Mois : janvier 2010

  • Le bureau juridique du Parlement Européen demande la révision de l’accord de pêche avec le Maroc

    Le cas du Sahara occidental reflète à merveille l’inquiétante agonie du droit international face à la realpolitik, ou comment les Etats – tout au moins ceux qui en ont la capacité – font passer leurs intérêts (principalement économiques) largement au-dessus du respect du droit international ou même généralement des principes élémentaires de justice. 

    Le combat et la perséverance du peuple sahraoui sont récompensés. Voilà une nouvelle qui sèmera la zizanie au sein de l’équipe de prédateurs de Rabat. Le bureau juridique du Parlement Européen vient de se prononcer sur l’accord de pêche signé par l’UE avec le Maroc. Il plaide pour réviser l’accord parce que « il n’y a aucune preuve que l’exploitation des ressources halieutiques profite la population sahraouie. 
    S’il n’y pas moyen de modifier cet accord, dont la fin sera au mois de juin prochain, l’UE doit « prévoir de le suspendre ou l’appliquer de façon que ses bateaux soient exclus des eaux du Sahara Occidental ». 
    Le rapport des services juridiques n’est pas contraignant, mais son contenu sera l’objet, jeudi, d’un débat animé au sein de la Commission de pêches du Parlement Européen. Sollicité en 2008, à la demande des Verts, par le Comité  de Développement du Parlement Européen, le document a été rendu au mois de Juillet dernier à celui qui était, à l’époque, son président, Josep Borrell.  
    Après avoir analysé, en onze pages, l’accord de pêche avec le Maroc, le bureau juridique conclut qu’ »il n’a pas été prouvé que (…) l’exploitation des ressources halieutiques du Sahara occidental bénéficie la population sahraouie. » En conséquence, il recommande que la prochaine réunion commune avec le Maroc est à la recherche « un accord à l’amiable qui respecte les droits des Sahraouis recueillis par le droit international ». 
    Les accords de pêche conclus entre le Maroc et l’Union européenne (UE) bradaient les richesses halieutiques sahraouies en toute illégalité. 
    L’ancien Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, Hans Corell, tout en ne considérant pas ces contrats illégaux dans la mesure où ils ne visent que la reconnaissance, a rappelé qu’une extension de ces contrats à l’exploitation des ressources serait illégale dans la mesure où ils ne respecteraient pas les principes mentionnés ci-dessous. Il rappelle également que « Accord de Madrid ne prévoyait pas de transfert de souveraineté sur le territoire ni ne conférait à aucun des signataires le statut de puissance administrante » et que « le transfert des pouvoirs administratifs au Maroc et à la Mauritanie en 1975 n’a pas eu d’incidence sur le statut du Sahara occidental en tant que territoire non autonome ». 
    L’exploitation des ressources d’un territoire dont le peuple est empêché d’exercer son droit à l’autodétermination est strictement interdite(1). La résolution de l’Assemblée générale de 1991 réaffirme que : « toute puissance administrante ou occupante qui prive les peuples coloniaux de l’exercice de leurs droits légitimes sur leurs ressources naturelles ou subordonne les droits et intérêts de ces peuples à des intérêts économiques et financiers étrangers viole les obligations solennelles qui lui incombent en vertu de la Charte des Nations Unies » 
    (1) Voir KARMOUS Afifa, « Les ressources naturelles d’un territoire non autonome : le Sahara Occidental« , in Colloque des juristes sur le Sahara occidental, L’Harmattan, Paris, 2001. Texte disponible sur le site Internet de l’ARSO, à l’adresse suivante : <http://www.arso.org/colljupa.karmous.htm
    Résolution 46/64 du 11 décembre 1991 sur les activités des intérêts étrangers, économiques et autres, qui font obstacle à l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux dans les territoires se trouvant sous domination coloniale, et aux efforts tendant à éliminer le colonialisme (…).
  • Le bureau juridique du Parlement Européen demande la révision de l’accord de pêche avec le Maroc

    Le cas du Sahara occidental reflète à merveille l’inquiétante agonie du droit international face à la realpolitik, ou comment les Etats – tout au moins ceux qui en ont la capacité – font passer leurs intérêts (principalement économiques) largement au-dessus du respect du droit international ou même généralement des principes élémentaires de justice. 

    Le combat et la perséverance du peuple sahraoui sont récompensés. Voilà une nouvelle qui sèmera la zizanie au sein de l’équipe de prédateurs de Rabat. Le bureau juridique du Parlement Européen vient de se prononcer sur l’accord de pêche signé par l’UE avec le Maroc. Il plaide pour réviser l’accord parce que « il n’y a aucune preuve que l’exploitation des ressources halieutiques profite la population sahraouie. 
    S’il n’y pas moyen de modifier cet accord, dont la fin sera au mois de juin prochain, l’UE doit « prévoir de le suspendre ou l’appliquer de façon que ses bateaux soient exclus des eaux du Sahara Occidental ». 
    Le rapport des services juridiques n’est pas contraignant, mais son contenu sera l’objet, jeudi, d’un débat animé au sein de la Commission de pêches du Parlement Européen. Sollicité en 2008, à la demande des Verts, par le Comité  de Développement du Parlement Européen, le document a été rendu au mois de Juillet dernier à celui qui était, à l’époque, son président, Josep Borrell.  
    Après avoir analysé, en onze pages, l’accord de pêche avec le Maroc, le bureau juridique conclut qu’ »il n’a pas été prouvé que (…) l’exploitation des ressources halieutiques du Sahara occidental bénéficie la population sahraouie. » En conséquence, il recommande que la prochaine réunion commune avec le Maroc est à la recherche « un accord à l’amiable qui respecte les droits des Sahraouis recueillis par le droit international ». 
    Les accords de pêche conclus entre le Maroc et l’Union européenne (UE) bradaient les richesses halieutiques sahraouies en toute illégalité. 
    L’ancien Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, Hans Corell, tout en ne considérant pas ces contrats illégaux dans la mesure où ils ne visent que la reconnaissance, a rappelé qu’une extension de ces contrats à l’exploitation des ressources serait illégale dans la mesure où ils ne respecteraient pas les principes mentionnés ci-dessous. Il rappelle également que « Accord de Madrid ne prévoyait pas de transfert de souveraineté sur le territoire ni ne conférait à aucun des signataires le statut de puissance administrante » et que « le transfert des pouvoirs administratifs au Maroc et à la Mauritanie en 1975 n’a pas eu d’incidence sur le statut du Sahara occidental en tant que territoire non autonome ». 
    L’exploitation des ressources d’un territoire dont le peuple est empêché d’exercer son droit à l’autodétermination est strictement interdite(1). La résolution de l’Assemblée générale de 1991 réaffirme que : « toute puissance administrante ou occupante qui prive les peuples coloniaux de l’exercice de leurs droits légitimes sur leurs ressources naturelles ou subordonne les droits et intérêts de ces peuples à des intérêts économiques et financiers étrangers viole les obligations solennelles qui lui incombent en vertu de la Charte des Nations Unies » 
    (1) Voir KARMOUS Afifa, « Les ressources naturelles d’un territoire non autonome : le Sahara Occidental« , in Colloque des juristes sur le Sahara occidental, L’Harmattan, Paris, 2001. Texte disponible sur le site Internet de l’ARSO, à l’adresse suivante : <http://www.arso.org/colljupa.karmous.htm
    Résolution 46/64 du 11 décembre 1991 sur les activités des intérêts étrangers, économiques et autres, qui font obstacle à l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux dans les territoires se trouvant sous domination coloniale, et aux efforts tendant à éliminer le colonialisme (…).
  • Sahara Occidental: entre guerre froide et guerre économique

