le Maroc et le Front Polisario sur le territoire classé par l’ONU comme «territoire non autonome» du Sahara occidental, souligne la délégation algérienne «reste très préoccupée par la situation toujours dramatique des droits de l’Homme dans cette partie du globe, résultat, en premier lieu, des entraves à l’exercice par le peuple sahraoui de son droit légitime à l’autodétermination. 

    Le déni de l’exercice de ce droit fondamental des Sahraouis «s’accompagne de la répression de toute forme d’expression de soutien en faveur de la réalisation de ce droit dans les territoires occupés», explique encore la même source. Il appartient au Haut-Conseil des droits de l’Homme et à ses mécanismes compétents de se pencher sur cette situation en conformité avec leur mandat de promouvoir le respect universel et la défense du droit à l’autodétermination et de tous les autres droits et libertés fondamentaux, pour tous sans aucune distinction et de façon juste et équitable a encore soutenu la même source. 

    La délégation algérienne n’a cessé de préconiser la prise en charge de la question des droits de l’Homme au Sahara occidental et en particulier l’envoi sur place d’une nouvelle mission du HCDH «dont le rapport devrait être cette fois-ci publié» pour éclairer le Conseil sur la réalité qui prévaut sur le terrain. A noter qu’en marge des travaux de cette session, deux ONG, France Libertés-Fondation Danielle Mitterrand et la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, ont fait des déclarations favorables à la cause sahraouie. 

    La première ONG, au nom également de l’International Educational Development, une association américaine de juristes et au nom également du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), a tenu à «dénoncer la poursuite de la détention arbitraire et au secret» des défenseurs sahraouis des droits de l’Homme arrêtés dès leur retour d’une visite dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf en Algérie il y a quelques mois. La seconde ONG s’est concentrée, quant à elle, sur la défense du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Elle a appelé le Conseil à accorder «son attention et à mettre fin à l’impunité et au déni d’un droit inaliénable». 

    Par Ghada Hamrouche
  • Hypocrisie et intérêts

    «Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).» Le projet onusien porte en son sein tout l’idéal d’un monde meilleur, pour tous et sur tous les plans. Evidemment, ce sont surtout aux pays de l’hémisphère sud que profiteraient ce rééquilibrage et cette redistribution équitable des richesses qui exige une exploitation responsable et rationnelle des potentialités et de l’environnement.

    A ce titre, aucun des Etats de l’hémisphère nord ne pouvait rejeter les OMD, au risque de se voir mis à l’index par les nations du monde. De plus, les riches ne pouvaient, ouvertement, se mettre à dos les pays concernés par les OMD car ils en ont besoin et y ont des intérêts. C’est dans ces pays qu’ils vont chercher leurs richesses et vendre leurs produits. Ils exploitent leurs ressources naturelles et leur main-d’œuvre bon marché pour asseoir leurs économies et garantir le bien-être de leurs peuples. 

    Ce n’est donc pas cher payé que de prendre un engagement politique pour maintenir de gros avantages économiques. C’est même tout bénéf. L’engagement politique n’engage en rien. On peut le renier, l’oublier, le mettre sous le boisseau ou surseoir indéfiniment sa concrétisation. Ce que feront les pays industrialisés qui ne mettront que quelques peccadilles dans tous les fonds destinés à soutenir le développement, la santé, l’éducation et l’environnement dans les pays pauvres, tout juste de quoi garder leurs précarrés dans ces «colonies». Pis, même le peu qu’ils donnent, ils le rentabilisent. Ils récupèrent avec la main gauche ce qu’ils ont donné de la main droite. 

    Et la situation dans les pays de l’hémisphère sud, dont beaucoup se trouvent en Afrique, ne se rappelle à leur souvenir que lorsque leurs intérêts sont menacés directement, comme en juin dernier quand 800 000 ouvriers travaillant dans 700 usines textiles, situées au Bangladesh, et fournissant les plus grandes marques de prêt-à-porter s’étaient mis en grève. Les ouvriers demandaient qu’ils soient payés 70 dollars par mois au lieu de 25 dollars qu’ils percevaient depuis déjà trop longtemps, avant même qu’on parle des OMD.

