Mois : décembre 2009

  • Aminatou Haidar renonce à toute attention médicale, incluse celle de son propre docteur.

    Tension entre l’Espagne et le Maroc
    Aminatou Haidar renonce à toute attention médicale, incluse celle de son propre docteur.
    L’activiste dénonce « des pressions » depuis Madrid. – Le juge qui a examiné hier son état avait demandé un troisième rapport sur sa santé 
    J. NARANJO / AGENCIAS – Arrecife / Madrid – 07/12/2009
    L’avenir de l’activiste sahraouie Aminatou Haidar, qui maintient une grève de la faim depuis 22 jours après avoir été expulsée par le Maroc d’El Aaiún, se complique. Un porte-parole de la sahraouie a annoncé depuis l’aéroport même de Lanzarote que la femme renonce à toute attention médicale, incluse celle de son propre docteur, et interdit les visites de tout autre médecin. 
    Le nouveau pouls de Haidar est connu après que le juge de Lanzarote Jerónimo Alonso, qui s’est présenté hier soir à l’aéroport de l’île pour soumettre Aminatou Haidar à un examen médical, avait décidé d’envoyer un autre médecin pour examiner l’activiste avant de prendre une décision sur sa situation après que, à travers la délégation du Gouvernement des Canaries, l’Exécutif réclamait un ordre pour l’alimenter par la force et pour ordonner son hospitalisation au cas où sa santé connaîtrait un danger sérieux.

    Pour le moment, le juge compte sur deux opinions médicales un peu contradictoires sur l’état de santé de l’activiste : alors que le médecin qui s’occupe d’elle bénévolement dit qu’il est très mauvais, les résultats de l’examen judiciaire d’hier soir signalent en principe que l’état de Haidar n’est pas si grave.
    La Coordonnatrice Étatique d’Associations Solidaires avec le Sahara (CEAS-Sahara) a remarqué après la visite d’hier soir que le juge n’obligera pas à l’activiste à se déplacer vers un hôpital, ce qui lui permettra de poursuive avec la grève de la faim qu’elle a entamée il y a 21 jours, fait qui a été confirmée aujourd’hui par l’avocate de l’activiste, Inés Miranda.
    Selon les deux témoignages, le juge a pu vérifier que Haidar fait preuve d’une « pleine lucidité » et raisonne avec une « clarté absolue », ce qui fait que, selon son avocate, « il ne peut ordonner aucune mesure contre elle », puisqu’il a exprimé « clairement sa volonté, sa décision autonome et dépendante d’entamer une grève de la faim ». Selon Miranda, au cas où l’activiste sahraoui perdrait conscience, il faudrait appliquer la Loi d’Autonomie du Patient de 2002 où « il est établi que les personnes qui se trouvent dans cette situation disposent de leurs volontés et ce sont elles qui décident réellement ce qui arrive dans cette éventualité ».
    D’un autre côté, le ministre des affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, s’est réuni aujourd’hui avec les porte-parole parlementaires pour leur demander de soutenir le Gouvernement et signer une proposition non de loi dans laquelle ils exigent à Haidar d’abandonner la grève de la faim et au Maroc  « d’assumer ses responsabilités ». 


    Éviter un dénouement fatal
    Un juge, un médecin légiste, un secrétaire judiciaire, deux policiers et un interprète ont fait irruption hier soir à l’aéroport de Lanzarote pour examiner l’état de santé d’Aminatou Haidar. La volonté du Gouvernement consiste en ce que, si cela s’avère nécessaire et toujours sous une tutelle judiciaire, Haidar reçoit une nourriture forcée, comme ont confirmé des sources de l’Exécutif. Après avoir tenté en vain que le Maroc accepte le retour de l’activiste, l’Espagne a renoncé au conflit diplomatique et maintenant elle centrera ses efforts pour éviter la mort de Haidar.
    Après avoir vu le juge, le médecin légiste et les policiers débarquer en force et expulser l’assistante de Haidar de la pièce où celle-ci maintient la grève de la faim depuis 22 jours, la sahraouie leur a prévenu : « Ce sont des méthodes marocaines. Je ne désire plus de traitement médical que celui que je reçois [du directeur de l’hôpital insulaire de Lanzarote] et je ne veux pas être hospitalisée. Je suis maîtresse de ma volonté et de mes actes ». Selon l’avocate Lola Travieso, le juge lui a répondu qu’il va respecter sa volonté. La situation n’a pas de précédents, puisqu’en Espagne les grèves de la faim ont toujours été faites par des reclus (comme l’etarra Iñaki de Juana Chaos ou les prisonniers des GRAPO) dont l’intégrité physique doit être légalement de la responsabilité de l’administration pénitentiaire. Et encore, l’alimentation devait être faite « sans l’emploi de la force physique et sans blesser sa dignité ».