    Les documents déclassés par Washington ont permis de connaître ce que nous savions déjà sans constatation officielle: que l’invasion du Sahara Occidental par le Maroc avait son facteur déterminant dans l’analyse géostratégique faite, à l’époque, par les Etats-Unis et qui les a amenés à soupeser les variables qui peuvent influer d’une manière décisive sur l’équilibre régional :
    1) Les événements politiques au Portugal ouvraient une interrogation sur l’opérativité future de la base des Açores et, en conséquence, le contrôle en profondeur sur l’Etroit de Gibraltar. 
    2) L’incertitude créée en Espagne par la maladie du général Franco accentue le risque d’instabilité au nord du Détroit par un changement incertain du régime politique. 
    3) La crainte d’une éventuelle expansion de l’idéologie socialiste algérienne. 
    4) Les richesses en pétrole et en phosphates que le territoire possède. Les EU et le Maroc sont les plus grands producteurs mondiaux de ce dernier, et l’uranium peut être obtenu à partir de l’acide phosphorique. 
    Ces quatre facteurs sont orientés par le directeur adjoint de la CIA, Vernon Walters, ami personnel de Hassan II depuis 1942, vers une seule direction : la stabilité du Méditerranée occidental et la liberté de mouvements de la VI Flotte, essentiel pour le maintien des intérêts des EU au Proche Orient, passent par le renforcement du Maroc sur le plan économique et militaire, avec la collaboration de la France, au détriment de l’Algérie pour ainsi obtenir que le contrôle immédiat de la côte atlantique nord-africaine appartienne au royaume alaouite dans le cas où l’Espagne et le Portugal sombreraient dans l’instabilité. 
    La « Marche Verte » est organisée avec l’argent saoudien par des agents de la CIA et avec l’accord du Secrétaire d’État, H. Kissinger, dès que la collaboration de la France a été obtenue. L’Espagne ne présente pas de problèmes puisque le plus grand obstacle était Franco qui lorsqu’il a été informé par Arias Navarro, dans un de ses moments de lucidité, a donné l’ordre de déclarer la guerre au Maroc. Quelques minutes après, il perd connaissance et Navarro, avec la collaboration de Carro et Solís ignorent son ordre et s’apprêtent à suivre les instructions de l’ami américain pour abandonner le Sahara. Au préalable, Cortina Mauri, ministre des Affaires Etrangères, avait été opportunément écarté de cette affaire et substitué dans la gestion de ce dossier par Solís Ruiz, qui en plus de ministre dans le dernier gouvernement de la dictature assumait la représentation des intérêts économiques du roi du Maroc en Espagne.
    En tant que Chef d’État intérimaire, le prince Juan Carlos ne s’en est bien tiré puisque, dans son voyage éclair à El Aaiun, il arrive, avec facilité, à convaincre les commandements militaires de la fermeté du gouvernement et de la nécessité de résister face aux menaces marocaines, tandis qu’il négociait avec Hassan II, à l’aide des bons offices de Vernon Walters, le retrait des troupes espagnoles et l’annexion de l’ancienne province espagnole au royaume du Maroc. 
    En vertu du traité de Madrid, l’Espagne cède l’administration du Sahara Occidental au Maroc et à la Mauritanie avec l’engagement des nouvelles puissances colonisatrices d’organiser un référendum dans lequel les sahraouis puissent choisir leur destin final. Dès que l’Espagne abandonne le territoire, en février 1976, une guerre de résistance est enclenchée par le Front Polisario qui empêche le contrôle effectif du territoire et oblige la Mauritanie à se retirer de la région de Rio de Oro en 1979. 
    L’accord Tripartite de Madrid, après avoir laissé la porte ouverte au référendum, permet à l’Espagne et l’ONU de sauver la face. La première par son obéissance aux résolutions décolonistrices du Conseil de Sécurité, même si elle a abandonné les sahraouis à leur sort, et la deuxième pour avoir gardé sur papier un des principes de la Charte de San Francisco: le droit inaliénable des peuples à l’autodétermination.
    La stratégie de Kissinger adoptée par le Président Gerald Ford, avec le temps, s’est avéré erronée. Les prévisions pour l’hégémonie marocaine au Maghreb n’ont pas eu lieu grâce à l’esprit de résistance démontré par les sahraouis. La guerre du Sahara est devenue une dalle pour le développement du Maroc qui, impuissant, a vu comment, en plus de ne pas être capable de contrôler tout le territoire, ses politiques de colonisation et d’intégration se tournaient simplement en répression et torture contre ceux qui n’acceptaient pas de se soumettre à lui.
    Les causes objectives qui ont permis l’invasion du Sahara Occidental ont disparu : 
    1) L’hypothèse la plus dangereuse qui contemplait l’instabilité de l’Espagne n’a pas eu lieu. 
    2) Avec la fin de la guerre froide, la nouvelle stratégie des intérêts économiques américains écarte la méthode de privilégier un pays maghrébin au détriment de l’autre, au lieu de chercher l’équilibre régional par la voie de la compréhension et de l’accès libre aux matières premières existantes.