    Plus récent encore et tout aussi révélateur de cet intérêt conjoncturel du Nord à ce qui se passe dans le Sud, la situation au Sahel. Européens et Américains ne se sont intéressés à cette région que pour s’y installer, et ce qui s’y passait ne les gênait pas outre mesure tant qu’ils pouvaient encore investir et exploiter richesses et populations, comme ils le font en Asie. Ils ne se sentiront concernés par la lutte contre le terrorisme transnational, à laquelle l’Algérie n’a cessé d’appeler, que lorsqu’ils seront touchés directement. On n’a jamais autant parlé de la situation dans le Sahel dans les médias, du monde en général et français en particulier, que depuis les prises d’otages français. Ces mêmes médias sont pourtant restés bien muets quand Bruxelles foulait aux pieds le droit international et signait des marchés avec le Maroc pour la pêche dans les eaux territoriales du Sahara occidental. Les intérêts du Sud ne sont pris en considération que lorsqu’ils croisent ceux du Nord, c’est valable pour les OMD comme pour tous les projets socioéconomiques en direction des pays pauvres. 

    Par Hassan Gherab

  • Droit du peuple sahraoui à la liberté

    L’initiative du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) en collaboration avec l’Union des juristes sahraouis (UJS), portant sur l’organisation à Alger d’une Conférence internationale sur le thème du droit des peuples à la résistance, est une occasion pour les participants d’examiner de manière approfondie la question du Sahara occidental sous occupation marocaine. Cet événement intervient à un moment où la communauté internationale est vivement préoccupée par l’aggravation de la situation des droits de l’homme découlant de la persistance de l’occupation de ce territoire par le Maroc, qui se refuse à s’engager dans la dynamique de la paix et de mettre fin à l’occupation du Sahara occidental. Les demandes persistance de l’ONU adressées au Maroc pour aboutir à un règlement définitif de la question sahraouie sont toujours lettre morte. 

    Il est clair que cette conférence internationale constitue une « victoire » d’une importance capitale pour le Front Polisario, d’autant plus qu’elle coïncide avec la tenue de la 65éme session de l’Assemblée générale des Nations unies. Assurément, le royaume est aujourd’hui dans une situation extrêmement inconfortable. Il refuse malheureusement de se soumettre au verdict de la communauté internationale, reniant à chaque occasion ses engagements à réaliser cette paix. En fait, c’est toute la stratégie marocaine, mise unilatéralement en œuvre, pour une autonomie du Sahara à son profit, qui est dès lors en train de s’effondrer. 

    En se proposant d’être une tribune pour reconnaître au peuple sahraoui le droit de « résister » à l’occupation illégale de son territoire, pour dénoncer les violations massives, répétées et vérifiées des droits de l’homme, ainsi que pour exiger de l’ONU que soit rapidement organisé un référendum d’autodétermination selon ses résolutions, la conférence d’Alger fait montre de sa motivation pour marquer son soutien positif au peuple sahraoui, et de donner une nouvelle preuve à la communauté internationale que ce peuple est dans son droit légitime pour obtenir sa liberté et sa souveraineté. En multipliant les manœuvres et, sans doute, les provocations à l’égard de l’Algérie, le Maroc avec ses « sempiternelles », ridicules mais dangereuses pour la paix régionale, revendications territoriales à chaque fois réactivées, choisit la fuite en avant. Le conflit du Sahara occidental se situant au cœur même du Maghreb arabe est, de fait, un handicap majeur à l’Unité de la région. 

    Malgré l’existence d’un plan onusien et plusieurs résolutions tant de l’ONU que du Conseil de sécurité pour mettre un terme à ce conflit, le Maroc s’attelle à cette œuvre dans le sens contraire en stoppant la réalisation de l’unité maghrébine sous prétexte de ce problème. Miné de l’intérieur par des contradictions économiques, sociales et politiques de plus en plus insoutenables, isolé sur le plan international, ensablé dans la guerre du Sahara, le régime marocain a montré ces dernières années tout son écart à renforcer les liens économiques, commerciaux et culturels, le développement de la coopération fondée sur la réciprocité des intérêts et les conditions spécifiques prévalant dans chaque pays membres de l’UMA. Des contradictions qui font obstacle à la voie de l’édification du Maghreb arabe. On oubli, quelque part, que par-delà ce conflit entre le Maroc et le peuple Sahraoui, il faut construire le Maghreb des peuples et trouver une solution pacifique à la question sahraouie. 

