El Khabar, 31 mai 2010
Mois : mai 2010
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Abdelkader Taleb Omar: nous sommes devant une nouvelle étape, la paix ou l’escalade militaire
MADRID – Le chef du gouvernement sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, a affirmé, samedi à Madrid, que devant l’enlisement du conflit du Sahara occidental le peuple sahraoui a entamé une « transition vers une nouvelle étape dans laquelle il ne peut y avoir que deux solutions à savoir: la paix ou l’escalade militaire ». « L’enlisement du conflit est en train de conduire les Sahraouis à la limite de sa patience. Nous sommes aujourd’hui dans une phase où la révision de notre vision et de nos relations avec la MINURSO nous parait inévitable », a ajouté le responsable sahraoui dans son intervention de clôture des 4e Journées des Universités publiques madrilènes sur le Sahara occidental. « Par conséquent, commence pour nous la transition vers une nouvelle étape où il ne peut y avoir que deux solutions: la paix ou l’escalade militaire », a-t-il dit.
El Khabar, 31 mai 2010 -
France – Algérie : Le retour à la normale ?
Le président Abdelaziz Bouteflika et son homologue français, Nicolas Sarkozy, semblent décidés à mettre fin à la brouille qui affecte depuis plus d’un an les relations entre les deux pays.
D’une pierre deux coups ! Le 25e sommet qui s’ouvre aujourd’hui à Nice, dans le sud de la France, semble constituer une opportunité pour la France et l’Algérie de lever les malentendus qui altèrent, depuis plus d’une année, les relations bilatérales. En décidant d’aller, lui-même, à ce sommet, le président Bouteflika fait gage de bonne volonté de renouer, au plus haut niveau, le dialogue avec la France.
Un dialogue rompu depuis le report de sa visite présidentielle en France en juin 2009. « La participation de M. Bouteflika à ce 25e sommet contribuera à améliorer les relations avec la France », a affirmé hier à l’AFP le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, estimant que « ces relations algéro-françaises, marquées par l’absence de rencontres à haut niveau depuis des mois, doivent être appréciées globalement et non pas seulement à l’aune d’un certain nombre de questions qui reviennent souvent, certes importantes ». Si aucun entretien bilatéral entre les deux chefs d’Etat n’est prévu, « ils se verront et se parleront », affirme-t-on à l’Elysée. Il s’agirait donc d’une rencontre informelle hautement symbolique qui marquerait un début de décrispation des relations entre les deux Etats.
Mais cette reprise de contact entre les deux présidents suffira-t-elle pour mettre fin à une brouille qui persiste depuis des mois ? A l’évidence non, tant les dossiers qui fâchent sont aussi nombreux que complexes. Il y a d’abord la relance par la justice française de l’enquête sur l’assassinat de l’opposant Ali Mecili en 1987 à Paris, avec l’arrestation en août 2008 du diplomate Mohamed Ziane Hasseni. Après de fortes pressions d’Alger, ce dernier bénéficie d’un nouveau statut de témoin assisté. Mais le dossier n’est toujours pas classé. Une autre affaire oubliée ressurgit suscitant également la colère d’Alger : il s’agit de la réouverture du dossier de l’assassinat des sept moines de Tibehirine en 1996, après des « révélations » d’un général français, selon lesquelles ils seraient morts dans une « bavure » de l’armée algérienne. Sans tarder, le parquet diligente une nouvelle enquête. Aussi, l’inscription de l’Algérie par Paris sur une liste de « pays à risque » concernant les transports aériens a été vivement critiquée par Alger. Mais il n’y a pas que cela.
Le soutien de la France au projet marocain de l’autonomie du Sahara occidental, la révision de l’Accord de 1968 donnant un statut privilégié aux Algériens vivant en France et l’insuffisance des investissements directs français en Algérie sont autant de questions qui irritent également Alger. La crise entre les deux pays est également alimentée, voire aggravée par la question de l’histoire et de la mémoire, sujet hautement polémiqué surtout depuis l’adoption par le Parlement français de la loi du 23 février 2005 glorifiant la colonisation. Dans sa déclaration à AFP, Mourad Medelci a d’ailleurs appelé la France à tenir compte des « sentiments patriotiques » qui sont « extrêmement importants ». « Les messages (des) Algériens, quel que soit leur âge, sont simplement des messages de ceux qui (…) ont combattu pour que l’Algérie redevienne leur pays. Qu’on ne leur en veuille pas aujourd’hui de le rappeler aux autres, quand les autres font mine de l’oublier », a-t-il attesté. Côté français, on espère que la présence du président Bouteflika à Nice « permettra peut-être de relancer le dialogue », reconnaissant que les relations entre les deux capitales sont « compliquées ».
« Nous devons éviter l’écueil de la non- reconnaissance de faits longtemps occultés comme ceux du 8 Mai 1945, que deux ambassadeurs de France en Algérie ont qualifiés, en 2005 puis en 2008, de tragédie inexcusable et d’épouvantables massacres », estime une source diplomatique française, à Alger, dans une déclaration rapportée par l’AFP. Mais, souligne-t-on, « la France n’est pas prête psychologiquement à faire acte de repentance et il faut donc trouver une voie médiane ». Ce refus de présenter des excuses à l’Algérie a été clairement exprimé par le président Nicolas Sarkozy à la veille de sa deuxième visite en tant que chef d’Etat en Algérie le 3 décembre 2008. Le nouveau locataire de l’Elysée avait alors exclu toute idée de repentance et souhaité que s’établisse un partenariat concret, débarrassé du poids de l’histoire. « Je ne viens ici ni pour blesser ni pour m’excuser », avait-il déclaré. Rappelant qu’il n’avait « pas fait la guerre d’Algérie », il avait appelé à se « tourner résolument vers l’avenir ».
L’Algérie avait pourtant fait de la reconnaissance par Paris des « crimes » commis pendant la période coloniale une condition de la signature d’un traité d’amitié initié en 2003 par les présidents Chirac et Bouteflika. Destiné à sceller la réconciliation entre la France et l’Algérie, ce traité devait être signé fin 2005. La signature de ce traité a été renvoyée aux calendes grecques à cause de ce refus de Paris de se repentir. Bien que les relations économiques et les échanges continuent, l’Algérie diversifie ses fournisseurs et ses partenaires économiques. Les Chinois sont présents en force en Algérie, raflant des marchés à coups de milliards de dollars. Consciente des risques de voir ses parts de marché se rétrécir, la France, qui souffre d’un lourd déficit économique, montre moins de pathos et plus de pragmatisme. Surtout quand il y a 286 milliards de dollars sur la table.
Algérietele, 31 mai 20101 -
Bouteflika – Sarkozy au Sommet de Nice : L’épreuve du tête-à-tête
Le déplacement du Président Bouteflika à Nice aura sûrement des conséquences sur les relations algéro-françaises et surtout rouvrir le dialogue entre les deux Etats après un blocage enveloppé des provocations et des déclarations à distance.
Dans un contexte marqué par une situation «de blocage» que connaissent les relations algéro-françaises, le président de la République Abdelaziz Bouteflika qui n’a pas accompli la visite officielle programmée en France après sa réélection, s’est rendu hier en France mais dans le cadre du Sommet France-Afrique qui s’ouvrira aujourd’hui à Nice dans le sud de la France. Un déplacement a un double sens vu les enjeux politiques et surtout dans le timing.