    3) Aujourd’hui, la puissance d’un pays réside dans la stabilité de son système politique, sa force économique et militaire, et sa capacité de faire face à tous les risques potentiels tels que le terrorisme. Ces nouvelles données font de l’Algérie la première puissance de la région. 
    4) L’économie marocaine étant sous l’emprise des sociétés françaises et européennes, la politique économique des EU s’oriente vers l’Algérie. 
    Si la politique parrainée par les EU était basée sur la défense de ses intérêts en Méditerranée, celle de l’Espagne était le résultat de la lâcheté d’une classe dirigeante lors des derniers jours de la dictature franquiste. Ce qui est curieux c’est que le dictateur était le seul qu’on ne pouvait pas accuser de lâche. Les autres personnages impliqués dans la vente du Sahara Occidental ont été généreusement payés pour leur collaboration en argent comptant, en pouvoir ou les deux choses à la fois. En détriment, bien sûr, du prestige international de l’Espagne et de la vie de milliers de sahraouis.
    Même si la classe politique espagnole émergente n’a pas fait mieux, malgré la position initiale du Parti Socialiste Espagnol favorable au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, la diplomatie espagnole s’en est progressivement éloignée en assumant, avec le sponsoring français, les thèses favorables au Maroc.
    Le Président français actuel si sensible à la souffrance des infirmières bulgares, des droits de l’homme en Chine, du destin des moines de Thibérin, s’active énergiquement en faveur des thèses de Mohamed VI malgré le fait que son pays est accusé par les principales organisations de défense des droits de l’homme de pratiquer d’une manière systématique la torture, les séquestrations et les disparitions dans les territoires occupés du Sahara Occidental. 
    Cependant, l’ONU, pendant toutes ces années, est restée ferme dans sa reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, mais, sous la pression de l’administration Bush et de l’Elysée, elle s’est montrée trop compréhensive avec les tactiques dilatoires et l’inaccomplissement des accords de Madrid. L’avant-dernier tour joué au peuple sahraoui a été le rapport de Peter van Walsun, l’ex-envoyé spécial du Secrétaire Général Ban Ki Moon, en encourageant les sahraouis à accepter l’offre marocaine d’une large autonomie à l’intérieur du royaume marocain. Mais, le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, reconnu par toutes les résolutions du Conseil de Sécurité, ne peut pas être escamoté sur la base d’une offre unilatérale du Maroc dont le but unique est de contourner une consultation acclamée par toute la communauté internationale. 
    En outre, Peter van Walsum devrait savoir que l’application d’une autonomie authentique dans le royaume alaouite est impossible, puisqu’il s’agit d’un régime autoritaire dans lequel les lois sont dictées par le palais royal ainsi que les sentences, et où le roi communique au ministre de l’intérieur, chaque fois qu’il y a des élections générales, combien de sièges il doit donner à chaque parti politique. 
    Par conséquent, pour que Mohamed VI puisse offrir une autonomie il doit, avant,  changer toute la superstructure de l’État. Dans les conditions actuelles, cette offre n’est qu’un exercice rhétorique, l’autonomie étant contre la nature-même du régime. N’oublions pas que le peuple du Rif n’attend que cela depuis des années. 
    Les effets négatifs de la guerre sur le Maroc commencent à se faire sentir sur la sphère internationale. Récemment, des faits de grande importance sont à souligner. Le premier, les déclarations de l’ambassadeur sortant des EU à Alger : « L’administration nord-américaine n’a pas l’intention de faire pression sur le Front Polisario pour qu’il accepte la proposition d’autonomie (…) Les EU souhaitent une solution pragmatique sous les auspices de l’ONU (…) les EU ont favorablement accueilli les idées contenues dans la proposition sahraouie ». 
    Le deuxième a été la pétition réalisée par de nombreux parlementaires européens, dans l’Assemblée Nationale française, pour que la France respecte le droit d’autodétermination du peuple sahraoui à la veille de la présidence française de l’UE. 
    De plus en plus de voix se lèvent au sein de l’Union Européenne pour  protester contre la répression marocaine dans le territoire sahraoui. Des faits qui montrent qu’à chaque jour qui passe, l’occupation marocaine devient de plus en plus contestée à cause des violations systématiques des droits de l’homme.
  • Sahara Occidental: entre guerre froide et guerre économique

    Les documents déclassés par Washington ont permis de connaître ce que nous savions déjà sans constatation officielle: que l’invasion du Sahara Occidental par le Maroc avait son facteur déterminant dans l’analyse géostratégique faite, à l’époque, par les Etats-Unis et qui les a amenés à soupeser les variables qui peuvent influer d’une manière décisive sur l’équilibre régional :
    1) Les événements politiques au Portugal ouvraient une interrogation sur l’opérativité future de la base des Açores et, en conséquence, le contrôle en profondeur sur l’Etroit de Gibraltar. 
    2) L’incertitude créée en Espagne par la maladie du général Franco accentue le risque d’instabilité au nord du Détroit par un changement incertain du régime politique. 
    3) La crainte d’une éventuelle expansion de l’idéologie socialiste algérienne. 
    4) Les richesses en pétrole et en phosphates que le territoire possède. Les EU et le Maroc sont les plus grands producteurs mondiaux de ce dernier, et l’uranium peut être obtenu à partir de l’acide phosphorique. 
    Ces quatre facteurs sont orientés par le directeur adjoint de la CIA, Vernon Walters, ami personnel de Hassan II depuis 1942, vers une seule direction : la stabilité du Méditerranée occidental et la liberté de mouvements de la VI Flotte, essentiel pour le maintien des intérêts des EU au Proche Orient, passent par le renforcement du Maroc sur le plan économique et militaire, avec la collaboration de la France, au détriment de l’Algérie pour ainsi obtenir que le contrôle immédiat de la côte atlantique nord-africaine appartienne au royaume alaouite dans le cas où l’Espagne et le Portugal sombreraient dans l’instabilité. 
    La « Marche Verte » est organisée avec l’argent saoudien par des agents de la CIA et avec l’accord du Secrétaire d’État, H. Kissinger, dès que la collaboration de la France a été obtenue. L’Espagne ne présente pas de problèmes puisque le plus grand obstacle était Franco qui lorsqu’il a été informé par Arias Navarro, dans un de ses moments de lucidité, a donné l’ordre de déclarer la guerre au Maroc. Quelques minutes après, il perd connaissance et Navarro, avec la collaboration de Carro et Solís ignorent son ordre et s’apprêtent à suivre les instructions de l’ami américain pour abandonner le Sahara. Au préalable, Cortina Mauri, ministre des Affaires Etrangères, avait été opportunément écarté de cette affaire et substitué dans la gestion de ce dossier par Solís Ruiz, qui en plus de ministre dans le dernier gouvernement de la dictature assumait la représentation des intérêts économiques du roi du Maroc en Espagne.
    En tant que Chef d’État intérimaire, le prince Juan Carlos ne s’en est bien tiré puisque, dans son voyage éclair à El Aaiun, il arrive, avec facilité, à convaincre les commandements militaires de la fermeté du gouvernement et de la nécessité de résister face aux menaces marocaines, tandis qu’il négociait avec Hassan II, à l’aide des bons offices de Vernon Walters, le retrait des troupes espagnoles et l’annexion de l’ancienne province espagnole au royaume du Maroc. 
    En vertu du traité de Madrid, l’Espagne cède l’administration du Sahara Occidental au Maroc et à la Mauritanie avec l’engagement des nouvelles puissances colonisatrices d’organiser un référendum dans lequel les sahraouis puissent choisir leur destin final. Dès que l’Espagne abandonne le territoire, en février 1976, une guerre de résistance est enclenchée par le Front Polisario qui empêche le contrôle effectif du territoire et oblige la Mauritanie à se retirer de la région de Rio de Oro en 1979. 
    L’accord Tripartite de Madrid, après avoir laissé la porte ouverte au référendum, permet à l’Espagne et l’ONU de sauver la face. La première par son obéissance aux résolutions décolonistrices du Conseil de Sécurité, même si elle a abandonné les sahraouis à leur sort, et la deuxième pour avoir gardé sur papier un des principes de la Charte de San Francisco: le droit inaliénable des peuples à l’autodétermination.
    La stratégie de Kissinger adoptée par le Président Gerald Ford, avec le temps, s’est avéré erronée. Les prévisions pour l’hégémonie marocaine au Maghreb n’ont pas eu lieu grâce à l’esprit de résistance démontré par les sahraouis. La guerre du Sahara est devenue une dalle pour le développement du Maroc qui, impuissant, a vu comment, en plus de ne pas être capable de contrôler tout le territoire, ses politiques de colonisation et d’intégration se tournaient simplement en répression et torture contre ceux qui n’acceptaient pas de se soumettre à lui.
    Les causes objectives qui ont permis l’invasion du Sahara Occidental ont disparu : 
    1) L’hypothèse la plus dangereuse qui contemplait l’instabilité de l’Espagne n’a pas eu lieu. 
    2) Avec la fin de la guerre froide, la nouvelle stratégie des intérêts économiques américains écarte la méthode de privilégier un pays maghrébin au détriment de l’autre, au lieu de chercher l’équilibre régional par la voie de la compréhension et de l’accès libre aux matières premières existantes.