    Aussi, l’unité du Maghreb, la réanimation de l’UMA ne peuvent se faire de manière sûre et durable que si elles se réalisent dans un cadre concerté rejetant toute approche de l’occupation du Sahara occidental, qui est, de plus, un problème de décolonisation à résoudre par l’ONU. A ce sujet, un éminent journaliste a rappelé, il y a quelque temps, que la question est de savoir qui dans le pays, fera la paix. Sont-ce les animateurs des institutions actuelles, ceux-là mêmes qui ont contribué à l’instauration de l’état de guerre afin de gagner le temps nécessaire à leur réancrage dans la vie politique publique, qui vont y parvenir et assurer de la sorte leur pérennité ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. 

    Le Maroc de demain sera dirigé par ceux qui, aujourd’hui, feront la paix. Les partis politiques « accrédités au Parlement  » s’imaginent peut-être que la guerre sera leur planche de salut, que grâce à elle ils régleront leurs comptes intérieurs avec une monarchie qui les a longtemps traqués, réprimés, bâillonnés, et avec une armée à laquelle ils reprochent la formation étrangère et le caractère antipatriotique. Historiquement, et certains d’entre eux sont trop bien placés pour l’ignorer, la surenchère sur le discours expansionniste et chauvin mène droit à la débâcle.

    B. Chellali

    Le Maghreb, 26/9/2010
  • Une tribune de choix pour la cause sahraouie

    C’est en présence d’un parterre composé de dizaines d’invités étrangers, représentant divers horizons, que s’est ouverte hier à Alger la conférence internationale sur le thème du «droit des peuples à la résistance : le cas sahraoui», à l’hôtel Dar Diaf d’Alger. Assisteront à cette réunion près de 300 conviés, dont des délégués de comités de soutien à la cause sahraouie d’Italie, d’Espagne, d’Autriche, d’Inde, de Mauritanie, de Hongrie, d’Autriche, d’Afrique du Sud, du Chili, du Mexique, de la Hongrie, de Suède, des USA, etc. de même que plus d’une centaine de journalistes étrangers, majoritairement des Espagnols. Notons, par ailleurs, la présence en tant qu’invités d’honneur de Pierre Galland, du président du Comité international de soutien avec le peuple sahraoui ; de l’ex-chef de gouvernement Reda Malek ; de Ali Haroun… aux côtés de représentants du corps diplomatique ; de parlementaires nationaux et étrangers ; d’universitaires, d’intellectuels, de juristes… 

    La conférence, rappelons-le, est organisée notamment par le Comité national de solidarité avec le peuple sahraoui présidé par Mahrez Lamari. Cette Conférence est de nature à éclaircir la situation et à lever les équivoques concernant le dossier de décolonisation du Sahara occidental, notamment les campagnes de désinformation conduites par le Maroc et ses alliés, a indiqué le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar. C’est une rencontre, a-t-il ajouté, qui donnera la parole à des témoins ayant été victimes de la répression et de la torture des services de sécurité marocains dans les territoires occupés. Des témoignages, a-t-il précisé, qui s’ajoutent à ceux ayant acculé le royaume sur ces pratiques condamnables, les plus importants comptes-rendus étant ceux des organisations internationales comme Human Rights Watch, Amnesty International, Front Line, le Haut-Commissariat des droits de l’Homme relevant de l’ONU, les commissions ad hoc de l’Union européenne (UE)… 

    La répression n’a pas concerné uniquement les Sahraouis qui militent pour le recouvrement de leur souveraineté, mais aussi des défenseurs étrangers de ce droit, a-t-il noté, le dernier exemple en date étant celui des militants de l’association «Sahara Actions». Tout en rappelant que le nombre des Sahraouis disparus aujourd’hui s’élève à plus de 500, le Premier ministre dira que celui des prisonniers de guerre est estimé à 150, alors que nombreux sont ceux qui sont emprisonnés dans les geôles marocaines pour leur opinion ou engagement politique. Le responsable sahraoui dénoncera la gestion par la force du Maroc dans les territoires occupés, comme l’illustrent la présence de 160 000 soldats du royaume et l’édification du mur de la honte sur une longueur de plus de 2000 km.

    La rencontre coïncidant avec la célébration par le continent noir de la Journée internationale de la paix, le Premier ministre sahraoui a plaidé pour une solution juste et pacifique du conflit sahraoui, d’autant que, dira-t-il, le Maroc n’a pas réussi jusque-là à faire valoir sa solution. 

    Par Mekioussa Chekir

    La TRibune ONline, 26/9/2010
  • COLONISATION DU SAHARA OCCIDENTAL «Trente-cinq ans, ça suffit!»

    C’est le message délivré par le Premier ministre sahraoui à la communauté internationale.