    L’UE demande une « solution de compromis »
    La commissaire des Relations Extérieures de l’Union Européenne (UE), Benita Ferrero-Waldner, a exprimé aujourd’hui sa confiance que l’Espagne et le Maroc atteignent une solution « politique ou humanitaire de compromis » et a expliqué que l’organisme communautaire n’interviendra pas dans ce conflit s’agissant d’un sujet bilatéral.
    La représentante de l’UE espère que les deux pays puissent encore régler ses différends. L’état de santé de Haidar, a-il-rappelé, est inquiétant. La commissaire a participé à l’huitième ronde du conseil d’association de l’UE et du Maroc, tenue à Bruxelles, dans laquelle les parties ont évalué les progrès dans les relations depuis que le pays africain jouit d’un statut social avancé avec l’Union.
    AGENCES
  • Aminatou Haidar renonce à toute attention médicale, incluse celle de son propre docteur.

    Tension entre l’Espagne et le Maroc
    Aminatou Haidar renonce à toute attention médicale, incluse celle de son propre docteur.
    L’activiste dénonce « des pressions » depuis Madrid. – Le juge qui a examiné hier son état avait demandé un troisième rapport sur sa santé 
    J. NARANJO / AGENCIAS – Arrecife / Madrid – 07/12/2009
    L’avenir de l’activiste sahraouie Aminatou Haidar, qui maintient une grève de la faim depuis 22 jours après avoir été expulsée par le Maroc d’El Aaiún, se complique. Un porte-parole de la sahraouie a annoncé depuis l’aéroport même de Lanzarote que la femme renonce à toute attention médicale, incluse celle de son propre docteur, et interdit les visites de tout autre médecin. 
    Le nouveau pouls de Haidar est connu après que le juge de Lanzarote Jerónimo Alonso, qui s’est présenté hier soir à l’aéroport de l’île pour soumettre Aminatou Haidar à un examen médical, avait décidé d’envoyer un autre médecin pour examiner l’activiste avant de prendre une décision sur sa situation après que, à travers la délégation du Gouvernement des Canaries, l’Exécutif réclamait un ordre pour l’alimenter par la force et pour ordonner son hospitalisation au cas où sa santé connaîtrait un danger sérieux.

    Pour le moment, le juge compte sur deux opinions médicales un peu contradictoires sur l’état de santé de l’activiste : alors que le médecin qui s’occupe d’elle bénévolement dit qu’il est très mauvais, les résultats de l’examen judiciaire d’hier soir signalent en principe que l’état de Haidar n’est pas si grave.
    La Coordonnatrice Étatique d’Associations Solidaires avec le Sahara (CEAS-Sahara) a remarqué après la visite d’hier soir que le juge n’obligera pas à l’activiste à se déplacer vers un hôpital, ce qui lui permettra de poursuive avec la grève de la faim qu’elle a entamée il y a 21 jours, fait qui a été confirmée aujourd’hui par l’avocate de l’activiste, Inés Miranda.
    Selon les deux témoignages, le juge a pu vérifier que Haidar fait preuve d’une « pleine lucidité » et raisonne avec une « clarté absolue », ce qui fait que, selon son avocate, « il ne peut ordonner aucune mesure contre elle », puisqu’il a exprimé « clairement sa volonté, sa décision autonome et dépendante d’entamer une grève de la faim ». Selon Miranda, au cas où l’activiste sahraoui perdrait conscience, il faudrait appliquer la Loi d’Autonomie du Patient de 2002 où « il est établi que les personnes qui se trouvent dans cette situation disposent de leurs volontés et ce sont elles qui décident réellement ce qui arrive dans cette éventualité ».
    D’un autre côté, le ministre des affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, s’est réuni aujourd’hui avec les porte-parole parlementaires pour leur demander de soutenir le Gouvernement et signer une proposition non de loi dans laquelle ils exigent à Haidar d’abandonner la grève de la faim et au Maroc  « d’assumer ses responsabilités ». 