    3) Aujourd’hui, la puissance d’un pays réside dans la stabilité de son système politique, sa force économique et militaire, et sa capacité de faire face à tous les risques potentiels tels que le terrorisme. Ces nouvelles données font de l’Algérie la première puissance de la région. 
    4) L’économie marocaine étant sous l’emprise des sociétés françaises et européennes, la politique économique des EU s’oriente vers l’Algérie. 
    Si la politique parrainée par les EU était basée sur la défense de ses intérêts en Méditerranée, celle de l’Espagne était le résultat de la lâcheté d’une classe dirigeante lors des derniers jours de la dictature franquiste. Ce qui est curieux c’est que le dictateur était le seul qu’on ne pouvait pas accuser de lâche. Les autres personnages impliqués dans la vente du Sahara Occidental ont été généreusement payés pour leur collaboration en argent comptant, en pouvoir ou les deux choses à la fois. En détriment, bien sûr, du prestige international de l’Espagne et de la vie de milliers de sahraouis.
    Même si la classe politique espagnole émergente n’a pas fait mieux, malgré la position initiale du Parti Socialiste Espagnol favorable au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, la diplomatie espagnole s’en est progressivement éloignée en assumant, avec le sponsoring français, les thèses favorables au Maroc.
    Le Président français actuel si sensible à la souffrance des infirmières bulgares, des droits de l’homme en Chine, du destin des moines de Thibérin, s’active énergiquement en faveur des thèses de Mohamed VI malgré le fait que son pays est accusé par les principales organisations de défense des droits de l’homme de pratiquer d’une manière systématique la torture, les séquestrations et les disparitions dans les territoires occupés du Sahara Occidental. 
    Cependant, l’ONU, pendant toutes ces années, est restée ferme dans sa reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, mais, sous la pression de l’administration Bush et de l’Elysée, elle s’est montrée trop compréhensive avec les tactiques dilatoires et l’inaccomplissement des accords de Madrid. L’avant-dernier tour joué au peuple sahraoui a été le rapport de Peter van Walsun, l’ex-envoyé spécial du Secrétaire Général Ban Ki Moon, en encourageant les sahraouis à accepter l’offre marocaine d’une large autonomie à l’intérieur du royaume marocain. Mais, le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, reconnu par toutes les résolutions du Conseil de Sécurité, ne peut pas être escamoté sur la base d’une offre unilatérale du Maroc dont le but unique est de contourner une consultation acclamée par toute la communauté internationale. 
    En outre, Peter van Walsum devrait savoir que l’application d’une autonomie authentique dans le royaume alaouite est impossible, puisqu’il s’agit d’un régime autoritaire dans lequel les lois sont dictées par le palais royal ainsi que les sentences, et où le roi communique au ministre de l’intérieur, chaque fois qu’il y a des élections générales, combien de sièges il doit donner à chaque parti politique. 
    Par conséquent, pour que Mohamed VI puisse offrir une autonomie il doit, avant,  changer toute la superstructure de l’État. Dans les conditions actuelles, cette offre n’est qu’un exercice rhétorique, l’autonomie étant contre la nature-même du régime. N’oublions pas que le peuple du Rif n’attend que cela depuis des années. 
    Les effets négatifs de la guerre sur le Maroc commencent à se faire sentir sur la sphère internationale. Récemment, des faits de grande importance sont à souligner. Le premier, les déclarations de l’ambassadeur sortant des EU à Alger : « L’administration nord-américaine n’a pas l’intention de faire pression sur le Front Polisario pour qu’il accepte la proposition d’autonomie (…) Les EU souhaitent une solution pragmatique sous les auspices de l’ONU (…) les EU ont favorablement accueilli les idées contenues dans la proposition sahraouie ». 
    Le deuxième a été la pétition réalisée par de nombreux parlementaires européens, dans l’Assemblée Nationale française, pour que la France respecte le droit d’autodétermination du peuple sahraoui à la veille de la présidence française de l’UE. 
    De plus en plus de voix se lèvent au sein de l’Union Européenne pour  protester contre la répression marocaine dans le territoire sahraoui. Des faits qui montrent qu’à chaque jour qui passe, l’occupation marocaine devient de plus en plus contestée à cause des violations systématiques des droits de l’homme.
  • De l’autre côté du mur