    Le combat du peuple sahraoui pour son indépendance ne peut s’éterniser. Abdelkader Taleb Omar en est arrivé à cet implacable constat au cours de l’allocution qu’il a prononcée, samedi, à l’occasion de la tenue de «La conférence internationale sur le droit des peuples à la résistance: le cas du peuple sahraoui». Quelle leçon doit-il en tirer? «Il est grand temps pour le peuple sahraoui de tirer les enseignements de cette vérité frappante. 

    Durant plus de trente-cinq ans de guerre soutenue, le Maroc n’a pas pu convaincre le monde quant à la légitimité de ses vues sur le Sahara occidental, tout en ayant échoué de faire adhérer ses habitants au bien-fondé de sa politique d’occupation. Pour les Sahraouis, il s’agit aujourd’hui d’une vérité régionale et internationale. Ils sont plus que jamais déterminés à arracher leurs droits. Pour cela, ils comptent sur le soutien de la communauté internationale et de la légitimité de leur cause.» Le responsable sahraoui ne pouvait mieux le dire. De jeunes manifestants des droits de l’homme sahraouis sont venus témoigner en force de la répression et des conditions de vie déplorables qui sont devenues le lot de tous les militants des territoires occupés du Sahara occidental. Ils sont venus de partout. Des hauts lieux de la résistance sahraouie: El Youm, Dakhla, Boujdour…Ils veulent témoigner à la face du monde. Dire les souffrances de leur peuple. Dénoncer la stratégie d’occupation marocaine des territoires sahraouis. «La politique que nous subissons de la part des forces d’occupation marocaines ressemble comme deux gouttes d’eau à celle pratiquée par les Israéliens en Palestine. Une colonisation de peuplement féroce qui consiste à mettre les populations sahraouies en minorité», nous a déclaré Berray Atik, un jeune militant originaire de Dakhla, âgé de trente-cinq ans qui a été forcé de quitter malgré lui les bancs de l’école à l’âge de 14 ans. 

    Le combat du peuple sahraoui pour sa liberté lui a tendu les bras. «L’objectif prioritaire qui rythme chaque instant de ma vie, c’est l’indépendance de mon pays: le Sahara occidental», ajoutera-t-il plus déterminé que jamais.

    La lumière qui scintille de ses yeux reflète cet engagement qui résonne comme une promesse solennelle qu’il a faite sienne. Ils sont nombreux à y adhérer. Sans peur et sans reproche. Ils ont fait le serment de poursuivre cette lutte pacifique avec pour seules armes, leurs mains nues. Leur vie n’a pour unique prix que la liberté retrouvée de leur patrie. Celle de leur peuple, de leurs parents qui subissent une répression féroce, un chantage et des pressions terribles qui ont un impact psychologique ravageur sur la cohésion de la cellule familiale. Une politique de déstructuration des rapports ancestraux qui n’ont en rien entamé la détermination de ces jeunes militants qui donnent la très nette impression d’être aguerris et suffisamment blindés contre ce type de pressions psychologiques.

    «Lors de mon retour des camps de réfugiés de Tindouf, que j’ai visité à l’occasion des festivités du 5 Juillet, mon père qui a reçu la visite d’agents de la sécurité marocaine qui ont exercé sur lui de très fortes intimidations, m’a demandé de ne plus revenir au domicile familial», nous a confié Sidi Essbaâi, un étudiant de 25 ans qui a insisté pour témoigner sous sa véritable identité. Que risquent tous ces jeunes militants qui croient dur comme fer à la justesse de leur combat? «On a été photographiés sous toutes les coutures lors de notre embarquement à l’aéroport. On a tenté de nous intimider. Les forces d’occupation marocaines nous ont promis un accueil d’enfer. On s’attend au pire au retour», nous a déclaré Salha Boutanguiza. Rendez-vous à El Youm. Le pouvoir marocain osera-t-il provoquer une nouvelle affaire Aminatou Haïder? Les jeunes militants sahraouis ne le redoutent pas. Ils sont prêts à tout!

    Mohamed TOUATI

    L’Expression, 26/9/2010
  • La conférence internationale sur les droits de l’Homme traitant du cas du Sahara occidental rétablira les faits (Taleb Omar)

    Alger, 25/090/2010 (SPS) Le premier ministre sahraouie, M. Abdelkader Taleb Omar a souligné samedi à Alger que le choix du cas de son pays comme thème de la conférence internationale sur « le droit des peuples à la résistance » était à même de rétablir les faits face à l’opinion publique internationale. 