    Éviter un dénouement fatal
    Un juge, un médecin légiste, un secrétaire judiciaire, deux policiers et un interprète ont fait irruption hier soir à l’aéroport de Lanzarote pour examiner l’état de santé d’Aminatou Haidar. La volonté du Gouvernement consiste en ce que, si cela s’avère nécessaire et toujours sous une tutelle judiciaire, Haidar reçoit une nourriture forcée, comme ont confirmé des sources de l’Exécutif. Après avoir tenté en vain que le Maroc accepte le retour de l’activiste, l’Espagne a renoncé au conflit diplomatique et maintenant elle centrera ses efforts pour éviter la mort de Haidar.
    Après avoir vu le juge, le médecin légiste et les policiers débarquer en force et expulser l’assistante de Haidar de la pièce où celle-ci maintient la grève de la faim depuis 22 jours, la sahraouie leur a prévenu : « Ce sont des méthodes marocaines. Je ne désire plus de traitement médical que celui que je reçois [du directeur de l’hôpital insulaire de Lanzarote] et je ne veux pas être hospitalisée. Je suis maîtresse de ma volonté et de mes actes ». Selon l’avocate Lola Travieso, le juge lui a répondu qu’il va respecter sa volonté. La situation n’a pas de précédents, puisqu’en Espagne les grèves de la faim ont toujours été faites par des reclus (comme l’etarra Iñaki de Juana Chaos ou les prisonniers des GRAPO) dont l’intégrité physique doit être légalement de la responsabilité de l’administration pénitentiaire. Et encore, l’alimentation devait être faite « sans l’emploi de la force physique et sans blesser sa dignité ».

    L’UE demande une « solution de compromis »
    La commissaire des Relations Extérieures de l’Union Européenne (UE), Benita Ferrero-Waldner, a exprimé aujourd’hui sa confiance que l’Espagne et le Maroc atteignent une solution « politique ou humanitaire de compromis » et a expliqué que l’organisme communautaire n’interviendra pas dans ce conflit s’agissant d’un sujet bilatéral.
    La représentante de l’UE espère que les deux pays puissent encore régler ses différends. L’état de santé de Haidar, a-il-rappelé, est inquiétant. La commissaire a participé à l’huitième ronde du conseil d’association de l’UE et du Maroc, tenue à Bruxelles, dans laquelle les parties ont évalué les progrès dans les relations depuis que le pays africain jouit d’un statut social avancé avec l’Union.
    AGENCES
  • Haidar et la raison d’Etat

    L’activiste sahraouie Aminetou Haidar, qui accomplit aujourd’hui son 22ème jour de grève de la faim, est devenue une pierre inopportune au milieu de l’engrenage qui connecte la dictature marocaine avec l’Espagne démocratique, moderne et européenne. 
    Les membres du Gouvernement de l’Espagne et ses propagandistes médiatiques ne se fatiguent pas de dire que notre pays « a fait tout le possible » pour donner une solution au cas Haidar, alors qu’ils insinuent que la situation persiste à cause de l’entêtement de l’activiste sahraouie. 
    Loin reste de cette analyse l’exigence ferme au Maroc pour qu’il accomplisse la législation internationale dans sa qualité de puissance occupante du Sahara occidental, comme restent loin aussi les résolutions des Nations Unies qui obligent à réaliser un référendum d’autodétermination dans ce territoire occupé. 
    Il n’est pas certain que l’Espagne a fait tout le possible pour chercher une juste sortie au conflit que le Maroc a créé par rapport à Aminetou Haidar. L’Espagne pourrait menacer le dictateur marocain Mohamed VI de rompre les relations diplomatiques s’il n’accomplit pas ses devoirs comme puissance occupante du Sahara, et aussi pourrait suspendre tous les accords commerciaux avec le royaume alaouite, ainsi qu’établir des tarifs volumineux par rapport à l’importation provenant du Maroc. 
    Évidemment, l’Espagne ne va prendre aucune de ces mesures puisque, au-dessus de l’empire de la loi se trouve la raison d’État. Une norme non écrite par laquelle une démocratie européenne doit être pliée devant une dictature maghrébine, pour que son satrape permette la délocalisation d’entreprises espagnoles vers son territoire, ainsi que la pêche dans les riches côtes occupées du Sahara occidental. 
    L’Espagne n’a pas « a fait tout ce qui est possible », mais « tout ce qui est convenable » pour que certains Espagnols soient de plus en plus riches en détruisant des postes de travail en Espagne et en les créant au Maroc.