    Un mur de 2.500 kilomètres traverse le désert du Sahara Occidental. Le Maroc l’a construit dans les années 80 pour repousser les attaques du Front Polisario. Une guerre ouverte qui a duré jusqu’à la signature du cessez-le-feu en 1991 sous les auspices des Nations Unies. Aujourd’hui, près de deux décennies après cet accord, cette fortification continue de séparer les sahraouis se trouvant des deux côtés du mur. Il est précédé d’une zone de cinq kilomètres de longueur couverte de mines anti-personnelles – jusqu’à cinq millions, selon les organisations humanitaires – et surveillée 24 heures sur 24 par l’armée marocaine.
    Le mur miné, dans lequel perdent la vie périodiquement des sahraouis occupés dans l’élevage d’animaux dans la zone, marque la limite entre sahraouis et Marocains, mais aussi entre les familles, qui sont restées divisées après l’invasion marocaine en 1975. D’un côté, ceux qui ont fui vers les champs de réfugiés – le mur se trouve à 90 kilomètres à l’ouest de Tindouf-. De l’autre, ceux qui vivent dans les territoires contrôlés par le Maroc. Il y a des centaines de familles qui ne se sont pas vues depuis  1975.
    Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme, des organisations comme Human Rights Watch (HRW), Amnesty International et le Parlement Européen (PE), ont souvent dénoncé que les sahraouis qui vivent dans les territoires occupés du Sahara occidental se trouvent interdits des droits fondamentaux.
    La délégation ‘ad hoc’ du Parlement Européen qui a visité El Aaiun en Janvier 2009 était présidée par l’ex-ministre chypriote des Affaires Etrangères, Ioannis Kasoulides, et intégrée des députés européens Carlos Carnero (un socialiste espagnol), Carlos Iturgaiz (du PP espagnol) et Luca Romagnoli (un Italien non-inscrit). Selon son rapport, de mars 2009, ses interlocuteurs marocains ont mis à sa disposition « toutes les facilités nécessaires », mais « les forces de l’ordre ont empêché d’accéder au lieu de la réunion » quelques sahraouis qu’elle devaient rencontrer, qui ont été victimes « d’intimidations et de mauvais traitements ».
    Dans son rapport, basée sur des interviews et des témoignages, la délégation constate l’existence « de violations récurrentes des droits de l’homme, spécialement de la liberté d’expression, d’association, de manifestation et de communication » dans le territoire sous contrôle marocain. De plus, il demandait au Maroc d’admettre les plaintes contre les policiers présentées par les indépendentistes et à la représentation de la Commission Européenne à Rabat d’envoyer « des observateurs aux jugements de militants sahraouis ».
    Dans le même sens s’exprimait HRW dans son rapport de 2010 dans lequel les autorités marocaines sont accusées de tabasser et torturer les activistes sahraouis qui expriment leurs idées pro-indépendentistes. Selon l’Association sahraouie Afapradesa (Association de Familiers de Prisonniers et de Disparus Sahraouis), 65 prisonniers politiques étaient encore dans les prisons marocaines en mars 2009.
    Les nouvelles qui arrivent des territoires occupés du Sahara Occidental sont chaque jour plus alarmantes. La pression contre les activistes sahraouis de DH monte chaque jour, avec la nouvelle stratégie de confisquer ou de refuser le renouvellement des passeports aux pacifistes sahraouis. La popularité d’Aminetou Haidar au niveau international a fait qu’ils n’osent contre elle, en déplaçant toute la pression à ses compagnons. Les dernières victimes de cette situation sont Ghalia Djimi, Moustafa Dah et Hmad Hammad.
    De plus, des nouvelles très inquiétantes arrivent sur l’état des prisonniers politiques. La vie de Degja Lachgar, du groupe des 7, est en danger, à cause de son état psychique et qu’elle refuse de se nourrir depuis lundi passé. Mohakmed Berkan et toute sa famille ont été constamment harcelés. Louali Amidan, emprisonné depuis 2006 subit depuis des années persécution, séquestration, torture et harcèlement contre toute sa famille.

  • De l’autre côté du mur

    Un mur de 2.500 kilomètres traverse le désert du Sahara Occidental. Le Maroc l’a construit dans les années 80 pour repousser les attaques du Front Polisario. Une guerre ouverte qui a duré jusqu’à la signature du cessez-le-feu en 1991 sous les auspices des Nations Unies. Aujourd’hui, près de deux décennies après cet accord, cette fortification continue de séparer les sahraouis se trouvant des deux côtés du mur. Il est précédé d’une zone de cinq kilomètres de longueur couverte de mines anti-personnelles – jusqu’à cinq millions, selon les organisations humanitaires – et surveillée 24 heures sur 24 par l’armée marocaine.
    Le mur miné, dans lequel perdent la vie périodiquement des sahraouis occupés dans l’élevage d’animaux dans la zone, marque la limite entre sahraouis et Marocains, mais aussi entre les familles, qui sont restées divisées après l’invasion marocaine en 1975. D’un côté, ceux qui ont fui vers les champs de réfugiés – le mur se trouve à 90 kilomètres à l’ouest de Tindouf-. De l’autre, ceux qui vivent dans les territoires contrôlés par le Maroc. Il y a des centaines de familles qui ne se sont pas vues depuis  1975.
    Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme, des organisations comme Human Rights Watch (HRW), Amnesty International et le Parlement Européen (PE), ont souvent dénoncé que les sahraouis qui vivent dans les territoires occupés du Sahara occidental se trouvent interdits des droits fondamentaux.
    La délégation ‘ad hoc’ du Parlement Européen qui a visité El Aaiun en Janvier 2009 était présidée par l’ex-ministre chypriote des Affaires Etrangères, Ioannis Kasoulides, et intégrée des députés européens Carlos Carnero (un socialiste espagnol), Carlos Iturgaiz (du PP espagnol) et Luca Romagnoli (un Italien non-inscrit). Selon son rapport, de mars 2009, ses interlocuteurs marocains ont mis à sa disposition « toutes les facilités nécessaires », mais « les forces de l’ordre ont empêché d’accéder au lieu de la réunion » quelques sahraouis qu’elle devaient rencontrer, qui ont été victimes « d’intimidations et de mauvais traitements ».
    Dans son rapport, basée sur des interviews et des témoignages, la délégation constate l’existence « de violations récurrentes des droits de l’homme, spécialement de la liberté d’expression, d’association, de manifestation et de communication » dans le territoire sous contrôle marocain. De plus, il demandait au Maroc d’admettre les plaintes contre les policiers présentées par les indépendentistes et à la représentation de la Commission Européenne à Rabat d’envoyer « des observateurs aux jugements de militants sahraouis ».
    Dans le même sens s’exprimait HRW dans son rapport de 2010 dans lequel les autorités marocaines sont accusées de tabasser et torturer les activistes sahraouis qui expriment leurs idées pro-indépendentistes. Selon l’Association sahraouie Afapradesa (Association de Familiers de Prisonniers et de Disparus Sahraouis), 65 prisonniers politiques étaient encore dans les prisons marocaines en mars 2009.
    Les nouvelles qui arrivent des territoires occupés du Sahara Occidental sont chaque jour plus alarmantes. La pression contre les activistes sahraouis de DH monte chaque jour, avec la nouvelle stratégie de confisquer ou de refuser le renouvellement des passeports aux pacifistes sahraouis. La popularité d’Aminetou Haidar au niveau international a fait qu’ils n’osent contre elle, en déplaçant toute la pression à ses compagnons. Les dernières victimes de cette situation sont Ghalia Djimi, Moustafa Dah et Hmad Hammad.
    De plus, des nouvelles très inquiétantes arrivent sur l’état des prisonniers politiques. La vie de Degja Lachgar, du groupe des 7, est en danger, à cause de son état psychique et qu’elle refuse de se nourrir depuis lundi passé. Mohakmed Berkan et toute sa famille ont été constamment harcelés. Louali Amidan, emprisonné depuis 2006 subit depuis des années persécution, séquestration, torture et harcèlement contre toute sa famille.