Ainsi, en premier lieu l’Algérie qui a pris sur elle la cause du continent noir relative au développement de l’Afrique ne peut bouder un tel événement même si la France fait partie. Car il s’agit avant tout de préserver les intérêts de l’Afrique qui ne sont pas en contradiction avec les intérêts de l’Algérie. D’autre part, le déplacement du Président Bouteflika à Nice aura sûrement des conséquences sur les relations algéro-françaises et surtout rouvrir le dialogue entre les deux Etats après un blocage enveloppé par des provocations et des déclarations à distance. Après toutes les tentatives de Paris de renouer le dialogue entre l’Algérie et la France liées par l’histoire et plusieurs intérêts communs, à travers notamment différents émissaires envoyés par le président français Nicolas Sarkozy, à commencer par le représentant de l’Elysée sans qu’il y ait des échos d’Alger qui a transmis sa position et attend la réponse de Paris sur plusieurs questions. C’est le moment probablement aux deux chefs d’Etat de désamorcer la crise par un dialogue direct et franc sans intermédiaires. Ainsi, il est attendu que des entretiens entre le Président Bouteflika et le Président Sarkozy sont attendus à Nice en marge du Sommet Afrique- France. A rappeler que la dernière rencontre entre les deux hommes remonte à juillet 2008 lors du sommet du G8 au Japon. A savoir que selon l’Elysée, l’Algérie serait le seul pays du Maghreb, avec la Mauritanie, représentée au niveau des chefs d’Etat.
Ainsi, le Président Bouteflika a choisi de se déplacer lui- même à ce rendez-vous , ce qui ne peut être interprété selon certains observateurs que par le fait qu’il y a une volonté de dépasser «le blocage» actuel sans qu’il y ait de concessions. Il faut dire que les dossiers qui fâchent entre Alger et Paris ne manquent pas, à commencer par l’héritage historique lourd dont les conséquences n’en finissent pas et les provocations de Paris sur ce point ne s’arrêtent pas. A ne pas oublier les questions liées à l’investissement français en Algérie critiqué par Alger, l’affaire Hasseni, les moines de Tibhirine, la lutte anti-terroriste au Sahel, notamment la pression menée par Paris pour pousser le Mali à libérer des terroristes dont deux Algériens en échange d’un otage français et enfin le dossier du Sahara occidental. Par ailleurs, le Sommet Afrique- France permettra de discuter de divers sujets dont la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU dans l’intérêt de l’Afrique et une meilleure association du continent aux travaux du G8 et du G20. Ainsi, les pays africains participants à ce Sommet auront l’occasion de plaider leur cause auprès de la France et des autres membres de l’Union européenne (UE) pour faire entendre leur voix, de source proche du Sommet.
A savoir que 52 Etats africains ont été conviés à participer à ce Sommet, ainsi que les représentants de l’UE, de l’organisation internationale de la Francophonie, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, de la Commission de l’Union africaine et de la Banque mondiale. Et pour l’Algérie, elle aura à défendre ses intérêts comme pays africain et s’occuper des relations bilatérales avec la France avec laquelle les intérêts ne manquent pas.
Par Nacera ChenafiLes Débats, 31 mai 2010 -
Sommet de Nice : Un sommet pour l’amitié
Ceci dit
Un sommet pour l’amitié
L’Algérie n’aurait pu s’absenter à un rendez-vous international où l’Afrique est présente en force. Toute sa diplomatie repose sur sa base continentale, là où se jouent ses rapports de voisinage (avec l’affaire du Sahara occidental), ses relations économiques (notamment gazières avec le Nigeria), sa sécurité (le Sahel) et ses projets d’avenir (Afrique du Sud). L’impasse «arabe», son extrême complexité, ses défiances et rivalités internes, contraignent l’Algérie à vouloir consolider son assise géographique naturelle qui est l’Afrique, en attendant mieux sur d’autres plans, en particulier politiques. A Nice, en France donc, un sommet se tiendra avec beaucoup de pays africains, que Bouteflika ne pourra bouder sans risque d’incohérence. Son absence aurait constitué une contre-performance diplomatique, pour le moins. C’est aussi l’occasion de renouer un contact avec la France, pays hôte. D’autant que l’Algérie sera le seul pays maghrébin (avec la Mauritanie) à être représentée par son chef d’Etat. C’est important. La France est un partenaire incontournable de notre pays, le dialogue doit être de mise, même sur les sujets qui fâchent. Il n’y a pas lieu d’être optimiste à ce stade. L’incompréhension algérienne est totale sur ce qui n’est pas loin d’être considéré comme des «provocations françaises» – Affaires Hasseni, moines de Tibhirine, liste noire etc. Ce sont pour le moins des positions inamicales. Sont-elles justifiées par des positions algériennes similaires ? On pourrait mieux comprendre la situation si on savait lesquelles. Que reproche exactement la France à l’Algérie ? D’agir au mieux de ses intérêts économiques ? De vouloir mieux contrôler ses dépenses en importations, en investissements étrangers, de diversifier ses contrats en tentant de rendre plus transparentes leurs clauses selon les règles universelles etc. ? Ou bien encore de réagir quelquefois (et timidement, principalement sous forme de bouderie) aux attitudes incomprises de certains politiques français (comme Bernard Kouchner), voire de l’Elysée ? Ce serait absurde ! L’amplification de ces mésententes et incompréhensions par une amorce, plutôt médiatique pour l’instant, de guerre des mémoires est à la fois le résultat d’une conjoncture politique, où la France a sa propre responsabilité pleine et entière (cela a commencé en vérité bien avant la loi sur les «bienfaits du colonialisme»), et le résultat d’une évolution des mentalités, ici en Algérie même, après le traumatisme de la décennie quatre-vingt -dix. A défaut d’accompagner intelligemment cette évolution, parce qu’elle la concerne en premier (en ce sens qu’elle concerne notre passé commun), la France, empêtrée semble-t-il dans l’illisibilité de sa propre histoire avec nous, pourrait au moins en prendre acte, et cesser de vouloir la punir par des provocations politiciennes qui ne feront que la compliquer. Espérons qu’à l’occasion de Nice, les deux présidents sauront dépasser ces aléas, et parler de l’essentiel. L’essentiel ? Mais c’est l’amitié, bien sûr.
B. D.Les Débats, 31 mai 2010 -
Le Maroc paralyse les institutions de l’Union et bloque les relations bilatérales avec l’Algérie
Constance, détermination et action. La diplomatie algérienne en 2009
Par Achour Cheurfi
La brillante qualification des Verts pour la coupe du monde, un parcours du combattant, a été vécue par toute la nation algérienne comme une communion nationale. Une immense sensation de fierté a envahi des millions d’hommes et de femmes, d’enfants et d’adultes et qui ont affirmé dans une allégresse communiante leur appartenance à un pays, une nation, une histoire, une mémoire et un projet en devenir. Jamais rencontre footballistique n’a suscité autant d’émotion, de sensations fortes, de suspens, de rebondissements, de crises de nerfs, de communion, de solidarité, de fraternité. Jamais une réalisation sportive n’a suscité autant de ferveur populaire, d’enthousiasme patriotique, de rêve. La jeunesse algérienne a montré, en fin de compte, à elle-même d’abord, et au reste du monde ensuite, qu’elle est bien capable de s’investir positivement et d’aller le plus loin possible sur le chemin du succès. Oui assurément ce 18 novembre 2009 marquera des générations entières. Moment d’autant plus fort et d’autant plus intense qu’il est partagé par toutes les autres nations arabes, du Maghreb au Machreq.