    Le premier ministre sahraoui a indiqué que cette conférence qui intervient avec le lancement des activités politiques aux plans international et national et à laquelle participe une assistance de marque permettra de rétablir les faits face à l’opinion publique internationale et de faire connaître les souffrances du peuple sahraoui sous l’occupation ». 

    Il a ajouté dans une allocution à l’ouverture de cette rencontre qu’en ce moment même « le régime royal au Maroc joue toutes les cartes pour cacher sa véritable image en tant que force d’occupation répressive et inique pratiquant toute forme d’imposture et de tromperie ». 

    Il s’est dit convaincu que cette conférence « contribuera à rétablir les faits et à mettre à nu les allégations mensongères de l’occupant et de ses alliés grâce notamment à la participation d’un nombre important d’activistes sahraouis de la région et dont la plupart ont subi toutes les formes de répression et de torture, ajoutant que ces derniers constituent « des témoins vivants des souffrances du peuple sahraoui sous occupation ». 

    Les témoignages des participants à cette rencontre viennent appuyer ceux apportés par des organisations internationales influentes sur les violations des droits de l’Homme dans la partie occupée du Sahara occidental, a-t-il précisé. 

    Le premier ministre a affirmé à cet effet que la répression n’avait pas touché uniquement les sahraouis mais même certains défenseurs des droits de l’Homme étrangers. 

    Il a souligné que le Maroc « s’entête à rejeter toute démarche visant à trouver un mécanisme de contrôle des droits de l’Homme dans la région occupée malgré les appels internationaux et l’entière disponibilité du Front Polisario à coopérer ». 

    M. Taleb Omar a précisé que 500 personnes enlevées sont portées disparues ajoutant que l’on recense également 151 prisonniers de guerre et d’autres encore qui sont détenus dans les prisons marocaines pour leurs positions nationales de soutien au droit à l’autodétermination et à l’indépendance ». 

    41 prisonniers politiques sont actuellement détenus, selon le premier ministre sahraoui, dans les prisons suivantes: La prison noire (02), Tiznit (13), Ait Melloul (05), Inzikan (04), Taroudant (02), Marakech (03), Kenitra (02), Benslimane (01), Salé (07) et Okacha (02)

    Par la même occasion, le premier ministre sahraoui a salué le mouvement de solidarité internationale avec le peuple sahraoui notamment la société civile espagnole pour sa position honorable en faveur de la cause sahraouie.
    Toutefois, il a déploré  » l’indifférence du gouvernement espagnol à l’égard des violations des droits de l’homme au Sahara occidental et sa négligence de la question de décolonisation de la région ».

    Il a également relevé  » le soutien illimité de la France, membre permanent au conseil de sécurité, au régime marocain, ce qui l’encourage, a-t-il dit, à persévérer dans l’erreur et son mépris à la légalité internationale ».

    Dans le même contexte, le premier ministre sahraoui a appelé  » tous les hommes libres du monde (associations des droits de l’homme, journalistes, avocats, hommes politiques, intellectuels et différentes composantes de la société civile) à être des témoins honnêtes concernant la souffrance du peuple sahraoui du fait de l’occupation marocaine et à transmettre leurs témoignages au monde entier de manière à contribuer à la levée du blocus médiatique imposé à la région ».

    Sur le plan politique, M. Taleb Omar a indiqué que le Maroc  » n’a affiché aucune intention de progresser vers un règlement pacifique » ajoutant que ce sont les autorités marocaines qui ont toujours entravé tous les efforts visant un règlement pacifique ».

    Il a en outre rappelé la lettre de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara Occidental, M. Christopher Ross, adressée aux amis du secrétaire général de l’ONU portant sur le Sahara Occidental et qui  » met en évidence le blocage du processus des négociations par le Maroc qui refuse de débattre la proposition du Front Polisario et tente d’imposer sa proposition d’autonomie comme seule voie de règlement ».

    Cette logique « est rejetée aussi bien par la communauté internationale que par le peuple sahraoui , car tout simplement elle ne constitue pas le cadre optimal du règlement démocratique qui permet au peuple sahraoui de décider de son devenir », a-t-il souligné.

    Le premier ministre sahraoui a ajouté que le Maroc  » entrave la mise en place des mécanismes de contrôle des droits de l’homme » tout en réaffirmant que la lutte du peuple sahraoui « puise sa légalité et sa justesse de sa cohérence avec les chartes internationales appelant à un règlement pacifique fondé sur le droit des peuples à l’autodétermination loin de toutes pressions ».