  • Haidar, dans des termes exactes

    JOSÉ MARÍA RIDAO 07/12/2009
    La fissure ouverte dans les relations entre l’Espagne et le Maroc par la situation d’Aminetou Haidar semble condamnée à continuer de s’accroître, avec la circonstance aggravante que, entre-temps, commencent à vanner les vieux fantômes qui s’efforcent de les engourdir régulièrement. Peu à peu, les déclarations de part et d’autre de la Période critique ressurgissent les vieilles invectives sur l’orgueil des Espagnols ou le caractère traître des Marocains. De plus, par déduction, de commencer l’exhibition de la liste respective d’injustices, du Sahara à l’affaire Persil, en passant par Ceuta, Melilla et l’interminable nombre de frottements qui se produisent inévitablement entre les pays qui partagent une frontière. 
    Cette pente insensée devrait immédiatement cesser, non seulement parce que la détérioration des relations entre l’Espagne et le Maroc peut sembler désastreuse pour les intérêts partagés entre eux, ceux de sécurité, mais aussi parce que se compliquerait la solution urgente du contentieux qui pourrait finir par coûter la vie à l’activiste de droits de l’homme sahraoui. 
    Le Maroc a adopté une décision intolérable contre Haidar, en lui retirant son passeport et forcer, de fait, sa déportation et probablement son exil pour avoir écrit « Sahara Occidental » dans la case correspondante à la nationalité d’un formulaire administratif de frontière. Non seulement le châtiment imposé à Haidar ne garde aucune proportion avec son action; mais pour qu’il existe un châtiment il faut au préalable une loi qui l’établisse.
    Mais, en plus, on se trouve devant le fait que, même en supposant que l’ordre marocain inclue une loi semblable, le châtiment imposé à Haidar serait contraire aux droits de l’homme basiques, comme c’est le droit à la nationalité et de rentrer dans son propre pays. Peu importe, à ces effets, que Haidar ne se considère pas comme Marocaine et estime que son pays n’est pas le Maroc. La Déclaration de Droits de l’homme n’établit pas d’obligation pour les sentiments de Haidar, mais pour les actions du Maroc, et encore plus depuis que celui-ci considère que le Sahara Occidental appartient à son territoire.
    Mais, à côté de la décision intolérable du Maroc, il existe de graves inconnues sur la réponse du gouvernement espagnol. Haidar a été repoussée à l’aéroport d’El Aaiún, dépouillée de son passeport et introduite dans un avion espagnol. Selon les informations publiées, le pilote a sollicité une autorisation pour embarquer une passagère sans documentation et quelqu’un la lui a accordée. Il est difficile de supposer que c’était la compagnie même, non seulement parce que ce serait aller contre la réglementation internationale sous sa propre responsabilité, mais aussi parce que, une fois à Lanzarote, la police a affranchi le passage de Haidar bien que, toujours selon des informations de la presse, elle manquait de documents.
    Il est important de savoir si, en effet, Haidar est arrivé ou non documentée et qui, comment et pourquoi son entrée dans un territoire espagnol a été autorisée si elle ne l’était pas. De ces données dépend, ni plus ni moins, la responsabilité du Gouvernement espagnol dans ce cas; En somme, la responsabilité d’avoir collaboré volontaire ou involontairement avec le Gouvernement marocain dans l’exécution d’un châtiment arbitraire et contraire aux Droits de l’homme comme c’est la déportation et probablement l’exil d’une personne. En plus de la condamnation qui mériterait dans le cas que ces extrêmes se confirmaient, dans l’erreur, ou quelque chose de plus qu’une erreur, il porte la pénitence : c’est lui qui paie les conséquences d’une violation commise par le Maroc. 
    Le pire qui peut faire l’Espagne pour trouver une sortie est de se jeter dans les bras de solutions imaginatives, pour ne pas dire des arguties de courte portée comme celle qui, apparemment, a été tentée vendredi passé, lorsqu’il a dû avorter un vol spécial à El Aaiún dans lequel Haidar avait déjà embarqué. C’est comme ajouter à l’erreur la honte d’être découvert en trichant. Il ne s’agit pas de trouver une manière ingénieuse pour rendre Haidar à El Aaiún comme si c’était une pomme de terre chaude; il s’agit de projeter le problème dans ses termes exactes.
    Et les termes exactes sont que, à la marge de l’erreur, pour l’appeler de cette façon, que l’on a pu commettre après avoir collaboré direct ou indirectement dans l’expulsion de Haidar et qui exige une clarification immédiate de la part du Gouvernement espagnol, le Gouvernement marocain ne peut pas dans aucun cas agir comme il l’a fait contre cette sahraouie. Tant que ce reproche et cette condamnation ne sont pas exprimées à Rabat, soit bilatéralement comme dans les forums internationaux si nécessaire, quelles que soient les mesures humanitaires que le Gouvernement espagnol adopte en faveur de Haidar ne seront que des manières additionnelles de complicité dans une déportation et probablement dans un exil. Un peu inconcevable pour un Gouvernement que, comme il dit, essaie de se comporter internationalement conformément aux principes et aux valeurs.
  • Haidar et la raison d’Etat