Un geste fort et une belle communion nationale
Si cette victoire a été possible c’est bien parce que sa préparation sur tous les plans, physique, psychologique, médiatique et diplomatique a été menée à bien surtout quand on sait précisément le caractère décisif de la compétition et les conditions dans lesquelles elle allait avoir lieu, c’est-à-dire dans un milieu dont l’agressivité n’a jamais été égalée. A l’évidence, l’adversaire du jour n’a pas lésiné sur les moyens. La guerre médiatique a commencé bien des mois avant et a abouti, au Caire, à la veille du match, à une agression caractérisée de notre formation nationale. Une agression caractérisée, preuve à l’appui, car filmée avec la présence de nombreux témoins. L’acte est grave. Très grave. En signe de protestation, l’option du rapatriement de l’équipe nationale est retenue. Du côté égyptien, une course contre la montre est engagée pour convaincre les Algériens de jouer. Djamel, le fils du président égyptien Hosni Moubarak, se rend personnellement à l’hôtel des Verts, présente des excuses officielles en minimisant l’attaque. La délégation algérienne refuse poliment. La Fédération internationale de football est saisie. L’affaire tient les deux pays en haleine et ce n’est que peu avant minuit, lorsque le président égyptien appelle son homologue algérien, présente ses regrets sur l’agression contre l’équipe et s’engage à protéger la délégation algérienne en envoyant sa propre garde rapprochée que le maintien du match au Caire est accepté.
Le lendemain, la FIFA confirme et demande aux autorités égyptiennes de fournir «des garanties écrites confirmant le renforcement permanent des mesures de sécurité nécessaires autour de la délégation algérienne ». La suite des événements a montré que les Egyptiens n’ont pas tenu leur parole. Les blessures des joueurs ont affecté le rendement de l’équipe algérienne qui a été ainsi défaite par 2-0 mais l’hostilité des supporteurs égyptiens n’a pas disparu, car des supporters algériens ont été lynchés à la sortie du stade, dans les rues du Caire désertées par la police. Dans une formule laconique dont il excelle l’usage, notre ministre de l’Intérieur dira tout simplement « les autorités égyptiennes n’ont pas voulu coopérer ». Tout est dit. Les Pharaons d’Egypte venaient d’obtenir une victoire à la Pyrrhus et se voyaient déjà en Afrique du Sud d’autant plus que le match d’appui allait se dérouler dans le pays de leur choix, à savoir le Soudan voisin.
Le savoir-faire diplomatique de Bouteflika
C’est là où les Algériens les attendaient de pied ferme et où le président de la République allait dévoiler tout son savoir-faire diplomatique. Son geste d’offrir des tickets gratuits pour l’accès au stade et une réduction du prix du billet d’avion pour Khartoum, est d’autant plus fort qu’il vient à point pour soutenir le moral d’une équipe nationale meurtrie par l’épreuve cairote. La décision d’établir un pont aérien entre Alger et Khartoum a été rapide et d’une extrême efficacité, grâce à une mobilisation exceptionnelle de la compagnie Air Algérie. Elle a eu pour effet immédiat la libération de la rue algérienne du double choc de la défaite et de l’agression. L’exemplaire collaboration des autorités soudanaises en accueillant des milliers de supporters algériens ainsi que l’hospitalité et la sympathie du peuple de Khartoum vont redonner aux Verts confiance et sérénité. Le match promet d’être passionnant. L’audimat des chaînes arabes explose avant, pendant et juste après. Sur le terrain, l’équipe nationale a révélé son brillant talent, sa haute technicité, sa parfaite discipline, son exemplaire rigueur, son enthousiasme, son professionnalisme et son patriotisme. Face à des Pharaons qui se sont crus imbattables, voire invincibles, les jeunes Fennecs ont réalisé le miracle, celui d’avoir offert un moment de bonheur au peuple algérien et de faire rêver longtemps encore des millions de jeunes, en Algérie, dans les pays arabes et partout ailleurs. Moment frustrant pour les autorités égyptiennes qui acceptent d’autant plus difficilement la défaite qu’ils ont fait croire longtemps, « aux 80 millions d’Egyptiens », grâce à un matraquage médiatique intensif, que leur victoire est acquise. Ce qui explique mais ne justifie en rien la continuation d’une campagne haineuse contre l’Algérie dont les autorités et à leur tête le président de la République, font preuve d’une grande retenue estimant, à juste titre d’ailleurs, que le sort d’une compétition sportive ne saurait décider des relations entre deux pays frères, quitte à subir les critiques de compatriotes leur reprochant un manque de fermeté face aux « insultes et aux menaces égyptiennes », voire une « dangereuse complaisance ». Bien plus, à ceux d’ici et d’ailleurs, qui tentent de pousser au conflit ouvert avec le Caire, la diplomatie algérienne qui privilégie l’argument sur la passion, l’apaisement à la surenchère, le dialogue et la concertation sur la rupture et la confrontation, ne fait pas de concession quant à la protection de ses intérêts et la défense de ses ressortissants.
Triomphe de la « Gandhi » sahraouie
La gestion de ce dossier singulier comme sa position sur d’autres questions témoignent d’une constance et d’une fidélité qui lui a procuré respect, soutien et reconnaissance. Il en est ainsi de la construction maghrébine ou encore de la question sahraouie sur lesquelles la diplomatie algérienne a toujours développé des positions d’une remarquable clarté. L’engagement de l’Algérie dans le processus d’une union maghrébine ne relève nullement de calculs politiciens, mais d’une forte conviction que l’émergence d’un tel ensemble répond à une vision stratégique et à une aspiration populaire. Pour le moment, la question du Sahara occidental est avancée, notamment par le Maroc qui occupe ce pays depuis 1975, pour paralyser les institutions de l’Union et bloquer les relations bilatérales avec l’Algérie. Dans chacun de ses messages, le président Abdelaziz Bouteflika ne manque jamais d’appeler le roi Mohammed VI à voir autrement ces relations, particulièrement en les dissociant du conflit sahraoui, désormais entre les mains de l’ONU, et en privilégiant l’aspect bilatéral qui est incontournable pour la stabilité dans la région. Or l’entêtement du Maroc à imbriquer deux questions diamétralement distinctes, découle de sa politique de défi et d’intransigeance au risque d’entretenir un climat de tension dans toute la région. Et pour cause, à chaque fois que sa politique du fait accompli et de la fuite en avant est battue en brèche, il montre du doigt l’Algérie. Comme le cas d’Aminatou Haïder, la militante sahraouie sans concession des droits de l’homme qui a réussi, après une grève de la faim qui a duré plus d’un mois, à rentrer chez elle à Laayoune, pour retrouver son foyer et ses deux enfants, grâce à son courage et sa détermination qui ont plongé le régime marocain dans un profond désarroi et placé la question sahraouie au cœur même du système de gouvernance mondiale et de ses valeurs fondamentales, tout en tissant de manière plus durable la chaîne de solidarité contre l’injustice, pour la paix, la liberté et la dignité humaine. Ceci d’autant plus que le cas d’Aminatou, pour emblématique qu’il soit, ne constitue en fait que la partie émergée de la dune. Si la répression a entretenu le silence durant des décennies dans les villes de Laayoune, Dakhla et Smara, les principales villes du pays, désormais, le mur de la peur a été cassé par les sahraouis qui maintenant osent manifester et clamer le droit de leur peuple à choisir son destin. L’emprisonnement, la torture ou l’expulsion n’éteigneront jamais la flamme insurrectionnelle.