  • Algérie-Françafrique : que veut Sarkozy ?

    Il faut être d’une grande naïveté pour croire que les relations entre l’Algérie et la France peuvent être, d’abord, autre chose que des  relations d’intérêts, comme il le serait de le croire pour les relations entre toutes les nations du monde. Pourtant, dans le langage officiel, c’est souvent, pour ne pas dire toujours, que les brouilles et les retrouvailles des deux pays sont inscrites sur le registre affectif.
    Il y a ce moment où  ce mot de Giscard d’Estaing «La France historique rencontre l’Algérie indépendante», et puis il y a eu ce projet de traité d’amitié né sous l’ère Chirac après sa visite haute en couleur en 2003. Ce traité stipulait : «La relation d’amitié et de confiance que la France et l’Algérie entendent établir entre elles se doit d’être à tous égards exceptionnelle et exemplaire. Dans cette perspective, elles conviennent de l’élaboration et de la finalisation d’un traité qui consacrera leur volonté de mettre en place un partenariat d’exception dans le respect de leur histoire et de leur identité.» Le «respect de leur histoire», une formule en kaléidoscope, faite de telle sorte qu’on serait bien en peine d’en donner un contenu qui plaise à la victime et au bourreau.
    Des turbulences, qui en surface ont des  allures officielles de contentieux sur le mode de lecture des effets de la colonisation sur l’Algérie vont très tôt modérer les élans vers un  rapprochement.

    L’arrivée au pouvoir de l’exubérant Sarkozy va assez rapidement remettre à plat toutes les données. Chirac avait bien stigmatisé la France à propos des persécutions des juifs. L’Algérie met dans la balance  les crimes du colonialisme et demande la repentance. En face, ce sont les louanges à ses «bienfaits» qui sont le plus scandés par les cercles du pouvoir. Depuis, rien ne va plus. Sauf quand il s’agit du commerce au profit de la France.
    En fait, dès le début des années 1990, les gouvernements français successifs ont cru que leur ancienne colonie  avait changé dans le sens qu’ils voulaient et que leur zone d’influence allait s’en enrichir. L’Algérie allait s’inscrire naturellement dans le giron de la Françafrique. Libéralisée, politiquement lissée, elle ne posera pas de problèmes à son intégration.

    Le passif n’étant pas pris en compte, l’arrogance est pour beaucoup  dans la surestimation par l’Hexagone de ses capacités à soumettre l’Algérie.  Il y a aussi cette prétention à considérer l’Afrique du Nord comme sa chasse gardée, en souvenir du rôle qui lui a été délégué par les Etats-Unis dans cette région.
    Nous ne préjugeons pas de ce qui aurait pu être obtenu si l’Algérie se trouvait dans une situation de grande fragilité économique et dans un isolement international étouffant, mais la France ne veut rien lâcher de ses prétentions et ne rien modifier de sa politique régionale. Elle implantera une usine de construction automobile au Maroc et voudra vendre ses voitures en Algérie et avec les meilleures conditions du marché. Elle soutient sans défection la colonisation du Sahara Occidental et voudrait que ses engins de travaux publics en fin de vie soient déversés sur les chantiers algériens.

    François-Xavier Verschave, le ciseleur du mot de l’ancien président de la Côte d’Ivoire Félix Houphouët-Boigny qui, le premier, utilisa l’expression «France-Afrique» en 1955, nous dit : «La Françafrique, c’est comme un iceberg. Vous avez la face du dessus, la partie émergée de l’iceberg : la France meilleure amie de l’Afrique, patrie des droits de l’homme, etc. Et puis ensuite, vous avez 90% de la relation qui est immergée : l’ensemble des mécanismes de maintien de la domination française…» D’après le même auteur,  la France cherche avant tout à «assurer la place de l’État français au niveau international, grâce à une «sphère d’influence» en Afrique francophone garantissant un nombre important de votes à l’ONU et un accès privilégié aux matières premières stratégiques, fort nombreuses dans la région, soit l’ «exploitation des rentes» .Ce que l’Algérie a de toute évidence refusé d’offrir selon les clauses souhaitées.
    Cette volonté d’hégémonie se déploie aussi sur le terrain de «la défense de la francophonie contre le développement de la culture et de la langue anglo-saxonnes dans le monde.
    Il y a encore et surtout, sous la surface, ces réseaux qui travaillent à la permanence de la mainmise  sur les politiques des Etats et sur leur mode de gouvernance.
    L’histoire sanglante du colonialisme, si elle a à chaque occasion été mise sur le tapis, constitue en fait l’expression ultime du problème et il n’y a pas d’expression de rechange. Les faits ne sont pas anodins et ne sont pas d’ordinaires péripéties entre Etats aux exigences équilibrées. Il s’agit d’une démarche néocolonialiste mise en œuvre contre un pays considéré comme  un vassal potentiel, et ce pays résiste.  Les réactions aux dernières mesures algériennes prises dans le cadre de la loi de finances  ont plutôt ressemblé à une réponse à un fait accompli, mais la décision de classer l’Algérie dans une liste de pays à risque est une confirmation de la véritable attitude française. Cette décision qui, signalons-le en passant, ne concerne ni le Maroc, ni la Tunisie, ni la Mauritanie (même si elle est copiée sur celle d’Obama) ne peut être justifiée que par le refus français d’établir des relations équitables et respectueuses de la souveraineté du partenaire. Elle ne relève pas, de ce fait,  d’une attitude récente, parce qu’on ne passe pas d’un projet de traité d’amitié à une mise au ban.