    Il a également noté que  » le Maroc qui contrôle la région par une force militaire de plus de 160 000 soldats et l’encercle par un mur de défense long de plus de 2000 kms n’éprouve aucune honte à dire que les sahraouis jouissent de la liberté et soutiennent sa thèse colonialiste ».

     » Le régime marocain qui prétend la construction et le développement de la région et sa contribution à son essor économique, c’est lui même qui pille ses richesses naturelles et dénature sa structure démographique en ramenant des colons marocains du nord dans le but d’opprimer les habitants autochtones et d’en faire des gens démunis dans leur pays abondant de richesses », a-t-il souligné.

    Le CNASPS organise les 25 et 26 septembre une conférence internationale sur le thème  » le droit des peuples à la résistance: le cas du peuple sahraoui ».

    Prennent part à cette conférence plus de 70 résistants sahraouis, militants des droits de l’homme et des représentants d’associations de soutien à la cause sahraouie venus du monde entier. (SPS)
  • Maroc: La situation des droits de l’homme connaît une grave dérive

    Sept membres dirigeants du mouvement Al Adl Wal Ihssan (Justice et Bienfaisance), une organisation autorisée par la loi, ont fait l’objet au mois de juin 2010 d’arrestations arbitraires et ont subi de graves tortures. Ils sont depuis détenus à la prison de Fès en attente de leur procès.

    Alkarama a saisi le Rapporteur spécial des Nations unies contre la torture de leur situation en le priant d’intervenir auprès des autorités marocaines afin qu’elles procèdent à une enquête exhaustive et impartiale sur les faits de torture clairement établis.

    Il s’agit de :

    1- Mohamed Slimani TLEMCANI, âgé de 51 ans, professeur universitaire à l’Ecole Normale Supérieure, demeurant à Fès. 

    2- Abdallah BELLA, Professeur d’enseignement secondaire, âgé de 45 ans, demeurant à Fès.

    3- Hicham Didi HOUARI, âgé de 31 ans, fonctionnaire à la délégation du Ministère de l’Aménagement, demeurant à Fès.

    4- Hicham SABBAH, Officier d’Etat Civil, âgé de 41 ans, demeurant à Fès.

    5- Azeddine SLIMANI, Professeur agrégé, âgé de 31 ans, demeurant à Fès.

    6- Bouali MNAOUER, Docteur en pharmacie, âgé de 40 ans, demeurant à Fès.

    7- Tarik MAHLA, enseignant à l’Institut Sanitaire, âgé de 33 ans, demeurant à Fès.



    Tous ont été arrêtés, lundi 28 juin 2010 vers 04heures 30 du matin, à leurs domiciles respectifs à Fès, par les services de la police judiciaire de Casablanca qui ont procédé à des perquisitions, en dehors des heures légales.

    Leurs arrestations ont eu lieu sans mandat de justice et sans que les motifs ne leurs soient notifiés. Dans tous les cas rapportés, les agents de la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), qui se trouvaient dans un état de surexcitation extrême, ont fait preuve d’une grande violence. 

    Les membres de la police judiciaire ont notamment fracturé les portes des domiciles à l’aide de barres de fer sans même laisser aux occupants le temps d’ouvrir. Ils ont usé d’une extrême brutalité non seulement à l’égard des personnes arrêtées mais également des membres de leurs familles – y compris les femmes et les enfants – qu’ils ont réveillés de leur sommeil, insultés et menacés de leurs armes et menacés de viol.

    Ils ont également procédé à la fouille systématique des lieux toujours sans mandat de justice et en saccageant les effets personnels et le mobilier. Ils ont confisqués tous les ordinateurs personnels, téléphones portables, caméras, appareils photos, divers documents et livres appartenant aux personnes arrêtées et aux membres de leur famille.

    Les victimes ont ensuite été menottées et leurs yeux bandés devant leurs familles, y compris leurs enfants, sous les coups, les injures et les menaces de mort avant d’être embarquées dans des véhicules et emmenées vers une destination inconnue des familles qui s’est révélée être le siège de la police judicaire de la ville de Casablanca distante de près de 300 kilomètres.

    Privés de tout contact avec le monde extérieur, ils ont subis les pires tortures physiques et mentales pendant trois jours sans interruption.