Le droit à l’autodétermination
L’Algérie qui soutient de manière franche et inconditionnelle la cause sahraouie comme elle a toujours soutenue toutes les causes similaires de libération nationale, insiste sur la primauté du droit et le respect de la légalité internationale. « Il n’existe pas d’alternative juste et viable à la décolonisation du Sahara occidental en conformité avec le droit international. L’Algérie demeure attachée à cette exigence de justice et elle continuera à s’investir pour la satisfaction du droit incontournable du peuple sahraoui à disposer de lui-même. Elle ne ménagera aucun effort pour apporter sa contribution à une dynamique de paix s’inscrivant dans l’optique du parachèvement du processus de décolonisation du Sahara occidental », a affirmé le président Bouteflika dans de nombreux forums nationaux, régionaux ou internationaux.
Copenhague, station ou terminus ?
A propos de la problématique des changements climatiques, la position de l’Algérie formulée par le président de la République exige le respect de deux types d’engagement : celui des pays industrialisés de faire des propositions concrètes et ambitieuses pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et celui des dirigeants africains pris en janvier 2007, à intégrer la question dans les stratégies et programmes nationaux de développement, et ce en raison de la vulnérabilité de l’Afrique et de moyens pour faire face à leurs effets néfastes. L’Algérie qui a assuré la présidence du groupe africain dans ce domaine, a apporté sa contribution pour « la formulation d’une position africaine commune », qui avait culminé avec l’organisation de la Conférence d’Alger en novembre 2008. Pour le président Bouteflika, à l’instar de la réforme des Nations unies et la formulation et l’adoption de la décision d’Ezulwini (à travers lequel le continent revendique deux sièges permanents avec droit de veto et deux sièges non permanents sur la base de la rotation), l’Afrique « doit préserver son identité et aller à Copenhague forte d’une position commune similaire qui reflète sa propre vision et des intérêts intrinsèques ».
L’Algérie a participé activement à la conférence de Copenhague et a coordonné la prise en charge de la position commune africaine en sa qualité de présidente du Groupe africain des négociateurs du climat, conformément au mandat ministériel qui lui a été confié par la réunion du comité des 10 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, le 16 novembre dernier. L’effort déployé par notre pays, lors de ce sommet planétaire en vue d’aboutir à un accord équitable selon les principes de la convention et du protocole de Kyoto, a été salué par le président du groupe des 77+1 (la Chine), le Soudanais Ibrahim Mirghani Ibrahim, qui a déclaré à l’agence Aps que le groupe qu’il représente « est fier de l’Afrique, notamment de l’Algérie dont le rôle demeure déterminant quant à la cohésion de la position du continent». Il ajoute : « j’adresse notamment mes félicitions au président de la République algérienne, M. Abdelaziz Bouteflika, pour tout ce que fait la délégation de son pays en faveur de l’Afrique à l’occasion de ces négociations de Copenhague ».
La capitale danoise qui a abrité (du 7 au 18 décembre) la 15éme Conférence onusienne sur le climat, a pour objectif de définir des règles contraignantes pour lutter contre le réchauffement planétaire, réussira-elle à conclure un accord qui soit à la fois consensuel et applicable ? Certes, la prise de conscience d’une crise globale de l’environnement est de plus en plus aigue au sein des opinions publiques et jamais les voix n’ont été aussi nombreuses pour réclamer la limitation, voire, à terme, l’élimination des blocages majeurs à un véritable accord politique mondial (et contraignant) sur le devenir de l’humanité et la vie sur la planète, mais les grands pays industrialisés en premier lieu, les deux principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre que sont les Etats-Unis et la Chine ensuite, n’ont pas fait les concessions nécessaires. Le monde attendait des actes, un engament ferme, un agenda à respecter et une définition précise des moyens d’y parvenir. A Copenhague, il y a eu surtout des promesses. C’est ce qui se reflète dans le résultat final du sommet : les 193 nations représentées ont approuvé un accord politique et non contraignant pour limiter le réchauffement climatique à maximum 2°C. L’égoïsme des plus grands a prévalu. Alors, Copenhague, station ou terminus ? L’espoir suscité par ce sommet, va-t-il se transformer en une masse d’inquiétudes qui va nourrir davantage la méfiance entre les principaux protagonistes ? Les divergences de vision vont-elles mettre en péril le projet commun de lutter collectivement contre le réchauffement climatique et sauver ainsi notre planète? Les engagements du protocole de Kyoto prennent fin en 2013. D’ici-là, y aurait-il, à Bonn ou à Mexico, un sursaut de la conscience et de la volonté des plus grands pour s’assumer et permettre au monde d’espérer encore ?
EL DJAZAIR -
N’autre vision «C’est nous les Africains qui revenons…»
MAROC – SAHARA OCCIDENTAL – ALGÉRIE – AFRIQUE
Tout le monde s’intéresse à l’Afrique, et court derrière elle : les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil… Tous poussent délicatement Paris à la touche.
L’Algérie sera présente au 25e sommet franco-africain qui se tiendra à Nice. Une belle occasion pour savoir si le président Nicolas Sarkozy a changé d’avis depuis son discours de Dakar en 2007, et s’il pense que l’homme africain est assez entré dans l’histoire, maintenant que Barak Obama est à la tête des Etats-Unis d’Amérique, la première puissance mondiale. Si, si, il a dû changer d’avis puisqu’il a décidé, juste à la veille du gala de Nice, de réhabiliter la pension de 35 000 soldats africains, de la vieille chair à canon, pour faire cesser le viol de l’ingrate Marianne. En tout cas, les 35 000 Africains n’iront pas dans l’au-delà «les mains vides», comme nous était revenu notre président de son fameux voyage parisien du temps de Chirac. Un temps où les Algériens enlisés encore dans la crise sécuritaire «prenaient un crachat pour un douro», comme dit un proverbe produit par le génie populaire pour marquer la vie …fastueuse des indigènes à l’époque coloniale. Pas comme aujourd’hui où, grâce à Dieu, notre président se promène avec 286 milliards de dollars à flamber en quatre ans. Ce qui est d’autant plus intéressant que le sommet, paraît-il, prendra d’une certaine façon l’allure cette fois d’une foire économique avec la présence de quelque 250 entrepreneurs français et africains. On parle même d’une «charte de l’entrepreneur en Afrique» qu’on prévoit d’adopter à l’occasion. Des idées qui mettent de l’ambiance au sommet et qui partent apparemment du même esprit qui anima si généreusement le lancement de l’Union pour la Méditerranée, cette créature de Sarkozy destinée à marcher encore longtemps à quatre pattes. Peut-être proposerait-il d’atteler la vierge Afrique à l’UPM, comme Merkel l’avait fait pour la vieille Europe. Tout le monde s’intéresse à l’Afrique, et court derrière elle : les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil… Tous poussent délicatement Paris à la touche. Devrions-nous accepter d’être confinés dans un rôle de témoins, alors que ça se passe chez nous et que les Africains ce sont nous ? La françafrique cédera fatalement le passage. Le déferlement à Paris ne peut que tromper. II n’y a rien d’important à attendre de la rencontre. C’est pour ça qu’elle laisse plus ou moins indifférent.