    L’activiste sahraouie Aminetou Haidar, qui accomplit aujourd’hui son 22ème jour de grève de la faim, est devenue une pierre inopportune au milieu de l’engrenage qui connecte la dictature marocaine avec l’Espagne démocratique, moderne et européenne. 
    Les membres du Gouvernement de l’Espagne et ses propagandistes médiatiques ne se fatiguent pas de dire que notre pays « a fait tout le possible » pour donner une solution au cas Haidar, alors qu’ils insinuent que la situation persiste à cause de l’entêtement de l’activiste sahraouie. 
    Loin reste de cette analyse l’exigence ferme au Maroc pour qu’il accomplisse la législation internationale dans sa qualité de puissance occupante du Sahara occidental, comme restent loin aussi les résolutions des Nations Unies qui obligent à réaliser un référendum d’autodétermination dans ce territoire occupé. 
    Il n’est pas certain que l’Espagne a fait tout le possible pour chercher une juste sortie au conflit que le Maroc a créé par rapport à Aminetou Haidar. L’Espagne pourrait menacer le dictateur marocain Mohamed VI de rompre les relations diplomatiques s’il n’accomplit pas ses devoirs comme puissance occupante du Sahara, et aussi pourrait suspendre tous les accords commerciaux avec le royaume alaouite, ainsi qu’établir des tarifs volumineux par rapport à l’importation provenant du Maroc. 
    Évidemment, l’Espagne ne va prendre aucune de ces mesures puisque, au-dessus de l’empire de la loi se trouve la raison d’État. Une norme non écrite par laquelle une démocratie européenne doit être pliée devant une dictature maghrébine, pour que son satrape permette la délocalisation d’entreprises espagnoles vers son territoire, ainsi que la pêche dans les riches côtes occupées du Sahara occidental. 
    L’Espagne n’a pas « a fait tout ce qui est possible », mais « tout ce qui est convenable » pour que certains Espagnols soient de plus en plus riches en détruisant des postes de travail en Espagne et en les créant au Maroc.