    Ils ont notamment été battus sur toutes les parties de leurs corps à l’aide de bâtons et de gourdins, suspendus, violés à l’aide de divers objets pour certains d’entre eux et menacés de l’être pour les autres.

    Déshabillés entièrement, ils ont été soumis à toutes sortes de tortures et de traitements cruels inhumains et dégradants et notamment à la torture du chiffon et ont subis des décharges électriques y compris sur leurs parties sexuelles.

    Ils ont ensuite été contraints sous les coups et les menaces de mort de signer, les yeux bandés, des procès verbaux qu’ils n’ont pas été autorisés à lire et dont ils ignoraient le contenu.

    En dépit des précautions prises par les tortionnaires pour ne pas laisser de traces, ils portaient des marques visibles et évidentes de tortures au moment de leur première comparution devant un magistrat à Fès où ils ont été ramenés le 1er juillet 2010.

    Ils ont été accusés d’avoir enlevé et torturé un avocat, ancien membre de leur organisation, qui aurait déposé, plus d’un mois après les faits allégués, une plainte pénale contre eux ; Ils ont néanmoins été poursuivis suivant la procédure de flagrant délit et inculpés d’ « appartenance à une organisation non autorisée », d’ «association de malfaiteurs », de « torture » et d’ »enlèvement et détention d’une personne ».

    Les victimes ont sollicité le juge d’instruction afin qu’il désigne un expert médical pour constater les tortures, ce qu’il n’a concédé que 12 jours plus tard, afin que les traces de tortures disparaissent ou soient atténuées. Le résultat de cet examen médical n’a pas été divulgué à ce jour.

    En dépit de l’absence de preuves et des déclarations unanimes des prévenus dès leur première comparution, le juge d’instruction commis a décidé d’accorder foi aux procès verbaux établis par la police judiciaire pour les inculper et les placer en détention provisoire à la prison de Fès.

    Depuis leur incarcération, ils continuent à souffrir des séquelles des tortures subies et des blessures qui en ont résulté. Ils restent à ce jour privés d’un suivi médical adéquat et de médicaments. En particulier M. Mohamed Slimani TLEMCANI qui souffre d’une grave affection cardiaque, M. Abdallah BELLA qui est atteint de diabète.

    Une audience d’instruction a eu lieu le 24 août au cours de laquelle, la prétendue victime des violences attribuées aux sept inculpés a été entendue, curieusement, en qualité de témoin. Il n’y a pas eu de confrontation entre celle-ci et les accusés et l’instruction a été renvoyée au 31 août 2010.

    Les dernières vagues d’arrestations et de disparitions de ces derniers mois et la gravité des tortures subies par des membres dirigeants d’une organisation reconnue constituent un grave tournant dans la situation des droits de l’homme, qui s’était notablement améliorée à l’avènement de Mohamed VI, et replonge le pays dans son passé.

    Source : Al Karama, 56/9/2010
  • Sahara Occidental : scandaleux soutien de sénateurs français à l’occupation marocaine

    Communiqué de presse
    Amis du Peuple du Sahara Occidental (APSO)

    Le 15 septembre 2010

    Aujourd’hui, un groupe de sénateurs français va soutenir l’occupation marocaine du Sahara Occidental

    Le voyage des Sénateurs Français au Sahara Occidental occupé a été annoncé quelques semaines auparavant. Une coordination de 11 associations de défense des droits du peuple Sahraoui a, en réponse, fait officiellement une demande d’audience. L’association française Amis du Peuple du Sahara occidental (APSO) a répété les courriers soulignant l’importance de cette demande et appelant à la responsabilité et au devoir d’équité des sénateurs français en visite au Sahara Occidental.

    Néanmoins, ceux-ci, Jackie Pierre, Bariza Khiari, Catherine Morin-Desailly, M. Cambon, Jean-Pierre Chaveau, Alain Gournac, Claude Jeannerot, Jean-Pierre Plancarde sont aujourd’hui à El Aaiun au Sahara Occidental, et ne vont pas rencontrer les associations de militants sahraouis qui luttent pour l’application du droit international. Les organisations sahraouies que les Sénateurs vont ignorer, travaillent toutes pour la mise en place du référendum que les forces de l’ONU sur le territoire essaient d’organiser. Ces mêmes défenseurs sahraouis du référendum de l’ONU sont qualifiés de « traîtres » par le Roi du Maroc.

    Les sénateurs sont guidés par les officiels marocains pendant leur déplacement sur le territoire, et ont affirmé leur soutien à la proposition marocaine d’intégrer le Sahara Occidental au Maroc.