Le Jeune Indépendant, 31 mai 2010 -
L’indépendance de l’Algérie suscite la jalousie
Contrairement au Maroc qui offre son sol et son soutien aux plans d’hégémonie occidentaux, l’Algérie garde son territoire et ses richesses à l’abri des convoitises. Article apparu dans El Djazaïr.Liste noire et enjeux économiques
LES RESSORTISSANTS ALGERIENS BLACK LISTES
Par Mohamed Mebarki
Ce scénario conçu par les stratèges du pourrissement n’est pas une simple vue de l’esprit ou une extrapolation de journaliste à l’imagination fertile. Il était d’actualité pendant les années 1993, 94 et 95, années durant lesquelles Paris, Washington et Londres servaient encore de bases arrière et de refuges sûrs à ceux qui voulaient mettre l’Algérie à feu et à sang. Aujourd’hui, ce même microcosme récidive en employant une méthode sournoise et vicieuse contre un pays jaloux de son indépendance politique et économique ; un pays qui a toujours revendiqué des relations internationales équilibrées. L’inscription de l’Algérie sur les « listes noires » française et américaine ne répond pas à des impératifs sécuritaires comme le prétendent les analystes attitrés des services de renseignement français et de la CIA. Elle traduit plutôt des arrière-pensées idéologiques et un agenda politique et économique dont l’objectif est d’amener notre pays à se soumettre à la volonté occidentale dans la gestion de certains dossiers lourds comme la présence militaire américaine en Afrique, le Sahara Occidental et la Palestine, entre autres questions sur lesquelles l’Algérie a fait montre d’une intransigeance remarquable. Depuis 1999, de nombreux responsables de haut rang et d’hommes d’affaires français ont séjourné en Algérie et ont fini par se rendre compte sur place des progrès réalisés par notre pays dans le domaine sécuritaire.
Le voyeurisme électronique en guise de vengeance !
A Alger ou dans les villes de l’intérieur qu’ils ont visitées, ils ont eu toute la latitude pour constater de visu que le pays s’est non seulement relevé, mais que la vie a définitivement et irréversiblement repris ses droits dans le cadre d’une dynamique de développement exceptionnelle. Que s’est-il donc passé de grave pour que l’on opte pour ce revirement ? Depuis les attentats du RER parisien en 1994, aucun ressortissant algérien ou d’origine algérienne n’a été impliqué directement dans des actes terroristes dirigés contre la France ou n’importe quel autre pays ; cette vérité tout le monde la connaît. Alors, quelles sont les véritables motivations qui se trouvent derrière la décision d’inscrire l’Algérie sur la liste des pays à risque tout en soumettant ses ressortissants à l’humiliante épreuve des scanners corporels, ce voyeurisme électronique et cette violation flagrante des droits de l’homme ? La réponse est à chercher ailleurs que dans le domaine sécuritaire ; dans la sphère de l’économie et des investissements par exemple. Lancée dans une véritable bataille de reconstruction de grande envergure, l’Algérie s’est carrément tournée vers les pays dits émergents qui possèdent un savoir-faire appréciable, à l’image de la Chine ou de la Turquie, afin de diversifier sa coopération et d’échapper en même temps à un odieux chantage économique visant à l’obliger à brader ses richesses. Il était attendu que cette vision allait contrecarrer certains intérêts occidentaux pour ne pas dire français qui s’apprêtaient déjà à faire main basse sur des richesses inestimables en contrepartie d’un « euro symbolique ».
Par sa volonté de gérer librement ses affaires, l’Algérie dérange ; c’est une certitude, sinon comment expliquer cet acharnement visant à ternir sa réputation et son image dans le monde. L’Algérie de 2010 n’a absolument rien à voir avec l’Algérie de 1993 ou 1996 ; ce sont deux pays différents ! La situation sécuritaire s’est nettement améliorée et le pays a réussi finalement à briser l’isolement dans lequel on a voulu l’emprisonner. Cette réalité ne peut pas échapper à ceux qui ont inclus le nom de l’Algérie dans la liste noire des pays à risque à la suite d’un attentat raté à bord d’un avion américain et qui a eu lieu à des milliers de kilomètres de l’Algérie et d’un attentat suicide en Afghanistan. L’argument sécuritaire ne fait donc pas le poids, et cette mascarade médiatico-sécuritaire cache très mal des enjeux économiques planétaires que la France et les Etats-Unis d’Amérique veulent gérer à leur façon et dans leur intérêt exclusif. L’autoroute Est-Ouest, ce projet du siècle qui a nécessité une enveloppe financière de plus de 11 milliards de dollars, un million de logements construits plus un autre million à lancer prochainement, des barrages en chantiers et tant d’autres créneaux porteurs à investir, c’est cette Algérie que certains groupes d’intérêts occidentaux convoitent depuis très longtemps, mais qui leur oppose une résistance à toute épreuve. L’aspect sécuritaire ne constitue, en effet, que la bande-annonce d’un nouveau film d’horreur destiné à mettre la pression sur les nombreux ressortissants qui travaillent dans notre pays ou qui comptent s’y rendre. Premier objectif de cette campagne malsaine : obliger l’Algérie à accepter certaines conditions qui vont à l’encontre de ses principes. Il n’y a pas d’autres explications ; cependant, il n’y a pas de meilleur outil pour démonter les pièces de cette machination que de laisser les ressortissants étrangers qui résident et qui travaillent en Algérie exprimer librement leur pensée. Dans ce cadre, nous avons choisi la région de Jijel dont le nom avait été assimilé au terrorisme, à la terreur et à l’insécurité. Sur place, nous nous sommes approchés de ces gens qui, cela va de soi, aiment la vie comme tout le monde et qui ne présentent donc aucun symptôme suicidaire. Russes, Coréens du sud, Portugais, Brésiliens, Serbes et Chinois nous ont paru plutôt sereins et sûr d’eux ; c’est, avouons-le, assez surprenant pour des étrangers qui résident dans un pays « black listé », un pays à risque, si l’on se fie, bien sûr, à cette image que certains milieux occidentaux veulent donner de notre pays !
El Djazair -
France – Algérie : Le retour à la normale ?
Le président Abdelaziz Bouteflika et son homologue français, Nicolas Sarkozy, semblent décidés à mettre fin à la brouille qui affecte depuis plus d’un an les relations entre les deux pays.
D’une pierre deux coups ! Le 25e sommet qui s’ouvre aujourd’hui à Nice, dans le sud de la France, semble constituer une opportunité pour la France et l’Algérie de lever les malentendus qui altèrent, depuis plus d’une année, les relations bilatérales. En décidant d’aller, lui-même, à ce sommet, le président Bouteflika fait gage de bonne volonté de renouer, au plus haut niveau, le dialogue avec la France.
Un dialogue rompu depuis le report de sa visite présidentielle en France en juin 2009. « La participation de M. Bouteflika à ce 25e sommet contribuera à améliorer les relations avec la France », a affirmé hier à l’AFP le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, estimant que « ces relations algéro-françaises, marquées par l’absence de rencontres à haut niveau depuis des mois, doivent être appréciées globalement et non pas seulement à l’aune d’un certain nombre de questions qui reviennent souvent, certes importantes ». Si aucun entretien bilatéral entre les deux chefs d’Etat n’est prévu, « ils se verront et se parleront », affirme-t-on à l’Elysée. Il s’agirait donc d’une rencontre informelle hautement symbolique qui marquerait un début de décrispation des relations entre les deux Etats.
Mais cette reprise de contact entre les deux présidents suffira-t-elle pour mettre fin à une brouille qui persiste depuis des mois ? A l’évidence non, tant les dossiers qui fâchent sont aussi nombreux que complexes. Il y a d’abord la relance par la justice française de l’enquête sur l’assassinat de l’opposant Ali Mecili en 1987 à Paris, avec l’arrestation en août 2008 du diplomate Mohamed Ziane Hasseni. Après de fortes pressions d’Alger, ce dernier bénéficie d’un nouveau statut de témoin assisté. Mais le dossier n’est toujours pas classé. Une autre affaire oubliée ressurgit suscitant également la colère d’Alger : il s’agit de la réouverture du dossier de l’assassinat des sept moines de Tibehirine en 1996, après des « révélations » d’un général français, selon lesquelles ils seraient morts dans une « bavure » de l’armée algérienne. Sans tarder, le parquet diligente une nouvelle enquête. Aussi, l’inscription de l’Algérie par Paris sur une liste de « pays à risque » concernant les transports aériens a été vivement critiquée par Alger. Mais il n’y a pas que cela.