  • Haidar, dans des termes exactes

    JOSÉ MARÍA RIDAO 07/12/2009
    La fissure ouverte dans les relations entre l’Espagne et le Maroc par la situation d’Aminetou Haidar semble condamnée à continuer de s’accroître, avec la circonstance aggravante que, entre-temps, commencent à vanner les vieux fantômes qui s’efforcent de les engourdir régulièrement. Peu à peu, les déclarations de part et d’autre de la Période critique ressurgissent les vieilles invectives sur l’orgueil des Espagnols ou le caractère traître des Marocains. De plus, par déduction, de commencer l’exhibition de la liste respective d’injustices, du Sahara à l’affaire Persil, en passant par Ceuta, Melilla et l’interminable nombre de frottements qui se produisent inévitablement entre les pays qui partagent une frontière. 
    Cette pente insensée devrait immédiatement cesser, non seulement parce que la détérioration des relations entre l’Espagne et le Maroc peut sembler désastreuse pour les intérêts partagés entre eux, ceux de sécurité, mais aussi parce que se compliquerait la solution urgente du contentieux qui pourrait finir par coûter la vie à l’activiste de droits de l’homme sahraoui. 
    Le Maroc a adopté une décision intolérable contre Haidar, en lui retirant son passeport et forcer, de fait, sa déportation et probablement son exil pour avoir écrit « Sahara Occidental » dans la case correspondante à la nationalité d’un formulaire administratif de frontière. Non seulement le châtiment imposé à Haidar ne garde aucune proportion avec son action; mais pour qu’il existe un châtiment il faut au préalable une loi qui l’établisse.
    Mais, en plus, on se trouve devant le fait que, même en supposant que l’ordre marocain inclue une loi semblable, le châtiment imposé à Haidar serait contraire aux droits de l’homme basiques, comme c’est le droit à la nationalité et de rentrer dans son propre pays. Peu importe, à ces effets, que Haidar ne se considère pas comme Marocaine et estime que son pays n’est pas le Maroc. La Déclaration de Droits de l’homme n’établit pas d’obligation pour les sentiments de Haidar, mais pour les actions du Maroc, et encore plus depuis que celui-ci considère que le Sahara Occidental appartient à son territoire.
    Mais, à côté de la décision intolérable du Maroc, il existe de graves inconnues sur la réponse du gouvernement espagnol. Haidar a été repoussée à l’aéroport d’El Aaiún, dépouillée de son passeport et introduite dans un avion espagnol. Selon les informations publiées, le pilote a sollicité une autorisation pour embarquer une passagère sans documentation et quelqu’un la lui a accordée. Il est difficile de supposer que c’était la compagnie même, non seulement parce que ce serait aller contre la réglementation internationale sous sa propre responsabilité, mais aussi parce que, une fois à Lanzarote, la police a affranchi le passage de Haidar bien que, toujours selon des informations de la presse, elle manquait de documents.
    Il est important de savoir si, en effet, Haidar est arrivé ou non documentée et qui, comment et pourquoi son entrée dans un territoire espagnol a été autorisée si elle ne l’était pas. De ces données dépend, ni plus ni moins, la responsabilité du Gouvernement espagnol dans ce cas; En somme, la responsabilité d’avoir collaboré volontaire ou involontairement avec le Gouvernement marocain dans l’exécution d’un châtiment arbitraire et contraire aux Droits de l’homme comme c’est la déportation et probablement l’exil d’une personne. En plus de la condamnation qui mériterait dans le cas que ces extrêmes se confirmaient, dans l’erreur, ou quelque chose de plus qu’une erreur, il porte la pénitence : c’est lui qui paie les conséquences d’une violation commise par le Maroc. 
    Le pire qui peut faire l’Espagne pour trouver une sortie est de se jeter dans les bras de solutions imaginatives, pour ne pas dire des arguties de courte portée comme celle qui, apparemment, a été tentée vendredi passé, lorsqu’il a dû avorter un vol spécial à El Aaiún dans lequel Haidar avait déjà embarqué. C’est comme ajouter à l’erreur la honte d’être découvert en trichant. Il ne s’agit pas de trouver une manière ingénieuse pour rendre Haidar à El Aaiún comme si c’était une pomme de terre chaude; il s’agit de projeter le problème dans ses termes exactes.
    Et les termes exactes sont que, à la marge de l’erreur, pour l’appeler de cette façon, que l’on a pu commettre après avoir collaboré direct ou indirectement dans l’expulsion de Haidar et qui exige une clarification immédiate de la part du Gouvernement espagnol, le Gouvernement marocain ne peut pas dans aucun cas agir comme il l’a fait contre cette sahraouie. Tant que ce reproche et cette condamnation ne sont pas exprimées à Rabat, soit bilatéralement comme dans les forums internationaux si nécessaire, quelles que soient les mesures humanitaires que le Gouvernement espagnol adopte en faveur de Haidar ne seront que des manières additionnelles de complicité dans une déportation et probablement dans un exil. Un peu inconcevable pour un Gouvernement que, comme il dit, essaie de se comporter internationalement conformément aux principes et aux valeurs.