    « L’appui des Sénateurs à l’occupation est politiquement imprudent et très contraire à l’éthique. Cela contribue directement à saper les efforts de l’ONU dans la résolution du conflit, par un travail à l’encontre du principe de la consultation du peuple du territoire. Les Sénateurs en refusant de rencontrer ou même de contacter les représentants éminents de la société civile sur le territoire, travaillent directement contre la position officielle de la France, qui soutient de droit du peuple Sahraoui l’autodétermination sur leur pays » a déclaré Marie Frison, présidente d’APSO, qui espère que le Ministère français des Affaires Etrangères va intervenir.

    « Ignorer les voix qui travaillent pacifiquement pour le droit légitime à l’indépendance, est un fort regrettable signal à ceux poussent à des méthodes plus radicales contre les occupations illégales dans le monde » a déclaré M.Frison.

    Les Sénateurs vont visiter les infrastructures autour de la pêche, du phosphate, de l’eau et de l’agriculture, en refusant d’entendre les explications des autochtones à qui cela a été confisqué, ils vont soutenir la colonisation. Un avis juridique de l’ONU, renouvelé par le Parlement Européen, a déclaré que la poursuite des l’exploitations des ressources naturelles du Sahara Occidental est illégale si les Sahraouis ne sont pas consultés.

    Pour tout renseignement, contacter APSO,
    APSOlument@yahoo.fr


    Amis du Peuple du Sahara Occidental
    Le 15 septembre 2010

    Monsieur le Sénateur/Madame la Sénatrice

    Dans nos deux précédents courriers à propos de votre visite au Sahara Occidental, nous vous avons demandé de rencontrer les représentants de la société civile sahraouie qui s’opposent au Maroc, et revendiquent l’application du droit international, pour la légitime autodétermination du Peuple Sahraoui.

    Une coordination des 11 de ces organisations de défenseurs de droits des sahraouis vous a adressé une demande d’audience en vous indiquant tous leurs coordonnées, il vous est donc aisé de les contacter, puisqu’ils vous ont informés de leur disponibilité pour cela.

    Nous vous rappelons que le Sahara Occidental est un Territoire Non Autonome, pour l’ONU et selon le droit international, c’est une colonie sous occupation marocaine. La Cour Internationale de Justice dans son Avis consultatif sur le Sahara occidental de 1975, a conclu qu’il ne pouvait établir aucun lien de souveraineté territoriale entre le Sahara Occidental et le Royaume du Maroc. Par conséquent, la Cour a déclaré applicable le « principe de l’autodétermination grâce à l’expression libre et authentique de la volonté des peuples du territoire « . (Rapport de la CIJ, 1975, p.68, § 162). L’occupation marocaine a été condamnée par l’ONU, et aucun état n’a reconnu les revendications marocaines.

    « L’autonomie de la région » dont la presse vous attribue le soutien fervent, est une proposition qui va à l’encontre du droit international, à l’encontre de la position officielle de la France, et qui ne constitue en rien une solution au conflit. Cela fait perdurer le statu quo pendant lequel le Maroc pille illégalement les ressources du Sahara Occidental contre la volonté du peuple sahraoui, contre son bénéfice, et cela maintient 200 000 sahraouis en exil avec leur république, dans une situation de survie précaire dépendante complètement de notre aide internationale.

    Si lors de votre présence au Sahara Occidental, vous acceptez de ne recevoir de commentaires sur les infrastructures autour de l’eau, l’eau du quotidien, de l’agriculture, de la pêche, du phosphate, que les personnes autorisées par le colonisateur Marocain, sans entendre les remarques et explications des autochtones à qui cela a été confisqué, alors vous soutenez la colonisation.

    Cela va à l’encontre de nos valeurs françaises, que vous représentez en votre qualité de sénateurs.
    Notre organisation proteste contre cet état des faits, et vous demande encore une fois d’organiser une audience avec les organisations qui vous ont écrit.

    L’épouvantail du terrorisme par lequel vous justifiez vos propos, selon la presse marocaine, trouve assurément un lit favorable dans un pays, le Maroc, dont l’impunité internationale cautionne toutes les violations des droits de l’homme, sur la base de la première, la colonisation par la force de la terre de son voisin.

    Recevez, madame la Sénatrice, monsieur le Sénateur, nous sincères salutations
    Pour APSO et réseau
    La présidente d’APSO

    Publié par APSO