Le soutien de la France au projet marocain de l’autonomie du Sahara occidental, la révision de l’Accord de 1968 donnant un statut privilégié aux Algériens vivant en France et l’insuffisance des investissements directs français en Algérie sont autant de questions qui irritent également Alger. La crise entre les deux pays est également alimentée, voire aggravée par la question de l’histoire et de la mémoire, sujet hautement polémiqué surtout depuis l’adoption par le Parlement français de la loi du 23 février 2005 glorifiant la colonisation. Dans sa déclaration à AFP, Mourad Medelci a d’ailleurs appelé la France à tenir compte des « sentiments patriotiques » qui sont « extrêmement importants ». « Les messages (des) Algériens, quel que soit leur âge, sont simplement des messages de ceux qui (…) ont combattu pour que l’Algérie redevienne leur pays. Qu’on ne leur en veuille pas aujourd’hui de le rappeler aux autres, quand les autres font mine de l’oublier », a-t-il attesté. Côté français, on espère que la présence du président Bouteflika à Nice « permettra peut-être de relancer le dialogue », reconnaissant que les relations entre les deux capitales sont « compliquées ».
« Nous devons éviter l’écueil de la non- reconnaissance de faits longtemps occultés comme ceux du 8 Mai 1945, que deux ambassadeurs de France en Algérie ont qualifiés, en 2005 puis en 2008, de tragédie inexcusable et d’épouvantables massacres », estime une source diplomatique française, à Alger, dans une déclaration rapportée par l’AFP. Mais, souligne-t-on, « la France n’est pas prête psychologiquement à faire acte de repentance et il faut donc trouver une voie médiane ». Ce refus de présenter des excuses à l’Algérie a été clairement exprimé par le président Nicolas Sarkozy à la veille de sa deuxième visite en tant que chef d’Etat en Algérie le 3 décembre 2008. Le nouveau locataire de l’Elysée avait alors exclu toute idée de repentance et souhaité que s’établisse un partenariat concret, débarrassé du poids de l’histoire. « Je ne viens ici ni pour blesser ni pour m’excuser », avait-il déclaré. Rappelant qu’il n’avait « pas fait la guerre d’Algérie », il avait appelé à se « tourner résolument vers l’avenir ».
L’Algérie avait pourtant fait de la reconnaissance par Paris des « crimes » commis pendant la période coloniale une condition de la signature d’un traité d’amitié initié en 2003 par les présidents Chirac et Bouteflika. Destiné à sceller la réconciliation entre la France et l’Algérie, ce traité devait être signé fin 2005. La signature de ce traité a été renvoyée aux calendes grecques à cause de ce refus de Paris de se repentir. Bien que les relations économiques et les échanges continuent, l’Algérie diversifie ses fournisseurs et ses partenaires économiques. Les Chinois sont présents en force en Algérie, raflant des marchés à coups de milliards de dollars. Consciente des risques de voir ses parts de marché se rétrécir, la France, qui souffre d’un lourd déficit économique, montre moins de pathos et plus de pragmatisme. Surtout quand il y a 286 milliards de dollars sur la table.
Algérietele, 31 mai 20101 -
Le Maroc paralyse les institutions de l’Union et bloque les relations bilatérales avec l’Algérie
Constance, détermination et action. La diplomatie algérienne en 2009
Par Achour Cheurfi
La brillante qualification des Verts pour la coupe du monde, un parcours du combattant, a été vécue par toute la nation algérienne comme une communion nationale. Une immense sensation de fierté a envahi des millions d’hommes et de femmes, d’enfants et d’adultes et qui ont affirmé dans une allégresse communiante leur appartenance à un pays, une nation, une histoire, une mémoire et un projet en devenir. Jamais rencontre footballistique n’a suscité autant d’émotion, de sensations fortes, de suspens, de rebondissements, de crises de nerfs, de communion, de solidarité, de fraternité. Jamais une réalisation sportive n’a suscité autant de ferveur populaire, d’enthousiasme patriotique, de rêve. La jeunesse algérienne a montré, en fin de compte, à elle-même d’abord, et au reste du monde ensuite, qu’elle est bien capable de s’investir positivement et d’aller le plus loin possible sur le chemin du succès. Oui assurément ce 18 novembre 2009 marquera des générations entières. Moment d’autant plus fort et d’autant plus intense qu’il est partagé par toutes les autres nations arabes, du Maghreb au Machreq.
Un geste fort et une belle communion nationale
Si cette victoire a été possible c’est bien parce que sa préparation sur tous les plans, physique, psychologique, médiatique et diplomatique a été menée à bien surtout quand on sait précisément le caractère décisif de la compétition et les conditions dans lesquelles elle allait avoir lieu, c’est-à-dire dans un milieu dont l’agressivité n’a jamais été égalée. A l’évidence, l’adversaire du jour n’a pas lésiné sur les moyens. La guerre médiatique a commencé bien des mois avant et a abouti, au Caire, à la veille du match, à une agression caractérisée de notre formation nationale. Une agression caractérisée, preuve à l’appui, car filmée avec la présence de nombreux témoins. L’acte est grave. Très grave. En signe de protestation, l’option du rapatriement de l’équipe nationale est retenue. Du côté égyptien, une course contre la montre est engagée pour convaincre les Algériens de jouer. Djamel, le fils du président égyptien Hosni Moubarak, se rend personnellement à l’hôtel des Verts, présente des excuses officielles en minimisant l’attaque. La délégation algérienne refuse poliment. La Fédération internationale de football est saisie. L’affaire tient les deux pays en haleine et ce n’est que peu avant minuit, lorsque le président égyptien appelle son homologue algérien, présente ses regrets sur l’agression contre l’équipe et s’engage à protéger la délégation algérienne en envoyant sa propre garde rapprochée que le maintien du match au Caire est accepté.
Le lendemain, la FIFA confirme et demande aux autorités égyptiennes de fournir «des garanties écrites confirmant le renforcement permanent des mesures de sécurité nécessaires autour de la délégation algérienne ». La suite des événements a montré que les Egyptiens n’ont pas tenu leur parole. Les blessures des joueurs ont affecté le rendement de l’équipe algérienne qui a été ainsi défaite par 2-0 mais l’hostilité des supporteurs égyptiens n’a pas disparu, car des supporters algériens ont été lynchés à la sortie du stade, dans les rues du Caire désertées par la police. Dans une formule laconique dont il excelle l’usage, notre ministre de l’Intérieur dira tout simplement « les autorités égyptiennes n’ont pas voulu coopérer ». Tout est dit. Les Pharaons d’Egypte venaient d’obtenir une victoire à la Pyrrhus et se voyaient déjà en Afrique du Sud d’autant plus que le match d’appui allait se dérouler dans le pays de leur choix, à savoir le Soudan voisin.