    Le tout est de mesurer jusqu’où cela va aller et quelles sont les réponses à apporter à cette atteinte à la dignité des citoyens algériens. Notre diplomatie trouve la décision «inappropriée» et lui cherche des «explications», alors qu’elle découle du droit léonin que se sont arrogé quelques puissances, du simple fait qu’elles sont des   puissances. Il est possible que les USA paniquent et que dans le mépris dans lequel ils tiennent nos contrées, ils aient jugé utile de se protéger par une mesure aussi ridicule qu’inefficace, mais venant de Sarkozy, le message est clair. Il a suivi Bush sans vergogne, il ne lâchera pas une occasion pour faire mal et négocier en bonne position.
    La réponse à donner ne doit donc pas être diplomatique mais doit être «appropriée» à l’objectif que la décision a visé. Ne rien céder  à la Françafrique et les Sarkozy-Hortefeux en auront pour leur calcul.
    En attendant que la France officielle traite les morts et les suppliciés de la longue tragédie d’un peuple avec, au moins, les égards dus à des êtres humains. En attendant qu’elle accepte que l’indépendance des pays et que leur souveraineté  peut être une réalité et que les exceptions ne sont pas la règle.  Les IDE français peuvent rester là  où  ils sont.

    D’autant qu’on croit savoir que, c’est bien vrai, Ouyahia III a décidé de ne plus les attendre, eux qui ne sont jamais venus qu’en miettes,  et de leur faire passer plusieurs conditions s’ils se présentent.
    On croit, enfin, savoir que ça rue pas mal dans les brancards dans les milieux d’affaires de là- bas.



    Source : MULHOUSE TV

  • Algérie-Françafrique : que veut Sarkozy ?

    Il faut être d’une grande naïveté pour croire que les relations entre l’Algérie et la France peuvent être, d’abord, autre chose que des  relations d’intérêts, comme il le serait de le croire pour les relations entre toutes les nations du monde. Pourtant, dans le langage officiel, c’est souvent, pour ne pas dire toujours, que les brouilles et les retrouvailles des deux pays sont inscrites sur le registre affectif.
    Il y a ce moment où  ce mot de Giscard d’Estaing «La France historique rencontre l’Algérie indépendante», et puis il y a eu ce projet de traité d’amitié né sous l’ère Chirac après sa visite haute en couleur en 2003. Ce traité stipulait : «La relation d’amitié et de confiance que la France et l’Algérie entendent établir entre elles se doit d’être à tous égards exceptionnelle et exemplaire. Dans cette perspective, elles conviennent de l’élaboration et de la finalisation d’un traité qui consacrera leur volonté de mettre en place un partenariat d’exception dans le respect de leur histoire et de leur identité.» Le «respect de leur histoire», une formule en kaléidoscope, faite de telle sorte qu’on serait bien en peine d’en donner un contenu qui plaise à la victime et au bourreau.
    Des turbulences, qui en surface ont des  allures officielles de contentieux sur le mode de lecture des effets de la colonisation sur l’Algérie vont très tôt modérer les élans vers un  rapprochement.

    L’arrivée au pouvoir de l’exubérant Sarkozy va assez rapidement remettre à plat toutes les données. Chirac avait bien stigmatisé la France à propos des persécutions des juifs. L’Algérie met dans la balance  les crimes du colonialisme et demande la repentance. En face, ce sont les louanges à ses «bienfaits» qui sont le plus scandés par les cercles du pouvoir. Depuis, rien ne va plus. Sauf quand il s’agit du commerce au profit de la France.
    En fait, dès le début des années 1990, les gouvernements français successifs ont cru que leur ancienne colonie  avait changé dans le sens qu’ils voulaient et que leur zone d’influence allait s’en enrichir. L’Algérie allait s’inscrire naturellement dans le giron de la Françafrique. Libéralisée, politiquement lissée, elle ne posera pas de problèmes à son intégration.

    Le passif n’étant pas pris en compte, l’arrogance est pour beaucoup  dans la surestimation par l’Hexagone de ses capacités à soumettre l’Algérie.  Il y a aussi cette prétention à considérer l’Afrique du Nord comme sa chasse gardée, en souvenir du rôle qui lui a été délégué par les Etats-Unis dans cette région.
    Nous ne préjugeons pas de ce qui aurait pu être obtenu si l’Algérie se trouvait dans une situation de grande fragilité économique et dans un isolement international étouffant, mais la France ne veut rien lâcher de ses prétentions et ne rien modifier de sa politique régionale. Elle implantera une usine de construction automobile au Maroc et voudra vendre ses voitures en Algérie et avec les meilleures conditions du marché. Elle soutient sans défection la colonisation du Sahara Occidental et voudrait que ses engins de travaux publics en fin de vie soient déversés sur les chantiers algériens.

    François-Xavier Verschave, le ciseleur du mot de l’ancien président de la Côte d’Ivoire Félix Houphouët-Boigny qui, le premier, utilisa l’expression «France-Afrique» en 1955, nous dit : «La Françafrique, c’est comme un iceberg. Vous avez la face du dessus, la partie émergée de l’iceberg : la France meilleure amie de l’Afrique, patrie des droits de l’homme, etc. Et puis ensuite, vous avez 90% de la relation qui est immergée : l’ensemble des mécanismes de maintien de la domination française…» D’après le même auteur,  la France cherche avant tout à «assurer la place de l’État français au niveau international, grâce à une «sphère d’influence» en Afrique francophone garantissant un nombre important de votes à l’ONU et un accès privilégié aux matières premières stratégiques, fort nombreuses dans la région, soit l’ «exploitation des rentes» .Ce que l’Algérie a de toute évidence refusé d’offrir selon les clauses souhaitées.
    Cette volonté d’hégémonie se déploie aussi sur le terrain de «la défense de la francophonie contre le développement de la culture et de la langue anglo-saxonnes dans le monde.
    Il y a encore et surtout, sous la surface, ces réseaux qui travaillent à la permanence de la mainmise  sur les politiques des Etats et sur leur mode de gouvernance.
    L’histoire sanglante du colonialisme, si elle a à chaque occasion été mise sur le tapis, constitue en fait l’expression ultime du problème et il n’y a pas d’expression de rechange. Les faits ne sont pas anodins et ne sont pas d’ordinaires péripéties entre Etats aux exigences équilibrées. Il s’agit d’une démarche néocolonialiste mise en œuvre contre un pays considéré comme  un vassal potentiel, et ce pays résiste.  Les réactions aux dernières mesures algériennes prises dans le cadre de la loi de finances  ont plutôt ressemblé à une réponse à un fait accompli, mais la décision de classer l’Algérie dans une liste de pays à risque est une confirmation de la véritable attitude française. Cette décision qui, signalons-le en passant, ne concerne ni le Maroc, ni la Tunisie, ni la Mauritanie (même si elle est copiée sur celle d’Obama) ne peut être justifiée que par le refus français d’établir des relations équitables et respectueuses de la souveraineté du partenaire. Elle ne relève pas, de ce fait,  d’une attitude récente, parce qu’on ne passe pas d’un projet de traité d’amitié à une mise au ban.