Le savoir-faire diplomatique de Bouteflika
C’est là où les Algériens les attendaient de pied ferme et où le président de la République allait dévoiler tout son savoir-faire diplomatique. Son geste d’offrir des tickets gratuits pour l’accès au stade et une réduction du prix du billet d’avion pour Khartoum, est d’autant plus fort qu’il vient à point pour soutenir le moral d’une équipe nationale meurtrie par l’épreuve cairote. La décision d’établir un pont aérien entre Alger et Khartoum a été rapide et d’une extrême efficacité, grâce à une mobilisation exceptionnelle de la compagnie Air Algérie. Elle a eu pour effet immédiat la libération de la rue algérienne du double choc de la défaite et de l’agression. L’exemplaire collaboration des autorités soudanaises en accueillant des milliers de supporters algériens ainsi que l’hospitalité et la sympathie du peuple de Khartoum vont redonner aux Verts confiance et sérénité. Le match promet d’être passionnant. L’audimat des chaînes arabes explose avant, pendant et juste après. Sur le terrain, l’équipe nationale a révélé son brillant talent, sa haute technicité, sa parfaite discipline, son exemplaire rigueur, son enthousiasme, son professionnalisme et son patriotisme. Face à des Pharaons qui se sont crus imbattables, voire invincibles, les jeunes Fennecs ont réalisé le miracle, celui d’avoir offert un moment de bonheur au peuple algérien et de faire rêver longtemps encore des millions de jeunes, en Algérie, dans les pays arabes et partout ailleurs. Moment frustrant pour les autorités égyptiennes qui acceptent d’autant plus difficilement la défaite qu’ils ont fait croire longtemps, « aux 80 millions d’Egyptiens », grâce à un matraquage médiatique intensif, que leur victoire est acquise. Ce qui explique mais ne justifie en rien la continuation d’une campagne haineuse contre l’Algérie dont les autorités et à leur tête le président de la République, font preuve d’une grande retenue estimant, à juste titre d’ailleurs, que le sort d’une compétition sportive ne saurait décider des relations entre deux pays frères, quitte à subir les critiques de compatriotes leur reprochant un manque de fermeté face aux « insultes et aux menaces égyptiennes », voire une « dangereuse complaisance ». Bien plus, à ceux d’ici et d’ailleurs, qui tentent de pousser au conflit ouvert avec le Caire, la diplomatie algérienne qui privilégie l’argument sur la passion, l’apaisement à la surenchère, le dialogue et la concertation sur la rupture et la confrontation, ne fait pas de concession quant à la protection de ses intérêts et la défense de ses ressortissants.
Triomphe de la « Gandhi » sahraouie
La gestion de ce dossier singulier comme sa position sur d’autres questions témoignent d’une constance et d’une fidélité qui lui a procuré respect, soutien et reconnaissance. Il en est ainsi de la construction maghrébine ou encore de la question sahraouie sur lesquelles la diplomatie algérienne a toujours développé des positions d’une remarquable clarté. L’engagement de l’Algérie dans le processus d’une union maghrébine ne relève nullement de calculs politiciens, mais d’une forte conviction que l’émergence d’un tel ensemble répond à une vision stratégique et à une aspiration populaire. Pour le moment, la question du Sahara occidental est avancée, notamment par le Maroc qui occupe ce pays depuis 1975, pour paralyser les institutions de l’Union et bloquer les relations bilatérales avec l’Algérie. Dans chacun de ses messages, le président Abdelaziz Bouteflika ne manque jamais d’appeler le roi Mohammed VI à voir autrement ces relations, particulièrement en les dissociant du conflit sahraoui, désormais entre les mains de l’ONU, et en privilégiant l’aspect bilatéral qui est incontournable pour la stabilité dans la région. Or l’entêtement du Maroc à imbriquer deux questions diamétralement distinctes, découle de sa politique de défi et d’intransigeance au risque d’entretenir un climat de tension dans toute la région. Et pour cause, à chaque fois que sa politique du fait accompli et de la fuite en avant est battue en brèche, il montre du doigt l’Algérie. Comme le cas d’Aminatou Haïder, la militante sahraouie sans concession des droits de l’homme qui a réussi, après une grève de la faim qui a duré plus d’un mois, à rentrer chez elle à Laayoune, pour retrouver son foyer et ses deux enfants, grâce à son courage et sa détermination qui ont plongé le régime marocain dans un profond désarroi et placé la question sahraouie au cœur même du système de gouvernance mondiale et de ses valeurs fondamentales, tout en tissant de manière plus durable la chaîne de solidarité contre l’injustice, pour la paix, la liberté et la dignité humaine. Ceci d’autant plus que le cas d’Aminatou, pour emblématique qu’il soit, ne constitue en fait que la partie émergée de la dune. Si la répression a entretenu le silence durant des décennies dans les villes de Laayoune, Dakhla et Smara, les principales villes du pays, désormais, le mur de la peur a été cassé par les sahraouis qui maintenant osent manifester et clamer le droit de leur peuple à choisir son destin. L’emprisonnement, la torture ou l’expulsion n’éteigneront jamais la flamme insurrectionnelle.
Le droit à l’autodétermination
L’Algérie qui soutient de manière franche et inconditionnelle la cause sahraouie comme elle a toujours soutenue toutes les causes similaires de libération nationale, insiste sur la primauté du droit et le respect de la légalité internationale. « Il n’existe pas d’alternative juste et viable à la décolonisation du Sahara occidental en conformité avec le droit international. L’Algérie demeure attachée à cette exigence de justice et elle continuera à s’investir pour la satisfaction du droit incontournable du peuple sahraoui à disposer de lui-même. Elle ne ménagera aucun effort pour apporter sa contribution à une dynamique de paix s’inscrivant dans l’optique du parachèvement du processus de décolonisation du Sahara occidental », a affirmé le président Bouteflika dans de nombreux forums nationaux, régionaux ou internationaux.
Copenhague, station ou terminus ?
A propos de la problématique des changements climatiques, la position de l’Algérie formulée par le président de la République exige le respect de deux types d’engagement : celui des pays industrialisés de faire des propositions concrètes et ambitieuses pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et celui des dirigeants africains pris en janvier 2007, à intégrer la question dans les stratégies et programmes nationaux de développement, et ce en raison de la vulnérabilité de l’Afrique et de moyens pour faire face à leurs effets néfastes. L’Algérie qui a assuré la présidence du groupe africain dans ce domaine, a apporté sa contribution pour « la formulation d’une position africaine commune », qui avait culminé avec l’organisation de la Conférence d’Alger en novembre 2008. Pour le président Bouteflika, à l’instar de la réforme des Nations unies et la formulation et l’adoption de la décision d’Ezulwini (à travers lequel le continent revendique deux sièges permanents avec droit de veto et deux sièges non permanents sur la base de la rotation), l’Afrique « doit préserver son identité et aller à Copenhague forte d’une position commune similaire qui reflète sa propre vision et des intérêts intrinsèques ».
L’Algérie a participé activement à la conférence de Copenhague et a coordonné la prise en charge de la position commune africaine en sa qualité de présidente du Groupe africain des négociateurs du climat, conformément au mandat ministériel qui lui a été confié par la réunion du comité des 10 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, le 16 novembre dernier. L’effort déployé par notre pays, lors de ce sommet planétaire en vue d’aboutir à un accord équitable selon les principes de la convention et du protocole de Kyoto, a été salué par le président du groupe des 77+1 (la Chine), le Soudanais Ibrahim Mirghani Ibrahim, qui a déclaré à l’agence Aps que le groupe qu’il représente « est fier de l’Afrique, notamment de l’Algérie dont le rôle demeure déterminant quant à la cohésion de la position du continent». Il ajoute : « j’adresse notamment mes félicitions au président de la République algérienne, M. Abdelaziz Bouteflika, pour tout ce que fait la délégation de son pays en faveur de l’Afrique à l’occasion de ces négociations de Copenhague ».
La capitale danoise qui a abrité (du 7 au 18 décembre) la 15éme Conférence onusienne sur le climat, a pour objectif de définir des règles contraignantes pour lutter contre le réchauffement planétaire, réussira-elle à conclure un accord qui soit à la fois consensuel et applicable ? Certes, la prise de conscience d’une crise globale de l’environnement est de plus en plus aigue au sein des opinions publiques et jamais les voix n’ont été aussi nombreuses pour réclamer la limitation, voire, à terme, l’élimination des blocages majeurs à un véritable accord politique mondial (et contraignant) sur le devenir de l’humanité et la vie sur la planète, mais les grands pays industrialisés en premier lieu, les deux principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre que sont les Etats-Unis et la Chine ensuite, n’ont pas fait les concessions nécessaires. Le monde attendait des actes, un engament ferme, un agenda à respecter et une définition précise des moyens d’y parvenir. A Copenhague, il y a eu surtout des promesses. C’est ce qui se reflète dans le résultat final du sommet : les 193 nations représentées ont approuvé un accord politique et non contraignant pour limiter le réchauffement climatique à maximum 2°C. L’égoïsme des plus grands a prévalu. Alors, Copenhague, station ou terminus ? L’espoir suscité par ce sommet, va-t-il se transformer en une masse d’inquiétudes qui va nourrir davantage la méfiance entre les principaux protagonistes ? Les divergences de vision vont-elles mettre en péril le projet commun de lutter collectivement contre le réchauffement climatique et sauver ainsi notre planète? Les engagements du protocole de Kyoto prennent fin en 2013. D’ici-là, y aurait-il, à Bonn ou à Mexico, un sursaut de la conscience et de la volonté des plus grands pour s’assumer et permettre au monde d’espérer encore ?
EL DJAZAIR -
L’indépendance de l’Algérie suscite la jalousie
Contrairement au Maroc qui offre son sol et son soutien aux plans d’hégémonie occidentaux, l’Algérie garde son territoire et ses richesses à l’abri des convoitises. Article apparu dans El Djazaïr.Liste noire et enjeux économiques
LES RESSORTISSANTS ALGERIENS BLACK LISTES
Par Mohamed Mebarki
Ce scénario conçu par les stratèges du pourrissement n’est pas une simple vue de l’esprit ou une extrapolation de journaliste à l’imagination fertile. Il était d’actualité pendant les années 1993, 94 et 95, années durant lesquelles Paris, Washington et Londres servaient encore de bases arrière et de refuges sûrs à ceux qui voulaient mettre l’Algérie à feu et à sang. Aujourd’hui, ce même microcosme récidive en employant une méthode sournoise et vicieuse contre un pays jaloux de son indépendance politique et économique ; un pays qui a toujours revendiqué des relations internationales équilibrées. L’inscription de l’Algérie sur les « listes noires » française et américaine ne répond pas à des impératifs sécuritaires comme le prétendent les analystes attitrés des services de renseignement français et de la CIA. Elle traduit plutôt des arrière-pensées idéologiques et un agenda politique et économique dont l’objectif est d’amener notre pays à se soumettre à la volonté occidentale dans la gestion de certains dossiers lourds comme la présence militaire américaine en Afrique, le Sahara Occidental et la Palestine, entre autres questions sur lesquelles l’Algérie a fait montre d’une intransigeance remarquable. Depuis 1999, de nombreux responsables de haut rang et d’hommes d’affaires français ont séjourné en Algérie et ont fini par se rendre compte sur place des progrès réalisés par notre pays dans le domaine sécuritaire.
Le voyeurisme électronique en guise de vengeance !
A Alger ou dans les villes de l’intérieur qu’ils ont visitées, ils ont eu toute la latitude pour constater de visu que le pays s’est non seulement relevé, mais que la vie a définitivement et irréversiblement repris ses droits dans le cadre d’une dynamique de développement exceptionnelle. Que s’est-il donc passé de grave pour que l’on opte pour ce revirement ? Depuis les attentats du RER parisien en 1994, aucun ressortissant algérien ou d’origine algérienne n’a été impliqué directement dans des actes terroristes dirigés contre la France ou n’importe quel autre pays ; cette vérité tout le monde la connaît. Alors, quelles sont les véritables motivations qui se trouvent derrière la décision d’inscrire l’Algérie sur la liste des pays à risque tout en soumettant ses ressortissants à l’humiliante épreuve des scanners corporels, ce voyeurisme électronique et cette violation flagrante des droits de l’homme ? La réponse est à chercher ailleurs que dans le domaine sécuritaire ; dans la sphère de l’économie et des investissements par exemple. Lancée dans une véritable bataille de reconstruction de grande envergure, l’Algérie s’est carrément tournée vers les pays dits émergents qui possèdent un savoir-faire appréciable, à l’image de la Chine ou de la Turquie, afin de diversifier sa coopération et d’échapper en même temps à un odieux chantage économique visant à l’obliger à brader ses richesses. Il était attendu que cette vision allait contrecarrer certains intérêts occidentaux pour ne pas dire français qui s’apprêtaient déjà à faire main basse sur des richesses inestimables en contrepartie d’un « euro symbolique ».
Par sa volonté de gérer librement ses affaires, l’Algérie dérange ; c’est une certitude, sinon comment expliquer cet acharnement visant à ternir sa réputation et son image dans le monde. L’Algérie de 2010 n’a absolument rien à voir avec l’Algérie de 1993 ou 1996 ; ce sont deux pays différents ! La situation sécuritaire s’est nettement améliorée et le pays a réussi finalement à briser l’isolement dans lequel on a voulu l’emprisonner. Cette réalité ne peut pas échapper à ceux qui ont inclus le nom de l’Algérie dans la liste noire des pays à risque à la suite d’un attentat raté à bord d’un avion américain et qui a eu lieu à des milliers de kilomètres de l’Algérie et d’un attentat suicide en Afghanistan. L’argument sécuritaire ne fait donc pas le poids, et cette mascarade médiatico-sécuritaire cache très mal des enjeux économiques planétaires que la France et les Etats-Unis d’Amérique veulent gérer à leur façon et dans leur intérêt exclusif. L’autoroute Est-Ouest, ce projet du siècle qui a nécessité une enveloppe financière de plus de 11 milliards de dollars, un million de logements construits plus un autre million à lancer prochainement, des barrages en chantiers et tant d’autres créneaux porteurs à investir, c’est cette Algérie que certains groupes d’intérêts occidentaux convoitent depuis très longtemps, mais qui leur oppose une résistance à toute épreuve. L’aspect sécuritaire ne constitue, en effet, que la bande-annonce d’un nouveau film d’horreur destiné à mettre la pression sur les nombreux ressortissants qui travaillent dans notre pays ou qui comptent s’y rendre. Premier objectif de cette campagne malsaine : obliger l’Algérie à accepter certaines conditions qui vont à l’encontre de ses principes. Il n’y a pas d’autres explications ; cependant, il n’y a pas de meilleur outil pour démonter les pièces de cette machination que de laisser les ressortissants étrangers qui résident et qui travaillent en Algérie exprimer librement leur pensée. Dans ce cadre, nous avons choisi la région de Jijel dont le nom avait été assimilé au terrorisme, à la terreur et à l’insécurité. Sur place, nous nous sommes approchés de ces gens qui, cela va de soi, aiment la vie comme tout le monde et qui ne présentent donc aucun symptôme suicidaire. Russes, Coréens du sud, Portugais, Brésiliens, Serbes et Chinois nous ont paru plutôt sereins et sûr d’eux ; c’est, avouons-le, assez surprenant pour des étrangers qui résident dans un pays « black listé », un pays à risque, si l’on se fie, bien sûr, à cette image que certains milieux occidentaux veulent donner de notre pays !
El Djazair