    Le tout est de mesurer jusqu’où cela va aller et quelles sont les réponses à apporter à cette atteinte à la dignité des citoyens algériens. Notre diplomatie trouve la décision «inappropriée» et lui cherche des «explications», alors qu’elle découle du droit léonin que se sont arrogé quelques puissances, du simple fait qu’elles sont des   puissances. Il est possible que les USA paniquent et que dans le mépris dans lequel ils tiennent nos contrées, ils aient jugé utile de se protéger par une mesure aussi ridicule qu’inefficace, mais venant de Sarkozy, le message est clair. Il a suivi Bush sans vergogne, il ne lâchera pas une occasion pour faire mal et négocier en bonne position.
    La réponse à donner ne doit donc pas être diplomatique mais doit être «appropriée» à l’objectif que la décision a visé. Ne rien céder  à la Françafrique et les Sarkozy-Hortefeux en auront pour leur calcul.
    En attendant que la France officielle traite les morts et les suppliciés de la longue tragédie d’un peuple avec, au moins, les égards dus à des êtres humains. En attendant qu’elle accepte que l’indépendance des pays et que leur souveraineté  peut être une réalité et que les exceptions ne sont pas la règle.  Les IDE français peuvent rester là  où  ils sont.

    D’autant qu’on croit savoir que, c’est bien vrai, Ouyahia III a décidé de ne plus les attendre, eux qui ne sont jamais venus qu’en miettes,  et de leur faire passer plusieurs conditions s’ils se présentent.
    On croit, enfin, savoir que ça rue pas mal dans les brancards dans les milieux d’affaires de là- bas.



    Source : MULHOUSE TV

  • Two Quebeckers among UN dead in Haiti

    Renée Carrier and Alexandra Duguay were among those killed in last week’s earthquake
    Ha Tu Thanh and Ingrid Peritz

    Fresh from small-town Quebec, Renée Carrier arrived in New York 30 years ago to start her first United Nations job in the francophone secretary pool. She would work her way up to be a respected diplomat and administrator.
    Ms. Carrier, 54, had filed papers for her retirement and was considering moving to Montreal. She was in Haiti on her last field mission when the earthquake struck.
    Her death and that of another Canadian UN worker, Alexandra Duguay, were made public yesterday. Both were killed in the collapse of the UN office in Port-au-Prince.
    Both women embraced the UN lifestyle, shuttling between New York headquarters and difficult work in remote and troubled lands.
    « Some people do it once and quit because it’s too hard. But others get the bug. Each time it’s like starting a new life, » said Florence Westergard, who in 1992 worked with Ms. Carrier in MINURSO, the UN mission to Western Sahara.

    MINURSO wasn’t welcomed by the Moroccan government fighting the Polisario rebels for control of the former Spanish colony.

    Ms. Westergard said Ms. Carrier had to work in a claustrophobic atmosphere in a small desert town where local authorities followed UN workers and listened in on their phone calls. « Her professionalism was amazing, never complaining of working late or on weekends. Everyone at the mission at all levels liked her. »
    Ms. Carrier, a one-time school administrator, went on missions to Haiti in 1994 and to Eritrea.
    She had returned to Haiti as a special assistant to the head of the UN mission, Hédi Annabi, a Tunisian diplomat also killed in the quake, who specifically requested her, said retired Canadian general Maurice Baril.
    Ms. Carrier had been Mr. Baril’s assistant when he was military adviser to the UN secretary general in the early 1990s. « She was a small woman who did great things, » Mr. Baril said of the diminutive Ms. Carrier.
    Ms. Duguay, 31, from Quebec City, was a public information officer for the UN in Haiti. Her boyfriend, Marc-André Franche, also worked for the mission but survived.
    « The body of our beautiful Alexandra was found around midnight. It appears she died in the first minutes after the quake, » her mother, Marie-Dominique Bédard, wrote on Facebook early yesterday.
    Ms. Duguay worked for the UN in New York and wanted to get field experience, her family said. She went to Haiti about a year ago for what was to be a two-year stint at the UN.
    She also began fundraising for an orphanage run by a Quebec nun on Île à Vache, an island off the Haitian coast.

     The Globe and the mail

  • Two Quebeckers among UN dead in Haiti

    Renée Carrier and Alexandra Duguay were among those killed in last week’s earthquake
    Ha Tu Thanh and Ingrid Peritz

    Fresh from small-town Quebec, Renée Carrier arrived in New York 30 years ago to start her first United Nations job in the francophone secretary pool. She would work her way up to be a respected diplomat and administrator.
    Ms. Carrier, 54, had filed papers for her retirement and was considering moving to Montreal. She was in Haiti on her last field mission when the earthquake struck.
    Her death and that of another Canadian UN worker, Alexandra Duguay, were made public yesterday. Both were killed in the collapse of the UN office in Port-au-Prince.
    Both women embraced the UN lifestyle, shuttling between New York headquarters and difficult work in remote and troubled lands.
    « Some people do it once and quit because it’s too hard. But others get the bug. Each time it’s like starting a new life, » said Florence Westergard, who in 1992 worked with Ms. Carrier in MINURSO, the UN mission to Western Sahara.

    MINURSO wasn’t welcomed by the Moroccan government fighting the Polisario rebels for control of the former Spanish colony.

    Ms. Westergard said Ms. Carrier had to work in a claustrophobic atmosphere in a small desert town where local authorities followed UN workers and listened in on their phone calls. « Her professionalism was amazing, never complaining of working late or on weekends. Everyone at the mission at all levels liked her. »
    Ms. Carrier, a one-time school administrator, went on missions to Haiti in 1994 and to Eritrea.
    She had returned to Haiti as a special assistant to the head of the UN mission, Hédi Annabi, a Tunisian diplomat also killed in the quake, who specifically requested her, said retired Canadian general Maurice Baril.
    Ms. Carrier had been Mr. Baril’s assistant when he was military adviser to the UN secretary general in the early 1990s. « She was a small woman who did great things, » Mr. Baril said of the diminutive Ms. Carrier.
    Ms. Duguay, 31, from Quebec City, was a public information officer for the UN in Haiti. Her boyfriend, Marc-André Franche, also worked for the mission but survived.
    « The body of our beautiful Alexandra was found around midnight. It appears she died in the first minutes after the quake, » her mother, Marie-Dominique Bédard, wrote on Facebook early yesterday.
    Ms. Duguay worked for the UN in New York and wanted to get field experience, her family said. She went to Haiti about a year ago for what was to be a two-year stint at the UN.
    She also began fundraising for an orphanage run by a Quebec nun on Île à Vache, an island off the Haitian coast.

     The Globe and the mail